Tu avais beau gémir, grand vieillard de Phrygie

La bibliothèque libre.
Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 226).


SONNET.

 
Tv auois beau gemir, grand vieillard de Phrygie,
Arrachant tes cheveux ou te battant le ſein,
Pour retarder le cours du genereux deſſein
De ton grand fils Hector le pillier de l’Aſie :
 Il eſtoit arreſté qu’il vomiroit ſa vie
Aux bouillons de ſon ſang, par le bras inhumain,
Qui deuoit le traiſner d’vn horrible dédain
Par trois fois à l’entour de ſa chere patrie.
 Raiſon, tu criois bien quand i’approchai ſes yeux,
Yeux fierement brillans plus que l’œil radieux
D’Orion prediſant cent peſtes languiſſantes :
 Mais tu criois en vain, car i’eſtois deſtiné
A mourir par leurs traicts en mon mal obſtiné :
L’homme ne peut forcer les Parques tant puiſſantes.


A. D. V.