Une vieille maîtresse/Partie 2/10

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Alphonse Lemerre (tome 2p. 155-169).


X

DEUX ESPÈCES DE COINS DU FEU


Cependant la vie de ces deux heureux qui allaient cesser de l’être, dut, à partir de cette journée, se modifier, sinon dans les surfaces, au moins dans les profondeurs. La première peine, quelque légère qu’elle soit, a toujours plus de poids que le bonheur n’a de résistance, et elle va d’un seul trait jusqu’au fond de notre félicité, comme un plomb qui tombe dans de l’eau. Ryno et Hermangarde s’aimaient encore avec la même toute-puissante plénitude, mais il y avait entre eux quelque chose qu’ils ne se disaient pas. Pour des cœurs délicats et qui ont bu dans la coupe enchantée de la Confiance, rien n’est affreux comme ce supplice. Hermangarde voyait d’un œil fixe toujours suspendue sur son cœur la pointe d’une épée qui n’était peut-être qu’une illusion d’épée… mais aurait-elle jamais le moyen de s’assurer de la réalité d’une vision qui la terrifiait ?… L’anxiété s’ajoutait aux tourments de l’apparence. Quant à Ryno, il pénétrait la pensée qui bourrelait l’âme de sa femme, et il ne pouvait rien sur cette pensée ; il la lui laissait. Il essaya néanmoins de l’endormir et de la perdre dans les nombreuses expressions d’un amour qui n’avait besoin de nul effort pour être éloquent et bien sincère. Il est vrai qu’il n’inventait pas. Il continuait d’être le Ryno amoureux, prosterné, charmant de grâce ardente et de passion souveraine qu’il était, depuis six mois, sans que les couleurs de cet amour eussent seulement pâli ! Mais continuer d’être tout cela, — ne pas pouvoir monter davantage, mais planer dans cet éther de feu, — n’était-ce pas assez pour verser l’oubli dans l’ivresse, au cœur de la femme qu’il aimait ? Hélas ! non, ce n’était pas assez.

L’idée qu’elle gardait dans les expansions les plus involontaires, une douleur aux replis de son âme nitide, au fond de ce calice fumant de parfums qu’il vidait sans cesse de la rosée dont il était plein, jetait jusque sur les plus vives caresses de Ryno une mélancolie dont pour Hermangarde le charme triste au moins fut nouveau. Elle en jouit comme d’une volupté macérée. Elle respira avec les langueurs enflammées des Mystiques, cette fleur laissée au rameau d’épines qui lui ensanglantait le sein. Mais esclave des pensées jalouses que la scène de la Vigie entrevue avait fait lever et s’entremêler, vagues et confuses, dans son cœur troublé, elle s’expliqua cette mélancolie, et les explications qu’elle se donna furent de nouvelles tortures pour elle. Avait-elle tort ? N’y avait-il qu’elle dans cette tristesse de Ryno, qui pouvait être le sentiment de la limite dans l’amour heureux et qui donne à ses jouissances trop tôt finies l’ardeur profonde et altérée de je ne sais quel désespoir ? Le passé, une autre femme, la Robe rouge, ce sanglant météore qui avait surgi tout à coup dans le ciel de son bonheur, tout cela n’était-il pour rien dans cette mélancolie, faite peut-être de désirs nouveaux, de remords, de regrets, et, oui ! d’un peu d’amour encore, mais d’amour qui s’en va mourir ? Voilà ce qu’elle se disait avec amertume, en s’enveloppant dans de consumantes rêveries. Le tact prodigieux des femmes qui aiment l’avertissait-il ? Ou Ryno, resté vraiment digne d’elle, n’était-il triste que parce qu’il ne pouvait lui rendre le repos qu’elle avait perdu ?

Toujours est-il qu’il n’avait pas revu Vellini. Quand il l’avait quittée sur la falaise, où était-elle ? Quelles avaient été leurs dernières paroles ? S’étaient-ils promis de se revoir ? Les adieux, les anciens adieux auxquels Ryno en avait tant appelé, avaient-ils été de nouveau prononcés entre eux, élevés entre eux comme une barrière ?… Qu’étaient-ils devenus, lorsque madame de Marigny eut atteint la plate-forme de la tour ruinée ? Ryno le savait sans doute, et ce qu’il savait dicta sa conduite. Il affecta pendant quelques jours de ne plus sortir ou de sortir avec sa femme. Il répondait à ses jalousies muettes en ne la quittant plus.

Du reste, chaque jour l’hiver, qui s’avançait d’un pas, rendait plus rares leurs promenades. Ils ne voyaient presque plus que des fenêtres de leur grand salon le paysage maritime qu’ils avaient si souvent parcouru. Éclairé par un ciel habituellement gris et bas, qui en pressait de toutes parts l’étendue monotone, il s’harmonisait bien avec l’état de leurs âmes. C’était l’infini nuageux de leur amour ! Il en avait l’immensité et la teinte déjà soucieuse. Bientôt, le vent qui s’engouffrait dans cette anse devint si piquant qu’il fallut renoncer à la niche et à la falaise. Ils se contentaient alors de descendre, quand il ne pleuvait pas, les escaliers des murs de la cour et de faire quelques tours rapides au bord du havre et sur la grève, où rien ne semblait vivre que les éléments. Ils entraient alors dans cette période de la vie de campagne que madame d’Artelles et la marquise avaient redoutée et qu’eux, au contraire, avaient désirée et voulue avec la confiante témérité de l’amour. On le conçoit. Quand on s’aime comme ils s’aimaient, lorsqu’ils arrivèrent sur cette côte, on voudrait habiter un point indivisible de l’espace afin d’être plus rapprochés. L’hiver, dont les rigueurs sont plus âpres à Carteret que partout ailleurs, rongeait, pour ainsi dire, le sol autour d’eux. Ils ne pouvaient plus s’y étendre. La Nature les refoulait l’un vers l’autre et leur disait : « Suffisez-vous ! » Ah ! la nature est une bonne mère. La vraie place de l’amour n’est réellement qu’à la campagne, en hiver, quand on ne peut plus mettre un pied dehors, et qu’endormie et crispée dans son lit de frimas, la terre n’a plus à offrir de ces distractions et de ces spectacles qui, pour la conscience timorée d’un amour exquis, sont presque des infidélités. C’est alors, — qu’au fond, tout au fond de la maison isolée où l’on aime, on se crée des recueillements merveilleux et des tranquillités inépuisables, à l’abri de tous les importuns du monde et sous la garde bénie des mauvais temps et des mauvais chemins. Le foyer domestique se concentre. Le coin du feu devient toute la maison. On y vit et on s’y réchauffe, assis tous deux sur la même causeuse, — ce meuble inventé par l’amour, — entre les feuilles rapprochées de quelque paravent de laque qui double la chaleur en la retenant, et jette une ombre de plus sur le corps, un mystère de plus sur la pensée ! On y alimente ses rêveries en entendant le grillon, — cette cigale de l’âtre de l’homme, — qui chante dans la cendre chaude, comme la cigale de l’été chante dans les blés brûlés de soleil, — et plus loin, au dehors, derrière les remparts transparents des fenêtres, les hurlements du vent du Nord dans les brisants de la falaise, le flagellement de la vitre sous la pluie qui fume, et le silence (car le silence s’entend) de la neige perpendiculaire, qui tombe en paix des sommets du ciel, comme les duvets d’un cygne, plumé par une main cachée dans les nues. Toutes ces musiques éoliennes de la Nature soupirante ou gémissante bercent l’âme et l’endorment comme dans un hamac d’harmonies. Et ce n’est là pourtant encore qu’une partie de nos sensations ! Dans cet ovale, dessiné par le paravent, dans ce coin du feu toujours allumé, toujours irradiant, la femme aimée prend des expressions et des reflets qui communiquent à sa beauté des caractères qu’on ne lui avait jamais connus. Le jour, sous les triples draperies des rideaux, filtre à peine dans l’appartement. Des clartés voilées luttent et succombent aux angles du salon, dont les bustes blancs trempent dans l’ombre. Toute la lumière part de la cheminée comme de son sanctuaire. Tantôt éclatante et joyeuse avec la flamme sonore du sarment qui pétille et meurt et qu’on appelle joie de mariage, pour en marquer la chaleur et la gaieté éphémère ; tantôt sombre et pourtant ardente avec l’embrasement pénible du chêne, elle colore de teintes, si différentes dans leur couleur unique, la tête chérie, qu’on dirait les touches diverses de plusieurs pinceaux. Au sein de cette pénombre, vermillonnée par la flamme, les yeux charmeurs ont des étincellements de caméléon et de rubis, comme la tradition antique en prêtait au dauphin expirant. Les cheveux d’or — la chaîne de notre vie — se bronzent ou rougissent… La joue pénétrée monte par des transitions successives toute la gamme de la couleur de l’amour, depuis le rose vaporeux et tendre jusqu’au pourpre le plus profond ; et elle rit ou sourit, la reine de notre cœur, la flamme perle encore sa goutte incarnadine sur l’émail humide de ses dents érubescentes. Ah ! pour des êtres épris l’un de l’autre, que les jours d’hiver, ces moitiés de nuit si touchantes, passent suavement en ces contemplations oisives, songeuses, idolâtres, dans le rayonnement du foyer ! Non ! rien ne vaut cette tendresse, tapie dans un salon bien clos et chargé des souffles de deux créatures qui se pénètrent par le regard et par tous les effluves de l’haleine, — car la peau respire comme la poitrine, — et qui atteignent le soir, dans ce bain moite d’air humain sorti d’elles-mêmes, et qui les noie dans les langueurs écrasantes d’une asphyxie de volupté !

Marigny et Hermangarde s’absorbèrent en cette vie intérieure, mais ces jours condensés par le silence et la solitude furent bientôt comme les restes épanchés d’une essence qu’on cherche au bord d’un flacon tari. L’atome d’un poison invisible s’imbibait déjà dans ces gouttes huileuses et diamantées du pur nectar cristallisé qu’ils épuisaient sur leurs lèvres. La pensée qu’on ne dit pas, cette petite tache noire dont les plus saines et les plus fortes intimités peuvent mourir, commençait à marbrer de teintes putrides ce bonheur, zeste amer et brûlant du fruit qu’ils avaient dévoré. Cette pensée fixe et pourtant mobile, la présence éternelle de Ryno ne la bannissait pas. Près de lui, Hermangarde la sentait circuler dans ses veines, briller dans ses yeux, mourir sur ses lèvres, faire plusieurs fois le tour de son être, comme le sang chassé par le cœur qui revient au cœur. Ryno le voyait bien. Il pouvait dire, à chaque minute de la vie, dans quel organe de cette femme, si secrètement atteinte, passait ou s’arrêtait le poison subtil qui était tombé de sa main, à lui ! Cette souffrance cachée qui résistait à tout, lui jetait parfois au cœur d’âpres et de courts ressentiments. Alors, lui qui savait sa puissance, l’évoquait, prêt à s’en servir, prêt à en abuser. Dieu de cette femme et par cette femme, il faisait lever et monter et passer l’océan de feu des caresses sur cette petite tache qu’il n’emportait pas, qu’il ne balayait pas, et qui restait comme le sang sur la main de lady Macbeth. Dans ces moments (les femmes pures s’en étonneront-elles ?), Hermangarde ne tendait pas, comme autrefois, sa poitrine à la foudre. Une inexprimable alarme de tous les sentiments de son être la retenait contre le cœur de son mari, semblable à un oiseau craintif qui mettrait sa tête sous son aile. Si elle ne s’en arrachait pas, c’est que peut-être il était toujours le Ryno de ses rêves et de son mariage, mais, mon Dieu ! où en est le bonheur de l’amour, lorsque le doute nous vient faire trembler sous la loyauté des caresses ?

Ce doute rendait tout impossible. Elle avait bien eu la pensée d’écrire à sa grand’mère ce qui lui pesait sur le cœur. « Mais à quoi bon — s’était-elle dit — troubler de mes incertitudes les derniers jours d’une femme excellente dont le bonheur est fait du mien ?… » Cette pieuse pitié l’avait arrêtée. Cependant, tout ce qu’elle avait de jeunesse dans l’âme et de mortelles anxiétés lui donnait des soifs de confiance qu’elle ne devait pas étancher. La perspective morne d’une compression sans bornes l’accablait.

Elle en souffrait plus que jamais, un jour qu’elle était restée seule au manoir. M. de Marigny, qui n’était pas sorti depuis plusieurs semaines, avait fait seller un cheval et était allé à Barneville chercher les lettres qu’ils attendaient de Paris. Dans la disposition de son âme, une chose si simple — le départ et l’absence de son mari, pendant deux heures, — avait causé à Hermangarde un incroyable serrement de cœur. Et pourtant elle n’avait pas voulu s’y opposer ! À une autre époque (elle disait déjà : à une autre époque !), elle eût murmuré câlinement le mot « Reste ! » et il serait resté. Quand il l’embrassa au moment de partir, elle ne lui fit rien entendre, et il partit disant que bientôt il serait de retour, car Barneville est si près ! Il ne pouvait l’emmener. Elle était malade des commencements d’une grossesse dont elle doutait encore, il est vrai, et le médecin lui avait défendu toute espèce de fatigue. D’ailleurs, il tombait un peu de brouillard.

Elle était donc restée seule sur la causeuse, veuve de lui, au coin du feu, sa place accoutumée, le théâtre d’une intimité si tendre et de ce drame muet si triste qui incessamment s’y mêlait. Courageuse, elle prit son aiguille et sa broderie et elle essaya de vaincre, par l’application au travail, les attendrissements qui la surmontaient. Elle baissa son front, gros de rêves, sur ses mains royales de beauté qui soutenaient son frêle ouvrage… Mais bien loin de distraire la pensée, les travaux des femmes la concentrent. À qui les a parfois observées quand elles semblent le plus perdues au sein des patientes et fragiles difficultés d’une reprise à faire ou d’une fleur de feston à achever, il est aisé de lire à pleines pages, dans leurs mouvements et dans leurs poses, bien des poèmes de douleur cachée, de riant espoir, de secret désir. Le visage incliné échappe, mais les mains parlent. Elles ont des façons si rapides ou si languissantes de tirer l’aiguille, ou vers leur sein ou de côté ; elles ont des manières de couper leur fil, étourdies, rêveuses, abandonnées, résolues, péremptoires, impérieuses, cruelles, encolérées, hésitantes, tremblantes, adroites comme la finesse, maladroites comme l’émotion ! Pour qui a le sens de ces révélations infaillibles, il est évident que ce n’est pas dans ces délicats chiffons qu’elles cousent ou coupent, mais dans leur âme. Hermangarde ne trouva donc point dans son ouvrage ce qu’elle y cherchait. Elle aurait dû le savoir. N’y avait-il pas dans le boudoir gris et rose de la rue de Varennes un tapis dont toutes les fleurs, brodées pendant ses derniers jours de jeune fille, avaient été autant de préoccupations d’amour ?.. La marquise appelait, en riant, ces fleurs, dans le cœur ouvert ou fermé desquelles sa petite-fille avait versé tant de pensées : les acrostiches de M. de Marigny. Le même fait, mais aujourd’hui douloureux, se produisait avec l’exactitude d’une loi. Hermangarde fuyait ses pensées, et elle les fixait devant ses yeux, sous chaque point d’aiguille. Aussi les attendrissements augmentèrent. De grosses larmes qui ne passaient point sur les tremblantes rondeurs des joues, à cause de l’inclinaison de la tête, tombèrent de ses cils sur ses mains et sur son feston. Elle oublia de les essuyer. D’autres revinrent, puis d’autres encore… Enfin n’y voyant plus, entraînée, vaincue par le flot montant de ce déluge de larmes, elle laissa choir ses mains mouillées sur ses genoux, renversa sa tête sur le dossier de la causeuse et s’abandonna à cette crise de pleurs, — comme certains oiseaux se mettent à boire quand ils ne sont pas observés.

Voilà donc comme les bonheurs finissent ! Elle resta longtemps dans cette nerveuse pâmoison de larmes, mais la nuit venant plus vite à cause du brouillard qui s’épaississait au dehors, sa femme de chambre étant entrée préparer une lampe, elle voulut lui cacher l’état affreux de son visage et elle alla appuyer son front brûlant sur les vitres de la fenêtre. Elle trouva que la moiteur glacée de la vitre lui faisait du bien. Elle regarda s’il revenait, mais elle ne put en juger. Le brouillard s’élevait sur la grève au delà du havre. Il couvrait Barneville et les Rivières et s’interposait comme un mur d’albâtre gris, inscrutable à l’œil. Seulement, entre le havre et le manoir, on pouvait encore discerner les objets et apprécier les distances. On voyait plusieurs bateaux à sec, à différents points de la grève. Les gros temps des jours précédents les avaient forcés à relâcher dans l’anse de Carteret, et ils attendaient le retour de la marée qui devait les remporter. Parmi ces bateaux qui tigraient le sable jaune de la noire couleur de leurs carènes, il y en avait un plus beau et plus fort que les autres, et qu’Hermangarde prit de loin pour un brick. Il n’était pas couché à moitié sur le flanc, attendant la lame qui le redresserait, mais il se tenait debout et droit, comme s’il eût été sur ses ancres, dans le havre plein. Plusieurs personnes l’entouraient et on avait allumé un grand feu, à trois pas de son tillac. Quel était ce vaisseau ? Que faisaient ces personnes entrevues confusément dans le brouillard et les premières ombrées de la nuit ? Hermangarde voulut aller jusque-là au-devant de Ryno. Le vaisseau en question n’était pas très loin de la porte de la grande cour. Le froid, d’ailleurs, dont elle éprouvait la bonne influence à son front qu’elle appuyait contre la vitre, enlèverait à ses yeux la cuisante inflammation des larmes et empêcherait Ryno de voir qu’elle avait trop pleuré. Elle prit sa pelisse et sortit avec Titania, car Marigny avait emmené Titan.

Le spectacle qui l’avait attirée était impressif et presque étrange, quoique la côte dût en voir souvent de pareils. Elle ne s’était point méprise : le vaisseau qu’elle avait devant elle était bien un brick d’une structure élégante et robuste. Deux matelots, en jaquette grise et en camisole rayée, étaient alors occupés à enduire de goudron sa forte carcasse, qui avait souffert de la pointe aiguë des brisants. Le goudron bouillait, épais, visqueux, dans un chaudron posé sur un trépied que léchaient et couronnaient les flammes d’un feu de planches pourries et de douvelles de vieux tonneaux. Un mousse, assis par terre, entretenait ce feu qui rayonnait dans le brouillard embrasé et rougeâtre et y jetait comme des éclaboussures de lumière. Autour de ce foyer en plein vent, il y avait plusieurs personnes, dans des attitudes diverses, assises ou debout, — badauds de la côte, pour qui l’apparition d’un brick étranger était un événement. Elles devisaient librement entre elles, pendant que les matelots et le mousse, ignorant la langue qu’on parlait autour d’eux, remplissaient leur tâche en silence, avec une gravité digne du pavillon qui les couvrait. C’était le pavillon espagnol.

Madame de Marigny resta un instant en arrière, pour regarder et écouter le groupe circulaire, si fantastiquement éclairé.