Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858/Course au lac d’Oo

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Luchon, samedi, 24 juillet.


COURSE AU LAC D’OO.


À dix heures, départ pour le lac d’Oo. Deux voitures pour les dames ; nous à cheval. Le temps est rayonnant, il aurait fait magnifique pour notre grande course. On suit la route qui monte entre Superbagnères et Cazaril, et on traverse les villages échelonnés de Saint-Aventin, Cazaux, etc. Toute cette route est brûlante, sèche, poudreuse. À Oo, petit village, la route retourne pour s’enfoncer dans les montagnes, le caractère change. Tout ce qu’il y a de plus agreste, finis et pastoral ; une Arcadie. Au fond, des prairies d’un vert d’émeraude, où coulent à pleins bords un torrent écumant. Du centre de cette verdure s’élèvent des pentes bleuâtres et les glaciers brillants d’Oo. Me rappelle Stuchelberg (canton de Glaris), avec une vallée plus étroite, celle d’Astau. En approchant des cabanes, la scène devient plus austère, les lignes plus abruptes. Avant de voir le lac d’Oo, on aperçoit alu-dessus le de la grande cascade ; surprise et aspect charmant. Le lac est plus petit que le lac de Gaube, a moins de grandeur, n’est pas entouré de hautes montagnes. Il est profond de deux ou trois cents pieds. M. Lezat a calculé que dans deux cent cinquante ans il serait comblé, les montagnes s’abaissant par les éboulements. Au retour, chemin très d’asile ; la descente sur Luchon est charmante, et la soirée resplendissante. Après dîner, nous organisons notre grande expédition de Grabioules pour demain, et comptons à deux heures du matin. Beau lever de lune.