Un esprit non prévenu/III

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Éditions Kra (p. 69-100).
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III

Ce qui caractérisera notre époque, ne serait-ce pas le gaspillage ? J’admire non point tant sa consommation effroyable de systèmes, de morales, de principes et de poétiques ; ce que j’admire c’est que tout cela soit si mal consommé ; qu’on jette à la boîte aux ordures l’os à moelle après qu’on a quelque peu grignoté la chair tout autour. Rien qu’en étant bon chiffonnier on passerait pour inventeur.

Qui donc sait, en dehors de moi, ce que c’est qu’Ariane !

Nietzsche.

C’est ainsi que, pour n’en être plus gêné, on a enfermé les mythes grecs dans le vestiaire aux défroques, d’où ne les sort quelque poète, que pour habiller quelque vieille pensée trop décrépite pour oser se promener nue. Pour moi ces fables sont vivantes. Je m’inquiète assez peu de savoir comment ces mythes se sont formés, leur origine, et j’abandonne aux philologues l’ombre où s’enfonce et se perd leur passé. J’abandonne aux historiens de la littérature l’usage que les temps classiques et romantiques en ont fait. Ce qui m’importe c’est par où ils nous touchent et en quoi ils s’adressent à nous. Tout ce qui nous vient de la Grèce est si divinement et si humainement naturel que chaque âge en a pu tirer nourriture ; et que pour la génération suivante tout cela reste plein de substance, neuf, de signification infinie.

Je prétends interroger la fable grecque d’une manière nouvelle, et vous dis que sa signification psychologique est intacte, que c’est cette signification-là qui nous importe et qu’il appartient à notre époque de dégager.

Ce qui retient cette signification psychologique de vous apparaître, c’est que vous avez hérité des générations passées l’habitude de réduire à la portion congrue l’initiative des demi-dieux et des héros. Pour les dieux c’est une autre affaire : je tiens qu’il faut leur en reconnaître le moins possible ; et pour cause… Mais quant aux héros… non, je ne puis consentir que ce soit par hasard, par oubli, que Thésée ne changea point la voile du vaisseau qui le ramenait de Crète. Vous vous souvenez qu’il était parti là-bas pour affronter le Minotaure. Son vieux père Égée, sans beaucoup d’espoir, attendait le retour du navire, chaque jour, du matin au soir, assis au haut d’un promontoire. Et il avait été convenu que, si le fils revenait vainqueur, le vaisseau arborerait une voile rouge ; noire s’il était vaincu, comme celle de deuil qu’il portait au départ. Et la fable raconte que, Thésée ayant oublié de changer la voile, le père au désespoir se jeta dans la mer ; de sorte qu’à son retour, Thésée ne trouva plus qu’une couronne. C’est un récit bien enfantin…

Et pour un peu j’admettrais qu’Orphée, importuné d’être suivi par Eurydice, se retourna vers elle, conscient de son homicide regard (v. Lettre de J.-J. Rousseau à Madame de Francœil). Mais je me garde d’apporter ici quelque esprit d’irrespect et d’ironie. Je me souviens trop bien que Platon accusa de lâcheté Orphée, pour s’être ingénié à descendre vivant aux enfers. Je n’ai point trop compris, je l’avoue, cette accusation de Platon et je n’en retiens rien, sinon ceci : que Platon n’aimait point la musique. Il refusait aux musiciens droit de cité dans sa République et, quand il nous dit qu’Orphée était lâche, il ajoute : « … comme un musicien qu’il était ». Mais il est vrai pourtant qu’Orphée n’avait rien d’un héros. Dans Thésée, au contraire, je ne vois rien que d’héroïque ; et qu’il soit cynique aussi, je laisse d’autres s’en indigner. S’il descend aux enfers, lui, compagnon de son fidèle Pirithoüs, ce sera pour violer Proserpine. Ce qui le tente, c’est le défi : défi à la règle, à la nature, à la morale, aux lois. Le seul fils qu’il aura naîtra de la chaste amazone. Ariane s’attache à lui ; lui, s’attache à la sœur d’Ariane. Il m’est impossible de l’imaginer ayant peur, et quand, dans le labyrinthe, il s’avance, c’est Ariane qui craint qu’il ne s’égare, ce n’est pas lui. Ce fil qu’elle attache à sa main l’importune, et, dès la première escale, il le rompt. Je l’imagine à la cour de Minos, inquiet de savoir quelle sorte d’inavouable monstre peut bien être le Minotaure ; s’il est si affreux que cela, ou s’il n’est pas charmant, peut être ? Il enlève à la fois les deux filles du futur juge des enfers ; de l’une il est aimé ; il aime l’autre, la cadette ; qui lui préfèrera son fils. Il y a dans tous ses exploits quelque chose de plus que hardi, de délirant, d’abominable et de féroce. Rien de philanthropique et de doux à la manière du bon Hercule.

J’interroge aussi celui-ci. C’est un demi-dieu ; et comme tel s’il est plus glorieux, et s’il est immortel, il est astreint, et, comme tous les terrestres enfants de Zeus, soumis à de fatales lois. Il a ceci pourtant qui le distingue de tous les autres fils de Zeus : il est moral. C’est le premier héros vertueux. Unique et prodigieuse exception parmi toute la fable grecque. Mais, comme dans toute la fable grecque je ne sache rien qui ne se motive et qui ne se justifie, je cherche l’explication de ce singulier caractère. Et je doute si quelque mythologue s’est avisé déjà de ceci (mais je n’ai trouvé cette élucidation nulle part) : Alcmène, la mère d’Hercule, est restée vertueuse alors même qu’elle accueillait Jupiter, puisque c’est la figure du mari que Jupiter dut emprunter pour la séduire. Sa bonne foi conjugale est surprise ; l’adultère se glisse à l’abri du devoir. Hercule entre le vice et la vertu, quand plus tard au carrefour il hésite, le sang de sa mère choisit. J’ai déjà dit tout cela quelque part.

« Hérédité, le seul dieu dont nous connaissions le vrai nom », disait Wilde. Pour ne pas le nommer, les Grecs le connaissaient bien, eux aussi.

Les livres que j’ai lus à ce sujet m’ont beaucoup gêné — j’entends : les livres qui théorisent. Je ne dis pas qu’ils ne m’aient rien appris ; mais peu de chose ; car la plupart ont pris à tâche de réduire au même commun diviseur des données extrêmement complexes et qui, je l’avoue, m’intéressent en raison de leur complexité. Tel voit dans chacun des mythes de la Grèce l’image du soleil et des grands phénomènes ouraniens ; tout élan, tout essor, tout crescendo sera l’aurore, et le crépuscule vespéral tout déclin ; tout combat deviendra celui de la lumière contre les ténèbres et, suivant que le héros solaire en sortira vainqueur ou vaincu, l’on dira que c’est un mythe du matin ou que c’est un mythe du soir ; de temps en temps le mythe sera dit lunaire ; parfois il s’y agira des saisons… On trouve ainsi le moyen d’expliquer tout, n’y ayant pas moins de ressources dans l’ingéniosité des savants que dans les propos du ciel[1]. Et, grâce à ces explications, les mythes deviennent du même coup parfaitement clairs et complètement inintéressants. Telle autre école, (au moment que j’écris ceci, je crois que c’est la plus moderne), reconnaît dans chaque grand mythe le foisonnement et l’exagération d’une coutume locale ; et cette école s’appuie sur une autre qui prit grand’peine à démêler l’écheveau des superstitions qui formèrent la mythologie, cherchant de-ci, de-là, l’origine de chacun des fils qu’emmêlèrent autour du sensible pivot de la Grèce le lore de peuples très divers.

Qu’ils aient raison, c’est ce que je ne mets pas en doute ; mais voici qui ne m’explique ni la fortune de ces mythes à travers les arts grecs, ni comment, sans les fausser en rien, jusqu’en deçà de la période alexandrine ils ont pu satisfaire à la civilisation la plus harmonieuse qu’ait essayé l’humanité. Que s’ils ne doivent cette concurrente harmonie qu’à cette civilisation même et que si chacun d’eux peut être assimilé à un vase que chaque philosophe et poète lentement a pris soin de remplir, c’est quand le vase est plein qu’il me plaît de l’approcher de mes lèvres. C’est affaire au philologue de m’instruire sur l’origine du mythe ; je ne m’en veux saisir qu’à l’instant où la signification le déborde.

Des savants, de nos jours, sont prêts à démolir les plus beaux monuments du Forum pour défouir la cloaque maxime.

Qu’il soit permis de préférer à l’étude des origines, à la contemplation de la graine et de l’œuf, celle de la pleine adulte beauté.

Il est un point d’épanouissement que va suivre la décadence, où les forces anagénétiques l’emportent encore sur les forces catagénétiques ; un instant plus tard, la poussée interne faisant défaut, la forme durera toute seule et s’émancipera ; nous tombons dans l’alexandrinisme ; chaque mythe dès lors devient fable et prétexte à ornementation ; ce n’est plus la fleur, mais la fioriture.

Sans doute n’est-il pas d’un médiocre enseignement de constater que les anciens, et spécialement les Grecs, qui pourtant s’entendaient à bien vivre — et par « bien vivre », j’entends : vivre de manière à nous donner l’exemple des plus hautes vertus — que les Grecs, dis-je, agissaient tout nettement selon le conseil de leur pente, de leur passion bonne ou mauvaise, de leur vertu, de leur orgueil ou de leur fantaisie, mais qu’il ne leur arrivait jamais de peser longuement, entre plusieurs propos, celui que la raison reconnaîtra pour préférable, ainsi que constamment il nous arrive de faire aujourd’hui désireux que nous sommes, parmi tous les possibles, d’élire le meilleur, c’est-à-dire le plus avantageux pour Dieu, pour autrui, pour le bien public, pour nous-mêmes (selon notre plus ou moins grande vertu).

Et même, s’il arrivait à ces Grecs parfois de déplorer les conséquences de tels actes, ces regrets ne portaient point sur l’acte même et n’entraînaient ni repentance, ni remords ; il ne leur apparaissait jamais qu’ils eussent pu agir autrement. À la seule exception d’Hercule, aucun demi-dieu ou héros de l’antiquité n’hésite, ne balance. Chacun d’eux agit selon la dictée de son plus profond caractère, et ne crois-tu pas qu’à tous leurs gestes admirables, aussi bien aux plus vertueux qu’aux pires, le mot qui convient le mieux et qui s’applique le plus indifféremment à tous, c’est le mot : inconsidéré[2].

Ne crois-tu pas que c’est ainsi qu’il sied d’agir, et que l’acte inconsidéré a grand’chance d’être aussi bien le plus sage, car nous savons de reste que plus la raison s’efforce d’intervenir dans l’action, et plus nous sommes empêchés d’agir — car les conséquences immédiates ou lointaines du moindre de nos actes sont infinies ; car agir suivant le poids du plus grand nombre de motifs n’est pas agir d’une manière bien sincère. L’instinct le plus souvent est meilleur guide que la raison.

Quelle chose absurde, cette crainte de soi, en littérature ; crainte de parler de soi, d’intéresser à soi, de se montrer. (Le besoin de macération de Flaubert lui a fait inventer cette fausse, cette déplorable vertu.)

Pascal blâme le parler de soi dans Montaigne, y voit une démangeaison ridicule, mais n’est jamais si grand que lorsque lui-même y cède, et malgré lui. Qu’il écrive : « Le Christ a versé son sang pour les hommes », et sa parole retombe sans vertu. Dès qu’intervient le « Je », tout s’anime, et quand ce Dieu vient à lui, le tutoie : « J’ai versé telle goutte de sang pour toi ». Telle goutte spéciale, pour toi, Blaise Pascal… Chacun de nous aussitôt se sent compris dans ce tutoiement adorable.

La grande différence entre le christianisme et le paganisme[3] :

Zeus crucifie Prométhée.

Dieu offre son Fils pour qu’il soit crucifié par les hommes. Il est « de « mèche » !

Je crois bien que c’est là le point central, et le plus important.

La Grèce… où l’on pouvait changer de dieu sans changer pour cela de religion… n’a pas cherché à poser devant l’homme une sorte de canon moral, comme elle a fait celui des corps.

Un équilibre flottant de vertus.

Et quand, au fond de la boîte de Pandore, c’est le christianisme qu’on trouverait, ma foi ! je n’en serais pas trop surpris.

Royaume de Dieu. Vie éternelle. Vie dans l’éternité de l’instant.

… nunc, in tempore hoc (Marc, X, 29)

dès à present.

… et nunc est (Jean, IV, 23 ; V, 25).

Non ; c’est en vain que vous scrutez les Écritures pour y trouver la promesse et l’assurance d’une autre vie. « Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez trouver en elles la vie éternelle ; or, ce sont elles qui rendent témoignage de moi ; et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie. » (Jean, V, 39).

« The kingdom of God cometh not with observation : Neither shall they say : lo here ! or lo there ! for, behold : the kingdom of God is within you » (Luc, XVII, 20, 21).

Mais, me disait G. peu après sa conversion : c’est une grave erreur, et une erreur particulièrement protestante de croire que la parole de Dieu ne se trouve que dans l’Évangile. Dieu n’a jamais cessé de parler depuis la création du monde, et la révélation ne s’interrompt pas. J’écoute Dieu dans l’Évangile mais c’est tout aussi bien Sa voix que j’entends dans la dernière encyclique…

Qu’il m’est bon, auprès de cela, de relire le Mémorial de Pascal : « Oubli du monde et de tout, hormis Dieu. Il ne se trouve que par les voies enseignées dans l’Évangile… »

Et plus loin :

« Jésus-Christ… Que je n’en sois jamais séparé. Il ne se conserve que par les voies enseignées dans l’Évangile. »

Quelle est l’étrange histoire des trois lignes où il est question de « directeur », de conscience, lignes qui ne figurent point dans le manuscrit autographe de la Nationale, et qui ne sont peut-être pas de Pascal ?

Tel qu’il est, l’Évangile me suffit. Dès que je me remets en face de lui, tout redevient lumineux devant mon regard. L’explication de l’homme l’obscurcit.

Pourquoi, tandis que les autres religions ont pu former des peuples à leur image, pourquoi cette banqueroute, cette inadéquation ? N’est-il pas surprenant que les peuples chrétiens seuls aient été capables de créer la civilisation la plus distante des préceptes de l’Évangile, la plus opposée à toute forme de vie chrétienne ?

Mais quand je cherche le Christ, je trouve le prêtre ; et derrière le prêtre, Saint Paul.

Je prends les Évangiles tels qu’ils nous sont donnés, et laisse aux exégètes le soin de chercher si telles lignes ne furent pas rajoutées par la suite, où déjà je vois un essai d’interprétation : « Il disait cela de l’esprit que devaient recevoir ceux qui croient en lui ; car l’Esprit n’était pas encore donné, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié (Jean, VII, 39).

nondum enim erat Spiritus datus.

Mais, du reste, après la Pentecôte, l’apôtre n’eut plus aucune raison de remettre la félicité divine au futur.

— Mais ne serez-vous pas entraînés à considérer parallèlement l’enfer comme immanent pour ainsi dire, et trouvant dans la vie présente déjà l’immédiate réalisation de son horreur ?

— J’accorde que chaque pécheur clairvoyant peut aussitôt goûter le pressentiment complet de l’enfer. Et n’est-ce pas déjà l’enfer de connaître le lieu du repos, d’en savoir le chemin, la porte ; et de rester forclos ? de sentir la clarté de l’amour s’obscurcir, l’écran de la chair s’épaissir, cette chair s’aggraver sans cesse et, soi, s’y attacher toujours plus ? On parle toujours, à propos de l’enfer, de stagnation et l’on fait de ce non-progrès le dernier degré de l’horrible. Mais il y a pire ; il y a le lent progrès dans l’éloignement comme il y a progrès dans le rapprochement de l’amour. Ce n’est pas la ténèbre subite, c’est l’obscurcissement progressif. L’enfer — aussi bien que le paradis — est en nous. Milton l’exprime admirablement en ce vers : — lorsqu’il fait dire à Satan même — « Which way I flie is Hell ; my self am Hell. » (Paradise Lost, IV, 75).

Mais, qu’advient-il ? C’est que l’on a fait le Christ même responsable de…

… qui n’émane que de vous. C’est que, voulant répudier ceci qui est faux, l’on se trouve entraîné à rejeter du même coup cela qui est juste ; à rejeter du même coup Celui qui est juste. C’est une croix de mensonge, à quoi vous l’avez si solidement cloué, que désormais l’on ne puisse enlever le bois sans arracher la chair.

— Mais, dites-vous, ce Christ ne se maintiendrait pas tout seul. Il lui faut désormais cette monture, cette armature…

Si votre amour est assez fort pour lui permettre de revivre, Il saura quitter cette croix.

Évangile. De part en part œuvre de vie, œuvre de joie. (V. Jean, VIII, 51).

C’est « parce qu’ils seront consolés » que le Christ dit « heureux ceux qui pleurent ». Lui-même ne pleure qu’une fois : devant la mort. Son premier miracle est pour augmenter la joie. Sa première parole c’est « Heureux ».

Mais il veut une joie que le plus pauvre même puisse atteindre — et même une joie que seule la pauvreté puisse donner.

Prendre au pied de la lettre les paroles du Christ.

On cherche à tricher avec lui comme Saphire.

« Quand il dit : vends tout ton bien » cela n’est pas une image ; ce n’est pas non plus un ordre — c’est un secret de bonheur. Le royaume de Dieu, c’est cela — c’est un état de joie que seul le dénuement peut donner.

L’inquiétude tombe avec le sentiment de la possession particulière ; de la limitation individuelle.

« Ne vous inquiétez point pour votre vie de ce que vous mangerez et de ce que vous boirez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus » etc.

« Il est plus aisé à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le royaume des cieux. »

Quand les gens intelligents font les bêtes, il est naturel qu’ils y réussissent mieux que les sots. On a discuté sur le chameau, discuté sur le chas, discuté sur l’aiguille, et discuté surtout pour savoir dans quelle mesure le riche pouvait ou ne pouvait pas aborder au royaume des cieux. Quoi pourtant de plus lumineux que la parole de l’Évangile ? Il saute aux yeux les plus myopes que « faire passer un chameau par le trou d’une aiguille » est l’équivalent oriental de « prendre la lune avec ses dents », ou de quelque image analogue dont l’énorme absurdité tend à exagérer l’impossible.

Cela veut dire simplement : il est impossible, à tout jamais impossible, et parmi les choses impossibles il n’en est pas de plus impossible que celle-ci : un riche dans le royaume de Dieu. Le royaume de Dieu est formé de l’abandon de ces richesses.

Rien de plus lourd, de plus important que ceci : nécessité de l’option entre le temporel et le spirituel. La possession de l’autre monde est faite du renoncement à celui-ci.


  1. V. Notes sur les Dionysiaques de Nonnos, p. 42 (Chant XI, note 15) à propos d’Ampelos :

    … « Ici, je l’avoue, M. Creuzer me paraît atteint de la manie contemplative de Dupuis ; et il m’est totalement impossible de retrouver la moindre influence des astres, et une légende sidérale dans cette simple histoire d’Ampelos », écrit le comte de Marcellus.

  2. L’admirable figure d’Ulysse échappe à ce que j’avance ici ; il y a tant de bon sens, et de cautèle en lui qu’il est presque anti-héroïque, car, dit Montaigne, « rien de noble ne se fait sans hasard ».
  3. J’avais écrit d’abord : « la grande supériorité du christianisme sur le paganisme »… Mais faut-il vraiment voir là une supériorité ?