Une Mendiante (Guaita)

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Rosa MysticaAlphonse Lemerre, éditeur (p. 219-220).


Une Mendiante


Mendiante pâlote au minois de gamin,
Maigre enfant si câline à tous, enfant si pleine
De nonchaloir, avec tes yeux de porcelaine
Riant sous leurs longs cils, sans souci de demain,

N’as-tu pas, en tous lieux tendant à tous la main,
Laissé, (comme un mouton perdu sa blanche laine,)
Les lambeaux de ta jupe aux buissons de la plaine,
Le duvet de ta joue aux baisers du chemin ?


N’importe !… Tu parais, dans ta beauté gracile,
La Vénus en haillons des campagnes — facile
Au rire d’or, au somme en plein air, à l’amour !…

— Eh, Toinon, voudrais-tu de l’empire du monde,
S’il te fallait quitter — fût-ce un mois, fût-ce un jour —
Ta vie au blond soleil, quêteuse et vagabonde ?