Un philosophe sous les toits/Chapitre 2

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Michel Lévy Frères, libraires-éditeurs (p. 21-38).

CHAPITRE II.


LE CARNAVAL.





20 février. Quelle rumeur au dehors ! Pourquoi ces cris d’appel et ces huées ?… Ah ! je me rappelle : nous sommes au dernier jour du carnaval ; ce sont les masques qui passent.

Le Christianisme n’a pu abolir les bacchanales des anciens temps, il en a changé le nom. Celui qu’il a donné à ces jours libres annonce la fin des banquets et le mois d’abstinence qui doit suivre. Carn-à-val signifie, mot à mot, chair à bas ! C’est un adieu de quarante jours aux « benoîtes poulardes et gras jambons » tant célébrés par le chantre de Pantagruel. L’homme se prépare à la privation par la satiété, et achève de se damner avant de commencer à faire pénitence.

Pourquoi, à toutes les époques et chez tous les peuples, retrouvons-nous quelqu’une de ces fêtes folles ? Faut-il croire que, pour les hommes, la raison est un effort dont les plus faibles ont besoin de se reposer par instants ? Condamnés au silence d’après leur règle, les trappistes recouvrent une fois par mois la parole, et, ce jour-là, tous parlent en même temps, depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher. Peut-être en est-il de même dans le monde. Obligés toute l’année à la décence, à l’ordre, au bon sens, nous nous dédommageons, pendant le carnaval, d’une longue contrainte. C’est une porte ouverte aux velléités incongrues jusqu’alors refoulées dans un coin de notre cerveau. Comme aux jours des saturnales, les esclaves deviennent pour un instant les maîtres, et tout est abandonné aux folles de la maison.

Les cris redoublent dans le carrefour ; les troupes de masques se multiplient, à pied, en voiture et à cheval. C’est à qui se donnera le plus de mouvement pour briller quelques heures, pour exciter la curiosité ou l’envie ; puis, demain, tous reprennent, tristes et fatigués, l’habit et les tourments d’hier.

Hélas ! pensé-je avec dépit, chacun de nous ressemble à ces masques ; trop souvent la vie entière n’est qu’un déplaisant carnaval.

Et cependant l’homme a besoin de fêtes qui détendent son esprit, reposent son corps, épanouissent son âme. Ne peut-il donc les rencontrer en dehors des joies grossières ? Les économistes cherchent depuis longtemps le meilleur emploi de l’activité du genre humain. Ah ! si je pouvais seulement découvrir le meilleur emploi de ses loisirs ! On ne manquera pas de lui trouver des labeurs ; qui lui trouvera des délassements ? Le travail fournit le pain de chaque jour ; mais c’est la gaîté qui lui donne de la saveur. Ô philosophes ! mettez-vous en quête du plaisir ! trouvez-nous des divertissements sans brutalité, des jouissances sans égoïsme ; inventez enfin un carnaval qui soit plaisant à tout le monde et qui ne fasse honte à personne.

Trois heures. Je viens de refermer ma fenêtre ; j’ai ranimé mon feu. Puisque c’est fête pour tout le monde, je veux que ce le soit aussi pour moi. J’allume la petite lampe sur laquelle, aux grands jours, je prépare une tasse de ce café que le fils de ma portière a rapporté du Levant, et je cherche, dans ma bibliothèque, un de mes auteurs favoris.

Voici d’abord l’amusant curé de Meudon ; mais ses personnages parlent trop souvent le langage des halles ; — Voltaire ; mais en raillant toujours les hommes, il les décourage. — Molière ; mais il vous empêche de rire à force de vous faire penser. — Lesage !… arrêtons-nous à lui. Profond plutôt que grave, il prêche la vertu en faisant rire des vices ; si l’amertume est parfois dans l’inspiration, elle s’enveloppe toujours de gaîté ; il voit les misères du monde sans le mépriser, et connaît ses lâchetés sans le haïr.

Appelons ici tous les héros de son œuvre : Gil Blas, Fabrice, Sangrado, l’archevêque de Grenade, le duc de Lerme, Aurore, Scipion ! Plaisantes ou gracieuses images, surgissez devant mes yeux, peuplez ma solitude, transportez-y, pour mon amusement, ce carnaval du monde dont vous êtes les masques brillants.

Par malheur, au moment même où je fais cette invocation, je me rappelle une lettre à écrire qui ne peut être retardée. Un de mes voisins de mansarde est venu me la demander hier. C’est un petit vieillard allègre, qui n’a d’autre passion que les tableaux et les gravures. Il rentre presque tous les jours avec quelque carton, ou quelque toile, de peu de valeur sans doute ; car je sais qu’il vit chétivement, et la lettre même que je dois rédiger pour lui prouve sa pauvreté. Son fils unique, marié en Angleterre, vient de mourir, et la veuve, restée sans ressources avec une vieille mère et un enfant, lui avait écrit pour demander asile. M. Antoine m’a prié d’abord de traduire la lettre, puis de répondre par un refus. J’avais promis cette réponse aujourd’hui ; remplissons, avant tout, notre promesse.

… La feuille de papier Bath est devant moi ; j’ai trempé ma plume dans l’encrier, et je me gratte le front pour provoquer l’éruption des idées quand je m’aperçois que mon dictionnaire me manque. Or, un Parisien qui veut parler anglais sans dictionnaire ressemble au nourrisson dont on a détaché les lisières ; le sol tremble sous lui, et il trébuche au premier pas. Je cours donc chez le relieur auquel a été confié mon Johnson ; il demeure précisément sur le carré.

La porte est entr’ouverte. J’entends de sourdes plaintes ; j’entre sans frapper, et j’aperçois l’ouvrier devant le lit de son compagnon de chambrée ; ce dernier a une fièvre violente et du délire. Pierre le regarde d’un air de mauvaise humeur embarrassée. J’apprends de lui que son pays n’a pu se lever le matin, et que, depuis, il s’est trouvé plus mal, d’heure en heure.

Je demande si on a fait venir un médecin.

— Ah bien, oui ! répond Pierre brusquement ; faudrait avoir pour ça de l’argent de poche, et le pays n’a que des dettes pour économies.

— Mais vous, dis-je un peu étonné, n’êtes-vous point son ami ?

— Minute ! interrompt le relieur ; ami comme le limonier est ami du porteur, à condition que chacun tirera la charrette pour son compte et mangera à part son picotin.

— Vous ne comptez point, pourtant, le laisser privé de soins ?

— Bah ! il peut garder tout le lit jusqu’à demain, vu que je suis de bal.

— Vous le laissez seul ?

— Faudrait-il donc manquer une descente de Courtille parce que le pays a la tête brouillée ? demande Pierre aigrement. J’ai rendez-vous avec les autres chez le père Desnoyers. Ceux qui ont mal au cœur n’ont qu’à prendre de la réglisse ; ma tisane, à moi, c’est le petit blanc.

En parlant ainsi, il dénoue un paquet dont il retire un costume de débardeur, et il procède à son travestissement.

Je m’efforce en vain de le rappeler à des sentiments de confraternité pour le malheureux qui gémit là, près de lui ; tout entier à l’espérance du plaisir qui l’attend, Pierre m’écoute avec impatience. Enfin, poussé à bout par cet égoïsme brutal, je passe des remontrances aux reproches ; je le déclare responsable des suites que peut avoir, pour le malade, un pareil abandon.

Cette fois, le relieur, qui va partir, s’arrête.

— Mais, tonnerre ! que voulez-vous que je fasse ? s’écrie-t-il, en frappant du pied : est-ce que je suis obligé de passer mon carnaval à faire chauffer des bains de pied, par hasard ?

— Vous êtes obligé de ne pas laisser mourir un camarade sans secours ! lui dis-je.

— Qu’il aille à l’hôpital alors !

— Seul, comment le pourrait-il ?

Pierre fait un geste de résolution.

— Eh bien, je vas le conduire, reprend-il ; aussi bien, j’aurai plus tôt fait de m’en débarrasser… Allons, debout, pays !

Il secoue son compagnon qui n’a point quitté ses vêtements. Je fais observer qu’il est trop faible pour marcher ; mais le relieur n’écoute pas : il le force à se lever, l’entraîne en le soutenant, et arrive à la loge du portier qui court chercher un fiacre.

J’y vois monter le malade presque évanoui avec le débardeur impatient, et tous deux partent, l’un pour mourir peut-être, l’autre pour dîner à la Courtille !

Six heures. Je suis allé frapper chez le voisin, qui m’a ouvert lui-même et auquel j’ai remis la lettre, enfin terminée et destinée à la veuve de son fils. M. Antoine m’a remercié avec effusion et m’a obligé à m’asseoir.

C’était la première fois que j’entrais dans la mansarde du vieil amateur. Une tapisserie tachée par l’humidité, et dont les lambeaux pendent çà et là, un poêle éteint, un lit de sangle, deux chaises dépaillées en composent tout l’ameublement. Au fond, on aperçoit un grand nombre de cartons entassés et de toiles sans cadres retournées contre le mur.

Au moment où je suis entré, le vieillard était à table, dînant avec quelques croûtes de pain dur qu’il trempait dans un verre d’eau sucrée. Il s’est aperçu que mon regard s’arrêtait sur ce menu d’anachorète, et il a un peu rougi.

— Mon souper n’a rien qui vous tente, voisin ! a-t-il dit en souriant.

J’ai répondu que je le trouvais au moins bien philosophique pour un souper de carnaval. M. Antoine a hoché la tête et s’est remis à table.

— Chacun fête les grands jours à sa manière, a-t-il repris en recommençant à plonger un croûton dans son verre. Il y a des gourmets de plusieurs genres, et tous les régals ne sont point destinés à flatter le palais ; il en existe aussi pour les oreilles et pour les yeux.

J’ai regardé involontairement autour de moi, comme si j’eusse cherché l’invisible festin qui pouvait le dédommager d’un pareil souper.

Il m’a compris sans doute, car il s’est levé avec la lenteur magistrale d’un homme sûr de ce qu’il va faire ; il a fouillé derrière plusieurs cadres, en a tiré une toile sur laquelle il a passé la main, et qu’il est venu placer silencieusement sous la lumière de la lampe.

Elle représentait un beau vieillard qui, assis à table avec sa femme, sa fille et ses enfants, chante, accompagné par des musiciens qu’on aperçoit derrière. J’ai reconnu, au premier aspect, cette composition, que j’avais souvent admirée au Louvre, et j’ai déclaré que c’était une magnifique copie de Jordaens.

— Une copie ! s’est écrié M. Antoine ; dites un original, voisin, et un original retouché par Rubens ! Voyez plutôt la tête du vieillard, la robe de la jeune femme, et les accessoires. On pourrait compter les coups de pinceau de l’Hercule du coloris. Ce n’est point seulement un chef-d’œuvre, monsieur, c’est un trésor, une relique ! La toile du Louvre passe pour une perle, celle-ci est un diamant.

Et, l’appuyant au poêle de manière à la placer dans son meilleur jour, il s’est remis à tremper ses croûtes, sans quitter de l’œil le merveilleux tableau. On eût dit que sa vue leur communiquait une délicatesse inattendue : il les savourait lentement et vidait son verre à petits coups. Ses traits ridés s’étaient épanouis, ses narines se gonflaient ; c’était bien, ainsi qu’il l’avait dit lui-même, un festin du regard.

— Vous voyez que j’ai aussi ma fête, a-t-il repris, en branlant la tête d’un air de triomphe ; d’autres vont courir les restaurants et les bals ; moi, voici le plaisir que je me suis donné pour mon carnaval.

— Mais si cette toile est véritablement si précieuse, ai-je répondu, elle doit avoir un haut prix.

— Eh ! eh ! a dit M. Antoine, d’un ton de nonchalance orgueilleuse, dans un bon temps et avec un bon amateur, cela peut valoir quelque chose comme vingt mille francs.

J’ai fait un soubresaut en arrière.

— Et vous l’avez acheté ? me suis-je écrié.

— Pour rien, a-t-il répondu, en baissant la voix ; ces brocanteurs sont des ânes : le mien a pris ceci pour une copie d’élève… il me l’a laissé à cinquante louis payés comptant ! ce matin, je les lui ai apportés, et maintenant il voudrait en vain se dédire.

— Ce matin ! ai-je répété, en reportant involontairement mes regards sur la lettre de refus que M. Antoine m’avait fait écrire à la veuve de son fils, et qui était encore sur la petite table.

Il n’a point pris garde à mon exclamation, et a continué à contempler l’œuvre de Jordaens, dans une sorte d’extase.

— Quelle science de clair-obscur ! murmurait-il en grignotant sa dernière croûte avec délices ; quel relief ! quel feu ! Où trouve-t-on cette transparence de teintes, cette magie de reflets, cette force, ce naturel ?

Et comme je l’écoutais immobile, il a pris mon étonnement pour de l’admiration, et il m’a frappé sur l’épaule :

— Vous êtes ébloui ! s’est-il écrié avec gaieté, vous ne vous attendiez pas à un pareil trésor ! Que dites-vous de mon marché ?

— Pardon, ai-je répliqué sérieusement ; mais je crois que vous auriez pu le faire meilleur.

M. Antoine a dressé la tête.

— Comment cela ? s’est-il écrié ; me croiriez-vous homme à me tromper sur le mérite d’une peinture ou sur sa valeur ?

— Je ne doute ni de votre goût, ni de votre science ; mais je ne puis m’empêcher de penser que pour le prix de la toile qui vous représente ce repas de famille, vous auriez pu avoir…

— Quoi donc ?

— La famille elle-même, monsieur.

Le vieil amateur m’a jeté un regard, non de colère, mais de dédain. Evidemment je venais de me révéler à lui pour un barbare incapable de comprendre les arts et indigne d’en jouir. Il s’est levé sans répondre, il a repris brusquement le Jordaens, et il est allé le reporter dans sa cachette derrière les cartons.

C’était une manière de me congédier ; j’ai salué et je suis sorti.

Sept heures. Rentré chez moi, je trouve mon eau qui bout sur ma petite lampe ; je me mets à moudre le moka et je dispose ma cafetière.

La préparation de son café est, pour un solitaire, l’opération domestique la plus délicate et la plus attrayante ; c’est le grand œuvre des ménages de garçon.

Le café tient, pour ainsi dire, le milieu entre la nourriture corporelle et la nourriture spirituelle. Il agit agréablement, tout à la fois, sur les sens et sur la pensée. Son arome seul donne à l’esprit je ne sais quelle activité joyeuse ; c’est un génie qui prête ses ailes à notre fantaisie et l’emporte au pays des Mille et une Nuits. Quand je suis plongé dans mon vieux fauteuil, les pieds en espalier devant un feu flambant, l’oreille caressée par le gazouillement de la cafetière qui semble causer avec mes chenets, l’odorat doucement excité par les effluves de la fève arabique, et les yeux à demi-voilés sous mon bonnet rabattu, il me semble souvent que chaque flocon de la vapeur odorante prend une forme distincte : j’y vois tour à tour, comme dans les mirages du désert, les différentes images dont mes souhaits voudraient faire des réalités.

D’abord la vapeur grandit, se colore, et j’aperçois une maisonnette au penchant d’une colline. Derrière s’étend un jardin enclos d’aubépines, et que traverse un ruisseau aux bords duquel j’entends bourdonner les ruches.

Puis le paysage grandit encore. Voici des champs plantés de pommiers où je distingue une charrue attelée qui attend son maître. Plus loin, au coin du bois qui retentit des coups de la cognée, je reconnais la hutte du sabotier, recouverte de gazon et de copeaux.

Et au milieu de tous ces tableaux rustiques, il me semble voir comme une représentation de moi-même qui flotte et qui passe ! C’est mon fantôme qui se promène dans mon rêve.

Les bouillonnements de l’eau près de déborder m’obligent à interrompre cette méditation pour remplir la cafetière. Je me souviens alors qu’il ne me reste plus de crème ; je décroche ma boîte de fer-blanc et je descends chez la laitière.

La mère Denis est une robuste paysanne venue toute jeune de Savoie et qui, contrairement aux habitudes de ses compatriotes, n’est point retournée au pays. Elle n’a ni mari, ni enfant, malgré le titre qu’on lui donne ; mais sa bonté, toujours en éveil, lui a mérité ce nom de mère. Vaillante créature abandonnée dans la mêlée humaine, elle s’y est fait son humble place en travaillant, en chantant, en secourant, et laissant faire le reste à Dieu.

Dès la porte de la laitière, j’entends de longs éclats de rire. Dans un des coins de la boutique, trois enfants sont assis par terre. Ils portent le costume enfumé des petits Savoyards et tiennent à la main de longues tartines de fromage blanc. Le plus jeune s’en est barbouillé jusqu’aux yeux, et c’est là le motif de leur gaieté.

La mère Denis me les montre.

— Voyez-moi ces innocents, comme ça se régale ! dit-elle en passant la main sur la tête du petit gourmand.

— Il n’avait pas déjeuné, fait observer son camarade pour l’excuser.

— Pauvre créature ! dit la laitière ; ça est abandonné sans défense sur le pavé de la grande ville où ça n’a plus d’autre père que le bon Dieu !

— Et c’est pourquoi vous leur servez de mère ? ai-je répliqué doucement.

— Ce que je fais est bien peu, a dit la mère Denis, en me mesurant mon lait ; mais tous les jours j’en ramasse quelques-uns dans la rue pour qu’ils mangent une fois à leur faim. Chers enfants ! leurs mères me revaudront ça en paradis… Sans compter qu’ils me rappellent la montagne ! quand ils chantent leur chanson et qu’ils dansent, il me semble toujours que je revois notre grand-père !

Ici les yeux de la paysanne sont devenus humides.

— Ainsi vous êtes payée par vos souvenirs du bien que vous leur faites ? ai-je repris.

— Oui, oui, a-t-elle dit, et aussi par leur joie ! Les ris de ces petits, monsieur, c’est comme un chant d’oiseau, ça vous donne de la gaieté et du courage pour vivre.

Tout en parlant, elle a coupé de nouvelles tartines, et y a joint des pommes avec une poignée de noix.

— Allons, les chérubins, s’est-elle écriée, mettez-moi ça dans vos poches pour demain.

Puis, se tournant de mon côté :

— Aujourd’hui je me ruine, a-t-elle ajouté ; mais faut bien faire son carnaval.

Je m’en suis allé sans rien dire ; j’étais trop touché.

Enfin je l’avais découvert, le véritable plaisir. Après avoir vu l’égoïsme de la sensualité et de la pure intelligence, je trouvais le joyeux dévouement de la bonté ! Pierre, M. Antoine et la mère Denis avaient fait chacun leur carnaval ; mais pour les deux premiers ce n’était que la fête des sens ou de l’esprit, tandis que pour la troisième c’était la fête du cœur !