Les Troubadours, leurs vies, leurs œuvres, leur influence/Chapitre V

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Librairie Armand Colin (p. 100-122).



CHAPITRE V

LES PRINCIPAUX TROUBADOURS :
PREMIÈRE PÉRIODE

Marcabrun : sa conception de l’amour ; un troubadour « misogyne » — Jaufre Rudel : son amour pour la « Princesse Lointaine ». — Bernard de Ventadour. — Sa conception de la vie. — Sa brouille avec le seigneur de Ventadour. — Son séjour auprès d’Éléonore d’Aquitaine ; auprès du comte de Toulouse, Raimon V. — Originalité de Bernard de Ventadour.


Si nous avions à faire une histoire complète de la poésie des troubadours, c’est par Guillaume, comte de Poitiers, qu’il faudrait la commencer. Il y aurait long à dire et de sa vie, active, désordonnée, quelquefois peu édifiante, et de son caractère joyeux, et de ses écrits, mélange étrange de grossièreté et de délicatesse, où ne manquent ni les pensées gracieuses ni les idées fines et subtiles, mais où domine en somme la sensualité. L’occasion s’est déjà présentée de marquer la place qu’il occupe dans l’histoire de la littérature provençale et de caractériser sa poésie. Mieux vaut donc s’arrêter à d’autres troubadours aussi intéressants et dont quelques-uns sont moins connus.

Un des plus originaux de cette première période est certainement le troubadour Marcabrun. Il était originaire de Gascogne, et, si l’on en croit la biographie, il eut une triste jeunesse. « On le trouva devant la porte d’un homme riche et on ne sut jamais rien de sa naissance. » On l’appelait, continue le biographe, Pain perdu (Pan perdut). Diez plaçait son activité entre 1140 et 1195 ; mais il semble plus vraisemblable de ne pas la faire remonter au delà de 1150. Il fut l’élève du troubadour Cercamon[1], ainsi nommé parce qu’il avait passé une partie de sa vie à courir le monde ; ce maître de Marcabrun par sa conception sensuelle (au moins en partie) de l’amour paraît se rattacher au comte de Poitiers : on va voir comment son disciple s’en éloigne[2].

Il reste de Marcabrun une quarantaine de poésies ; parmi elles, il en est plusieurs qui se distinguent par leur fraîcheur et leur sincérité ; nous avons déjà cité une de ses plus belles romances et une jolie pastourelle. Mais toute une partie de son œuvre reste obscure ; « nous en comprenons à peine le quart » dit un critique. C’est qu’il est un des premiers à employer ce genre de style obscur et recherché qui s’appelle le trobar clus ; c’est sa conception de la forme dans la haute poésie.

Ce qui fait son originalité, c’est sa conception de l’amour. Un des premiers représentants de cette poésie dont tout l’effort a pour ainsi dire porté sur le développement unique de ce thème est un misogyne ; on doit à ce troubadour de la première période les satires les plus violentes contre l’amour et contre les femmes. Étrange début et qui a frappé non seulement les critiques modernes, mais aussi les troubadours contemporains de Marcabrun.

« Je suis Marcabrun, dit-il, dans une de ses chansons, le fils de dame Brune… je n’aimai jamais et ne fus jamais aimé. » Cette aversion pour l’amour fut-elle causée par des chagrins personnels ? Ou faut-il croire avec un troubadour[3] qu’un enfant trouvé, comme Marcabrun, fût incapable de sentir le charme de l’amour et fût indigne d’en goûter les joies ? Il semble qu’il y ait une autre explication plus plausible. La conception de l’amour telle que commençaient à la créer les grands troubadours, originaires du berceau de la poésie provençale (Limousin, Poitou, Saintonge) n’était pas encore unanimement admise ; et c’est une originalité littéraire qu’a voulu se donner Marcabrun de traiter le thème de l’amour dans un esprit tout opposé à celui de Guillaume de Poitiers, son prédécesseur, et surtout de Jaufre Rudel, son contemporain.

Et voici comment, à l’encontre de l’opinion de son temps, il entend l’amour. « Famine, épidémie ni guerre, ne font tant de mal sur terre comme l’amour… quand il vous verra dans la bière, son œil ne se mouillera pas. » Toute une série de comparaisons lui servent à mieux rendre sa pensée « Amour, là où il ne mord pas, lèche plus âprement qu’un chat. » « Qui fait un marché avec amour s’associe au diable ; il n’a pas besoin d’autre verge pour se faire battre ; il ne sent pas plus que celui qui se gratte jusqu’au moment où il s’écorche tout vif. » « Amour pique plus doucement qu’une mouche, mais la guérison est bien plus difficile. » « Amour est semblable à l’étincelle qui couve au feu sous la suie et qui brûle la poutre et le chaume (de la maison) ; puis celui qui est ruiné par le feu ne sait où fuir. » Ce sont là, comme on voit, les traits ordinaires des satires contre l’amour ; mais ils sont présentés ici avec une certaine vigueur et aussi avec quelque originalité dans les comparaisons. Il y a d’ailleurs dans l’œuvre de Marcabrun des satires plus énergiques et plus vigoureuses encore, mais d’une crudité intraduisible.

Et pourtant le même poète a su parler avec discrétion et délicatesse de ce sentiment, comme dans la strophe suivante « Qui veut sans tromperie donner l’hospitalité à l’amour doit joncher sa maison de courtoisie, en proscrire la félonie et le fol orgueil… » Il se plaint ailleurs des troubadours médiocres qui, entre autres erreurs, mettent sur le même pied le « faux » amour, l’amour peu sincère, avec l’amour « pur et parfait ». L’amour ainsi entendu est le « sommet et la racine » de toute joie, la sincérité fait sa force et sa « puissance s’étend sur de nombreuses créatures ».

Ainsi même ce contempteur de l’amour sait trouver les accents justes et sincères pour chanter non pas la passion vulgaire, mais l’amour ennobli tel qu’il le conçoit et tel que le conçurent en somme les troubadours. Par ce côté il est de leur lignée. Il l’est encore par la conception qu’il se fait de la courtoisie. Voici en quels termes il la définit et comment il la comprend. « De courtoisie peut se vanter qui sait garder la mesure… la mesure consiste à parler gentiment et la courtoisie consiste à aimer… Ainsi l’homme sage devient supérieur et l’honnête femme croît en vertu… » Remarquons ces deux mots associés : courtoisie et mesure, ce sont des qualités dont les troubadours font souvent l’éloge dans la société de leur temps leur union fait l’honnête homme, comme on eût dit au xviie siècle.

La curieuse composition d’où nous tirons ces extraits ressemble peu, quant au fond, à la plupart des autres poésies de Marcabrun. Elle est une exception dans son œuvre ; il a surtout le tempérament d’un poète satirique ; il se distingue par la rudesse, la vigueur et la violence, plutôt que par la délicatesse et la grâce ; c’est en somme un sceptique et un pessimiste.

Cette composition est intéressante par un autre côté. Elle est adressée au troubadour Jaufre Rudel[4], qui se trouvait alors en Terre Sainte.

« Je veux que le vers et la mélodie soient envoyés à Jaufre Rudel, outre-mer ; et je veux que les Français l’entendent pour réjouir leur cœur. »

L’œuvre du doux poète auquel Marcabrun dédie sa pièce forme dans sa brièveté un contraste saisissant avec celle de notre satirique. Nous ne rappellerons pas ici la romanesque aventure dont Jaufre Rudel fut le héros et la victime, mais nous nous en voudrions de ne pas donner quelques extraits du peu de chansons qui nous restent de lui. Il ne distingue pas dans l’amour, comme le fait Marcabrun ; il n’y en a pour lui qu’une sorte, la plus pure et la plus idéale ; c’est celui dont il brûla pour la dame qu’il n’avait jamais vue et qu’il ne devait jamais voir, sauf, si nous en croyons la légende, à ses derniers moments.

Voici d’abord en quels termes il s’adresse à l’amour personnifié : « Amour de terre lointaine, pour vous j’ai le cœur tout triste ; et je ne puis trouver de remède, jusqu’à ce que vienne votre appel. Jamais Dieu ne forma de plus belle femme, ni chrétienne, ni juive, ni sarrasine, et celui-là est bien nourri de manne, qui obtient quelque part de son amour. »

La plupart des chansons de Jaufre Rudel sont pleines d’allusions à cet « amour lointain » ; une est tout entière consacrée au développement de ce thème ; le mot « lointain » y apparaît deux fois à la rime dans chaque strophe de sept vers ; on dirait une sorte de refrain ; l’impression produite par ce procédé est remarquable.

Lorsque les jours sont longs en mai, il m’est bien doux d’entendre de loin le chant des oiseaux ; et quand je m’éloigne je me souviens d’un amour lointain. Je vais le cœur triste et la tête basse, si bien que chants ni fleur d’aubépine ne me plaisent pas plus que l’hiver glacé.

Jamais je n’aurai joie d’amour, si je n’en ai de cet amour lointain ; car je ne sais, ni près ni loin, femme plus belle ni meilleure ; son mérite est si parfait que je voudrais, pour elle, vivre dans la misère, là-bas, au royaume des Sarrasins…

Je partirai triste et content, quand j’aurai vu cet amour lointain ; mais je ne sais quand je le verrai, car nos terres sont trop lointaines ; il y a bien des défilés et bien des chemins ; je ne suis pas devin, mais que tout aille comme il plaira à Dieu.

Je crois en Dieu, c’est pourquoi je verrai cet amour lointain ; mais en échange d’un bien qui m’en arrive, je souffre un double mal, car cet amour est si loin ; ah ! pourquoi ne suis-je pas là-bas un pèlerin dont ses beaux yeux verraient le costume et le bâton !

Que Dieu, qui fit toutes les créatures et qui forma cet amour lointain, me donne le pouvoir, que j’ai au cœur, de voir bientôt cet amour, réellement, en un lieu commode, si bien que chambre et jardin me paraissent constamment un palais.

Celui qui m’appelle curieux et amoureux d’amour lointain dit la vérité ; car nulle autre joie ne me plairait autant qu’une joie qui viendrait de cet amour de loin. Mais mes désirs sont irréalisables ; car ma destinée est d’aimer sans être aimé[5].

On a pu remarquer dans cette pièce un mélange assez étrange de sentiments amoureux et religieux. C’est Dieu qui a formé cet amour lointain au fond du cœur du poète, puisqu’il est l’auteur de toutes choses ; c’est à Dieu que notre troubadour demande la réalisation de son rêve ; le poète est un croyant, un fidèle qui voudrait aller en pèlerinage en Terre Sainte (et il prit part sans doute à deux croisades) ; Dieu exaucera ses vœux.

Ce mélange d’amour et de religion, cette tendance au mysticisme érotique, une certaine obscurité qui règne dans toute la pièce, ont même fait croire à un critique contemporain que cet amour de terre lointaine n’était autre qu’un amour mystique pour la mère de Dieu, pour la Vierge[6]. La poésie courtoise se transforma en effet facilement en poésie religieuse : nous verrons les étapes de cette évolution et plus d’une pièce consacrée à la Vierge est écrite en termes bien plus équivoques que celle de Jaufre Rudel.

Mais il y a de sérieux motifs pour repousser l’hypothèse dont il vient d’être question ; un des principaux est qu’à l’époque où a été écrite cette pièce la transformation de la lyrique courtoise n’avait pas encore commencé. Il faut attendre plus d’un demi-siècle — cette pièce ayant été composée sans doute avant 1150 — pour voir le début de cette transformation.

Ce qui est plus intéressant, dans cette chanson, c’est qu’elle nous montre comment est née la légende dont le biographe provençal s’est fait l’écho. Jaufre Rudel eut l’occasion d’aller en Terre Sainte comme croisé. De ce fait on rapprocha l’élément romanesque qui se rencontre dans la plupart de ses chansons, c’est-à-dire cet amour pour la plus belle personne du monde, que le poète n’a jamais vue, qu’il ne verra que si Dieu le lui permet, et qu’il ne verra même pas, car sa destinée est d’aimer sans être aimé. C’est du rapprochement d’un fait historique et d’un élément romanesque qu’est née la légende. Mais on peut dire que le poète a tout fait pour la créer, et elle est un indice bien curieux de ce que nous appellerions la « mentalité » du temps.

Avec Bernard de Ventadour, contemporain de Marcabrun et de Jaufre Rudel, nous arrivons à un des plus grands noms de la poésie provençale. Nous ne reviendrons pas sur sa biographie. Du moins nous ne rappellerons de sa vie que ce qui est nécessaire pour l’intelligence de son œuvre. Il se distingue de la plupart des autres troubadours par la naïveté, par la sincérité et la délicatesse des sentiments. Au milieu de cette littérature un peu monotone qu’est l’ancienne littérature provençale ses poésies sont un véritable charme.

Est-ce la conception qu’il se fit de la vie que lui a valu cette place à part ? La voici dans sa franchise naïve : « Celui-là est bien mort, qui ne sent pas au cœur quelque douce saveur d’amour ; et à quoi sert de vivre sans amour, si ce n’est à causer de l’ennui aux autres ? » Ce n’est pas le lieu de disserter sur cette conception de la vie ; il faudrait peut-être bien la modifier un peu dans notre société contemporaine ; et avec Victor Hugo on pourrait demander, à côté de quelque « grand amour » quelque « saint devoir ». Sans insister sur la valeur de cette conception, demandons-nous comment Bernard de Ventadour y a conformé sa vie.

On se souvient qu’il était fils d’un des plus pauvres serviteurs du château de Ventadour et que son châtelain avait fait son éducation poétique. Il adressa ses premières poésies à la femme de son seigneur, à Agnès de Montluçon, de la famille de Bourbon. « Depuis que nous étions tous deux enfants, dit-il, je l’ai aimée et je l’adore ; et mon amour redouble à chaque jour de l’année…[7] Cette liaison poétique aurait sans doute duré longtemps, conformément aux mœurs d’alors, si les médisants n’avaient perdu le poète dans l’esprit de son seigneur. Èble de Ventadour lui témoigna son mécontentement par sa froideur et Agnès finit par lui demander de s’exiler. Il semble sur le moment qu’il ait pris d’assez bonne humeur l’aventure et que le souvenir de son amour l’ait emporté sur son chagrin. Espérait-il peut-être, après quelque temps, voir s’affaiblir le ressentiment de son maître et revenir auprès de celle qui ne lui avait demandé de s’éloigner que contrainte et forcée ? De toute manière il ne paraît pas avoir renoncé à l’espoir du retour, si on en juge par le début de la chanson suivante. Il y exprime en termes enthousiastes la joie que lui cause son amour ; on remarquera en même temps les curieux conseils et les étranges consolations qu’il donne à sa dame, gardée sévèrement par le mari jaloux.

Quand paraît la fleur sous la feuille verte et que je vois le temps clair et serein, quand le doux chant des oiseaux dans le bois m’adoucit le cœur et me ranime, puisque les oiseaux chantent à leur manière, moi qui ai plus de joie qu’eux en mon cœur, je dois bien chanter, car tous mes jours sont joie et chant, et je ne pense à nulle autre chose.

Voici la strophe la plus curieuse.

Dame, si mes yeux ne vous voient, sachez que mon cœur vous voit ; ne vous affligez pas plus que je ne m’afflige, car je sais qu’on vous surveille à cause de moi ; et si le mari vous bat, gardez bien qu’il ne vous batte pas le cœur. S’il vous cause du chagrin, causez-lui-en aussi et qu’avec vous il ne gagne pas le bien pour le mal.

Admirons en passant la légèreté avec lequel le troubadour supporte les… malheurs d’autrui. La strophe suivante est d’un ton plus relevé.

Celle du monde que j’aime le plus, de tout cœur et de bonne foi, qu’elle m’entende et accueille mes prières, qu’elle écoute et retienne mes paroles ; si on meurt par excès d’amour, j’en mourrai, car en mon cœur je lui porte un amour si parfait et si naturel que tout amour, le plus loyal du monde, est faux en comparaison du mien[8].

Mais Bernard s’aperçut bientôt qu’il s’était trompé dans son espoir ; la chanson suivante exprime la mélancolie qu’il éprouva de quitter son pays natal.

Tous mes amis m’ont bien perdu, là-bas, vers Ventadour, puisque ma dame ne m’aime plus… Elle me montre un visage irrité parce que je mets mon bonheur à l’aimer ; voilà la seule cause de sa colère et de ses plaintes.

Semblable au poisson qui se lance sur l’appât et qui ne s’aperçoit de rien jusqu’à ce qu’il s’est pris à l’hameçon, je me laissai aller un jour à trop aimer, et je ne m’aperçus (de ma folie) que quand je fus au milieu des flammes qui me brûlent plus fort que le feu au four ; et cependant je suis si pris dans les liens de cet amour que je ne puis secouer ses chaînes.

Je ne m’étonne pas qu’Amour me tienne pris dans ses liens, car ma dame est la plus belle qu’on puisse voir au monde ; belle, blanche, fraîche, gaie et joyeuse, tout à fait semblable à mon idéal ; je ne puis en dire aucun défaut…

Aussi ne peut-il pas rompre la chaîne mystérieuse qui l’attache à elle.

Je voudrai toujours son honneur et son bien, je serai toujours son homme-lige, son ami et son serviteur ; je l’aimerai, que cela lui plaise ou non, car on ne peut maîtriser son cœur sans le tuer[9].

Malgré cette fidélité Bernard dut quitter pour toujours le Limousin. Il se rendit à la cour d’Éléonore d’Aquitaine, duchesse de Normandie. Éléonore était la petite-fille du premier troubadour Guillaume de Poitiers : elle avait hérité de son aïeul un caractère gai et enjoué, un grand amour pour la poésie, beaucoup de sympathie pour les poètes et aussi une légèreté de mœurs qui devint vite proverbiale. Elle fut pour toutes ces causes chantée des troubadours et des ménestrels. Divorcée d’avec le roi de France Louis VII depuis 1152, elle était fiancée à Henri, duc de Normandie, et devint reine d’Angleterre quelques années après.

Il nous reste plusieurs des chansons que Bernard de Ventadour composa pendant cette deuxième période de sa vie. Est-ce parce qu’il ne connaissait pas sa nouvelle dame depuis l’enfance comme il connaissait Agnès de Montluçon ? Ou bien son aventure l’a-t-il rendu plus discret ? Il semble que dans les chansons de cette période il se montre plus réservé et qu’il tire moins d’orgueil des sentiments d’amitié que la duchesse de Normandie lui témoigne.

Voici une des chansons qu’il a composées en son honneur.

Lorsque je vois, parmi la lande, des arbres tomber la feuille, avant que la froidure se répande et que le beau temps se cache, il me plaît qu’on entende mon chant : je suis resté plus de deux ans sans chanter, il faut que je répare (cette négligence).

Il m’est dur d’adorer celle qui me témoigne tant d’orgueil : car, si je lui demande une faveur, elle ne daigne pas me répondre un seul mot. Mon sot désir cause ma mort ; car il s’attache aux belles apparences d’amour, sans remarquer qu’amour le lui rende.

Elle est douée de tant de ruse et d’adresse que je pense bien qu’elle voudra m’aimer bientôt tout doucement (secrètement ?) et me confondre avec son doux regard. Dame, ne connaissez-vous nulle ruse ? Car j’estime que le dommage retombera sur vous, s’il arrive quelque mal à votre homme-lige.

Que Dieu, qui gouverne le monde, lui mette au cœur la volonté de m’accueillir près d’elle. Je ne jouis d’aucun bien, tellement je suis craintif devant ma dame ; aussi je me mets à sa merci, pour qu’elle me donne ou me vende selon son plaisir.

Elle agira bien mal, si elle ne me mande pas de venir près d’elle, dans sa chambre, pour que je lui enlève ses souliers bien « chaussants », à genoux et humblement, s’il lui plaît de me tendre son pied.

Le vers est terminé et il n’y manque aucun mot ; il a été écrit au delà de la terre normande et de la mer profonde et sauvage ; et quoique je sois éloigné de ma dame, elle m’attire vers elle comme un aimant ; que Dieu la protège !

Si le roi anglais et duc normand le permet, je la verrai avant que l’hiver nous surprenne[10].

Le lien étroit qui rattache la conception de l’amour aux coutumes de la chevalerie apparaît dans plusieurs passages de cette chanson. Le poète est à la disposition de sa dame, qui peut faire de lui ce qu’elle voudra. Au point de vue du droit féodal si le vassal subit quelque dommage, c’est le suzerain qui en souffre en dernier lieu. Bernard de Ventadour est un des premiers à rappeler ce principe et d’autres troubadours le rappelleront après lui. Enfin on a pu noter la strophe où il lui demande la permission de lui enlever ses souliers, à genoux ; c’est encore un trait de mœurs chevaleresques.

Cette chanson est une des rares poésies de Bernard de Ventadour qui contienne quelques allusions à sa vie. Ordinairement elles ne renferment aucun trait qui permette de reconnaître à qui elles sont adressées. De plus Bernard de Ventadour emploie plusieurs pseudonymes pour désigner sa dame, l’appelant tantôt Belle-Vue (il s’agit d’Agnès de Montluçon), tantôt Confort, Aimant ou Tristan. Cette discrétion contribue à rendre assez obscure l’histoire de sa vie. Ici il nous apprend seulement qu’il a cessé de chanter depuis deux ans, que sa dame lui témoigne de la froideur — plainte ordinaire des troubadours et que nous retrouverons chez lui — et que son chant est composé « au delà de la terre normande et de la mer profonde ». La pièce aurait-elle été composée en Angleterre ? Peut-être ; Bernard de Ventadour serait en ce cas un des rares troubadours — le seul probablement — qui auraient visité ce pays[11].

Une autre de ses chansons paraît avoir été écrite comme celle-ci loin de la cour de la reine ou, tout au moins, pendant une absence d’Éléonore. Il y exprime son amour avec une sincérité touchante, relevée çà et là par la grâce ou l’éclat d’un style imagé. On y notera au passage l’éloge de la mesure, qualité hautement prisée des troubadours.

J’ai le cœur si plein de joie que tout me paraît changer de nature ; il me semble que le froid hiver est plein de fleurs blanches, vermeilles et claires. Avec le vent et la pluie croît mon bonheur ; c’est pourquoi mon chant s’élance et s’élève et mon mérite grandit. Car j’ai au cœur tant d’amour, de joie et de douceur, que l’hiver me semble plein de fleurs et que la neige m’apparaît comme un tapis de verdure.

Je puis aller sans vêtements, car l’amour parfait me protège contre la froide bise. Celui-là est fou qui s’emporte et ne garde pas la mesure. C’est pourquoi je me suis surveillé depuis que j’ai recherché l’amour de la plus belle…

J’ai placé si bon espoir en celle qui me secourt si peu que je suis balancé comme le navire sur l’onde.

Je ne sais où fuir pour éviter les malheurs qui m’accablent. D’amour me vient tant de peine que l’amant Tristan n’en eut pas d’aussi grande d’Iseut la blonde.

Ah ! Dieu, si je pouvais ressembler à l’hirondelle et venir dans la nuit profonde là-bas vers sa demeure ! Noble dame gaie, votre amant a bien peur que son cœur ne se fonde, si ce tourment dure. Dame, devant votre amour je joins mes mains et je prie…

Il n’est au monde nulle chose à laquelle je pense autant. J’aime tant à me représenter ses traits qu’aussitôt qu’on en parle je me retourne et mon visage s’éclaire de joie : je suis alors sur le point de me trahir. Et je l’aime d’un amour si parfait que souvent je pleure, trouvant dans les soupirs plus de saveur.

Messager, cours et va dire à la plus belle ma peine, ma douleur, mon martyre[12].

Mais il était écrit que l’éclat de sa renommée nuirait à la tranquillité de notre troubadour. Après quelques années de séjour auprès d’Éléonore il fut obligé de partir — et probablement pour les mêmes raisons qui l’avaient fait quitter quelques années auparavant le château de Ventadour. Les médisants[13], dont il se plaignit toute sa vie, eurent sans doute quelque part dans cette disgrâce. C’est du moins ce que nous pouvons conjecturer d’un passage d’une de ses chansons. Il y loue avec l’exagération habituelle des troubadours la beauté et les charmes de la gaie souveraine qu’il est obligé de quitter — et il y exprime ses sentiments amoureux avec sa grâce et aussi son afféterie coutumières.

Par le doux chant que fait le rossignol, la nuit quand je suis endormi, je me réveille tout éperdu de joie, l’âme pleine de rêves amoureux ; car ce fut la seule occupation de ma vie d’aimer la joie et c’est par la joie que commencent mes chants.

Si l’on savait la joie que j’ai et si je pouvais la faire entendre, toute autre joie serait bien petite en comparaison de la mienne. Tel se vante de la sienne et croit être riche et supérieur en amour parfait qui n’en a pas la moitié comme moi.

Je contemple souvent par la pensée le corps gracieux et bien fait de ma dame, si distinguée par sa courtoisie et qui sait si bien parler. Il me faudrait un an entier, si je voulais dire toutes ses qualités, tellement elle a de courtoisie et de distinction.

Dame, je suis votre chevalier et je le serai toujours, toujours prêt à votre service — je suis votre chevalier par serment ; vous êtes ma première joie et vous serez la dernière, tant que ma vie durera.

Ceux qui croient que je suis loin d’elle ne savent pas comment l’esprit se rapproche facilement, quoique le corps soit loin ; sachez que le meilleur messager que j’ai d’elle, c’est la pensée, qui me rappelle sa beauté.

Je m’en vais triste et dolent, sans savoir quand je vous reverrai. C’est pour vous que j’ai quitté le roi ; par grâce, faites que je n’aie pas à souffrir de cette séparation, quand je me présenterai courtoisement dans une cour (étrangère) au milieu des dames et des chevaliers[14].

Est-ce la nécessité de vivre qui inspire cette dernière pensée ? On dirait que Bernard demande à Éléonore une sorte de recommandation, de « viatique ». Ou, peut-être, s’excuse-t-il par avance de la joie qu’il sera obligé de montrer, malgré son chagrin intime, dans les nouveaux milieux où il va passer sa vie.

Il ne revit sans doute jamais Éléonore ; en quittant sa cour il vint à celle du comte de Toulouse, Raimond V. Ce prince était un des souverains les plus puissants du Sud de la France ; ses possessions s’étendaient jusqu’aux rives du Rhône. Il était surtout un de ceux qui distribuaient leurs largesses avec le plus de prodigalité, soit à ses vassaux, soit aux troubadours. Un chroniqueur, Geoffroy de Vigeois, nous raconte[15] qu’en 1174 le roi Henri II d’Angleterre convoqua une réunion de grands seigneurs à Beaucaire pour essayer de rétablir la paix entre le roi d’Aragon et le comte de Toulouse. Cette réunion fut l’occasion de dépenses folles. Le comte de Toulouse fit cadeau à un seigneur de Provence, le baron d’Agoult, de cent mille sols que le baron distribua à ses chevaliers. Un autre seigneur fit labourer un champ et y sema trente mille sols ; un troisième, qui avait amené trois cents chevaliers, fit préparer le repas de ses hommes à la chaleur de flambeaux de cire ; les autres folies de ce genre n’auraient pas été rares. Sans doute ce sont là des récits légendaires du moyen âge avec leur exagération habituelle ; mais légende et exagération ne sont peut-être que des déformations de la vérité et le chroniqueur n’a pas tout tiré de son imagination.

Nous ne savons rien de l’activité poétique de Bernard de Ventadour à la cour du compte de Toulouse. Il s’y rencontra avec de nombreux troubadours[16] il dut y connaître en particulier Peire Rogier, Peire Raimon, fils d’un bourgeois toulousain, qui après avoir vécu auprès du roi d’Aragon revint à Toulouse comme poète de cour ; peut-être y connut-il aussi Peire Vidal et Folquet de Marseille, et beaucoup d’autres. Il était alors en pleine gloire et bien supérieur à tous ses rivaux. Mais pour nous cette période de sa vie est la plus obscure, à cause du petit nombre d’allusions que contiennent ses chansons.

C’est sans doute pendant son séjour auprès de Raimond V de Toulouse qu’il composa quelques chansons en l’honneur d’Ermengarde, vicomtesse de Narbonne[17]. Cette princesse, qui administra sa vicomté pendant plus de cinquante ans (1142-1193) et qui se distingua par des qualités politiques et même militaires de premier ordre, avait réuni autour d’elle les troubadours les plus célèbres du temps. Elle eut même son poète attitré, Peire Rogier, originaire d’Auvergne, qui, venu à Narbonne, s’éprit d’elle et resta à sa cour jusqu’à ce que « les médisants » ayant répandu des bruits malveillants sur son compte l’eurent obligé à partir.

Bernard de Ventadour, s’adressant à Ermengarde, se plaint lui aussi que les « médisants » l’aient perdu auprès de sa dame : est-ce de la duchesse de Normandie qu’il s’agit ? Cela est fort vraisemblable pour plusieurs raisons : mais ici encore, à cause de la discrétion habituelle de Bernard de Ventadour, et même à cause des habitudes générales des troubadours, qui cachaient avec soin le nom de leur dame, nous sommes réduits aux conjectures. Voici la chanson qu’il adressa à sa « dame de Narbonne » qui ne saurait être une autre personne qu’Ermengarde.

J’ai entendu la voix du rossignol sauvage, elle m’est entrée au cœur ; elle allège les soucis et les chagrins qui me viennent d’amour…

Celui-là mène une vie bien misérable qui ne guide pas vers la joie et l’amour son cœur et ses désirs ; car la nature déborde de joie, les échos en résonnent partout, prés, jardins et vergers, vallées, plaines et bois.

Moi hélas ! que l’amour oublie, j’aurais ma part de joie, mais la tristesse me trouble et je ne sais où me reposer… Ne me tenez pas pour léger si j’en dis quelque mal.

Une dame fourbe et discourtoise, racine de mauvais lignage, m’a trahi ; mais elle est trahie à son tour et cueille le rameau avec lequel elle se bat elle-même…

Je l’avais pourtant bien servie jusqu’au moment ou j’ai vu son cœur volage ; puisqu’elle ne m’accorde pas son amour, je serais bien fou de la servir ; car un service qui n’est pas récompensé et une attente bretonne font du seigneur un écuyer.

Que Dieu donne une mauvaise destinée à qui porte mauvais message ; sans les médisants, j’aurais joui de son amour ; c’est folie de discuter avec sa dame, je lui pardonne si elle me pardonne, et tous ceux-là sont menteurs qui m’en ont fait dire du mal[18].

Bernard demeura à la cour du comte de Toulouse jusqu’à la mort de ce dernier (1194). Bernard était à ce moment-là un homme âgé, car ses premières poésies datent d’avant 1150. À la mort du comte il se retira dans une abbaye célèbre de son pays natal, l’abbaye de Dalon, où il mourut. Notre poète connut la gloire ; ses poésies se trouvent dans la plupart des « chansonniers », c’est-à-dire dans les anthologies qui renferment les poésies des troubadours. Il est souvent cité par les troubadours suivants qui lui empruntent de nombreux passages. Un grand poète contemporain, Carducci, lui a consacré une étude intitulée : Bernard de Ventadour, un poète de l’amour au xiie siècle[19].

C’est bien le titre qui lui convient : c’est l’amour qui l’a rendu poète et il ne conçoit pas d’autre inspiration poétique que celle qui lui vient de cette source. Une de ses chansons n’est qu’un développement de ce thème ; nous en citerons un simple extrait en terminant.

La poésie n’a guère pour moi de valeur, si elle ne vient du fond du cœur — mais elle ne peut venir de cette source que s’il y règne un parfait amour — c’est pour cette raison que mes chants sont supérieurs à ceux des autres ; car la joie d’amour remplit tout mon être, bouche, yeux, cœur et sentiment.

Que Dieu s’abstienne de m’enlever le désir d’aimer ; quand je ne devrais rien posséder, quand chaque jour m’apporterait de nouveaux maux, j’aurai toujours le cœur prêt à l’amour.

Par ignorance, la foule grossière blâme l’amour ; cela ne lui cause aucun dommage ; il n’y a de basses amours que les amours vulgaires, qui n’ont que le nom et l’apparence d’amour…

L’amour de deux parfaits amants consiste à plaire et à avoir mêmes désirs ; on n’obtient rien si les désirs ne sont pas semblables ; celui-là est vraiment fou qui reproche à l’amour ce qu’Amour désire et qui lui vante ce qui ne lui plaît pas[20].

Ce n’est pas étonnant, dit-il ailleurs, que je chante mieux que les autres troubadours, car je suis plus porté qu’eux vers l’amour et je suis mieux fait à ses commandements ; j’ai mis en lui mon corps et mon cœur, mon savoir et mon intelligence, ma force et mon espoir ; je suis tellement entraîné vers l’amour que rien plus au monde ne m’intéresse[21].

Nous pouvons nous arrêter sur ces déclarations ; aussi bien on les retrouve partout dans l’œuvre de notre poète.

Il est aussi un des troubadours qui ont le mieux exprimé le pouvoir ennoblissant de l’amour, qui est, suivant leur doctrine, la plus noble passion de l’homme, source de toute vertu et de tout talent. Seulement il était difficile de varier à l’infini le développement de ce thème ; on l’épuisa de bonne heure et il y eut — trop tôt pour la poésie provençale — trop de convention, trop d’artifice dans l’expression de cette théorie.

Ce défaut capital, qui va s’accentuant pendant le xiiie siècle, n’apparaît guère encore chez Bernard de Ventadour. Sans doute les yeux exercés peuvent y reconnaître des germes de caducité et de décadence, mais ils y sont rares. Ce qui domine c’est la finesse, une finesse apprêtée et maniérée dont malheureusement le charme disparaît dans la traduction ; une imagination vive et sensible ; et surtout une fraîcheur de sentiment et de poésie qu’on ne retrouve pas souvent dans la poésie provençale. Il n’est pas jusqu’aux débuts de ses chansons (qui en sont pourtant la partie conventionnelle) qui ne se distinguent par la fraîcheur et l’originalité des descriptions. Il a vu « l’alouette mouvoir de joie ses ailes vers le soleil » ; il a entendu le rossignol « se réjouir sous les fleurs du verger ». Il sait exprimer avec une grâce et une poésie toutes naïves les sentiments que fait naître en lui le contraste entre l’aspect de la nature et l’état de son cœur. Quand ce cœur est à la joie, peu lui importe que la neige couvre le sol : l’hiver est alors un printemps et la neige lui rappelle les fleurs blanches du mois de mai ; quand le pâle soleil d’hiver est caché, « une clarté d’amour ensoleille son cœur ». Le chant du rossignol l’éveille, « tout réjoui d’amour » ; mais si son cœur est à la tristesse, ce même chant n’a plus de charmes : « moi qui aimais chanter, je meurs de tristesse et d’ennui, quand j’entends joie et allégresse ». C’est le même sentiment qui lui a inspiré la chanson citée plus haut et dont nous rappelons le trait suivant : « car la nature déborde de joie, les échos en résonnent partout, prés, jardins et vergers, vallées, plaines et bois ».

Ce sont bien là des accents de poète lyrique ; ils sont moins profonds ou moins éclatants que ceux auxquels nous ont habitués les poètes contemporains ; mais ils proviennent de la même source : du cœur plutôt que de l’esprit. Cette sincérité dans l’inspiration, sa conception de la vie, son imagination naïve et gracieuse, tout contribue à donner à Bernard de Ventadour une place privilégiée dans la littérature provençale.


  1. Sur Cercamon, cf. l’édition du Dr Dejeanne, Toulouse-Paris, 1905. Cercamon fait allusion une fois au Poitou (V) et il a écrit un planh sur la mort de Guillaume X, comte de Poitiers. Ces détails nous paraissent avoir quelque importance pour l’étude de l’influence qu’a pu exercer l’œuvre du premier troubadour Guillaume IX.
  2. Marcabrun fut un satirique si violent que, si l’on en croit son biographe, les châtelains de Guyenne, dont il avait dit beaucoup de mal, le firent mettre à mort.
  3. Pierre d’Auvergne, ap. Diez, L. W., p. 43. Cf. l’édition de Pierre d’Auvergne par M. Zenker, p. 190-191. Pour la suite cf. Diez, ibid., p. 44.
  4. Sur Jaufre Rudel, cf. Gaston Paris, Rev. hist. (cf. supra chap. ii), Carducci, Jaufre Rudel, poesia antica e moderna, 1888, Savj-Lopez, Mistica profana (in Trovatori e poeti).
  5. Appel, Prov. Chr., p. 55.
  6. M. C. Appel, in Archiv für das Studium der neueren Sprachen, tome CVII.
  7. « Depuis que nous étions enfants… » C’est l’âge aussi où Dante commença à aimer Béatrice.
  8. M. W., I, p. 19.
  9. M. W., p. 20.
  10. Texte de Mahn, Gedichte der Troubadours, no 707.
  11. Marcabrun aussi aurait visité l’Angleterre, cf. G. Paris, Esquisse historique, § 86.
  12. M. W., p. 23.
  13. Sur les nombreuses allusions aux médisants (lauzengiers) cf. Pätzold, Die individuellen Eigenthümlichkeiten einiger hervorragender Trobadors, § 79.
  14. M. W. I, 21. À propos de la « joie » il est bon de rappeler avec M. Jeanroy (éd. de Guillaume de Poitiers, p. 19) que « l’espèce d’exaltation mystique qui a pour cause et pour objet à la fois la femme aimée et l’amour lui-même était… désignée sous le nom de joi ».
  15. Geoffroy de Vigeois, ap. Diez, L. W., p. 322.
  16. Sur les troubadours à la cour du comte de Toulouse, cf. Paul Meyer, in Histoire générale de Languedoc, tome X.
  17. Sur les troubadours à Narbonne, cf. notre article dans les Mélanges Chabaneau, p. 737-750.
  18. M. W. I, 30.
  19. Carducci, Un poeta d’amore del secolo XII, Nuova Antologia, XXV-XXVI.
  20. M. W., I, 33.
  21. M. W., I, 36.