Utilisateur:Sicarov/Dictionnaire de la Bible/Tome 1.2.b BAAL-BERZELLAI

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Letouzey et Ané (Volume Ip. 1315-1316-1639-1640).

B

38 ?. — Sceau ara mèen d’Abdbal.

B, seconde lettre de l’alphabet hébreu. Voir Beth.

BAAL. Hébreu : Ba’al, « maître, seigneur ; » Septante : BâaX. Nom d’un dieu chananéen, de plusieurs Israélites et d’une localité ainsi appelée par abréviation. Ce mot entre aussi dans la composition d’un certain nombre de noms propres,

1. BAAL, dieu suprême des Chananéens, adoré par , les Israélites infidèles. Son nom se lit souvent dans les inscriptions phéniciennes ; on le retrouve aussi dans les inscriptions cunéiformes et chez les auteurs grecs et latins, qui l’appellent communément, d’après la forme babylonienne de son nom, B-fa, BriXoç, Belus. Il entre dans la composition d’un grand nombre de noms de personnes phéniciens et carthaginois : Annibal (hanniba’l, « Baal est grâce » ) ; Asdrubal (’azruba’l, « Baal est secours » ), etc. ; araméens : Abdbal, « serviteur de Baal, » qu’on lit sur un cachet d’agate trouvé à Khorsabad (fig. 387), etc. ; assyrochaldéens : Balthasar ( Bel - sar - usur, « Bel protège le roi » ), etc. ; on le trouve même dans quelques rares noms hébreux : Ba’alliânân (Vulgate : Balanan), Esbaal, Méribbaal, Baaliada. (Voir ces noms.) Cf. E. Nestlé, Die isrælitische Eigennamen nach ihrer religionsgeschichtlichen Bedeutung, in-8°, Harlem, 1876, p. 108-132. I. Nom. — Ba’al, d’après l’interprétation unanime des sémitisants, signifie « seigneur, maître, possesseur », non seulement en hébreu, mais aussi dans les autres langues sémitiques. Il ne s’emploie pas uniquement comme nom propre, mais encore comme nom commun, pour désigner le maître, le propriétaire, le possesseur d’une personne ou d’une chose : — 1° « propriétaire d’une maison, » Exod., xxii, 7 ; Jud., xix, 22 ; d’un champ, Job, xxxi, 39 ; d’un bœuf, Exod., xxi, 28 ; Is., i, 3 ; de richesses, Eccl., v, 13, etc. ; — 2° « mari » ba’al’issâh, « maître d’une femme, » Exod., xxi, 3, etc. ;

— 3° habitant ou citoyen d’une ville, Jos., xxiv, 11 ; Jud., IX, 2, etc. — On peut conclure de là que le nom de Baal, appliqué à Dieu, n’a été primitivement qu’une épithète exprimant son souverain domaine et le considérant comme le seigneur et le maître de toutes choses ; on en a fait ensuite un nom propre et une divinité particulière, le Baal, le Maître par excellence, hab-Ba’al, avec l’article. L’article est en effet toujours mis en hébreu devant le nom du faux dieu pour distinguer Ba’al, nom propre, de ba’al, nom commun. À cause de l’abus que les polythéistes firent de cette expression, l’Écriture, quoiqu’elle aime à appeler Dieu le Seigneur, ne le désigne pas une seule fois par le nom de Baal ; mais elle emploie à la place’Adôn, ’Àdônâï, dont la signification est la même, et elle ne se sert du mot 6a’al, en dehors du nom du faux dieu, que comme substantif commun.

Le dieu suprême chananéen Baal, honoré à Tyr et à Sidon, dans toute la Syrie et dans les colonies phéniciennes, se multiplia par la suite des temps, et l’on dis tingua plusieurs Baals, qui tirèrent leur nom particulier soit du lieu où ils étaient honorés, comme Ba’al Lebanon, « le Baal du Liban, » Corpus inscriptionum semiticarum, t. i, part, i, p. 24-25, etc. ; soit de la fonction qu’on lui attribuait, comme celle de Ba’al Berif, « le Baal de l’alliance, » protégeant ceux qui faisaient alliance avec lui (voir Baalberit) ; de Ba’al Zebûb, « le Baal des mouches, » protégeant sans doute ses adorateurs contre ces insectes. (Voir Béelzébub.) Aux Baals locaux se rattachent, d’après beaucoup d’orientalistes, les noms de lieux Baalgad, Baal Hamon (hébreu), Baalhasor, Baalhermon, Baalmaon, Baal Pharasim, Baalsalisa, Ba’al Sefôn (Vulgate : Béelséphon), Baalthamar. (Voir ces mots.) Pour le pluriel de Baal, voir Baalim, et pour la forme babylonienne du non^ de ce dieu, voir Bel.

Quoique le nom de Baal désignât un dieu particulier, il s’employait aussi pour qualifier une divinité quelconque. Ainsi, dans une inscription phénicienne de Malte, on lit : « Melqart, Baal de Tyr. » Gesenius, Monumenta Phœniciæ, 1837, Melit. i, p. 96 et pi. 6 ; Corpus inscript, semit., t. i, part, ii, p. 151. C’est dans, cette acception que Moloch est appelé « Ba’al » dans Jérémie, xxxii, 35. Cf. xix, 5.

II. Caractères. — Le dieu Baal était le dieu producteur, le principe mâle (fig. 388), associé à la déesse Astarthé, qui

388. Le dieu Baal. Bas-relief d’un autel trouvé à Qanaouat. ïitz -William Muséum, à Cambridge.

était le principe femelle. C’est, d’après l’opinion la plus probable, une divinité solaire ; pour cette raison, lorsqu’elle est représentée dans les derniers temps sous forme humaine, elle est couronnée d’un diadème de rayons (fig. 389), et son emblème est appelé, en hébreu comme en phénicien, fyammân, « solaire » (en hébreu,

seulement au pluriel : hammânim), Lev., xxvi, 30 ; II Par., xrv, 4 ; xxxiv, 4, 7 ; Is., xvii, 8 ; xxvii, 9 ; Ezech., vi, 4, 6 ; le dieu lui-même est appelé souvent dans les inscriptions (Gesenius, Monumenta Phœnicise, p. 171-172, 349 ; P. Schrbder, Die phônizische Sprache, in-8°, Halle, 1869, p. 125 ; Corpus inscript, sentit., t. i, part. i, p. 154, 79 ; cf. M. A. Levy, Phônizisches Wôrterbuch, in-8°, Breslau, 1864, p. 19) Ba’al hammân, « le Seigneur du soleil, » de hammâh, nom poétique du soleil dans Job, xxx, 28 ; Isaïe, xxiv, 23 ; xxx, 26 ; Cant., vi, 10 ; cf. Ps. xix (hébreu), 7. Les hammânim étaient des cippes ou colonnes de forme conique ou bien pyramidale, destinées à représenter le soleil sous la forme d’une flamme. Hérodote, n, 44, raconte qu’il y en avait deux dans le temple d’Héraclès, c’est-à-dire de Baal, à Tyr. Une inscription de Palmyre, la plus ancienne de toutes les inscriptions religieuses (M. de Vogué, Syrie centrale, Inscriptions sémitiques, 1868, 123 a, p. 73), mentionne l’érection d’un njdtt, hammana’, au dieu Soleil, [k]wout. Des monnaies romaines de l’époque impériale nous ont conservé l’image du cippe de Baal (fig. 390). D’après les renseignements fournis par l’Écriture, ce cippe était en pierre ou en bois, IV Reg., x, 26, ou même en or. Ose., ii, 10. Cf. J. B. Pocari, Dissert, de simulacris solaribus Isrælitarum, dans Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, t. xxiii, 1760, p. dccxxvii-dccl ; J. Spencer, Exercitatio de Tyriorum Gammadin et Hammanin, ibid.,

p. DCCXLIX-DCCXCII.

Certains commentateurs tirent une preuve du caractère solaire de Baal du texte IV Reg., xxiii, 4 (cf. ꝟ. 11), qu’ils traduisent : « Josias fit périr les prêtres qui brûlaient de l’encens à Ba’al-Sémé$, » c’est-à-dire à Baal -Soleil. Les auteurs classiques identifient aussi Baal avec le soleil : « Dieu s’appelle Bal en langue punique, dit Servais, et Bel chez les Assyriens ; il est tout à la fois Saturne et le Soleil ». Corrimentar. in Virgilium, In. Mneid., i, 729 ; 2 in-8°, Gœttingue, 1826, 1. 1, p. 109. Cf. S. Isidore de Séville, Etymol., vm, 11, t. lxxxii, col. 316. Voir W. Baudissin, Baal und Bel, dans Herzog, Real-Encyhlopàdie, Ie édit, t. ii, p. 30. Comme dieu solaire, Baal est « le maître des deux », Baal-samin, titre qu’il porte dans l’inscription d’Omm el-Aouamid (M. de Vogué, Inscriptions phéniciennes de Cypre, dans ses Mélanges d’archéologie orientale, 1868, p. 53), et qui se lit aussi dans les vers puniques du Peenulus de Plaute, Balsamen, v, 2, 67, édit. Lemaire, t. iii, . p. 79, comme dans saint Augustin, Baalsamen Qusest. in Jud., xvi, t. xxxiv, col. 797), ainsi que dans Philon de Byblos, qui dit expressément : « ils considéraient le soleil… comme le dieu qui était le seul maître du ciel (u.ôvov oùpavoO xiipiov), l’appelant Béelsamen(BsE>.(jd(i.ï)v). » Histor. græc. Fragm., édit. Didot, t. iii, fragm. 2, n° 5, p. 565^566. Cf. P. Martin, Discours de Jacques de Saroug sur la chute des idoles, dans la Zeitschrift der deutschen morgenlândischen Gesellschaft, t. xxrx, 1875, p. 131 ; D. Chwolson, Die Ssabier und der Ssabismus, 2 in-8°, Saint-Pétersbourg, 1856, t. i, p. 373 ; t. iï, p. 158-159.

Baal-soleil est bienfaisant comme l’astre du jour qu’il personnifie, mais il est aussi malfaisant, parce qu’il brûle et tue. Il est d’abord la source de la fécondité et Je la vie ; ses tièdes rayons réchauffent la terre et lui font

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889. — Le dieu Baal.

Stèle phénicienne. Musée du Louvre.

porter ses fruits. « Je suivrai ceux qui m’aiment, » c’est-à-dire Baal, dit la fille d’Israël infidèle, dans Osée, ii, 5 (hébreu, 7), « parce qu’ils me donnent le pain, l’eau, la

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390. — Cippe de Baal.

ATT KAI MAKPINŒ SEB. Tête diadéméo te l’erapero » Maorln. — % IEPAS BTBAOT. Temple. Cippe de Baal, an milieu d’une cour, derrière le temple.

laine, le liii, l’huile, la boisson. » Les adorateurs du dieu lui attribuent la fertilité de la vigne et du figuier ; cf. Ose., il, 12 (hébreu, 14) ; c’est pourquoi les monuments votifs de Carthage représentent ce dieu entouré de fleurs, de

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391. — Stèle punique consacrée k fia&l.

D’après Gesenius, Monumenta, pi. xxiii, b » « 0.

Elle porte l’inscription suivante :

1. Image de Seotbal, ton serviteur, juste, considéré devant

2. Baal, flls de ton serviteur Hlkamt’al, seigneur da rojajuae da peuple des Massaliens,

3. [consærée] & Baal solaire, le Seigneur qui a écouté la voix du peuple.

grappes et de fruits, symboles de sa force fécondante (fig. 391). Cf. Gesenius, Monumenta PhomicUe, Numid., pi. 21, 22, 23. De même les médailles nous le montrent sous une forme humaine, assis et ayant devant lui un épi-et un raisin (fig. 392).

1319

BAAL

1320

Mais Baal était le dieu de la mort en même temps que le dieu de la vie. Sa chaleur est souvent funeste à l’homme comme aux plantes et aux animaux, surtout dans les pays brûlés de l’Orient, et c’est pour cela que les classiques grecs et latins, qui avaient reconnu en lui à juste titre le soleil, l’assimilaient aussi à Chronos ou Saturne, le dieu qui dévore ses propres enfants, comme nous l’avons vu dans le texte de Servius. Il inspirait ainsi la terreur à ses fidèles, qui honoraient ce dieu cruel par des actes de cruauté, et cherchaient à se le rendre propice par l’immolation de victimes humaines, en particulier d’enfants. Jer., xrx, 5 ; xxxii, 35. Voir de Baudissin, lahveetMoloch, 1874, p. 39, 50-53. Le rite sanglant par lequel ses prêtres se blessaient et se meurtrissaient eux-mêmes, III Reg., xviii, 28, se rattache vraisemblablement à ces sacrifices inhumains.

III. Culte de Baal chez les Israélites. — 1° Histoire.

— Les enfants de Jacob, , fort enclins à l’idolâtrie, adorèrent Baal même avant d’entrer dans la Terre Promise.

388. Le dieu Baal sur une monnaie de Tarse.

Buste de Pallas, de lace, coiffée d’un casque à triple aigrette. — Baal de Tarse, assis sur un trône. À gauche, dans le champ, épi et grappe ; à droite, feuille de lierre ; au-dessous dn trône, T, marque de Tarse.

Le nom de ce faux dieu apparaît pour la première fois dans l’histoire de Balaam. Balac, roi de Moab, conduisit ce fameux devin aux bamôf ou hauts lieux de Baal, d’où l’on voyait l’extrémité du camp d’Israël. Num., xxii, 41. Peu de temps après, le perfide devin conseilla au roi Balac de pervertir le peuple de Dieu à l’aide des filles moabites. Num., xxxi, 16. Un grand nombre d’Israélites succombèrent, et leurs séductrices les firent tomber dans l’idolâtrie et adorer le dieu Baal sous une de ses formes particulières, c’est-à-dire comme Ba’al Pe’ôr (voir Béelphégor). Num., xxv, 1-3. — Quand les Israélites se furent emparés de la terre de Chanaan, ils ne tardèrent pas à rendre un culte à Baal, qu’ils considéraient comme le dieu du pays. L’auteur des Juges le leur reproche dès le commencement de son livre. Jud., Il, 11, 13. C’est parce qu’ils servent Baal et Astaroth que Dieu les livre entre les mains de Ghusan Rasathaïm, roi de Mésopotamie, Jud., iii, 7, 8 ; des Madianites et des Amalécites, Jud., VI, 25-32 ; des Philistins et des Ammonites, Jud., x, 6-7, 10 ; cf. Jud., viii, 33 ; ix, 4 ; I Reg., vii, 3-4 ; xil, 10. Lorsque, par suite de l’établissement de la royauté, les enfants de Jacob eurent moins de rapport avec les Chananéens, Baal n’eut d’abord parmi eux qu’un petit nombre d’adorateurs ; mais, après le schisme des dix tribus, sous Achab, roi d’Israël, son culte fut plus florissant que jamais. Ce prince avait épousé une Phénicienne, Jézabel, fille d’Ethbaal, roi de Sidon et prêtre d’Astarthé, III Reg., xvi, 31 ; elle était passionnée pour la religion de sa famille, et elle la propagea avec ardeur à Samarie et dans tout le royaume des dix tribus. III Reg., xvi, 31-33. Baal eut alors en Israël jusqu’à quatre cent cinquante prêtres, et Aschérah quatre cents. III Reg., xviii, 19, 22. Il ne fallut rien moins que le zèle du prophète Élie pour empêcher la perversion entière du royaume du nord, ffl Beg., xviii, 16-40. Le texte sacré ne compte que sept mille hommes qui n’eussent pas fléchi le genou devant Baal. III Reg., six, 18. Ochozias, fils d" Achab et de Jézabel, continua à servir le dieu phénicien.

III Reg., xxii, 54. Son frère Joram, qui lui succéda sur le trône de Samarie, détruisit les emblèmes (masêbâli) de Baal élevés par son père, IV Reg., iii, 2 ; mais il ne déracina pas complètement son culte, qui ne fut aboli que par Jéhu, le destructeur de la maison d’Achab. IV Reg., x, 18-28. La ruine du royaume d’Israël fut la punition de son idolâtrie. IV Règ., xvii, 16, 18.

Le royaume de Juda n’avait pas échappé lui-même à la contagion. Athalie, la fille d’Achab et de Jézabel, introduisit à Jérusalem le culte de Baal ; cf. IV Reg., rai, 27 ; elle lui fit élever un temple dont Mathan était le grand prêtre. IV Reg., xi, 18. Le temple, l’autel et les objets idolâtriques qu’il renfermait, furent détruits par le peuple à l’avènement de Joas, IV Reg., xi, 18 ; II Par., xxiii, 17 ; mais Achaz, roi de Juda, adora Baal, comme l’avait fait la maison d’Achab. II Par., xxviii, 2 ; cf. IV Reg., XVI, 3-4. Son fils Ézéchias détruisit l’idolâtrie dans son royaume,

IV Reg., xviii, 4 ; elle reparut de nouveau sous son successeur Manassé, qui dressa des autels à Baal et releva les

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392. — Hercule tyrien.

Tête laurée d’Heroule, à droite. — S). TTPOT IEPAS [KAI AjSYAOT. Aigle, à gauche, avec une palme. Tétradrachme frappé entre l’an 136 et 57 avant J.-C.

hauts lieux renversés par son père.- IV Reg., xxi, 3. Josias s’efforça d’anéantir son culte. IV Reg., xxiii, 4 5. Cependant le dieu chananéen eut des faux prophètes et des adorateurs dans Juda jusqu’à la captivité de Babylone, comme nous l’apprend Jérémie, ii, 8, 23 ; vii, 9 ; ix, 14 ; xi, 13, 17 ; xii, 16 ; xix, 5 ; xxiii, 13, 27 ; xxxii, 29, 35 (Cf. aussi Ezech., vm, 3, « l’idole de jalousie », c’est-à-dire Baal, d’après saint Jérôme, In Ezech., viii, 4, t. xxv, col. 78, et un certain nombre de commentateurs). Ce n’est qu’à partir de la captivité que le nom de Baal disparaît de l’Ancien Testament ; cf. Soph., i, 4 ; il n’est plus qu’un souvenir dans le Nouveau, Rom., xi, 4, et, pour les Juifs contemporains de Notre -Seigneur, le Baal qu’avait envoyé consulter Ochozias, roi d’Israël, IV Reg., i, 2, Ba’al Zebûb, dieu d’Accaron, est devenu Béelzeboul, un objet de dérision et un terme de mépris. Matth., x, 25. Voir Béelzébhb. ( Le dieu phénicien est mentionné, il est vrai,

II Mach., IV, 19, mais ce n’est plus sous son nom indigène de Baal ou Melqart, « roi de la cité, » c’est sous celui d’Héraclès ou Hercule (fig. 393), avec qui les Grecs l’avaient identifié. Voir Hercule.)

2° Rites et cérémonies du culte de Baal chez les Israélites.

— On adora Baal dans un temple, à Samarie, III Reg., xvi, 32 ; IV Reg., x, 21-27 ; à Jérusalem, IV Reg., XI, 18. Cf. Jud., IX, 4. Mais on lui rendait surtout un culte sur les hauts lieux, bamôt, c’est-à-dire primitivement sur les montagnes et les collines, puis sur des tertres artificiels. Jer., xix, 5 ; xxxii, 35 ; cf. III Reg., xviii, 20. Là, on lui élevait des autels, Jud., vi, 25 ; II Par., xxxiv, 4 ; Jer., xi, 13, au-dessus ou auprès desquels étaient dressés ses hammânim, cippes ou colonnes, II Par., xxxiv, 4 ; IV Reg., x, 26 ; on lui offrait des sacrifices de taureaux,

III Reg., xviii, 23, et d’autres victimes, IV Reg., x, 24 ; on brûlait des parfums en son honneur, Jer., vii, 9 ; xi, 13 (qattêr labba’al ; Vulgate : libare, « faire des libations, » mot qui ne rend pas le sens de l’original) ; IV Reg., xxm, 5 ; on fléchissait le genou devant lui, et l’on baisait ses statues ou ses emblèmes en signe d’adoration et de

ment que deux noms bien connus : Bersabée (Bîr ei-Sébâ) etMolada (Khirbet eUMilh) ; il est donc très difficile de l’identifier. Knobel cependant propose de la reconnaître dams le village actuel de Deir el-Belafyh, Â^Ji ji, « le couvent de la Datte, » situé sur une petite hauteur, à quelques heures au sud-ouest de Gaza, et dont le nom se rattache à un couvent chrétien détruit et à de belles plantations de dattiers. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. ii, p. 223-226. Il n’y a là qu’un rapprochement purement accidentel entre les mots, et cet emplacement nous reporte bien trop à l’ouest, jusque sur les bords de la mer, dont Deir el-Belahh n’est éloigné que de dix-sept cents mètres. Les possessions israélites n’allaient

pas si loin.
A. Legendre.
    1. BAALAM##

BAALAM, ou plutôt Balaam, comme le portent communément les éditions de la Vulgate (hébreu : ffil’âm ; Septante : ’Ity&luâv), ville de la tribu de Manassé occidental, assignée, avec ses faubourgs, aux fils de Caath.

I Par., vl, % (hébreu, 55). Elle n’est mentionnée qu’en ce seul endroit de l’Écriture. Dans la liste parallèle de Josué, XXI, 25, on lit Gethremmon ; mais il est très probable que c’est une faute de copiste : celui-ci aura, par distraction, répété le dernier nom propre du verset précédent, où Gethremmon est, comme dans Josué, xix, 45, rangée parmi les villes de Dan. Les Septante ont mis’îeSetBi, peut-être pour Uêalâ. On croit généralement que Sil’âm n’est autre que Yble’âm, Jéblaam, indiquée, Jos., xro, 11, parmi les villes de la tribu de Manassé. C’est, en effet, le même mot oïba, moins le », yod, initial, dans les Paralipomènes. Les Septante, du reste, ont ici traduit par’UftêXattN ; Codex Alexandrinus : I6Xocâu. Voir Jéblaam.

A. Legendre.
    1. BAALATH##

BAALATH (hébreu : Ba’âlâf ; Septante : FeëesXdiv, Jos., xix, 44 ; BaXrie, III Reg., ix, 18 ; BaXaàô, II Par., ▼m, 6 ; Vulgate : Baalath, III Reg., ix, 18 ; Balaath, Jos., xix, 44 ; II Par., viii, 6), ville de la tribu de Dan, Jos., xix, 44, rebâtie et fortifiée par Salomon. III Reg., ix, 18, et II Par., viii, 6. Malgré une légère différence de nom dans les versions grecque et latine, due probablement à une simple transposition de lettres, il s’agit ici d’une seule et même localité. Le texte original, en effet, porte partout Ba’âlâf ; et les deux récits parallèles, III Reg., ix, 18 ;

II Par., viii, 6, indiquent une seule ville sous la double dénomination de Baalath et Balaath ; enfin plusieurs manuscrits de la Vulgate donnent, pour Jos., xix, 44, Baalath. Cf. C. Vercellone, Variée lectiones Vulgatx latime, Rome, 1864, t. ii, p. 63.

D’après l’énumération de Josué, xix, 41-46, où elle est mentionnée entre Gebbéthon et Jud, Baalath semble bien appartenir à la frontière septentrionale de Dan ; mais son emplacement est difficile à déterminer. Jud (hébreu : Yehud) est généralement identifiée avec El-Yehoudiéh, à Test de Jaffa. Cf. V. Guérin, Description de la Pales’Une, Judée, t. i, p. 321-322 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 99. La situation de Gebbéthon ( hébreu : Gibbepôn) est plus problématique ; mais on peut, avec les anteurs anglais, ouvr. cité, p. 69, la reconnaître dans le village actuel de Kibbiéh, au sudest d’El-Yehou(héh. Cest donc entre ces deux points ou dans les parages voisins qu’il faut chercher notre ville. Van de Velde, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, 1859, p. 291, pense qu’elle se retrouve probablement dans Deir Baltouf, y^J « Ji, formant triangle, au nord, avec les deux Idéalités précédentes. « Ce n’est plus actuellement qu’un village de cent cinquante habitants au plus. Autrefois, à en juger par l’étendue des ruines qui couvrent la colline où il s’élève, ce devait être une ville véritable. La plupart des maisons étaient construites avec des pierres de grandes dimensions, soit polygonales et assez mal aplanies, soit

rectangulaires et régulièrement taillées. » V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 130. À propos de cette identification, M. Guérin ajoute : « Le mot arabe Balloulh, qui signifie chêne, n’a aucun rapport de signification avec le mot hébraïque ou chananéen Ba’alath, qui semble faire allusion au culte rendu jadis en ce lieu au dieu Baal. Mais ce n’est point là une objection péremptoire contre le rapprochement de ces deux mots, les Arabes, en effet, ’ayant pu faire subir au nom antique, dont ils ne comprenaient pas le sens, une modification légère, qui le transformait aussitôt en un terme arabe, qui leur était très familier. Une objection qui me paraît plus forte que la précédente, c’est que la ville de Ba’alath est assignée, par la Bible, à la tribu de Dan, et que Deir Ballouth me semble plutôt, par sa position, appartenir à l’ancien territoire de la tribu d’Éphraïm. » Cette difficulté n’est pas si grande que le suppose le savant explorateur, et. nous ne voyons rien qui nous empêche de faire rentrer ce point dans les limites de Dan. Voir Dan (tribu et carte). Van de Velde, en proposant cette identification, distingue cette Baalath de celle qui fut fortifiée par Salomon, III Reg., ix, 18 ; II Par., viii, 6, parce que Deir Ballouth n’est pas situé près d’une grande route, nécessitant une place forte. La distinction, que n’autorise point le texte sacré, nous paraît inutile ; il semble que, par sa position sur les premiers contreforts des montagnes, au-dessus de la plaine de Saron, cet endroit devait avoir une certaine importance, comme le conjecture du reste M. Guérin, d’après les ruines actuelles.

Cependant Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 1, place Baalath plus bas. Reproduisant le récit de III Reg., ix, 18, et II Par., viii, 6, il nous dit que non loin de Gazara (Gazer) Salomon bâtit deux autres villes, dont l’une s’appelait Br, Tx<ip « j et l’autre Ba)16. Gazer est Tell Djézer, à droite de la route de Jaffa à Jérusalem, et Betchora semble bien correspondre à Béthoron, ï'nri n>3, Bê{ffôrôn, une des deux villes de ce nom, situées un peu plus haut, à l’est. Baleth est la Ba)16, BâW, de l’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 237, 239 ; la Baaleth, Ballath, de saint Jérôme, Liber de situ et nominibus locorum heb., t. xxili, col. 883, 884, et Deir Ballouth ne peut évidemment en marquer l’emplacement, d’après l’indication de l’historien juif. Mais son expression où irôppw 8'aO>Tr<ç, « non loin d’elle [Gazara], » n’est-elle point une conclusion personnelle et trop absolue de ce fait que Baalath est, dans le texte sacré, mentionnée avec Gazer et Béthoron ? Si elle était basée sur la tradition, on pourrait alors suivre l’hypothèse des explorateurs anglais, Names and places, p. 21, qui croient retrouver Baalath dans Bel’aîn, un peu au nord-ouest de Béthoron inférieure.

Parce que Baalath est citée avant Palmyre, III Reg., ix, 18, quelques auteurs ont voulu l’assimiler à Baalbek, remarquable comme celle-ci par ses merveilleuses ruines. Cette opinion n’a aucun fondement ; car, dans le récit parallèle de II Par., vill, 4-6, elle est séparée de Palmyre, et l’ensemble des deux passages favorise plutôt sa proximité de Béthoron. D’après le Talmud de Jérusalem, Sanhédrin, I, 2, Baalath était située sur la frontière entre la tribu de Juda et celle de Dan ; les maisons étant de Juda et les champs de Dan. Il confond Baala de Juda avec Baalath, et son assertion est absolument fausse, puisque Baala appartenait à l’extrémité méridionale de la Palestine. Voir Baala 3. « Les Talmuds, dit A. Neubauer, se mettent facilement en contradiction avec la Bible, lorsqu’il s’agit de trouver un texte à l’appui de leurs explications soit dogmatiques, soit agadiques. » La géographie du Talmud, in-8°, Paris, 1868, p. 99, 100.

    1. BAALATH BÉER RAMATH##

BAALATH BÉER RAMATH (hébreu : Ba’alaf

Be’êrRâmat ; Septante : BaXÉx Tcopeuoiiévwv Bajj.É6), ville située sur la frontière de Siméon, vers le midi. Jos., xix, 8. Dans la liste parallèle de I Par., IV ; 33, elle paraît sous la forme contracte Bâ’al. Faut-il considérer ces trois mots comme formant un seul mot composé ? Rien de plus confus que les renseignements fournis à ce sujet par le texte et les versions. L’hébreu porte : Ba’âlaf Béer. Râmaf Négéb, que la plupart des auteurs modernes expliquent ainsi : Ba’âlaf Béer, ou Râmaf du midi. Outre le changement des mots Ba’âlaf et Râmaf en BaXéx et BajiÉO, facile à comprendre par la confusion de certaines lettres en hébreu ou des fautes de copistes en grec, les Septante ont dû lire ma, bâ’é, « les venant, » au lieu de 1N3, béer, « puits. » Pour Béer Râmaf on lit Bêf Râmaf dans quelques manuscrits hébreux seulement. Cf. J. B. de Rossi, Scholia crilica in V. T. Ubros, Parme, 1798, p. 34. La version syriaque donne de même : Béer, et correspondrait à Ramôf-Négéb, Vulgate : Ramoth ad meridiem, une des villes auxquelles David envoya des présents, après sa victoire sur les Anîalécites. I Reg., xxx, 27. Baalath Béer ne saurait être confondue avec Baalath de la tribu de Dan ; voir Baalath ; mais elle est peut-être identique à Baloth (hébreu : Béalôf), située à l’extrémité méridionale de la tribu de Juda. Jos., xv, 24. Sa position est inconnue. Il est impossible de l’identifier avec Ramet el-Khalil, ocalè qui se trouve à une heure au nord d’Hébron : la tribu de Siméon ne s’étendait pas si haut. Quelques auteurs assimilent Rarr&th Négeb au Djebel Araïf, montagne qui s’élève à environ huit heures au sud de Ain Qadis (Cadès), et séparée du Djebel

[Image à insérer] 394. — Vue générale des ruines de Baalbek.

« Be’afBêf —Rama, qui est au midi. » La paraphrase

chaldaïque reproduit plus exactement le texte original : Ba’âlaf Be’êr Râmaf Ddrôma’, ce que la version latine de la Polyglotte de Walton rend et ponctue ainsi : « Baghalat, Beer-Ramath au ïnidi. » Enfin nous lisons dans l’arabe : Bâ’al-Bab et Rama du midi. La Vulgate offre autant d’incertitudes ; quelques éditions distinguent les trois mots : Baalath, Béer, Ramath ; d’autres suppriment toute ponctuation ; d’autres portent : Baalath, Béer Rameth, ou Balathbeer ramath, ou Balaad Bercameth. Cf. C. Vercellone, Varim lectiones Vulgatie latin », Rome, 1864, t. ii, p. 57.

L’interprétation la plus naturelle est, croyons —nous, celle-ci : « Baalath Béer, » c’est-à-dire « Ramath du midi ». Ba’âlaf Be’êr signifie « la maîtresse » ou « Baalath (divinité parèdre de Baal) du puits. » Dans cette contrée méridionale de la Palestine, aride et désolée, l’Écriture mentionne plus d’un puits sacré : Be’êr lahaï rô’î, « puits du Vivant qui me voit, » Gen., xvi, 14 ; Be’êr Sâba’, Gen., xxi, 31, ou Be’êr Séba’, Gen., xxvi, 33, Bersabée, « puits du Serment. » Râmat Négéb ou « la hauteur du midi » serait ainsi un autre nom de Baalath el-Makhrah par une large dépression de terrain. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 125. Si l’on admet cette identification, on pourrait alors chercher Baalath Béer dans la vallée qui sépare les deux montagnes, près des sources appelées Biâr Mâyin, dont l’eau est réputée excellente et « douce comme les eaux du Nil ». E. H. Palmer, The désert of the Exodus, 2 in-8°, Cambridge, 1871, t. ii, p. 345. Van de Velde la place à Tell el-Lekîyéh, au nord de Bersabée. Reise durch Syrien undPalâstina, Leipzig, 1856, t. ii, p. 151-152 ; Memoir to accompany the Map of the Holy Land, 1859, p. 342. Voir Ramoth Négeb.

A. Legendre.
    1. BAALBEK##

BAALBEK, ville de Syrie, située dans la partie moyenne de la grande plaine de Cœlésyrie (El-Beqâ’a des Arabes), entre le Liban et l’AntiLiban, au pied des contreforts occidentaux de cette dernière chaîne, sur le seuil de partage à peine marqué qui sépare le bassin du Léïtani et celui de l’Oronte. Elle n’appartient point directement à l’Écriture. Cependant on l’a identifiée avec plusieurs villes mentionnées dans la Bible : pour cette raison, de même que par sa position aux confins de la Terre Sainte et la splendeur de ses monuments, elle

mérite une étude spéciale. Malgré l’éclat qu’elle a jeté à une certaine époque, une assez grande obscurité enveloppe son nom, son origine, son histoire.

I. Nom. — Baalbek est l’ancienne Héliopolis de l’époque des Séleucides et des Romains, dont parlent Strabon, xvi, p. 753 ; Pline, H. N., v, 18 ; Josèphe, Ant.jud., XIV, iii, 2, et Ptolémée, v, 14, Le nom d"H), ioÛTCoXi ; , « cité du Soleil, » indique bien le culte auquel la ville, comme son homonyme d’Egypte, était consacrée ; mais est-il la traduction exacte de l’ancien nom sémitique, Baalbek, qui reparut avec la conquête musulmane et seul a survécu ? Quelques

occùfenfal

Ruines

de

BAALBEK

(HELIOPOLIS)

et’aprèsW Joyctu.

— Echella

SS5. — Plan des ruines de Baalbek

auteurs le pensent et prétendent que Ba’albek, arabe tiLAxj, veut dire en syriaque « ville de Baal » ou du Soleil. Il est certain qu’il y a correspondance entre Ba’al et t)Xco ;  : le dieu suprême commun aux peuples syrophéniciens, et particulièrement le dieu chananéen, était Baal, qui, primitivement peu distinct de la nature créée, devint le dieu solaire, et comme tel est appelé, par exemple, dans l’inscription d’Oiimm el-Aouamid, Ba’al Saræn. Cf. Corpus inscriptionum semiticarum, Paris, 1881, part, i, t. i, p. 30. Mais la seconde partie du mot n’est pas aussi facile à expliquer, et l’on n’a jusqu’ici trouvé aucune étymologie bien satisfaisante. D’après A. Schultens, bek viendrait de la racine arabe bakka, "i[£, « être pressé » comme dans une foule. Cf. Freytag,

Lexicon arabico-latinum, Halle, 1830, t. i, p. 144. Baalbek signifierait ainsi « presse, c’est-à-dire foule ou assemblée de Baal » ; la ville de la Mecque, Mekkah, est parfois aussi appelée Bekkah. D’autres font de la syllabe bek un mot égyptien baki, « ville, » et alors Baalbek serait le correspondant exact d’Héliopolis ; mais la formation de « es mots hybrides est contraire au génie des langues

sémitiques. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 524, note 1 ; Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1866, note 1, p. 409. Les formes talmudiques du nom de Baalbek sont tsnbya et pa’jya, Mischna, Maaserolh, i, 1 ; Talmud de Babylone, Aboda zara, 11 6 ; Midrasch, Kohéleth, rx. M. Renan, Mission de Phénicie, in-4°, Paris, 1864, note 3, p. 320, croit que ce mot est simplement une corruption de nypa-Sya, Ba’al-biq’ah. C’est aussi l’explication de Pu 3&tt. — Colonnes an granâ temple de Baalbelx.

sey, qui voit dans ce « Baal de la vallée » un contraster avec le « Baal Hermon » voisin. Voir Aven.

II. Identifications. — Les cités bibliques avec lesquelles on a voulu identifier Baalbek sont les suivantes : — 1° Baa~ lath, ville fortifiée par Salomon en même temps que Palmyre, III Reg., ix, 18 ; Il Par., viii, 6 ; telle est l’opinion de Benjamin de Tudèle, regardée comme acceptable par M. Guérin, La Terre Sainte, Paris, 1882, t. i, p. 448, et combattue par Robinson, Biblical Researches, t. m r p. 519, et d’autres. Voir Baalath. — 2° Baalgad, point extrême, vers le nord, de la conquête israélite, Jos., si, 17 ; xii, 7, « au-dessous du mont Hermon, » Jos., xiii, 5 ; ainsi pense W. M. Thomson, The Land and the Book, in-8°, Londres, 1890, p. 233 ; de même Iken, Michælis, Rosenmûller et Ritter, cités et réfutés par Robinson, Biblical Researches, t. iii, p. 519, 409, 410. Voir Baalgad. — 3° Baal-Hamon, lieu mentionné une seule fois dans l’Écriture, Cant, viii, 11, comme vignoble de Salomon ; J. Wilson, The Lands of the Bible, Londres, 1847, t. ii, p. 384. Voir Baal Hamon.— 4° Thébath (hébreu : Tibhat), I Par., xviii, 8. Cf. Chabas, Voyage d’un Égyptien*

p. 100- Hl ; G. Maspero, Histoire ancienne de l’Orient, ie édit., p, 191. Voir Thébath. — 5° Aven [Biq’at-’Avén, Vulgate : campus idoli), Amos, I, 5. Cette dernière opinion compte un assez grand nombre de partisans, parmi lesquels des savants de mérite. Voir Aven. Cependant aucune de ces hypothèses n’est complètement satisfaisante, comme on peut le voir aux articles qui concernent chacune de ces villes.

III. Description. — Baalbek n’est plus aujourd’hui qu’une bourgade, située à 1170 mètres d’altitude, et comptant de trois à quatre mille habitants, métoualis,

qui existent au monde, » dit, après M. Lortet, E. Reclus, L’Asie antérieure, Paris, 1884, p. 785. En visitant nousmême les monuments que compare Robinson, nous avons trouvé à Karnak une masse plus imposante et des dimensions plus colossales ; à Baalbek un ensemble plus parfait comme matériaux, richesse de détails, harmonie des proportions ; à Athènes une beauté plus sévère.

Les ruines de Baalbek, dont nous donnons une description sommaire en suivant le plan de M. Joyau (fig. 395), sont en majeure partie contenues dans une enceinte entourée de hautes murailles et orientées de

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897. — Murs de l’Acropole de Baalbek.

musulmans, maronites, grecs unis et grecs schismatiques. Elle occupe à peine le quart de l’emplacement que remplissait autrefois l’antique Héliopolis. Elle est entourée d’une vieille muraille ruinée de trois kilomètres de circuit et flanquée de tours carrées. Un ruisseau venant de l’est, le Ras el-Aïn, l’arrose et s’échappe vers les ruines des grands temples, pour aller rejoindre le Léontès. Les monuments qui font sa gloire s’élèvent à l’ouest (fig. 394). « Ces temples ont fait l’étonnement des siècles passés et continueront d’exciter l’admiration des siècles futurs, jusqu’à ce que la barbarie et les tremblements de terre aient accompli leur œuvre. Par la grandeur du plan, le fini et la délicatesse de l’exécution, ils semblent surpasser tous les autres dans l’Asie occidentale, l’Afrique et l’Europe. Ils ressemblent à ceux d’Athènes par la légèreté, mais ils les surpassent en grandeur ; ils sont vastes et massifs comme ceux de Thèbes, mais ils les surpassent par la légèreté et la grâce, s Robinson, Biblical Researches, t. iii, p. 517. « Ce sont les plus belles ruines peut-être

l’est à l’ouest. Par sa disposition générale, cette enceinte a une assez grande analogie avec l’Acropole d’Athènes, bien qu’elle n’occupe pas comme celle-ci le sommet d’une colline : de larges propylées, deux vastes cours, l’une hexagonale, l’autre rectangulaire, aboutissent au grand temple, comme les propylées d’Athènes conduisent au Parthénon ; puis, vers le sud, le temple de Jupiter est placé à peu près comme l’Érecthéiori. Des murailles en pierres énormes, les plus grandes qu’ait jamais remuées l’humanité, supportent ces gigantesques terrassements et ces magnifiques débris (fig. 397). Au nord de l’enceinte, on trouve beaucoup de pierres qui ont neuf mètres de long : six de ces blocs constituent à eux seuls un mur de soixante mètres de longueur, et ils paraissent encore petits à côté de ceux du mur occidental (H). Là, en effet, trois gigantesques monolithes, le fameux trilithon, reposant sur des assises de moyenne grandeur, ont 19 m 09, 18 m 80 et 19 m 31 de long sur quatre de haut et autant de large. Placées à sept mètres environ

au-dessus du sol, on a peine à comprendre comment des masses aussi colossales ont pu être transportées et montées à une pareille hauteur. Sous la grande cour quadrangulaire s’étendent d’immenses galeries souterraines, voûtées en très bel appareil romain, mais ayant pour base une masse de construction composée de blocs beaucoup plus forts et plus anciens.

Un escalier monumental, actuellement détruit, mais dont on voit encore quelques restes, donnait, vers l’est, accès aux propylées (A). Ce portique avait 54 m 86 de long du nord au sud, sur 14 mètres de large de l’est à l’ouest.

d’édifices richement ornés, formant une espèce de galerie avec des chambres semi-circulaires (f) et en carré long ( h). Elle devait offrir un coup d’œil très imposant avec les riches décorations prodiguées par la sculpture, et les nombreuses statues qui la peuplaient, placées dans des niches arrondies vers le sommet en gracieuses coquilles ou surmontées d’un fronton triangulaire. Au centre (E), une élévation de niveau paraît être le reste, d’une esplanade portant un autel.

Cette cour conduisait au grand temple (F), probablement le temple du Soleil, qui consistait peut-être eu

— Petit temple de Bafilbek.

Il était orné de douze colonnes corinthiennes, dont les bases sont encore en place et portent des inscriptions latines avec les noms d’Antonin le Pieux et de sa mère Julia Augusta. Il était flanqué à droite et à gauche de deux pavillons carrés (B), ornés extérieurement de pilastres corinthiens, et renfermant à l’intérieur chacun une grande chambre, richement ornée de frises et de niches sculptées. Des propylées on entrait par une triple porte dans une première cour hexagonale (C) de soixante mètres de diamètre, encadrée par des constructions symétriques ou chambres analogues à celles de la cour rectangulaire. On distingue des traces de niches alternativement cintrées et à fronton, dont les colonnes brisées jonchent la terre de leurs débris. Sur la face occidentale, une porte monumentale, accompagnée de deux autres plus petites, ouvrait sur une seconde cour beaucoup plus vaste, affectant la forme d’un parallélogramme (D), et mesurant cent trente-quatre mètres de long sur cent treize de large. Celle - ci est entourée au sud et au nord

un simple mais majestueux péristyle, long de quatrevingt-neuf mètres sur quarante-huit de large. Il n’en reste plus que des substructions, et descinquante-quatre colonnes dont il se composait (en défalquant les colonnes d’angle : dix de front et dix-neuf de côté), six sont seules debout actuellement ; mais elles sont incomparables et provoquent l’admiration par leurs dimensions colossales, la perfection de leur poli, la beauté de leur chapiteau corinthien et la magnificence de leur entablement ( fig. 396). Mesurant m 34 de haut, 7 m 04 de circonférence et 23 m 06 de hauteur totale, entablement compris, se dressant dans les airs sur une plate-forme, elle-même très élevée, ces colonnes se voient de fort loin, et sous les rayons du soleil, à son lever ou à son déclin, aussi bien qu’aux clartés de la lune, elles produisent un effet des plus saisissants. A quelque distance, au sud, se trouve le petit temple (G), ainsi appelé par comparaison, car il est plus vaste que le Parthénon d’Athènes ; malgré les ravages qu’il a subis, c’est un des monuments les mieux conservés de la Syrie

( fi g. 398). « Entouré d’un beau péristyle, il mesure 67 m 70 de long sur 35 m 66 de large. Les colonnes du péristyle étaient au nombre de quarante-deux ; dix-neuf sont encore debout, couronnées de leurs chapiteaux corinthiens. .. Entre le temple et la colonnade régnait un admirable plafond à caissons, dont il subsiste des portions considérables, présentant aux regards des losanges et des hexagones dans lesquels se détachent en relief des têtes d’empereurs ou de divinités, qu’environnent de charmantes guirlandes de fleurs et de fruits. » V. Guérin, La Terre Sainte, t. i, p. 462. Le pronaos, du côté de l’est, contenait de plus, sur un second et un troisième rang, plusieurs colonnes cannelées. L’intérieur de la cella répondait par

Tour du monde, t. xliv, p. 392. C’est par un procédé de ce genre que lès Égyptiens et les Assyriens transportaient des blocs énormes. — Les mêmes collines d’où ont été tirés la plupart des matériaux qui ont servi à bâtir l’antique Héliopolis ont été percées également de nombreuses grottes sépulcrales : souvent même les excavations pratiquées par les carriers ont été transformées en chambres funéraires.

IV. Histoire. — La ville célèbre, dont nous venons de parcourir les ruines si remarquables, a une origine incertaine, et son histoire est pendant de longs siècles enveloppée de la plus grande obscurité. La Bible et les monuments antérieurs au christianisme ne nous fournissent

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399. — Monolithe des carrières de Bàalbek.

la richesse de son ornementation à celle du dehors. En face du pronaos, on voit un bâtiment carré (K) qui paraît avoir été une église chrétienne.

En dehors de l’enceinte, au milieu des jardins, s’élève le gracieux petit édifice connu sous le nom de temple circulaire. À l’ouest et au sud - ouest de Baalbek, d’immenses carrières ont été creusées dans les flancs rocheux de plusieurs collines, et c’est de là que les anciens habitants ont tiré les monolithes monstres qui ont servi à élever certaines parties de la muraille de l’acropole. Un de ces blocs, le plus gros, est encore en place, tout prêt à être transporté. Les Arabes le désignent sous le nom de Hadjar el-qibléh, « la pierre du midi. » Il mesure 21 m 35 de longueur sur 4 m 33 de haut et 4 mètres de large (fig. 399). M. de Saulcy a calculé qu’il pouvait peser quinze cent mille kilogrammes, et qu’il faudrait pour le mettre en mouvement l’effort simultané de près de quarante mille hommes. Voyage autour de la mer Morte, 2 in-8°, Paris, 1853, t. ii, p. 637. Mais il n’est pas nécessaire d’admettre en fait une telle multitude. « Il est probable, dit M. Lortet, que [les anciens] employaient des instruments fort simples : une route planchéiée de madriers, des rouleaux de bois dur, et, comme instruments de traction, de simples cordes mues par des treuils. » La Syrie d’aujourd’hui, dans le

aucun renseignement. Strabon, xvi, p. 753, la cite comme étant avec Chalcis sous la domination de Ptolémée, fils de Mennaîus. Pline, H. N., v, 18, la mentionne incidemment comme située près des sources de l’Oronte, entre le Liban et l’AntiLiban. Josèphe, Ant. jud., XIV, iii, 2, nous dit que, à l’époque de la conquête romaine, Pompée, en marchant sur Damas, traversa Héliopolis, déjà soumise, ainsi que Chalcis, sa voisine. Jules César l’ayant transformée en colonie, elle portait sous le règne d’Auguste, comme le témoignent les médailles, les titres de Colonia Julia Augusta Félix Héliopolis. Plus tard, Antonin le Pieux y éleva un grand temple en l’honneurde Jupiter. On trouve, sur des médailles frappées à l’effigie de Septime Sévère (fig. 400), l’image d’un temple avec un portique de dix colonnes, et celle d’un second temple avec un péristyle soutenu par de nombreuses colonnes : tous deux semblent correspondre à ceux de l’acropole dont nous venons de parler. Cf. de Saulcy, Numismatique de la Terre Sainte, in-4°, Paris, 1874, p. 6-19 ; pi.. Macrobe, dans ses Saturnales, i, 23 (collection Nisard, 1845, p. 216-217), donne de très curieux détails sur le culte et le simulacre du dieu Soleil, adoré à Héliopolis sous le nom de Jupiter, sur l’origine égyptienne de sa statue et les fêtes qu’on célébrait en son honneur. Vénus y recevait aussi d’im

pures adorations sous le titre de’HSovrj, « la volupté. » Constantin y mit un terme en introduisant le christianisme dans la cité du Soleil et du plaisir, et en y construisant une grande basilique. Cf. Eusèbe, De vita Conslantini, m, 58, t. xx, col. 1124. Enfin, dans la première partie du vn= siècle, Héliopolis, avec toute la Syrie, tomba au pouvoir des Arabes, et c’est alors qu’elle perdit son nom grec pour reprendre celui de Baalbèk.

Si les monuments littéraires gardent un tel silence sur l’origine de Baalbek, ses magnifiques monuments de pierre ne nous ré vêlent-ils donc rien sur son existence dès la

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400. — Monnaie de Baalbek.

DrVO SEVERO. Buste de Septime Sévère. — fy COL. HEL. Temple vu d’en haut. I. 0. M. H.

plus haute antiquité ? Voici la réponse de quelques savants. « L’espérance de trouver à Baalbek dès monuments syriens antérieurs à l’époque romaine est assez faible, dit M. Renan. Baalbek eut un temple antérieur à l’époque romaine, nul n’en peut douter, puisque l’auteur du traité De dea Syria donne à l’Septiv égyptien qu’on révérait l’épithète âpxaïov. Or, quand ce traité fut écrit, les temples actuels étaient à peine bâtis. Néanmoins Baalbek n’eut une importance du premier ordre que depuis qu’elle fut devenue colonie romaine. » Mission de Phénicie, p. 319-320. Après lui, M. Perrot regarde comme très douteuse la conjecture d’après laquelle les substructions énormes qualifiées de murailles cyclopéennes dateraient d’une époque bien plus ancienne que les temples qu’elles supportent. Et la raison qu’il donne, « c’est le fait que ces blocs prodigieux sont établis sur des assises d’un appareil beaucoup plus petit et très régulier, appareil que l’on hésiterait fort à faire remonter au delà de l’époque des Séleucides, s’il se présentait seul. C’est ainsi que, dans la partie incontestablement romaine des constructions, il y a des matériaux de très grande dimension, comme, par exemple, les jambages monolithes de la porte du temple rond, qui est un édifice de décadence s’il en fut. » Histoire de l’art dans l’antiquité, Paris, 1885, t. iii, Phénicie, p. 105-106, note 2.

D’autres regardent certaines parties de l’acropole comme très anciennes. « Les substructions en gros blocs de la muraille cyclopéenne, dit M. E. G. Rey, ont évidemment appartenu à une enceinte sacrée ou t ! |a£voc, remontant à une haute antiquité. L’enceinte sacrée de Jupiter Baétocétien à Hosn Souléiman nous offre le plus beau spécimen d’édifice de ce genre conservé en Syrie, et nous permet de restituer par la pensée les parties disparues de l’édifice primitif de Ba’albek. La coutume d’entourer de la sorte les lieux de dévotion ou de pèlerinage paraît originaire de l’Asie, d’où elle fut importée en Grèce ; car Pausanias mentionne fréquemment sous ce nom les enceintes sacrées. Dion Cassius, parlant de la prise de Jérusalem par Caïus Sbssius, désigne le Haram et le temple par le mot de Téjievo ; . Même observation pour le Haram d’Hébron. » Rapport sur une mission scientifique accomplie en 1864-1868, dans le nord de la Syrie, in-8°, Paris (1867), p. 8. « Les pierres elles-mêmes, ajoute M. Guérin, sont là qui attestent l’existence de monuments ayant précédé par de longs siècles l’âge des Antonins. La vaste plateforme, par exemple, destinée à soutenir le grand temple..,

semble proclamer, par les dimensions colossales des matériaux employés pour la construire, surtout à la face ouest et à la face nord, que c’est là un travail remontant à la plus haute antiquité. » La Terre Sainte, t. i, p. 458. Quoi qu’il en soit, nous conclurons en disant avec M. Lortet que « son importance commerciale a dû toujours être très grande. Ainsi que Palmyre, bâtie en plein désert, c’était une ville d’entrepôts, un vaste caravansérail pour les commerçants, un lieu de transit pour les marchandises de l’Asie orientale et de la Syrie ». La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xliv, p. 387. Outre les ouvrages cités dans cet article, voir Wood et Dawkins, Ruins of Baalbek, in-f>, Londres, 1757 ; J. L. Burçkhardt, Travels in Syria and the Holy Land, in-4°, Londres, 1822, p. 10-16 ; Volney, Voyage en Egypte et en Syrie, 2 in-8°, Paris, 1825, t. ii, p. 111-123 ; A. Chauvet et E. lsambert, Syrie, Palestine, Paris, 1887, p. 610-621 ; Bædeker, Palestine et Syrie, Leipzig, 1882,

p. 518-526.
A. Legendre.
    1. BAALBÉRIT##

BAALBÉRIT (hébreu : Ba’al Berît ; Septante : BocaX6epiG), nom d’un Baal particulier, adoré par les Israélites et spécialement par les habitants de Sichem du temps d’Abimélech, fils de Gédéon. Jud., viii, 33 ; IX, 4. II est appelé, Jud., ix, 46 : ’El Berît, « le dieu de l’alliance » (Vulgate : Dei sui Berith). Ba’al Berît signifie « le seigneur de l’alliance ». On l’a comparé avec le Zsù ; Spxioç des Grecs et le Deus fidius des Latins, honorés l’un et l’autre comme le dieu protecteur des serments, présidant aux traités et aux alliances ; mais le Baalbérit sichémite semble être plutôt le Baal qui avait fait lui-même alliance avec ses adorateurs. Cf. Jud., ix, 46 (Vulgate). — Bochart, Canaan, xvil, p. 859, suivi par Creuzer, Symbolik, ii, 87 (cf. Etienne de Byzance, au mot BépuTo ; ), suppose que Ba’al Berît désigne le Baal adoré à Béryte (aujourd’hui Beyrouth), comme Ba’al sôr, Ba’al Tars, désignent le Baal adoré à Tyr et à Tarse ; mais on ne voit pas pourquoi on aurait adoré Baal à Sichem sous le nom de Baal de Béryte. — On ne peut reconnaître non plus dans Berît la déesse Bérouth (BripoùO) dont parle Philon de Byblos, Historié. Grœc. Fragm, ii, 12, édit. Dïdot, t. iii, p. 136, car son association avec Baal serait inexplicable dans le texte des .Juges.

Nous ignorons quel caractère spécial distinguait Baalbérit du dieu Baal, dans la manière dont on les représentait l’un et l’autre ; nous ne savons pas davantage quelle était la forme propre du culte qui lui était rendu. L’Écriture raconte seulement qu’après la mort de Gédéon les Israélites adorèrent les Baalim et « se firent pour dieu Ba’al Berît », ce que la Vulgate traduit, en paraphrasant : « Ils firent alliance (fœdus, traduction de berîi) avec Baal, afin qu’il fût leur dieu. » Jud., viii, 33. Au chap. ix, 4, l’auteur sacré nous apprend que Baalbérit avait un temple (bêt ; Vulgate : fanum) à Sichem, Les Sichémites, après s’être révoltés contre la tyrannie d’Abimélech, y cherchèrent un refuge. Jud., îx, 46. La Vulgate, au texte original, qui porte simplement : <s Ils entrèrent dans le temple du dieu Bérith, » ajoute ici l’explication suivante : « où ils avaient fait alliance avec mi, et c’est de cette alliance qu’il avait reçu son nom. »

F. Vigouroux.

    1. BAALGAD##

BAALGAD (hébreu : Ba’al Gâd, c’est-à-dire lieu où : Baal est adoré comme Gâd ou dieu de la fortune, cf. Is., lxv, 11 ; Septante : Ba51ayâ8, et, Jos., xiii, 5, Va-(iX), ville chananéenne. Ce nom ne se lit que trois fois dan » l’Écriture, dans le livre de Josué, xi, 17 ; xii, 7 ; xiii, 5. C’est le point le plus septentrional qu’atteignirent les Israélites à l’époque de la conquête. Le fruit de la victoire remportée près des eaux de Mérom contre les rois chananéens du nord fut la soumission de tout le pays jusqu’à Baalgad. Le livre de Josué, xi, 17, décrit la position de cette ville en disant qu’elle est située « dans la plaine (biq’âh) du Liban, sous le mont Hermon ». Cf. Jos., xii, 7, et

xiii, 5. Mais que faut-il entendre par cette « plaine du Liban », et sous quelle partie de l’Hermon était Baalgad ? Les avis sont très partagés.

1° Les uns entendent par la plaine du Liban la vallée qui s’étend entre le Liban et l’Antiliban, connue sous le nom de Cœlésyrie ou Syrie creuse,-xoiX-J) Eupii, et appelée encore aujourd’hui par les indigènes clxJt ijbjl,

ard el-Beqa’a ; ils supposent, en conséquence, que Baalgad est la fameuse ville de Baalbek. Iken, Dissert, de Baal-Hermon et Baalgad, dans ses Dissertationes philol. theoX., n » 15, la Haye, 1749, p. 237 ; J. D. Michælis, Suppl. adLex. hebr., p. 196 ; Rnsenmûller, Biblische Alterthumskunde, t. ii, p. 280 ; J. Kitto, Cyclopœdki of Biblical Literature, 1862, t. i, p. 272 ; Thornson, The Land and the Book, 1890, p. 233. Cette opinion est inadmissible, parce que Baalbek n’est pas « sous le mont Hermon », comme le dit expressément le texte sacré, Jos., xi, 17 ; xiii, 5 ; de plus, c’ette ville est à une trop grande distance de la Palestine, et rien n’autorise à penser que Josué ait poussé si loin sa conquête, puisque pour arriver jusqu’à Baalbek il aurait dû s’emparer d’une grande partie du Liban. Voir Baalbek, col. 1326.

2° Certains exégètes, tels que Kneucker ( Schenkel’s Bibel-Lexicon, t. i, 1869, p. 331), pensent qu’il faut chercher Baalgad à Hasbéyia, sur le flanc occidental de l’Hermon, dans Pouadi et-Teim, où se trouve la source la plus septentrionale du Jourdain. Voir Hasbéyia. Mais on ne s’explique, guère pourquoi Josué aurait porté si loin ses armes et, d’après Josué, xiii, 5, Baalgad semble avoir été situé au sud de l’Hermon et non à l’ouest.

3° L’opinion la plus vraisemblable place Baalgad à l’endroit qui porte aujourd’hui le nom de Banias, et qui est connu dans le Nouveau Testament sous le nom de Césarée de Philippe. C’est le site qui paraît le mieux répondre aux données du texte sacré. Josué devait poursuivre ses ennemis jusqu’en ce lieu, au pied de l’Hermon, qui se dresse immédiatement au-dessus de la ville et forme la limite naturelle de la Palestine au nord. Il y a là, au-dessus d’une des trois principales sources du Jourdain, une grotte qui, au commencement de notre ère, était dédiée au dieu Pan, et s’appelait Panium. Josèphe, Ant. jud., XV, x, 3 ; Bell.jud., i, .xxi, 3. Le culte de Pan avait pu remplacer en ce iieu celui de Baal-Gad. La plaine qui s’étend au sud et au sud-ouest de Banias, « sous l’Hermon, » peut être appelée « la plaine du Liban ». Jos., XI, 17 ; XII, 7. Cf. E. Bobinson, Biblical Researches in Palestine, nouv. édit., t. iii, p. 519. Voir Césarée de Philippe.

4° Plusieurs géographes croient que Baalgad s’appelait aussi Baal Hermon. I Par., v, 23. Voir Baal Hermon.

F. Vigouroux.

    1. BAAL HAMON##

BAAL HAMON (hébreu : Ba’al Hâmôn ; Septante : BesXajjuôv ; Vulgate : ea quse habet populos), endroit où Salomon possédait une vigne. Cant., - viii, 11. Ce nom, qui veut dire « heu de la multitude » (Gesenius, Thésaurus linguse heb., p. 225), ou « Baal de la multitude », ne se trouve qu’en ce seul passage de l’Écriture, d’après le texte hébreu. Les versions ont presque toutes pris ses deux éléments pour des noms communs ; Aquila traduit be-Ba’al Hâmôn par èv’éxomti n’kffioc, « dans celui qui a une multitude ; » la Peschito : « et ses fruits sont abondants ; » la Vulgate : « dans celle qui renferme un peuple nombreux. » Certaines éditions grecques portent : è-u xù> 8e<tj « Stï| toO ô’xXou, « dans le maître de la foule ; » le Codex Alexandrinus donne un nom propre, èv BeeXafjuiv, et est suivi par la version arabe : Ba’al -’Amoûn. Il ne s’agit pas ici, comme l’ont cru quelques auteurs, . du dieu égyptien Ammort, dont le nom hébreu est Pdn, ’Amon. Nah., ni, 8.’D est tout naturel, d’après le contexte, de voir dans Baal Hamon un endroit de la Palestine ; mais la difficulté est de savoir où le placer. Tirin, Commentarius in

S. Scripturam, 1 in-fol., Lyon, 1723, t. i, p. 319, l’assimile sans raison à Engaddi, ville située près de la mer Morte et célèbre par ses vignes. Cant., i, 13. « On pourrait peut-être dire aussi, ajoute Calmet, que c’était Baal-Méon, au delà du Jourdain, dans un pays de vignobles, entre Jazer et Abel et autres lieux célèbres dans les Prophètes par leurs bons vins. » Commentaire littéral sur le Cantique des cantiques, Paris, 1713, p. 275. Me’on, I’itd, ’Num., xxxii, 38, est un mot tout différent de Hâmôn,

rion. Ewald, Geschichte des Volkes Israël, 3e édit.,

Gœttingue, 1866, t. iii, note 4, p. 351, regarde comme vraisemblable l’identification de Baal Hamon avec Hamon de la tribu d’Aser, Jos., xix, 28 ; il y aurait dans Josué une abréviation pareille à celle de Baalsalisa, IV Reg., iv, 42, en Salisa, I Beg., IX, 4. Il y a cependant une légère différence entre Hâmôn, par un hé, et H amm ôn, fian,

par un heth. D’autres ont vu dans Baal Hamon la ville de Baalbek ou Héliopolis, dans la plaine de Cœlésyrie. J. Wilson, The Lands of the Bible, 2 in-8°, Londres, 1847, t. ii, p. 384. Rosenmûller, après avoir, dans sa Biblische Géographie, partagé cet avis, avec Iken et Michælis, se range à l’opinion suivante, la plus commune et la plus simple, dans ses Scholia, Leipzig, 1830, p. rx, t. ii, p. 425. On ne comprend guère, en effet, selon la remarque de Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 519, comment Salomon aurait choisi Baalbek comme endroit favorable pour ses vignes, surtout pour des vignes dune telle étendue et d’une telle valeur (chacun des gardiens qui les louait devant lui payer mille pièces d’argent. Cant., viii, 11).

On rapproche généralement Baal-Hamon du lieu mentionné dans le texte grec de Judith, viii, 3, BaXan<iv, qui semble bien une contraction de Ba’al Hâmôn. Il est dit dans ce passage du livre sacré que le mari de Judith fut enseveli avec ses pères èv tùàfplb ta àva[A£<rov Aa>6ai’[i xat BaXafioJv, « dans le champ qui se trouve entre Dothaïm et Balamon. » Or Dothaïm ou Dothan ( hébreu : Dôfân ou Dôfain, Gen., xxxvii, 17) se retrouve aujourd’hui avec le même nom à Tell Doutân, au sud et non loin de la plaine d’Esdrelon. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. ii, p. 219-222. On pourrait donc reconnaître Balamon dans Khirbet Bel’améh, ruines couvrant un petit plateau au nord-est de Tell Doutân, au sud de Djénin, et où plusieurs auteurs placent aussi Belma, Judith, vii, 3, et Jéblaam, Jos., xvii, 11. Voir Belma,

JÉBLAAM. A. LEGENDRE.

    1. BAALHASOR##

BAALHASOR (hébreu : Ba’al Hâsôr, « maître » ou « lieu du douar » ; « village de Baal, » suivant plusieurs auteurs ; Septante : BeXamJp), localité de la Palestine, où Absalom possédait un domaine avec de nombreux troupeaux, et où, dans un grand festin donné à l’occasion de la tonte de ses moutons, il fit tuer son frère Amnon, pour venger l’outrage fait à sa sœur Thamar. II Reg., xiii, 23. Cet endroit, d’après le texte sacré, se trouvait « près d’Éphraïm ». L’expression hébraïque Hm-’Éfrâim correspond bien à celle qu’on lit Gen., xxxv, 4, ’im Sekém, « près de Sichem ; » Vulgate : post urbem Sichem, et indique la proximité d’Éphraïm. Mais ce nom ne désigne pas l’une des douze tribus d’Israël ; on y reconnaît plutôt généralement une ville nommée Éphron (hébreu : i"nsy, ’Éfrôn, au kefib ; T>n3y, ’Éfraîn, au qeri), dans II Par.,

xiii, 19 ; Ephrem, dans l’Évangile de saint Jean, xi, 54 ; ’Eçpatfi, dans VOnomasticon, Gœttingue, 1870, p. 257, et identifiée avec Tayyebéh, au nord-est de Béthel, par Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 447, et V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 47. Or, au nord-nord-ouest de Tayyebéh se trouve Tell Asour, en arabe jja2* Jj, Tell’Asour f avec aïn et sâd, suivant Robinson, édit. de

1841, t. iii, append., p. 232 ; ..-A Jci, tell’Azour, avec

aleph et zâ, suivant M. Guérin, Samarie, t. i, p. 209, dont le nom, surtout écrit de la première manière, correspond bien à la seconde partie de Baalhasof, hébreu : Tisn,

  1. 4jwr. C’est une colline élevée, du sommet de laquelle

on embrasse un magnifique horizon depuis la vallée du Jourdain à l’est jusqu’à la Méditerranée à l’ouest. Les vestiges des maisons qui la couvraient autrefois ont complètement disparu sous les vignes rampantes qui y croissent actuellement. — Plusieurs auteurs seraient disposés à placer également à Tell Asour la ville d’Asor, habitée par les Benjamites après leur retour de la captivité. II Esdr., xi, 33. Nous avons déjà dit que ce site nous paraît moins conforme aux données du texte sacré que Khirbet Hazzûr.

Voir Asor 6.
A. Legendre.
    1. BAAL HERMON##

BAAL HERMON, BAALHERMON (hébreu : Ba’al BJermôn ; Septante :-ro ô’pot ; toû’Aepjioiv, Jud., iii, 3 ; BaâX, ’Epjxwv, 1 Par., v, 23). Ce nom se lit deux fois dans l’Écriture, Jud., iii, 3, et I Par., v, 23. Dans ce dernier passage, les Septante et la Vulgate divisent Baal et Hermon et en font, mais sans raison, deux noms propres distincts. — 1° Dans les Juges, il est dit expressément que Baal Hermon est une montagne. Elle tirait probablement son nom de quelque sanctuaire de Baal et faisait partie de la chaîne de l’Hermon. Il est impossible de l’identifier avec certitude. Si Baal Hermon est synonyme de Baal Gad, comme le croient beaucoup d’interprètes, dont l’opinion s’accorde bien avec Josué, xi, 17 ; xii, ’7 ; xiii, 5, cette montagne serait la pointe méridionale de la chaîne de l’Hermon, ce qui convient parfaitement au contexte, qui indique la frontière septentrionale de la Palestine. — 2 U Dans les Paralipomènes, Baal Hermon n’est pas qualifié de montagne, et un certain nombre de commentateurs pensent que ce nom désigne une ville qui, d’après la plupart, est la même que Baal Gad, Jos, , xi, 17 ; xii, 7 ; xm, 5, c’est-à-dire probablement Banias ou Césarée de Philippe. Rien ne prouve cependant que le Baal Hermon des Paralipomènes ne soit pas une montagne comme celui des Juges. Mais du reste il importe peu de trancher cette question, car si Baal Hermon était une ville, elle était certainement située au pied de la montagne de ce nom, et l’indication géographique de la frontière occidentale de la demi-tribu de Manassé, qui nous est donnée par l’historien sacré, reste la même dans tous les cas. Voir Baalgad. F. Vigouroux.

    1. BAALI##

BAALI, mot hébreu, avec le pronom possessif de la première personne, ba’âlî, conservé dans la Vulgate, et signifiant « mon seigneur, mon maître », Ose., ii, 16 (hébreu, II, 18). Dieu dit dans ce prophète : « En ce jourlà, [Israël], tu m’appelleras’îsî (mon mari ; Vulgate : vir meus), et tu ne m’appelleras plus ba’âlî. », ’jifî est sans doute une expression plus tendre que ba’âlî, quoique ba’al s’emploie aussi, dans l’Écriture, pour désigner le mari. Exod., xxi, 3, 22 ; II Sam. (II Beg.), xi, 26 ; Prov., xii, 4 ; xxxi, 11, 23, 28 ; Esth., i, 17, 20 ; Joël, i, 8. De plus, ’îsî a l’avantage de ne rappeler aucun souvenir idolâtrique, tandis que ba’âlî peut faire penser au dieu Baal. « J’ôterai de sa bouche les noms des Baalim, » continue le Seigneur. Ose., ii, 17. Cf. ii, 8, 13.

    1. BAALI À##

BAALI À (hébreu : Ba’alyâh, « Jéhovah est maître ; » Septante : BaaXiâ), un des guerriers de Benjamin, habiles à tirer de l’arc, qui vinrent rejoindre David à Sicéleg. I Par., xii, 5.

    1. BAALIADA##

BAALIADA ( hébreu : Be’élyâdâ’, s le Seigneur connaît ; » Septante : ’EXcaôé ; Codex Alexandrinus : BaXXiaSi), fils de David, un des treize enfants qui lui naquirent à Jérusalem, IPar., xiv, 7. Dans II Reg., v, 16, il est appelé Élioda (hébreu : ’Élyâdd’) ; dans I Par.,

m, 8, Éliada ; la version syriaque et les Septante (Codex Vaticanus) et même un manuscrit hébraïque ont également Éliada dans I Par., , xiv, 7 ; cette substitution de Ba’al à’El dans le nom hébreu de ce dernier passage est donc due probablement à une faute de copiste.

E. Levesque.

    1. BAALIM##

BAALIM, forme plurielle de Ba’al, conservée dans plusieurs passages de la Vulgate. Jud., ii, 11 ; iii, 7, etc. Dans le texte original, ce mot est précédé de l’article hâ, de même que le singulier Ba’al, toutes les fois qu’il est pris comme nom propre désignant la divinité chananéenne. Les Baalim, d’après quelques-uns (Ort, Dienst des Baal in Israël, Leyde, 1864), sont les diverses formes du dieu Baal ; d’après le plus grand nombre, ce sont ses représentations ou ses emblèmes, les /yammânîm et les massebôt. Ce sens est incontestablement celui de plusieurs passages, I Reg., vii, 4 ; II Par., xxviii, 2, et il n’y a pas de raison d’entendre ce mot autrement ailleurs.

    1. BAALIS##

BAALIS ( hébreu : Ba’âlîs, « fils de la joie ; » a, abréviation de p, Bén-’âlîs ; Septante : BeXe « r<ra), roi des

Ammonites, à l’époque de la destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor. Il envoya Ismaël, fils de Nathanias, pour tuer Godolias, mis par le vainqueur à la tête des Juifs laissés à Jérusalem. Jer., XL, 13-14. Une vingtaine de manuscrits hébraïques, un du Targum et Josèphe, Ant. jud., X, ix, 3, lisent ba’âlîm ; le ii, mem final, se confond facilement avec le samech, d. E. Levesque.

BAALMAON. La ville ainsi appelée par la Vulgate, Jos., xiii, 17, est appelée ailleurs Baalméon et Béelméon. Voir Baalméon.

    1. BAALMÉON##

BAALMÉON (hébreu : Ba’alMe’ôn, ; Septante : BeeXjiEiov), ville à l’est du Jourdain. Elle est appelée dans la Vulgate Baalmaon, Jos., xiii, 17, et Béelméon, I Par., v, 8 ; Ezech., xxv, 8. Le texte hébreu la nomme Bêt Baal-Me’ôn, 30s., xiii, 17, et Bêt-Me’ôn (Vulgate : Bethmaon), Jer., xlviii, 23. Cette ville était dans la plaine de Madaba et faisait partie du royaume amorrhéen de Séhon, roi d’Hésébon. Conquise par Moïse et les Israélites, elle fut, ce semble, détruite d’abord, puis relevée par les Rubénites, à qui elle avait été donnée en possession. Cf. Num., xxxii, 38 ; Jos., xiii, 17 ; I Par., v, 8. Dans la suite, les Moabites s’en emparèrent, et elle devint l’une de leurs places importantes. Jer., xlviii, 23 ; Ezech., xxv, 9. Ces deux prophètes lui annoncèrent qu’en punition de la joie à laquelle elle s’était livrée avec les principales villes de Moab, à l’occasion de la ruine de Juda, elle serait détruite avec elles.

Au IVe siècle de l’ère chrétienne, Baalméon était redevenue une grande bourgade. « Béelméon, au delà du Jourdain, dit Eusèbe, que rebâtirent les fils de Ruben, est un très grand village, près de la montagne des eaux thermales, en Arabie ; elle est nommée Béelmaous, et est au neuvième milliaire (13 kilomètres et demi) de Jébus (Esbus, Hésëbon). C’est la patrie d’Elisée. » Faire de Baalméon la patrie d’Elisée est une erreur, et Béelmaous est sans doute une prononciation ou une transcription à l’usage des Grecs et des Latins, comme Esbus pour Esbon. Saint Jérôme traduit ce texte en le modifiant un peu : « Béelméon, dit-il, … près de Baaru, en Arabie, d’où des eaux chaudes sortent naturellement de terre ; elle est nommée Béelmaous et est à neuf milles de Besbus » ( a Besbus, sans doute pour ab Esbus. Voir Hésébon). Liber de situ et nom. loc. hebr., t. xxiii, col. 880.

On reconnaît généralement le Baalméon de l’Écriture et des Pères dans le Ma’in d’aujourd’hui. Cf. Kiepert, Neue Handkarte, 1875 ; de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, t. i, p. 288 ; Bædeker, Palestine et Syrie, p. 322 ; Joh. Fahrngmber, Nach Jérusalem, t. ii, p. 132 ; Riess, Bibel-Allas et Biblische Geogr. ; an de Velde, Map of the Holy Land, 1865, etc. Le dernier cependant place Ma’in beaucoup trop près de Hesbân.

Ma‘in est évidemment le nom biblique de Ma‘on, partie essentielle de Baal-Ma’on. Ma‘in est à trois lieues sud-sud-ouest de Hesbân, l’antique Hésébon, à deux lieues sud du Djébel-Néba, sur une large colline, vers l’extrémité sud-ouest de la plaine de Madaba, et domine la profonde vallée appelée de son nom Zerka Ma’in, que l’on voit s’enfoncer à quelque distance. C’est près des bords du Zerka, à quatre heures de Ma’in, que sortent les sources chaudes nommées aujourd’hui Hammâm-ez-Zerka, « les bains du Zerka, » connues jadis des Grecs sous le nom de Callirhoë, et chez les Juifs, selon Josèphe, Bell. jud., VII, vi, 3, sous celui de Baaras, le Baaru de saint Jérôme. Ma’in n’est aujourd’hui qu’un vaste champ de ruines d’environ deux kilomètres de pourtour. Le sol est perforé de nombreuses et grandes citernes, la plupart taillées entièrement dans le roc, à la manière des anciens. On remarque au sud une vaste piscine à l’apparence également antique. Au milieu des habitations ruinées, cinq ou six chambres à voûtes demeurent debout. Deux ou trois ont le linteau de pierre de leur porte orné d’une rosace dont l’étoile se rapproche de la figure d’une croix. Autour d’une grande construction située au nord-est, dont il reste quelques chambres, et dont les pierres des angles sont taillées en bossage, gisent, au milieu des autres débris, quelques tronçons de colonnes et des chapiteaux. Ma’in sert quelquefois, pendant la nuit et aux jours de pluie, de refuge aux troupeaux des tribus errantes de la contrée et à leurs bergers. Ce sont ses seuls habitants.
L. Heidet.

BAAL PHARASIM, BAALPHARASIM (hébreu : Ba’al-Perâṣîm ; Septante :Ἐπάνω διακοπῶν, II Reg., v, 20 ; Βαὰλ Φαρασίν, Διακοπὴ Φαρασίν, I Par., xiv, 11), localité où David, peu de temps après son sacre comme roi d’Israël, remporta une victoire sur les Philistins, II Reg., v, 20 ; I Par., xiv, 11. Le nom lui-même, qui doit son origine à ce fait historique, a son explication dans ces paroles du saint roi, après son triomphe : « Jéhovah a brisé (pâraṣ) mes ennemis devant moi, comme un torrent (péréṣ) d’eaux [qui brise tous les obstacles sur son passage]. C’est pourquoi ce lieu fut appelé Baal Pharasim. » Les Septante, en traduisant Ἐπάνω διακοπῶν, « au-dessus des coupures, » ont dû lire ma‘al, מַעַל, au lieu de ba‘al, בַּעַל. C’est probablement cette même localité que mentionne et à cette même victoire que fait allusion lsaïe, xxviii, 21, quand il montre Dieu se tenant debout sur le mont Perâṣim, « mont des divisions. » Cet endroit, qui jusqu’ici est resté inconnu, devait se trouver non loin de la vallée de Raphaïm, puisque c’est là que les Philistins étaient venus déployer leurs troupes, II Reg., v, 18 ; I Par., xiv, 9. Or la vallée de Raphaïm est aujourd’hui la plaine qui s’étend au sud de Jérusalem, sur la route de Bethléhem.

A. Legendre.


BAALSALISA (hébreu : Ba‘al Šâlišâh ; Septante : Βαιθαρισά), localité mentionnée dans le IVe livre des Rois, iv, 42, où nous lisons que, pendant que le prophète Élisée se trouvait à Galgala, un homme de Baalsalisa vint le trouver et lui apporta « des pains des prémices, vingt pains d’orge et du froment nouveau, dans sa besace ». Ces pains furent multipliés miraculeusement par la bénédiction de l’homme de Dieu, de sorte que cent personnes en mangèrent, et il y en eut de reste. IV Reg., iv, 43-44.

La permutation des mots Baal et Beth, dans les noms composés des localités, est très facile (voir Reland, Palæstina, Utrecht, 1714, p. 611) ; c’est pour cela que nous lisons dans les Septante, ainsi que dans l’Onomasticon, Bethsarisa au lieu de Baalsalisa. Le Targum de Jonathan traduit les mots hébreux ’éréṣ šâlišâh, I Sam. (I Reg.), ix, 4, et Ba‘al šâlišâh, II (IV) Reg. iv, 42, par éra Dėrôma, c’est-à-dire « terre du midi » ou « de Déroma ». La Peschito, IV Reg., iv, 42, porte la leçon de ܓܢܒܪܐ Ganibôro, « ville des géants. » L’arabe de la Polyglotte de Walton s’éloigne ici de la Peschito, pour suivre le Targum de Jonathan ; car elle traduit ارضر الداروم, « terre de Daroûm ». Les Talmuds, sans se préoccuper du site précis de Baalsalisa, « rapportent que les fruits y mûrissent plus tôt que dans les autres parties de la Palestine. Dans un second passage, les Talmuds accordent la même précocité au territoire de Jéricho, ce qui fait supposer à tort à M. Schwarz, Das heilige Land, p. 122, que Baal Schalischa doit se trouver dans le Ghor (Jéricho). » A. Neubauer, La Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 97. Quelques-uns ont confondu Baalsalisa avec Ségor ; car Salisa, disent-ils, d’après les traditions des Juifs rapportées par saint Jérôme, Heb. Quæst. in Gen., xiv, 3, 30, t. xxiii, col. 959 et 966, est identique avec Ségor, laquelle, étant située dans une vallée, Gen., xix, 22, 30, prit la dénomination de Baalsalisa, qui signifie « vallée de Salisa ». En outre Ségor portait auparavant le nom de Bala, Gen., xiv, 2 et 8, en hébreu Bêla‘, parce qu’elle avait été secouée trois fois par un tremblement de terre et engloutie, d’après les traditions rabbiniques confirmées par saint Jérôme, loc. cit., et In Isa., xv, 5, t. xxiv, col. 169. Or Bêla‘, par métathèse, peut très facilement se changer en Ba‘al, lequel, ajouté au mot de Salisa, forme le nom composé de Baalsalisa. Cf. Calmet, In I Reg., ix, 4.

Plusieurs croient, au contraire, que Baalsalisa tire son nom de la région de Salisa, I Reg., ix, 4, dans laquelle elle était située. Voir Salisa. Cf. Vercellone, Variæ lectiones Vulgatæ latinæ, t. ii, p. 8 ; Neubauer, La géographie du Talmud, p. 98 ; L. C. Gratz, Théâtre des divines Écritures, trad. franc., Paris, 1870, t. ii, p. 8. — Calmet, In I Reg., ix, 4, et IV Reg., iv, 42, pense que Baalsalisa, qui pour lui est une même localité avec Salisa, devait se trouver dans la tribu de Dan, au sud-est de Diospolis et au nord de Jérusalem. Quelques auteurs modernes la confondent avec Khirbet Kefr Thilth, à vingt milles environ au nord-est de Lydda. Conder, Bible Handbook, p. 404 ; G. Armstrong, C. W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, 1889, p. 22.

Mais il est plus probable qu’il faut identifier Baalsalisa avec l’actuelle Khirbet Sirisia, سريسيا ou Asrisia, اسريسيا, dans le territoire d’Éphraïm. à quinze milles environ au nord-est de Lydda ; on est ainsi d’accord avec Eusèbe et saint Jérôme, Lib. de situ et nom., t. xxiii, col. 884, qui nous attestent que cette localité était appelée de leur temps Bethsarisa, et se trouvait à environ quinze milles romains au nord de Diospolis, dans la région thamnitique, dont le chef-lieu était la ville de Thamna (Khirbet Tibnéh). Cette opinion, loin d’être contredite par le Targum de Jonathan et la version arabe de la Polyglotte de Walton, en reçoit une nouvelle confirmation ; car Khirbet Sirisia se trouve réellement au midi de la Samarie et dans le territoire de Lydda, par conséquent dans la Daroma supérieure. Il est vrai que l’Onomasticon indique toujours la région de Daroma vers le midi d’Éleuthéropolis (Beit-Gibrin) ; mais il est vrai aussi que « les Talmuds distinguent deux provinces de Daroma : Daroma supérieure et inférieure, et confondent le mot Darom (ou Daroma) avec Lod ». Neubauer, La géographie du Talmud, p. 62 et 63.

« Kharbet Asrisia [est] situé sur une colline qu’environne une vallée ; il consiste seulement en une trentaine de petites enceintes en gros blocs, les uns assez bien taillés, d’autres presque bruts, qui sont les restes d’habitations renversées. Quelques citernes creusées dans le roc sont à moitié cachées par les broussailles, qui ont envahi l’emplacement de cet ancien village. » V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. ii, p. 144.

J. Marta.


BAALTHAMAR (hébreu : Ba‘al Tâmâr ; Septante : Βαάλ Θαμὰρ), localité située non loin de Gabaa de Benjamin. C’est près de Baalthamar que, le troisième jour du combat, se réunit l’armée des onze tribus d’Israël marchant contre Gabaa, pour châtier le crime commis par les habitants de cette ville sur la femme d’un lévite. Jud., xx, 33 et 34.

Selon quelques exemplaires grecs, on pourrait croire que Baalthamar était à l’occident de Gabaa ; ils portent, en effet : « Tous les hommes se levèrent de leur place et se groupèrent à Baalthamar ; et l’embuscade d’Israël s’avançait depuis son endroit, de l’occident de Gabaa, ἀπὸ δυσμῶν Γαβαά. » Les autres ont Μαρααγαβέ, et ne traduisent pas Μαραα. La Vulgate semble séparer l’armée en deux corps, placés l’un à Baalthamar, et l’autre en embuscade à l’occident de Gabaa. Le texte hébreu porte : » Et toute l’armée d’Israël se leva de son endroit et se rangea à Baalthamar ; et Israël en embuscade s’élança depuis son endroit, de la campagne de Gabaa (ma’arêh Gaba’) ». Au lieu de ma’ărêh Gaba’, les traducteurs grecs et celui de la Vulgate ont lu ma'ărâbâh Gaba’, « l’occident de Gabaa. » Il est douteux que cette lecture soit fondée. Eusèbe et saint Jérôme ne déterminent pas la position de Baalthamar ; ils se contentent de nous dire qu’à leur époque existait, dans le voisinage de Gabaa un petit village du nom de Bethamari ou Βησθαμάρ. Liber de situ et nom. loc, hebr., t. xxiii, col. 883.

On trouve aujourd’hui à l’est de Tell-et-Foûl, regardé généralement comme le site de Gabaa, une vallée nommée Ouadi Samri ou Zamri, « la vallée de Zamri. » Le thav hébreu, le tsa arabe et le θ grec, se prononçant souvent s et z, Samar ou Zamri peuvent être regardés comme identiques à Thamar et à Thamri. Cette vallée commence immédiatement sous le tell, et va rejoindre l’Ouadi Pharah. Sur le bord et au nord de cette vallée, à un kilomètre nord-est de Tell-et-Foûl, se trouve une première ruine appelée ’Adaséh, mais où tout est relativement récent. Trois cents mètres plus loin, encore au nord est, est un sommet élevé du nom de Ras-et-Thaouil. On y voit de nombreuses citernes taillées entièrement dans le roc, à la manière des anciens Hébreux, des grottes servant de retraite aux troupeaux, des pierres dispersées. C’est la seule ruine de village antique sur les bords de l’Ouadi Zamri. Il est assez probable que c’est le Baalthamar du livre des Juges, le Bethamari de saint Jérôme, et Bessamar d’Eusèbe.

L. Heidet.

BAANA. Hébreu : Ba’ănâh, « fils de l’affliction, » ב, b, abréviation de בן, bên ; Septante : Βαανά. Nom de personnes.

1. BAANA, fils de Remmon, de la ville de Béroth dans la tribu de Benjamin. Il était chef de bande comme son frère Réchab. Tous les deux pénétrèrent dans la maison d’Isboseth, fils de Saül, pendant qu’il se reposait au milieu du jour, et était seul, sans défense. Ils le tuèrent et portèrent sa tête à David, qui résidait à Hébron, se donnant comme ses vengeurs et les instruments de la Providence. David, témoignant son horreur pour ce crime, ordonna de mettre à mort les meurtriers, et, après leur avoir fait couper les mains et les pieds, il les fit pendre près de la piscine d’Hébron. II Reg., iv, 2, 5-9.

2. BAANA, père de Héled, de Nétophath, qui était un des vaillants de l’armée de David. II Reg., xxiii, 29 ; I Par., xi, 30.

3. BAANA (hébreu : Ba’ănâ, même signification que Ba’ănâh, aleph final à la place de ), fils de Huzi, était un des douze intendants de Salomon. Son district comprenait le territoire d’Aser et Baloth. III Reg., iv, 16.

4. BAANA, un des principaux d’entre les Juifs qui revinrent avec Zorobabel de la captivité de Babylone. I Esdr., ii, 2 ; II Esdr., vii, 7.

5. BAANA, un des chefs du peuple, et l’un des signataires de l’alliance théocratique, à la suite de Néhémie. II Esdr., x, 27. Il est peut-être le même personnage que le précédent.

6. BAANA (hébreu : Ba’ănâ’), père de Sadoc, qui bâtit une partie des murs de Jérusalem au retour de la captivité. II Esdr., iii, 4.

BAASA (hébreu : Ba’ešâ’, d’étymologie incertaine, signifiant, d’après Gesenius, Thésaurus linguæ hebrææ, p. 228, « malfaisant ; » d’après Fürst, Hebraïsches Handwörlerbuch, p. 209, « hardi ; » certains manuscrits lisent : Ba’eṡâ’, « actif ; » Septante : Βαασά), troisième roi d’Israël et fondateur de la seconde dynastie. III Reg., xv, 33 ; II Par., xvi, 1 ; cf. Jer., xli, 9. Fils d’Ahias, de la tribu d’Issachar, et d’une famille si obscure, que Jéhu dit de lui qu’il sortit de la poussière, III Reg., xvi, 2 ; il servit d’abord dans l’armée de Nadab, fils et successeur de Jéroboam, et obtint, sans doute par sa vaillance, un grade élevé. Mais son ambition le conduisit au crime. Tandis que le roi d’Israël assiégeait les Philistins dans leur ville forte de Gebbéthon, Baasa excita contre lui une de ces révoltes militaires qui, en Israël comme ailleurs, étaient alors fréquentes, et mettaient la couronne à la disposition des soldats. Cf. III Reg., xvi, 9, 16 ; IV Reg., ix, 14. Nadab fut tué, et Baasa, arrivé au trône, fit mettre à mort tous les parents mâles de Jéroboam, comme l’avait prédit le prophète Ahias le Silonite. III Reg., xv, 29 ; cf. xiv, 10. Son règne ne fut qu’une guerre continuelle contre Juda, III Reg., xv, 16, 32 ; elle consista d’abord en simples escarmouches de frontière, puis elle s’étendit, et Baasa la poursuivit avec acharnement, jusqu’à ce qu’il se fût emparé de toute la partie septentrionale du royaume de Juda. Devenu maître de ce territoire, probablement dans la vingt-troisième année de son règne, il voulut s’y établir solidement, en faisant fortifier Rama, qui commandait la route de Jérusalem. III Reg., xv, 17. De là, car Rama n’est qu’à deux heures de la ville sainte, il aurait tenu perpétuellement en échec la capitale de Juda. Mais les travaux de fortification n’étaient pas encore achevés, lorsqu’il se vit obligé d’abandonner son entreprise ; Asa, roi de Juda, qui n’avait osé prendre les armes et marcher contre son puissant rival, venait de lui susciter un adversaire plus redoutable, Bénadad, fils de Tabrémon, roi de Syrie. Celui-ci avait été autrefois l’allié de Baasa ; mais Asa, à force de présents, réussit à le tourner contre Israël. III Reg., xv, 18-19 ; II Par., xvi, 2-3. Ses généraux envahirent le royaume de Baasa, et s’emparèrent de plusieurs villes fortes du nord, ainsi que de tout le pays de Nephthali. III Reg., xv, 20 ; II Par., xvi, 4. Baasa, obligé d’abandonner Rama, se retira à Thersa, sa capitale. III Reg., xv, 21 ; II Par., xvi, 5.

Au point de vue religieux, le règne de Baasa ne fut pas meilleur que celui de ses prédécesseurs. Il se livra à l’idolâtrie, « fit le mal devant le Seigneur, et marcha dans la voie de Jéroboam. » III Reg., xv, 34 ; xvi, 2. À cause de cela, Dieu lui déclara par Jéhu, son prophète, que sa maison serait exterminée, ce qui s’accomplit sous le règne d’Éla, son fils, par les mains de Zambri, commandant d’une partie de l’armée royale. III Reg., xvi, 7-13. Il est à noter que, d’après la Vulgate, III Reg., xvi, 7, Baasa, pour se venger de cette menaçante prophétie, fit mettre à mort le prophète ; mais les mots : hoc est Jehu filium Hanani prophetam, « c’est-à-dire : Jéhu, fils d’Hanani, le prophète, » ne se trouvent ni dans l’hébreu, ni dans les Septante, ni dans le chaldéen, où le verset se termine par « il le tua ». Or cette dernière expression s’applique, non pas à Jéhu, mais à Jéroboam, dont Baasa avait fait mourir tous les descendants. Voir Jéhu 1. Baasa mourut et fut enseveli à Thersa, superbe cité, Cant., vi, 3 (selon l’hébreu), dont il avait fait sa capitale. III Reg., xv, 21 ; XVI, 6. Il avait régné vingt-quatre ans, III Reg., xv, 33,

de la troisième à la vingt-sixième année du règne d’Asa, roi de Juda, III Reg., xv, 33 ; XVI, 8, de 950 à 927 avant J.-C, ou, selon une autre chronologie, de 953 à 930. Le second livre des Paralipomènes, xvi, 1, porte que Baasa assiégea Rama la trente-sixième année d’Asa ; cf. XV, 19 ; tandis qu’on lit, II Reg., xvi, 8, qu’Éla, fils de Baasa, succéda à son père la vingt-sixième année d’Asa : c’est probablement vingt-six qu’il faut lire aussi dans les Paralipomènes. La chronologie de cette époque est

d’ailleurs fort douteuse.
P. Renard.
    1. BAAZ Jean##

BAAZ Jean, évêque luthérien de Vexiô, en Suède, né en 1581, mort en 1649. C’est par la publication d’une

actuelle, on n’a encore rien retrouvé de cet écrit. Voir, sur cet auteur et ses ouvrages, Assemani, Bibliolheca oriental », t. iii, I, p. 88-97. Trois hymnes de Babaï l’Archimandrite ont été éditées dans le Bréviaire chaldéen publié à Mossoul, en 1866, par les soins de Ms r Ébedjésu Chayat, p. 39, 42, 47. — Cet auteur est aussi désigné sous le nom de Babaï l’Ancien, pour le distinguer de Babaï de Nisibe. Ce dernier exerça également une grande influence au commencement du vme siècle, vers 720. Il fonda différentes écoles importantes ; mais il n’a rien laissé dans ses écrits, que nous sachions, qui se rapporte directement à la Bible. Cf. Assemani, Bibliotheca orienlalis, t. iii, 1,

p. 177 à 181.
R. Graffin.

mmÈSÊM

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401. — État actuel des ruines de Birs-Nimrcrad.

histoire ecclésiastique de la Suède, en 1642, qu’il se fit surtout connaître. Comme œuvres scripturaires il avait déjà composé : Tabula chronologica sacrorum Bibliorum, in-4°, Halmstad, 1618 ; un commentaire sur l’Apocalypse en suédois, in-8°, Kalmar, 1629. — Voir Chaudon et Delandine, Dictionnaire universel historique, 9e édit., Paris, 1810, t. ii ; J. Le Long, Bibliotheca sacra, in-f", Paris, 1723, t. ii, p. 621. E. Levesque.

BABÂi l’Archimandrite, écrivain nestorien, abbé du grand couvent du mont Izla ; il exerça comme tel une grande influence, de l’année 568 à l’année 627 environ. C’est lui notamment qui gouverna l’Église nestorienne durant ! a persécution qui suivit la mort du catholique Grégoire de Kaskhar, eri 607. — Suivant le catalogue d’Ébedjésu, il ne composa pas moins de quatre-vingt-trois ouvrages, parmi lesquels un Commentaire sur le texte entier des Saintes Écritures ; malheureusement, à l’heure

    1. BABEL##

BABEL (TOUR DE). — 1° Histoire. — La Genèse, xi, 1-9, rapporte qu’après le déluge les hommes parlaient une langue unique et vivaient groupés dans la terre de Sennaar, en Babylonie, « et ils s’entre-dirent : Allons, faisons des briques et les cuisons au feu, » et ils se servirent de brique en guise de pierre, et de bitume en guise de ciment. Car ils s’étaient dit : « Allons, bâtissons une ville, avec une tour dont le faîte aille jusqu’aux cieux : ainsi nous ferons - nous un nom, de crainte que nous ne soyons dispersés sur la face de toute la terre. » Cette entreprise ayant déplu à Jéhovah, il « descendit pour considérer la ville et la tour que bâtissaient les fils de l’homme, et il se dit : Voici, c’est f encore] un peuple unique, avec une seule langue pour eux tous ; allons, descendons, confondons leur langage, de sorte qu’ils n’entendent plus la langue l’un de l’autre ». Et Jéhovah les dispersa de là sur la face de toute la terre, et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi appela-t-on son nom

I. — 45 « confusion (Babel), car Jéhovah avait là confondu le angage de toute la terre ». — Bérose, prêtre chaldéen de l’époque des premiers Séleucides, avait laissé un récit analogue dont il nous reste deux versions fort peu divergentes, l’une transmise par Abydène, l’autre par Alexandre Polyhistor, Historié, grsscor. Fragm., édit. Didot, t. ii, p. 502 ; t. iv. p. 282 ; Eusèbe, Chron., i, 18, t. xix, col. 123 ; Preep. Ev., ix, 14. t. xxi, col. 701. La comparaison entre les fragments de Bérose et les textes cunéiformes, partout où elle a été possible, a toujours montré que celui-ci avait puisé réellement ses récits aux sources babyloniennes, et non pas dans les textes hébreux, comme on l’avait prétendu pour infirmer la valeur de ses témoignages corroborant les récits bibliques. — À la vérité, le récit babylonien de la construction de la tour de Babel n’a pas encore été découvert, et l’on n’en a pas non plus retrouvé de trace certaine sur les cylindres babyloniens. George Smith, dans sa Genèse chaldèenne, a bien publié un texte qu’il croyait, comme Chad Boscawen et Sayce le croient encore, avoir trait à cet événement ; mais le texte est si fruste, que la traduction n’offre qu’un mince degré de probabilité ; en outre, il s’y rencontre des mots de sens peu connu, et précisément celui de tammasle [ ?] r qui est traduit par « langage ». Frd. Delitzsch fait remarquer que la traduction des mots les plus décisifs pour le sens du morceau est ce qui laisse le plus à désirer. Smith-Delitzsch, Chaldàische Genesis, 1876, p. 120-124, et Anmerk., p. 310.

Un texte de Nabuchodonosor, fils de Nabopolassar, est allégué avec plus de succès, soit pour le fait lui-même, soit pour la localisation de la tour de Babel et son identification avec le Birs-Nimroud actuel (fig. 401), à Borsippa, àdouze kilomètres des ruines de la ville proprement dite, à dix-huit de celles de la cité royale de Babylone. Ce texte mentionne principalement deux temples, l’un nommé E-sakila (maison au sommet élevé), au nord de Babylone, sur la rive gauche de l’Euphrate, et dont les ruines forment le Babil actuel ; l’autre sur la rive droite, nommé E-zida (maison stable), à Borsippa, localité peut-être autrefois comprise dans l’agglomération de Babylone, dont les ruines forment le Birs-Nimroud. Nabuchodonosor les fit réparer tous les deux et, orner d’une manière somptueuse. Le dernier, en particulier, n’avait jamais été achevé : un roi antérieur (niahru) (cf. The cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, pi. xxxviii, col. ii, 1. 62) l’avait commencé, dit Nabuchodonosor, mais l’avait laissé inachevé à la hauteur de quarante - deux coudées ; les eaux pluviales, pénétrant les briques d’argile crue, l’avaient même fait tomber en ruines. Nabuchodonosor le répara entièrement, puis l’acheva. Cette traduction, qui est certaine, ne laisse aucune place à la confusion des langues, à laquelle le savant M. Oppert avait cru y voir une allusion ; ni à là date reculée « depuis les jours du déluge », que le même savant croyait voir attribuée à la pyramide : la formule « après le déluge » n’est pas inconnue à la langue assyrienne, où elle se lit arki abubi ; ultu umi rukuti, employé par Nabuchodonosor, est une formule d’usage fréquent, signifiant « depuis des jours éloignés ». Ces jours éloignés, et l’absence de désignation du sarru mahru, du « roi antérieur », sont les seuls traits qui permettent d’attribuer à cette inscription quelque relation avec la tour de Babel Cf. Cuneif. Inscript, of West. Asia, t. i, pi. 41, col. i, 1. 27 ; col. ii, 1. 15.

2° Site de la tour de Babel. — Le récit biblique nous apprend, comme Bérose, que la tour de Babel s’élevait à Babylone. C’est pourquoi H. Rawlinson la place aux ruines de Tell-Amram (Smith-Sayce, Chaldxan Account of the Genesis, 1880, p. 74, 171), dont M. Oppert fait les ruines des jardins suspendus ; Eb. Schrader, dans Biehm, Handwôrterbuch des biblischen Allertums, t. i, p. 138, incline plus visiblement, suivant l’opinion de Pietro délia Valle au siècle passé, pour l’amoncellement de ruines appelé le Babil, tandis que dans The Cuneiform Inscrip tions and the Old Testament, t. i, p. 108, il laisse le choix entre le Babil et le temple de Borsippa ou Birs-Nimroud. Le nom de Babil semble être un souvenir traditionnel, et la situation du Babil dans Babylone même paraît aussi convenir aux exigences du texte biblique. — M. Oppert s’arrête au Birs-Nimroud, Expédition en Mésopotamie, 1. 1, p. 200-216 ; Id-., Études assyriennes, p. 91-132, après Ker Porter et Rich, ainsi que A. H. Sayce, Lectures on the religion of the ancient Babylonians, p. 112, 113, 405-407. La tradition talmudique est en faveur de Borsippa : « Un homme à qui l’on demandait de quel pays es tu ? ayant répondu : de Borsoph (Borsippa). — Ne réponds pas ainsi, mais dis que tu es de Bolsoph, parce que c’est là que Dieu a confondu la langue de toute la terre

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402. — Tour a étages.

Bas-relief assyrien. D’après G. Smith.

(b’ial s’pha). » Cependant entre l’époque de la composition du Pentateuque et celle de la compilation des légendes qui remplissent le Talmud de Babylone, d’où Buxtorf a tiré ce récit, Lexicon talmudicum, col. 313, il serait désirable d’établir quelques étapes : or la Bible n’a plus aucune allusion à la tour de Babel, même dans les oracles des prophètes contre Babylone. Il faut aussi avouer que beaucoup des localisations proposées par le Talmud pour la Babylonie sont fausses. De plus, Borsippa est à douze kilomètres au sud-ouest de l’ancienne Babylone : la Bible ne paraît pas supposer une telle distance. Il est vrai que Borsippa est enfermée dans l’enceinte extérieure, telle que la représente M. Oppert ; mais outre que cette immense étendue de Babylone paraît suspecle à beaucoup de savants (cf. G. Rawlinson, The five great monarchies, t. ii, p. 534-535), il n’est guère probable que ces limites extrêmes fussent atteintes au temps où nous reporte la Genèse ;

3° Forme de la tour. — Bien qu’on ne connaisse donc pas avec certitude l’emplacement de la tour, il est facile de s’en faire une idée, car elle devait être bâtie suivant le plan unique adopté en Babylonie pour les constructions de ce genre (fig. 402), et dont on retrouve les vestiges dans les plus anciennes des pyramides d’Egypte, telles que celles de Saqqarah et de Meydoum. Ce sont de véritables cubes de maçonnerie, carrés ou rectangulaires, empilés par ordre de dimensions décroissantes : un plan incliné ou un escalier mène d’un étage à l’autre. Le nombre des étages varie ; les plus anciennes tours, celles d’Ur des Chaldéens et d’Arach, par exemple, n’en ont que deux ou trois ; le Birs-Nimroud en comptait sept, outre la haute terrasse sur laquelle se dressait le monument. Cf. Hérodote, i, 181 ; G. Rawlinson, The five great monarchies, t. ii, p. 547 ; Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. ii, p. 381-407. Chaque étage était peint d’une

couleur différente, suivant la planète à laquelle il était consacré. Généralement les angles de l’édifice, et non point, comme pour les pyramides d’Egypte, les faces, étaient exactement orientés aux quatre points cardinaux. Ces pyramides étagées, au haut desquelles il y avait un sanctuaire, servaient à la fois de temple et d’observatoire ; des gradins ou une sorte de rampe faisaient communiquer extérieurement un étage avec l’autre, peut-être y avait-il aussi un. escalier intérieur. , Ces pyramides étaient bien, comme le dit la Bible, construites en briques ; l’intérieur était formé de briques séchées au soleil, mais il était protégé par un revêtement de briques cuites, où le bitume, tort abondant en Baby-Jonie, servait de ciment. La remarque qu’en fait la Genèse

403. — Tour à étages de Khorsabad. La partie la plus noire est encore subsistante ; la partie supérieure plus claire est un essai de restauration. D’après T. Place.

est d’autant plus digne d’attention, que l’auteur hébreu n’avait pu, ni en Egypte ni en Palestine, être familiarisé avec cet usage du bitume. — Les tours à étages se nommaient en Assyrie zikurat ou zigurat, soit de la racine dekro, en syriaque « être pointu », comme veut Schrader ; soit d’une racine zakaru, « être élevé, » d’après Haupt ; soit, suivant une étymologie très intéressante, proposée par M. "Vigoureux, de la racine zakaru, « se souvenir, » par allusion à la parole que la Bible met dans la bouche des constructeurs : « Allons, bâtissons une ville et une tour et faisons-nous un nom. » Quant au nom particulier de la tour des Langues, voir, à l’article Babylone, l’étymologie de Babilu. Voir aussi, à l’article spécial, la Confusion des langues. — Aucune de ces tours étagées n’a été conservée d’une manière complète ; mais les basreliefs assyriens où l’on en voit la représentation, ainsi que les restes relativement bien conservés de la tour de Khorsabad, au nord de Ninive, ont permis les restaurations qu’on voit dans Place, Ninive et l’Assyrie, t. i, p. 137-148 et pi. 30 et 33 (Qg. 403). Des tours de Babylone et de Borsippa, le Babil n’offre plus qu’une sorte de quadrilatère irrégulier et raviné par endroits, de cent quatre-vingts à deux cents mètres de côté, d’environ quarante mètres de hauteur ; au nord et à l’est se découvrent les traces d’une vaste enceinte. Le Birs-Nimroud a encore quarante-six mètres de hauteur, bâti sur un plan rectangulaire et surmonté d’un énorme pan de mur dont la hauteur est de onze mètres et demi et qui provient de Nabuchodonosor, comme l’indiquent les inscriptions des briques : tous ces débris portent les traces d’un violent incendie qui les a vitrifiés. Suivant Hormuzd Rassam, une éruption volcanique aurait même fendu l’édifice, vitrifiant ainsi les

briques au contact des flammes et de la lave. On comprend aisément que les Juifs de l’époque talmudique aient vu dans ces ruines à la fois si anciennes, si imposantes, et portant des marques si étonnantes de la colère céleste, les restes de la Tour de Babel. — Voir, outre les auteurs cités, Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5° -édit., t. i, p. 333-368 ; Schrader -Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i, p. 106-114 ; Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient,

9e édit., t. i, p. 115-118.
E. Pannier.
    1. BABER Henry Hervey##

BABER Henry Hervey, philologue anglais, né en 1775, et mort le 28 mars 1869. En 1812, il fut nommé conservateur des livres imprimés au British Muséum. Cette année même, il publia Psalterium grxcume Codice ms. Alexandrino, in-f", Londres. Son principal ouvrage est une édition du Vêtus Testamentum grsecume Codice ms. Alexandrino, typis ad similitudinem ipsius codicis scripturx fideliter descriptum, 4 in-f », Londres, 1816-1828. Les trois premiers volumes contiennent le texte ; le quatrième, les prolégomènes et les notes. — Voir Cowtan’s Memories of the British Muséum, Londres, 1872 ; L. Stephen, Dictionary of national Biography, in-8°, Londres, t. ii, p 307. E. Levesque.

    1. BABINGTON Gervase##

BABINGTON Gervase, évêque anglican, né à Nottingham en 1551, mort le 17 mai 1610. Il étudia à Cambridge, entra dans les ordres et devint chapelain du comte de Pembroke. Il fut nommé évêque de Landaff en 1591, d’Exeter en 159Ï, et de Worcester en 1597. Dans la collection de ses œuvres publiées après sa mort, Works of G. Babington, in-f », Londres, 1622, on remarque : Certaine, plaine, briefe and comfortable notes upon everie chapter of Genesis ; — Comfortable notes upon everie chapter of Exodus ; …of Leviticus ; … upon Numbers ; … upon Deuteronomy. — Voir Jones, Christian

Biography, p. 16.
B. Heurtebize.
    1. BABION Pierre##

BABION Pierre, théologien anglais, qui florissait vers 1317, selon J. Pits (ou vers 1366, d’après le témoignage de J. Boston, moine augustin de Bury-Saint-Edmonds, en 1410, consigné dans le catalogue de J. Baie). Poète, orateur et écrivain distingué, ses compositions furent très estimées de ses contemporains. Ses qualités sont résumées dans ces deux vers de Pits i

Ingenium felix, inventio, lucidus ordo, Gratia, majestas, ad rem bene congrua verba.

Il s’adonna aux sciences sacrées, où il se fit également un nom. Son principal ouvrage en ce genre est un commentaire sur l’Évangile de saint Matthieu, selon le sens historique, moral et allégorique. Ce commentaire avait été imprimé dans les anciennes éditions des œuvres de saint Anselme de Cantorbéry jusqu’à l’édition de Lyon, en 1630, où Théophile Raynaud prouva qu’il n’appartenait pas à ce saint docteur. On le trouve aussi dans les œuvres d’Anselme de Laon (col. 657), Patr. lat., t. clxii, col. 1227-1499, mais tronqué de plusieurs pages en tête, et d’une page au moins à la fin. Le commentaire complet se trouve dans un manuscrit très ancien, conservé à la Bibliothèque nationale, fonds latin, in-f°, n° 624. Il est sur parchemin, en belle écriture, et compte 165 feuilles ; chaque page est partagée en deux colonnes. En tête de l’ouvrage se lit le nom de l’auteur : Expositio Babkmis super Matthxum ; et le commentaire débute par ces mots : Dominus ac redemptor noster… — Voir J. Baie, Scriptorum illustrium Majoris Britanniæ catalogus, 2 t. en 1 vol. in-f », Bâle, 1557-1559, p. 467 ; John Pits, De illustribus Anglise scriptoribus, in-4°, Paris, 1619, p. 406 ; Th. Tanner, Bibliotheca britannico-hibernica, in-f », Londres, 1748, p. 59 ; C. Oudin, Commentarius de scriptoribus Ecclesise antiquis, 3 in-f°, Leipzig, 1722, t. iii, p. 799 ; P. Michel de Saint-Joseph, Bibliographia

critica sacra et profana, 4 in-f°, Madrid, 1740, 1. 1, p. 430 ; L. Stephen, Dictionary of national biography, t. ii, p. 317. E. Levesque.

1. BABYLONE (hébreu : Bâbél ; Septante : BaëuXûv ; Vulgate : Babylon ; textes cunéiformes : forme non sémitique :

Tin-tir (Bois de vie) ;

formes sémitiques :

(idéographique).(phonétique)

Bab ili (porte des dieux) Ba-bi-l(u).

I. Nom. — L’étymologie du nom de la ville nous est donnée par la Genèse, XI, 9 : à la suite de la confusion

404. — Plan fragmentaire de Babyîone, traversée par l’Euphrate. D’après une tablette ounétforme.

des langues, on nomma la ville inachevée Babel, c’est-à-dire « confusion ». Tous les rationalistes et beaucoup d’assyriologues, comme Eb. Schrader -Whitehouse, The cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. i, p. 113-114 ; Fr. Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 213, combattent l’étymologie biblique pour y substituer celle qu’indiquent les textes babyloniens, Bab-ili, « porte de Dieu ou des dieux ; » mais rien ne prouve que l’étymologie donnée par Moïse ne soit pas la plus ancienne, et par conséquent la vraie : les Orientaux, pour bien des raisons différentes, changent facilement les étymologies des noms propres, souvent même au risque de les déformer un peu. Cf. Journal asiatique, janvier 1893, p. 88. En outre, si un auteur hébreu avait fourni cette étymologie, il nous l’eût donnée, d’après les principes de sa propre langue, sous la tormepilpel des verbes yy comme bâlal, « confondre, » et non pas sous la forme contractée assyro-babylonienne Babel, pour Balbel. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. i, p. 360-362. On peut ajouter que si l’étymologie Bab - ili ( porte de Dieu) n’eût pas été factice, et par conséquent la moins ancienne, les Babyloniens n’auraient pas coupé le mot en trois syllabes, au mépris de la division des deux mots constitutifs, Ba-bi-lu ; c’est ainsi que dans le nom de ville Dur-ili (forteresse de

Dieu) les textes respectent toujours la coupure, et n’écrivent jamais Du-ri-li.

II. Histoire. — Laissée inachevée après la dispersion des constructeurs de la tour, Babyîone fut terminée plus tard - r elle apparaît déjà comme faisant partie de la tétrapole méridionale de Nemrod, Gen., x, 10 ; cependant la domination babylonienne ne paraît établie sur la partie intérieure de la Mésopotamie que sous la dynastie pal-Tintir (dynastie de Babyîone), qui régna d’environ 2409 à 2146 avant J.-C, et dont le roi le plus célèbre fut îlammourabi. Épargnée par l’invasion élamite des Koudourides, la monarchie babylonienne contribua à expulser les envahisseurs de la Chaldée et de tout le Sennaar, en y établissant sa propre autorité. Voir encore sur les origines de Babyîone les-Proceedings of the Society of Biblical Archœology, 10 janvier 1893, p. 108. Dès lors l’histoire de Babyîone se

-L-ThuiiLLei-.aiïlV

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405. — Plan des ruines de Babyîone. D’après M. Oppert

confond avec celle de l’empire babylonien. La Bible ne s’occupe plus de Babyîone avant la ruine du royaume d’Israël ; elle.nous apprend alors que le vainqueur assyrien transplanta en Samarie des colons babyloniens, qui joignirent au culte du vrai Dieu celui de leurs idoles, et s’y firent des Sochothbenoth (voir ce mot), IV Reg., xvii, 24, 30. Plus tard un roi de Babyîone, Mérodach-Baladan, cherche à faire alliance avec Ezéchias contre les Assyriens, et l’envoie féliciter de sa guérison ; c’est alors qu’Isaïe annonce à Ezéchias la captivité de Babyîone. IV Reg., xx, 12-19 ; Is., xxxix, 1-8. C’est dans la capitale chaldéenne que Manassé est jeté en prison par le roi d’Assyrie. II Par., xxxiii, 11-13. Enfin la destruction du royaume de Juda, par Nabuchodonosor, y amène à plusieurs reprises des convois de Juifs prisonniers, que Jérémie console et fortifie dans la foi par la lettre insérée dans Baruch, VI, 1-72 et par celle de Jérémie, xxix. C’est surtout la captivité de Babyîone qui a rendu cette ville célèbre dans l’histoire sainte. Jer., xx, 4, 12 ; Matth., i, 11, 17 ; Act., vii, 43. Ezéchiel habita la Babylonie ; Daniel y exerça même une charge élevée à la cour ; c’est à Babyîone ou dans les environs que se placent l’érection de la statue de Nabuchodonosor et la délivrance des enfants de la fournaise, Dan., in ; l’histoire de Susanne ?

Dan., xm ; le récit des fourberies des prêtres de Bel, et la mort du dragon, Dan., xiv ; enfin le double épisode de la fosse aux lious, vi et xiv, 27-42. Après la prise de Babylone par Cyrus, une portion des captifs rentrèrent en Palestine aux différentes migrations mentionnées dans les livres d’Esdras et de Néhémië ; mais celui d’Esther nous montre que beaucoup aussi préférèrent continuer à vivre dans l’empiré perse. Le gouvernement des Séleucides, puis des Parthes, ne leur y fut généralement pas défavorable (voir cependant Joséphe, Ant : Jud., XVIII, JX, 9, et G. Rawlinson, The sixth great oriental monarchy, Londres, 1873, p. 240-244), de sorte que la Babylonie devint plus tard pour eux un refuge et un centre d’études.

Babylone une étendue égale au département de la Seine, ce savant y comprend les localités environnantes, particulièrement Borsippa ; mais un texte de Bérose, corroboré par Strabon, XVI, i, 6 et 7, édit. Didot, p. 629, et surtout par les inscriptions cunéiformes elles-mêmes, distingue soigneusement les deux villes. Bérose nous apprend que Cyrus, après la prise de Babylone, s’en alla faire le siège de Borsippa. Histor. grxc. Fragm., t. ii, p. 508.

L’Euphrate, endigué entre deux quais de brique bitumée, et coulant entre deux hauts murs percés de vingt-cinq portes, traversait la ville (fig. 404) ; un immerise pont, et, s’il faut en croire Diodore de Sicile, un tunnel

406, — Ruines de Balil.

III. Description. — Si la situation de Babylone sur le bas Euphrate a toujours été connue, il n’en est pas de même de l’étendue de la cité. Le x point de départ est donné par quelques ruines remarquables, le Babil, le Kasr ou palais ; mais où étaient les limites, les murs de la ville ? Suivant Hérodote, ces murs auraient eu 480 stades de circuit ou 88 800 mètres, 200 coudées de hauteur et 50 d’épaisseur, ou 92 et 23 mètres ; d’après Ctésias, duquel se rapprochent Strabon et Diodore de Sicile, le circuit n’était <rae de 360 stades (66 600 mètres) ; mais les hauteurs sont extraordinairement différentes : Ctésias donne 200 coudées (92 mètres), Pline 200 pieds (61 mètres), et Strabon 75 (23 mètres) ; ils étaient, comme toutes les constructions babyloniennes, de briques séchées au soleil, avec revêtement de brique cuite, du bitume en guise de ciment, et des lits de roseaux pour donner de la cohésion et drainer l’humidité de l’argile crue. Il y avait cent portes d’airain. Cf. Jer., L, 15 ; li, 53, 58. M. Oppert, Expédition en Mésopotamie, t. i, p. 234, croit avoir retrouvé les traces d’une double enceinte enfermant l’une 513 kilomètres carrés, l’autre 290. Gomme ces traces ne sont pas évidentes, la plupart des savants anglais révoquent en doute le plan proposé par M. Oppert. Pour donner à

voûté, rejoignait les deux quartiers. Entre beaucoup de monuments remarquables, généralement assez bas et d’une architecture très massive, rehaussés d’enduit peint et de briques émaillées, ou couverts de plaques métalliques, bronze, argent et or, on admirait le grand temple ou tombeau de Bel et plusieurs palais.

La divinité particulièrement adorée à Babylone était Mardouk, le Mérodach de la Bible, la planète de Jupiter, qu’on appelait couramment Bel, « seigneur », le Belos ou Belus des écrivains classiques, le Bel des prophètes, Is., XL vi, 1, etc., distinct d’une autre divinité nommée Bel l’ancien, et mentionnée aussi dans Jérémie, L, 2. Le temple de Bel, consacré au seigneur Mardouk ou Mérodach, était surtout remarquable par sa tour à étages ou pyramide, décrite par Hérodote, i, 183, édit. Didot, p. 60, et Strabon, xvi, 1, 5, édit. Didot, p. 628, qui lui prête des dimensions fort extraordinaires. Dans la chapelle qui couronnait la pyramide, Diodore place trois statues colossales en or, de Jupiter, Juuon et Rhéa, sans doute celles de Mardouk, Mylitta-Zirbanit, son épouse, et peut-être IStar ; deux serpents d’argent, deux lions, trois coupes et une large table d’or massif. Tout cela fut pillé par les Perses lors de la conquête de Babylone, ainsi que le sanctuaire du

bas de la pyramide. On croit généralement que ses raines forment le Babil actuel (fig. 406). Néanmoins M. Oppert identifie la tour de Bélus avec le Birs-Nimroud (fig. 401). Le grand palais était situé également sur la rive gauche de l’Euphrate, au sud du tombeau de Bel : ses ruines forment le kasr actuel, rectangle long de 400 mètres et large de 350 ; mais le plan du palais est absolument méconnaissable. Du milieu de ces amas de décombres on a retiré l’inscription suivante : « Palais de Nabuchodonosor, roi de Babylone, restaurateur du temple E-sak-ila et du temple E-zida, qui marche dans l’adoration de Nébo et Mérodach, ses maîtres, fils de Nabopolassar, roi de Baby Babylone. À l’est de ces palais on croit voir les traces d’un vaste réservoir mentionné par Nabuchodonosor sous le nom de Iabur-sabu. Cet ensemble, qui formait la cité royale, était entouré d’un côté par l’Euphrate, de l’autre par deux lignes de remparts se rencontrant presque à angle droit du côté est, et dont la partie nord aboutissait au Babil. Autour, et, semble-t- ii, principalement au sud, se groupait l’immense population dé Babylone. Hérodote, i, 180, édit. Didot, p. 59, a remarqué leurs maisons à trois ou quatre étages, alignées en rues parallèles et perpendiculaires au cours de l’Euphrate. À Djumjumah, prèsde Hillah, on a retrouvé, en 1876, les tablettes commer 407. — Tell-Amran-Ibn Ali. D’après Rien.

lone. » Des éclats de briques couvertes d’enduit peint ou d’émail, quelques fragments de pierre sculptée, un lion colossal en basalte d’un très mauvais dessin (si toutefois ce lion est d’origine babylonienne) : tels sont les restes de la gloire de Nabuchodonosor. Un tamarisque poussé au sommet de ces ruines est, aux yeux des indigènes, le reste des jardins suspendus : M. Oppert les place au sud du kasr, au Tell-Amran-Ibn-Ali, autre ruine de forme grossièrement triangulaire, d’environ 500 mètres de base et de 400 de hauteur (fig ; 407). On peut voir par les basreliefs assyriens ce qu’étaient ces jardins, espèces de terrasses supportées par des arches et des piliers massifs, et s’étageant les uns au-dessus des autres (fig. 408), de façon à rappeler les montagnes couvertes de forêts que désirait revoir l’une des épouses de Nabuchodonosor. Mais G. Rawlinson, qui n’admet pas que 4 acres (moins d’un demi-hectare ) de jardins suspendus aient pu donner 37 acres de ruines, voit dans le Tell-Amran le palais des prédécesseurs de Nabuchodonosor, déjà mentionné par Bérose. Si l’on n’y a trouvé ni maçonnerie ni statue, on en a retiré des briques estampillées au nom de différents anciens rois de

ciales des Egibi, commerçants babyloniens, dont on peut suivre les transactions pendant environ deux siècles. Sur la rive droite de l’Euphrate, en face du Tell-Amran, des ruines encore bien visibles dessinent les contours d’un palais où les briques sont estampillées au nom de Nériglissor (Nergal-Sar-usur). Englobant Borsippa dans Babylone, M. Oppert place à cet endroit, au Birs-Nimroud, le temple et la tour de Bel dont parle Hérodote, et les identifie avec les restes de la tour de Babel (voir ce mot), tandis que H. et G. Rawlinson la confondent avec le temple de Bel -Mérodach décrit parStrabon, et la placent au Babil.

Malgré sa force et sa puissance, malgré le luxe de ses habitants, Is., xiv, 8 et suiv. ; XL vii, 1-2 ; Jer., li, 39 ; Dan., . VI, 1, malgré la vitalité dont elle fit preuve, réparant bien des fois les désastres des longs sièges qu’elle eut à subir, elle finit par succomber, et par voir se réaliser à la lettre les menaces des prophètes juifs : Is., xiii, 19-23 ; xiv, 4-12 ; xlvii ; Jer., li, 58. Voir le reste de son histoireà l’article Babylonib ; voir aussi Tour de Babel.

Dans le Nouveau Testament, le nom de Babylone esL 1357

BABYLONE — BABYLONE D’EGYPTE

1358

encore employé dans la salutation finale de la I™ épltre de saint Pierre, v, 13, vraisemblablement pour désigner Rome et non la Babylone mésopotamienne ; moins encore Séleucie, ou. la Babylone d’Egypte, ou même Jérusalem. Voir Pierre (première épître de Saint).

L’Apocalypse désigne Rome sous le nom allégorique de « la grande Babylone. » xiv, 8 ; xvi, 19 ; xvii, 5 ; xviii, 2, 10, 21 : au chap. xvii, 9, sont mentionnées les sept collines sur lesquelles elle est bâtie ; au ꝟ. 18, sa domination sur les rois de la terre. L’idolâtrie, la corruption et la puissance matérielle assimilaient ces deux villes ; ce que Babylone fut pour Jérusalem, la Rome persécutrice l’était poui l’Église. E. Pajsnier.

breux dans la basse Egypte après les conquêtes de la xvin" et de la XIXe dynastie ; mais son origine est plus ancienne. H. Brugsch, Dictionnaire géographique, p. 625, et J. de Rougé, Géographie de la basse Egypte, p. 87, l’avaient assimilée à une localité du midi de On, qu’ils appelaient Kherau. Mais elle pourrait peut-être mieux s’identifier avec SàbenboUj souvent mentionnée dans les textes hiéroglyphiques, une des localités, plus ou moins distantes entre elles, dont la réunion formait la cité de On (Héliopolis ) ou en dépendait. La ressemblance de son, surtout sous la forme de la variante Béber ou Bébel, avec le nom de Babel, a vraisemblablement donné lieu à la légende relative à l’origine de cette ville ; une transformation

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408. — Jardins suspendus de Babylrne. Essat de restitution.

2. BABYLONE d’Egypte, localité de la basse Egypte que les Coptes et quelques rares interprètes modernes regardent comme le lieu d’où saint Pierre data sa première Épître : t èv Baëv>â>vi nwiiXtt.z, I Petr., v, 13.

— Près du vieux Caire se voit une ancienne forteresse, connue des Européens sous le nom de « citadelle de Babylone ». Un des six couvents enclavés dans son enceinte, nommé Deir - Babloun, rappelle l’ancien nom de cette forteresse, auquel a succédé le nom arabe de Kasr essemma, c< Château de la lumière. » D’autre part, une liste gréco - copto - arabe des sièges épiscopaux de l’Egypte, conservée à Oxford, identifie Babloun et El-Fostat, c’est-à-dire le vieux Caire. De Rougé, Géographie de la basse Egypte, in-8°, Paris, 1891, p. 155. La position de Babylone est donc déterminée. Sur l’origine de son nom se sont formées plusieurs légendes grecques : Des Babyloniens emmenés captifs par Sésostris, ou des guerriers entrés en Egypte avec Sémiramis, Diodore de Sicile, i, 56 ; Ctésias, Fragm., édit. Dindorꝟ. 1. ii, 13, ou avec Cambyse, Josèphe, Ant. jud., i, xv, 1, auraient fondé cette ville et l’auraient appelée Babylone, du nom de leur patrie. Il est possible qu’à une certaine époque elle ait été habitée par des prisonniers étrangers, si nom semblable s’est opérée pour une cité voisine, ïourou, chaugée en Troja par les Grecs. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples d’Orient, 4e édit., p. 24, 261 ; V. Loret, dans La grande encyclopédie, t. iv, p. 1050. Hâbenbon était une. enceinte fortifiée, protégeant son temple célèbre et ses habitations et dominant le Nil, dont le lit était alors plus rapproché. Les Romains comprirent l’importance de cette position à la tête du Delta ; ils la fortifièrent et y placèrent une des trois légions chargées de la garde de l’Egypte ; c’était la xiii" gemina, selon la Notilia imperii. En 640, elle fut prise par les musulmans ; et à l’ouest de Babylone, à l’endroit où Amrou, durant le siège, avait dressé sa tente, ils bâtirent une ville, El-Fostat, « la Tente, » qui fut la capitale de l’Egypte jusqu’à la construction, du Caire actuel. Ce n’est qu’au Ve siècle qu’on voit un évêché à Babylone. Le Quien, Oriens christianus, t. ii, p. 556. Cette Église n’a donc pas une origine apostolique, et peut encore moins attribuer sa fondation à saint Pierre, qui n’a jamais prêché l’Évangile en Egypte. Ce. n’est donc pas de ce lieu que le prince des Apôtres écrivit sa première Épître : d’après l’opinion la plus commune, Babylone n’est pas autre que Rome. Voir Pierre (Première Épître de Saint). Cf. dans la Description de l’Egypte, 359

BABYLONE D’EGYPTE — BABYLONIE

1360

t. ii, Paris, 1818, ch. xix, p. 1-4, la description de Babylone. E. Levesque.

    1. BABYLONICUS PETROPOLITANUS##

BABYLONICUS PETROPOLITANUS (CODEX),

manuscrit des derniers prophètes ( c’est-à-dire Isaïe, Jéréraie, Ézéchiel et les douze petits prophètes), écrit selon le système de ponctuation dit babylonien. Trouvé en 1839, dans la synagogue de Tsehufutkale, en Crimée, par le Caraïte Abr. S. Firkowitsch, il fut présenté à la Société historique et archéologique d’Odessa (d’où le nom Odessenus, qui lui a été quelquefois donné) ; en 1862, la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg en fit l’acquisition. C’est un petit in-folio en parchemin de deux cent vingt-quatre feuillets ; chaque page a deux colonnes ; chaque colonne vingt et une lignes ordinairement, et chaque ligne, lorsqu’elle est complète, de quatorze à dix-huit lettres. La division des sections est nettement marquée au moyen des alinéas. L’écriture, très ferme, de belle apparence, aux lettres de six à sept millimètres de hauteur, est un peu penchée sur la gauche. Quelques lettres ont une forme particulière : ainsi le zaïn est plus court, le yod plus long que dans nos manuscrits occidentaux ; dans le hé, le jambage de gauche, placé au-dessous de la barre transversale, la rejoint complètement, en sorte qu’il ressemble à notre heth ; ce qui différencie alors le heth, c’est que ses deux jambages enserrent la. ligne transversale et la dominent. (Voir le fac-similé, fig. 409.) La différence est plus considérable pour les voyelles : ce n’est plus le système do Tibériade ou de Palestine, usité dans les manuscrits jusque-là connus. Ce système, moins parfait, ne comprend que six voyelles, d’une forme particulière, et toutes placées au-dessus des consonnes. (Voir Points-voyelles.) Il est à remarquer qu’on ne voit pas de voyelles au nom de Jëhovah, mn> ; il est seulement accentué. Le pronom Min, hû’, se rencontre très souvent pour le féminin N>n,

hV, des manuscrits de recension palestinienne, etc. Les marges à droite et à gauche, en haut de la page et entre les deux colonnes, contiennent la petite Massore ; la marge d’en bas est réservée’à la grande Massore. L’écriture de ces notes est de dimension bien moindre que celle du texte.

Ce manuscrit porte sa date. Le copiste a signé la fin de son travail à la page 224 a. Il dit l’avoir terminé au mois de Tischri de l’an 1228 (ère des Séleucides), ce qui correspond à l’automne de l’an 916 de notre ère. C’est donc l’un des plus anciens manuscrits datés d’un texte hébreu ponctué de l’Ancien Testament. Ifermann Strack a donné la photolithographie de ce précieux manuscrit : Prophetarum posteriorum Codex Babylonicus Petropolitanus, in-f°, Saint-Pétersbourg, 1876.

Les variantes apportées par ce manuscrit ne font pas sans doute subir de nombreux’et surtout d’importants changements au texte reçu ; cependant elles pourraient être utilisées avec profit en plus d’un endroit. On remarque que parfois ses leçons s’accordent avec les Septante et la Yulgate contre le texte actuel.

Voir la préface de Strack, dans l’édition du Codex citée plus haut ; Eph. Pinner, Prospectus der der Odessàer Gesellschaft fur Geschichte und Alterthûrner gehôrenden altesten hebrâischen und rabbinischen Manuscripte, ein Beitrag zur biblischen Exégèse, in-4°, Odessa, 1845, p. 18-28 ; Ginsburg, Transactions of the Society of biblical Archseology, in-8°, Londres, 1876, t. v, part. 1, p. 129-176. E. Levêsque.

BABYLONIE. Hébreu : Bâbél ou’érês Bâbél ; Septante : BaëuXfcma, ou simplement BaêuXtov ; Vulgate : Babyloràa, dans Baruch et les deux livres des Machabées, I Mach., vi, 4 ; II Mach., viii, 20 ; ailleurs simplement Babylon, Dan., ii, 48, ou regio, provincia Babylonis, Dan., iii, 1, 12, 97, dans un sens plus restreint ; d’autres fois elle est désignée par des appellations géo graphiques qui n’en indiquaient à l’origine qu’une portion, terra Chaldseorum, Sennaar ; inscriptions cunéiformes :

£rT

-TV

Sumer Akkad ;

(période archaïque)

mat Sunieri u Akkadii ;

(époque de Cyrus)

V B=fTÎ <fêf.

mat Kaldi ;

mat Babili.

I. Géographie. — Akkad paraît avoir désigné à l’origine le nord de la Babylonie, Sumer ou Sennaar le sud ; la Chaldée semble avoir désigné le centre. Les limites de la Babylonie, c’est-à-dire du territoire dépendant de Babylone, ont varié dans la suite des siècles. Strabon y englobe l’Assyrie elle-même ; mais à l’époque biblique, et à l’époque où nous reportent les textes assyrobabyloniens, la Babylonie proprement dite ne s’étend pas au delà de l’endroit où le Tigre et l’Euphrate, après s’être rapprochés, commencent à se séparer de nouveau, entre le 33° et 34° de latitude. Elle est donc bornée au nord par l’Assyrie, à l’est par l’Élam et la Susiane, au sud par le golfe Persique, à l’ouest et au sud-ouest par le désert d’Arabie. Ce pays étant un terrain d’alluvion formé par les dépôts du Tigre, de l’Euphrate et des autres cours d’eau tributaires du golfe Persique, il était naturellement d’étendue beaucoup plus restreinte à l’époque où nous reportent les premières inscriptions : le Tigre et l’Euphrate, au lieu de se confondre comme aujourd’hui où ils forment le Schatt-el-Arab, avaient chacun une embouchure spéciale, et le golfe persique pénétrait beaucoup plus haut vers le nord-ouest dans les terres. La Babjlonie était arrosée par l’Euphrate, dont elle possédait les deux rives ; le Tigre, dont elle possédait les deux rives à sa sortie d’Assyrie, et seulement la rive droite dans sa portion méridionale, l’autre appartenant à l’Élam. Dans ces limites, l’Euphrate ne reçoit aucun affluent, le Tigre en reçoit sur’la rive gauche un bon nombre : les plus considérables sont le Schirvan et le Holvan, qui, avant de se jeter dans le Tigre, se réunissent pour former le Tornadotus des anciens, le Gyndès d’Hérodote, le Turnat des inscriptions cunéiformes, actuellement Diyaléh ; les plus méridionaux, le Kerkhan et le Karoun, appartiennent à l’Elam. Voir la carte, fig. 410. Ce système hydrographique est complété par les bras de l’Euphrate qui s’échappent vers le Tigre dans la partie septentrionale, tandis que dans la Babylonie méridionale ce sont les bras du Tigre qui viennent rendre à l’Euphrate ce qu’il en avait reçu. Là où les deux fleuves n’arrivent pas à se rencontrer, ces bras perdus forment des marais d’eau stagnante, principalement vers le sud. La fonte des neiges sur les montagnes de l’Arménie ou de la Perse amène une forte crue : des deux fleuves depuis mare jusqu’à juin ; de juin à la mi - septembre, les eaux décroissent. Dans l’intervalle, la basse Babylonie, l’ancien Sennaar, est un véritable marécage. De nombreux canaux, dont on rencontre encore aujourd’hui fréquemment les restes, ménageaient et utilisaient cette surabondance d’eau et la conduisaient dans les parties naturellement arides. Le Nahar-malka et le Pallakopas étaient les deux plus célèbres, le premier joignant l’Euphrate au Tigre, l’autre rejetant à la mer le trop plein de l’Euphrate par la rive droite. Maintenant le soleil de l’été dessèche seul une partie de ces lagunes malsaines, et brûle en même temps la végétation herbacée qui s’y [Image à reprendre]

développe au printemps avec une rapidité prodigieuse. Le thermomètre, qui ne tombe guère au delà de 5 degrés au-dessous de zéro en hiver, remonte rapidement et se tient à plus de 40 degrés au-dessus le reste de l’année ; il atteint même souvent 50 degrés, ce qui, joint à l’humidité provenant des marais, rend le climat très malsain, surtout pour les Européens. En novembre et décembre, il tombe des pluies continuelles ; les autres saisons ne connaissent que des orages passagère, mais d’une violence inouïe, principalement de mai en novembre. le vent soulève alors le sable du désert, qui vient recouvrir le ter environs de Hit sur l’Euphrate, le naphte et le bitume, qui servaient de ciment pour les anciennes constructions babyloniennes, comme le fait remarquer l'Écriture, dont les vieux monuments confirment pleinement le témoignage. Au lieu de la pierre et du marbre qui leur manquaient, les Babyloniens utilisaient l’argile, dont ils faisaient des briques soit cuites au feu, soit seulement séchées au soleil, Gen., xi, 3 ; dans ce dernier cas, des lits de roseaux mêlés au bitume ou à l’argile et de nombreusesouvertures en forme de meurtrières, des aéroducs, laissaient une issue à l’humidité ; et le revêtement de l'édifice

La noms modernes sont écrits est caractères t /ili/brmes l et mis entre parenthèses Les noms anciens sont en caractères oras,

leprentzer est celuidelà, Vufcate, l’autre,

eekai des textes cunéiforme*

i.Thnillier, délV

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410. — Carte de la Babylonie.

rain abandonné par les eaux stagnantes. Ce pays, qui, laissé de la sorte à lui-même, ne produit guère que d'énormes roseaux, souvent reproduits sur les bas-reliefs assyriens, était autrefois d’une fertilité extraordinaire : ager totius Orientas fertilissimus. Pline, H. N.j vi, 30 ; xviii, 45. Hérodote, i, 193, remarque qu’au lieu du figuier, de la vigne et de l’olivier, qui lui font totalement défaut, il a en surabondance les céréales et le froment, ainsi que les dattes et le sésame. Actuellement on trouve sur les berges du fleuve le tamarisque, le grenadier et l’acacia ; et dans les jardins on cultive les arbres fruitiers, orangers, grenadiers, etc. Quant aux arbres mentionnés dans le psaume Super flumina Babylonis, il paraît que ce sont des saules pleureurs (Salix babylonica des botanistes, gharab des Arabes). Karl Koch, Dendrologie, Erlangen, 1872, ne part., p. 507. La faune comprend le lion, le léopard, l’hyène, le chacal, le buffle, la gazelle, nombre d’espèces de poissons et d’oiseaux aquatiques, etc.

Le sol, tout d’alluvion, ne contient guère de richesses minérales} le nord offre cependant, principalement aux

était fait en briques cuites et muni de puissants contreforts. De la sorte, les constructions étaient fort massives et les murs fort épais ; cette épaisseur avait pour résultat de maintenir dans les habitations un peu de fraîcheur, comme on en trouve dans les serdabs, espèces de caves où les habitants se réfugient maintenant. Ces constructions massives, aujourd’hui tombées en ruines, forment des tells ou véritables monticules, qui seuls interrompent la monotonie de ces plaines marécageuses. L’absence de calcaire faisait remplacer les bas-reliefs d’albâtre, si souvent employés dans les palais assyriens, par une ornementation plus simple : des dessins géométriques composés de saillies et de rainures, ou encore formés par de petits cônes d’argile encastrés dans le revêtement des murs, enfin des briques émaillées ou un simple enduit qu’on décorait de peintures aux vives couleurs, mentionnées dans Ézéchiel, xxiii, 5-16. G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. ii, p. 250-263 ; 272-324.

Ces tells marquent le site des villes les plus célèbres de la Babylonie ; les plus importantes étaient au sud, dans

le pays de Sumer eu Scnnaar proprement dit : Eridu, actuellement Abu-Sharein, au milieu des marais du bas Euphrate, sur la rive gauche ; Vru, Y’Ur-Kasdim, Ur des Chaldéens de la Bible (Gen., xi, 28), la Mugheir actuelle, sur la rive droite de l’Euphrate, la patrie d’Abraham ; Uruk, l’Arach biblique, la Warka actuelle, plus haut, sur la rive gauche, et l’une des villes de la tétrapole méridionale de Nemrod ; Larsa, l’EUasar de l’histoire d’Abraham (hébreu, Gen., xiv, 1), actuellement Senkéréh, sur la rive gauche ; puis au nord, dans le pays d’Akkad, à cheval sur l’Euphrate, Babilu, la Babel biblique, Babylone ; en remontant encore et non loin de la rive gauche de l’Euphrate, sur un canal, Akkad et Sippar, sorte de ville double, mentionnée dans la Bible sous les noms d’Achad et Sépharvaïm.

On trouve encore des ruines considérables à Nipour, entre les deux fleuves, actuellement Niffer et Kutù, la Cutha biblique ( ?), actuellement Tell - Ibrahim, d’après Smith et H. Rawlinson. Il faut y ajouter le site considérable de Tell-Loh, dont le nom ancien, écrit en idéogrammes, est lu par les uns Sir-pur-la, parles autres Lagas.

Voir El. Reclus, Géographie universelle, t. ix, p. 398-411, 432, 450460 ; Fr. Delitzsch, Wo lag das Paradies, 169-196, 196-232 ; G. Rawlinson, The five great monarchies, t. i, p. 1-42 ; Lenormant - Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, t. iv, p. 1-18 ; Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. ii, p. 1-14 ; Layard, Discoveries in the ruins of Nineveh and Sabylon, in-8°, Londres, 1853.

II. Ethnographie, langage. — Comme l’Assyrie était une colonie babylonienne, il suffira de se reporter aux titres correspondants de l’article Assyrie, en les complétant pour ce qui regarde spécialement la Babylonie à l’aide des quelques observations suivantes. Bérose, Historicorum grœcorum Fragmenta, édit. Didot, t. ii, p. 496, nous représente la Babylonie comme peuplée par dès races diverses : son témoignage est pleinement confirmé par la Bible, qui nous y montre à la fois des Chamites, Gen., x, 6-13, . ou plus exactement des Couschites comme Nemrod, et des Sémites tels que Tharé et Abraham. Gen., x, 22-25j et xi, 11-32. Les noms royaux et les inscriptions cunéiforme ? anciennes nous montrent que la prépondérance passa peu à peu à l’élément sémitique de la population, et assez tardivement. On trouve, en effet, en Babylonie deux sortes d’inscriptions différentes, et qui, d’après presque tous les assyriologues, appartiennent à deux idiomes différents, l’un à flexion, du groupe sémitique ou à racines tdlittères, le babylonien proprement dit ; l’autre agglutinant, qu’on nomme akkadien, sumérien, ou encore proto-chaldéen. Les plus anciens textes sont rédigés en ce second idiome, par exemple, ceux de la collection de Sarzec, au Louvre : les modernes sont en babylonien proprement dit ; il y a aussi dés textes bilingues, historiques, religieux, etc., rédigés dans l’un des deux idiomes, puis traduits dans l’autre.

L’idiome sémitique babylonien différant à peine de la langue assyrienne, l’un et l’autre ont été étudiés simultanément au mot Assyrienne (langue). Quant à l’autre idiome, sumérien, akkadien ou proto-chaldéen, il appartient, comme les langues altaïques, au groupe agglutinant. Les racines, généralement monosyllabiques, deviennent substantif, adjectif ou verbe, suivant la place qu’elles occupent et suivant les préfixes ou affixes qui les accompagnent : « vivre, » ti ; « vie, » nam-ti ; « il a vécu, » in-ti. — La déclinaison est remplacée par un mécanisme de postpositions, rejetées ainsi que les pronoms suffixes, et une terminaison plurielle, ra, de très rare emploi, non seulement après le substantif, mais après son qualificatif ou même après tout le membre de phrase qui s’y rapporte : « à Bau enfant du ciel, » Bau dumu Ana-ra ; « aux grands dieux, » dingir galgalene-ra. La conjugaison se forme en plaçant le pronom soit avant, soit après la racine verbale, mais sans adhérence absolument parfaite ;

le pronom régime se place même régulièrement entre le pronom sujet et la racine verbale : « il t’a bâti, » in-nan~ru ; « il a bâti, » inru. Les pronoms personnels ou possessifs appartiennent au thème « ta pour la première personne, za pour la deuxième, na pour la troisième, mais avec voyelle variable ; la troisième personne a aussi des formes dérivées en plus grand nombre que les deux autres. La négation est nu, placée avant le verbe et souvent contractée en une seule syllabe avec le pronom sujet. On a même constaté des variations dialectales, que les uns croient représenter le sumérien langue du sud et l’akkadien langue du nord, et que d’autres croient représenter le même idiome, sous une forme primitive et sous une forme plus récente. Plusieurs noms suméroakkadiens sont passés, par l’intermédiaire des Assyriens, jusque dans la langue hébraïque : par exemple, tur-tan, le Tharthan de Sennachérib. IV Reg., xviii, 17.

L’écriture est la même au fond que l’assyrienne ; toutefois, dans les inscriptions les plus anciennes, les caractères n’ont pas encore la forme du coin ou clou ; ce sont des lignes qui dessinent plus ou moins exactement l’objet dont on veut, soit suggérer l’idée, soit reproduire la prononciation, par idéographie ou par phonétisme. Quand la forme du clou apparaît, les caractères sont généralement un peu plus complexes que dans l’écriture assyrienne ; cette forme archaïque et compliquée est même reproduite de préférence dans des inscriptions de la dernière période : par exemple, dans celle de Nabuchodonosor dite « de la Compagnie des Indes », The Cuneiform Inscriptions of Western Asia, 1. 1, pi. 53. — Voir Fr. Lenormant, Lettres assyriologiques, deuxième série, études accadiennes, 1873-1880 ; J. Oppert, Éludes sumériennes, sumérien, ou accadien, dans le Journal asiatique, 1875, t. v, p. 267318 ; 442-500 ; P. Haupt, Die akkadische Sprache (tiré du 5e congrès des orientalistes), Berlin, 1883 ; Fr. Hommel, Die sumeroakkadische Sprache und ihre Verwandtschaftsverhàltnisse, 1884.

III. Religion. — La religion" babylonienne ne différait guère de celle de l’Assyrie, seulement le caractère local du polythéisme régnant dans les deux pays paraît avoir été beaucoup plus accusé en Babylonie qu’en Assyrie. A. H. Sayce, Lectures on the origin and growth of religion as illustrated by the religion of the ancient Babylonians, 1887, p. 89, 91, 125, 142, etc. Assur, la divinité éponyme de l’empire assyrien, n’était naturellement pas le dieu des Babyloniens ; mais, dès les temps des plus anciennes inscriptions, nous voyons que les autres dieux vénérés en Assyrie avaient en Babylonie l’origine première de leur culte : Eridu était consacrée au dieu Ea, l’esprit de l’abîme ; Ur au dieu lunaire Sin ; Larsa au soleil Samas ; Arach à Istar (la planète Vénus) et à la déesse Nana, II Mach., i, 13, 15 ; Nippour au dieu Bel ; Cutha à Nergal, dieu lion, IV Reg., xvii, 30, seigneur des tombeaux ; Borsippa à Nabo ; Sippar et Achad à Samas et Anunit (voir Anammélech et Adrammélech) ; Babylone à Marduk, désigné communément sous le simple titre de bel, « seigneur, » Hérodote, i, 181, fils du dieu Ea et époux de la déesse Zirbanit ou Zarpanit. Audessus de tout ce panthéon, il semble planer une sorte de divinité commune à tous les Sémites, Ihi, V’El hébreu, phénicien, himyarite, etc., dont la personnalité paraît tellement effacée, que plusieurs auteurs, à rencontre, il est vrai, de la généralité des assyriologues, le regardent comme une simple abstraction, l’expression de l’idée de dieu en général, et non pas un nom propre, tandis que d’autres croient y voir un dieu distinct, correspondant à peu près à l’Assur des Assyriens. Du reste la qualité de dieu suprême, « maître du ciel et de la terre, roi de tous les autres dieux, » passe facilement de l’un à l’autre dieu du panthéon babylonien, chaque dieu local étant généralement considéré par ses adorateurs comme le maître des dieux. Diodore de Sicile, ii, 30, 3 ; Phiîoa de Byblos, dans Uistoncarum grœcorum Fragmenta, t. iii, p. 507,

568, 570-571 ; Eb. Sehrader, dans Riehm, Handwôrterbuch des biblischen AUertums, 1884, t. i, p 109-110, 135 ; et Schrader-Whitehouse, The cuneiforni Inscriptions and the Old Testament, 1885, t. i, p. Il ; Fr. Delitzsch, Wo lag das’Parodies, p 164 et 165 ; Fr. Lenormant, Les Origines de l’histoire, t. i, appendice, p. 525-526.

Ainsi qu’en Assyrie, le culte se pratiquait dans les temples proprement dits et sur des tours ou pyramides à étages. Daniel, xiv, 2-25, et Baruch (lettre de Jérémie, VI, 9-42) ont exactement décrit les cérémonies, les processions et les offrandes en aliments et en parfums. Hérodote, i, 183. La littérature religieuse et les légendes, les différents récits de la création, celui de Cutha, analogue à celui de Bérose, Historicorum grsecorum. Fragmenta, t. ii, p. 497, et celui d’Assurbanipal, analogue à celui de Damascius ; la légende d’Izdubar-Gilgamès avec le récit du Déluge ; la lutte de Mardouk et Tiarnat : tous ces textes, que nous ont conservés les scribes ninivites, étaient originaires de la Babylonie. Sayce, Lectures on the religion of the ancient Babylonians, p. 367^412 ; Records of the past, new ser., t. i, p. 122-153 ; t. vi, p. 107-114 ; Smith-Delitzsch, Chaldàische Genesis, 1876, p. 252-255.

IV. Histoire. — L’histoire de la Babylonie est moins bien documentée et moins suivie que celle de l’Assyrie ; néanmoins nous avons sur l’empire babylonien un grand nombre de données certaines.

1° Données bibliques. — La Genèse nous montre la fondation de Babylone et les commencements de son empire, ainsi que la colonisation de l’Assyrie par les tribus du Sennaar, Gen., xi, 2-9 ; x, 8-13 ; elle nous représente également Abraham sortante la Chaldée, de la ville d’Ur, Gen., xi, 31 ; puis bientôt nous apprenons que ce pays tombe sous le joug élamite à l’époque de Chodorlahomor. Gen., xiv, 1-2. À cette époque les relations cessent totalement entre les deux peuples, et l’Écriture, à part l’allusion au manteau de Sennaar, Jos., vii, 21 (hébreu), ne nous parle plus de Babylone qu’après la destruction de Samarie : c’était l’époque où la Babylonie était tombée sous le joug de son ancienne colonie, et nous apprenons que Sargon transféra en Samarie des captifs babyloniens, originaires de Babylone, Cutha, Avah et Sépharvaïm. IV Reg-, xvii, 24. Sous Ézéchias, les envoyés du roi de Babylone viennent faire alliance avec lui contre l’Assyrie et Sennachérib, toujours menaçants : Isaïe nous apprend avec quelles attentions Ézéchias reçut ces envoyés de Mérodach-Baladan, IV Reg., xx, 12-18 ; Is., xxxix, 1-7 ; c’est alors qu’il prédit la captivité à Babylone, au moment même où le royaume babylonien était dans la situation la plus critique par le fait de l’Assyrie, qui semblait aussi être l’ennemi le plus redoutable de Jérusalem. Dès le règne de Joram ( ?), Abdias avait annoncé la ruine d’Édom, qui fut accomplie, en partie du moins, par Nabuchodonosor ; Abdias, 1-9, ne nous dit pas qui se chargera d’exécuter les châtiments qu’il annonce. On peut en dire autant des deux premiers chapitres d’Amos, quoique ces deux prophètes paraissent s’occuper plutôt des conquêtes assyriennes. Michée, qui prophétisait du règne de Joatham à celui d’Ézéchias, annonce sans plus d’explication que Jérusalem sera détruite, iii, 12 ; vii, 13 ; mais, iv, 10, il déclare que c’est à Babylone que la fille de Sion sera captive, et que là cependant Dieu la rachètera des mains de ses ennemis ; Jérusalem sera même rebâtie, vii, 11. Isaïe, qui commença à prophétiser vers la même époque, est plus explicite. Il annonce, outre la captivité à Babylone, xxxix, 1-7, la fin de cette captivité et la délivrance par Cyrus, xi.iv, 26-28, xlv, 1-15 ; la reconstruction de Jérusalem et du temple, xliv, 26-28 ; la destruction de Babylone,-xlvi, xlvii, etc. ; xm, 1-xiv, 23 ; xxi, 1-10. De plus il annonce la ruine des Philistins, de l’Egypte, de Tyr, xxiii, à laquelle les Babyloniens contribuèrent pour leur part. Nahum, qui prophétisa sous Manassé et sous Assurbanipal, peu après

la prise de Thébes, en Egypte, au temps de l’apogée de la puissance ninivite, prédit la chute de Ninive, sans ajouter toutefois que Babylone y aura la grande part. Sophonie, sous Josias, fait la même menace, ii, 13, annonçant aussi en termes généraux la désolation de Jérusalem et de Juda, i, 1-18. Vers la même époque ou un peu plus tard, Habacuc, dans sa première partie, s’occupe exclusivement de Babylone et de l’empire chaldéen, dont il décrit en termes généraux les succès, 1, 1-11, et la chute, r, 12-n, 20. Jérémie, au contraire, s’occupe en détail des Babyloniens ; il assistait du reste à l’agonie du royaume de Juda, rappelant vainement à ses compatriotes la soumission aux décrets de Dieu et à ses châtiments, et cherchant à les prémunir contre la politique désastreuse, et toujours en faveur à Jérusalem, qui consistait à s’appuyer sur l’Egypte pour lutter contre Babylone, comme, au temps d’isaïe, on croyait aussi devoir s’appuyer sur l’Egypte pour lutter contre Ninive. Il annonce donc la prise de Jérusalem par les Chaldéens, iv, 5-vi, 30 ; xxi, 1-10, etc., et la captivité, x, 13 ; xx, 3-6, etc ; il ajoute que cette captivité ne durera que soixante-dix ans, xxv, 8-14 ; xxix, 10-14 ; xxx, 1-xxxi, 40 ; xxxii-xxxin ; il annonce aussi la chute de Babylone, l-li, avec le secours des Mèdes, Li, 11, et leurs alliés les rois d’Ararat, de Menni et d’Ascénez, li, 27. Comme dans Isaïe, les peuples circonvoisins sont également menacés, principalement l’Egypte, xliii, 8-13 ; xliv, 29-30 ; xlvi, 13-28, où les Juifs se réfugiaient, et dont le prophète annonce la conquête par Nabuchodonosor. La partie historique de Jérémie constate l’accomplissement de la partie prophétique relative au royaume juif, xxviii, xxta, xxxiv, 6-7 ; xxxix, 1-xli, 13 ; lu. — Baruch répète les idées de Jérémie : les captifs juifs sont châtiés, i-m ; mais bientôt ce sera le tour de leurs ennemis, iv-v. Le chapitre vi est une lettre de Jérémie décrivant fort exactement l’idolâtrie babylonienne. — Ézéchiel est le prophète de la période babylonienne par la forme comme par le fond : sa vision des chérubins rappelle un motif des plus fréquemment répétés dans l’art assyrobabylonien ; la vision des ossements desséchés nous transporte dans un de ces cimetières chaldéens, comme il s’en trouvait, avec des proportions tout à fait extraordinaires, autour des grandes villes de la basse Babylonie, Arach (Warka), Ur, etc. Quant au fond, de i-xxiv, il ne fuit guère qu’annoncer la prise et la destruction finale de Jérusalem par Nabuchodonosor, avec ses diverses circonstances : famine, iv, 9-17 ; incendie, x ; fuite du roi Sédécias, xii, 3-16, etc. ; de xxv-xxxii, il annonce les conquêtes étrangères de Nabuchodonosor, principalement celle des villes phéniciennes et de Tyr, xxvi-xxviii, et celle dé l’Egypte, xxix. Toute la suite est consacrée à annoncer la fin de la captivité, le retour de Babylone et le rétablissement du royaume juif. — Daniel fut à la fois le prophète et l’historien de la chute de la monarchie babylonienne. Lés quatre premiers chapitres ont trait au règne de Nabuchodonosor, à sa gloire, ses superstitions, ses cruautés, l’orgueil avec lequel il contemple cet empire et cette capitale magnifique, dont l’étendue et l’éclat sont l’œuvre de ses mains ; le chapitre v nous transporte brusquement au règne de Nabonide, avec Balthasar pour viceroi, et nous fait assister à la prise de Babylone par Darius le Mède (voir ce nom) ; puis Cyrus monte personnellement sur le trône de Babylone. Les prophéties qui suivent, vii-xii, annoncent les dominations perse, grecque, romaine et messianique, qui succéderont à l’empire babylonien.

2° Renseignements de sources profanes. — Les textes cunéiformes complètent où expliquent ces renseignements fournis par la Bible. Les auteurs classiques, Hérodote, Ctésias, Diodore de Sicile, etc., sont peu utiles pour l’histoire babylonienne. Les renseignements fournis par Bérose le sont beaucoup plus ; malheureusement son ouvrage est en grande partie perdu. Historicorum grsecorum fragmenta, t. ii, p. 496-509. Les textes cunéiformes, provenant soit de

Babylonie, soit d’Assyrie, les ont heureusement complétés et éclaircis ; toutefois les documents babyloniens le cèdent en deux points aux documents assyriens : la plupart des inscriptions royales s’occupent plus à relater les constructions de chaque souverain que les faits politiques ; de plus, elles sont datées souvent par un événement remarquable, ouverture d’un canal, construction d’un temple, cérémonie religieuse, etc., qui ne nous apprennent rien au point de vue chronologique, tandis que la chronologie assyrienne est exactement fixée par la liste des limu ou éponymes. À la vérité, les Babyloniens ont dressé des listes des événements employés comme date, année par année, mais jusqu’ici on n’en possède que quelques petits fragments peu utilisables. Y. Scheil, Les formules de chronologie en Chaldée et en Assyrie, dans la" Revue biblique, avril 1893, p. 216. Plusieurs listes royales ont permis cependant d’arrêter les grandes lignes de l’histoire babylonienne jusqu’au xxv siècle avant J. - G. Le point fixe de cette histoire est l’ère de Nabonassar, en 747, qui sert de point de départ au canon chronologique de l’astronome alexandrin Ptolémoe, et qui est au contraire presque le point d’arrivée de nos listes babyloniennes.

Des inscriptions babyloniennes, utilisées par les Assyriens, rapportaient l’origine du monde, l’histoire du déluge, la colonisation de l’Assyrie ; puis on entrait dans la période historique proprement dite, lzdubarGilgamès, le héros de la légende du déluge, paraît correspondre au Nemrod biblique. Nous voyons par les inscriptions qu’à l’origine la Babylonie formait un réseau de petites principautés plus ou moins indépendantes les unes des autres. Vers l’an 3800 régnaient à Akkad, l’Achad biblique, Sargon l’ancien et Naram-Sin son fils ; des inscriptions astrologiques nous montrent que dès lors ils firent des conquêtes assez lointaines, en Syrie et jusqu’à la péninsule sinaïtique ( ?). À une époque également fort ancienne, peut-être même plus ancienne encore, Tell-Loh ( Si-pur-la[ ?]) était la capitale d’un petit royaume où l’on a retrouvé beaucoup d’inscriptions et de ruines curieuses, avec une série royale dont le nom le plus connu est celui de Gudéa. En même temps la ville d’Ur, la patrie de Tharé, possédait une dynastie puissante, à laquelle Tell-Loh finit même par appartenir. Les souverains d’Ur prennent le titre de roi de Sumer et d’Akkad, qui paraît indiquer une domination ou du moins une suzeraineté sur la Babylonie entière, du nord au sud. Ur-Bagas ( ?) et Dun-gi ( ?), son fils, ont, en effet, laissé des constructions à Ur, à Arach, à Larsa, à Nippour, à Cutha, etc., ainsi que leurs successeurs ; mais les grandes villes babyloniennes conservaient souvent leur roi, qui devenait simplement vassal de celui d’Ur ; il arrivait même de temps en temps que les rapports étaient renversés, et que des princes comme ceux de’Isin prenaient le titre de roi d’Ur et de toute la Babylonie.

La Babylonie eut ensuite à subir, vers 4e xxme siècle, une invasion élamite, conduite par des princes Koudourides, ainsi nommés du premier élément de leur nom royal ( Koudour-Lagamar, Koudour-Nankounta, etc.). Une inscription d’Assurbanipal nous apprend que Koudour Nankounta envahit la Chaldée et pilla Arach vers 2245 ; plusieurs inscriptions de Koudour -Maboug et Rim-Akou, son fils, nous apprennent qu’ils maintinrent leur domination au moins sur la partie méridionale de la Babylonie et la Syrie : la Bible, corroborant de son témoignage ces données historiques, nous les montre s’étendant jusqu’aux régions transjordaniennes. Larsa, l’EUasar biblique, suivant l’hébreu, Gen., xiv, 1 (voir Amraphel et Arioch), fut la capitale babylonienne de ces conquérants, qui de là exercèrent leur suprématie ou leur suzeraineté sur les autres villes chaldéennes, Arach, Ur, Éridou, Lagas ; ils allèrent jusqu’à prendre le titre de roi de Sumer et d’Akkad, quoiqu’ils ne paraissent pas avoir occupé la Babylonie même. Une dynastie nationale dont nous avons tous les noms se maintint de 2419 à 2115 avant J.-C. C’est à

cette dynastie, et probablement à Hammourabi, qu’on doit l’expulsion des envahisseurs. Hammourabi a laissé de nombreuses inscriptions qui nous apprennent que sous son règne la Babylonie fut florissante, qu’il s’appliqua à construire des temples, à creuser des canaux, des forteresses, etc. C’est durant cette période que les enfants de Tharé, ancêtres des Hébreux, quittèrent la Chaldée et la ville d’Ur, pour se diriger, par la Mésopotamie septentrionale, vers la Palestine. À cette même époque, le triomphe de la partie sémitique de la population chaldéenne sur la partie chamitique ou couschite devint définitif : la langue suméro-akkadienne cessa d’être d’usage vulgaire et passa à l’état de langue morte et savante.

Une seconde invasion vint bientôt interrompre la prospérité de Babylone, celle des Kassi, les Cosséens ou Cissiens de la géographie classique, descendus de montagnes à l’est du Tigre. Frd. Delitzsch, Wo lag das Paradies, p. 31, 124, 128 ; Die Sprache der Kossâer, p. 62-63 ; Pognon, dans le Journal asiatique, 1883, t. ii, p. 422-425 ; Id., Inscription de Bavian, p. 122-124 ; Records of the Past, new ser., t. i, p. 16 ; t. v, p. rai, 107 et suiv. ; The Academy, 13 août 1892, p. 133. Leur domination sur la Babylonie dura près de six siècles (1747-1170), durant lesquels leurs inscriptions montrent qu’ils s’assimilèrent la langue, la civilisation et la religion de leurs sujets ; mais elles sont muettes sur le côté politique, et ce sont les inscriptions assyriennes dites synchroniques qui nous apprennent que dès lors l’Assyrie commença la lutte contre la Babylonie, son ancienne métropole. C’est durant cette même période que la Babylonie entra en relations avec l’Egypte. Les conquêtes des pharaons de la xviii 8 dynastie, principalement Tothmès 1Il et Aménophis II, dans le Boutennou, le Naharanna ou la Syrie, jusqu’à Cadès et Charcamis, leur permirent de soumettre passagèrement au tribut quelques princes babylonieus ou du moins assyriens, et de mentionner comme vassaux les princes d’Assur, Singar ou’Senkéréh, et peut - être Arach. Maspero, Histoire ancienne, 1886, p. 198-204 ; G. Rawlinson, History ofancient Egypt., t. ii, p. 234-235, 255 ; Records of the Past, Annals of Tothmes III, t. ii, p. 46, 49, 61, new ser., t. v, p. 25-42. Mais les tablettes de Tell el-Amarna, tout en confirmant le fait de rapports suivis entre l’Egypte et la Babylonie, nous montrent que les monarques kassites de Babylone traitaient avec les pharaons sur le pied d’égalité ; elles nous permettent aussi de constater qu’à cette époque la civilisation, et probablement l’autorité de Babylone, s’étendaient sur toute la partie occidentale de l’Asie : la langue babylonienne, plus ou moins modifiée, était alors la langue de chancellerie de toute la Syrie et de la Palestine, y compris Jérusalem, dont les Hébreux n’avaient pas encore fait la conquête. Mais comme les inscriptions historiques chaldéennes de cette époque font, pour ainsi dire, totalement défaut, nous ignorons la marche de ces agrandissements successifs de l’influence ou de la domination babylonienne ; toutefois les inscriptions de Tell el-Amarna, émanées un peu de partout, ne laissent aucun doute sur le fait lui-même. Records of the Past, new ser., t. ii, p. 57-71 ; t. iii, p. 55-90 ; t. v, p. 54-101 ; t. vi, p. 46-75 ; P. Delattre, Proceedings of the Society of Biblical Archseology, décembre 1890, p. 127 et suiv. ; H. Winckler, Der Thontafelfund von El-Amarna ; Halévy, dans le Journal asiatique, 1890, t. xvi, p. 298 et tomes suiv.

En tout cas, l’autorité de l’Egypte cessa d’être réelle en Babylonie, si elle l’y fut jamais, dès la XIXe dynastie, surtout vers la fin de cette dynastie, qui marque pour l’Egypte une période d’abaissement. Alors l’Assyrie, qui n’était dans l’origine qu’une colonie babylonienne, commence avec Babylone une série de luttes qui finit par l’extinction de la monarchie assyrienne. Ces luttes, interrompues par des traités de paix peu durables, commencent dès le xive siècle ou la fin du xve. — Babylone secoue le joug des KaSSites vers 1170 ; peu après, de 1055 à 1049, nous voyons roi de Babylonie un Élamite dont le nom nous est

inconnu, non moins que les circonstances qui le portèrent au trône. — En 1049, la Babylonie ressaisit son indépendance ; mais les renseignements historiques nous font à peu près défaut, si l’on en excepte ce qui a trait aux luttes avec l’Assyrie, qui se poursuivent jusqu’à l’ère de Nabonassar. C’est en 747 que ce roi, en babylonien Nabunaçir, monta sur le trône ; toutefois aucun texte n’indique que les Babyloniens eux-mêmes aient réellement pris cette époque comme point de départ de leur comput chronologique. — L’Assyrie était alors une formidable puissance, dont les conquêtes avaient déjà entamé la Syrie et la Palestine. Théglathphalasar, qui y régnait, envahit la Babylonie, dont il se déclara d’abord suzerain ; bientôt il en prit même le titre de roi, et la gouverna deux ans (728-726). Les textes babyloniens le désignent quelquefois sous le nom de Pulu, le Phul de l’Écriture, le Ilwpo « du canon de Ptolémée. Salmanasar, aussi nommé en Babylonie Ulula ( 726-721), régna également sur l’Assyrie et la Babylonie ; mais dès les premières années de Sargon, son successeur, Mérodach-Baladan, appuyé par l’Élam, secoua le joug assyrien et remonta sur" le trône de Babylone (721-709). Sargon finit par le détrôner, et prit comme ses prédécesseurs le titre de roi d’Assyrie et de Babylone (709-704). Sennachérib, son fils, ne régna personnellement sur Babylone que deux ans (704-70.2) ; puis (702 à 688) plusieurs monarques nationaux y prirent le titre de roi, les uns comme vassaux de l’Assyrie, les autres tout à fait indépendants ; parmi ces derniers, il faut noter Mérodach-Baladan (702), le même qui envoya une ambassade à Ézéchias, adversaire, comme Mérodach-Baladan lui-même, de Sennachérib. Les Élamites, ennemis des Assyriens, entretinrent à Babylone toutes ces agitations, auxquelles Sennachérib mit fin en s’emparant de nouveau de la Babylonie, en jetant en prison le roi national Musézib-Mardouk, en battant l’Élam, et en reprenant lui-même le gouvernement de la Babylonie (688-680). Asarhaddon, son fils (680-667), régna sur les deux pays jusqu’en 668, époque où il abandonna l’Assyrie à Assurbanipal, continuant lui-même jusqu’à sa mort, survenue un an plus tard, de gouverner Babylone. Assurbanipal donna comme roi aux Babyloniens son propre frère, Samas-sum-ukin, le EaoaSouxi’vo ; de Ptolémée (667-647). Celui-ci ayant suscité contre son aîné une formidable coalition de tous les tributaires de l’Assyrie, y compris Manassé, roi de Juda, vit ses alliés battus tour à tour, puis son propre royaume ravagé, enfin fut pris et brûlé vif. Assurbanipal réunit encore une fois entre ses mains les deux monarchies (647-625). C’est à Babylone, où il résida lui-même assez longtemps, que Manassé de Juda lui fut amené prisonnier.

Tandis, que vers cette époque et sous les faibles successeurs d’Assurbanipal l’Assyrie eut beaucoup à souffrir d’une invasion des Cimmériens et d’une révolte des Mèdes, Babylone, au contraire, prospéra entre les mains de son roi Nabopolassar, Nabu-abal-usur (625-604), au point que, quand Ninive fut de nouveau assiégée par Cyaxare le Mède, Nabopolassar se joignit à lui pour en finir avec la suzeraineté de l’Assyrie. Ensemble ils prirent et pillèrent Ninive, mirent fin à la monarchie assyrienne et s’en partagèrent les dépouilles (606 [ ?]). Babylone hérita de l’Élam, de la vallée de TEuphrate, de sa suzeraineté ou du moins de ses prétentions sur la Syrie, la Palestine et l’Egypte. Ce dernier pays était alors aux mains d’un prince national, Néchao II ( XXVIe dynastie), qui voulut aussi profiter de la chute de Ninive pour se rendre maître de la Syrie, afin de n’être plus exposé à voir pénétrer jusqu’au cœur de l’Egypte les invasions mésopotamiennes. U envahit donc la Palestine, battit et tua Josias de Juda à Mageddo, IVReg., xxiii, 29 ; II Par., xxxv, 20, conquit le pays jusqu’à TEuphrate, et commença à assiéger Charcamis, Nabopolassar envoya contre Néchao son fils Nabuchodonosor, qui battit les troupes égyptiennes à Charcamis (606[ ?j), reprit possession de la

Syrie, occupée par Néchao, et de la Palestine, où il reçut la soumission de Joakim, et poursuivit le roi d’Egypte jusqu’à Péluse. C’est là que Nabuchodonosor apprit la mort de son père ; il traita donc avec Néchao, se réservant de reparaître plus tard dans la vallée du Nil, et revint en toute hâte à Babylone prendre possession du trône.

Nabuchodonosor (604-561) eut l’un des règnes les plus glorieux et les plus longs de la monarchie babylonienne, et son souvenir éclipsa celui de ses faibles successeurs. Les circonstances l’obligeaient à reprendre pour son propre compte le plan des monarques assyriens Asarhaddon et Assurbanipal : assurer sa domination sur toute l’Asie occidentale, et dans ce but soumettre l’Egypte. Malheureusement les Phéniciens et les Juifs, excités par l’Egypte sans doute, supportaient impatiemment le joug babylonien et négociaient avec Néchao. Instruit de ces intrigues, Nabuchodonosor (602) revint en Palestine, battit Joakim, lui imposa un fort tribut et en exigea des otages. Joakim s’étant révolté de nouveau, comptant sur l’appui de l’Egypte et des Phéniciens de Tyr, attira une seconde fois contre lui l’armée babylonienne : Jéchonias, qui venait de remplacer son père sur le trône (599), fut détrôné, envoyé prisonnier avec dix mille hommes à Babylone, et remplacé par Sédécias. Ce dernier, profitant de quelques embarras survenus à Nabuchodonosor sur les frontières de l’est, renouvela la tentative de ses prédécesseurs, sans plus de succès. Nabuchodonosor revint mettre le siège devant Jérusalem (588), détruisit la ville et le temple. Ce prince fit de nombreuses campagnes, mais il se signala surtout comme infatigable bâtisseur. L’orgueil qu’il en conçut et le châtiment qui le suivit sont racontés dans les Livres Saints, et aussi, fragmentairement, dans les auteurs anciens.

Nous savons peu de chose des successeurs de ce prince ; Evilmérodach (561-559), fils de Nabuchodonosor, fut détrôné et mis à mort par son beau-frère, gendre du même monarque, Nériglissor, Nergal - Sar - icçur (559-556), qui travailla aussi activement à l’embellissement de la capitale ; mais comme à sa mort il ne laissait pour héritier qu’un enfant, le Labosorrakos de Bérose, on pronostiqua que cet enfant régnerait en tyran, et on le mit à mort. Sans doute que sous ces pronostics des astrologues chaldéens se cachait la crainte de n’avoir pour défenseur qu’un enfant, au moment où, sur la frontière de l’est, Mèdes ou Perses donnaient déjà des sujets d’inquiétude. Le chef de la conspiration, Nabonide ou Rabu-nahid, fils d’un grand dignitaire sacerdotal de l’empire, monta sur le trône (555-538) ; mais il s’occupa beaucoup de restaurer les temples anciens de la Chaldée, et trop peu, semble-t-il, de la puissance croissante des Perses ; de plus, le bon accord cessa vite entre lui et ceux qui l’avaient porté à l’empire. Cyrus, qui venait de joindre à son royaume de Perse celui du Mède Astyage profita de cet accroissement de puissance pour déboucher par le nord de la Mésopotamie. Au lieu de marcher à sa rencontre, Nabonide envoya pour protéger la frontière babylonienne son fils Baltassar, Bel-Sar-ufur, qui paraît avoir été associé à l’empire même avant cette époque. Mais Cyrus n’envahit la Babylonie proprement dite que huit ans plus tard, en 538. Nabonide, s’étant porté à sa rencontre, fut battu à Rutu, et se replia sur Babylone. Cyrus l’y suivit, l’y assiégea, et s’empara de la ville un jour de fête, en y pénétrant par le lit de TEuphrate desséché, et sans doute aussi aidé des intelligences qu’il avait dans la place et avec le concours des ennemis de Nabonide. Baltassar fut tué ; quant à Nabonide, Cyrus le fit prisonnier et l’envoya gouverner la Carmanie en qualité de satrape. Gubaru, le Gobryas d’Hérodote, vraisemblablement Darius le Mède de Daniel, fut nommé satrape de Babylone : telle fut la fin de l’empire chaldéen restauré par Nabopolassar, illustré par le long règne de Nabuchodonosor.

Les principales villes chaldéennes gardèrent néanmoins

leur importance jusque sous les Séleucides et les Parthes : Babylone resta même une des capitales de l’empire des Perses. À plusieurs reprises elle tenta de reconquérir son indépendance : Cambyse dut réduire Bardés et un prétendu Nabuchodonosor ; Darius, Nidintabel, puis Arahou, qui se donnèrent comme fils de Nabonide ; en 508, encore sous Darius, Babylone secoua le joug pour vingt ans, mais fut reconquise et démantelée. Une nouvelle révolte la fit saccager par Xerxès. Alexandre voulait la reconstruire et en taire sa capitale ; mais la mort l’en empêcha. Séleucus Nicator reprit son projet, mais après un cour ! séjour dans cette ville, il bâtit non loin de là et sur le Tigre une nouvelle capitale, Séleucie. Plus tard, les Parthes en construisirent une troisième en tace de Séleucie et sur l’autre rive du Tigre, Ctésiphon. Bien que ruinée, saccagée, abandonnée par les nouveaux souverains, Babylone conserva encore les restes de ses temples, de sa religion, de. son antique civilisation, sa langue et jusqu’à son écriture cunéiforme, au delà même de l’ère chrétienne : on possède une inscription datée de l’an m de Pacorus, 81 ans après J. -C. Mais peu à peu la ville se dépeupla, elle tomba en ruines, et ces ruines, comme celles de toutes les vieilles cités chaldéennes qui l’entouraient, servirent de carrières et de matériaux de construction pour toutes les cités arabes qu’on éleva depuis dans ces régions. Le reste du pays demeura à l’abandon : les canaux se comblèrent, de sorte que le sable et les eaux stagnantes des marais couvrent maintenant en grande partie le territoire de l’empire chaldéen.

Soit directement, soit par l’intermédiaire de ses colonies, cet empire contribua-pour sa bonne part à la civilisation du monde occidental. Une famille de Chaldéens, sous la conduite de Tharé, vint se fixer en Palestine ; on sait quelle place à part tient dans l’histoire de l’humanité cette famille chaldéenne, qui devint le peuple juif. Dès cette époque du reste, la langue, l’écriture, et sans doute aussi les arts babyloniens, étaient déjà plus ou moins répandus dans l’Asie occidentale, Syrie, Palestine et Cappadoce. Les Assyriens, — autre colonie chaldéenne, — s’étaient chargés de les propager dans les contrées plus à l’est et au nord. Au point de vue scientifique, les bibliothèques de textes cunéiformes récemment exhumées montrent que les anciens n’avaient point exagéré en attribuant aux Chaldéens l’invention des sciences, mathématiques, astronomie et astrologie : c’est d’eux que nous viennent les anciennes mesures, la division actuelle du temps et de l’espace d’après le système sexagésimal.

L’emplacement de Babylone n’a jamais été ignoré, comme l’a été celui de Ninive : le Babil, le Birs-Nimroud, indiquent par leur nom seul que l’on a toujours reconnu dans ces gigantesques amas de décombres les restes de la vieille capitale. Au sud de Babylone, Niffar (Nippour), Warka (Arach), Senkeréh (Larsa), Mughéii (Ur), furent explorés dès 1849-1855, par les Anglais Loftus et Taylor. En 1851-1854, une expédition y fut envoyée par le gouvernement français, sous la conduite de M. J. Oppert, qui releva le plan de l’ancienne Babylone : la plupart des antiquités découvertes sombrèrent malheureusement dans le Tigre. En 1876, George Smith acheta pour le musée Britannique de Londres environ trois mille tablettes, les Egibi-tablets, provenant de Babylone, et fort utiles pour la chronologie. De 1879-1882, Hormuzd Rassam explora Abou-Habba (Sippara), la Sépharvaïm biblique, où il trouva le temple du Soleil et ses inestimables archives ; le palais de Nabonide, à Borsippa ; Tell -Ibrahim (Gutha). De 1875 à 1880, M. E. de Sarzec fouilla avec grand succès le site nommé actuellement Tell-Loh, l’ancienne Sirpourla ou LagaS, où il découvrit un palais, des statues, des inscriptions, etc., remontant à la plus haute antiquité. De 1884 à 1885, l’expédition américaine de Wolfe fouilla aussi la Chaldée ; et la ville de Niflar-Nippour fut explorée par Peters.

Voir, outre les auteurs cités col. 1109, W. K. Loftus, TraveU and Researches in Chaldma and Susiana, 1857 ; H. "Winckler, Geschichte Assyriens und Babyloniens, 1892 ; J. Menant, Babylone et la Chaldée, 1875 ; J. Oppert, Expédition en Mésopotamie, 1862 ; E. de Sarzec, Découvertes en Chaldée, Paris, 1884 et suiv. ; A. Amiaud, The Inscriptions of Telloh, dans les Records of the Past, newser., t. ietil ; Schrader, KeilinschriftlicheBibliothek,

t. iii, Berlin, 1800.
E. Pannier.
    1. BABYLONIEN##

BABYLONIEN (hébreu : bén Babel, « fils de Babylone », Ezech., xxiii, 15, 17, 23 ; ’aniëBâbél, « hommes de Babylone », 11 (IV) Reg., xvii, 30 ; Bablaï, I Esdr., iv, 9 ; BaéuXtovto ; , Baruch, vi, 1 ; Dan., Bel, xiv, 2, 22, 27), habitant de Babylone ou de la Babylonie, ou bien originaire de cette ville et de ce pays. La Vulgate a traduit par Babylonien le nom de Babil ou Babjlone que porte le texte original, IV Reg., xx, 12.

BACA (Vallée de) (hébreu : ’Êméq habbâkâ’; Septante : r » |v xot^âSa toû xXau9|j.ûvoc ; Vulgate : Vallis lacrymarum), vallée par laquelle le poète sacré voit en esprit passer les pèlerins qui se rendent à la sainte montagne de Sion. Ps. lxxxiii (hébreu, lxxxiv), 7. Ce texte est assez obscur, et l’on se demande s’il faut faire de Bâkâ’un nom propre ou un nom commun. Gesenius, Thésaurus lingux hebr., p. 205, rattache ce mot à la racine inusitée s « 3, bâkâ’, identique à nss, bâkâh, « pleurer, » et traduit’Êméq habbâkâ’par « vallée des pleurs ». Il n’admet pas cependant le sentiment des interprètes qui voient ici une vallée de deuil en général : l’article défini placé devant Bâkâ’indique une vallée spéciale, et donne à l’expression’Êméq habbâkâ’le caractère d’un nom propre. À cette signification première de « pleurer » pourrait se joindre celle de l’arbre appelé baka. Certains auteurs, en effet, disent que >03, bâkâ’, a le sens de « dégoutter » ( comme

des larmes) ; d’où le nom pluriel d’nss, bekd’îm, employé

II Reg., v, 23, 24 ; I Par., xiv, 14, pour désigner un arbuste d’où découle un suc résineux semblable au baume..

Cet arbuste, appelé en arabe Sj, bakâ, aurait donné son nom à la vallée. Cf. F. Mûhlau et W. Volck, W. Gesenius’Handwôrterbuch ûber das Alte Testament, in-8°, Leipzig, 1890, p. 109 ; Fr. Delitzsch, Biblical commentary on the Psalms, trad. F. Bolton, 3 in-8°, Edimbourg, 1881, t. iii, p. 6 ; G. B. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 128, au mot Bâcha. Delitzsch, ouvr. cité, p. 5, refuse à’Êméq habbâkâ’la signification de « vallée de larmes », parce qu’en hébreu « pleurs » se dit >33, bekî, nsa, békéh, msa, bâkût, et non pas nds,

bâkâ’. D’un autre côté cependant il faut remarquer que toutes les anciennes versions, Septante, Vulgate, paraphrase chaldaïque, syriaque, arabe, ont rendu bâkâ’par un nom commun, et ont vu ici l’idée de pleurs, de deuil. « La Massore, ajoute Rosenmiiller, note que ce mot est écrit une fois avec aleph, lorsqu’il aurait dû être écrit avec hé final. On sait que ces deux lettres permutent souvent ; ainsi nsn, râfâh, II Reg., xxi, 16, 22, avec hé,

est écrit avec aleph, nst, râfâ’, dans le passage parallèle, I Par., xx, 4, 6, 8. » Scholia in Vêtus Testamentum, Psalmi, Leipzig, 1823, t. iii, p. 1467.

Si maintenant nous étudions le contexte, voici comment la strophe du Ps. lxxxiv doit se traduire d’après l’hébreu :

ꝟ. 6. Bienheureux l’homme (ou ceux) dont la force est en toi ;

Des routes ( sont) dans leur cœur. % 7. Passant par la vallée de Baka,

Ils la changent en un lieu de sources ; ꝟ. 8. La pluie ( la) couvre aussi de bénédictions*

Ils vont de force en force ;

Ils apparaissent devant Dieu dans Sion.

D’après plusieurs auteurs récents et autorisés, l’idée développée dans cette strophe est celle d’un pieux pèlerinage dont le sanctuaire de Sion est le terme ; nombreux sont les obstacles, mais avec l’aide de Dieu on est sur de les surmonter. Ces « routes » que les Israélites fidèles « ont au cœur », c’est-à-dire qui sont l’objet constant de leurs pensées et de leurs affectueux désirs, ne représentent pas une marche morale ou mystique ; les « sentiers » tout court ne désignent pas ordinairement les « voies de Dieu ». Elles indiquent plutôt l’ensemble des chemins qui, de tous les points de la Palestine, conduisent à Jérusalem. Au moment venu, c’est-à-dire aux principales fêtes de l’année, les pieux pèlerins les parcourent avec courage, sans se laisser arrêter par les difficultés. Leur foi et leur saint enthousiasme transforment, pour ainsi dire, en fraîches et délicieuses oasis les endroits les plus arides qu’ils doivent traverser, — comme la vallée de Baka, — et produisent sur ces ciéserts le même effet qu’une pluie bienfaisante ou une source d’eaux vives., Cf. L. Cl. Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1892, t. iv, p. 259-260 ; H. Lesétre, La Sainte Bible, le livre des Psaumes, Paris, 1883, p. 401 ; .J. A. van Steenkiste, Liber Psalmontm, Bruges, 1886, t. n„ p. 746-747.

En somme, on peut prendre Baka pour un nom propre avec un sens symbolique. Mais où se trouvait cette vallée ? on n’en sait rien. L’Ouadi el-Bakd, *LCJ ! ^àlj, « vallée des pleurs, » signalé par Burckhardt dans l’a contrée du Sinaï, doit son nom à une circonstance toute particulière et n’a aucun rapport avec le cantique sacré. Cf. J. L. Burckhardt, Travels in Syria and the Holy Land, Londres, 1822, p. 619. E. Renan, dans sa Vie de Jésus, Paris, 1863, p. 69, place cette localité à Ain él-Haramiyéh, à peu près à mi-chemin entre Nâplouse et Jérusalem, et, d’après lui, dernière étape des. pèlerins qui venaient du nord à la ville sainte. « La vallée est étroite et sombre ; une eau noire sort des rochers percés de tombeaux qui en forment les parois. C’est, je crois, la « vallée des pleurs », ou des eaux suintantes, chantée comme une des stations du chemin dans le délicieux psaume lxxxiv, et devenue, pour le mysticisme doux et triste du moyen âge, l’emblème de la vie. Le lendemain, de bonne heure, on sera, à Jérusalem ; une telle attente, aujourd’hui encore, soutient la caravane, rend la soirée courte et le sommeil léger. » Renan donne à baka" le sens de « suinter » ; mais Delitzsch, ouvv. cité, p. 6, fait justement remarquer que cette idée est rendue dans Job, xxym, 11, par >sa, behî,

et non par >oa, bâkâ’. Ensuite cette application ne concorde pas avec le texte sacré, qui nous représente la vallée de Baka comme une contrée aride, ce que n’est pas Aïn, élrHaramiyéh, dont l’auteur assombrit un peu le tableau.

A. Legendre.
    1. BACBACAR##

BACBACAR (hébreu : Baqbaqqar ; Septante : Bux6ax6p), lévite de la descendance d’Asaph, un des premiers habitants de Jérusalem après la captivité. I Par., ix, 15. Selon la Vulgate, il aurait été charpentier : carpentarius. Mais le texte hébreu porte hérés, dont la signification est sans doute « ouvrage d’artisan », mais qui ici est plus probablement un nom propre. Pour donner à ce mot le sens d’artisan, il faut changer les points-voyelles et lire « JjtârâS ».

    1. BACBUC##

BACBUC (hébreu : Baqbûq, abrégé de Baqbuqyâh (cf. H Esdr., xi, 17 ; xii, 9, 25, hébreu), « Jéhovah dévaste, dépeuple, » allusion à la captivité de Babylone ; Septante : Baxêoûx), Nathinéen dont les fils revinrent de la captivité avec Zorobabel. I Esdr., ii, 51 ; II Esdr., vu, 53 (hébr., 35).

    1. BACCHIDE##

BACCHIDE (Septante : Baxx’8°/1 ?> « fils deBacchus » ), un des généraux de l’armée syrienne sous AntiochusEpiphane, qui avec Timothée fut défait par Judas Machabée. II Mach., viii, 30. II devint gouverneur de Mésopotamie,

I Mach., vii, 8, et fut honoré du titre d’ami du roi (col. 480) à la cour de Démétrius Soter. Ce prince l’envoya à trois reprises différentes en Palestine à la tête d’une nombreuse armée. La première fois, ce fut pour mettre le traître Alcime en possession du souverain pontificat (col. 339). Après s’être emparé de Jérusalem, il fit mettre à mort une foule de zélateurs de la loi, et, laissant au nouveau pontife un corps de troupes syriennes capable de le défendre contre les entreprises des Machabées, il retourna à Antioche. I Mach., vii, 8-20. Mais, quelques mois après, Alcime était expulsé, et Nicanor, battu à Capharsalama, trouvait la mort dans un second combat près de Béthoron. I Mach., vii, 25-47. Bacchide dut revenir avec de nouvelles forces. Il rencontra dans la haute Galilée l’armée des Juifs, réduite à 800 hommes. Judas par sa valeur qui suppléait au nombre allait encore l’emporter, lorsqu’il se vit tourné par l’ennemi et tomba glorieusement sur le champ de bataille de Laïsa. I Mach., ix, 18. Délivré de ce redoutable ennemi, Bacchide put rétablir la domination syrienne dans le pays malgré Jonathas, qui continuait à tenir les montagnes du Sud. Celui-ci même n’échappa que grâce à son audace. I Mach., ix, 15. Maître de presque toute la Palestine, le général de Démétrius fortifia plusieurs places, y laissa des garnisons, prit des otages et s’en retourna près de son maître, qui devait avoir reçu la lettre écrite par le sénat romain en faveur des Juifs. I Mach., ix, 52-57. Deux années à peine écoulées, la faction syrienne le rappela. Le succès ne répondant pas à l’espérance, dont il s’était flatté, d’anéantir l’insurrection, il tourna sa colère contre les Juifs infidèles qui l’avaient appelé. Jonathas, voyant qu’il voulait la paix, lui envoya des ambassadeurs : les conditions furent acceptées, et Bacchide s’en revint dans son pays. I Mach., ix, 72. E. Levesque.

    1. BACCHUS##

BACCHUS (grec : AkStoito ;  ; Vulgate : Liber), II Mach., VI, 7 ; XIV, 33, fils de Jupiter et de Sémélé, d’après la

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411. — Bacchus. Peinture de Pompéi.

Real Museo Borlxiiieo, Naples, 1830, t. vi, pL 5Î.

fable (fig. 411). Bacchus (Ba’xx « Ç> de pâîw, « bavarder » ) est un surnom sous lequel fut adoré à Rome le dieu grec du viii, Dionysos. Le culte de ce dieu, étroitement lié à celui de Déméter, la terre mère ou nourrice, eut d’abord pour objet de glorifier la force génératrice que le soleil communique à la terre, et qui fait naître de son sein les deux principaux aliments de l’homme, le froment et le fruit de la vigne, le pain et le vin. Ce culte paraît 137E

BACCHUS

1376

s’être maintenu pendant de longs siècles, à Eleusis, dans sa pureté primitive ; mais partout ailleurs, et dans Athènes même, aux fêtes de Dionysos, il fut l’apothéose de l’ivresse et de ses plus déplorables conséquences, le transport furieux et les excès du libertinage. Plusieurs des surnoms de Dionysos font allusion aux effets du vin pris outre mesure : Bpi<rafo ; , de ppiSm, « être appesanti ; » ’Iocxxo ; , ’Ijjtoç, d’ià-^ti), « crier j » tri, « clameur, s C’était honorer

cives, telles que la cordace et la sicinnis, Lucien, De sait., xxii, exécutées au son des flûtes, des syrinx, des crotales, des cymbales et des tambours, mêlaient aux accents de la voix le fracas d’une délirante musique. Ces sons pressés, bruyants, et cette danse voluptueuse, ne tardaient pas à exciter l’enthousiasme déjà préparé par l’ivresse, puis la stupeur et l’extase. Dans cet état, les femmes, qui ne s’appartenaient plus, devenaient capables

412. — Bacchantes. Peinture de vase, fabrique d’Hiéron. D’après Gerhard, Trlnkschalen und Ge/dsse Ses TsSnigl. Muséum za Berlin. Taf. rv et v.

le dieu que de s’enivrer, ou au moins de simuler l’ivresse pendant les Lénéennes et les Dionysiaques (fig. 412).

Les noms des compagnes du dieu ne sont pas moins significatifs ; ce sont les Ménades, (iouvocSei ; , « femmes en délire, » et les Thyades, 6ucî8sç, « celles qui bondissent avec fureur, » de ôûto, « se précipiter. » Tout se réunissait pour les mettre hors d’elles-mêmes, le chant, la musique, la danse et jusqu’à l’heure de la fête. À l’entrée de la nuit, un dithyrambe chanté sur un mode phrygien violent et passionné pressait les femmes d’aller errer jusqu’au jour dans les solitudes des montagnes voisines. Des danses las des actes les plus sauvages. Écoutez les Bacchantes d’Euripide : « Oh ! quelle joie, dans les montagnes, portant la sainte peau de cerf, ou de suivre le chœur rapide, ou de s’en séparer, pour se jeter sur la terre et y déchirer de ses mains les chairs saignantes des boucs ! » Euripide, Bacchantes, p. 135. Voir la traduction dans Patin, Tragiques grecs, t. iii, p. 420. C’étaient les malheureuses bêtes amenées pour le sacrifice qu’elles dépeçaient toutes vivantes. Plus de six siècles après Euripide, Arnobe, t. v, col. 1118, reprochait les mêmes fureurs aux Ménades ses contemporaines. « Dans ces bacchanales, dit-il r

auxquelles vous donnez le nom d’Omophagies, vous enroulez des serpents autour de vous, et pour faire voir que vous êtes remplies de la majesté d’un dieu, vous mettez en pièces, de vos dents ensanglantées, malgré les cris des victimes, les viscères de quelques boucs. »

On célébrait les Omophagies (repas de chair crue) en l’honneur de Dionysos Omestès (mangeur de chair crue) ; or il fallait à ce dieu, même chez les Grecs, des victimes humaines. La veille de la bataille de Salamine, pendant que Thémistocle offrait sur sa trirème un sacrifice aux dieux, on lui amena trois jeunes prisonniers d’une beauté remarquable, qu’on disait neveux de Xerxès. Aussitôt le devin Euphrantide prit l’amiral par la main et lui ordonna d’immoler ces jeunes gens à Bacchus Omestès. Thémistocle obéit. Plutarque, Themist., xm.

Si le dieu de l’ivresse inspire la cruauté, il excite plus

[[File: [Image à insérer]|300px]]
418. — Bacchus sur une monnaie de Maronée (Thrace).

Tête, de Bacchns, couronné do pampres. — Sj. AI0NT2OT SQTHPOS MAPONITQN. Bacchus, debout, tenant un raisin de la main droite.

directement encore au libertinage. Les poètes grecs l’ont bien compris ; on le voit par le langage qu’ils prêtent à leurs Ménades (Euripide, Bacch., 400 et suiv. ; Aristophane, Acharn., 1085), et aussi par les processions qu’on célébrait en l’honneur du dieu dans la fête des Dyonisiaques ou Bacchanales. Dans les Acharniens, Aristophane décrit une de ces fêtes. Un personnage de la pièce, Dicéopolis, organise, au début de la comédie, une procession bachique en miniature ; sa tille marche la première, faisant fonctions de canéphore ; un esclave la suit, portant un emblème obscène, et Dicéopolis ferme la marche, en chantant un hymne digne du dieu qu’on honore. Acharn., 260. Les processions véritables (6îac701) étaient encore plus scandaleuses : des silènes ouvraient la marche, des satyres étaient disséminés sur les flancs de la colonne pour y maintenir l’ordre, distingués les uns et les autres par leurs honteux attributs ; et vers les derniers rangs de la pompe mystique, l’impur symbole, de dimensions colossales, apparaissait, porté en triomphe sur un char splendide. Athénée, V, 27-32, édit. Teubner, 1887, t. i, p. 438-449 ; Hérodote, ii, 48, 49. Les hommes et les femmes, qui jouaient le rôle de Ménades, portaient le tbyrse et étaient couronnés de lierre, la plante consacrée â Bacchus, surnommé xMjsoSéto ; , « ceint de lierre. » Hedera gralissima Baccho, « le lierre est très agréable à Bacchus, » dit Ovide, Fast., iii, 767. Cf. Longus, Past., iii, 7 ; Nonnus, Dionys., viii, 8 ; Plutarque, De Isid. et Osir., 37. Le dieu lui-même était figuré comme un jeune homme efféminé (9r)Xû(iop<poî, Euripide, Bacch., 353 ; Eusèbe, Chronic., il, t. xix, col. 397-398), avec une guirlande de lierre autour de ses cheveux. Strabon, xv, p. 1038. Une médaille de Maronée représente une tête de Bacchus couronné de lierre (fig. 413). Voir J. Nicolai, De rilu antiquo Bacchanal. , dans Gronovius, Thésaurus antiquitatum grœcarum, t. vii, p. 173-220.

Ce culte sensuel et sanguinaire fut introduit en Asie par les Séleucides. À cause de son caractère licencieux, il devait particulièrement répugner aux Juifs fidèles ; aussi

D1CT. DE LA BIBLE

leur persécuteur, Antiochus IV Épiphane (175-164 avant J.-C.), ne trouva-t-il rien de mieux, pour les initier aux mœurs païennes, que de les forcer à prendre part aux processions dionysiaques (Sioviioia), la tête couronnée de lierre. II Macb., vi, 1. La participation forcée à ce culte impie inspira aux Juifs une telle horreur j que, quelques années plus tard (161-160 avant J.-C), Nicanor les menaçait, comme dune des choses qui pouvaient leur être le plus pénibles, de consacrer à Bacchus le temple de Jérusalem. II Mach., xiv, 33. Le troisième livre des Machabées, xi, 29, dans la Bible grecque, raconte que Ptolémée IV Philopator (222-204 avant J.-C.) avait auparavant, à Alexandrie, fait marquer des Juifs au fer rouge « d’une feuille de lierre, insigne de Bacchus », nxçxa^if Acovucrou xtaToçuXXti »

Malgré cette antipathie si marquée des Juifs pour le culte de Bacchus, les Grecs et les Romains s’imaginèrent néanmoins que c’était ce dieu que les descendants de

414.— Bacchus sur une monnaie d’^Elia Capitonna (Jérusalem). 1MP ANTONINO AVG P P P ( Pio Patrl Palrtœ). Buste d’Antonin le Pieux, à droite, couronné de laurier, avec le paludamentum. — fy COL AE[I<]IA CAP. Bacchus, debout, tenant un raisin de la main droite et une lance de la main gauche ; à ses pieds une panthère.

Jacob honoraient dans la fête des Tabernacles, parce qu’ils habitaient alors dans des tentes de feuillage, etc. Plutarque, Sympos., IV, 6, 2. Tacite avait mieux jugé, malgré les erreurs dans lesquelles il est tombé au sujet des Juifs, lorsqu’il avait dit, Hist., v, 5, qu’on ne pouvait assimiler les rites judaïques aux cérémonies dionysiaques : « nequaquam congruentibus institutis. » Cf. J. Nicolai, De phyllobolia, XIV, dans Ugolini, Thésaurus, t. xxx, col. mcclxv. Les païens n’en voulurent pas moins considérer Jérusalem comme l’un des sièges du culte de Dyonisos, et les monnaies d’^Elia Capitolina représentent ce dieu avec la panthère (fig. 414). Voir F. Madden, Coins of the Jews, 1881, p. 252-253. C. Desroziers.,

    1. BACCI André##

BACCI André, médecin et philosophe, mort en 1587, surnommé Elpidianus, du lieu de sa naissance, Sant’Elpidio, dans la marche d’Ancône ; il professa la bota* nique à Rome, et fut le médecin de Sixte - Quint. Après la mort de ce pontife, le cardinal Ascanio Colonna l’attacha à sa personne. Parmi ses écrits, qui lui valurent une grande réputation, nous citerons seulement : Discorso dell’Alicorno, délia natura dell’Alicorno et délie sue excellentissime virtu, in-4° Rome, 1573, 1587 ; in-8°, 1582 ; — Délie 42 Piètre preziose che risplendevano nella veste del somma sacerdote, in-4°, Rome, 1581. — Voir Saxius, Onom. Htter., t. iii, p. 462, 654.

B. Heurtebize.
    1. BACELAR Antoine##

BACELAR Antoine, appelé aussi Barcellos, mineur observant portugais, a publié : Evangelium apologeticum pro consanguinitale S, Jacobi cum Christo Domino, in-4°, Coïmbre, 1631. P. Apollinaire.

    1. BACÉNOR##

BACÉNOR (Grec : Baxrjvwp), officier de cavalerie dans l’armée de Judas Machabée. II Mach., xii, 35. Quelques exégètes ont entendu la locution grecque : « tûv toû Bax-fjvopoç, » du nom de la compagnie à laquelle appartenait Dosithée, le cavalier qui poursuivit Gorgias.

    1. BACHIÈNE Guillaume Albert##

BACHIÈNE Guillaume Albert, ministre protestant et

I. — 46

géographe, hollandais, né à Leerdam en 1712, mort en 1783. En 1733, il était nommé prédicateur de la garnison de Namur, et, en 1737, ministre à Eulenburg, où il resta jusqu’en 1759. Appelé à Mæstricht, il y professa l’astronomie et la géographie. Il a laissé une importante description de la Terre Sainte, sous le titre de Aardrijkskundige Beschrijving van het Joodsche Land, 1765,

9 cah. et 12 cartes.
B. Heurtebize.

1. BACMEISTER Lucas, ministre luthérien, né à Lunebourg, en Saxe, le 18 octobre 1530, mort le 9 juillet 1608. Il étudia la théologie* à Wittenberg, et fut précepteur des fils de Christian III, roi de Danemark. Il fut ensuite professeur et ministre à Rostock, où il mourut âgé de soixante-dixhuit ans. Nous citerons de lui : Disputatio complectens summam et ordinem doctrinse in epistola ad Bebrseos traditse, de sacerdotio et sacrificio Christi, instituta, ut sludiosi ad leclionem ejus epistoUe invitentur, in-8°, Rostock, 1569 ; Brevis explicatïo in historiam passionis, mortis et resurrectionis Christi,

, in-8°, Rostock, 1572, 1577 ; Explicatio Threnorum, in-8°, Rostock, 1603. Ce dernier ouvrage est quelquefois attribué à son fils. — Voir P. Tarnovius, Oratio de vita et obitu L. Bacmeisteri, in-4°, Rostock, 1C08 ; Dupin, Bibl. des auteurs séparés de l’Eglise romaine du xrn" siècle, Paris, 1719, t. ii, p. 34 ; Krey, Rostocker Gelehrten, t. iv, p. 33, Appendix, p. 26.

B. Heurtebize.

2. BACMEISTER Lucas, fils du précédent, théologien et ministre luthérien, né à Rostock en 1570, mort en 1638. Il étudia d’abord le droit, puis la théologie, et en 1600 il lut admis à professer à Rostock. En 1604, il était surintendant de cette ville, et l’année suivante était reçu docteur en théologie. Il fut ensuite surintendant des églises de Gustrow. Ses ouvrages ont souvent été confondus avec ceux de son père. Parmi ses écrits, nous mentionnerons : Explicatio. septem Psalmorum pœnitentialium et Psalmorum xvi, xvii, xxi, xxii, in-8°, Rostock, 1603 ; Explicatio typorum Veteris Testamenti adwmbrantium Christum ejusque personam, sacerdotiwn et bénéficia, in-8, Rostock, 1604. — Voir Jdcher, Attgemeines Gelehrten-Lexicon, Rostock, 1608, art. Bacmeister ; J. Custerus, Memoria L. Bacmeisteri oratione parèntali posteritati

consecratse, in-4°, Rostock, 1639.
B. Heurtebize.

1. BACON Jean. Voir Jean de Baconthorp.

2. BACON Roger, frère mineur, docteur d’Oxford, fut un des savants les plus merveilleux du xme siècle, où on lui donna le surnom de Docteur admirable. Toutes les sciences lui étaient familières ; mais il paraissait se livrer avec plus d’inclination à l’étude des mathématiques et de la chimie, au point qu’il s’est trouvé en mesure de prévoir les progrès qu’elles feraient jusqu’au siècle présent. Par suite, il fut, dit-on, accusé de magie, et eut à se rendre à Rome pour se justifier, ce à quoi il réussit. H est mort, croiton, en 1284, laissant des œuvres extrêmement nombreuses, parmi lesquelles on distingue : 1° Super Psalterium, dont le manuscrit est indiqué au catalogue de la bibliothèque Bodléienne, folio 148, cod. 2764, n. 7. — 2° De Vulgala editione SS. Bibliorum ad Clementem papam. Ibid., folio 88, cod. 1819, n. 218.

— 3° De Sacrée Scripturse profundis mysteriis. Catalogue de la bibliothèque Gray, à Londres, t. ii, fol. 42, cod. 22. Les écrits de Bacon contiennent aussi de précieux renseignements pour l’histoire de la Vulgate latine. Voir E. Charles, Roger Bacon, sa vie, ses ouvrages, in-8°, Paris, 1861 ; L. Schneider, Roger Bacon, in-8°, Augsbourg, 1873 ; P. Martin, La Vulgate latine au xiw siècle, d’après Roger Bacon, in-8°, Paris, 1888.

P. Apollinaire.

    1. BACUEZ Nicolas Louis##

BACUEZ Nicolas Louis, né à Loison (Pas-de-Calais) le 3 février 1820, mort au séminaire de Saint -Sulpice,

à Issy, le 31 août 1892. Il fit de solides études au petit séminaire d’Arras, et, en 1842, vint au séminaire de Saint-Sulpice achever son éducation ecclésiastique. Entré dans la compagnie de Saint -Sulpice, il fut envoyé à Rodez, puis à Lyon, pour y enseigner successivement la philosophie et la théologie morale. Il devint ensuite supérieur du séminaire de philosophie à Angers et à Nantes. Appelé à Paris, en 1864, pour un cours d’Écriture Sainte, il le fit jusqu’à la fin de l’année scolaire 1891-1892. Il a publié plusieurs ouvrages de piété remarquables, et de plus des Questions sur l’Écriture Sainte, ou Programme détaillé pour servir de guide dans l’étude des Saints Livres, avec indication des difficultés à résoudre, des recherches à faire et des ouvrages à consulter, à l’usage des jeunes ecclésiastiques et des prêtres du ministère, par un directeur du séminaire de SaintSulpice, 2 in-8°, Paris, 1874. Les solutions ne sont pas données, mais l’ensemble des questions met sur la voie. Son but était d’éveiller l’esprit, de lui faire trouver la vérité, selon la méthode de Socrate. Mais on attendait la réponse à ces questions ; il la donna sous forme de Manuel pour le Nouveau Testament : Manuel biblique, Nouveau Testament, 2 in-12, Paris, ouvrage devenu classique dans les séminaires de France et de l’étranger. La première édition est de l’année 1878, et depuis, jusqu’à la mort de l’auteur, sept éditions toujours améliorées ont paru. Érudition et modération, précision et piété : telles sont les qualités de ce Manuel, fruit de longues réflexions et de patientes recherches. Il procède par questions et par réponses, estimant que cette méthode, malgré ses inconvénients, est plus avantageuse pour l’enseignement. Voir C. Le Gentil, M. Bacuez, directeur au séminaire Saint-Sulpice, in-12, Arras, 1892. E. Levesque.

    1. BADACER##

BADACER (hébreu : Bidqar, pour Ben deqar, « perforant ; » Septante : BaSexip), salis (voir col. 979) de Jéhu, roi d’Israël. Il reçut l’ordre de jeter le corps de Joram, fils d’Achab, dans le champ de Naboth de Jezraël. IV Reg., ix, 25, 26.

    1. BADAD##

BADAD (hébreu : Bedad ; Septante : Bapiô), père d’Adad, un des rois de l’idumée. Gen., xxxvi, 35 ; I Par., i, 46.

    1. BADAÏAS##

BADAÏAS (hébreu : Bêdeyâh, probablement abréviation de’âbêdeyâh, « serviteur de Jéhovah ; » Septante : BaSi’ta), un des fils de Bani qui, au retour de la captivité, se séparèrent des femmes qu’ils avaient prises contre les prescriptions de la loi. I Esdr., x, 35.

BADAN. Hébreu : Bedân, peut-être abrégé de’Abdân, comme en phénicien : Bodostor, pour Abdastor ; d’autres préfèrent l’étymologie Bén-Dân, « fils de Dan, Danite. » Nom de personnes.

1. BADAN (Septante : Bapetx), personnage mentionné comme juge d’Israël dans un discours de Samuel au peuple. I Reg., xii, 11. On croit que ce nom de Badan ne désigne pas un juge distinct de ceux que nous connaissons par le livre qui porte leur nom ; car on ne saurait guère admettre que la Bible, en racontant leur histoire, ait gardé un silence absolu sur un homme que Samuel place à côté des plus illustres libérateurs ; et cette omission serait encore plus invraisemblable si l’on admet, comme le font plusieurs, que Samuel est l’auteur du livre des Juges. Aussi les interprètes s’accordent-ils généralement à dire qu’il faut reconnaître dans le nom de Badan quelqu’un des juges dont les Livres Sai..ts nous ont conservé le souvenir. Mais l’accord cesse quand il faut décider lequel d’entre eux est désigné par ce nom de Badan.

Quelques-uns veulent que ce soit Abdon, Jud., xii, 13-15, parce qu’on trouve dans les deux mots Abdon et

Badan les mêmes consonnes b, d, n. Certains autres identifient Badan avec Jaïr, Jud., x, 3, qu’on aurait appelé Badan, I Par., vii, 17, peut-être afin de le distinguer (si toutefois ce sont deux individus différents) d’un autre Jaïr, descendant comme lui de Manassé. Num., xxxii, 41. Mais la solennité des circonstances dans lesquelles Samuel parle au peuple, et l’importance du rôle qu’il attribue aux héros dont il parle, ne permettent guère de croire qu’il soit question ici soit d’Abdon, soit de Jaïr, deux juges dont l’Écriture ne nous raconte aucun exploit particulier.

BeaueoujTd’exégètes, adoptant la leçon de la paraphrase chaldaïque, voient dans Badan un surnom de Samson. Le fléau des Philistins étant de la tribu de Dan, Badan équivaudrait à Ben-Dan ou Be-Dan, et signifierait « fils de Dan », c’est-à-dire Danite. Mais, comme le fait observer dom Galmet, In I Reg., xii, 11, « il est sans exemple et contraire à toute l’analogie de la langue sainte de nommer vin Danite Bé-Dan, non plus qu’un homme de Juda Bé-Juda, ou un homme d’Ephraïm Bé-Éphraïm. » Ce sentiment ne paraît pas d’ailleurs pouvoir se concilier avec Hebr, , xi, 32 ; voir ci-dessous.

D’autres enfin pensent que Badan a été écrit pour Barac, par suite d’une erreur de copiste, à cause de la similitude des lettres d, T, et r, n ; n final, , et qopk, p. Cette explication offre bien quelques difficultés chronologiques, puisque d’abord, d’après I Reg., xii, 10°, Badan serait postérieur à la servitude des Chananéens, et que, en second lieu, il serait venu après Gédéon. I Reg., xii, 11. Mais ces difficultés n’ont pas ici l’importance qu’elles pourraient avoir ailleurs, parce que Samuel, dans son discours, ne s’astreint nullement à suivre l’ordre chronologique. Ainsi l’oppression des Moabites y vient après celle des Chananéens, I Reg., xii, 9, qu’elle a précédée d’après Jud., iii, 12-30 ; iv. De même le prophète ne fait pas correspondre exactement les noms des peuples ennemis d’Israël avec les noms des libérateurs qui les ont vaincus. I Reg., xii, 9, 11. De plus, tandis qu’il mentionne Gédéon et Jephté, il passe sous silence les Madianites et les Ammonites, battus par eux. Rien d’étonnant par conséquent si Badan vient après l’oppression chananéenne, et si, dans l’énumération des Juges, il est placé après Gédéon. Saint Paul, Hebr., xi, 32, qui répète avec une légère modification le passage de I Reg., xii, 11, nomme aussi Barac après Gédéon, qui lui est certainement postérieur ; de même qu’il nomme Samuel après David, sans doute pour le rattacher aux « prophètes », dont il ouvre la série.

Ce passage de saint Paul offre un argument sérieux, quoique indirect, pour l’identification de Badan et de Bàrac ; car, selon toute apparence, c’est un emprunt fait à I Reg., xii, 11 ; or, à l’endroit même où Samuel place Badan, saint Paul met Barac. À cette preuve indirecte s’en ajoute une autre directe, tirée des Septante, du syriaque et de l’arabe, qui lisent Barac, I Reg., xii, 11 ; et c’est d’après les Septante sans doute que saint Paul a mis Barac dans son énumération. Enfin certaines Bibles hébraïques portent aussi le nom de Barac ; c’est donc probablement le nom qu’il faut lire au lieu de Badan. L’omission de Barac serait d’ailleurs bien surprenante dans un texte où le seul général ennemi nommément désigné est précisément Sisara, celui auquel Barac infligea une défaite si mémorable, tandis que la mention de son nom dans ce passage est au contraire toute naturelle. E. Palis.

2. BADAN (Septante : BaSin ; Codex Alexandrinus : BaSàv), fils d’Ulam, le fils de Galaad dans la descendance de Manassé. I Par., vii, 17.

    1. BADEHORN Sigismond##

BADEHORN Sigismond, théologien luthérien, né à Grossenhayn le 21 mai 1585, mort à Grimma le 6 juillet 1626. Il fit ses études à Leipzig, où il devint profes seur de langue hébraïque. On a de cet auteur : Armatura Davidica, in-4°, Leipzig, 1620 ; Explicatio psalmi xxv r in-4°, Leipzig, 1622. — Voir Adelung, Suppl. à Joche*, Allgem. GelehrtenLexicon ; Diettmann, Chursâcksische

Priesterschaft, t. ii, p. 1071.
B. Heurtebize.

BADER Car], bénédictin d’Ettal, en Bavière, vivait dans la première moitié du XVIIIe siècle. Il reste de lui : Saul, Israélitarum ex-rex, 1708 ; Samson Philistxorum flagéllum, 1709 ; Patientia calamitatum victrix in Job, Hussxo principe, 1711. — Voir Ziegelbauer, Hist. rei litterarise ordinis S. Benedicti, t. iv (1754), p. 622 ; Adelung, Suppl. à Jdcher, Allgem. Gelehrten -Lexicon.

B. Heurtebize.
    1. BADET Arnaud##

BADET Arnaud, dominicain français de la province d’Aquitaine, mort après 1534. Théologien renommé, il remplit divers emplois importants dans son ordre, et en 1531 fut nommé inquisiteur général. Nous avons de cet auteur : Margarita Sacrai Scripturse, in-4°, Lyon, 1529. — Voir Échard, Scriptores ord. Prxdicatorum,

t. n (1721), p. 96, 332.
B. Heurtebize.
    1. BADUEL Claude##

BADUEL Claude, théologien calviniste, mort en 1561. Né à Nîmes, il dut son éducation à la reine de Navarre, sœur de François I er. Jeune encore, il obtint une chaire à Paris, qu’il conserva jusqu’à ce qu’il revînt dans sa ville natale, comme recteur Tl’un collège qui venait d’y être fondé. En 1555, il se retira à Genève, afin d’y professer librement les erreurs calvinistes qu’il avait embrassées avec ardeur. Il devint même ministre de cette secte, et enseigna dans cette ville la philosophie et les mathématiques. C’est à ce théologien que sont dues les annotations qui accompagnent les livres deutérocaniques dans la Bible publiée, en 1557, par Robert Estienne : Biblia utriusque Testamenti ( latine Vêtus juxta edilionem Vulgatam. .. additis quoque notii Claudii Baduelliin libros Veteris Testamenti quos protestantes vacant apocryphos). On cite encore de lui : Orationes quatuor natalitise de ortu Jesu Christi, Lyon, 1552.

B. Heurtebize.
    1. BAENG Pierre ou Bsengius##

BAENG Pierre ou Bsengius, théologien suédois, né à Helsinborg en 1633, mort évêque luthérien de Wiborg en 1696. Il fut professeur à l’université d’Abo. On a de lui un commentaire latin assez estimé : Commentarius in epistolam ad Hebrœos, in-4°, Abo, 1671.

G. Thomasson de Gournay.

    1. BAËR Frédéric Charles##

BAËR Frédéric Charles, théologien protestant, né à Strasbourg le 15 novembre 1719, et mort dans cette ville le 23 avril 1797. Parmi ses ouvrages, nous mentionnerons : Dissertation philologique et critique sur le vœu de Jephté, in-8°, Paris et Strasbourg, 1765. — Voir Quérard, La France littéraire, t. i, p. 150.

B. Heurtebize.
    1. BAEZA##

BAEZA (Diego de), commentateur espagnol, né â Ponferrada en 1600, mort à Valladolid le 15 août 1647. Il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Salamanque, en 1618. H enseigna la philosophie à Palencia et à Valladolid. Appliqué ensuite à la prédication, il y acquit une grande réputation. Il a publié : Commentaria moralia in Evangelicam historiam, 4 in-f°, Valladolid, 1623-1630 ; réimprimé à Venise, Paris, Lyon, Cologne. Le premier volume contient « Divi Josephi, B. Marias et Christi magnalia » ; le deuxième, « Vocationes et conversiones a Domino Jesu peractæ omnia illius miracula et nobiliores prophetias adimpletas ; » le troisième, « Prophefee a Jesu dicta ? et nondum adimpletee, ejus sermones et in illis apertiores similitudines ; » le quatrième, « Parabolae et historiae adductse a Jesu. » — Commentaria allegorica et moralia de Christo figurato in Veteri Testamento, 7 in-f°, Valladolid, 1632 et suiv. ; réimprimé à Lyon, Paris et Venise. Le premier volume comprend Adam, Jacob, Isaac et Daniel ; le deuxième, Moïse ; le troisième, Abraham et Josué ; le quatrième, David ; le

cinquième, Salomon, Absalom et Caïn ; le sixième, Esther, Joseph, Susanne, Michée et Naboth ; le septième, qui est posthume, Jérémie. — Ces ouvrages du P. Bæza eurent une grande vogue, surtout parmi les prédicateurs.

C. SOMMERVOGEL.

    1. BAGATHA##

BAGATHA (hébreu : Bigfâ’; en persan : Bagâta, « fortuné ; » Septante : BapaCî), un des sept eunuques à la cour d’Assuérus. Esth., i, 10.

    1. BAGATHAN##

BAGATHAN (hébreu : Bigfân et Bigfdnâ’; en perse : Bagadâna, « don de Dieu » ; Septante, Txêatàa [avant le chap. I ; ailleurs ils omettent ce nom ]), un des deux eunuques de la cour d’Assuérus, qui formèrent le dessein d’assassiner le roi (voir col. 1143). Mardochée eut connaissance du complot, qu’il découvrit au roi par l’intermédiaire d’Esther ; et les deux eunuques fuient pendus. Ils étaient « gardiens du seuil » du palais ; les Septante, qui omettent leur nom, lés appellent àp-/io-<<)jj.aT091lXaxe ; , « chefs des gardes du corps. » Ils prétendirent que le motif de leur mécontentement était la préférence que le roi montrait pour Mardochée. Mais il n’est pas probable que ce dernier fût déjà connu d’Assuérus ; car, après la découverte du complot, il ne reçoit aucune récompense ; il ne paraît pas avoir attiré l’attention du roi. Esth., ii, 21 ; "vi, 2 ; xii, 1. E. Levesque.

    1. BAGOAS##

BAGOAS, forme grecque* du nom de l’eunuque d’Holopherne, dont le nom est écrit Vagao dans la Vulgate, Judith, xii, 11, 13, 15, etc. Voir Vagao.

BAGUE) anneau que l’on porte au doigt. Voir Anneau, 2°, col. 633.

BAGUETTE. Voir Bâton et Verge.

    1. BAHEM##

BAHEM (variantes : baken, bæn), mot employé par la Vulgate, I Mach., xiii, 37 : « Nous avons reçu la couronne d’or et le bahem que vous nous avez envoyés. » C’est ainsi qu’elle rend le grec faîvrp, ou mieux fiàïv. (Grotius fait de patvrj un dérivé de piïj ; mais gafvrjv du Codex Vaticanus vient plutôt de la répétition fautive du relatif fy : pafvr]v î]v, pour Bae’v îjv.) BàV ; signifie « palme » ; les auteurs classiques l’emploient en ce sens. Cf. A. Sophocles, Greek lexicon of Bonian and Byzantine periods, in-8°, Boston, 1870, p. 295. C’est un mot d’origine égyptienne : les nervures médianes des frondes du palmierdattier s’appelaient en ancien égyptien bai,

J 1 1 4, en copte baï. V. Loret, La flore pharaonique,

in-8°, 2e édit., 1892, p. 35. La palme se nommait 60 et ban. — Les commentateurs ont très diversement expliqué le mot bahem de la Vulgate. Pour les uns, ce serait un ornement composé d’anneaux d’or et de perles en forme de collier. Cf. du Cange, Glossarium médise et infimse latinitatis, 1733, 1. 1, col. 925. Pour d’autres, c’est un vêtement’, une robe baie ; c’est ainsi du reste que le mot grec a été rendu par le syriaque : P, i-r**Yi> Selahiufo’, « robe, » C. A. Trommius, Concordantiss grsecse, p. 239. Sous la forme de la variante bæn, le mot de la Vulgate ne semble qu’une transcription du grec pâïv. Le mieux est donc de lui donner le même sens. D’ailleurs, au ꝟ. 51 du même chapitre, la Vulgate traduit le mot paiov, synonyme de fia ? ; , par « rameau de palmier ». Enfin ce qui rend certaine cette traduction, c’est le passage parallèle H Mach., xiv, 4. On offre à Alcime « une couronne d’or et une branche de palmier » (grec : çûtvixet).

E. Levesque.

    1. BÀHR Cari Christian Wilhelm Félix##

BÀHR Cari Christian Wilhelm Félix, théologien protestant né à Heidelberg le 25 juin 1801, mort à Offenburg le 15 mai 1874. Il fit ses études à Heidelberg et à Berlin de 1818 à 1822, devint en 1824 diacre à Pforzheim et en 1829 pasteur à Eichstetten. En 1838, il fut choisi comme membre du conseil ecclésiastique de’Carlsruhe et prit une part

active à toutes les affaires ecclésiastiques du duché de Bade jusqu’au 1 er mars 1861, où il prit sa retraite. Il a fait le commentaire de III et IV Rois, Die Bûcher der Kônige, in-8°, Bielefeld, 1868, dans le Theotogischhomiletùches Bibelwerk de J. P. Lange. On a de plus de lui Commentar zum Kolosserbrief, in-8°, Bâle, 1833 ; Symbolik des mosaischen Cultus, 2 in-8°, Heidelberg, 1837-1839 ; 2e édit., 1874, ouvrage qui a valu une grande réputation à son auteur ; Der salomonische Tempel mit Berûcksichtigung seines Verhâltnisses zur heiligen Architektur ûberhaupt, in-8°, Karlsruhe, 1848.

    1. BAHR Joseph Friedrich##

BAHR Joseph Friedrich, théologien protestant, né en 1713, mort en 1775. Il étudia à Leipzig, et fut successivement diacre à Bischofswerda (1739), pasteur à Schœnfeld (1741), et enfin surintendant. On à de lui, entre autres ouvrages : De sapientissimo legis et Evangeîii nexii, Leipzig, 1749 ; Lebensgeschichte Jesu Christi, m% ; Paraphrastiche Erklârung des Bûches Hiob, in-4°, Leipzig, 1764, ouvrage qui contient des notes savantes et explique avec succès plusieurs passages difficiles.

L. Guilloreau.

    1. BAHRDT Karl Friedrich##

BAHRDT Karl Friedrich, théologien protestant, né le 25 août 1741 à Bischofswerda, dans la haute Saxe, mort à Halle le 23 avril 1792. Sa conduite déréglée l’empêcha toujours d’acquérir une instruction sérieuse ; il cachait ce défaut de science solide par l’abondance et la facilité de sa parole, de l’esprit et une grande assurance et hardiesse d’opinion. Adversaire déclaré de la théologie orthodoxe protestante, il niait le surnaturel et professait le déisme pur. Professeur successivement à Leipzig, à Erfurth, à Giessen, etc., il ne put se maintenir nulle part, à cause de la singularité et de l’impiété de ses doctrines et des désordres de sa conduite. Il lui fut enfin permis de se fixer à Halle (1779) : c’est là qu’une mort prématurée vint mettre un terme à ses scandales. Parmi ses nombreuses productions, qui ne lui ont guère survécu, on peut citer comme œuvres scripturaires : Commentarius in Malachiam cum examine critico, in-8°, Leipzig, 1768 ; Hexaplorum Origenis quæ supersunt, u tomi, in-8°, Lubeck, 1769-1770 ; Die neuesten Offenbarungen Gottes verteutsch, 4 in-8°, Riga, 1773 (col. 380) ; Apparatus criticus ad formand. interpret. Vet. Testamenti, in-8°, Leipzig, 1775 ; Die kleine Bibel, 2 in-8°, Berlin, 1780 ; Briefe uber die Bibel in Volkston, 6 part, in-8°, Berlin, 1782-1783 ; Das Neues Testament qder Belehrung Gottes des Jesu und seiner Apostel., 2 in-8°, Berlin, 1783 ; Ausfûhrung der Plans und Zweckes Jesu in Briefen, 12 part. in-8°, Berlin, 1784-1793 ; Griechisch-deutsches Lexicon uber das Neue Testament, in-8°, Berlin, 1786 ; Fata et res gestse Jesu Christi grsece ex iv Evangeliis ordine chronologico, in-8°, Berlin, 1787 ; Dieletzten Offenbarungen Gottes, 2 t. in-8 3, Francfort, 1791. Voit F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 3e édit., t. ii, j>. 401-402 ; Prutz, K. Fr. Bahrdt, dans Raumer’s Historisches Taschenbuch, année 1850.

E. Levesque.

    1. BAHURIM##

BAHURIM (hébreu : Bahurim ; Septante : Bapaxîp. et Bao>pi|j.), petite localité à l’est de Jérusalem. Abner y passa en conduisant Michol, fille de Saûl, de Gallim à Hébron ; c’est de là qu’il renvoya son mari, Phaltiel, II Reg., iii, 16, peut-être parce que la localité se trouvait sur les frontières de la tribu de Benjamin, et qu’il n’osait pas l’emmener sur le territoire de Juda, qui reconnaissait déjà l’autorité de David. — C’est du même endroit que sortit Séméï, à l’époque de la révolte d’Absalom, lors de la fuite de David, pour lui jeter des pierres et des malédictions, en marchant à côté de lui sur les hauteurs qui dominaient le chemin. II Reg., xvi, 5-13. La circonstance que Séméï était un Benjamite semble indiquer de nouveau le territoire de Benjamin. — Peu après, nous y rencontrons les deux messagers fidèles de David, Achimaas et Jonathan ;-ceux-ci, étant poursuivis par les satei

lites d’Absalom, se cachent à Bahurim, dans une citerne. II Reg., xvii, 18. — On croit encore avec vraisemblance qu’il faut tenir Bahurim pour la patrie d’Azmavefh le Baharumite, un des vaillants guerriers de David. I Par., si, 33 ; cf. II Reg., xxiii, 31. Voir Azmaveth 1.

Le chemin que suivit David en descendant du mont des Oliviers, II Reg., xv, 32 ; xvi, 1, ne saurait être que l’ancien chemin de Jérusalem à Jéricho, qui traverse cette montagne, et sur laquelle on trouve encore des traces d’une voie romaine. Cette route, après avoir traversé l’ouadi el - Laftljâm, passe près d’une ruine, Khirbet bouquei’dân, sur le versant septentrional de l’ouadi er-Rawâbi, et, après avoir traversé aussi ce torrent, elle le suit du côté du midi, sur une distance d’environ vingt minutes. Sur tout ce trajet^le chemin, en longeant l’ouadi, est dominé du côté méridional par un massif de hautes collines, aux flancs assez raides. Les six sommets qu’on remarque, séparés par de larges cols, portent (de l’ouest à l’est), lés noms suivants : Ràs zaiyin, Djebel el-azouar, Râs ez-zambî, Ed-dahr, El-mountàr, Râs’arqoub es-saffà. Sur le versant méridional du Râs ez-zambî et du col suivant, on trouve les traces d’une ancienne localité ; la ruine s’appelle Khirbet ez-zambi.

Il n’y a pas de doute que ce ne soit sur ces hauteurs qu’il faille placer la scène des violences de Séméï : plus loin, dans la direction de Jéricho, la route reste constamment sur un plateau, jusqu’au point où elle s’unit à la route actuelle ; aussi le chemin suivi par Abner, II Reg., iii, 16, ne saurait se trouver plus loin vers l’est. Bahurim par conséquent devra s’identifier avec l’une des deux ruines indiquées, les seules que nous avons pu trouver dans ces environs. Mais le choix entre les deux est difficile. Si Barclay, dans Smith’s Dictionary of the Bible, 1. 1, p. 162, semble se prononcer pour Khirbet bouqei’dan, c’est qu’il ne devait pas connaître l’autre ruine. L’endroit nommé, étant plus loin vers l’ouest, semble plutôt devoir être sur le chemin de Gallim à Hébron, — quoique l’autre endroit aussi soit traversé par un sentier venantdu nord.

— Ensuite si l’ouadi er-Rawûbi, comme il y a lieu de le croire, formait ici la limite des deux tribus, le Khirbet ez-zambî n’aurait plus appartenu à la tribu de Benjamin. D’autres circonstances néanmoins sont en faveur de cet autre lieu. Le texte de II Reg., xvi, 5 et 13, ne laisse pas supposer que Séméï, en sortant de Bahurim, devait traverser un ouadi pour monter à la hauteur où il pouvait suivre le roi son ennemi. Aussi le Khirbet ez-zambî, se trouvant sur le col et sur le versant méridional de la colline, répond mieux à un renseignement donné par Josèphe, Ant. jud., VII, IX, 7, d’après lequel les deux messagers de David, pour se cacher à Bahurim, devaient s’écarter de leur chemin ( iy.Tpaitévreç-tr) ; 660û).

D’autres hypothèses, émises par divers savants, ne nous semblent aucunement répondre aux données du texte sacré. Abou-dls, suggéré par Schubert, Guérin, Liévin de Hamme, est au sud-est d’El’Azarîyéh (Béthanie), et ne pouvait par conséquent appartenir à la tribu de Benjamin ; cette opinion encore supposerait que David, aussi bien que ses deux messagers, aurait fait un immense détour, peu compatible avec les circonstances de leur fuite précipitée, — Cette dernière remarque s’applique également à Khirbet’Almît, qui est à six kilomètres environ au nord-est de Jérusalem, au delà de’Anàta. Aussi y cherche-t-on en vain la hauteur dominant le chemin au sortir de Bahurim, — détail topographique exigé par II Reg., xvi, 5 et 13. — Il est vrai que cette hypothèse ( défendue par Schwarz, Marti, Conder, von Ilummelauer) a en sa faveur l’autorité du Targum de Jonathan, qui dans le texte des livres de Samuel remplace constamment Bahurim par Alémeth. Cf. I Par., vii, 60 (hébr., vi, 45) ; cf. Ahnon, Jos., xxi, 18. Mais, pour les raisons déjà données, nous ne saurions voir dans cette assertion du Targum qu’une simple erreur, due à la circonstance que les deux mots Bahurim et Alémeth peuvent l’un et l’autre

se traduire par « jeunesse ». Nous ne croyons pas du reste que ce soit là la vraie signification de ces noms. Il est préférable de traduire, avec Fûrst, Alémeth par « lieu caché » et Bahurim par « lieu profond, enfoncement de terrain ». Et l’on peut remarquer en passant que d’après cette explication le nom de Bahurim convient mieux au site du Khirbet bouqei’dân qu’à celui du Khirbet ez-zambl ; les deux noms sont même à peu près synonymes : bouqei’dân signifiant « vallon des moutons. »

Les renseignements des auteurs du moyen âge manquent trop de précision et d’autorité pour les discuter ici. Cf. Tobler, Topographie, t. ii, p. 767. — Pour plus de détails, on peut consulter notre article Aus der Umgegend von Jérusalem, dans la Zeitschrift des deutschen Palâstina-Vereins, t. xiii, 1893, p. 93-107, 114-118.

J. P. VAN KASTEREN.

BAIE. Les lexicographes hébreux expliquent par baie le mot gargerlm, pluriel de gargar, qui ne se lit qu’une fois dans la Bible hébraïque, Is., xvii, 6. Il désigne dans

  1. ce passage le fruit de l’olivier. L’olive est ainsi appelée

par le prophète, à cause de sa forme ronde, de la racine gârar, qui a, entre autre sens, celui de « rouler ». La Vulgate a traduit gargerlm par « olives ».

    1. BAIER Johann Jakob##

BAIER Johann Jakob, médecin et naturaliste, né à Iéna le 14 juin 1677, mort à Altdorf le 14 juillet 1735. Il étudia la médecine dans sa vdle natale, et, après avoir visité le nord de l’Allemagne, fut reçu docteur à Iéna. Il fit partie du collège des médecins de Nuremberg. En 1703, il fut nommé professeur de physiologie et de chirurgie à Altdorf, et directeur du jardin botanique de cette ville. Un an après sa mort parurent ses Animadversiones physico-medicse in Novum Testamentum, in-4°, Altdorꝟ. 1736. — Voîr Adelung, Suppl. à Jôcher, AUgem. GelehrtenLexicon.

B. Heurtebjze.

BAÏF (Jean Antoine de), poète français, né en 1530 à Venise, où son père était ambassadeur, mort en 1592. Ami de Ronsard, il voulut introduire dans les vers français la cadence et la mesure des vers grecs et latins, en particulier dans son Psaultier commencé en intention de servir aux bons catholiques contre les Psalmes des hérétiques ( Jean Antoine de Baïfs Psaultier, metrische Bearbeitung der Psalmen zum erstcn Mal herausgegeben von D r E. J. Groth, dans la Sammlung franzôsischer Neudrucke, n » 9), in-12, Heilbronn, 1888.

BAIKTILAITH. Voir Bectileth.

    1. BAILEY Anselme##

BAILEY Anselme, théologien et musicographe anglais, mort en 1794, publia une édition de l’Ancien Testament en anglais et en hébreu : Tlie Old Testament English and Hebrew, ivith remarks critical and grammatical on the Hebrew and corrections of the English, 4 in-8°,

Londres, 1774.
B. Heurtebize.
    1. BAINES Ralph##

BAINES Ralph, philologue anglais, né dans le Yorkshire, mort en 1560. Il fut professeur royal d’hébreu à Paris, et devint plus tard évêque de Coventry et de Lichtfield, sous la reine Marie ; mais pendant le règne d’Elisabeth il perdit cet évêché. Il a laissé : Libri très commentariorum in Proverbia Salomonis ex ipsis Hebreeorum fontibus manantes, in-f°, Paris, 1555 ; Prima rudimenta in linguam hébrxam, in-4°, Paris, 1550. — Voir Biblioth. Gesneriana, p. 752. L. Guiixoheau.

BAIN. Les bains sont plusieurs fois mentionnés dans l’Écriture, et ils sont même prescrits dans certains cas par Moïse, qui avait attaché à ces purifications un caractère religieux. Lev., xiv, 8-9 ; xv, 5-8, etc. ; xvii, 16 ; xxii, 6 ; Num., xix, 7, 19 ; Deut., xxiii, 11. Le grand prêtre devait se baigner ( hébreu : râhas) avant sa consécration et avant et après le sacrifice d’expiation. Exod., xxix, 4 ;

Lev., viii, 6 ; xvi, 4, 24. Cf. Hérodote, ii, 37. La chaleur du climat de l’Orient et la grande quantité de poussière qui en est la suite rendent les bains nécessaires pour conserver la santé et pour éviter en particulier les maladies de peau. Ézéchiel, xvi, 4, parle du bain des enfants nouveau-nés ; il est question des bains de toilette dans Ruth, iii, 3 ; dans le second livre des Rois, xi, 2 ; dans Judith, x, 3 ; cf. Ezech., xxiii, 40 ; ils étaient complétés par des onctions de parfums, comme nous le voyons dans tous ces passages et Dan., xiii, 17. Néhémie raconte que, pendant que les Juifs de son temps reconstruisaient les murs de Jérusalem, ils ne quittaient leurs vêtements que pour se baigner. II Esdr., iv, 23. Plusieurs commentateurs entendent, Marc, vii, 4, en ce sens que les Pharisiens se baignaient, quand ils revenaient de la place publique. Cf. Luc, xi, 38.

1° Lorsqu’on le pouvait, on se baignait dans l’eau cou Josèphe parle d’un château d’IIyrcan à l’est du Jourdain, où il y avait, dans la cour, des eaux jaillissantes, et d’un palais d’Hérode à Jéricho, auprès duquel étaient de vastes piscines destinées à procurer le plaisir du bain et de la natation aux hôtes du roi. Ant.jud., XII, iv, 11 ; XV, m, 3, t. i, p. 456, 578. Cf. J. Harmburger, Real-Encyclopâdie des Judenthums, Neustrelitz, 1874, p. 146. Il y avait des bains dans le dernier temple, pour l’usage des prêtres, au-dessus des chambres appelées Abtines et Happarvah. Voir Yoma, m ; Lightfoot, The Temple in Ihe days of our Saviour, xxiv, Works, Londres, 1684, t. i, p. 2013. Des allusions à l’art de nager se lisent dans Isaïe, xxv, 11, et dans Ézéchiel, xlvii, 5. Cf. Act, xxvii, 42. 2° Quant aux bains minéraux, quelques commentateurs ont cru qu’il y était déjà fait allusion dans la Genèse, xxxvi, 24, où il est parlé de la découverte d]une source d’eaux chaudes, d’après la traduction généralement admise

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415. — Bain en Egypte. Thèbes. D’après Prisse d’Avesne, Monuments égyptiens, pi. xlv.

rante, comme les Égyptiens le faisaient dans le Nil, Exod., il, 5 ; comme le font aujourd’hui les habitants de Jérusalem à la fontaine de la Vierge. Moïse prescrit de se laver « dans des eaux vives », pour certaines purifications. Lev., XV, 13. Elisée ordonne à Naaman de se baigner sept fois dans le Jourdain pour se guérir de la lèpre. IV Reg., v, 10. Saint Jean-Baptiste, prenant le bain comme symbole de la purification des péchés et de la pénitence, baptise dans le Jourdain ceux qui suivent sa prédication. Matth., iii, 6-11 ; Marc, i, 5, Voir Baptême.

Cependant, comme les rivières sont très rares en Palestine, on prenait plus communément les bains dans les maisons. A Jérusalem, Bethsabée se baignait dans sa maison, II Reg., xi, 2, Susanne, à Babylone, dans son jardin, Dan., xiii, 15 ; Hérode, dans son palais, Josèphe, Ant. jud., XIV, xv, 13, édit. Didot, t. i, p. 570. On se lavait aussi sans doute quelquefois par de simples affusions d’eau, comme on le voit sur une peinture égyptienne (fig. 415). Ce n’est que dans les derniers temps qu’il y eut des bains publics proprement dits en Judée, à l’imitation des Grecs et des Romains. Ils durent être établis, du temps d’Antiochus IV Épiphane, en même temps que les gymnases et les éphébies. Cf. I Mach., i, 15 ; II Mach., iv, 9-13 ; Josèphe, Ant. jud., XII, v, 1, t. i, p. 457. Cf. Mischna, Nedar., v, 5. Toutefois il est probable que les piscines mentionnées dès le temps d’Isaïe servaient à cet usage. Is., xxii, 9, 11 ; IV Reg., xx, 20 ; n Esdr., iii, 15-16 ; Joa., v, 2 ; lî, 7 (xoXvu, ërj8pa, nalatoria, « lieu où l’on se baigne » ).

de la Vulgate, celles de Callirhoé, dans l’ouadi Zerka-Maïn, ou de l’ouadi el-Ahsor, au sud-est de la mer Morte, ou de l’ouadi Hamad, entre Kérek et la mer Morte. Le nom d’Émath (Blammat), Hammoth-Dor, Jos., XIX, 35 ; xxi, 32, doit tirer aussi son origine d’eaux thermales : on identifie cette localité avec les sources chaudes de Tibériade, appelées Emmaùs. Josèphe, Bell, jud., II, xxi, 6, t. ii, p. 140 ; Ant. jud, , XVIII, ii, 3, t. i, p. 696. Ces sources, comme celles de Gadara, capitale de la Pérée, et de Callirhoé, à l’est d.e la mer Morte, Bell, jud., i, xxxiii, 5, t. ii, p. 80, étaient bien connues et utilisées du temps des Hérodes. Cf. Pline, H. N., v, 15, édit. Lemairc, t. ii, p. 475 ; Ammien Marcellin, xiv, 8, 11, édit. Teubner, p. 29.

3° Les bains de pieds étaient d’un usage très fréquent en Palestine, où la coutume de porter des sandales, qui laissaient à nu la partie supérieure du pied, et la nature du sol, très poussiéreux, les rendaient indispensables. Us sont déjà mentionnés plusieurs fois dans la Genèse, xviii, 4 ; XIX, 2 ; xxiv, 32 ; XLm, 24.Voir aussi Exod., xxx, 19 ; Jud., xix, 21 ; IReg., xxv, 41 ; II Reg., xi, 8 ; Tob., vi, 2 ; Cant., v, 3 ; I Tim., v, 10. Cf. Luc, vii, 44 ; Joa., xiii, 5, De même que c’étaient des serviteurs ou des esclaves qui versaient l’eau pour se laver les mains, IV Reg., iii, Il, c’étaient des inférieurs qui essuyaient ordinairement les pieds. I Reg., xxv, 41 ; Joa., xiii, 5, 6 ; I Tim., v, 10.

    1. BAISER##

BAISER, signe naturel d’affection. En hébreu, neëîqâh

(Septante et Nouveau Testament : çOuina ; Vulgate : osculum), mais le substantif est d’un usage rare, Cant., i, 2 ; Prov., xxvii, 6, dans l’Ancien Testament ; on y emploie presque toujours le verbe nâSaq ( çtXéo), xataipiXÉw ; osculor, deosculor).

I. À toutes les époques, le baiser a été en Orient une marque de respect aussi bien que de tendresse et un mode de salutation. L’Écriture le mentionne souvent.

— 1° Entre les parents et leurs enfants. Gen., xxvii, 26, 27 ; xxxi, 28, 55 ; xlvj, 29 ; xlviii, 10 ; l, 1 ; Exod., xviii, 7 ; Ruth, i, 9, 14 ; II Reg., xiv, 33 ; III Reg., xix, 20 ; Tob., vii, 6 ; x, 12 ; xi, 7, 11 ; Luc, xv, 20.— 2° Entre frères, proches parents, époux ou amis intimes, soit à l’arrivée, Gen., xxix, 11, 13 ; xxxiil, 4, xlv, 14, 15 ; Exod., iv, 27 ; jud., xix 4 ; I Reg., xx, 41 ; Cant., i, 1, 10 ; vra, 1 ; Tob., ix, 8 ; Esth., xv, 15, soit au départ et à la séparation, III Reg., xrx, 20 ; Tob., x, 12. Cf. Prov., vii, 13. — 3° Le baiser comme salutation, tantôt sincère, tantôt perfide, entre personnes de même rang, quoique non parentes, est indiqué II Reg., xx, 9 ; Matth., xxvi, 49 ; Marc, xiv, 45 ; Luc, vii, 45 ; xxii, 47-48 ; Act., xx, 37. Cf. Prov., xxvii, 6. — Il est aussi une marque de condescendance, réelle, II Reg., xix, 39, ou affectée, comme dans le cas d’Absalom embrassant ceux qui viennent à lui pour se rendre populaire. Il Reg., xv, 5. Cf. II Mach., xiii, 24. — 4° Il est un signe de respect de la part d’un inférieur envers son supérieur. Luc, vii, 38, 45. L’Ancien Testament parle du baiser comme d’une marque^ de vénération et d’adoration envers les idoles. I (III) Reg., xix, 18 (hébreu) ; Ose., xiii, 2 (hébreu). On rendait également hommage aux faux dieux en se baisant la main en leur honneur. Job, xxxi, 27. Cf. Lucien, De sait., 17, édit. Didot, p. 348 ; Hérodien, iy, 15, édit. Teubner, p. 123 ; Pline, H. N., xxviii, 5 (25), édit. Teubner, t. IV, p. 166. Les vaincus baisaient la poussière, Ps. lxxi (hébreu : lxxii), 9 ; Is., xlix, 23, des pas de leurs vainqueurs (si toutefois l’on ne doit pas prendre ces expressions dans un sens métaphorique). Cf. Mich., vu, 17 ; Xénophon, Cyrop., vii, 5, 32. Un certain nombre d’interprètes considèrent comme un acte de respect le baiser donné par Samuel à David, lorsqu’il le sacre roi, I Reg-, x, 1 ; plusieurs traduisent aussi dans ce sens l’hébreu : nasku bar, « embrassez le fils, » Ps, II, 12, et même, Gen., xli, 40, les paroles obscures du Pharaon à Joseph : « Que tout mon peuple baise sur ta bouche » Ces interprétations, surtout pour le dernier passage, ne sont pas généralement admises ; la traduction de la Vulgate, Gen., xli, /.0 : « Tout le peuple obéira au commandement de ta bouche, » est préférable. — Métaphoriquement, le baiser est l’image de l’attachement à une chose, Prov., iv, 8 ; Tit., i, 9, de l’entente et de la concorde. Ps. lxxxiv (hébreu, lxxxv), 11.

II. Dans le Nouveau Testament, plusieurs épîtres de saint Paul se terminent par ces mots : « Saluez - vous les uns les autres par un saint baiser. » Rom., xvi, 16 ; l Cor., Xvi, 20 ; II Cor., xiii, 12 ; I Thess., v, 26. Voir aussi I Petr., v, 14. Ce baiser n’était pas seulement une salutation amicale, c’était aussi un acte symbolique de charité chrétienne. Voir S. Jean Chrysostome, Hom. xxx in II Cor., xm, 12, t. lxi, col. 606. À ce titre, il a été conservé dans la liturgie chrétienne, et « le baiser de paix » se donne encore dans les messes solennelles.

III. L’Écriture ne nous dit pas ordinairement si l’on donnait le baiser sur la bouche, la joue, le front, le cou, cf. Act., xx, 37, ou la main. Elle mentionne le baisement de la barbe, Il Reg., xx, 9, qui est encore aujourd’hui commun chez les Arabes, où les femmes et les enfants embrassent la barbe de leur mari ou de leur père. Les Proverbes, xxiv, 26, parlent du baiser sur la bouche. L’Ecclésiastique, xxix, 5, fait allusion au baisement de la main, comme saint Luc, vii, 38, 45, au baisement des pieds. Cf. Matth., xxviii, 9.

IV. On ne baisait pas seulement les personnes, on baisait aussi les choses. Esth., v, 2. C’est une coutume orientale de

baiser par respect les décrets royaux. Wilkinson, Popular Account of the ancient Egijptians, t. ii, p. 203. L’Ancien Testament mentionne le baisement de la terre comme marque d’obéissance envers un supérieur. I Reg., xxiv, 9 ; Ps. lxxi (hébreu, lxxii), 9 ; Is., xlix, 23 ; Mich., vii, 17.

— Voir G. Gœzius, Philologema de oscufo.et J. Lomejerus, Dissertatip de osculis, dans Bl. Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, t. xxx, col. mcljx-mccxviii.

    1. BAKE Reinhard##

BAKE Reinhard (en latin Bakius ou Backius), théologien protestant, né à Magdebourg le 4 mai 1587, mort dans cette ville le 19 février 1657. Il se distingua comme prédicateur. On a de lui : Evangeliorum dominicalium expositio, en quatre parties. Ouvrage souvent réédité : in-4°, Schleusingen, 1640 ; in-4°, Lubeck, 1651, 1659 ; Francfort, 1677, 1689 ; in-4°, Leipzig, 1697. — Commentarius exegetico-practicus posthumus inPsalteriumDavidis, édité par son fils, Ernest Bake, in-f°, Francfort, 1664, 1666, 1683. L’auteur y a entassé beaucoup de matières prises chez d’autres commentateurs, mais il manque d’ordre et de jugement. — Reinhard Bake est mentionné dans l’Indice des livres prohibés par l’Inquisition espagnole, publié à Madrid, en 1790. L. Guilloreau.

1. BALA (hébreu : Bilhâh ; Septante : BaXXâ), servante que Rachel avait reçue de son père Laban, lors de son mariage avec Jacob, Gen., xxix, 29, et que Rachel elle~ même, désolée de rester stérile, se substitua près de son mari pour avoir des enfants par cette voie indirecte, comme avait fait autrefois Sara se substituant Agar près d’Abraham. Gen., xvi, 2. Bâla devint en réalité pour Jacob une épouse de second rang, comme le dit expressément le texte : « Elle (Rachel) lui donna Bala pour femme, s> polygamie qui fut tolérée jusqu’à Jésus-Christ. Il faut remarquer l’expression employée par Rachel : « Allez à elle, afin que je reçoive entre mes bras le fruit de son sein, et que j’aie des enfants par elle, » ou, selon l’hébreu : « afin que j’aie une maison (une postérité) par elle. » Gen., xxx, 3. Bala eut de ce mariage deux enfants, que Rachel reçut, comme elle l’avait dit, et auxquels elle imposa les noms de Dan et Nephthali. Gen., xxx, 6, 8 ; cf. Gen., xxxv, 25 ; xlvi, 25 ; I Par., vii, 13. Dans la suite, et alors que Jacob habitait en Chanaan, Bala déshonorai son époux par des relations criminelles avec Ruben, fils aîné de Jacob. Gen., xxxv, 22. Il semble que, malgré cette faute, Jacob lui laissa sa confiance, car elle paraît avoir été chargée par lui de l’éducation de Joseph, après que celui-ci eut perdu sa mère. Gen., xxxvii, 2. Sur son lit de mort, Jacob prononça des paroles de malédiction contre son séducteur. Gen., xlix, 3-4. Quelques exégètes doutent, maissans fondement, que Bala, la complice de Ruben, ait été la même que Bala mère de Dan et de Nephthali. P. Renard.

2. BALA (hébreu : Bêla’, voir aussi Bêla ; Septante : BïXéx), fils d’Azaz, de la tribu de Ruben, et habitant d’Aroer. I Par., v, 8. Voir Aroer 1, col, 1024.

3. BALA (hébreu : Bêla’; Septante : BaXân), ville située sur les bords de la mer Morte, appelée depuis Ségor (hébreu : $ôar). Gen., xiv, 2. Voir Ségor.

4. BALA (hébreu : Bâlàh ; Septante : BwXdt), ville de Juda, donnée plus tard à Siméon. Jos., xix, 3. C’est la même que Baala, Jos., xv, 29, et I Par., iv, 29. Voir Baala 3.

    1. BALAAM##

BALAAM (hébreu : BU’dm ; Septante : BaXaâu.), fils de Béor, que saint Pierre appelle Bosor, II Petr., ii, 15. Il habitait en Mésopotamie, Num., xxiii, 7 ; Deut., xxiii, 4, ~ et non au pays des Ammonites, comme le porte la Vulgate, Num., xxii, 5, sans doute par une fausse interprétation du mot’ammô, « son peuple. » La ville de Péthor, ,

sa patrie, Num., xxii, 5, et Deut., xxiii, 4, selon l’hébreu, ( la Pitru des inscriptions cunéiformes), était située au confluent de l’Euphrate et du Sagur (lign. 38-40 de l’obélisque de Salmanasar). Voir Pethor.

I. Balaam est appelé par Baiac, roi de Moab. — Balaam passait pour un homme doué d’un pouvoir surhumain et capable d’opérer les plus grands prodiges : on attribuait une efficacité absolue à ses malédictions comme à ses bénédictions. Num., xxii, 6. Sa réputation s’étendait fort’loin, par delà les frontières de la Mésopotamie et jusqu’aux rivages de la mer Morte. Aussi Balac, roi de Moab, pensa- 1- il devoir recourir à lui lorsqu’il se crut menacé par les Israélites, déjà vainqueurs de Séhon, roi des Amorrhéens, et d’Og, roi de Basan. Il lui envoya une ambassade composée d’anciens de Moab et de Madian, Num., xxii, 7, pour le prier de venir maudire ce peuple, qu’il se sentait impuissant à repousser par la seule force des armes. Les anciens croyaient pouvoir triompher de leurs ennemis par la vertu de certaines formules de malédiction. Cf. Macrobe, Satura., iii, 9. Balaam ne voulut pas se rendre à cette invitation sans avoir consulté le Seigneur, la nuit suivante. On ne saurait dire si c’est Moïse qui met ici le nom’de Jéhovah sur les lèvres de Balaam, ou si .celui-ci entendit, en effet, consulter le vrai Dieu et non de fausses divinités ; cf. plus loin, § v, col. 1392, et § viii, col. 1398. Quoi qu’il en soit, ce fut Jéhovah qui, personnellement ou par l’intermédiaire d’un ange, vint vers Balaam, — l’Écriture ne dit pas de quelle manière, — et lui défendit de partir. Celte défense arrêta Balaam, et les envoyés de Balac revinrent seuls vers leur maître. Le roi de Moab ne se laissa pas décourager par l’insuccès de son ambassade ; il en fit partir une seconde, plus imposante que la première : les députés, plus nombreux, étaient aussi des personnages plus considérables, « des princes, » Num., xxii, 35 ; à la place du prix ordinaire de la divination apporté par les premiers, Num., xxii, 7, ils étaient chargés d’offrir à Balaam telle récompense qu’il voudrait. Num., xxii, 15-17. Le fils de Béor protesta bien que tout l’or du monde ne pourrait rien contre les ordres de Dieu, en réalité l’appât des richesses l’avait séduit ; au lieu de renvoyer les messagers sur-le-champ, puisqu’il connaissait la volonté de Dieu, il les fit rester pour attendre qu’il consultât encore le Seigneur pendant la nuit, selon 3a coutume. Dieu lui donna alors la permission de partir, mais à la condition de ne faire que ce qu’il lui commanderait. C’était lui interdire de maudire Israël, cf. Num., xxii, 12 ; mais, aveuglé par la cupidité, il s’autorisa de cette permission, extorquée par son importunité, dit Origène, Homil. xm in Num., t. XII, col. 674-675, pour aller agir contre la volonté de celui qui la lui donnait ; et il partit décidé à obtempérer aux désirs de Balac, comme le prouvent la colère de Dieu provoquée par son départ (Num., xxii, 22, selon l’hébreu) et la réprimande de l’ange, ꝟ. 32.

II. L’anesse de Balaam. — Son colloque avec son maître. — Le Seigneur fit sentir sans retard cette colère à Balaam par un des plus merveilleux prodiges dont la Bible nous ait conservé le souvenir. Un ange se tint, une épée nue à la main, dans le chemin par où Balaam, monté sur son ânesse, passait avec deux de ses serviteurs. A la vue de l’ange, l’animal s’effraya, et il s’en alla à travers champs, malgré les coups que lui donnait Balaam ; mais l’esprit céleste se transporta plus loin et vint l’attendre dans un chemin resserré entre deux murs de pierre qui bordaient les vignes ; l’anesse, en le voyant encore, se jeta contre un mur et meurtrit le pied de son maître, qui se mit de nouveau à la frapper. Enfin l’ange se plaça dans un défilé où l’espace manquait pour s’écarter à droite ou à gauche, et cette fois l’anesse s’abattit. Balaam la frappa plus fort que jamais, c Et le Seigneur ouvrit la bouche de l’anesse et elle parla : Que t’ai-je Fait ? Pourquoi m’as-tu frappée déjà trois fois ? Et Balaam répondit : C’est parce que tu l’as mérité et que tu t’es

moquée de moi ; que n’ai-je une êpde pour te tuer 1 L’anesse lui dit : Ne suisje pas ta bête, sur laquelle tu as toujours eu coutume de monter jusqu’à ce jour ? Dismoi si je t’ai jamais fait quelque chose de pareil. Et il dit : Jamais. » Num., xxii, 28-30.

Ce récit a donné lieu à des objections de tout genre. Les uns l’ont rejeté comme inacceptable ; mais, dès lors qu’on admet le surnaturel et le miracle, pourquoi refuser de croire que Dieu a employé ce moyen pour forcer Balaam à exécuter ses volontés ? D’autres ont supposé que ce passage est interpolé, sans toutefois en apporter d’autre preuve que son caractère extraordinaire. Il en est qui admettent l’authenticité du texte, mais dénaturent le fait raconté, dans lequel ils veulent voir un mythe, une allégorie, une fiction poétique ou bien un songe. D’après ces derniers, tout se serait passé en vision, soit sur le chemin, soit peut-être même dans la maison de Balaam et avant son départ. De telles interprétations sont en contradiction avec le sens naturel du texte, qui porte toutes les marques d’un récit historique. Cf. II Petr., ii, 15-16.

III. L’ange du Seigneur et Balaam. — L’amour de l’argent avait aveuglé Balaam au point de l’empêcher de voir la main de Dieu dans ce qui se passait ; l’ange dut lui ouvrir les yeux comme il avait ouvert les yeux de l’anesse, et se dévoiler à ses regards. À la vue de l’ange et de l’épée qui brillait dans sa main, il se prosterna le front dans la poussière. L’envoyé de Dieu lui déclara qu’il était venu pour s’opposer à son voyage, à cause des mauvaises intentions qui le lui avaient fait entreprendre, et pour être son adversaire. L’ange ajouta qu’il l’aurait tué, si l’anesse ne se fût détournée. Balaam confessa ouvertement sa faute à celui qui l’avait déjà lue dans le secret de son cœur, et se déclara prêt à retourner sur ses pas ; mais l’ange lui ordonna, au contraire, de continuer son chemin avec les princes de Moab, et il joignit à cet ordre la défense de prophétiser autre chose que ce qui lui serait prescrit : la langue de Balaam va désormais ne se mouvoir que selon la volonté de celui qui a fait mouvoir la langue de sa monture. Num., xxii, 31-35, 38 ; xxrn, 12, -20, etc. Cf. Jos., xxiv, 9.

IV. Balaam auprès de Balac. — Aussitôt que Balac apprit l’arrivée de Balaam, il s’avança à sa rencontre jusqu’à une ville « située sur les dernières limites de l’Arnon i> ( Ar - Moab, d’après les commentateurs modernes) f d’où il l’amena ensuite dans une autre « ville à l’extrémité de son royaume » (hébreu : dans la ville de ffiiçôf), dont on n’a pu établir le site avec certitude. Num., xxii, 36, 39. Balaam paraissait être toujours dans les dispositions où l’avaient mis les événements accomplis pendant son voyage : « Pourrais-je dire autre chose que ce que Dieu me mettra dans la bouche ? » Num., xxii, 38, dit-il au roi, qui lui reprochait son retard à venir, et lui parlait de la récompense à attendre. Le lendemain de son arrivée, Balac le conduisit dès le matin sur les hauteurs de Baal (hébreu : Bâmôt-Bâ’al), au nord de Dibon, afin qu’il pût voir de là l’extrémité du camp des Israélites et les maudire. Num., xxii, 41.

V. La prophétie de Balaam. — C’est sur cette montagne que Balaam commença de prononcer cette prophétie touchant les glorieuses destinées d’Israël qui a rendu son nom si célèbre. Elle se compose de quatre oracles, encadrés dans autant de récits dont l’agencement, sauf pour le dernier, est identique : d’abord les préparatifs, consistant dans le choix du lieu, l’offrande d’un sacrifice et la consultation de Dieu, omise cependant avant le troisième oracle ; ensuite l’oracle proprement dit ; enfin un dialogue entre Balac et Balaam. Ces. oracles sont quatre petits poèmes admirables par la construction de la période poétique, la force et la concision du style, l’éclat et la variété des images, l’élévation et lamagnificence de la pensée.

1° Premier oracle. — Balaam fit dresser par Balac sept autels, et ils mirent ensemble un veau et un bélier sur

chaque autel ; puis, laissant auprès des victimes Balac et les princes de Moab, il s’en alla à l’écart, pour recevoir les ordres de Dieu. Num., xxiii, 1-3. On s’est demandé à qui était offert ce sacrifice ; la réponse n’est pas douteuse en ce qui regarde Balac ; il n’entendait pas évidemment sacrifier à Jéhovah, le Dieu de ses ennemis ; mais à Baal, probablement le même que Chamos. Num., xxt, 29. Quant à Balaam, il semble dire à Jéhovah que c’est à lui que les victimes ont été immolées, Num., xxii, 4, et cela paraît bien plausible après la leçon qu’il avait reçue sur le chemin du pays de Moab. Sa conscience de païen lui permettait du reste d’honorer à la fois deux dieux différents, ou bien peut-être son désir de plaire à Balac lui suggéra-til l’idée d’un sacrifice qui serait offert à Baal par ce prince, tandis que lui, Balaam, l’offrirait en son cœur au Dieu d’Israël, dont il était, bon gré mal gré, le serviteur et l’organe dans cette circonstance. Il voulait d’ailleurs essayer, ajoute Théodoret, Quœst. xlii in Num., t. lxxx, col. 391, d’amener Jéhovah à changer de dessein, comme s’il avait affaire à ses fausses divinités. Jéhovah avait bien révoqué la défense qu’il lui avait faite de suivre les envoyés de Balac, Num., xxii, 12, 20 ; pourquoi ne révoquerait-il pas maintenant la défense de maudire Israël ? C’est peut-être ce dont Balaam veut s’assurer en allant consulter le Seigneur au moyen « des présages ». Num., xxiii, 3, 15 ; xxiv, 1. Cette pratique superstitieuse de « chercher des présages », Num., xxiv, 1, a fait penser à beaucoup d’interprètes que Balaam allait consulter le démon, et que ce n’est pas lui, mais Moïse, qui parle ici de Jéhovah. Mais d’autres croient que c’est bien au vrai Dieu qu’il allait s’adresser, quoiqu’il le fit à la manière des devins ; car il savait qu’il ne devait parler qu’an nom et d’après les instructions du Dieu d’Israël. Num., xxii, 20, 35, 38 ; xxiii, 12, 26. Ce qui est hors de discussion, c’est que la réponse attendue fut dictée et imposée par Jéhovah.

De retour auprès de Balac, Balaam la lui transmit dans la forme solennelle qui convenait à un oracle. Il ne pouvait pas, disait-il, maudire celui que Dieu n’avait point maudit. Vainement on l’avait dans ce but fait monter sur les hauteurs ; il ne s’y tiendra que pour admirer ce peuple unique entre tous les peuples ; nation choisie que la bénédiction divine fait innombrable comme la poussière. Cf. Gen, xiil, 16. « Puissé-je, ajoute Balaam, mourir de la mort de ces justes ! puisse la fin de ma vie ressembler à la leur ! » Num., xxiii, 10. Ce souhait du fils de Béor se rapporte-t-il à la vie future, comme le Veulent quelques-uns 1 ? À en juger par l’ensemble du Pentateuque et par l’économie de l’Ancien Testament, on peut croire que Balaam exprime ici le désir d’une fin paisible, couronnant une vie longue et prospère. Cf. Gen., xxv, 8. Ce désir devait être cruellement frustré, Num., xxxi, 8, parce que Balaam, dit saint Bernard, Serin, xxi in Cantic, 2, t. clxxxiii, col. 873, « souhaitait la fin des justes, mais il n’en voulait pas les commencements, » c’est-à-dire la vie vertueuse qui conduit à cette fin. Pour le moment cependant il était fidèle à la mission que Dieu lui avait donnée, et il déclara à Balac qu’il ne pouvait y manquer, lorsque le roi s’indigna de ce que, appelé pour maudire, il bénissait.

2° Deuxième oracle. — Pénétré, comme on l’était communément chez les païens, de l’importance du site en fait de prestige, Balac pensa qu’un changement de lieu amènerait un changement dans les réponses de la divinité. Il conduisit donc Balaam sur une hauteur des monts Abarim, le mont Phasga, et le fit monter au sommet, en un endroit d’où il ne put voir qu’une partie du camp d’Israël, ou bien, au contraire, d’où il pût voir toute l’armée ennemie : deux sens opposés du ꝟ. 13, dont chacun a ses partisans parmi les exégètes. « Mais Dieu n’est pas, comme l’homme, sujet à changer ses desseins, » Num., xxm, 19, dit Balaam en revenant de consulter le Seigneur, après avoir offert un sacrifice semblable au premier. Le Dieu qui a fait sortir Israël de l’Egypte est toujours avec lui. Il n’y a point d’enchantement ni de charme contre ce

j peuple, ou, selon une autre interprétation à laquelle on peut ramener ce que dit Théodoret, Qusest. xliii in Num., t. lxxx, col. 394, il n’a pas besoin de cet*rt, cf. Deut., xviii, 10-22 ; il saura en son temps (par ses prophètes) ce que Dieu doit accomplir, disent les Septante, ce Dieu dont la protection le rend invincible. Num., xxiii, 21-24.

3° Troisième oracle. — Ce second échec ne découragea pas Balac ; il voulut faire une troisième tentative. Il fit donc descendre Balaam du Phasga et le mena à l’ouest, plus près du camp d’Israël, sur le mont Phogor, qui regarde le désert, Yesimôn, Num., xxi, 20 ; xxiii, 28, c’est-à-dire unerégion désolée, située au nord-est de la mer Morte. Cette répétition des sacrifices pour obtenir une réponse favorable est encore un trait commun au paganisme oriental et à celui de la Grèce et de Rome. Le jour où il fut tué, Jules César avait offert successivement cent animaux sans arriver au litamen désiré (Florus, Hist. rom, , iv, 2) ; Paul-Émile ne. l’obtint qu’au vingtième sacrifice. Sept autels furent dressés sur le Phogor et reçurent les victimes ; mais cette fois Balaam n’alla plus « chercher des présages » ; ses deux insuccès précédents lui avaient assez prouvé que Jéhovah ne cesserait pas de vouloir qu’il bénît Israël. Num., xxm, 27-xxiv, 1. Saisi de l’esprit de Dieu, il bénit doncpour la troisième fois son peuple, mais d’une manière plus solennelle et dans le langage le plus magnifique : « Qu’ils sont beaux tes pavillons, ô Jacob ! qu’elles sont belles tes tentes, ô Israël ! » Num., xxiv, 5. Balaam décrit ensuite la prospérité d’Israël, sa puissance, ses victoires, les bénédictions qu’il a héritées des patriarches ses pères ; « son roi sera plus grand qu’Agag, et son royaume sera exalté. » Num., xxiv, 7, selon l’hébreu.

Quelques interprètes ont vu dans les deux parties du ꝟ. 7 une prophétie messianique, et les Septante semblent leur donner raison ; au lieu de traduire la première partie comme la Vulgate : « L’eau coulera de son seau ( hébreu : de ses deux seaux), et sa postérité se répandra comme les eaux abondantes, » ils lisent : « Un homme sortira de sa race, et il commandera à de nombreuses nations. » Ce sens est conforme à celui du chaldéen et du syriaque. Les paroles de la seconde partie : « Son roi sera rejeté à cause d’Agag, et son royaume lui sera enlevé, » pourraient s’appliquer à Saül ; mais le sens n’est pas le même dans l’hébreu actuel, qui porte : « Son roi sera plus grand qu’Agag, et son royaume sera exalté. » Ce passage assez obscur, diversement lu et interprété, a été entendu du Messie par le chaldéen : « Leur roi… sera plus fort que Saùl…, et le royaume du roi Messie grandira. » On peut dire du moins que le Messie et son royaume sont indirectement désignés ici dans la prophétie de la prospérité du royaume d’Israël, qui figurait et préparait le royaume spirituel du Christ. Agag est, d’après plusieurs interprètes, le titre des rois d’Amalec. Voir col. 259.

Ce troisième oracle, qui renchérissait sur les deux premiers, mit le comble au mécontentement de Balac. Car non seulement Balaam bénissait de plus en plus ses ennemis, mais il venait encore d’appeler sur Moab les malédictions célestes par ces dernières paroles de son discours : « Maudit sera, [ô Israël, ] celui qui te maudira ! » Le roi ordonna donc à Balaam de s’en retourner dans son pays, non sans lui avoir fait remarquer qu’en écoutant Jéhovah il avait perdu la magnifique récompense qui lui était destinée ; mais Balaam rappela à Balac qu’il ne pouvait parler que conforménient aux ordres du Seigneur, comme il l’avait tout d’abord déclaré à ses envoyés. « Cependant, ajouta- 1- ii, je donnerai, en retournant vers mon peuple, un conseil concernant ce que votre peuple fera à celui-ci à la fin. » Num., xxiv, 14. L’hébreu porte : « Je vous dounerai avis de ce que ce peuple fera contre le vôtre dans les derniers temps, » ce qui ne permettrait pas de voir déjà dans ce verset l’intention de Balaam de donner un conseil qui pût être nuisible aux Israélites ; ces parolea seraient plutôt une transition au dernier oracle. Cf. Num.^ xxiv, 17. 1395

BALAAM

J390

4° Quatrième oracle. — Balaam reprit aussitôt son dis cours sans aucun préliminaire. Ce dernier oracle est le plus beau de tous ; il a une portée bien plus haute et plus étendue que les précédents. On dirait que le souffle prophétique attendait ce moment, où Balaam, libre de toute préoccupation du côté de Balac, se livrerait sans réserve à l’inspiration divine, pour le soulever et l’emporter dans une région nouvelle. Quatre visions successives passent sous ses yeux, et divisent ainsi cet oracle en quatre sections, comprises dans les fꝟ. 17-19, 20, 21-22, 23-24, du chapitre xxiv, et précédées d’un court préambule, fꝟ. 15-16, dans lequel Balaam rappelle sa mission en un langage assez obscur. Cf. fꝟ. 3-4.

1. « Je le verrai (hébreu : je le vois), mais pas maintenant ; je le contemplerai (hébreu : je le contemple), mais pas de près. Une étoile sortira de Jacob, et un sceptre s’élèvera du milieu d’Israël ; et il frappera les chefs (hébreu : les deux côtés) de MOab, et il dévastera tous les enfants de Seth (set, c’est-à-dire « confusion, tumulte » ). Et l’Idumée sera en sa possession, et l’héritage de Séir passera à ses ennemis ; mais Israël agira vaillamment (prévaudra en richesse et en force, d’après les Targums). De T acob viendra le dominateur ( appelérplus haut « étoile » et « sceptre » ) ; il perdra les restes de la ville. » Num., xxiv, 17-19.

2. Balaam, après avoir annoncé le Dominateur à venir, se tourna vers le pays des Amalécites, les première des Gentils qui avaient attaqué Israël, Exod., xvii, 8, et il prophétisa leur ruine, qui arriva sous Saûl. I Reg., xv, 2-33 Ils furent presque exterminés sous ce prince, et si plus tard ils reparaissent quelquefois encore, c’est sous forme de tribus isolées ou de bandes de pillards ; mais jamais plus comme constitués en corps de nation. I Reg., xxvii, 8 ; xxx, 1.

3. Balaam porte ensuite les yeux du côté des Cinéens et leur prédit qu’ils seront emmenés en captivité par les Assyriens. Quels étaient ces Cinéens ? Il est impossible de rien préciser, faute de données suffisantes, sur les peuples qui portent ce nom dans la Bible, voir Cinéens ; mais on peut du moins penser qu’ils étaient de même race que ceux dont Balaam voyait en ce moment le « nid » {qên, allusion à Qêni, « Cinéen » ). Le nom de la ville d’Accaïn (hébreu : Haqqaïn), Jos., xv, 57, au sud-est d’Hébron, cf Jud., i, 16, identifiée par les explorateurs anglais de VOrdnance Survey avec le village moderne de Youkin ou Yakin, rappelle le nom des Cinéens, et, du haut du mont Phogor, Balaam voyait très bien le rocher sur lequel était construite cette ville. Voir Accaïn, col. 105. La prophétie fut probablement accomplie contre les Cinéenstle la Galilée par Théglathphalasar, IV Reg., xv, 29, et contre ceux de la Judée par Nabuchodonosor ; car le mot « Assyriens » doit se prendre dans un sens large, comme on le voit par I Esdr., vi, 22, et ici même, ꝟ. 21.

4. En effet, étendant cette fois le regard de son esprit bien au delà de l’horizon visible dans lequel il s’était renfermé jusque-là, Balaam annonce, dans le ꝟ. 24, la ruine des Assyriens par des conquérants venus de l’Italie, c’est-à-dire de l’Occident (hébreu : Kittirn). Or les Grecs et les Romains n’ont pas détruit la puissance assyrienne, mais les empires qui s’étaient élevés sur le territoire où elle dominait autrefois. Ces nouveaux conquérants devaient aussi, d’après le voyant, ruiner les Hébreux. Par ee mot, il faut entendre les peuples d’au delà de l’Euphrate, d’après l’étymologie. Keil est d’avis, avec Hofmann, que ces deux noms, Assuret Héber, s’appliquent ici à l’ensemble des enfants de Sem : ceux des régions orientales (y compris les Élamites), représentés par Assur ; ceux des contrées occidentales, désignés sous la dénomination d’Héber. Keil, The Pentateuch (traduction anglaise), t. iii, p. 198-199. À leur tour ces derniers vainqueurs périront, « et pour toujours, » ajoule l’hébreu. C’est par cette prédiction que se termine toute la prophétie de Balaam.

VI. DU CARACTÈRE MESSIANIQUE DU QUATRIÈME ORACLE.

— Si l’on veut bien comprendre ce quatrième oracle, qui est là partie de beaucoup la plus importante de la prophétie et en constitue le point culminant, il faut ne pas perdre de vue les dernières paroles de Balaam à Balac, ꝟ. 14, par lesquelles il lui avait promis de lui découvrir ce qu’Israël ferait à son peuple « dans les dernière jours » (hébreu), expression qui dans le langage de la Bible se rapporte d’ordinaire au règne du Messie, déjà réalisé ou préparé par les événements de l’histoire d’Israël. Gen., xlix, 1 ; Is., ii, 2 ; Jer., xxx, 24 ; Ezech., xxxviii, 8, 16 ; Hebr., r, 2 (grec). Aussitôt après avoir prononcé ces paroles, Balaam rappelle, ꝟ. 15-16, d’une manière plus solennelle encore que précédemment, ꝟ. 3-4, l’esprit prophétique qui le remplit et la sagesse divine qui le fait parler. Alors son regard, plongeant dans l’avenir le plus lointain, y découvre une étoile qui sort de Jacob, cf. Apoc, xxii, 16, un sceptre qui s’élève d’Israël, un Dominateur dont l’origine céleste est symbolisée par l’étoile, comme le sceptre indique sa dignité royale et sa puissance. Cf. Gen., xlix, 10. Ce Dominateur est le terme extrême vers lequel toutes les parties de l’oracle convergent ; et ses victoires successives ne sont que la préparation graduelle de son triomphe final et de son règne éternel. Du sommet du Phogor, Balaam voit tour à tour tomber sous les coups du Dominateur tous ses ennemis, et le cercle de sa vision s’élargit à mesure, jusqu’à embrasser les plus grands empires du monde, s’écroulant les uns sur les autres pour faire place enfin à l’empire de celui que le voyant appelle l’Étoile de Jacob. De ce point de vue, la prophétie de Balaam apparaît dans une grandiose unité, et son accomplissement total est manifeste, tandis qu’il se montre imparfait ou difficile à reconnaître, si l’on se renferme dans l’histoire nationale des peuples, mentionnés. Si l’on veut, par exemple, avec certains interprètes, voir David dans le dominateur du ꝟ. 19, on ne peut lui attribuer toutes les victoires prophétisées. Car c’est à Saül et non à David qu’est due principalement la ruine des Amalécites ; les Moabites eux-mêmes, vaincus et soumis par David, II Reg., viii, 2, secouèrent plus tard le joug d’Israël, IV Reg., i, 1 ; iii, 4-5, et purent encore lui nuire, IV Reg, , xiii, 20-21, etc. ; et, quant aux Iduméens, l’accomplissement de la prophétie, commencé par David, II Reg., viii, 14 ; III Reg., xi, , 15-16, ne fut achevé qu’un peu avant l’avènement du vrai Dominateur, par Jean Hyrcan, qui soumit définitivement les Iduméens et leur imposa la religion mosaïque. Il ne peut donc être question de David, dans la prophétie de Balaam, que pour une partie des événements prédits, et sans doute en tant que ce prince est considéré comme le type du vrai « Boi des siècles », qui abat successivement tous ses ennemis et assied son trône sur les débris de leurs empires. Cf. Ps. cix, 2, et Apoc, xxii, 16.

Le passage relatif aux Cinéens semblerait toutefois rompre l’unité de celle vision prophétique. En effet, que viennent faire ici, parmi les ennemis d’Israël vaincus par son roi, les Cinéens, amis du peuple de Dieu ?I Reg., xv, 6 ; xxvii, 10 ; xxx, 29. Mais l’hébreu permet de résoudre cette difficulté. Balaam, après avoir prédit la ruine des Amalécites, dit que le Cinéen, au contraire, a une habitation stable et qu’il ne sera pas détruit, jusqu’au temps où Assur l’emmènera captif. C’est un constraste qui rappelle, en en montrant les effets différents, la conduite tout opposée qu’avaient tenue quarante ans auparavant, envers Israël, les Amalécites, d’une part, et les Cinéens en la personne de Jéthro, de l’autre. Exod., xvii, 8-14 ; xviii ; Jud., i, 16 ; iv, 17-22. Voir Keil, The Pentateuch^ t. iii, p. 196. C’est donc toujours la puissance du Dominateur qui s’exerce vis-à-vis des Cinéens comme des autres, mais en les protégeant comme amis de son peuple.

Le ꝟ. 24, où Balaam voit la puissance de l’Occident asservissant l’Orient, et détruite à son tour pour toujours, donne en deux mots comme une esquisse des tableaux

plus vastes dans lesquels Daniel dépeindra les grands empires et le royaume messianique qui doit leur succéder. Seulement Balaam ne dit pas, comme Daniel, par qui sera ruiné le dernier de ces empires. Est-ce que sa vue prophétique ne s’est pas étendue jusque-là, comme le disent certains critiques modernes ? Nous ne le croyons pas. D’abord ces mots « pour toujours » prouvent qu’à ses yeux cette dernière ruine est due à une cause irrésistible, toute-puissante ; et ensuite comment supposer que Balaam n’a pas vu ce destructeur, lui qui a débuté par ces paroles : « Je le vois, mais pas maintenant ; je le contemple, mais pas de près 1° La ruine du dernier conquérant n’est que le coup final de Celui qu’il n’a pas cessé de voir triompher de tous ses ennemis les uns après les autres. Mais il importe peu du reste que Balaam ait saisi ou non la portée de ses prédictions ; leur caractère messianique est indépendant de l’idée qu’il pouvait s’en faire.

Si ce caractère messianique, que les Pères reconnaissent généralement à l’ensemble du quatrième oracle, n’est pas admis de tous, il n’est du moins contesté de nos jours par aucun des commentateurs chrétiens en ce qui regarde I’  « étoile de Jacob » et le « sceptre » du ꝟ. 17. Les anciennes traditions juives étaient constantes sur ce point ; on le voit par les Targums d’Onkélos et du Pseudo-Jonathan et par la paraphrase dite de Jérusalem. L’histoire nous fournit, de son côté, une preuve de cette tradition dans le crédit que, sous le règne d’Adrien, l’imposteur Simon trouva auprès des Juifs ses compatriotes ; il prit le nom de Bar-Chochébas, « le fils de l’Étoile, » et le succès qu’il obtint montre bien qu’à cette époque l’Étoile annoncée par Balaam n’était autre pour les Juifs que le Messie même. Nous avons un témoignage historique encore plus frappant de cette tradition dans l’Évangile de saint Matthieu, ri, 2-4. Lorsque les mages, arrivés à Jérusalem, demandèrent où était né Je roi des Juifs dont ils avaient vu l’étoile en Orient, Hérode ne fut nullement étonné ; il ne demanda pas de quel roi et de quelle étoile ces étrangers voulaient parler ; il le savait, puisqu’il s’informa seulement du lieu où devait naître le Christ. C’est que le Christ était pour lui, comme pour les Juifs, le roi annoncé par l’étoile, ou plutôt l’étoile même, aussi bien que le sceptre, Num., xxiv, 17 ; c’était le Messie désigné ou rappelé ailleurs en des termes analogues, qui font ressortir la signification de ceux-ci. Cf. Gen., xlix, 10 ; Mal., iv, 2 ; Zach., iii, 8 ; vi, 12 ; Is., ix, 2, etc.

La tradition chrétienne a continué celle de la synagogue, et si quelques-uns ont pensé autrement, au dire de Théodoret, Qussst. xir in Num., t. lxxx, col. 394, le sentiment commun des Pères tient le ꝟ. 17 pour une prophétie de l’avènement du Messie. Cf. S. Jérôme, Epist. ad Oceanum, t. xxii, col. 695 ; Kilber, Analysis biblica, Paris, 1856, t. i, p. 97. Une tradition analogue devait exister chez les nations de l’Orient qui connaissaient la prophétie de Balaam, comme l’indiquent les paroles des Mages, Matth., ii, 2, mais adaptée aux idées régnantes dans le paganisme. Les Mages, « qui connaissaient d’avance l’apparition de l’étoile par l’oracle de Balaam, dont ils étaient les successeurs, » dit saint Jérôme, In Matth, ii, t. xxvi, col. 26, les Mages paraissent avoir cru que l’étoile apparue en Orient était l’objet direct de la prophétie de Balaam, et qu’à son tour elle annonçait, conformément aux croyances superstitieuses de l’antiquité, la naissance du « roi des Juifs », de même que d’autres astres annonçaient la naissance des grands hommes. Justin, Hist. xxxvii, 2 ; Suétone, Jul. Csesar, 78. Préparés par cette antique tradition, ils reçurent docilement la révélation qui leur fut faite de la naissance de ce roi. Voir Maldonat, In Matth., ii, 2.

VII. Funeste conseil donné par Balaam. — Sa mort.

— Sa prophétie terminée, Balaam reprit le chemin de Péthor. Dieu ne lui avait donc pas permis de maudire son peuple : il ne fallait pas que plus tard les Israélites, coupables et châtiés par le Seigneur, pussent attribuer

leurs malheurs à la malédiction d’un sorcier, dit Théodoret, Qusest. xuiin Num., t. lxxx, col. 390. Mais’Dieu permit qu’il leur nuisît d’une autre manière. Balaam, s’étant mis en route pour revenir dans son pays, s’arrêta chez les Madianites, voisins et alliés des Moabites. Les Madianites s’étaient joints aux Moabites pour solliciter son intervention contre Israël ; c’est sans doute ce qui détermina Balaam à séjourner chez eux en quittant le pays de Moab : il pouvait compter qu’ils écouteraient docilement ses avis, et l’événement justifia ses prévisions. Soit par un sentiment de haine contre le peuple de Dieu, soit plutôt dans l’espoir de recevoir de l’argent pour prix de ses services, il donna aux Madianites un conseil dont les effets devaient être, dans sa pensée, plus funestes aux Hébreux que n’auraient pu l’être ses malédictions ; car, s’ils avaient le malheur de tomber dans le piège qu’on allait leur tendre, ils seraient aussitôt privés du secours de Dieu, et attireraient sur eux ses vengeances. Num., xxxi, 16 ; cf. Apoc, ii, 14. À son instigation, les femmes de Moab et celles de Madian, dont certaines appartenaient aux plus grandes familles, Num., xxv, 2, 15 ; xxxi, 16, vinrent au camp des Israélites, sous le prétexte peut-être de leur offrir les marchandises dont faisaient commerce les caravanes madianites, et elles séduisirent le peuple et même un grand nombre d’entre les chefs, les faisant tomber dans le désordre, et par là ensuite dans le culte idolâtrique de Béelphégor. Num., xxv, 2-3. Le châtiment des coupables fut terrible : vingt-quatre mille d’entre eux furent passés au fil de l’épée. Num., xxv, 9.

Balaam ne jouit pas longtemps du succès de son mauvais conseil, lui-même en fut bientôt victime : par l’ordre de Dieu, les Israélites attaquèrent les Madianites et les exterminèrent, hommes et femmes, n’épargnant que les jeunes filles et les petits enfants. Leurs cinq princes furent aussi massacrés, et avec eux Balaam ; il périt ainsi sous les coups de ceux à qui il avait tant voulu nuire. Num., xxxi, 7-8, 17-18.

VIII. Ce qu’était Balaam. — - On s’est demandé si Balaam était un prophète ou un devin. Il fut certainement prophète le jour où il parla et annonça l’avenir au nom et par l’ordre de Dieu. Cf. Mich., vi, 5. Mais, selon le sentiment le plus commun, il ne fut pas un prophète au sens propre du mot. On n’est pas compté parmi les prophètes, dit saint Augustin, De diversis qusest. ad Simplvcianum, n, 1, n. 2, t. XL, col. 130, pour avoir prophétisé une fois. Tel est aussi le sentiment d’Origène, Hom. xinin Num., t. xii, col. 671 ; de saintBasile, en plusieurs endroits, entre autres Epist. 189 ad Eusthatium, t xxxii, col. 691, et de beaucoup d’autres, dont saint Thomas, 2°, 2*, q. 172, a. 6, ad 1°™, résume les doctrines d’un seul mot : Balaam fut « prophète des démons ». Cf. Tertullien, Adv. Marcion. , iv, 28, t. ii, col. 430 ; S. Jérôme, Qusest. hebraic. in Gènes., xxii, 20, t. xxilt, col. 971 ; In Job, xxxii, 2 ; Expositio interlinearis libri Job, t. xxvi, col. 1450 ; Epist. ad Fabiolam de 43 mans. in deserto, XL, t. xxiii, col. 722 ; Epist. Lxxrn, Epitaph. Fabiolse, t. xxii, col. 695 ; Estius, Annotât, in Num., xxii, 5. L’opinion commune peut invoquer en sa faveur l’Écriture elle-même. En effet, l’écrivain sacré ne donne pas à Balaam le nom de « prophète », nâbV ou hôzéh ; mais de « devin », haq-qôsêm, Jos., xiii, 22, mot toujours pris en mauvaise part. Deut., xviii, 10-12 ; I Reg., xv, 23, etc. Saint Pierre, il est vrai, l’appelle prophète, II Petr., ii, 16, mais c’est à l’occasion de l’événement dans lequel il le fut en effet. Ce nom d’ailleurs est quelquefois appliqué, dans la Bible, à des hommes qui ne sont point réellement prophètes. Deut., xiii, 1, 3, 5. — Voir A. Tholuck, Die Geschichte Bileam’s, dans ses Vermischte Schriften, 2 in-8% Hambourg, 1839, t. i, p. 406-432 ; "W. Hengstenberg, Die Geschichte Bileams und seine Weissagungen, in-8°, Berlin, 1842. E. Palis.

2. BALAAM (hébreu : BU’dm ; Septante : Ie|j16Xâav),

ville de la demi-tribu occidentale de Mariasse, nommée seulement sous cette forme, I Par., vi, 70. C’est probablement la ville qui est appelée Jéblaam, Jos., xvii, 11 ; xxi, 24. Voir Jéblaam.

    1. BALAAN##

BALAAN (hébreu : Bilhân, « modeste [?] ; » voir aussi Balan ; Septante : BaXaâji), prince horréen, fils d'Éser et descendant de Séir. Il habitait le mont Séir avant la conquête d'Ésaû. Gen., xxxvi, 27 ; I Par., i, 42.

BALAATH. La Vulgate appelle ainsi, Jos., xix, 44, et II Par., viii, 6, la ville dont elle écrit plus exactement le nom Baalath, III Reg., ix, 18. Voir Baalath.

    1. BALAC##

BALAC (hébreu : Bâlâq, « dévastateur (?) ; Septante : BaXix, » ), fils de Séphor, roi des Moabites. Il régnait au moment où le peuple d’Israël, après les quarante ans de séjour au désert, arrivait dans la contrée d’au delà du Jourdain pour passer ce fleuve et entrer dans la Terre Promise. La ruine complète des royaumes de Séhon et d’Og fit craindre à Balac le même sort pour le sien : « Ce peuple, ditil aux anciens de Madian, va détruire tous les habitants du pays comme le bœuf broute l’herbe jusqu'à la racine. » Num., xxii, 4. De ce que Balac s’adressa ainsi aux anciens de Madian, plusieurs ont conclu qu’il était lui-même Madianite, et qu’il avait profité de l’affaiblissement des Moabiles, par suite des conquêtes de Séhon, pour usurper le trône de Moab. Les derniers Targums font aussi de Balac un Madianite, et il est possible qu’il le fût en effet ; mais le contenu du ꝟ. 4 ne saurait en fournir une preuve suffisante ; car il était assez naturel que, dans un danger qui menaçait Madian aussi bien que Moab, cf. Num., xxv, 17 ; xxxi, 2-19, le roi de Moab cherchât à se concerter avec les Madianites, ses voisins, et d’ailleurs descendants de Tharé comme les Moabites. Il n’est donc pas besoin, pour expliquer cette démarche, de recourir à l’hypothèse d’une commune nationalité. Il paraîtrait néanmoins qu’il y eut à cette époque un changement de dynastie, ou peut-être même que la monarchie moabite fut établie et fondée en la personne de Balac ou de son prédécesseur- : le texte hébreu de Num., xxi, 26, appelle premier roi de Moab le prince auquel Séhou enleva Ilésébon, sa capitale, et tout le territoire jusqu'à PArnon. Ce premier roi étaitil le prédécesseur de Balac ou Balac lui-même ? C’est ce qu’on ne saurait dire.

Les Moabites avaient dû cependant conserver quelques points du territoire conquis par Séhon au nord de l’Avnoh, ou bien ils en reprirent possession aussitôt après la défaite des Âmorrhéens par Moïse, puisque nous les voyons alors établis dans ce pays et y agir en maîtres. Num., xxii, 41 ; xxiii, 14, 28 ; xxv, 1. Mais les succès des Hébreux rendaient cette possession précaire aux yeux de Balac, aussi bien que celle du reste de son royaume ; si les armes de Séhon avaient été funestes aux Moabites, que ne fallait-il pas craindre des vainqueurs de Séhon ? Balac ne savait pas que Dieu avait défendu à son peuple de rien entreprendre contre les Moabites, enfants de Lot. Deut., ii, 9. Se croyant donc impuissant contre un peuple qui avait pu s’affranchir du joug des Égyptiens et venait de détruire deux royaumes âmorrhéens, il pensa devoir recourir à un pouvoir surhumain. Il envoya des anciens de Moab et de Madian, peut-être aussi d’Ammoii, Dëut., xxiii, 4 ; II Esdr., xiii, 1, à un fameux devin de Péthor, en Mésopotamie, Balaam, fils de Béor, afin qu’il vînt maudire les Israélites et l’aider par ses maléfices à les repousser. Balaam vint en effet, mais il fut contraint par Dieu de bénir, au contraire, Israël, au grand mécontentement de Balac, qui dut se retirer sans avoir rien obtenu de ce qu’il désirait. Num., xxiv, 25. Quoique le nom de Balac ne paraisse pas dans les événements qui suivirent les oracles de Balaam, on peut croire qu’il ne resta pas étranger aux embûches qui, sur les conseils du devin de Péthor, furent

dressées par les Madianites contre les Israélites, pour les corrompre et les faire tomber dans l’idolâtrie. Num., xxv. Il est fait mention de Balac, dans la suite, en divers endroits des Livres Saints ; mais ces passages n’ajoutent rien à ce que Moïse nous apprend de lui dans le livre des Nombres. Jud., xi, 24-25 ; Mich., vi, 5 ; Apoc, ii, 14. Voie Balaam. E. Palis.

BALADAN. Voir Mérobach-Baladan.

    1. BALAGNI ou BALLAINI Jean##

BALAGNI ou BALLAINI Jean, mineur conventuel de la province de SaintNicolas, c’est-à-dire de la Pouille, et docteur en théologie, vivait au xvp siècle. Il a donné au public : 1° In Acta Apostolorum poenxata qusedam pergitam elegantissima, juxta doctissimas Joannis Feri in eadem enarrationes. Jean Feri était aussi un mineur conventuel ; l’ouvrage de Jean Balagni fut imprimé à la suite du sien, à Venise, chez Picenini et Leni, 1568, in-8°. 2° Expositio S. Bonaventurse in librum Sapientise et Lamentationes Jeremise. D’après Jean de Saint -Antoine, qui affirme avoir examiné ce volume, Balagni l’aurait fait imprimer à Venise, en 1574, in-8° (chez Salvioni, au dire de Sbaraglia), pour protester contre les fautes d’une autre édition, imprimée la même année et au même lieu, chez Pierre dei Francisci. Sbaraglia dit, au contraire, que l'édition de Balagni fut la première que l’on ait jamais imprimée île cet ouvrage du Docteur séraphique. P. Apollinaire.

    1. BALAI##

BALAI (hébreu : mat'âtë' ; Vulgate : scopa). Cet ustensile de ménage, fait de menues tiges résistantes, était connu des Hébreux. Il y est fait allusion dans l'Écriture. — 1° Dans une prophétie, Is., xiv, 23, le balai est pris comme symbole d’une entière destruction. « Je la balayerai, dit Dieu en parlant de Babylone, avec le balai de la destruction, » c’est-à-dire qui ne laissera rien de reste. Les Septante ont rendu le mot hébreu par « fosse », pàpa6pov ; mais le chaldéen, le syriaque et la Vulgate ont traduit par le mot « balai », plus conforme à l'étymologie. — 2° La femme qui a perdu la drachme balaye (<r « poï) sa maison pour la retrouver. Luc, xv, 8. Dans une demeure sans autre ouverture que la porte, à la lueur d’une faible lampe, elle n’avait pas de moyen plus facile pour trouver un si petit objet. — 3° Notre -Seigneur parle <le l’esprit impur qui, revenant dans le cœur de l’homme d’où il était sorti, retrouve sa demeure soigneusement balayée. Matth., xii, 44 ; Luc, xi, 25. E. Levesque.

    1. BALAN##

BALAN (hébreu : Bilhân, « modeste [?] ; » voir aussi Balaan ; Septante : BnXaiv), fils de Jadihel, dans la descendance de Benjamin. Ses sept fils furent chefs de familles puissantes. I Par., vii, 10, 11.

    1. BALANAN##

BALANAN, hébreu : Ba’al hânàn, « Baal fait grâce ». Cf. Ba’al Ifannon des inscriptions de Carthage, et Ba’al l.ianunu des inscriptions cunéiformes.

1. BALANAN (Septante : BaXXeMcâv, BaXaEwtip), fils d’Achobor, succéda à Saùl de Rehoboth sur le trône d'Édom, et fut le septième des rois qui régnèrent sur ce pays, avant l'établissement de la royauté en Israël. Gen., xxxvi, 38, 39 ; I Par., i, 49.

2. BALANAN (Septante : BaXXavàv), officier de David r originaire de Beth-Gader, ville de Juda, intendant desoliviers et des sycomores de la Séphéla. I Par., xxvii, 28. Son nom semble indiquer un Chananéen.

    1. BALANCE##

BALANCE (hébreu : nw’zenaïm, pelés et qânéh, Septante : ïvy<5v, (rra6|i<Sç, ti^oktti’y !  ; , po^'ô ; Vulgate : statera, pondus). L'Écriture ne décrit pas la balance dont se servaient les Hébreux ; mais les noms usités pour la désigner nous montrent qu’elle devait être à peu près

semblable à notre balance ordinaire, connue du reste des Égyptiens et des Assyriens (fig. 416), et figurée sur les monuments. Elle se composait de deux plateaux (mô’ze WVVV r& v( r

n

.s :

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416. — Balance assyrienne.

D’après Botta, Monuments de Ninive, pi. 140. Cf. H. Gosse,

Assyria, In -12, Londres, 1852, p. 608-609.

naïtn, iikaGfzt<[) attachés par des cordes ou des chaînettes aux deux extrémités d’un fléau (qânéh, Çvifiiv) muni en « on milieu d’un anneau qu’on suspendait au crochet de l’arbre de la balance ou qu’on tenait à la main. Une petite

E=Z

Y

O

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417. — Balance égyptienne.

Tombeaux de BenlHassan. D’après Champollion, Monument]

de l’Egypte et de la Nubie, pi. 357.

>tige ou languette (pelés), fixée au fléau, indiquait l’équilibre des poids par sa position verticale (fig. 417). Souvent un fil à plomb remplissait l’office de languette. Il partait <de l’angle inférieur formé par la jonction de deux cordes,

attachées, par l’autre extrémité, à droite et â gauche dâ l’axe du fléau. Celui-ci, en s’abaissant d’un côté, faisait dévier le fil à plomb du côté opposé. Quand le fléau était horizontal, le fil à plomb était juste en face de la ligne médiate de l’arbre de la balance, et indiquait par là l’équilibre des poids. Sur les monuments, le défaut de perspective ne permet pas de voir ordinairement les points

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418. — Balanoe à poids mobile, trouvée h. Pompét.

D’après Rien, Dictionnaire des antiquités romaines et grecques, ln-12, 1873, p. 361.

d’attache des deux cordes qui tenaient suspendu le fil à plomb ; on n’en distingue qu’un seul (col. 469). Celte balance devait être très juste. Celle dont parle Ézéchiel, v, 1, mô’zenê misqâl, « balance à poids, à fil à plomb » (cf. misqélét, « fil à plomb » ), pourrait bien être une balance de ce genre. Pour s’assurer de l’équilibre, les Égyptiens employaient encore un système très ingénieux : le fléau passait dans un anneau attaché à une petite tige parallèle et muni dans sa partie inférieure d’un contrepoids ; en constatant avec la main que l’anneau jouait librement, on pouvait, sans avoir besoin de regarder, re 419. — Balanoe romaine trouvée à Pompéi. D’après Rich, Dictionnaire des antiquités, p. 601.

connaître l’égalité des plateaux. Des exégètes ont voulu voir dans le pelés une balance spéciale, une sorte de peson ou de balance romaine, Gesenius, Thésaurus, p. 1106 ; mais ce mot paraît désigner plutôt une des parties de la balance ordinaire, soit la languette qui sert à constater l’équilibre, E. Rosenmiiller, Scholia inVelus Testant., Tn 1s., XL, 12, t. iii, p. 23, soit même le fléau. Kimchi, dans son commentaire sur Isaïe, xxvi, 7. Dans les deux endroits où il est employé, Prov., xvi, 11 ; Is.,

XL, 12, pelés semble bien être joint à mô’zenaïm, « les deux bassins, » pour exprimer, par ses deux parties essentielles, une seule et même balance. Le mot qânéh, « roseau, canne, s généralement usité pour les mesures de longueur, comme le grec xavùv, serait pour quelques éxégètes le nom de la balance dite « romaine ». Mais celle-ci est d’invention plus récente ; selon Isidore de Séville, Etymolog., xvi, 25, t. lxxxii, col. 159, elle aurait été inventée en Campanie, d’où son nom de campana

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420. — Balance égyptienne.

Pcséo des outen. Thèbes. Abd-el-Qourna, xviii » dynastie. D’après Lepsios, Denlcmaler, Abth. iii, Bl. 39.

(statera). Et de fait on en a trouvé un grand nombre dans les ruines d’Herculanum et de Pompéi. Elle ne fut connue en Egypte, et probablement aussi en Palestine, qu’à l’époque romaine. J. G. Wilkinson, The manners and customs of the ancient Egyptians, édit. Birch, t. ii, p. 246 et 247, note. Il est donc préférable d’expliquer par fléau le qânéh d’Isaie, xlvi, 6. Quand les Grecs et

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421. — Balance égyptienne pour la pesée de l’or.

Tombeaux de Boni -Hassan. D’après Champollion, Monuments

de l’Egypte, pi. 338.

les Romains dominèrent sur l’Egypte et l’Asie antérieure, ils y introduisirent leurs diverses sortes de balances : la balance ordinaire (libra), dans laquelle le fléau est muni d’une aiguille ou languette (examen) marquant par son inclinaison les variations de poids ; la balance (libra) dont le fléau est divisé en fractions et est muni d’un poids mobile qui permet de varier la longueur du levier et de constater facilement la différence de poids des deux objets placés dans les bassins (fig. 418), et enfin la romaine proprement dite (statera), ou balance à bras inégaux et à poids unique mobile (fig. 419).

En Orient, les balances servaient non seulement pour diviser une chose en parties déterminées, Ezech., vi, 1 ;

Is., xlvi, 6, et pour peser les diverses marchandises dans les achats et les ventes, mais aussi pour peser les métaux qui servaient à en payer le prix. Car aa lieu de faire toujours des échanges en nature, on en vint, pour plus de facilité dans les transactions, à payer en lingots d’or, d’argent ou de cuivre. Ces lingots, souvent coupés en anneaux de différente grosseur, pouvaient bien avoir quelque marque indiquant le poids et la valeur ; mais comme ils n’avaient pas encore l’empreinte et la garantie de l’autorité publique, on ne peut les considérer comme de la vraie monnaie, laquelle est d’invention grecque ou lydienne au vne siècle avant J.-C. Il fallait donc vérifier le poids des lingots à chaque marché nouveau. Aussi les marchands portaient-ils suspendus à la ceinture une petite balance et un sachet renfermant des pierres d’un poids déterminé. Les Orientaux n’ont pas

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422. — La pesée des âmes.

D’après une peinture de vase antique. — La peinture de ce vase représente le combat d’Achille et de Memnon et cette espèce de consultation des destinées dont Il est question dans les écrits des plus anciens poètes grecs et qu’ils appelaient psychostasie ou « pesée des âmes a, Acbille va percer de sa lance Memnon qui est tombé sur son genou droit. Au-dessus des combattants une balance est fixé&par un clou à un arbre desséché ; Mercure, coiffé d’un large pétase, regarde cette balance où sont pesés les destins d’Achille et de Memnon, figurés par deux petits génies ailés placés dans les plateaux ; il montre du doigt le plateau qui descend. Le bassin qui contient la destinée d’Achille s’élève, selon l’expression d’Homère, jusqu’aux cieux, tandis que l’autre descend avec la destinée de Memnon. À gauche, Thétis, la mère d’Achille, étend la main sur son fils ; à droite, l’Aurore, mère de Memnon, s’arrache les cheveux. Voir Millin, Peintures des vases antiques, 2 in-f°, Paris, 1808, t. i, pi. XIX, et p. 39-42.

complètement abandonné cet usage. Cf. Chardin, Voyages en Perse et autres lieux de l’Orient, édit. Langlès, Paris, 1811, t. vi, p. 120. Abraham « pesa » les quatre cents sicles d’argent pour la caverne de Macpélah, qu’il avait achetée aux Benê-Heth. Gen., xxiii, 16. Cf. II Reg., xviii, 12 ; Job., xxviii, 15 ; Jer., xxxii, 9 ; I Esdr., viii, 26, 33. En Egypte, on voit souvent figurée sur les monuments, dans les peintures d’hypogées funéraires, la pesée des outen ou anneaux d’or, d’argent ou de cuivre, servant aux payements (Qg. 420). Ils employaient aussi, pour la pesée de l’or, une balance un peu différente ; les cordes des plateaux étaient remplacées par deux bras faisant coude avec le fléau ; ces bras étaient terminés par des crochets auxquels se suspendaient les sacs d’or (fig. 421). Wilkinson, Manners and customs, t. ii, p. 234, 246 ; G. Maspero, Lectures historiques, in-12, Paris, 1892, p. 22-23 ; Lenormant, Histoire ancienne, t. iii, p. 58. Chez les Assyriens, on pesait de même les lingots non monnayés ; le verbe saqal s’employait également pour dire « peser » et « payer ». Lenormant, Histoire ancienne, t. v, p. 113. (Voir Monnaie.)

— Quand on les vérifiait à la balance, on reconnaissait que les lingots n’avaient pas toujours le poids marqué ; on les rejetait. Des éxégètes, Cornélius a Lapide, dans

son commentaire sur Daniel, v, 26 (Vulg., 27) ; Fabre d’Envieu, Le livre du prophète Daniel, t. ii, l rs partie, p. 449, etc., voient une allusion à cet usage dans la célèbre sentence portée contre Baltassar. Ce prince a été pesé dans la balance de la justice divine, et il est rejeté comme le lingot qui n’a pas le poids voulu. Cf. Job, xxxi, 6. Les poètes grecs et les monuments helléniques nous montrent aussi les dieux pesant les destinées des hommes (fig. 422).

En l’absence de contrôle légal pour les poids et les mesures, il était aisé de tromper en employant des poids falsifiés ou des balances fausses. On sait d’ailleurs que la fourberie et la tromperie sont des vices très communs en Orient. Aussi l’Écriture rappelle-t-elle souvent aux Israé 423. — La pesée de l’âme devant le tribunal d’CMrls. Anibê. xxe dynastie. D’après Lepslus, Denbmaler, AMh. iii, El. 232.

lites, enclins à ce défaut, l’honnêteté dans les relations commerciales. Moïse avait posé la loi : « Que votre balance soit juste. » Lev., xix, 36. Cf. Deut., xxv, 13. À cause des infractions nombreuses qui étaient commises contre cotte loi, les prophètes en réitérèrent les prescriptions. Ose., xii, 8 (Vulg., 7) ; Amos, viii, 5 ; Mich., vi, 11 ; Ezech., xlv, 10. Même insistance dans les livres sapientiaux. Il ne faut point se départir de la stricte équité « dans l’usage de la balance et des poids. » Eccli., xlii, 4. s La balance trompeuse est en abomination devant Jéhovah. » Prov., XI, 1 ; xx, 23. « La languette et les plateaux justes sont de Jéhovah. » Prov., xvi, 11. C’est-à-dire quand la balance est juste, c’est comme si Dieu avait prononcé.

L’usage si fréquent de la balance devait naturellement amener à la prendre comme terme de comparaison et comme symbole. L’Ecclésiastique recommande de peser ses paroles dans la balance, xxi, 28 ; xxviii, 29 ; nous avons la même métaphore pour exprimer la circonspection dans les paroles, le soin d’en examiner le pour et le contre, d’en apprécier les conséquences. La balance s’emploie au figuré-pour l’appréciation des choses morales : comme nous disons « le poids de la douleur », ainsi pour Job les afflictions pèsent dans la balance plus que le sable des mers. Job, vi, 2. « Les hommes qui s’élèvent contre Dieu, dit le psalmiste, lxi (hébreu, lxu), 10, sont moins qu’un souffle placé dans la balance ; ils sont enle vés par le moindre contrepoids. » Elle sert à peindre la puissance et la sagesse de Dieu : « Il a pesé dans la balance les montagnes. » Is., XL, 12 ; II Mach., IX, 8. « Le monde, les nations, sont devant lui comme le plus petit poids, comme un grain de poussière dans la balance. » Is., XL, 15 ; Sap., xi, 23. Dans l’Apocalypse, vi, 5, la-balance symbolise la disette ; après l’ouverture du troisième sceau, saint Jean voit sur un cheval sombre un cavalier tenant à la main une balance, et il entend une voix qui crie : « Un chénix de blé pour un denier (c’est-à-dire pour une journée d’ouvrier), trois chénix d’orge pour un denier ; » en d’autres termes, chacun n’aura alors qu’une maigre et insuffisante ration, mesurée et pesée. Cf. Lev., xxvi, 26 ; Ezech., iv, 16, 17. Ce n’est pas précisément la famine, comme dans le sceau suivant ; mais la rareté et la cherté des vivres, c’est-à-dire la disette. Enfin la balance est le symbole du jugement de Dieu et de sa rigoureuse équité : « Que Dieu me pèse dans la balance de la justice, s’écrie Job, xxxi, 6, et il reconnaîtra mon innocence. » Dans ce symbole, Job se rencontre avec l’Egypte ; on sait que les rapprochements entre le livre de Job et les documents égyptiens sont nombreux et étroits. Ou voit souvent représentées dans la vallée du Nil les balances divines, qui sont dressées devant le tribunal d’Osiris (fig. 423). Le cœur du défunt est placé dans un des plateaux, , et dans l’autre une petite statue de la Justice et de la "Vérité ou leur symbole. Anubis avec Horus surveillent les oscillations du fléau, et quand les plateaux sont en équilibre, il prononce la formule sacramentelle : « Le cœur fait équilibre ; la divine balance est satisfaite parl’osiris JV… » Et Thot, une tablette à la main, écrit la sentence (col. 469, fig. 115). Les siècles chrétiens ont exprimé le jugement de Dieu par le même symbole, si naturel. Au moyen âge, les artistes représentaient fréquemment la pesée des âmes ; on peut en voir un exemple dans le tympan du grand portail de Notre-Dame de Paris. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, in-8°, Paris, 1877, p. 78. E. Levesque.

BALANITE. I. Description. — Plante qui, selon plusieurs botanistes et exégètes, produirait la substance appelée en hébreu sôri. C’est un arbre muni d’épines robustes, droites, longues de quatre à cinq centimètres, et généralement situées à la base des rameaux ; ceux-ci sont effilés, assez grêles, allongés, à écorce amère ; les feuilles sont divisées en deux folioles ovales ou oblongues, arrondies ou échancrées en cœur à leur base, amincies dans la partie supérieure, habituellement larges de un centimètre et demi ; elles sont coriaces, couvertes d’un duvet fin ; les fleurs, verdàtres, à odeur suave, sont disposées en petites grappes espacées, placées à l’aisselle des feuilles ; ces grappes sont glabres et ne renferment pas plus de trois à cinq fleurs ; la corolle est petite, parfois blanchâtre, formée de cinq pétales linéaires et oblongs, pourvue à la base d’un calice également à cinq divisions pubescentes ; le fruit est charnu, huileux, de forme ovale, légèrement aminci aux deux extrémités, portant au dehors quatre angles arrondis et peu saillants ; à l’intérieur, il renferme un noyau osseux (fig. 424). Cet arbuste a été nommé Balanites ssgyptiaca par A. R. Delile, Description deVÊgyple, in-.f », Paris, 1813, p. 221, pi. 28, fig. 1 ; A. P. de Candolle, Prodromus syslematis regni vegetabilis, 16 in-8°, Paris, 1824-1870, t. i, p. 708. Il croît en Arabie, dans les déserts de l’Egypte supérieure, en Nubie et en Abyssinie ; il ne se rencontre plus actuellement, dans toute la Palestine, qu’aux environs de Jéricho, dans la vallée chaude du Jourdain, d’après E. Boissier, Flora ùrientalis, 5 in-8°, Bàle et Genève, 1867-1884, 1. 1, p. 944. Le fruit du balanite s’appelle myrobalan d’Egypte ou datte du désert ; il a presque la forme et la figure d’une datte ; sa chair, qui est d’abord acre, très amère et purgative, devient douce et mangeable en mûrissant. Son noyau fournit de l’huile ; sa pulpe mûre sert à préparer

une boisson fermentée. Voir N. J. Guibourt, Histoire naturelle des drogues simples, 4 in-8°, Paris, 1849-1851, 4e édit., t. iii, p. 265 ; H. Bâillon, Histoire des plantes, Il in-8°, Paris, 1869-1892, t. iv, p. 403 ; Ascherson et Schweinfurth, Illustration de la flore d’Egypte, dans les Mémoires de l’institut égyptien, t. ii, p. 58 ; A. Schnizlein, Iconographia familiarium naturalium regni vegetabilis, 4 in-4°, Bonn ; 1843-1870, t. iii, p. 223.

M. GâNIlOGER.

II. Exégèse. — Le balanite était certainement connu en Egypte : son fruit a été souvent trouvé dans les tombeaux, parmi les offrandes funéraires. G. Schweinfurth, Sur les dernières découvertes botaniques dans les anciens tombeaux de l’Egypte, dans le Bulletin de l’institut égyptien, 1885, p. 260 et 268 ; V. Loret, La flore pharao 42é. — Balanltes œgyptlaca.

Rameau avec feuilles, fleurs et épines. — 1. Fleur. — 2. Fruit. —

8. Coupe du fruit.

nique d’après les documents hiéroglyphiques et les spécimens découverts dans les tombes, in-8°, Paris, 1892, p. 102. D’après M. Maspero, dans les Proceedings of the Society of Biblical archœology, juin 1891, t. xiii, p. 498-501, le balanite serait l’arbre appelé dans les textes hiéroglyphiques I l -^ J I, aSdu, aSed, et souvent représenté

sur les monuments (fig. 425). Le port de l’arbre, son feuillage, son fruit, tout rappelle assez bien le balanite ; et les propriétés médicinales que le papyrus Ebers donne au fruit de VaSed répondent aussi à celles de son fruit. Les Arabes, près de Jéricho, connaissent le balanite sous le nom de zaqqûm ou zukkûm : de son fruit ils tirent une huile qu’ils vendent comme baume ( moderne) de Galaad. H. B. Tristram, The natural history of the Bible, in-12, Londres, 1889, p. 336. Elle a le goût de l’huile d’amandes douces ; elle est un peu plus épaisse, et la couleur en est plus foncée. « Entre les productions de ce lieu-là, raconte H. Maundrell, Voyage d’Alep à Jérusalem, en 169T, traduit de l’anglais, in-12, Utrecht, 1705, p. 144, je vis un fruit fort remarquable, que les Arabes nomment zacchone. Il croît sur un arbrisseau rempli d’épines… Il a la forme et la couleur d’une petite noix qui n’est pas mûre. Les Arabes pilent l’amande de ce fruit dans un mortier, en suite de quoi ils la mettent dans de l’eau bouillante, et en tirent une huile dont ils se servent pour les meurtrissures internes. Ils l’appliquent aussi extérieure ment sur les blessures ouvertes et la préfèrent au baume de Gilead. »

C’est de ce balanite, connu et estimé des Egyptiens et des Arabes pour son fruit et l’huile qu’on en extrayait, que viendrait, selon une opinion assez suivie, le sort biblique. Le sort était un des meilleurs produits de la Palestine, Gen., xliii, 11, produit assez précieux pour qu’une petite quantité fut un présent digne d’être offert

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425. — L’arbre asdu.

rhèbes. Médmet Habou. Temple de Tothmès III. xviii » dynastie. D’après Lepsius, DenlcmaUr, Abth. iii, Bl. 37. — En haut, à gauche ; fruit de l’arbre, servant de cartouche pour le nom de Ramsès II.

au premier ministre du Pharaon. C’est du pays de Galaad surtout qu’on tirait cette substance, Gen., xxxviii, 25 ; Jer., vm, 22 ; XL vi, 11 ; elle y était très abondante, car l’épuiser semblait chose impossible. Jer., viii, 22. Le sôri figure parmi les articles précieux que les caravanes marchandes portaient en Egypte à dos de chameaux, Gen., xxxvii, 25 ; le pays de Juda et la terre d’Israël en faisaient également le trafic avec la Phénicie sur les marchés de Tyr. Ezech., xxvii, 17. Il avait de remarquables propriétés médicinales : en particulier, on s’en servait pour guérir les blessures et les plaies, Jer., viii, 22 ; li, 8 ; c’était un remède très efficace, puisque, selon une image du prophète, il pourrait peut-être guérir même Babylone, brisée dans sa chute, Jer., li, 8 ; mais, malgré son application, l’Egypte ne saurait espérer de guérison pour ses blessures. Jer., XLVI, 11.

Ce sôri que l’Écriture nous présente, non tant comme

un parfum que comme une substance précieuse, propre à guérir les plaies, peut à ce titre s’identifier avec l’huile du balanite, regardée encore par les Arabes comme un excellent médicament. Mais il paraît difficile d’appeler cette huile une résine, comme l’ont fait les Septante (p » )t{vï|) et la Vulgate (résina) dans tous les endroits où se rencontre ce mot hébreu. D’ailleurs, d’après l’étymologie (sârâh), le sôrî semble être un suc tombant goutte à goutte du tronc de l’arbre ou des branches après une

incision. Cf. l’arabe y J^, dara’  « couler ; » VLà, diroun « larme d’arbre, » et le sabéen ny. J. Halévy, Études sabéennes, dans le Journal asiatique, décembre 1874, p. 499. Enfin, si l’on considère l’invitation que Jérémie ait à l’Egypte de monter en Galaad pour y chercher ce puissant remède, et la présence de cette substance parmi les dons précieux portés par les fils de Jacob à Joseph, on peut en conclure que l’arbre producteur du sôrî ne devait pas croître en Egypte, ou du moins n’y être pas répandu comme l’était le balanite. Aussi l’identification reste-t-élle très incertaine. Plusieurs autres substances ont été proposées comme les représentants probables du sôrî, le mastic du lentisque, la résine du térébinthe, le vrai baume de Galaad, tiré du Balsamodendron opobalsamum. Voir Lentisque, Térébinthe, Baumier, Résine. D’un autre côté, on a identifié le balanite avec le’es sémén ou « arbre à huile » de l’Écriture. W. Houghton, dans W. Smith, Dictionary of the Bible, t. ii, p. 590. Mais le’es Sémén était répandu dans toute la Palestine ; on le trouvait aux portes de Jérusalem, II Esdr., viii, 15 (Vulgate : lignum pulcherrimum). Le balanite, au contraire, n’était pas aussi commun ; il paraît avoir été confiné à la vallée du Jourdain. Voir Huile (Arbre a).

E. Levesque.

BALAS. Voir Alexandre I er Balas, roi de Syrie, col. 348.

    1. BALBI Jean##

BALBI Jean, dominicain, appelé de Janua ou de Gênes, du lieu de sa naissance, mourut vers l’an 1298. Il se recommandait à tous ses contemporains par la sainteté de sa vie, sa connaissance des Écritures et des saints Pères. Dans l’église de Pavie, son image avait été peinte entre celles des saints. Son principal ouvrage, qui a pour titre Catholicon ou Summa grammalicalis, est une sorte d’encyclopédie de médiocre importance. Dans la préface, il avertit ses lecteurs qu’il traitera, entre autres choses, De origine et significatione quarumdam dictionum qum ssepe inveniuntur in Biblia. Cet ouvrage fut un des premiers livres imprimés. La première édition que nous en connaissons fut publiée grand in-f°, à Mayence, en’1460, et ce n’est pas sans raison qu’elle est attribuée à Gutenberg. Les Posiillse super Evangelia de Jean Balbi sont conservés manuscrits dans la bibliothèque des dominicains de Gênes. — Voir Brunet, Manuel du libraire (1862), t. iii, p. 501, au mot Janua ; Échard, Scriptores ordinis Prsedicatorum (1719), t. i, p. 462 ; Fabricius, Bibliotheca médias lotinilatis (1734), t. i, p. 437.

B. Heurtebize.
    1. BALBUZARD##

BALBUZARD, Pandion, Falco haliseetus, oiseau de proie diurne, de la famille des falconidés (fig. 426). Il a soixante centimètres de long, le bec noir et grand, le manteau brun, le dessous du corps blanc, la tête blanche avec des taches brunes, les ongles forts, très crochus ; les ailes, au repos, dépassent l’extrémité de la queue. C’est de tous les oiseaux carnassiers le plus intrépide pêcheur. Il se nourrit de poissons, qu’il saisit avec ses serres à la surface de l’eau ou même en plongeant. On le trouve sur le bord des rivières, des lacs et des étangs. Cf. Pline, x, 3. Plusieurs savants croient que cet ichtyophage est le’oznîyâh, que le Lévitique, xi, 13, et le Deutéronome, xiv, 12, rangent parmi les animaux impurs dont il est défendu aux Israélites de manger. (Voir col. 305.) L’oiseau mentionné par Moïse est plus probablement, comme

DICT. DE LA BIBLE

l’ont entendu les anciens traducteurs, l’aigle de mer ou pygargue. (Voir col. 305.) Le balbuzard, se nourrissant exclusivement de poissons, ne se rencontre pas ou du’*fsf

426, — Le balbuzard.

mains est fort rare en Palestine, à cause du petit nombre de cours d’eau ; le Jourdain, la seule rivière de la Palestine, n’est pas fréquenté par cet oiseau de proie, non plus que le lac de Tibériade.

    1. BALDAD##

BALDAD (hébreu : Bildad, peut-être contraction de bén lédad, « fils de contention ( ?) » ; Septante : BaiSiS), un des trois amis de Job qui vinrent pour le consoler dans son malheur. Job, II, 11. La Bible l’appelle Baldad le Suhite. Voir Suhite. Les Septante donnent à Éliphaz et à Sophar, les deux autres amis de Job, le titre de roi, et à Baldad celui de Eau^éwv-uOpavvoç. Les amis d’un homme aussi riche et puissant que l’était Job, i, 3, devaient être, en effet, des personnages considérables, occupant dans leur pays un rang analogue à celui des scheiks ou même des émirs parmi les Arabes modernes.

Baldad prend part à chacune des trois discussions que Job soutient avec ses amis. Dans son premier discours, pour appuyer la thèse exagérée d’Éliphaz, que toute souffrance est le châtiment d’un péché personnel, il décrit successivement le sort du pécheur repentant qui recouvre sa prospérité passée, et même quelquefois une prospérité plus grande encore, Job, viii, 4-7 ; la destinée malheureuse du pécheur obstiné, qui se desséche et périt comme un roseau privé d’eau ou une herbe germant parmi les pierres, Job, viii, 11-15, et enfin l’état de l’homme juste et innocent à qui Dieu fait une existence heureuse, à l’abri des attaques de ses ennemis. Job, viii, 20-22. II y a dans ce premier discours beaucoup d’affirmations et point de preuves.

Le second n’est pas plus riche en arguments, mais Baldad y donne plus libre carrière à son imagination. Dans un style brillant et fortement imagé, il montre l’éclat de la félicité du méchant s’éteignant dans la tristesse lugubre d’une fin que des fléaux nombreux précédent, que l’isolement accompagne, et que suit un honteux oubli, aggravé par l’absence de toute postérité. Job,

XVIII.

Le troisième discours, — si l’on peut donner ce nom à quelques sentences solennelles qui tiennent en cinçj

I. — 47 versets, Job, xxv, 2-6, — rappelle la puissance de Dieu et le néant de l’homme, ce qui n’a aucun rapport direct avec la thèse en débat. Lé magnifique langage de Baldad ne sert qu’à mettre en évidence la force probante des faits invoqués par Job, contre lesquels Baldad ne peut rien alléguer, et à rendre plus éclatante la victoire de Job. Aussi aucun des trois amis ne prendra-t-il plus la parole après ces quelques mots de Baldad ; ils la céderont à Éliu, dont l’intervention préparera celle de Jéhovah et la conclusion du livre.

Baldad parle toujours après Éliphaz, et il reproduit au fond les idées de son ami, en les appuyant sur l’autorité des anciens sages, Job, viii, 8-10, comme Éliphaz en appelle aux visions. Job, iv, 12-16. Il affirme et il peint plus qu’il ne raisonne. Toutefois, s’il suit le sentiment d’Éliphaz, il n’imite pas la modération dont celui-ci fait preuve, au moins au commencement. Dès ses premières paroles, Baldad s’adresse à Job d’un ton acerbe, Job, viii, 2-3, plus accentué encore dans le second discours, xviir, 3-4. Il pousse la dureté jusqu’au point de donner à entendre à ce père affligé que ses fils, Job, I, 19, avaient bien mérité leur sort, viii, 4. Sa colère contre Job s’exalte par le succès croissant avec lequel le saint patriarche répond à ses amis ; aussi son second discours n’est-il au fond qu’un portrait de Job et un tableau de son triste état, sans aucun trait qui vienne, comme dans le premier discours, Job, viii, 5-7, adoucir un peu l’amertume de ce langage. Ces invectives ne reparaissent pas dans le troisième discours ; vaincu par Job, il ne convenait plus à Baldad de le prendre de si haut avec lui ; il devait même lui rendre déjà dans son cœur cette justice que bientôt, par l’ordre de Dieu, il lui rendra publiquement, avec Éliphaz et Sophar. Job, xlii, 7-9. 1^. Palis.

    1. BALDI D’URBIN Bernardin##

BALDI D’URBIN Bernardin, orientaliste et érudit italien, né à TJrbin le 6 juin 1553, et mort dans cette ville le 12 octobre 1617. Il s’appliqua d’abord aux mathématiques, puis, afin de se procurer des moyens d’existence, étudia la médecine à Padoue. Il fut très lié avec saint Charles Borromée, et, en 1586, fut pourvu de l’abbaye de Guastalla, qu’il garda pendant vingtcinq ans. Très versé dans la connaissance de la littérature grecque, il voulut encore, afin de mieux pénétrer le sens des Écritures, étudier les langues orientales, et son ardeur infatigable pour l’étude ne se laissa arrêter par aucun obstacle. De ses nombreux ouvrages la plupart sont restés manuscrits. En 1594, il traduisit du chaldéen et commenta le Targum d’Onkélos Outre cet important travail, qu’il put achever en une année, il avait composé une description du temple d’Ézéchiel, une histoire de Job et un commentaire sur saint Matthieu. Parmi ses poésies imprimées, nous mentionnerons : II diluvio universale cantato con nuova manière diverti, in —4°, Pavie, 1604. — Voir Tiraboschi, Storia délia litt. ital. (1824), t. vii, p. iii, p. 1769.

B. Heurtebize.
    1. BALDUIN Friedrich##

BALDUIN Friedrich, théologien protestant, né à Dresde le 17 novembre 1575, mort à Wittenberg le 1° mai 1627. Il étudia d’abord à l’école de Meissen, et ensuite à Wittenberg, où il devint professeur de théologie et assesseur au consistoire. Il a laissé de nombreux ouvrages, parmi lesquels on peut citer les suivants : Commentarius in Haggseum, Zachariam et Malachiam, in —8°, Wittenberg, 1610 ; Passio Christi typica, complectens personas, res, historias Veteris Testamenti in quibus mors et passio Jesu Christi prsefigurabatur, Wittenberg, 1614 ; in-8°, 1616 ; Adventus Christi typicus, in-8°, Wittenberg, 1620 ; Commentarius in omnes Epistolas apostoli Pauli, in quo prœter analysin, explicationem et paraphrasin textus, multipliées commonefactiones ex textu eruuntur, tum variis questionibus controverse fundamenta sanse doctrinx monstrantur. Les éditions de cet ouvrage sont nombreuses ; il parut à Francfort, en 1644, in-4° ; in-f », Wittenberg, 1655 ; in-f°,

Francfort, 1664 ; in-4°, ibid., 1680 ; in-f°, 1691, 1700, 1710. Ce commentaire a été aussi publié partiellement sous divers titres à Wittenberg, de 1608 à 1630. L’auteur, d’après Walch, s’étend davantage sur les matières morales et les récits de controverse que sur les points de critique et de philologie. Idea dispositionum biblicarum qua ratio tractandi textus biblicos in coheionibus ad populum prseceptis et exemplis monstratur, in —8°, Wittenberg, 1623 ; Explicatio libri Josue, soixante-huit sermons en allemand, in-4°, Wittenberg, 1610, 1613, 1621 ; Explicatio libri Judicum, recueil de quatre-vingt-huit sermons en allemand, in-4°, Wittenberg, 1617, 1646 ; Hausbûchlein Ruth, vor dieser Zeit in zwey und zwanzig Predigten nach der Richtschnur heiliger gôltlicher Schrift schlecht und recht erklàret und geprediget, in-4°, Wittenberg, 1608, 1611, 1620 ; Psalmi graduum, in-4°, Wittenberg, 1608, 1611, 1625, 1667 ; Evangelien poslill., in —4°, Wittenberg, 1624 ; 1625, en trois parties ; Hypomnemota homiliarum in Evangelia dominicalia et festivalia, Wittenberg, 1612, ouvrage traduit en allemand par André Richard, et qui parut à Wittenberg, in-4°, 1631, 1644 ; Commentarii in psalmos pœnitentiales cutn textu hébr., grseco et latino, in —8°, Wittenberg, 1599, 1609, 1621. — Balduin est mentionné dans V Indice des livres proscrits par l’Inquisition espagnole, publié à Madrid, en 1790. L. Guilloreau.

BALÉ, hébreu : Bêla’. Nom de deux personnages,

1. BALÉ, fils de Béor, roi d’Édom. I Par., i, 43. Il est appelé Bêla, Gen., xxxvi, 32. Voir Bêla 1.

2. BALÉ, fils de Benjamin, I Par., viii, 1, que la Vulgate appelle ailleurs plus justement Bêla, Gen., xlvi, 21, comme le texte hébreu. Voir Bêla 2.

BALEINE. La baleine n’a point de nom spécifique dans la Bible ; mais elle est comprise, avec d’autres grands animaux aquatiques, sous la dénomination de (an et fannin (Septante : xîjtoç), mot qui désigne en général les animaux qui s’étendent en longueur, tels que les serpents, les crocodiles, les grands cétacés, parmi lesquels la baleine (fig. 427). Dans la Genèse, i, 21, Moïse rapporte au cinquième jour la création des animaux qui vivent dans les eaux, et particulièrement des « grands fannpnim ». Il est encore fait mention des cétacés en général dans le cantique des trois jeunes hommes de la fournaise : « Bénissez le Seigneur, xtjtt) et tout ce qui se remue dans les eaux. » Dan., iii, 79.

La baleine paraît nommée spécialement par Isaïe, xxvii, 1 : « Le Seigneur visitera avec son épée ce léviathan vigoureux, ce léviathan tortueux, et il tuera le tannin qui est dans la mer. » Il s’agit bien ici d’un monstre marin, et non du crocodile, que le prophète appelle Léviathan, ni du serpent, qui n’est pas dans la mer. Dans le Psaume ciii, 26, il est encore probablement question de la baleine. Le psalmiste dit, en parlant de la mer : « Sur elle se meuvent les navires, et le léviathan que tu as fait pour s’y jouer. » Le mot léviathan signifie « animal qui se recourbe », et peut s’appliquer aussi bien que tannin à un grand cétacé. Il ne saurait être question ici du crocodile. Delitzsch, Die Psalmen, t. ii, p. 166, pense avec raison que le psalmiste fait allusion à la baleine. Ce sont du reste les cétacés, et non les crocodiles, qui se jouent sur les Ilots de la mer et y font des bonds merveilleux. Dans un dernier passage, l’auteur de Job écrit : « Suis-je la mer ou un tannin, pour que tu m’aies environné d’une barrière ? » Job, vii, 12. Il est possible qu’ici le poète ait voulu parler de la mer et de la baleine ; mais parfois le Nil est appelé « mer », et le parallélisme demanderait qu’alors, dans ce verset, l’idée du fleuve appelât celle de son dangereux habitant, le crocodile. C’est à ce dernier sens qu’inclinent les commentateurs, parce que

si une barrière peut cerner le crocodile quand il est sur le rivage, il ne faut point penser à environner la baleine qui plonge dans les profondeurs.

Il est certain toutefois que les auteurs sacrés ont connu les grands cétacés. Parmi les mysticètes, ou cétacés à fanons, la baleine franche se trouvait autrefois dans la Méditerranée en assez grand nombre. Elle s’y aventure parfois encore, et, en 1877, on en a pris une dans le golfe de Tarente. Une autre espèce, la Balsenoptera roslrata, se trouve dans toutes les mers, et l’on en a capturé dans la Méditerranée. La Balsenoptera musculus fréquente aussi cette dernière mer. Enfin la mégaptère, ou baleine à bosse, est cosmopolite. Revue des questions scientifiques, t. xvii, p. 435 ; t. xxiii, p. 332. Ces différents animaux, chassés aujourd’hui de nos mers, étaient bien faits pour émerveiller les anciens par leur taille gigantesque, l’agilité de leurs mouvements, et les jets de vapeur mêlés d’eau que lancent leurs évents, quand ils remontent à la surface pour respirer. La baleine franche atteint jusqu’à vingt-trois mètres de longueur. De plus, ces gros cétacés échouent parfois sur le rivage, et il leur est presque im dilater le pharynx de la baleine. Mais il est de principe qu’on ne doit pas supposer le surnaturel sans nécessité. Laissant donc de côté l’opinion vulgaire, les interprètes de la Sainte Écriture ont cherché le « grand poisson » dans la classe des pristis ou scies, et dans celle des squales. Dans cette dernière se trouve le Squalus carcharias, qui a existé de tout temps dans la Méditerranée comme dans le golfe Persique, et qui n’est pas embarrassé pour engloutir un homme tout entier. Du reste les anciens ne s’y sont pas trompés, et dans les peintures des premiers siècles qui représentent le miracle de Jonas, le monstre qui engloutit et rejette le prophète ne ressemble à rien moins qu’à une baleine. Martigny, Dictionnaire des antiquités

chrétiennes, p. 398.
H. Lesêtre.
    1. BALINGHEM##

BALINGHEM (Antoine de), né à Saint -Orner le 25 juin 1571, mort à Lille le 24 janvier 1630. Il entra dans la Compagnie de Jésus le 4 octobre 1588. Il fut envoyé à Novellara (Italie) pour faire son noviciat. Après avoir terminé ses études de philosophie à Brescia, il revint en Belgique, professa la philosophie à Douai et fut ensuite

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427. — La baleine.

possible de se remettre à flot. Le cas a dû se produire de temps en temps sur les côtes de Palestine.

Dans l’autre espèce de cétacés, les cétodontes, ou cétacés à dents, il faut encore compter le dauphin, le marsouin, le cachalot, qui sont si nombreux dans la Méditerranée, comme dans toutes les mers, et que les anciens ont fort bien pu confondre avec les baleines sous le nom générique de tannin. On ne peut donc douter que la baleine n’ait été connue des écrivains bibliques, mais il n’est pas possible de savoir à quelle espèce précise de cétacés ils font allusion quand ils parlent de monstres marins.

Il est certain du moins que, contrairement à l’opinion populaire, ce n’est pas une baleine qui a englouti le prophète Jonas. Le texte sacré parle d’un dâg gâdôl, « grand poisson, » et dans saint Matthieu, xii, 40, Notre-Seigneur dit que Jonas a été trois jours dans le ventre toO xrjtouî. Le xt)toç est en général un monstre marin, mammifère ou poisson ; le dâg, au contraire, désigne toujours un poisson, et le tannin ne le désigne en aucun cas. D’après l’étymologie même, dâg est l’animal « qui se multiplie beaucoup » ; la baleine ne porte jamais qu’un seul baleineau, et sa gestation est de plus d’une année. Il est vrai que les anciens auraient pu confondre poissons et cétacés, sans qu’on eut à incriminer la Bible, qui parle habituellement selon les apparences. Mais ici son langage est rigoureusement scientifique. La baleine a la bouche large de deux ou trois mètres, et haute de quatre ou cinq, quand elle est béante. Un homme y tiendrait donc, mais l’animal ne pourrait l’avaler, parce qu’il a le pharynx très étroit et se nourrit seulement de petits poissons, que sa bouche engloutit et retient avec ses fanons comme dans un filet. Sans doute le cas de Jonas est éminemment miraculeux, et rien n’empêchait la puissance divine de

appliqué à la prédication. Outre un bon nombre d’ouvrages ascétiques empreints d’une certaine originalité et des traductions de relations des missions étrangères, il a publié : Scriptura sacra in locos communes morwn et exemplorum novo ordine distributa, 2 in-f°, Douai, 1621 ; Cologne, 1659 ; Trévoux, 1705 ; Lyon, 1711. L’auteur y a inséré un ouvrage publié dès 1617 : Thésaurus orationum jaculatoriarum ex sacris litteris utriusque Testanienti.

C. SOMMERVOGEL.

BALISTE. Machine de guerre employée dans les sièges pour lancer des pierres ou de grosses poutres contre l’ennemi, ainsi nommée du grec (3âXXeiv, en latin ballista, balista. Ce mot se trouve dans la Vulgate, I Mach., vi, 20 et 51. Les Grecs la désignaient sous leiT noms de rceTpoédXoç, XiôéëoXoç, XïôoêéXov, mots tins de la nature du projectile lancé par cette machine. En hébreu, le terme général de hiSSebônôt est seul employé, II Par., xxvi, 15. Ce mot signiûe « machines de guerre » en général, et il est traduit dans les Septante par |XT)xavà ?, et dans la Vulgate. par machinas ; mais parmi ces machines les unes sont certainement des batistes, puisque le texte sacré nous dit qu’elles sont destinées à lancer de grosses pierres. Voir Catapulte, Machine.

Pline, H. N., vii, 56, dit que les Grecs empruntèrent aux Syrophéniciens les balistes de guerre. Elles apparaissent dans l’Écriture sous le règne d’Ozias, qui en lit construire et déposer un certain nombre sur les tours et dans les angles des remparts de Jérusalem. II Par., xxvi, 15. Les Machabées se servirent de balistes dans les guerres de l’indépendance. I Mach., vi, 20 et 51 ; cf. xi, 20. Dans les deux premiers de ces passages, la Vulgate traduit par balistas le mot grec $tlotniae.KCette traduction est inexacte. Le mot psX<i<n ; « <n ; désigne non les machines 1M5

BALISTE — BALLART

1416

de guerre, mais tout emplacement destiné à les recevoir. Revue de philologie, nouv. sér., t. iii, 1879, p. 129. Le même mot grec est employé à tort par les Septante, Ezech., iv, 2, pour traduire le mot hébreu karim, que la Vulgate traduit exactement par arietes. Voir Bélier. Dans I Mach., VI, 51, le texte grec emploie le mot propre >iôoëô>a, que la Vulgate traduit par la périphrase : tormenta ad lapides jactandos.

Nous n’avons aucun renseignement sur la manière dont étaient construites les balistes des Juifs. Elles devaient ressembler à celles des Grecs et des Romains. Celles-ci ne sont représentées sur aucun monument figuré, mais les anciens nous en ont laissé plusieurs descriptions ; en particulier : Héron, BeXonouxâ, 30 ; Vitruve, x, 10-12 ;

Ammien Marcellin, xxiii, 4, 1. Quoique plusieurs de ces descriptions datent du bas empire, tout nous porte à croire que les formes des machines n’avaient pas changé. D’après ces descriptions, les savants modernes ont tenté plusieurs restitutions, dont voici la plus probable. La baliste se composait essentiellement d’un fort ressort ou bande élastique en nerf, corde, bois ou fer. Cette bande était large et en forme de sangle, de façon à pouvoir bien saisir les projectiles. Une rainure a b servait de guide au pro jectile, et un curseur mobile c d était ramené en arrière avec la bande au moyen d’un treuil. On lâchait le curseur, et le projectile était lancé avec une grande force (fîg. 428). La machine reposait donc sur le principe de l’arbalète. D’autres machines, destinées également à lancer des pierres, étaient construites d’après les principes de la fronde. On les appelait « onagres », ovafpo ; , onager. L’onagre consistait dans une tige de bois dressée comme un timon et fixée à terre par une barre ronde transversale, engagée dans les deux côtés d’une caisse formée de grosses pièces de bois. La tige était terminée par une fronde. Cette tige, fortement ramenée en arrière à l’aide d’un treuil, et subitement relâchée, allait frapper sur un coussin de matières molles destiné à amortir le coup. La pierre, détachée de la fronde par ie choc, était projetée au loin avec violence (fig. 429). Ammien Marcellin, Réf. gest., xxiii, 4. Certaines de ces balistes étaient d’une grande puissance et pouvaient lancer des blocs énormes. Selon Josèphe, Rell. jud., V, ii, 3, les balistes

qu’employèrent les Romains au siège de Jérusalem, sous Titus, envoyaient des projectiles pesant deux talents (environ soixante kilos) à plus de deux stades ou quatrecents mètres. On transportait les balistes et les onagres sur des chariots. La figure 430 représente un onagretransporté de la sorte.

Voir A. de Rochas d’Aiglon, L’artillerie chez les an us. — Onagre.

Musée de Saint -Germain. D’après un essai de restauration du général de Reflye.

tiens, dans le Bulletin monumental, 1882, n os 2 et 3, et in-8°, Tours, 1882 ; Id., Coup d’œilsur la balistique et la fortification dans l’antiquité, dans l’Annuaire de l’association pour l’encouragement des études grecques, 1877, p. 272-285 : K.ochly et Rùstow, Geschichte des griechischen Kriegswesens, in-8°, Argovie, 1852 ; Grie 480. — Onagre porté sur un chariot.

Colonne de Marc-Aurèle. D’après Bartoll, Golwnna Cochlis M. Aurélia Antonlno dlcata, ln-fo, Rome, 1704, pi. 14, n° 2.

chische Kriegschriftsteller, griechisch und deutsch, mit kritischen und erklârenden Anmerkungen von Kbchly und Rûstow, part, i, in-8°, Leipzig, 1853 ; C. Wescher, Poliorcétique des Grecs, Paris, 1867, in-4° ; H. Droysen, Heerwesen und Kriegfûhrung der Griechen, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1889, p. 199 et suiv. ; Th. Mommsen et Joach. Marquardt, Manuel des antiquités romaines, trad. franc., t. xi, p. 257 et suiv. E. Beurlier.

    1. BALLART d’Inville##

BALLART d’Inville (Charles-François), né à Besançon vers 1711, mort au monastère de Notre-Dame de Nogent le 21 avril 1771. Il entra de bonne heure dans la congrégation des Bénédictins de Saint -Maur, et fit profession à Saint-Remy de Reims, le 15 juin 1729. Ses études terminées, il fut, avec dom Vincent de la Rue, donné comme collaborateur à dom Pierre Sabbatier, qui préparait depuis de longues années l’édition de la version italique. Déjà avancé en âge, Sabbatier put croire que l’activité de ses jeunes compagnons lui permettrait de mener à bonne fin son entreprise ; mais il mourut au cours de l’impression du deuxième volume. Ses deux disciples, aidés de dom Clémencet, achevèrent le travail, Ballart et de la Rue

gardant le soin de l’impression, Clémencet se chargeant des préfaces et de l’épître dédicatoire. L’ouvrage fut publié sous ce titre, un peu différent de celui qu’avait projeté Sabbatier : Bibliorum sacrorum versiones latins, antiquse, seu Vêtus Italica, et ceteræ quœcumque in codicibus mss. et antiquorum librïs reperiri potuerunt : quse cum Vulgata latina et cum textu grseco comparantur. Accedunt prxfationes, observationes ac notée, indexque novus ad Vulgatarne regione éditant, idemque locupletissîmtis. Opéra et studio D. Pétri Sabbatier, ordinis sancti Benedicti, e congregalione sancti Mauri, 31n-f°, Reims, -1743-1749. L’ouvrage reparut chez François Didot, Paris, 1751. J. Pahisot.

1. BALLE (hébreu : môs, de la racine mû$, « presser, séparer » ), enveloppe du grain des graminées, blé, orge, etc., composée de deux écailles ovales ou glumelles s’emboîtarit l’une dans l’autre, de façon à former une sorte de capsule. Après le battage destiné â broyer les épis pour en détacher le grain, on enlevait la grosse paille ;

tombeaux. Wilkinson en a reproduit une en cuir dont la couture est visible, et une autre en terre cuite peinte, de

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431. — Balles égyptiennes.

D’après’WllklnsoE, Jlfonners and Oustoms o/the aneient Egyptians,

2° édit, t. ii, p. 67..

la collection de Sait (fig. 431). Sur les peintures des tombeaux de Béni -Hassan, on voit représentés divers jeu*

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432. — Joueuses de balle égyptiennes. Tombeaux de Béni -Hassan. D’après Champolllon, Monuments de l’Egypte, pi. 367.

il restait alors sur l’aire, mélangés au grain, des débris de paille triturée, pn, tébén, et la balle, yta, môs.

La séparation s’effectuait par l’opération du vannage. Quand le vent soufflait (et en Palestine la brise s’élève chaque soir), on projetait en l’air ce mélange, à l’aide de larges. pelles à manche très court (cf. col. 325, fig. 72). Le bon grain,-o, bâr, plus pesant, retombait à terre

à la même place, tandis que les corps légers, comme les débris de paille et la balle, étaient emportés par le vent à une certaine distance. Is., xli, 15. Cette fragile enveloppe ainsi portée loin de l’aire où demeure le bon grain est souvent prise, dans l’Écriture, comme image du sort des méchants devant la justice de Dieu. Ps. i, 4 ; xxxiv, 5 ; Ose., xiii, 3 ; Job, xxi, 18 ; 1s., xxix, 5 ; xli, 15. Les nations elles-mêmes, dispersées par la menace divine, sont comparées à la balle des montagnes, c’est-à-dire à la balle d’une aire bien exposée au vent. Is., xvii, 13. Le jour de la justice divine viendra avec autant de facilité et de promptitude que la balle qui passe. Soph., il, 2. Le chaldéen, Dan., ii, 35, pour désigner la balle, emploie le mot "w, ’ûr, « pellicule » qui recouvre le grain {cf. iW, ’ôr, « peau » ). Les Septante traduisent le mot hébreu môs tantôt par x v0 °îj <I u i a Ie sens de « paille légère, balle », aussi bien que celui de « poussière » ; tantôt par -^oûç, « poussière ; » tantôt par xoviopiôç, « poussière, » Job, xxi, 18, ou av601, « fleur. » Soph., ii, 2. L’espérance de l’impie, Sap., v, 15, est comme x°û ?, <(’a poussière, » que le vent emporte ; mais les meilleurs exemplaires ont x v <>ùç, « la balle. » La Vulgate, à la suite des Septante, rend le mot hébreu par pulvis ou favilla. Dans Sap., v, 15, elle approche davantage du sens exact : ianugo, « duvet, bourre. » E. Levesque.

2. BALLE à jouer (hébreu : dur ; Vulgate : pila). Elle était connue des Égyptiens, et l’on en a retrouvé dans leurs

de balles (fig. 432 et 433). Isaïe, xxii, 18, prophétisant contre Sobna, préposé au temple de Jérusalem, dit que

433. — Autres joueuses de balle égyptiennes. Tombeaux de Beni-Hassan. D’après Champollion, pi. 367.

Dieu le fera rouler comme une balle dans un vaste espace. C’est le seul passage de l’Écriture où il soit fait allusion à la balle à jouer.

    1. BALLESTER Louis##

BALLESTER Louis, théologien espagnol, né à Valence en 1544, mort dans cette ville le 1° mai 1624. Il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus le 1 er septembre 1562. Il expliqua longtemps l’Écriture Sainte à Valence, et enseigna l’hébreu. Il fit des missions dans l’île de Sardaigne, et fut supérieur de la maison de Tarragone. On a de lui : Onomatographia, sivè Descriptio nominum varii elperegrini idiomatis, quse alicubi in latina Vulgata editione occurrunt, in-4°, Lyon, 1617. La première partie contient, par ordre alphabétique, les noms des principales matières des deux Testaments ; la seconde, les noms des principaux personnages, avec l’indication des temps où ils vivaient. — Hierologia, sive De sacre sermone, conti* nens summam atque compendium porilivse théologies,

fere omnia quse in Sacra Scripturâ tractantur attingens, innumera ejus loca lingux hebraicx prxsidio explicans, in-4°, Lyon, 1617. C. Sommervogel.

    1. BALOTH##

BALOTH, hébreu : Be’âlôt, féminin pluriel de Ba’al.

1. BALOTH (Septante : BaXjjiaivâv), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 24. Elle fait partie du premier groupe, comprenant les villes de l’extrémité méridionale de la Palestine, et elle est citée entre Télem et Asor la neuve. Il est impossible d’en déterminer la position, la plupart des noms qui la précèdent et qui la suivent étant rebelles à toute identification. Peut-être cependant est-elle identique à Baalath Béer Bamath, ville située sur la frontière méridionale de Siméon, Jos., xix, 8. Voir Baalath Béer

RAMATH. A. LEGENDRE.

2. BALOTH (Septante : BaaXtie), une des circonscriptions territoriales. qui, sous Salomon, devaient tour à tour, pendant l’année, subvenir à l’entretien de la table royale, III Reg., iv, 16. L’officier chargé d’y lever les impôts s’appelait Baana, fils d’Husi. Le texte porte qu’il gouvernait be’âsêr ûbe’âlôf ; Septante : èv’Aorip xa Iv BocaMiô ; Vulgate : in Aser et in Baloth. La question est de savoir si dans be’âlôt le beth appartient au mot ou s’il indique la préposition. Reland, Palsestina, 1714, t. ii, p. 617, croit qu’il est ici préfixe comme au ꝟ. 9, dans be-Mâqas ube-Sa’albîm, « à Maccès et à Salébim ; » et qu’il faut lire Aloth, Keil dit de son côté que si le beth fait partie du mot, Be’âlôt indique une contrée comme Aser, car, pour unir un nom de pays à un nom de ville, il faudrait répéter la préposition, Die Bûcher der Kônige, Leipzig, 1876, p. 40. Les versions grecque, latine et syriaque ont répété cette préposition ; mais qu’on adopte l’une ou l’autre lecture, il est impossible de savoir quelle est la région ou la ville dont il est ici question. Une chose certaine cependant, c’est que cette seconde Baloth ne saurait être confondue avec la précédente, celle-ci appartenant au sud, celle-là au nord de la Palestine. Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 402, rapproche Aloth de Alia, ville de la tribu d’Aser, à l’est d’Ez-zib (Achzib). Voir Aser, tribu et

carte. C’est une simple conjecture.
A. Legendre.

1. BALSAMIER. Voir Baumier.

2. BALSAMIER À MYRRHE. Voir MYRRHE.

1. BALTASSAR. Hébreu : Bêltesa’ssar ; version grecque : Boùxitmp ; Vulgate : Baltassar ; babylonien : Balatsu-ussur, avec ellipse d’un nom divin : « [Bel ou Nébo] protégera sa vie. » Nom donné à Daniel par Asphenez, chef des eunuques de Nabuchodonosor suivant la Vulgate, chef des princes suivant une interprétation assyrienne du terme hébreu rab sarîsîm (voir col. 1124). Dan., I, 7. L’usage de changer les noms des villes conquises ou des sujets élevés sur le trône par leur vainqueur était fréquent : Nabuchodonosor changea en Sédécias le nom de Mathanias ; peu auparavant, Néchao II avait changé en Joakim le nom d’Éliacim, successeur de Josias. Quant au nom de Baltassar porté par Daniel, il diffère dans l’orthographe hébraïque du nom porté par le fils de Nabonide, le dernier prince de Babylone ; l’un s’écrit BêlteSa’ssar avec un teth, to, l’autre simplement Bêlsa’ssar. Le premier, celui de Daniel, est même un nom abrégé, dont la forme pleine était Nebo ou Bel-balatsu-ussur. Ce nom se retrouve, avec très peu de changement dans la liste cunéiforme (des noms propres, The Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. ii, pi. 64, col. i, 1. 14 ; col. iii, 1. 15, sous les formes Nabu-balatsu-ikbi, « Nébo décrète sa vie », Nabu-napsat-ussur, « Nébo protège sa vie », etc. C’est à une forme semblable que Nabuchodonosor fait allusion, Dan., iv, 5, lorsqu’il dit de Daniel qu’il a été

désigné « suivant le nom de son dieu ». Quant à l’abréviation par suppression du nom divin, elle était dans l’usage courant non seulement en hébreu, comme on le reconnaît généralement ; mais aussi en babylonien, où l’on trouve pour le même personnage les formes Nabunadin-zira et Nadinu, Nabu-sum-ukin et Sumukin, dans les différentes listes ou annales des rois de Babylone. — Strassmaier, dans Knabenbauer, Commentarius in Danielem, 1891, p. 70, donne une autre étymologie : Belit-Sar-ussur, « [la déesse] Belit protégera le roi ; » mais cette explication paraît moins bien s’accorder avec le texte cité de Dan., iv, 5. Voir aussi Schrader -Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 125 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. iv, p. 447 ; Delitzsch, dans Bær, Lïbri Danielis, Ezrx et Nehemix text. mass., 1882,

p. ix et x. Voir Daniel.
E. Pannier.

2. baltassar. Chaldéen : Bêlsa’ssar (Dan., v, 1 : nîmwbs, et vii, 1 : nsràNba) ; version grecque : BaXxàaa.p ;

textes cunéiformes : J *~ tr^TJ fcfe> » iï-£, Bel-sar ussur, « [le dieu] Bel protégera le roi. » Fils de Nabonide, roi de Babylone, et lui - même le dernier prince babylonien ( ?-538), suivant le récit de Daniel, v, 30-31. Tous les auteurs anciens nous disent que Babylone fut prise par Cyrus sous le règne de Nabonide ; que celui - ci n’était même pas alors dans sa capitale, et qu’il survécut à la chute de son empire, réduit par son vainqueur au rôle de satrape de Carmanie. En conséquence, les uns niaient ouvertement l’existence du Baltassar biblique, et se servaient de ce fait pour combattre l’authenticité du livre de Daniel, comme Hitzig, Kurzgefasstes exegetisches Handbuch, Daniel, 1850, p. 72-78 ; Kuenen, Histoire critique de l’Ancien Testament, t. ii, p. 556, etc. ; les autres identifiaient ce prince avec Nabonide, à la suite de Josèphe, Ant. jud., X, ii, 2, et de saint Jérôme, t. xxv, col. 518, avec Évilmérodach, ou bien avec Labosoarchod, comme Keil, Daniel, 1869, p. 138, et encore récemment M. l’abbé Fabre d’Envieu, Daniel, 1888, t. i, p. 358-409. Mais aucun de ces princes ne satisfait aux conditions exigées par le texte sacré, outre que les identifications proposées ne reposent sur aucun fondement réel. — Depuis lors des textes cunéiformes récemment découverts ont sinon jeté une pleine lumière, du moins grandement éclairci cette question et justifié Daniel. Grâce à une inscription dédicatoire de Nabonide, provenant du temple de Sin, à Ur-Kasdim, et à une tablette de Cyrus contenant un abrégé du règne du dernier roi de Babylone (voir les textes dans The Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. i, pi. 68, col. 2 ; t. v, pi. 35 et 64, et la traduction dans Records of the past, new ser., t. v, p. 144 ; first ser., t. v, p. 143 ; Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. i, p. ii, 88, T28), nous savons que le Bis aîné de celui-ci se nommait précisément Baltassar ; que ce prince, tandis que son père se tenait perpétuellement enfermé dans son palais de Téma, protégeait le pays à la tête des grands et de l’armée, dès la septième année et durant les suivantes du règne de son père. Au contraire, , la dix-septième année, Nabonide prend lui-même l& commandement de l’armée, quitte Babylone, est battu par Cyrus, prend la fuite et est fait prisonnier ; comme le texte ne dit plus rien du fils du roi, il est croyable que lui était rentré à Babylone et y commandait à la place de son père. Le rôle joué par Baltassar est donc analogue à celui de Nabuchodonosor du vivant de son père Nabopolassar ; aussi Jérémie donne à ce dernier le titre de roi, . xl vi, 2, comme Daniel, v, 1, le donne à Baltassar. Il est ; probable que cette sorte d’association au trône eut une proclamation officielle quelques années avant la fin de Nabonide, comme cela se fit pour Assurbanipal du vivant de son père Asarhaddon, et c’est de cette époque que Daniel date quelques-unes de ses prophéties, vii, 1 j toi, 1 ; cette

association au trône est admise par la plupart des assyrio-Iogues (Oppert, Le peuple et la langue des Mèdes, p. 168 ; Lenormant-Babelon, Histoire ancienne, t. iv, p. 438, note, et Lenorraant, Manuel d’histoire ancienne, t. ir, p. 242 ; Delattre, Salomon, Assurbanipal, Ballhasar, 1883, p. 7 ; Menant, Babylone et la Clialdée, p. 258). Eb. Schrader reconnaît que Baltassar « occupait une position exceptionnelle du vivant de son père », dans SchraderWhitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. i’Sl, et dans Riehm, ffandwôrterbuch des Biblischen Àltertutns, t. i, p. 163, qu’  « il a même peut-être porté [dès lors] le titre de roi ». Dans ce cas, l’Écriture emploie le même terme pour le père et pour le fils, comme elle le fait pour David et Salomon, ITI Reg., i, 39, 43, 47 ; mais le contexte laisse entendre que Baltassar n’était pas encore monarque indépendant ; il n’occupe que la seconde place du royaume, et Daniel, dont il veut faire son ministre, n’en tiendra que la troisième, Dan., v, 7, 16 (cf. Joseph recevant dans une circonstance analogue la seconde place, Gen., xli, 40). De plus, dans le texte chaldéen, que rendent mal la version grecque et la Vulgate, on lit bernaikoufâ, « dans le royaume, » et non bemalkoufi, « dans mon royaume, » v, 7. Voir Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5 9 édit., t. iv, p. 523-515 ; Schrader -Whitehouse, The Cuneiform Inscriptions and the Old Testament, t. ii, p. 130-135. À plusieurs reprises, il est vrai, Baltassar est donné comme fils de Nabuchodonosor. Il peut y avoir là une simple faute de transcription, Nabonide son père étant beaucoup moins connu, et les deux noms commençant par le même élément, le nom du dieu Nébo. Mais il est plus probable que le texte est exact ; les mots « père, fils », ont ici le sens large fréquent en babylonien, en assyrien et dans toutes les langues sémitiques, d’  « ancêtre ou prédécesseur, descendant ou successeur » : rien ne s’oppose à ce que Nabonide ait véritablement épousé une fille de Nabuchodonosor même avant de monter sur le trône, car il était alors grand dignitaire religieux de l’empire. Quant à une descendance de Nabuchodonosor par Nabonide, les textes cunéiformes et les récits des historiens ne la rendent pas admissible.

Les inscriptions de Cyrus représentent Baltassar comme un prince actif et belliqueux, et aimé des grands du royaume, à la différence de son père ; l’Écriture nous donne seule des renseignements sur sa fin tragique. Son célèbre festin doit se placer après la fuite de Nabonide ; abritée derrière les hautes murailles de la capitale, la cour se croyait en sûreté, quand au milieu d’un festin, au moment où l’on buvait dans les vases sacrés du temple de Jérusalem, apparut une main traçant sur l’enduit de la muraille des caractères menaçants, Dan., v, 1-31 ; les murs des palais babyloniens étaient, en effet, non pas généralement revêtus de plaques d’albâtre sculptées, comme ceux des palais ninivites, mais rehaussés de peintures sur enduit. Baltassar ayant vainement consulté les devins de sa cour, la reine, probablement la reine mère de la race de Nabuchodonosor, l’engagea à interroger Daniel ; Nabonide, usurpateur, avait sans doute tenu à l’écart le prophète juif, ce qui explique la façon dont le texte parle de lui, v, 11, 13, et qui ne se concevrait pas si Baltassar eût été le propre fils de Nabuchodonosor. Suivant les anciens, la phrase mystérieuse était rédigée en hébreu ou eh araméen, non en babylonien. Mais nous savons, par assez bon nombre de documents bilingues, que l’araméen était compris à Babylone. Les rabbins croient que de plus les caractères étaient disposés ou bien suivant l’ordre de l’alphabet cryptographique athbasch (voir ce mot), ou bien en colonnes longitudinales à lire de haut en bas, ou bien en forme d’anagramme, et que Daniel seul découvrit la clef de cette lecture. Toutes ces hypothèses subtiles ne sont pas nécessaires : l’inscription a pu être en langue babylonienne ; en cette langue comme en toute autre, trois mots isolés peuvent très bien présenter une interprétation énigmatique ; de plus, à côté des carac tères phonétiques, les Babyloniens se servaient aussi de caractères idéographiques, et chaque idéogramme a des valeurs multiples que le contexte seul peut d’ordinaire préciser : ainsi le caractère f", composé de deux clous représentant à peu près une balance dite romaine, signifie : sakalu, « peser » (Thécel) ; taratsu, « affermir ; » rakasu, « lier ; » tsimdu, « attelage, » etc. Daniel lut donc l’inscription, l’interpréta et reçut sur-le-champ la récompense promise, la pourpre, le collier d’or et la dignité de premier ministre. L’inscription est transcrite par Théodotion, suivi par la Vulgate : Mane, Thecel, Phares, Mivr), ©exèX, « Êâpe ; . Le texte chaldéen porte un peu différemment : Mené’Mené’Tekêl u Pharsin, ce qui cadre moins bien avec l’interprétation de chaque mot donnée par Daniel, et qui a suggéré à M. Glermont-Ganneau l’idée d’y chercher non des mots isolés, mais une sorte de phrase proverbiale appliquée à Baltassar, dans laquelle les noms des poids babyloniens sont employés, la mine, le sicle et le plieras, comme dans ce proverbe rabbinique, appliqué à un fils indigne de son père : « C’est un pheras, fils d’un mane, une demi-mine, enfant d’une mine. » Glermont-Ganneau, Manê, Thécel, Phares et le festin de Balthasar, dans le Journal asiatique quilletaoût 1886), t. viii, p. 36-67. — L’interprétation de Daniel : « Mane (de la racine mena’, « compter » ), Dieu a compté ton règne et y a mis fin ; Thecel (de la racine tekal, « peser » ), tu as été pesé dans la balance ( car c’est ainsi qu’on vérifiait alors la valeur des monnaies ou des cercles de métal précieux en tenant lieu), et tu as été trouvé trop léger ; Phares (de la racine peras, « séparer, diviser » ), ton royaume est séparé [de toi], et il est donné au Mède et au Perse (allusion au verbe peras), » reçut un prompt accomplissement : la nuit même les Perses de Cyrus entrèrent à Babylone, et Baltassar fut tué (538). Voir Cyrus. ë. Pannier.

3. BALTASSAR. Nom d’un fils de Nabuchodonosor dans la lettre des Juifs captifs en Babylonie à leurs frères de Palestine. Bar., i, 11, 12. Cette lettre est datée de la cinquième année après la prise de Jérusalem sous Sédécias, en 583. Par conséquent le Baltassar qui y est mentionné, « à l’ombre de qui » les Juifs désirent mener en exil une vie tranquille, et pour lequel ils offrent leurs prières et leurs sacrifices sur les restes de l’autel des holocaustes, est absolument distinct du Baltassar de Daniel, v, 1, le fils de Nabonide : ce dernier, n’ayant jamais eu de droit au trône babylonien, n’y était arrivé que par usurpation violente, et beaucoup plus tard. — On peut admettre que ce Baltassar, fils et héritier présomptif de Nabuchodonosor, est Évilmérodach, mentionné dans Jérémie, m, 31, et dans IV Reg., xxv, 27, qui succéda en effet à Nabuchodonosor son père, soit, comme pense Niebuhr, ’Geschichte Assur und Babel, 1857, p. 92, que ce prince ait porté deux noms, ce qui est assez peu probable dans la circonstance ; soit qu’il y ait eu dans Baruch, dont le texte hébreu s’est perdu, une erreur de transcription. On peut croire aussi que ce Baltassar, héritier présomptif, mourut avant son père. C’est peut-être même lui que nous trouvons mentionné comme fils de Nabuchodonosor dans un texte babylonien publié par Strassmaier et traduit par Sayce, dans les Becords of the past, new ser., t. v, p. 141. Le prince y porte le nom de Marduksuma-ussur, « [Que le dieu] Marduk protège son nom : » or Marduk s’appelait aussi ordinairement bel, « le seigneur, » ce qui donne la forme Belsuma-ussur, analogue à l’hébreu Bel-sassar.

E. Pannier.

BALTHASAR. Voir Baltassar.

    1. BAMIDBAR RABBA##

BAMIDBAR RABBA (MIDRASCH), explication rabbinique du livre des Nombres. Voir Midrasch.

1. BAMOTH (bâmôt). Mot hébreu, que la Vulgate a

traduit par excélsa et qui désigne les « hauts lieux », où l’on offrait des sacrifices aux fausses divinités et quelquefois aussi au vrai Dieu. Voir Hauts lieux.

2. BAMOTH (hébreu : Bàmôt, « lieux élevés » ; Septante : Bajjuiô), station des Israélites, se rendant au pays de Chanaan. Num., xxi, 19. C’est probablement une abréviation de Bamothbaal. Voir Bamothbaal.

    1. BAMOTHBAAL##

BAMOTHBAAL (hébreu : Bâtnôp Ba’al, « hauts lieux de Baal, » Jos., xiii, 17 ; Num., xxii, 41 ; Bàmôt, Num., xxi, 19, 20 ; Septante : Battuùv BaaX, Jos., xm, 17 ; Bajuiô, Num., xxi, 19, 20 ; tt]v a-rijXïiv toO BaâX, Num., xxii, 41 ; Vulgate : Bamothbaal, Jos., xiii, 17 ; Bamôth, Num, , xxi, 19, .20 ; excelsa Baal, Num., xxii, 41), ville de Moab, assignée, après la conquête, à la tribu de Ruben, Jos., xiii, 17. Comme le nom signifie « les hauts lieux de Baal », on peut se demander s’il indique ici d’une façon générale les endroits consacrés au culte du dieu, ou s’il représente une ville en particulier. Les versions grecque et latine en ont fait un nom propre, excepté dans un seul passage, Num., xxii, 41, et cette traduction semble ressortir naturellement du contexte. Josué, xiii, 17, mentionne Bamothbaal au même titre que Baalmaon, Dibon, Bethphogor et les autres. Dans les Nombres, xxi, 19, 20, sous la forme abrégée Bamoth, elle désigne, comme Matthana etNahaliel, une station des Israélites avant leur arrivée près du Jourdain. Bien ne nous empêche aussi, malgré l’autorité des Septante et de la Vulgate, d’y voir un des points d’où Balaam contempla les tentes d’Israël. Num., xxii, 41. Mais il nous paraît fort douteux que l’habbâmôf d’Isaïe, xv, 2, soit une ville ; l’article montre plutôt qu’il s’agit là des hauts lieux sur lesquels iront pleurer les Moabites.

Il reste à savoir où se trouvait Bamothbaal. Dans Josué, xiii, 17, elle est citée après Hésébon, aujourd’hui Hesbân, Dibon, et avant Baalmaon, Ma’în. Dans les Nombres, xxi, 19, 20, elle marque la station qui suit Nahaliel : or Nahaliel, le « torrent de Dieu », est, pour les uns, l’Ouadi Enkheiléh, qui se joint au Seil Saidéh pour former l’Ouadi Modjib ; pour d’autres, c’est l’Ouadi Zerqa Ma’în, un peu plus haut. L’Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 101, 231, place « Bamoth, BafitiÔ, ville des Amorrhéens, au delà du Jourdain, sur l’Arnon ». D’après l’ensemble de ces renseignements, elle devait se trouver au delà, c’est-à-dire au nord du torrent. « À deux milles immédiatement au nord de Dibon, au milieu de la vallée de Ouadi Ouâléh, tributaire septentrional de l’Arnon, s’élève une colline isolée assez peu élevée. Au sommet sont les restes d’une grande plate-forme carrée, construite en grosses pierres jointes sans ciment. Irby et Mangles ont pensé que c’étaient les restes de ce haut lieu. D’autres auteurs n’admettent pas l’identification, parce que les plaines de Moab ne peuvent pas être vues de cet endroit. » Trochon, Les Nombres, Paris, 1887, p. 121°. Aussi, d’après plusieurs exégètes, Bamothbaal serait plutôt sur le Djebel Attarus, au nord-ouest de Dibon, au-dessous de Zerqa Ma’în ; de là la vue est assez étendue. Cf. C. F. Keil, Leviticus, Numeri und Deuteronomium, Leipzig, 1870, p. 303. Suivant un calcul de C. R. Conder, basé sur le nombre des campements indiqué Num., xxi, 13-20, il faudrait la chercher plus haut, à El-Maslûbiyéh, au sud de l’Ouadi Djideid et du mont Nébo ; on rencontre là un groupe assez considérable de monuments mégalithiques. Cf. Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1882, p. 85-89 ; Conder, Heth and Moab, in-8°, Londres, 1889, p. 144, 145. Le roi Mésa, dans sa stèle, parle d’une Beth Bamoth, riD3 iii, qu’il bâtit « parce qu’elle était en ruines », dévastée peut-être par les guerres qui avaient eu lieu entre les tribus d’Israël et les Moabites. Cf. A. de Villefosse, Notice des monuments provenant de la Palestine et conservés au musée du Louvre, Paris, 1879, p. 2, 4 ; Vigouroux, La Bible

et les découvertes modernes, 4 in-8°, Paris, 1889, 5e édit., t. iv, p. 62. Serait-ce la même que Bamothbaal ? C’est

fort possible.
A. Legendre.

BANA (hébreu : Ba’ânâ’, « fils de l’affliction ; » voir aussi Baana 3 et 6 ; Septante : Bavet), fils d’Ahilud et l’un des douze intendants de Salomon. Son district comprenait Thanac, Mageddo et le pays de Bethsan. III Reg., iv, 12.

    1. BANAA##

BANAA (hébreu : Bin’âh et Bin’â' ; Septante : Baavdc), fils de Mosa et père de Rapha, dans la descendance de Saùl. I Par., viii, 37 ; ix, 43. Les manuscrits hébraïques, qui ne sont pas d’accord sur la lecture de la dernière consonne de ce nom, ne le sont pas non plus sur la première. Plusieurs ont un s, caph, à la. place du a, beth ; et c’est la leçon du syriaque et de l’arabe.

    1. BANAÏA##

BANAÏA, BANAIAS. Hébreu : Benâyâh, Benâyâhû, « Jéhovah a bâti, » c’est-à-dire [lui] a fait un établissement prospère ; Septante : Bavafaç. Nom de dix Israélites dans la Vulgate ; le texte hébreu en compte deux autres, appelés Banéa, I Esdr., x, 25, Êanéas, I Esdr., x, 35, dans notre traduction latine. Voir Banéa 1 et 2.

1. BANAIAS (hébreu : Benâyâhû), de race sacerdotale, fils du prêtre Joïada, originaire de Cabséel, ville située dans le sud du territoire de Juda. II Reg., xxiii, 20 ;

I Par., xxvii, 5. Placé par David à la tête de la garde royale, composée des Céréthites, des Phélétites et des Géthéens, II Reg., viii, 18 ; xv, 18, il reçut en outre de ce prince le commandement de la troisième des douze divisions de vingt-quatre mille hommes qui devaient à tour de rôle servir chacune un mois par an. Il occupa ces deux postes en même temps, au moins jusqu’à la fin du règne de David, III Reg., i, 38, et c’est peut-être pour lui faciliter l’exercice de ce double commandement qu’on lui donna comme lieutenant, à la troisième division, son fils Amizabad. I Par., xxvii, 5-6.

Un des titres de Banaïas à ces postes élevés était assurément sa bravoure extraordinaire. L’Écriture dit que c’était un homme très vaillant ( car c’est à lui, et non à son père, que le texte original applique ces mots), et elle rapporte trois de ses exploits : il avait tué d’abord deux lions de Moab ; il en tua plus tard un autre, qu’il alla attaquer dans une caverne ; enfin il mit à mort un Égyptien d’une taille de cinq coudées, armé d’une lance dont le bois était comme une ensouple de tisserand. Banaïas, ayant pour toute arme un bâton, s’avança vers ce géant et lui arracha sa lance, dont il le perça. II Reg., xxiii, 20-22 ; I Par., xi, 22-23. Plusieurs ont pensé que par les deux lions du premier exploit il fallait entendre deux guerriers renommés pour leur force. Ce sentiment a pour lui le syriaque et le chaldéen : au lieu de « lions », le syriaque a lu « des géants », et le chaldéen a traduit « des princes ». Les Septante portent : « les deux fils d’Ariel de Moab, » II Reg., xxiii, 20 ; mais ils traduisent, I Par., xi, 22, comme la Vulgate : « les deux Ariel de Moab. » Voir àriel 2. Un soldat de cette valeur avait sa place tout indiquée parmi les « vaillants de David » ; il occupa, en effet, un rang distingué à côté d’Abisaï, et il fut l’un des trois de la seconde triade de ces vaillants. Il est aussi mentionné comme étant un des officiers désignés par le titre de salUîm, ceux que la Vulgate appelle les « trente ». Voir col. 978. II Reg., xxiii, 23 ; I Par., xi, 24-25. Cf. F. de Hummelauer, Commentarius in libros Samuelis, Paris, 1886, p. 436.

David avait donné à Banaïas une grande marque de confiance en le faisant entrer dans son conseil secret,

II Reg., xxiii, 23 ; il lui en donna une plus grande encore à l’occasion de la tentative d’usurpation d’Adonias. Aussitôt qu’il eut connaissance du complot, il fit appeler Banaïas et lui ordonna d’aller à Gihon, avec la garde

royale dont il avait le commandement, pour y assurer la proclamation de Salomon comme roi d’Israël, et protéger la cérémonie du sacre du jeune prince, qui allait être accomplie par le prophète Nathan et le grand prêtre Sadoc. Banaïas ne put, en recevant cette mission, contenir l’expression de son dévouement pour David et pour Salomon. III Reg., r, 32-38. Ce dévouement était du reste bien connu des ennemis mêmes de David, III Reg., i, 10, qui ne tardèrent pas de fournir au nouveau roi une occasion d’en témoigner à Banaïas sa reconnaissance : les menées ambitieuses d’Adonias, toujours soutenu par Joab, le déterminèrent à se débarrasser de l’un et de l’autre. Par son ordre, Adonias et Joab périrent successivement de la main de Banaïas, et celui-ci reçut alors de Salomon la plus haute charge du royaume, le commandement en chef de l’armée d’Israël, vacant par la mort de Joab. III Reg., ii, 17, 23-25, 29-35. E. Palis.

2. BANAÏA (hébreu : Benâyâh et Benâyâhû), un des gibborîm (col. 973) de David, originaire de Pharaton, dans la tribu d’Éphraïm. Il commandait la brigade de vingt-quatre mille hommes qui, le onzième mois, fournissait le contingent de la garde royale. II Reg., xxiii, 30 ; I Par., xi, 31 ; xxvii, 14.

3. BANAÏA (hébreu : Benâyâh), un des treize chefs de famille dans la tribu de Siméon qui, à cause de la multiplication rapide de leurs maisons, se trouvant trop à l’étroit dans le territoire de la tribu, firent une expédition dans le pays de Gador aux riches pâturages, et s’y établirent au temps d’Ézéchias, après en avoir massacré les habitants, qui étaient Chananéens. I Par., IV, 36-41.

4. BANAÏAS (hébreu : Benâyâhû), un des quatorze lévites, musiciens du second ordre, choisis par David pour la cérémonie de la translation de l’arche. Ils chantaient sur le nébel des « choses mystérieuses », arcana, selon laVulgate ; mais l’hébreu a l’expression K al-’âlâmôt, « avec une voix de soprano. » I Par., xv, 18, 20 ; xvi, 5.

5. BANAÏAS (hébreu : Benâyâhû), prêtre du temps de David, un des sept qui sonnaient de la trompette devant l’arche pendant sa translation. I Par., xv, 25 ; xvi, 6.

6. BANAÏAS (hébreu : Benâyâh), lévite, descendant d’Asaph, aïeul de Jahaziel, qui prophétisa à l’époque de Josaphat. II Par., xx, 14.

7. BANAÏAS (hébreu : Benâyâhû), un des lévites préposés par Ézéchias à la garde des magasins où l’on conservait les revenus sacrés. II Par., xxxi, 13.

8. BANAÏAS (hébreu : ^Benâyâh), un des descendants de Phahath-Moab, qui sur l’avertissement d’Esdras renvoya la femme étrangère, prise contre les prescriptions de la loi. I Esdr., x, 30.

9. BANAÏA (hébreu : Benâyâh), un des fils de Nébo, -qui, ayant épousé une femme étrangère, promit de la renvoyer sur l’invitation d’Esdras. I Esdr., x, 43.

10. BANAÏAS (hébreu : Benâyâhû), père de Pheltias, -qui était un des princes du peuple à l’époque d’Ézéchiel. -Ezech., xi, 1, 13.

    1. BANANIER##

BANANIER (Musa paradisiaca, Linné), plante de la famille des Musacées, dont il est le type (fig. 434). La tige, herbacée, et seulement formée par les pétioles des feuilles s’engainant les unes dans les autres, est haute de trois à quatre mètres ; les feuilles, longues souvent de plus de deux mètres et larges de cinquante centimètres, au nombre de ihuit à douze, couronnent la tige et protègent les trois

ou quatre grappes de fruits ou régimes, donnant chacun près de cinquante fruits ; les Heurs, très nombreuses, se trouvent groupées autour d’un régime, espèce de pignon terminal, et protégées chacune par une spathe membraneuse ; leur périanthe est à deux lèvres irrégulières ; elles ont six étamines et un style unique. Le fruit, connu sous le nom de banane, est une baie un peu triangulaire, arquée, de douze à quinze centimètres de long, surmontée de la fleur. Cette baie, jaunâtre et noirâtre, est toute

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484. — Le bananier,

remplie d’une pulpe sucrée dont le goût ressemble assez à celui d’une poire qui commence à mollir. La tige périt après avoir donné son fruit ; mais les nombreux rejetons qui la remplacent et s’élèvent successivement étalent à leur tour la. même fécondité. On désigne aussi le bananier sous le nom de « pommier du Paradis », de « figuier d’Adam », parce qu’on a supposé, sur la seule raison de la largeur de ses feuilles, que c’était avec elles qu’Adam et Eve avaient fait les ceintures dont ils se couvrirent après leur péché, Gen., iii, 7 ; mais les feuilles dont ils se servirent étaient celles du figuier ordinaire, fe’ênâh ; attachées plusieurs ensemble, elles pouvaient former une ceinture suffisante. Le bananier, quoi qu’aient pu dire certains savants, n’est donc pas mentionné dans l’Écriture.

M. Gandoger.

    1. BANDEAU##

BANDEAU, morceau d’étoffe longue et étroite pour ceindre la tête. On le voit fréquemment représenté en Egypte, spécialement comme servant à la coiffure des femmes. Voir fig. 115, 232, 242, 293, 415, col. 469, 906, 915, 1083, 1387. R est aussi porté par des peuples étrangers, fig. 123, 124, 145, 220, 286, 439, 445, col. 510, 511, 571, 900, 1061, 1449, 1451. Sur les monuments assyriens des hommes portent également un bandeau autour de la tête (fig. 435 ; cf. fig. 35, 222, 312, 314, 368, col. 227,

901, 1145, 1151, 1263). C’est probablement ce bandeau,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
435. — Bandeau assyrien.

Gland officier de Sargon, roi de Ninive. Bas-relief’du Musée

du Louvre.

qui ne diffère du diadème que par la matière et la valeur, qui est appelé « couronne » dans Ézéchiel, xxii, 17, 23 (hébreu : pe’êr) ; cf. Fûrst, Hebràisches Handwôrterbuch, 1863, t. ii, p. 201. Certains hébraïsants pensent cependant que le mot pe’êr désigne une coiffure, une tiare, dans ces passages d’Ézéchiel, comme Exod., xxxix, 28 ; Is., iii, 20, etc. Gesenius, Thésaurus lingual hebrsese, p. 1089. Cf. A. Racinet, Le Costume historique, 6 in-8°, Paris, 18771886, t. ii, pi. 3 (bibliographie, t.i, p. 143-145) ; F. Hottenroth, Le Costume des peuples anciens et modernes, in-4°, Paris (1885), p. 3.

    1. BANDELETTES##

BANDELETTES, petites bandes de linge dont on se servait pour envelopper les morts (xeipi’oc, instita, Joa., XI, 44 ; ô8dvia, linteamina, Luc, xxiy, 12 ; Joa., xix, 40 [lintea] ; xx, 5, 6, 7). Les bandelettes dont on enveloppait les momies égyptiennes (fig. 436) avaient une longueur considérable ; nous ignorons ce qu’elles étaient chez les Hébreux. Saint Jean, xi, 44, nous apprend seulement que lorsque Lazare sortit du tombeau, à l’appel de Notre-Seigneur, il avait les pieds et les mains liés de bandelettes. Le même évangéliste raconte, xix, 40, comment le corps du Sauveur fut embaumé avec des aromates qu’on lia avec des bandelettes, selon la cou-Résurrection, saint Pierre et

136.— Momie deRamsès H (Sésostris ) enveloppée de bandelettes. Musée de Ghizéh. D’après une photographie.

tume des Juifs. Après la

saint Jean trouvèrent ces bandelettes posées à part dans le tombeau. Luc, xxiv, 12 ; Joa., xx, 5, 6, 7.

BANÉ, BANÉ-BARACH (hébreu : Benê-Beraq ; Septante : Bavai|3axàr ; Vulgate : Bane et Barach), ville de la tribu de Dan, mentionnée une seule fois, dans Josué, xix, 45. Après le texte original, qui porte : Benê-Beraq, « les fils de Barach, s toutes les versions anciennes, excepté la Vulgate, ont reconnu ici un nom composé : BavaifiaxaT des Septante est une corruption évidente pour Bavatpapax ; on trouve du reste Bavrjpapâx dans le Codex Alexandrinus. La leçon du syriaque, Ba’aldebak, ne se comprend pas et n’est autorisée par aucun texte. La Vulgate a séparé les deux noms par la conjonction et, comme s’il s’agissait de deux localités différentes, Bane et Barach. De même Eusèbe, dans V Onomasticon, Gettingue, 1870, p. 236, 237, distingue Bdcvri de Bapor/, toutes deux de la tribu de Dan. La lecture Benê-Beraq est confirmée par les inscriptions assyriennes, qui, sous la forme Ba-na-ai-bar-qa, respectent même le qof. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, 1883, p. 172, 289.

M. V. Guérin identifie cette ville avec le village de Barka U-j, situé un peu au nord-est d’Esdoûd (Azot),

bâti sur une faible éminence et renfermant encore plusieurs tronçons de colonnes de marbre gris-blanc, qui accusent un travail antique. « Le village de Barka, dit-il, à cause de son nom et de sa position, doit être identifié avec la localité qui est mentionnée dans V Onomasticon d’Eusèbe, au mot Bapoc) ; , et qui, du temps de cet écrivain, existait encore, à l’état de village, non loin d’Azot… Le village actuel de Barka ne reproduit que la seconde partie du nom hébreu Benê-Berak. Cette désignation semble indiquer que les premiers fondateurs de la ville ainsi appelée auraient été les fils d’un nommé Berak (l’Éclair). Chose singulière et qui prouve l’extrême persistance des traditions primitives en Orient et surtout en Palestine, les habitants du village de Barka vénèrent encore, en ce même endroit, la mémoire d’un santon musulman sous le titre de Neby Berak (le prophète l’Éclair). » Description de la Palestine : Judée, t. ii, p. 68-70.

Malgré ces raisons et l’autorité du savant explorateur, nous préférons l’emplacement d’Ibn-Ibrdk, à l’est de Jaffa. Cf. Memoirs of the survey of Western Palestine, Londres, 1882, t. ii, p. 251 ; G. Armstrong, "W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 26. D’abord il y a correspondance exacte entre les deux noms, excepté pour la dernière lettre, caph au lieu de qof ; hébreu : p"l3°>33, benê Beraq, les « fils de Beraq » ; arabe : ^’t^j. {$V, ibn

Ibrâk, le « fils d’ibràk ». Ensuite cette position correspond mieux à la place qu’occupe Benê-Beraq dans l’énumération de Josué, xix, 41-46, où, citée après Jud (hébreu : Yhud), aujourd’hui El - Yahoudiéh, et avant Arécon (hébreu : Hâraqqôn), probablement Tell er-Bekkeit, Joppé (Jaffa), elle appartient au nord de la tribu de Dan, tandis que Barka la ferait descendre jusqu’au sud, sinon même en dehors des limites de la tribu. Voir DaN. La même preuve ressort de l’inscription de Sennachérib, ou elle est mentionnée entre Bît-Da-gan-na, Beth-Dagon (aujourd’hui Beit-Dedjan), Jos., xv, 41 ; Ja-ap-pu-u, Joppé et A-zu-ru, Asor, Yazour. Cf. Prisme de Taylor, col. ii, 65, 66 ; E. Schrader, Die Keilinschriften, p. 289 ; Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., Paris, 1889, t. iv, p. 207.

L’Éeriture Sainte garde le silence sur l’histoire de cette ville. Nous savons par les monuments assyriens qui viennent d’être cités que Sennachérib, dans sa campagne contre Ezéchias, roi de Juda, s’en empara et en emmena les habitants prisonniers. Elle est également mentionnée

dans le Talmud de Babylone, Sanhédrin, 32 6, comme l’endroit où R. Akibah tenait son école, et comme renfermant un établissement de bains, Tosiftha, Sabbat ii, ch. 4. Cf. Neubauer, La géographie du Talmud, in-8°,

Paris, 1868, p. 82.
A. Legendre.
    1. BANÉA##

BANÉA, BANÉAS. Hébreu : Benâyâh, « Jéhovah a bâti ; » Septante : Bavaia. Voir Banaia.

1. BANÉA, un des descendants de Pharos, qui obéit à Esdras ordonnant le renvoi des femmes étrangères, prises par transgression de la loi de Moïse sur le mariage.

1 Esdr., x, 25.

2. BANÉAS, un des fils de Bani, qui renvoya la femme étrangère qu’il avait épousée pendant la captivité. I Esdr., x, 35.

1. BANG Jean Othon, théologien danois, professeur à l’université de Copenhague, né le 19 septembre 1712 à Ilillerdd, mort en 1764. Il a donné : Rationes cur Jeremias loco Zacharim, Matlh. xxrn, 9, citatur, in-4°, Copenhague, 1734 ; Introduclio in explicationem Epislolse Apostoli Judse, part. I et II, in-4°, Copenhague, 1752-1757. — Voir Chr. V. Brunn, Bïbliotheca danica,

2 in-8°, Copenhague, 1872 ; Busching, Nachrichten von den Wissensch. in Danemark, 2° part., p. 275.,

2. BANG Thomas, célèbre philologue luthérien, né en 1600 dans l’île de Fionie, mort à Copenhague le 27 octobre 1661. Après de brillantes études dans les universités allemandes, il étudia l’hébreu, l’arabe et le syriaque à Paris, sous le savant Gabriel Sionite. Docteur de la faculté de Copenhague, il y enseigna l’hébreu, puis la théologie, pendant trente ans. Il était bibliothécaire de l’académie de cette ville. Il a laissé de nombreux ouvrages, dont il donne le catalogue à la fin de son Oliva sacres pacis repurgata, in-f°, Copenhague, 1654. Vingt-cinq ont été publiés, quatorze n’ont jamais vu le jour. Voici la liste de ceux qui ont rapport à l’Écriture Sainte : Expositio Jeremiee, in-4°, Copenhague, 1627 ; dissertation sur le ꝟ. 24 du chap. xxiii ; Vindicise locorum Geneseos xiviii, 16 ; vi, 1 ; Ps. xix, i, in-4°, Copenhague, 1630 ; Fontium Isrælis trias Jona, Mlchea et Ruth, in-8°, Copenhague, 1631 ; Trophseum protevangelium, in-4°, Copenhague, 1649, traité où il veut prouver que le « Ipse conteret caput tuum », Gen., iii, 15, ne peut être expliqué que du Christ ; Exercitatio de Nephilimis, in-4°, Copenhague, 1652. — Voir Bayle, Dictionnaire, 1737, t. i, p. 637.

G. Thomasson de Gournay.

BANI. Hébreu : Bânî, « édifié, » c’est-à-dire établi. Nom de cinq Israélites dans la Vulgate ; le texte hébreu en compte quatre autres du même nom, appelés par notre version Benni, Boni et Bonni. Voir ces mots.

1. BANI (Septante : Bavovî, Bave’), chef d’une famille qui revint de la captivité avec Zorobabel, au nombre de six cent quarante - deux membres. I Esdr., H, 10. Au passage parallèle, II Esdr., vii, 15, il est appelé Bannui, et le nombre de ses descendants est porté à six cent quarante-huit, par une altération de chiffres. Il est mentionné parmi les chefs du peuple qui signèrent le renouvellement de l’alliance, II Esdr., x, 14 ; les Septante, en cet endroit, traduisent ce nom par uloî, « fils », et l’unissent au mot suivant. Plusieurs de ses enfants sont signalés parmi les transgresseurs de la loi de Moïse sur le mariage. I Esdr., x, 29 et 34. Cependant, dans ce dernier verset (34), ce pourrait bien être un autre chef de famille du même nom. Les Septante ont au ꝟ. 29, Bavoui, et au ^- 34, Bavi. Voir Bannui.

2. BANI (Septante : ol « loi ; ils ont lu benê, « fils de, » et uni ce mot au suivant), descendant du chef de famille

du même nom. Il consentit, au retour de la captivité, à renvoyer la femme étrangère qu’il avait prise contre la loi de Moïse. I Esdr., x, 38.

3. BANI (Septante : Bavaiaç), un des lévites à qui Esdras fit lire et expliquer le texte de la loi devant le peuple assemblé. II Esdr., viii, 7. Il fut également un de ceux qui firent la confession et la prière au nom d’Israël. II Esdr., ix, 4. C’est probablement le même qui signa avec Néhémie le renouvellement de l’alliance théocratique. II Esdr., x, 13. En ce dernier endroit, les Septante ont rendu ce nom par uïoi.

4. BANI (Septante : Aol ; ils ont dû lire benê, « fils de » ), lévite du même nom que le précédent, chargé lui aussi de faire au nom du peuple l’aveu des péchés et la prière. II Esdr., ix, 4.

5. BANI (Septante : Bavé), père d’Azzi ; le chef des lévites qui habitaient Jérusalem au retour de Babylone. II Esdr., xi, 22.

    1. BANIAS##

BANIAS, nom moderne de Panéas ou Césarée de Philippe. Voir Césarée de Philippe.

    1. BANINU##

BANINU (hébreu : Benînû, « notre fils [ ?] ; » Septante : Bavouai), lévite qui, au retour de la captivité, signa le renouvellement de l’alliance à la suite de Néhémie. II Esdr., x, 13 (hébreu, 14).

BANNIÈRES. Voir Étendards.

    1. BANNISSEMENT##

BANNISSEMENT, peine qui consiste dans l’expulsion du condamné hors du territoire ; elle diffère de 1’  « excommunication » juive, qui privait le condamné, non pas du droit d’habiter le territoire, mais de celui de participer, dans certains cas, aux assemblées religieuses ; elle diffère aussi du « refuge », que les homicides pouvaient aller chercher, moyennant les conditions légales, dans certaines villes déterminées, mais dans l’étendue du territoire. Quoique ces « réfugiés » soient appelés « exilés », soit par la Vulgate, Num., xxxv, 26, 32, soit par la Mischna, traité Maccôth, ii, édit. Surenhusius, Amsterdam, 1700, part. IV, p. 276-281, cependant il est évident qu’il ne s’agit que d un exil improprement dit, puisque ces réfugiés ne quittaient pas le territoire. — La peine du bannissement ou de l’exil proprement dit existait-elle chei les Juifs ?

1° De Moïse à la captivité. — Deux auteurs, Jean Leclerc, In Genesim, xvii, 14, Amsterdam, 1710, p. 148-149, et Michælis, Deutsche Vebersetzung des Alten Testaments, Gœttingue, 1775, Gen., xvii, 14, p. 38 et 87 (voir, du même auteur, Mosaisches Recht, § 237, Francfortsur-le-Mein, 1780, t. v, p. 37-43), ont cru voir désignée la peine du bannissement dans le mot hébreu kârat, employé, Gen., xvii, 14| pour désigner la peine portée contre le Juif non circoncis. Ce mot kârat (Septante : è£o)io6pe0w ; Vulgate : delere, exterminare, et, au passif, perire, interire, de populo), employé dans le Pentateuque trente-six ou trente-sept fois comme pénalité sanctionnant différentes lois, signifie « retrancher, extirper », et est souvent accompagné, dans les passages en question, des mots : « du milieu du peuple, » ou d’autres équivalents. C’est là, d’après les deux auteurs cités, la peine de l’exil ou du bannissement, au moins dans pi*sieurs de ces passages, notamment dans la Genèse, xvii, 14.

Cette explication est contraire à l’interprétation traditionnelle, juive et chrétienne. Les écrivains juifs, soit tâlmudistes, soit karaïtes, entendent le mot kârat de la peine d’une mort pr<m iturée, infligée ou plutôt ménagée par Dieu lui-même, par les voies secrètes de sa providence. Voir Peine. Cf. Selden, De Synedriis, Amsterdam, 1679, I, vi, p. 44-55 ; Abarbanel, Dmertatio do

Karath seu Excidii pœna, traduction latine de Buxtorf, dans Ugolini, Thésaurus antiquit. sacr., "Venise, 1765, t. xxx., p. 157-182 ; Hottinger, Juris Hebrseorum leges, Zurich, 1655, p. 340-343 ; Buxtorf, Lexicon chaldaicum, talmudicum, Bâle, 1639, p. 1100-1101. Les interprètes catholiques entendent communément le mot kâraf soit de la peine de mort infligée par le juge humain, soit de l’excommunication. Cf. Pererius, In Genesim, Lyon, 1614, t. iii, p. 385-392 ; Cornélius a Lapide, In Genesim, xvii, 14. Cette interprétation a été généralement suivie par les commentateurs protestants. Cf. Rosenmùller, Scholia in Vêtus Test., In Gen., xvii, 14, Leipzig, 1821, t. i, p. 315-317 ; Gesenius, Thésaurus linguêe hebrsese, p. 718 ; Saalschûtz, Das Mosaische Recht, Berlin, 1853, k. 60, p. 476, note 595 ; Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1838, au mot Strafen, t. ii, p. 622, note 2. Leclerc et Michælis sont restés seuls, et même ce dernier, après une étude plus approfondie des textes, a rétracté expressément son opinion, pour se ranger à l’explication commune des interprètes chrétiens. Mosaisches Recht, loc. cit. Il est donc impossible de voir le bannissement dans la peine du kârat ; d’autre part, il n’existe, dans les livres sacrés qui se rapportent à cette période, aucun texte ni aucun fait qui puissent faire soupçonner l’existence de cette peine ; nous voyons seulement, III Reg., Il, 36-37, Salomon ordonner à Séméi d’habiter Jérusalem {au lieu de Bahurim, son domicile ordinaire), et lui défendre, sous peine de mort, d’en sortir ; ce n’est pas là, comme on le voit, la peine du bannissement, mais une simple « relégation », ou habitation forcée dans une ville du territoire ; encore Salomon agissait-il, dans ce cas, en vertu, non pas de la loi, mais de son autorité arbitraire.

Il semble étrange, au premier abord, que la peine du bannissement, que Dieu lui-même a portée contre Caïn, Gen., iv, 11, 12, 14, 16, et qui était si connue chez les peuples anciens, en particulier chez les Égyptiens ( cf. Thonissen, Organisation judiciaire de l’ancienne Egypte, Bruxelles, 1864, p. 48), n’ait pas fait partie du système de répression de la loi mosaïque. En voici, croyons - nous, ia raison, bien digne du législateur hébreu. Le but principal qu’il s’était proposé dans ses lois était de maintenir le monothéisme parmi les Juifs, et par conséquent de les détourner de l’idolâtrie ; c’est à cela que se rapportent un grand nombre de ses lois ; c’est là ce qui explique beaucoup de prescriptions, qui sans cela seraient inintelligibles. Or, à l’époque de Moïse et dans les temps qui suivirent, jusqu’à la venue de Jésus-Christ, tous les peuples voisins de la nation juive étaient livrés au polythéisme ; condamner quelqu’un à l’exil, c’était donc le forcer à vivre parmi ces païens, et, par suite, l’exposer au danger prochain de tomber dans l’idolâtrie. Cf. Deut, IV, 27-28 ; xxviii, 36. Aussi David lui-même disait-il à Saùl, I Reg., xxvi, 19, que ses ennemis personnels, en le forçant à fuir hors du royaume d’Israël, l’obligeaient, pour ainsi dire, à servir les dieux étrangers. Cf. Michælis, Mosaisches Recht, t. v, p. 41-42 ; Saalschûtz, Das Mosaische Recht, k. 58, p. 466 ; k. 60, p. 476, note 595 ; Winer, Biblisches Realwôrterbuch, t. ii, p. 622.

2° Après la captivité. — À cette époque, d’après plusieurs interprètes, nous trouvons la peine du bannissement portée contre les violateurs des lois juives : « Quiconque, dit le roi Artaxerxès à Ksdras, n’observera pas exactement la loi de votre Dieu et cette ordonnance du roi, il sera condamné à la mort, ou à l’exil, ou à la confiscation, ou à la prison. » I Esdr., vii, 26. Tel est le sens de la Vulgate, qui traduit par exïlium le mot chaldaïque ëerôsû. La Vulgate a été suivie par beaucoup de commentateurs, qui interprètent aussi ce mot de la peine de l’exil ou du bannissement. Cf. Vatable, In Esdram, vii, 26, dans Migne, Scripturss Sacrx cursus completus, t. xii, col. 111. Il n’y a rien d’étonnant dans l’apparition de cette pénalité chez les Juifs à cette époque, car l’exil n’offrait plus alors, au moins au même degré, les inconvénients

que nous avons signalés ; le Juif chassé de son pays pouvait se réfugier soit en Egypte, soit en Assyrie ou en Perse, où il aurait trouvé, dans un grand nombre de villes, des quartiers peuplés de ses coreligionnaires, dont la compagnie l’aurait soustrait aux dangers de l’idolâtrie.

Toutefois nous devons ajouter que le sens de la Vulgate n’est pas certain, ou au moins qu’il ne faut pas interpréter son mot exiliurn dans le sens strict de la peine du bannissement. Le mot chaldaïque Serôsû ( radical Sàràë, « extirper, déraciner. » ) signifie simplement, d’une manière générale, eradicatio, « action de déraciner, extirpation. » C’est ainsi que le traduisent Gesenius, Thésaurus, p. 1484 ; Buxtorf, Lexicon chaldaicum, p. 2533-2534. Les Septante et la version arabe (dans la Polyglotte de Walton, In Esdr., vii, 26) traduisent par « châtiment ». U pourrait donc s’agir d’une simple expulsion, d’une de ces espèces d’excommunications si fréquentes chez les Juifs. L’auteur du livre d’Esdras semble s’expliquer lui-même dans ce sens ; dans le passage cité, vii, 26, le roi Artaxerxès emploie le mot chaldéen serôsû, qui signifie « extirpation » ; un peu plus loin, x, 8, Esdras lui-même, usant des pouvoirs à lui conférés par le roi, et appliquant deux des peines signalées, s’explique ainsi, parlant en langue hébraïque : « Quiconque n’obéira pas, suivant l’ordre des princes et des anciens, perdra tout son bien, et lui-même sera expulsé de l’assemblée [revenue] de la captivité : vehû’ibbâdêl miqqehal haggôlâh. » Ces dernières expressions, qui expliquent et commentent le mot serôsû, employé vii, 26, ne signifient pas nécessairement le bannissement hors du territoire, mais plutôt une espèce d’excommunication, d’autant plus que le mot qâhâl, « assemblée, » s’emploie ordinairement dans le sens d’assemblée religieuse ; Gesenius, Thésaurus, p. 1199. Cf. dom Calmet, In Esdram, vii, 26 ; Drusius, dans Criliei Hacrï, In Esdram, vii, 26.

3° Sous la monarchie d’Hérode. — Hérode porta la peine du bannissement proprement dit contre les voleurs, ordonnant qu’ils fussent vendus comme esclaves « hors du territoire ». Josèphe, Ant. jud., XVI, i, 1. L’historien juif apprécie très sévèrement cette loi d’Hérode ; d’après lui, elle était de nature à détruire les mœurs traditionnelles de la nation, elle constituait une injure envers la religion, elle était l’œuvre non d’un roi, mais d’un tyran, qui n’avait aucun égard pour les usages du pays. Aussi, ajoute-t-il, cette loi excita contre son auteur les récriminations et la haine du peuple. Ce jugement de Josèphe sur la loi d’Hérode peut confirmer ce que nous avons dit, que probablement la peine judiciaire du bannissement n’était pas appliquée jusque-là chez les Juifs.

S. Many.

    1. BANNUI##

BANNUI (hébreu : Rinnûï, « édifice ; » Septante : Bayou’i), chef de famille dont les enfants revinrent de Babylone au nombre de six cent quarante-huit. II Esdr., vu, 15. Il est appelé Bani au passage parallèle, I Esdr., u, 10. Voir Bani 1.

BANQUE. Voir Changeur de monnaie.

BANQUETS. Voir Festins.

BANQUIER. Voir Changeur de monnaie.

    1. BAOUR-LORMIAN PierreMarie -François -Louis##

BAOUR-LORMIAN PierreMarie -François -Louis, de l’Académie française, poète, né à Toulouse le 24 mars 1770, mort à Paris le 18 décembre 1854. Dans sa vieillesse, presque octogénaire, pauvre, aveugle, infirme, pour se consoler, il traduisit en vers français le livre de Job. Sa version, quoique en général assez fidèle, est souvent une paraphrase où la couleur biblique est heureusement reproduite ; elle n’est pas sans mérite, surtout au point de vue littéraire. Un ami de l’auteur, le baron de Lamothe-Langon, édita l’ouvrage, qu’il fit précéder d’une Préfacé

historique remplie de détails intéressants sur Baour-Lormian et sur la composition de cet écrit. En voici le titre : Le livre de Job traduit en vers français, in-8°, Paris, 1847. — Voir Discours du 4 déc. 1856 de F. Ponsard, et réponse de Nisard dans Recueil des discours de l’Académie française, 1860, 233-280.
O. Rey.

1. BAPTÊME. Le mot « baptême » vient du substantif grec βάπτισμα ou βαπτισμός, qui dérive lui-même du verbe βάπτω, « plonger, » d’où l’on a fait βαπτίζω. βαπτίζω est souvent employé dans le Nouveau Testament. Il ne s’y rencontre pas avec le sens de « plonger dans l’eau », qui lui est donné souvent dans les Septante et dans les auteurs profanes ; mais il signifie tantôt « laver » et « purifier », Marc, vii, 4 ; Luc, xi, 38 ; tantôt, au passif, « être accablé de maux, » Matth., xx, 22 ; Marc, x, 38, 39 ; Luc, xii, 50 ; tantôt « baptiser », c’est-à-dire pratiquer le rite religieux du baptême. Matth., xxviii, 19 ; Joa., iv, 2 ; Act., ii, 41 ; viii, 12, 13, 16, 36, 38 ; ix, 18 ; x, 47, 48 ; xix, 5 ; xxii, 16 ; Rom., vi, 3 ; Gal., iii, 27 ; Les substantifs βάπτισμα ou βαπτισμός ; ont tous les sens correspondants. Ils expriment tantôt une « lotion » et une « purification », Marc, vii, 8 ; Hebr., vi, 2, et ix, 10 ; tantôt « un accablement de maux », Matth., xx, 22, 23 ; Marc, x, 38, 39 ; Luc, xii, 50 ; tantôt le rite religieux du baptême soit de saint Jean-Baptiste, Matth., iii, 7 ; Marc, i, 4 ; Luc, iii, 3 ; vii, 29 ; Act., xiii, 24 ; xix, 4 ; soit de Jésus-Christ, Rom., vi, 4 ; Eph., iv, 5 ; Col., ii, 12 ; I Petr., iii, 21. C’est ce dernier sens qu’ont pris dans la religion chrétienne, et en particulier en français, les mots baptiser et baptême. On appelle baptême le sacrement par lequel nous sommes faits chrétiens. C’est de ce baptême chrétien qu’il sera question dans cet article.

Suivant un plan adopté depuis longtemps par les théologiens, nous nous occuperons successivement :
1° des figures et des allégories du baptême ;
2° du baptême de saint Jean ;
3° de l’institution du sacrement de baptême ;
4° de ses rites constitutifs ;
5° de ses effets ;
6° de ceux qui le donnent ou de son ministre ;
7° de ceux qui le reçoivent ou de son sujet.

I. Figures et allégories du baptême.

L’Ancien Testament nous offre plusieurs figures du baptême. Voici les principales :
Les eaux de la création sur lesquelles était porté l’Esprit de Dieu et d’où est sorti l’univers, Gen., i, 2. Au témoignage de Tertullien, De baptismo, iii, t. i, col. 1202 ; de saint Cyrille de Jérusalem, Catech., iii, 5, t. xxxiii, col. 434, elles étaient l’image des eaux du baptême fécondées par la grâce du Saint-Esprit, pour engendrer les chrétiens à la vie surnaturelle ;
les eaux du déluge, d’après saint Pierre, I Petr., iii, 20, 21, et d’après les prières de la liturgie romaine à la bénédiction des fonts, le Samedi saint ;
la circoncision judaïque, suivant saint Augustin, lib. i, Contra Cresconium, xxxi, t. xliii, col. 464 ; saint Chrysostome, In Genes., hom. xl, t. liii, col. 374 ; saint Thomas d’Aquin, Sum. theol., iii, q. 70, a. 1 ;
le passage de la mer Rouge, comme le fait entendre saint Paul, I Cor., x, 1 ; 2, ainsi que le passage du Jourdain par les Hébreux ;
l’eau que Moïse fit jaillir au désert du rocher qui représentait Jésus-Christ, I Cor., x, 3 ;
— les nombreuses purifications par l’eau prescrites par la loi mosaïque ;
— la guérison de Naaman le lépreux par les eaux du Jourdain. S. Ambroise, De myster., iv, t. xvi, col. 394. Le Nouveau Testament nous présente d’autres images du baptême, dans la piscine probatique, dans la piscine de Siloé, dans le baptême de saint Jean dont nous allons parler, et, d’après saint Paul, Rom., vi, 4, dans l’ensevelissement du Sauveur avant sa résurrection. Enfin les monuments des premiers siècles symbolisent le baptême, tantôt par les figures et les images de l’Écriture que nous venons d’étudier, tantôt par le symbole du cerf ou du poisson. Voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., Paris, 1877, article Baptême, p. 78 et 79.

II. Baptême de saint Jean-Baptiste.

Il le donnait par immersion dans le fleuve du Jourdain. Matth., iii, 6, 15 ; Marc, i, 5 ; Luc, iii, 3 ; Joa., i, 28. Ceux qui le recevaient confessaient leurs péchés. Aussi ce baptême est-il appelé le baptême de pénitence. Il était destiné à préparer le baptême de Jésus-Christ ; car toute la mission du précurseur était une mission de préparation à la venue et à l’œuvre du Messie. Notre-Seigneur voulut lui-même recevoir ce baptême des mains de saint Jean, malgré les résistances de ce dernier. Si le Sauveur se soumit à ce rite de pénitence, ce ne fut point pour confesser et expier ses péchés, car il était la sainteté même ; mais il voulut ainsi sanctifier l’eau et en faire la matière de son propre baptême ; il voulut encore reconnaître par cette démarche solennelle la mission divine de son précurseur ; il donna enfin à ce dernier l’occasion de lui rendre témoignage à lui-même, en même temps que le Père et le Saint-Esprit manifestaient sa divinité. En effet, Jésus étant sorti de l’eau aussitôt après son baptême, les cieux s’ouvrirent à ses yeux, et il vit l’Esprit de Dieu descendre sur lui sous la figure d’une colombe, et une voix se fit entendre du ciel, qui dit : « C’est là mon Fils bienaimé, en qui je trouve mes délices. » Matth., iii, 16, 17 ; Marc, i, 10, 11 ; Luc, iii, 21, 22 ; Joa., i, 32 ; II Petr., i, 17.

Le baptême de saint Jean était inférieur à celui qui fut institué par Jésus-Christ. Saint Jean le déclara aux Juifs, Matth, , iii, 11 ; Marc, i, 8 ; Luc, iii, 16, et le concile de Trente l’a défini solennellement, sess. 7, can. i, De baptismo, contre Zwingle et Calvin, qui assimilaient les deux rites, et attribuaient toute l’efficacité du baptême aux dispositions de ceux qui le reçoivent. La plupart des théologiens catholiques enseignent même, à la suite de saint Thomas d’Aquin, 3, q. 38, a. 2 et 3, que le baptême de saint Jean n’avait par lui-même aucune efficacité pour remettre les péchés et donner la grâce sanctifiante. Ils enseignent aussi que c’était par ordre de Dieu que saint Jean baptisait, puisqu’il avait reçu sa mission du ciel. Néanmoins le baptême n’était pas une chose complètement nouvelle pour les Juifs. La loi de Moïse leur prescrivait dans diverses circonstances des immersions semblables. Lev., vi, 27, 28 ; xi, 25, 28 ; xiii, 6, 34 ; xvi, 6, 7 ; xxii, 6 ; Num., viii, 6, 7, 8 ; xix, 7, 8, 21 ; xix, 14 ; xxxi, 24. Nous savons aussi que, dans les temps postérieurs à Jésus-Christ, les Juifs imposaient à tout Gentil qui se convertissait au judaïsme, un baptême par immersion, qui était supposé lui donner comme une nouvelle naissance. Mais nous ignorons si ce baptême juif existait avant celui de saint Jean et des chrétiens. Beaucoup de rabbins le prétendent. On a même cru que Jésus-Christ faisait allusion à ce baptême des prosélytes, lorsqu’il dit à Nicodème, qui doutait qu’un homme pût renaître par l’eau : « Vous êtes maître en Israël et vous ignorez ces choses ? » Joa., iii, 10. Mais comme il n’est question de ce baptême des prosélytes ni dans les livres de l’Ancien Testament, ni dans l’historien Josèphe, lorsqu’ils parlent de Gentils convertis au judaïsme, on a sujet de penser que cette cérémonie s’est introduite parmi les Juifs à une époque postérieure, et peut-être à l’imitation du baptême des chrétiens. Voir Calmet, Dissertations qui peuvent servir de prolégomènes de l’Écriture Sainte, Paris, 1720, t. iii, Dissertation sur le baptême des Juifs, p. 323. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de raison de croire avec M. Renan, Vie de Jésus, ch. vi, 2e édit., p. 99, et d’autres auteurs, que le précurseur emprunta son baptême à des pratiques religieuses usitées en Chaldée ; car des pratiques semblables étaient prescrites par la loi de Moïse.

Le baptême de saint Jean ne devait point subsister après la fondation de l’Église, puisqu’il était destiné à préparer les voies au Messie. Aussi saint Jean envoyait-il ses disciples à Jésus-Christ. Joa., iii, 27-36 ; Matth., xi, 1, 2, 3. Néanmoins, plus de vingt ans plus tard, Apollon d’Alexandrie, qui prêchait le Christianisme à Éphèse, ne donnait encore que le baptême de saint Jean. Act., xviii, 25. Il fallut que saint Paul fit connaître le baptême de Jésus- Christ, Act., xix, 1-5, à ceux qu’Apollon avait évangélisés. Il existe même encore aujourd’hui dans l’ancienne Mésopotamie et dans la Syrie méridionale une secte qui ne veut admettre que le baptême de saint Jean-Baptiste, et qui prétend suivre la religion prêchée par le précurseur. C’est la secte des Mandaïtes ou Chrétiens de saint Jean. Cette secte paraît être la même que la secte gnostique des Elcésaïtes, mentionnée par saint Épiphane, Hær. xix, 5, t. xli, col. 268, et par l’auteur des Philosophumena, ix, 13 ; x, 29, Patr. gr. t. xvi, col. 3387, 3442. Voir Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, t. i, p. 114-117.

III. Institution du baptême chrétien.

Le baptême chrétien n’est point le même que celui de saint Jean. Le précurseur lui-même avait dit : « Pour moi, je vous baptise dans l’eau ; mais il en viendra un autre après moi, qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de délier la courroie de ses chaussures. Lui vous baptisera dans le Saint-Esprit et le feu. » Luc, iii, 16 ; Matth., iii, 11 ; Marc, i, 8. Les Actes des Apôtres nous apprennent en outre que saint Paul donnait le baptême chrétien à ceux qui par ignorance n’avaient reçu que le baptême de pénitence de saint Jean. Act., xix, 4, 5.

Quel est l’auteur de ce baptême chrétien ? Sans aucun doute, c’est Jésus-Christ. À l’ablution par l’eau employée dans les purifications judaïques et dans le baptême du précurseur, il a ajouté l’invocation des trois personnes de l’adorable Trinité. Il a en outre fait de son baptême un sacrement de la Nouvelle Loi, en y attachant les effets que nous indiquerons plus loin.

En effet, après avoir reçu le baptême de saint Jean, Jésus manifesta à Nicodème la nécessité d’une régénération par son propre baptême, le baptême dans l’eau et le Saint-Esprit. Joa., iii, 1-8. Il fit ensuite administrer son baptême par ses disciples, à la grande joie de Jean, qui baptisait toujours et n’avait point encore été jeté en prison. Joa., iii, 22-36, et IV, 1, 2. Enfin, après sa résurrection, Jésus envoya ses disciples baptiser toutes les nations au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et cela jusqu’à la fin des temps. Matth., xxviii, 19 ; Marc, xvi, 15. C’est donc sans aucun doute Jésus-Christ lui-même qui a institué notre baptême. Mais, on n’est point d’accord sur le moment de cette institution. Saint Thomas, iii, q. 66, a. 2, le catéchisme du concile de Trente, § xx, et la plupart des théologiens pensent que Jésus-Christ institua notre sacrement de baptême, lorsqu’il reçut lui-même Je baptême dans le Jourdain, parce que c’est à ce moment qu’il mit dans l’eau du baptême la vertu de nous donner la vie surnaturelle, vertu qui fait le caractère essentiel du sacrement.

IV. Rites constitutifs du baptême.

Les théologiens distinguent dans les rites constitutifs des sacrements ce qu’ils appellent la matière (prochaine ou éloignée) et la forme. Nous n’avons pas à exposer ici leur théorie sur ce point. Disons seulement que, suivant la doctrine catholique, la matière employée pour le baptême (matière éloignée) est l’eau naturelle ; que l’application de cette matière (matière prochaine) est une ablution qui peut s’accomplir par trois modes différents : l’immersion, l’infusion, l’aspersion ; que la formule qui doit accompagner cette ablution (forme) consiste dans ces paroles : Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Nous allons parcourir successivement ces trois éléments constitutifs du baptême et résoudre les difficultés scripturaires qui s’y rattachent. Nous ne dirons rien des cérémonies ajoutées par l’Eglise, parce que ces cérémonies ne sont point les rites constitutifs du sacrement.

La matière employée pour le baptême (matière éloignée) est l’eau naturelle.

Saint Jean baptisait dans l’eau du Jourdain. Les disciples de Jésus-Christ avaient également baptisé avec de l’eau, du vivant de leur Maître. Joa., iii, 22, 23. Quand il leur prescrivit de baptiser toutes les nations, il entendait donc parler d’un baptême d’eau.

Du reste, en exposant la nécessité de son baptême, il dit à Nicodème que c’est de l’eau et du Saint-Esprit qu’il faut renaître. Joa., iii, 5. Ajoutons qu’après la résurrection, les Apôtres ne baptisaient qu’avec de l’eau. Cela ne résulte pas seulement des textes nombreux de la tradition, mais des témoignages mêmes de la Sainte Écriture. Lorsque le Saint-Esprit fut descendu sur le centurion Corneille, Pierre s’écria : « Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint-Esprit comme nous ? » Act., x, 47. Un peu auparavant, l’eunuque de la reine Candace, qui cheminait avec le diacre Philippe et recevait ses instructions, ayant vu de l’eau, lui dit : « Voilà de l’eau ; qui empêche que je sois baptisé ? Et ils descendirent tous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque. » Act., viii, 36, 38. C’est donc avec de l’eau que doit se donner le baptême.

Comment donc entendre les textes des Évangiles où le baptême de Jésus-Christ est appelé « baptême dans le Saint-Esprit », Joa., iii, 5, et « baptême de feu » ? Matth., iii, 11 ; Luc, iii, 16. On en a proposé diverses explications. Voici celle qui est la plus communément adoptée. Le baptême de Jean, n’ayant point d’efficacité pour conférer la grâce sanctifiante directement et par lui-même, n’était qu’un baptême d’eau. Au contraire, le baptême de Jésus-Christ produit dans les âmes la grâce sanctifiante, et y fait habiter le Saint-Esprit, qui descendit sur les Apôtres sous la forme du feu, symbole de la charité. Par le baptême de Jésus-Christ, on renaît donc, suivant les paroles du Sauveur à Nicodème, de l’eau qui atteint le corps et du Saint-Esprit qui est répandu dans l’âme. Or, quand on compare le baptême de Jésus-Christ à celui de saint Jean, on est naturellement amené à caractériser chacun d’eux par ce qui lui est particulièrement propre, et on exprime ce qui leur est propre en déclarant que Jean baptisait dans l’eau, c’est-à-dire dans l’eau seule, tandis que Jésus-Christ devait baptiser dans le Saint-Esprit et le feu.

Voici une autre interprétation de ces textes qui n’exclut pas la première, mais la suppose. Les passages de la Sainte Écriture où il est parlé du baptême de Jésus-Christ peuvent presque tous se rapporter aussi à la confirmation, sacrement qui complète le baptême en nous rendant parfaits chrétiens et en nous donnant l’abondance des dons du Saint-Esprit. Cette union des deux sacrements dans les textes scripturaires ne doit pas nous surprendre, car les Apôtres donnaient ordinairement la confirmation aussitôt après le baptême ; cet usage s’est continué pendant de longs siècles dans l’Église latine, et il existe encore dans l’Église grecque. Mais alors même que nous ignorerions cette coutume antique, il nous suffirait d’examiner les paroles de l’Écriture qui se rapportent au sacrement de baptême, pour remarquer qu’elles contiennent des allusions au sacrement de confirmation. Nous laissons la parole à dom Janssens, qui a très bien mis ce point en lumière dans son excellent opuscule sur la Confirmation, Lille, 1888, p. 47 : « Voici d’abord la scène du Jourdain. Jean baptise dans l’eau, prêchant la pénitence et la venue du Christ. « Pour moi, s’écrie le précurseur dans son « admirable humilité, je vous baptise dans l’eau pour « vous porter à la pénitence ; mais un autre plus fort que « moi et dont je ne suis pas digne de porter la chaussure viendra ; c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. » Matth., iii, 11. Que signifie cette parole rapportée à la fois par saint Matthieu et saint Luc, iii, 6 : « Il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu, » sinon que le baptême du Sauveur trouve son parfait achèvement dans le baptême de feu ? Et ce baptême de feu, comment n’y pas voir la descente du Saint-Esprit sous la forme de langues de feu au jour de la Pentecôte, qui est le grand jour de la confirmation ? C’est dans ce sens que Notre-Seigneur, au moment de s’en aller à son Père, le jour même de son ascension glorieuse, dit à ses Apôtres dans son discours d’adieu, Act., i, 5 : « Jean vous a baptisés « dans l’eau, mais vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint « après peu de jours. » Ici évidemment il s’agissait d’un autre baptême que celui de la régénération première ; il ne pouvait donc être question que de l’effusion du Saint-Esprit par la confirmation, effusion si abondante, que le Sauveur lui donne le nom générique de baptême. Aussi saint Pierre, rendant compte à Jérusalem de la mission qu’il venait de remplir auprès du centurion Corneille, rapproche dans sa pensée cette promesse du Seigneur et la descente du Saint-Esprit sur le soldat romain et sa famille, avant même qu’ils eussent été baptisés ; et il dit aux Apôtres émerveillés que c’est le souvenir de ces paroles du Maître qui l’a déterminé à conférer le baptême à ceux qui avaient reçu le même don qu’eux au cénacle. Act., xi, 16. Si nous réunissons ces divers témoignages, nous arrivons naturellement à trouver une trace de la confirmation dans les paroles de Jean-Baptiste au Jourdain, et surtout dans celles du Sauveur le jour de l’Ascension. Seulement les premières ont le caractère vague d’une prophétie lointaine ; les secondes équivalent à une promesse précise et immédiate, et forment le trait d’union entre l’Ascension et la Pentecôte. Mais ce n’est pas tout. La scène du Jourdain nous met sous les yeux l’action symbolique du baptême du Sauveur. Ici encore la confirmation nous apparaît au second plan. De même que l’action du Christ sanctifiant les eaux du fleuve au contact de son corps divin équivaut ou du moins prélude éloquemment à l’institution du baptême ; de même aussi la colombe descendant sur le chef sacré du Messie, après qu’il fut sorti des eaux, exprime, au témoignage de saint Thomas, Summ. theol., iii, q. 72, a. i, ad 4, la plénitude de la grâce, et partant préfigure le sacrement qui la confère, la confirmation. C’est pourquoi la colombe ne descendit sur le Messie qu’à la sortie du Jourdain, pour marquer que la plénitude de la grâce, conférée par la confirmation, vient se surajouter au baptême, en vertu d’un sacrement qui ne peut être administré qu’après celui de la régénération. Matth., iii, 16 ; Marc, i, 10 ; Luc, iii, 21. »

Cette doctrine a été développée par les saints Pères, et en particulier par saint Cyrille de Jérusalem, dans la Catéchèse qu’il consacra à la confirmation. Catech. mystag., iii, 2, Patr. gr., t. xxxiii, col. 1087, 1890, et par saint Optat de Miléve, Contra Donat., vers la fin du livre IV, Patr. lat., t. xi, col. 1039 et suiv.

Dom Janssens voit aussi un rapprochement entre le baptême et la confirmation dans le discours à Nicodème. Joa., iii. « Ici encore, dit-il (La confirmation, p. 50), nous trouvons dans le même ordre d’abord un endroit qui parle ouvertement du baptême : « Si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ; » et puis, à trois versets d’intervalle, un autre passage où l’on peut voir une allusion à la Pentecôte, et partant à la confirmation. Le Christ veut faire comprendre à Nicodème que la naissance spirituelle est tout autre que la naissance corporelle. « L’Esprit, dit le Sauveur, souffle où il veut, et vous entendez sa voix ; mais vous ne savez ni d’où il vient ni où il va, ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. » Si le baptême de feu dont parlait Jean-Baptiste nous reportait naturellement à la pluie de feu qui eut lieu au Cénacle, comment ne pas songer ici à cette tempête qui fondit sur la même enceinte, « lorsque soudain on entendit un son comme d’un vent violent qui s’abat et qui remplit toute la demeure ? » Act., ii, 2. La foule, qui l’entendit du dehors, accourut, ne sachant d’où ce souffle venait ni où il allait, et elle contempla le groupe des Apôtres et des disciples débordant de la plénitude du Saint-Esprit. »

L’eau du baptême doit être appliquée (matière prochaine) par ablution, c’est-à-dire soit par immersion, soit par infusion, soit par aspersion.

« La plupart des liturgistes, dit l’abbé Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, t. i, p. 223, admettent d’une manière générale :
En cours 1° qu’il y eut immersion totale depuis les temps évangéliques jusqu’au xrve siècle environ ;
2° que du xme au xve siècle on employa l’immersion partielle du corps (dont la partie inférieure séjourna seule dans l’eau), avec infusion sur la tête ;
3° qu"à partir du XVe siècle l’infusion seule remplaça l’infusion accompagnée d’immersion. » Mais le savant auteur, se fondant sur l’étude des anciens baptistères et des représentations de baptêmes, trouve cette classification trop absolue, et il établit par des preuves qui paraissent très solides les conclusions suivantes (ibid., p. 248) : « En Orient, dans les premiers siècles, submersion totale dans les fleuves et probablement dans les baptistères, sans exclusion toutefois de l’immersion mêlée d’infusion, qui a été conservée jusqu’à nos jours dans presque toutes les contrées orientales. — En Occident, du IVe au vin 6 siècle, immersion partielle dans les baptistères, avec addition d’infusion. — Du vine au XIe siècle, immersion verticale et complète des enfants dans les cuves. À cette époque et dans tout le cours du moyen âge, procédés divers pour le baptême des adultes, qu’il n’était pas possible d’immerger dans le bassin des fonts..— Du xie au xm" siècle, immersion horizontale et complète dans les cuves. — Aux xme et XIVe siècles, tantôt immersion complète, tantôt immersion partielle accompagnée d’infusion ; rarement infusion seule. — xve et xvie siècles : rarement immersion complète ; parfois immersion avec infusion ; le plus souvent infusion seule. — XVIIe et xviiie siècles : règne de l’infusion seule ; immersion conservée jusqu’à nos jours dans les rites mozarabe et ambrosien ; rétablissement de l’immersion dans quelques sectes religieuses. — xixe siècle, progrès rapide de l’immersion dans diverses communions religieuses, surtout en Amérique et en Angleterre. »

Pour l’aspersion, qui ne diffère de l’infusion que parce qu’elle se fait en jetant le liquide au lieu de le laisser couler, elle n’est valide qu’autant que l’eau jetée atteint le baptisé, et elle n’a jamais été pratiquée que dans des circonstances exceptionnelles.

Le passage de l’Écriture Sainte qui nous donne les indications les plus précises sur le mode baptismal des temps évangéliques est le récit du baptême de l’eunuque de la reine Candace par le diacre Philippe. Le livre des Actes des Apôtres, viii, 38, 39, porte : « Tous deux, Philippe et l’eunuque, descendirent dans l’eau, et il le baptisa ; et après qu’ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe. » On a prétendu que l’eunuque baptisé n’avait pu être immergé dans l’eau, à cause du peu de profondeur de la fontaine de Philippe ; mais cette induction est sans fondement, car on ne sait point avec certitude l’emplacement de cette fontaine, et alors même qu’elle aurait aujourd’hui peu de profondeur, il ne s’ensuivrait pas qu’il en était de même au I er siècle. Le texte des Actes dit expressément que le baptisant et le baptisé descendirent tous deux dans l’eau, et qu’ils en remontèrent après le baptême. Cela prouve que le baptême fut donné par immersion. Les manières de parler de l’Écriture et des premiers Pères laissent entendre d’ailleurs que ce sacrement se conférait alors habituellement par immersion complète. Ce n’est, en effet, que par une immersion complète qu’on est enseveli dans l’eau et qu’on en renaît. Or saint Paul, Rom., vi, 4, rappelle aux chrétiens qu’ils ont été ensevelis par le baptême, et Jésus-Christ enseigne à Nicodème, Joa., iii, 5, qu’il faut renaître de l’eau et du Saint-Esprit pour entrer dans le royaume des cieux. Du reste, un grand nombre de témoignages des premiers siècles établissent que le baptisé était alors plongé tout entier dans l’eau.

Cependant il y a lieu de penser que dès les origines du Christianisme on pratiqua le baptême par immersion accompagnée d’infusion. Le baptisé était plongé dans l’eau jusqu’à mi-corps ou jusqu’à mi-jambes, et le baptisant lui versait de l’eau sur la tête. Il reste de très anciennes représentations du baptême de Jésus-Christ par saint Jean ; or toutes nous montrent le Sauveur la tête et

même la partie supérieure du corps hors de l’eau. Tantôt saint Jean-Baptiste lui met la main sur la tête, ce qui suppose qu’il la plonge dans l’eau et qu’il y a immersion complète ; mais tantôt aussi l’eau est versée sur la tête de Jésus soit par le précurseur, soit par la colombe qui est au-dessus de lui, ce qui suppose que la tête n’a pas été plongée dans le fleuve. Voir Corblet, Histoire du baptême, Paris, 1881, t. i, p. 232, et Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, article Baptême, 2e édit., Paris, 1877, p. 80. Nous possédons aussi des peintures antiques du baptême où le baptisant verse de l’eau sur la tête du baptisé, tandis que celui-ci se tient debout dans l’eau. Signalons une peinture du IIe ou du me siècle trouvée à Rome, au cimetière de Saint-Callixte. Près d’un pêcheur qui tire de l’eau un poisson, symbole du chrétien régénéré, est représenté le baptême d’un enfant d’environ dix ans. L’enfant et celui qui le baptise sont debout dans l’eau, qui a un décimètre et demi de profondeur, et s’élève par conséquent jusqu’aux genoux de l’enfant. Le

437. — Le baptême dans les catacombes. Fresque du otmatlère de Saint-Callixte.

baptisant pose sa main sur la tête de l’enfant, autour de laquelle l’eau coule de tous côtés (fig. 437).

Non seulement on donna le baptême par infusion ajoutée à une immersion partielle ; on le pratiqua encore par simple infusion dès les temps apostoliques. Beaucoup de malades alités ne pouvaient être baptisés que de cette façon. Du reste, l’Écriture Sainte nous rapporte des baptêmes qui ne semblent pas avoir été donnés autrement. Comment comprendre, en effet, que quelqu’un soit baptisé par immersion debout dans une maison ? Or il est dit à deux reprises, Act., ix, 18, et xxii, 16, de saint Paul qu’il se leva debout pour être baptisé par Ananie, dans la maison où il était. Le même apôtre, détenu en prison, Act., xvi, 33, convertit son geôlier avec les membres de sa famille, et les baptisa aussitôt. Or on ne voit pas qu’il l’ait pu faire par immersion. D’ailleurs la Aiâi^ » ) t&v âûSexa’AtcootoXwv récemment découverte, ’que la plupart des critiques regardent comme ayant été composée dans la première moitié du n « siècle, si ce n’est à la fin du I er, et qui nous fait certainement connaître les pratiques des temps apostoliques, prescrit formellement de conférer le baptême par infusion, lorsqu’on n’a point une assez grande quantité d’eau pour le donner autrement. « Pour ce qui est du baptême, dit-elle, baptisez de la façon suivante : Après avoir dit tout ce qui précède, baptisez au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, dans une eau vive. Si tu n’as pas d’eau vive, baptise dans une autre eau ; si tu ne peux te servir d’eau froide, prends-en de la chaude. Si tu n’en as ni de l’une ni de l’autre, verse sur la tête trois fois de l’eau au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » On a pensé que saint Pierre avait baptisé par aspersion d’abord les trois mille et ensuite les cinq mille convertis dont parlent les Actes des Apôtres, ii, 41, et iv, 4 ; mais c’est là une simple conjecture.

3° La formule du baptême (forme) consiste en ces paroles : « Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » C’est la formule même employée dans l’Eglise latine. Les Grecs emploient cette autre formule

équivalente : Le serviteur de Dieu, N…, est baptisé (pmixi’Cexïi) au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. C’est par erreur qu’on leur a attribué de baptiser par la formule déprécatoire : Que le serviteur de Dieu, N…, soit baptisé ( (ianTÎÇea-Oo))… Cette formule déprécatoire ne se trouve dans aucun exemplaire de leurs livres liturgiques. Le concile de Florence a reconnu la validité de la formule employée par les Grecs. Seulement les édi-’tions du concile ne sont pas d’accord sur la formule que les Pères de Florence leur attribuaient. Le Bullaire de Chérubini donne la formule déprécatoire : Baptizetur. VEnchiridion de Denzinger donne la formule affirmative : Baplizatur.

Tous les théologiens s’accordent à regarder l’invocation expresse des trois personnes de la sainte Trinité comme nécessaire, et comme ayant été employée constamment depuis la mort des Apôtres. Notre-Seigneur leur ordonna, en effet, de baptiser au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Matth., xxviii, 19.

On s’est demandé néanmoins si les Apôtres n’avaient pas substitué l’invocation du nom de Jésus à l’invocation des trois personnes de la sainte Trinité pour la collation du baptême. L’Écriture nous dit, en effet, à plusieurs reprises, des premiers chrétiens qu’ils étaient baptisés au nom du Seigneur Jésus. Act., ii, 38 ; viii, 16 ; xix, 5. Certains théologiens ont cru qu’ils avaient fait réellement cette substitution, et cela en vertu d’une dispense spéciale, et afin de glorifier davantage le nom de Jésus, qui était alors odieux aux Juifs et aux Gentils. C’est le sentiment qu’adopte saint Thomas, iii, q. 66, a. 6, ad 1. Mais cette opinion est généralement rejetée aujourd’hui ; car il est peu vraisemblable que les Apôtres, qui avaient reçu personnellement l’ordre de baptiser en invoquant les trois personnes divines, Matth., xxviii, 19, aient négligé cette invocation. Par conséquent, les textes de l’Écriture qui nous les représentent baptisant au nom du Sauveur ne signifient point qu’ils invoquaient le nom du Fils à l’exclusion du nom du Père et du Saint-Esprit. Si ces textes parlent du baptême conféré au nom de Jésus, c’est pour marquer qu’il s’agit du baptême chrétien et non du baptême de Jean-Baptiste. Cette opposition est clairement indiquée dans le discours de saint Pierre, au second chapitre des Actes, ii, 38, où il est fait allusion au baptême de pénitence que Jean-Baptiste avait donné, et au baptême daus le Saint-Esprit, qu’il avait annoncé : « Faites pénitence, dit saint Pierre, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ (ïiù tw ôv<5jjiaTi’IriuoS Xpio-ToO, c’est-à-dire sur le fondement du nom de Jésus-Christ ) pour la rémission de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. » La même opposition est marquée plus clairement encore au chapitre xix des Actes, 3-5. Paul, étant venu à Éphèse, y trouva des disciples qui n’avaient pas même entendu dire qu’il y a un Saint-Esprit. « Il leur dit : De quel baptême avez-vous été baptisés ? Ils dirent : Du baptême de Jean. Et Paul dit : Jean a baptisé le peuplé du baptême de pénitence, disant de croire en celui qui devait venir après lui, c’est-à-dire er » Jésus. Lorsqu’ils eurent entendu ces paroles, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus (eî « to ôvbijia, c’est-à-dire pour prendre le nom de Jésus et lui appartenir), et après que Paul leur eut imposé les mains, l’Esprit-Saint vint en eux. » On voit que dans ces passages le baptême « au nom de Jésus t> s’oppose à celui de Jean-Baptiste, et que rien n’oblige de penser qu’on invoquait dans ce baptême le nom du Sauveur, à l’exclusion de celui du Père et de celui du Saint-Esprit.

V. Effets du baptême. — 1° Manière dont le baptême agit. — Le baptême est un sacrement, et agit par conséquent ex opère operato, c’est-à-dire par sa vertu propre-Aux temps apostoliques, le mot sacrement n’avait pasencore le sens précis et arrêté que les théologiens lui ont donné, et le terme ex opère operato n’était pas employé. C’est donc par d’autres formules que l’Écriture Sainte 1441

BAPTEME

BARABBAS

iUl

nous enseigne qu’en vertu de l’institution de Jésus-Christ, le rite du baptême possède par lui-même la puissance de produire la grâce dans les âmes. Jésus-Christ attribue, en effet, à l’eau même du baptême la vertu de nous donner la vie surnaturelle, lorsqu’il dit à Nicodème que, pour entrer dans le royaume de Dieu, il faut renaître de l’eau et du Saint-Esprit, Joa., iii, 5 ; de son côté, saint Paul affirme que l’eau reçoit cette vertu des paroles prononcées au baptême, lorsqu’il dit, Eph., v, 26, que Jésus-Christ sanctifie l’Eglise en la purifiant par le bain de l’eau dans la parole de vie.

2° Effets produits par le baptême. — Ces effets sont exprimés dans les textes où l’Écriture enseigne que le baptême nous donne une nouvelle vie, la vie surnaturelle, Joa., iii, 5 ; qu’il remet tous les péchés, Act., ii, 38 ; xxii, 16 ; Eph., v, 26 ; qu’il assure le salut. Marc, xvi, 16. Le sacrement de baptême produit la grâce, sanctifiante avec un cachet particulier, celui d’une nouvelle naissance, la naissance à la vie surnaturelle de la grâce, qui est la vie de Jésus-Christ et de Dieu en nous, qui nous rend enfants de Dieu à la suite de Jésus-Christ, qui nous constitue les cohéritiers de son royaume. Aussi le baptême est-il appelé le « bain de la régénération », Tit., m, 5 ; « l’eau qui nous donne une nouvelle naissance, » Joa., iii, 5, et il est présenté comme nous rendant « fils de Dieu », et « nous revêtant de Jésus-Christ ». Gal., m, 26, 27.

VI. Ministre du baptême. — L’Écriture nous raconte plusieurs baptêmes. Il ressort de ses récits qu’au siècle apostolique le sacrement de la régénération était conféré par diverses classes de personnes. Jésus-Christ ne baptisait point lui-même, mais faisairbaptiser par ses Apôtres. Joa., iv, 2. Après la Pentecôte, les Apôtres laissaient d’ordinaire à des ministres inférieurs le soin de baptiser, afin de pouvoir se livrer tout entiers à la prédication. Saint Pierre fit baptiser le centurion Corneille et sa maison. Act., x, 48. Saint Paul disait qu’il n’avait pas été envoyé par Jésus-Christ pour baptiser, , mais pour évangéliser. I Cor., i, 17. Le diacre Philippe baptisa Simon le Magicien avec un grand nombre de personnes de Samarie. Act., viii, 12, 13. Il baptisa aussi l’eunuque de la reine Candace. Act., viii, 38. Saint Paul fut baptisé à Damas par Ananie, Act., ix, 18, qui paraît avoir été un simple laïque. Voir Ananie 7.

VII. Sujet du baptême. — On appelle sujets du baptême les personnes qui peuvent recevoir ce sacrement. Parmi les premiers chrétiens, il s’en trouva d’abord qui crurent que le baptême devait être réservé aux Juifs. Aussi, lorsque fut venu le moment de baptiser le centurion Corneille, le premier des Gentils qui se fit chrétien, Dieu envoya-t-il une vision à saint Pierre et fit-il descendre miraculeusement le Saint-Esprit sur Corneille et sa famille, pour montrer que l’Église était ouverte aux païens aussi bien qu’aux Juifs. Act., x. De son côté, Pierre justifia devant ses frères la conduite qu’il avait tenue en cette circonstance. Act., xi, 1-18. Mais sauf les judaïsants, que saint Paul combattait, tous les fidèles comprirent bientôt que l’Évangile devait être prêché à tous les hommes, et que tous aussi avaient droit au baptême, suivant la parole du Sauveur : « Allez enseigner toutes les nations, et baptisez-les. » Matth., xxviii, 19. —Voir Chardon, Histoire des sacrements, dans Migne, Cursus completus théologies, t. xx, col. 1-159 ; Duchesne, Origines du culte chrétien, ch. ix, Paris, 1889, p. 281-329 ; Corblet, Histoire dogmatique, liturgique et archéologique du sacrement de baptême, 2 in-8°, Paris, 1881-1882.

A. Vacant.

2. BAPTÊME DES MORTS. Le baptême ne peut être reçu par procureur. À plus forte raison ne peut-on le recevoir pour ceux qui sont morts. Cependant, pour prouver la résurrection des morts, saint Paul dit, I Cor., XV, 29 : « Que feront ceux qui seront baptisés pour les morts (Û7tèp twv vexpwv, c’est-à-dire à la place ou en

faveur des morts), si certainement les morts ne ressuscitent pas ? Pourquoi sont-ils baptisés pour eux ? » Ce passage est un de ceux qui ont le plus exercé les exégètes, et on l’a interprété d’un grand nombre de manières. On admet d’ordinaire que saint Paul s’y sert d’un argument ad hominem, fondé sur une pratique qu’il n’entend pas approuver, celle de se faire baptiser pour ceux qui étaient morts sans recevoir le baptême. Il est sûr que les fidèles qui suivaient les enseignements de saint Paul ne se conformaient pas à cette pratique ; car, après la phrase que nous venons de citer, l’Apôtre ajoute, I Cor., xv, 30 : « Et pourquoi nous-mêmes (il xaî ïineïï) nous exposons-nous au danger à toute heure ? » Manière de parler qui montre. que ni saint Paul, ni les disciples auxquels il s’adressait, ne se faisaient baptiser pour les morts. Ceux qui tenaient cette conduite appartenaient donc à une secte séparée. Nous savons par Tertullien, Contra Marcionem, v, 10, t. ii, col. 495, et saint Jean Chrysostome, In I Cor., nom. XL, t. lxi, col. 347, que les Marcionites avaient cette coutume, et il y a lieu de penser qu’ils la tenaient de la secte à laquelle saint Paul lait ici allusion. Saint Épiphane croit, Hmres., xxviii, 6, t. xli, col. 383, que cette secte était celle des Cérinthiens.

On trouvera dans Calmet, Dissertation sur le baptême pour les morts, dans les Dissertations qui peuvent servir de prolégomènes de-l’Ecriture Sainte, Paris, 1720, t. iii, p. 338-355, les diverses interprétations qu’on a données du passage de saint Paul que nous venons d’expliquer. Celle que nous avons adoptée., à la suite du plus grand nombre des Pères et des exégètes, est j croyons - nous, la seule qui respecte le sens naturel des paroles de l’Apôtre.

A. Vacant.

    1. BAPTISTA Gregorio##

BAPTISTA Gregorio, bénédictin, théologien portugais, né à Funchal, dans l’île de Madère, vivait dans la première moitié du xvif siècle. Il devint prédicateur général de son ordre en Portugal, et passa à l’ordre des Franciscains.. Il a composé des Annotationes in caput xiii Evangelii secundum Joannem, divisées en trois parties. La première partie seule a été publiée, in-f », Coïmbre, 1621. — Voir B. Machado, Bibliotheca lusitana, t. H (1747), p. 410 ; Ziegelbauer, Historia rei literariœ ordinis sancti Benedicti, Vienne, 1754, t. iv, p. 49.

B. Heurtebize.
    1. BAPTISTE##

BAPTISTE, surnom donné à Jean, le précurseur du Messie, parce qu’il baptisait dans le Jourdain. Voir Jean-Baptiste.

BAR (Jean de), bénédictin de la congrégation de SaintMaur, né à Reims vers 1700, mort à Paris, au monastère des Blancs - Manteaux, le 25 novembre 1767. Ami et compagnon d’études de dom Maur d’Antine, il recueillit son héritage littéraire et prépara une édition remaniée des Pseaumes traduits sur l’hébreu (voir Antine ) ; mais la mort le prévint avant qu’il eût pu livrer à l’impression ce Psautier, dont le manuscrit passa aux mains de dom Clémencet, et ne fut jamais publié.

J. Parisot.

BARA. Nom de deux personnages dans la Vulgate.

1. BARA (hébreu : Béra’; Septante : BaXXâ), roi de Sodome, un des cinq rois de la Pentapole assujettis à Chodorlahomor, et révoltés contre lui après douze ans de soumission. Bara fut défait par le roi d’Élam ; dans sa fuite, il tomba dans les puits de bitume de la vallée de Siddim et y périt. Gen., xiv, 2-10.

2. BARA (hébreu : Ba’arâ’, « embrasement ; » Septante : y] BaaSâ ; Codex Alexandrinus ; Baapâ), une des femmes de Saharaïm, descendant de Benjamin, qu’il répudia. I Par., vui, 8.

BARABBAS. Les manuscrits grecs écrivent ce mot de quatre manières différentes : Bapdcëoa ; , liapàga ; , Bap I. - 48 1443

BARABBAS — BARAC

au

pctêaç et Bappocêâv. Aussi en donne-t-on des étymologies très diverses : bar-rabba, u. fils du docteur » (Langen), ou bar-rabban, « fils de notre docteur » (Ewald) ; barabba, « fils du père » ( saint Jérôme, saint Hilaire, Théophylacte, Lightfoot, Wûnsche, Sieffert, Grimm, Bisping), ou bar-abban, « fils de notre père, » et enfin bar-Abba, « fils d’Abba. » Ce nom se rencontre souvent chez les talmudistes. Quelques manuscrits cursifs grecs (1, 118, 209, 299), la version syriaque hiérosolymitaine et la version arménienne appellent Barabbas Jésus Barabbas. Origène mentionne déjà cette variante ; de nos jours elle est rejetée par les critiques les plus compétents, Tischendorf, Westcotf et Hort, Griesbach, Tregelles. Voir sur cette variante : Tischendorf, Novum Testamentum grssce, t. i, p. 195, et Vestcott-Hort, The New Testament in original greek, t. ii, Appendice, p. 19.

Barabbas était un voleur fameux, Joa., xviii, 40, jeté en prison pour avoir commis un meurtre dans une émeute. Matth., xxvii, 16 ; Marc., xv, 7 ; Luc, xxiii, 19 ; Act., iii, 14. Il devait donc subir la peine capitale, comme meurtrier, d’après la loi juive, et comme rebelle, d’après la loi romaine. Pilate, dans son désir de sauver Jésus, dont il avait reconnu l’innocence, proposa aux Juifs de leur accorder selon la coutume, à l’occasion des fêtes de Pâques, la délivrance d’un prisonnier. Matth., xxvii, 17 ; Marc, xv, 6 ; Luc, xxiii, 17 ; Joa., xviii, 39. Et il leur offrit de délivrer Jésus ou bien Barabbas, parce que le crime de ce dernier ne lui semblant mériter aucune compassion, il pensait que le peuple n’hésiterait pas à se prononcer en faveur de Jésus. Mais les Juifs, à l’instigation des princes des prêtres et des anciens, demandèrent la délivrance de Barabbas, qui fut accordée. Matth., xxvii, 21 ; Marc, xv, 11, 15 ; Luc, xxiii, 18 ; Joa., xviii, 40 ; Act., ni, 14. On ne sait rien de plus sur ce personnage.

Cette coutume de mettre en liberté un prisonnier à l’occasion des fêtes de Pâques n’est mentionnée nulle part ailleurs dans les Saintes Écritures, ni dans le Talmud. L'Évangile de saint Jean dit cependant assez clairement, xviii, 39, que c'était une coutume juive. En tout cas, des usages similaires existaient chez les Romains le jour des Lectisternes, et chez les Grecs aux solennités de Bacchus Éleuthéréus. Quelques exégètes (Rosenmùller, Friedlieb, Fouard) ont cru qu’il s’agissait non seulement d’une coutume, mais d’un privilège spécial, accordé aux Juifs par les Romains ; saint Luc, xxiii, 17, semble l’insinuer. E. Jacquier.

    1. BARAC##

BARAC (hébreu : Bârâq, « l'éclair ; » Septante : Bapàx), fils d’Abinoem, de la tribu de Nephthali, et très probablement le même que Badan de I Reg., xii, ll.Voir Badan. On le range assez communément parmi les Juges d’Israël, quoique l'Écriture ne dise pas formellement qu’il ait « jugé » le peuple de Dieu ; il fut, en effet, libérateur d’Israël comme ceux qui portent le titre de Juge (sôfêt), et il fut appelé expressément par Dieu à la mission d’affranchir les Hébreux du joug des Chananéens.

I. Les Chananéens du nord. — Les ennemis dont il fallait, du temps de Barac, délivrer les Israélites étaient les Chananéens du nord de la Palestine qui habitaient surtout les plaines sur les rives du Jourdain, au bord de la mer, dans la riche plaine de Jezraël ou d’Esdrelon, et dans le pays assigné àZabulon et à Nephthali. Num., xiii, 30 ; Jud, , i, 27-33. Écrasés par Josué avec tous les autres peuples leurs alliés, Jos., XI, 1-14, ils auraient dû disparaître à jamais ; mais les Israélites, désobéissant aux ordres réitérés de Dieu, Exod., xxiii, 32-33 ; Deut., vii, 1-4, n’achevèrent pas l'œuvre de destruction si bien commencée par le successeur de Moïse. Les Israélites furent d’autant moins excusables en cela, que Dieu avait permis la résistance de leurs ennemis, coupables des plus grands crimes, afin de les rendre tout à fait indignes de pitié et contraindre son peuple à les exterminer. Jos., xi, 20. Mais ils ne voulurent pas le faire, quoiqu’ils fussent devenus assez forts,

et ils habitèrent dans les mêmes villes avec les Chananéens, aimant mieux tirer d’eux un tribut que de les détruire. Jos., xvii, 11-13 ; Jud., i, 27-33. Cette conduite, dans laquelle leur cupidité trouvait son compte aussi bien que leur lâcheté et leur mollesse, cl. Jos., xviii, 3, irrita le Seigneur contre eux ; il les en punit en laissant prospérer les habitants du pays, Jud., ii, 21-23, dont il se servit ensuite comme d’un fléau pour châtier son peuple, quand le moment fut venu, lorsque, se laissant séduire par l’exemple des idolâtres chananéens, ils se furent livrés au culte de Baal et d’Astarté. Ils devinrent euxmêmes les tributaires de ceux qui jusqu’alors leur avaient payé le tribut. Celte servitude dura vingt ans. La terreur régnait partout ; on ne pouvait aller en sûreté d’une ville à l’autre, Jud., v, 6 ; cf. Lament., i, 4 ; les Chananéens paraissent même avoir été aux Israélites une partie de leurs armes. Jud., v, 8 ; cf. I Reg., xiii, 19-22. Alors comme au temps de Josué, Jos., xi, 10, les divers rois du pays formaient une sorte de confédération, sous l’hégémonie ou la suzeraineté de Jabin, roi d’Asor, comme le prince du même nom vaincu par Josué. Jud., v, 19. Cette ville avait dû être relevée de ses ruines. Voir Asor 1. Les contingents de troupes fournis par les rois chananéens étaient placés sous le commandement de Sisara, que l'Écriture appelle le général en chef de Jabin. Sisara pouvait mettre en ligne jusqu'à neuf cents de ces chars bardés de fer (texte hébreu), si redoutés des Israélites, Jos., xvii, 16, qui n’en avaient point et ne devaient point en avoir. Deut., xvii, 16 ; Jos., xi, 6 ; II Reg., viii, 4. Ce nombre n’a rien d'étonnant, comme on le voit par les documents égyptiens : les Khétas, battus par Ramsès II, au nord du pays de Chanaan, possédaient, d’après le poème de Pentaour, deux mille cinq cents chars ; Thotmès III en avait pris autrefois neuf cent vingt-quatre dans cette même plaine de Jezraël, où Sisara va conduire les siens contre Barac. Voir F. Ghabas, Études sur l’antiquité historique, 1873, p. 442.

Vingt ans de souffrance firent enfin rentrer les Israélites dans le devoir ; ils se souvinrent du Seigneur, ils crièrent vers lui pour implorer son secours, et il eut pitié d’eux. Il y avait alors dans les montagnes d'Éphraïm, entre Rama et Béthel, une prophétesse du nom de Débora, à qui sa sagesse avait gagné la confiance de tout le peuple ; elle jugeait, assise sous un palmier, les différends qu’on venait lui soumettre. C’est à elle qu’une inspiration divine fit connaître le libérateur que Dieu allait susciter à son peuple, Barac, le fils d’Abinoem, de Cédés de Nephthali. Elle le manda auprès d’elle et lui communiqua les ordres de Dieu. Jud., iv, 6-7. Malgré cette assurance du concours céleste, Barac ne voulut rien entreprendre, à moins que Débora ne consentit à l’accompagner. Débora partit donc avec lui, mais en lui prédisant qu’il n’aurait pas tout l’honneur de la victoire, parce que Sisara, au lieu de tomber sous ses coups, périrait de la main d’une femme. Jud., iv, 18-22 ; v, 24-27. De Cédés, où ils se rendirent d’abord, Débora et Barac firent appel au patriotisme des diverses tribus, sauf apparemment celles de Juda et de Siméon, qui ne sont pas mentionnées dans le cantique de Débora ; plusieurs ont conclu de cette abstention que la distinction, si souvent rappelée depuis, entre Juda et le reste d’Israël existait déjà à l'époque qui nous occupe. Ruben, Dan, Aser et la demi-tribu orientale de Manassé restèrent étrangères, sinon indifférentes à l’entreprise ; Éphraïm et Benjamin envoyèrent des secours, ainsi que Manassé occidental ; Issachar, qui devait avoir senti plus que les autres le joug écrasant des Chananéens, parait aussi avoir apporté un concours plus efficace à Nephthali et à Zabulon, les deux tribus dans lesquelles Dieu voulait que Barac prit principalement ses troupes. Jud., iv, 6 ; v, 14-18.

II. La bataille et la défaite de Sisara. — Les préparatifs se firent avec la plus grande prudence et dans le plus profond secret ; les Israélites purent, sans donner

l’éveil à leurs ennemis, se rendre sur les confins de Zabulon et d’Issachar, et se ranger autour de Débora et de Barac au sommet du mont Thabor, le Djebel et -Tour actuel. C’est seulement lorsqu’ils jurent à l’abri de ses coups, dans cette position élevée de quatre cents mètres au-dessus du niveau de la plaine, que Sisara eut connaissance de ce soulèvement. Il réunit aussitôt ses neuf cents chars, c’est-à-dire tous ses chars, d’après l’hébreu, et, partant d’Haroseth avec les troupes de pied qui accompagnaient les chars, il vint là où le conduisait la main de Dieu, Jud., iv, 7, 13, sur les bords du Cison, le moderne Nahr el-Mouqatta, « la rivière du massacre. »

Ne pouvant songer à aller attaquer avec ses chars Barac et Débora sur les hauteurs inexpugnables et au milieu des bois du Thabor, il s’établit au pied de la montagne. Il semblerait, à la vérité, d’après Jud., v, 19, qu’il aurait campé beaucoup plus bas, à Thanach, près de Mageddo. Mais la locution « les eaux de Mageddo » est probablement une périphrase poétique pour désigner le Cison, qui passe près de la ville de ce nom, et, d’autre part, rien ne prouve que Thanach soit le nom d’une ville plutôt que celui d’un district s’étendant plus ou moins vers le nord-est, du côté du Thabor. Nous avons donc ici une indication topographique trop vague pour l’emporter sur une autre donnée de l’Écriture qui précise nettement le théâtre de la bataille et le place à Endor. Ps. lxxxii, 10-11. Thanach étant d’ailleurs sur la rive gauche du Cison, les Hébreux auraient dû, si le combat s’était livré sous ses murs, traverser deux fois cette rivière, qui est sans doute à sec à cet endroit pendant l’été, mais qui devait couler à cette époque, un orage soudain ne paraissant pas suffire à lui donner le volume d’eau que suppose Jud., v, 21. Or l’examen du récit ne permet pas d’admettre lhypothèse de ce double passage de la rivière.

Du reste on ne s’explique pas pourquoi Sisara, maître de ta plaine de Jezraël, ne se serait pas rapproché autant que possible du Thabor, conformément à ce que le plan tracé par Dieu même semblait indiquer, Jud., iv, 6-7 ; il avait trop de confiance dans ses chars manœuvrant en rase campagne, Jud., v, 30, pour sentir le besoin de s’appuyer sur les places fortes du bas Cison ; il devait plutôt songer à se tenir à portée des ennemis, pour les poursuivre dans le cas où ils auraient voulu se débander et lui échapper sans combattre. C’est donc à Endor qu’eut lieu le choc, un peu au nord-est du point où, le 16 avril 1799, le général Bonaparte, débouchant de la montagne, fondit sur les Turcs aux prises avec Kléber, près d’El-Fouléh, à deux petites lieues au sud de Nazareth, et remporta sur eux la victoire du mont Thabor. Voir A. Thiers, Histoire de la Révolution française, 13e édit., t. x, p. 294-296 ; J. Hoche, Le pays des Croisades, Paris (sans date), p. 471.

C’était une tactique fort usitée parmi les Orientaux d’attaquer leurs ennemis de nuit et par surprise. Gen., xiv, 15 ; Jud., vii, 8, 19. Barac avait tout intérêt à y recourir, afin de lutter avec plus d’avantage contre un ennemi beaucoup plus fort que lui. C’est ce qu’indique assez l’intervention des étoiles, Jud., v, 20, dont la faible clarté le dirigeait sans découvrir au loin la marche de ses troupes. Sur l’ordre donné par Débora, Barac descendit les pentes du Thabor, probablement vis-à-vis de Naïm, , et il tomba à l’improviste au milieu du camp ennemi. Aux cris poussés par ces dix mille guerriers, cf. Jud., vii, 20, se joignirent alors, pour mettre le comble à la terreur des Chananéens surpris dans leur sommeil, le grondement du tonnerre et le bruit d’un ouragan envoyé par Dieu, comme le croient généralement les commentateurs, d’après Jud., v, 20, et iv, 15. Eh même temps une pluie torrentielle ajoutait à leur désarroi, tout en leur préparant une sépulture dans les eaux gonflées du Cison et dans les mares qui l’avoisinent. Jud., iv, 15 ; v, 20-21. Au milieu des ténèbres à la faveur desquelles l’attaque

commença, beaucoup durent s’entre-tuer, cf. Jud., vii, 22, pendant que les autres tombaient sous les coups des Israélites qui avançaient toujours, tuant les hommes, coupant les jarrets des chevaux, selon le sens que comportent la Vulgate et les Septante, Jud., v, 22 ; cf. Jos., xi, 9 ; II Reg., viii, 4, rendant ainsi la fuite plus difficile et l’encombrement toujours plus grand. Dans ce danger pressant, Sisara saute à bas de son char et s’enfuit à pied, abandonnant ses soldats, dont une partie est jetée dans le Cison. Hommes, chars ; chevaux roulent pêle-mêle dans les eaux du torrent rapidement grossi par l’orage. Jud., v, 21. Voir Cison, t. ii, col. 781.

En poursuivant les chars et les fantassins qui fuyaient devant lui vers Haroseth, Barac arriva-à la tente du Cinéen Haber, Jud., iv, 6, 22, qui s’était établi prés de Cédés de Nephlhali. Jud., iv, 11. Pendant qu’une partie des Chananéens était allée périr noyée dans le Cison et les fondrières ou enlisée dans les sables mouvants, une autre partie avait pris la fuite vers le nord. Mais ces derniers succombèrent tous sous les coups des soldats de Barac, peut-être aussi des Israélites habitant les villes situées sur leur passage, comme semble le donner à entendre la malédiction de Débora contre ceux de Méroz. Jud., v, 23 ; cf. vii, 23.

Dieu, qui avait tracé lui-même le plan de campagne, rendit la victoire aussi complète que possible : toute cette puissante armée fut anéantie, Jud., iv, 16 (hébreu ) ; son général Sisara partagea le sort commun, il fut mis à mort par la Cinéenne Jahel, dans la tente de laquelle il avait cherché un refuge. Jud., iv, 17-21. Voir Jahel. La puissance de Jabin, si rudement atteinte ce jour-là, alla toujours déclinant, et ne tarda pas à être complètement détruite ; les Chananéens ne comptent plus dans l’histoire du peuple de Dieu à partir de la victoire de Barac, et ce ne furent pas certainement leurs attaques qui mirent fin à la période paisible de quarante ans, fruit de cette victoire. Jud., iv, 24 ; v, 32. Aussi ce triomphe fut-il célébré par Débora dans un cantique, qu’elle chantait sans doute avec les femmes d’Israël, tandis que Barac chantait de son côté à la tête de ses guerriers. Jud., v, 1 ; cf. Exod., xv, 1-2, 20-21. Le fils d’Abinoem avait bien le droit de se réjouir et de se glorifier d’une délivrance dans laquelle il avait été le digne instrument de Dieu. Il eut le tort sans doute de se délier de la protection de Dieu, et d’exiger, pour exécuter ses ordres, la présence de Débora auprès de lui : ce fut, sinon une grave désobéissance, du moins un acte de faiblesse et un excès de prudence humaine ; mais la fidélité et l’intrépide courage qu’il montra ensuite, Jud., v, 15, réparèrent promptement et noblement cette faute, moins grave d’ailleurs qu’elle ne paraît d’abord ; car probablement Barac croyait nécessaire la présence de Débora, pour donner aux yeux du peuple de l’autorité à son entreprise, et l’assister lui - même de ses sages conseils. Quelques exemplaires des Septante mettent, en effet, dans sa bouche la phrase suivante, par laquelle il justifie son refus de inarcher seul : « Je ne connais pas le jour que Dieu a choisi pour m’envoyer l’ange qui doit rendre ma voie prospère. » Cf. S. Augustin, Quæslio xxvi in Judices, t. xxiv, col. 801. Du reste l’Écriture ne blâme nulle part Barac, et saint Paul exalte sa foi comme celle de tous les saints personnages qu’il nomme avant et après lui. Hebr., xi, 32. E. Palis.

BARACH. Jos., xix, 25. Voir Bané, col. 1426.

    1. BARACHA##

BARACHA (hébreu : BerâMh, « bénédiction ; » Septante ; Bepx’  « )i un des guerriers qui quittèrent le parti de Saùl et vinrent rejoindre David à Siceleg. Il était de la tribu de Benjamin. I Par., xii, 3. L’expression « frères de Saül », appliquée à ces guerriers, doit se rendre par compatriotes de Saûl, et est expliquée par l’épithète qui suit : « Benjamite. »

1447

BARACHEL — BARASA

1448

    1. BARACHEL##

BARACHEL (hébreu : Barak’ël, « Dieu bénit ; » Septante : Bapax’iiH père d’Éliu, le dernier interlocuteur de Job. Job, xxxii, -2, 6.

    1. BARACHIE##

BARACHIE (hébreu : Bérékyâh ou Bérékyâhû, abréviation de yebérékyâhû, « Jéhovah hénit. » Septante : Bapa^i’a). Nom de plusieurs Israélites.

1. BARACHIE, un des ûls de Zorobabel. I Par., in, 20.

2. BARACHIE (hébreu : Bérékyâhû), lévite, père d’Asaph, le célèbre maître de chœur du temps de David. I Par., vi, 39 (hébreu, 24) ; I Par., xv, 17.

3. BARACHIE, fils d’Asa, lévite de la lignée d’Elcana, habitait les hameaux qui dépendaient de Nétophah. I Par., IX, 16.

4. BARACHIE, lévite qui, dans la fête de la translation, sous le règne de David, remplissait les fonctions de portier de l’arche. Quatre lévites portaient ce titre ; ils étaient chargés de veiller sur l’arche : deux marchaient devant et deux derrière. Barachias faisait partie des premiers. I Par., xv, 23.

5. BARACHIE (hébreu : Bérékyâhû), fils de Mosollamoth, un des principaux chefs de la tribu d’Éphraïm, sous Phacée, roi d’Israël. II Par., xxviii, 12-15. Suivant le conseil d’Obed, prophète d’Israël, Barachias et trois autres chefs firent rendre la liberté aux sujets d’Achaz, roi de Juda, faits prisonniers. Ils reconduisirent ces cap— tifs jusqu’à Jéricho, en les traitant avec bonté.

6. BARACHIE, fils de Mésézabel et père de Mosollam, qui, au retour de Babylone, bâtit une partie des murailles de Jérusalem. II Esdr., iii, 4, 30 ; vi, 18.

7. BARACHIE (hébreu : yebérékyâhû), père d’un certain Zacharie, qu’Isaïe prit pour témoin dans Hne de ses prophéties. Is., viii, 2.

8. BARACHIE (hébreu : Bérékyâh et Bérékyâhû), père de Zacharie, un des douze petits prophètes. Zach., I, 1, 7.

9. BARACHIE (Bap-^iaç), père de Zacharie, qui, dit Notre-Seigneur, fut tué entre le temple et l’autel. Matth., xxiii, 35. Ce Barachie est probablement le même personnage que Joïada, le grand prêtre dont le fils fut tué dans le temple, par ordre de Joas. II Par., xxiv, 21. Le copiste a pu lire Barachias au lieu de Joïada (l’Évangile des Nazaréens portait Zacharie, fils de Joïada), ou peut-être Joïada s’appelait-il aussi Barachias. Il y eut cependant un Barachie, père de Zacharie, qui prophétisa dix-huit ans après la captivité de Babylone. Zach., i, 1. Mais son fils ne put être tué entre le temple et l’autel, puisque à cette époque l’un et l’autre étaient détruits. Reste encore un Baruch, dont le fils Zacharie fut tué par les Zélotes ; mais l’événement se passa peu avant la prise de Jérusalem par les Romains. Josèphe, Bell, jud., IV, v, 4. D’ailleurs l’identification de Barachie dépend de l’hypothèse qu’on adopte au sujet de Zacharie. Voir Zacharie, fils de Barachie. Cf. S. Jérôme, In Matth., xxiii, 35, t. xxvi, col. 173. E. Jacquier.

    1. BARAD##

BARAD (hébreu : Béréd ; à la pause : Bâréd ; Septante : BapiS), localité située au sud de la Palestine ; elle est citée avec Cadès comme un des deux points entre lesquels se trouvait le « Puits du Vivant qui me voit », hébreu : Be’êr Lahai Bô’î, près duquel l’ange du Seigneur apparut à Agar, Gen., xvi, 14. Pendant que les manuscrits du texte original ne présentent aucune va riante pour ce mot, les versions anciennes diffèrent toutes les unes des autres ; syriaque : * « ^, Gadar ; arabe : « >->> Yared, corruption possible de fia, Bâréd ; Targum

d’Onkelos, >r, 3n, Hagrâ’, employé ailleurs, ꝟ. 7, pour

Sur ; PseudoJonathan, Nxibn, lfâlûsâ’. Cette dernière

traduction fait croire à certains auteurs que Barad est identique à l’ancienhe Élusa, l’"EXoucra de Ptolémée et des écrivains ecclésiastiques, aujourd’hui Khalasah, dans l’Ouadi Asludj, au sud de Bir es-Seba ou Bersabée. Cf. G. Armstrong, W. Wilson etConder, Names and places in the Old and New Testament, 1889, p. 27. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’Élusa se trouve bien, en effet, sur l’ancienne route qui d’Hébron conduisait en Egypte par Bersabée. La servante d’Abraham, en quittant la maison du patriarche, s’enfuit immédiatement vers sa propre patrie, la terre des Pharaons, et prit « le chemin de Sur, dans le désert », .Gen., xvi, 7, c’est-à-dire la direction du sud-ouest. Cadès est actuellement identifiée par un certain nombre d’auteurs avec Aïn Qadis ; et au nord-ouest de cette localité existe une source appelée Aïn Mouéiléh, dans laquelle plusieurs voyageurs ont cru reconnaître le « Puits du Vivant qui me voit ». VoirBE’ÊR

Lahai Rô’i.
A. Legendre.
    1. BARAD A##

BARAD A, fleuve de Damas. Voir Abana.

    1. BARAHONA Pierre##

BARAHONA Pierre, dit Valdivieso, né à Villahermosa, reçut l’habit de Saint-François dans le couvent des Observantins de Saint-Jean-dés-Rois, en 1575. Il professa

! a théologie morale dans la province de Castille. La chronique

de l’ordre le nomme « un prédicateur habile et zélé ». Il vivait encore en 1609. Il a laissé plusieurs écrits en latin, entre autres : Expositio litteralis mysiica et moralis Psalmi lxxxvi. Il l’explique de l’Immaculée Conception. In-4°, Salamanque, 1590. — Expositio epistolse B. Pauli ad Hebreeos, in-4°, Salamanque, vers 1590. Dans cette glose, il" suit la Vulgate et la version syriaque.

— Expositio epistolas ad Galalas, Salamanque ; Declarationes super titulos Psalmorum. Ce sont des sermons pour les dimanches de Carême. — Super Missus est. Explication de cet évangile, qui ressemble beaucoup au traité édité en même temps par Barahona, sous ce titre : Tratado sobre et Ave Maria, in-4, Salamanque, 1596. — De arcano Verbo, m-4°, Salamanque, 1606. Il y en avait eu une édition assez incorrecte à Madrid, 1595. C’est une glose sur ce texte : « Vivus est sermo Dei. » — Voir Wading, Scriptores ordinis Minorum, 1650, p. 276 ; Antonio, Bibliotheca hispana nova, 1788, t. ii, p. 173 ; Pierre de Salazar, Historia provincise Castillæ ordinis Minorum, Annales Minorum, années 1579 et 1609.

G. Thomasson de Gournay.

    1. BARAÏA##

BARAÏA (hébreu : Berâ’yâh, « Jéhovah a créé ; » Septante : Bapaiot), un des neuf fils de Séméi, un des chefs de famille de la tribu de Benjamin qui se fixèrent à Jérusalem. I Par., viii, 21.

    1. BARASA##

BARASA ( Botrffopa ; Codex Vaticanus et Codex Sinailicus : Botropâ ; dans d’autres : Btfo-oppa), ville forte de Galaad, qui, comme Bosor, Alimes, et d’autres cités du même pays, renfermait un certain nombre de Juifs, au secours desquels marcha Judas Machabée. I Mach., v, 26. La leçon de la Vulgate, Barasa, s’explique par une simple métathèse ou transposition entre le <y et le p de BoCTopct. Le mot grec se retrouve dans d’autres endroits de la Bible, mais pour rendre deux noms hébreux différents : Jos., xxi, 27, Bo<ropâ traduit mswys, Be’ésperâh ;

Gen., xxxvi, 33 et I Par., i, 44, Bo<rôpp « répond à msa,

Bosrâh. B<Suoppa représente une ville d’Idumée ; Bo<yopà, une ville de la demi-tribu de Manassê oriental. Barasa, située en Galaad, ne pourrait ainsi correspondre qu’à

cette dernière ; mais la difficulté est de savoir si Be’ésferàh est identique à Astaroth ou à Bosra. Voir Bosra.

Dans la Peschito, au lieu de Barasa, on lit |Lu, Bu sero’, et le même mot se rencontre au ꝟ. 28 pour Bosor. De même Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 3, racontant la prise de cette ville à peu près dans les mêmes termes que l’Écriture, l’appelle Boo-oppâ (et non pas Belhsura, comme porte la traduction latine de l’édition G. Dindorf, 2 in-8°, Paris, 1865, t. i, p. 466). Barasa serait-il donc identique à Bosor du ꝟ. 28 ? Voir Bosor. La plupart des. auteurs modernes reconnaissent Barasa dans la Bostra

romaine, la Bosra, i&j&l, mentionnée comme métropole

du Hauran dans Aboulféda, Tabula Syrise, édit. Kcehler, Leipzig, 1706, p. 99, et qui, située au sud du Djebel Hauran, présente encore aujourd’hui de belles ruines.

Voir Bosra.
A. Legendre.
    1. BARAT Nicolas##

BARAT Nicolas, orientaliste, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, né à Bourges au milieu du xviie siècle, mort en 1706. Après avoir étudié à Sens, il vint à Paris, où il fut élève de Richard Simon. Il collabora au Glossarium universale hébraicum du P. Thomassin. C’est par se9 soins et ceux du P. Bordes que cet ouvrage parut deux ans après la mort de l’auteur, in-f°, Paris, 1697. Il se chargea aussi’, pour la Biblia sacra de J. B. du Hamel, in-f°, Paris, 1705, de comparer la Vulgate avec le texte hébreu et d’expliquer les passages obscurs et difficiles. Amateur de livres rares et curieux, il en réunit un bon nombre sur les sciences qu’il étudiait, et en tira des remarques critiques publiées après sa mort, sous ce titre : Nouvelle bibliothèque choisie, où l’on fait connaître les bons livres en divers genres de littérature, et l’usage qu’on doit en faire, 2 in-12, Amsterdam (Paris), 1714. Cet ouvrage forme suite à la Bibliothèque critique de Richard Simon. Sur soixante-neuf dissertations, la sixième partie environ concerne les sciences bibliques. On le dit aussi l’auteur de deux dissertations publiées dans le tome I er de la Bibliothèque critique de Richard Simon, sous le nom de Sainjore : l’une, sur les Bibliothèques rabbiniques qui ont été imprimées et sur le livre du rabbin Menahem de Lonzano ; l’autre, sur la Bibliothèque rabbinique de Bartolocci. Voir l’éloge de Barat par Tallemant, dans VHistoire de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. i, p. 345 ; Cl. Gros de Boze, Histoire de l’Académie des inscriptions et belleslettres, 3 in-8°, Paris, 1740, t. l, Éloges, p. 41.

E. Levesque.

BARBARE. Ce mot nous vient des Grecs, et il est employé par l’Écriture, comme par les Grecs eux-mêmes, dans trois acceptions différentes. — 1° Il paraît être une sorte d’onomatopée et désigna primitivement ceux que les Grecs ne comprenaient pas, et dont le langage étranger leur paraissait grossier et inintelligible, comme une sorte de balbutiement, fiapêâp. C’est ainsi que l’explique Strabon, xiv, 28, édit. Didot, p. 565. Cf. Homère, qui appelle les Cariens papëapô^uvoi, Iliad., II, 867 ; Hérodote, ii, 158 ; Ovide, qui dans les Tristes, V, x, 37, dit :

Barbarus hic ego sum, qiiia non intelligor ulli.

Ce terme est employé dans ce sens par notre version latine (et par les Septante) dans le Ps. cxin (hébreu, cxiv), 1 : « le peuple barbare, » hébreu iyS, lô’êz, « balbutiant, parlant une langue étrangère, s c’est-à-dire le peuple égyptien, dont la langue était inintelligible pour les Hébreux. Saint Paul s’est servi de la même expression, dans le même sens, I Cor., xiv, 11, lorsqu’il dit : « Si j’ignore la valeur des mots, je serai pour celui à qui je parle un barbare, et celui qui me parle sera aussi pour moi un barbare. » Dans les Actes, xxviii, 1, 4, les habitants de l’île de Malte, qui parlaient la langue punique,

non le grée, sont appelés pour la même raison « barbares », sans aucune intention de mépris.

2° Par suite de ce premier sens du mot barbare, « celui qui ne parle pas grec, i> ce terme prit une nouvelle acception et signifia simplement, chez les Grecs, un étranger : Ilàç |iïl "ËX>r)v pipêapo ; , dit Servius, JEn., Il, 504, Comnientarii in Virgilium, 2 in-8°, Gœttingue, 1826, t. i, p. 157. De même, chez les Romains, barbarus désigna celui qui n’était ni Grec ni Latin. La locution "EM^ves xai pâp6apoi (Polybe, Bist., V, xxxiii, 5, édit. Didot, p. 284 ; Pline, H. N., xxix, 7, édit. Lemaire, t. x, p. 196, etc.) embrassa ainsi tous les hommes. Thucydide, i, 3, remarque que cette division est postérieure à l’époque d’Homère. Chez les Hébreux, il y avait une distinction analogue : tous ceux qui n’appartenaient pas au peuple de Dieu étaient appelés D>11, gôïm, mot que les Septante ont traduit par ta’éSv-r), et la Vulgate par gentes, d’où nous est venu le mot « Gentils ». Nous retrouvons dans le Nouveau Testament toutes ces manières de parler. « Je me dois aux Grecs et aux barbares, » c’est-à-dire à tous les peuples, écrit saint Paul aux Romains, i, 14. L’Apôtre emploie cependant ordinairement, pour désigner tous les peuples en général, la locution hébraïque : « les Juifs et les Gentils, » Rom., iii, 29 ; ix, 24, etc., ou bien « le peuple (de Dieu) et les Gentils, » Rom., xv, 10, comme le font les Évangélistes. Luc, ii, 32 ; cf. Matth., vi, 32 ; Act., xxvi, 17, 23, etc. Saint Paul appelle qûelquelois d’une manière * analogue ceux qui ne faisaient pas partie de l’Église : « ceux du dehors, » oî s’Çto. I Cor., v, 12 ; Col., iy, 5 ;

I Thess., iv, 11 ; 1 Tim., iii, 7. Dans l’Épître aux Colossiens, m, 11, il réunit ensemble, pour exprimer plus fortement sa pensée, la locution hébraïque et la locution grecque : « (Dans l’Église), il n’y a ni Gentil ni Juif, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni homme libre, mais le Christ est tout en tous. »

3° À la suite des.guerres des Perses contre les Grecs, le mot « barbare » prit une nouvelle acception, celle de « cruel ». (’H fiapSàpoç [yîj], la Perse, dans Démosthène, Philipp., iii, 31, édit. Didot, p. 62.) L’auteur du second livre des Machabées, qui a écrit en grec, a fait plusieurs fois usage du mot dans ce sens. Il emploie fiâpëapoç,

II Mach., ii, 22, et iv, 25 ; SapSaputepoç, au comparatif, v, 22 ; le participe pEêotpëapto^voç, xiii, 9, et l’adverbe fjapëâpwç, xv, 2, toujours pour exprimer la cruauté des Syriens. Le cruel pontife Ménélas est appelé, iv, 25, G-ripàç pâpëapou, « une bête féroce. » Les Septante ont employé une fois dans le même sens les mots avSpsç pocp6âpoi dans leur traduction d’Ézéchiel, xxi, 31 (Vulgate : homines insipientes ; hébreu : ’ânâUm bô’ârîm, « hommes emportés, violents » ).

4° Plus tard, on a réservé pour les peuples sauvages ou non civilisés le nom de barbares ; mais cette acception est postérieure à l’époque de la composition des Livres Saints. Cf. Gibbon, Histoire de la décadence de l’empire romain, trad. J. C. A. Buchon (Panthéon littéraire), c. 41, Paris, 1843, t. ii, p. 481 ; F. Roth, Ueber Sinn und Gebrauch des Wortes Barbar, Nuremberg, 1814.

F. Vigouroux.

    1. BARBE##

BARBE (hébreu : zâqân ; le mot sâfâm, Lev., xiii, 45 ; II Sam. (Reg.), xix, 25 ; Ezech., xxiv, 17^ 22 ; Mich., iii, 7, désigne spécialement « la moustache » ), marque de la virilité (toû âvêpdç zb o-’Jv8ri[ia tô fiiziov, dit Clément d’Alexandrie, Psed., iii, 3, t. viii, col. 581) qui a toujours été tenue en haute estime parmi les Sémites, et en général parmi les habitants de l’Asie occidentale (fig. 438). « Les Arabes, dit d’Arvieux, ont tant de respect pour la barbe, qu’ils la considèrent comme un ornement sacré… Ils disent que la barbe est la perfection de la face humaine, et qu’elle serait moins défigurée si, au lieu d’avoir coupé la barbe, on avait coupé le nez. » Voyage dans la Palestine, in-12, Paris, 1717, p. 173, 177. Cf. Lucien, Cynic, 1 ï, édit. Didot, p. 769 ; J. B. Tavernier, Voyages, 2 in-4°, Paris, 1676, t. i, p. 629. Sur les monuments égyptiens, tm

BARBE

1452

comme sur les monuments assyriens, les Asiatiques sont’toujours représentés avec la barbe ( fig. 439), tandis que les habitants de la vallée du Nil se rasaient communément la barbe (fig. 440) et même la tête. Aussi Joseph doit-il se faire couper la barbe avant de se présenter au pharaon. Gen., xii, 14. Mais même en Egypte, tout en se rasant le menton, on portait souvent des barbes postiches. La reine Hatasou elle-même, à cause de sa dignité, s’est fait représenter avec une barbe sur ses monuments (fig. 441). Les rois avaient une barbe assez longue, carrée à l’extrémité (fig. 442), tandis que celle de leurs sujets était courte (fig. 443) ; celle qu’on donnait aux statues des dieux était plus longue et à pointe recourbée (fig. 444). Les Hébreux avaient apporté de Chaldée l’usage de la barbe. Dans leur pays d’origine, tout le monde la portait, comme l’attestent les monuments indigènes, sur lesquels les femmes et les eunuques seuls sont représentés

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438. — Schelk fellah ( Syrie). D’après une photographie.

imberbes. (Voir fig. 217, col. 890, le roi chaldéen Mardukahé-iddin ; fig. 222, col. 901, les Assyriens barbus et l’eunuque imberbe qui chasse avec eux.) Dans la terre de Gessen, les descendants de Jacob conservèrent fidèlement un usage qui les distinguait du peuple au milieu duquel ils vivaient. Encore aujourd’hui les signes distincti /s des nationalités diverses sont gardés avec un soin

439. — Asiatiques sur les monuments égyptiens. Thèbes. Celui de droite est figuré sur un monument de la XVIII’dynastie ; celui de gauche sur un monument de la XIX* dynastie. Lepsius, Denhmaler, Abth. iii, Bl. 116 et 136.

jaloux en Orient, où les races et les religions se coudoient sans se confondre.

I. Forme de la barbe chez les Hébreux. — Nous ne savons pas bien exactement de quelle manière les Hébreux portaient la barbe. Deux textes du Lévitique, xix, 27 ;

xxi, 5, sont relatifs aux « coins de la barbe » ; malheureusement la signification de ces passages est obscure. Ils défendent de « détruire », (ashi(, ou « raser », yegallêhû, le pe’a( zâkân. Mais qu’est-ce que le pe’af zâhân ? Le mot pê l dh signifie « coin, angle, extrémité ». L’opinion la plus probable est que cette défense interdit de raser l’extrémité de la barbe entre les tempes et les oreilles*

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440. — Égyptien rasé.

rv « dynastie. Ghizéh. Lepsius,

Denlcmaler, Abth. ii, Bl. 29.

[[File: [Image à insérer]|300px]]
441. — La reine Hatasou.

Lepsius, Denkmàler, Abth, iii,

Bl. 292.

Pline, H. N., VI, 32, dit qu’une partie des Arabes ne se rase point, mais qu’une autre partie se rase la barbe, excepté à la lèvre supérieure, et plusieurs exégètes,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
412. — Pharaon

avec barbe postiche.

XIX’dynastie. Thèbes. Lepslus,

Denlcmaler, Abth. iii, Bl. 123.

[[File: [Image à insérer]|300px]]
443. — "Égyptien

ayec barbe postiche.

V’dynastie. LepsiuB.Denfanâto",

Abth. ii, Bl. 59.

comme Knobel, Exodus und Leviticus, 1858, p. 513, pensent que la loi mosaïque défend de se raser d’une manière semblable. Il est néanmoins fort douteux que les anciens Arabes eussent à l’époque de Moïse la coutume dont parle l’écrivain latin ; nous ne voyons pas du moins d’exemples de cet usage sur les monuments anciens de l’Egypte et de l’Assyrie, et les Arabes modernes, tout en portant la moustache, gardent aussi une partie de leur barbe sur les côtés. E. W. Lane, M anners and Cusloms of modem Egxjptians, 1836, t. i, p. 39. Parmi les peuples étrangers, figurés par l’art égyptien, on remarque des Amou, c’est-à-dire des Sémites, qui portent Ja barbe, mais rasée dans la partie supérieure (fig. 445). Il est très possible que ce soit l’imitation de cet usage, auquel on attachait sans doute une signification superstitieuse, que Moïse défend à ses frères. Hérodote, m, 8, mentionne une coutume arabe qui consistait à offrir au dieu Orotal les cheveux entre les tempes et les oreilles. Cf. Jer., ix, 26 ; xxv, 23 ; xlix, 32. Ce qui est certain,

[[File: [Image à insérer]|300px]]
444. — Dieu égyptien avec

barbe à pointe recourbée.

XIXe dynastie.

Thèbes. Lepsius, Den&maÊer,

Abth. iii, Bl. 123. -4

c’est que les anciens Hébreux portaient toute leur barbe, comrælefont encore aujourd’hui les Juifs d’Orient (fig. 446 ; . « Les Juifs, en Turquie, en Arabie et en Perse, conservent leur barbe dès la jeunesse, et elle diffère toujours de celle des chrétiens et des mahométans en ce qu’ils ne la rasent ni aux oreilles ni aux tempes, au lieu que ces derniers la rétrécissent en haut. » C. Niebuhr, Description de l’Arabie, in-4°, Amsterdam, 1774, p. 59. On ne peut se rendre parfaitement compte de la coupe

445. — Amou ( Sémites) portant la barbe rasée dans la partie supérieure. — Celui de droite est représenté sur un tombeau de Benl-Hassan. XIIe dynastie. Lepsius, Denkmaler, Abth. il. Bl. 133. Celui de gauche est figuré a Biban el-Moloufc. XX’dynastie. Champollion, . Monuments de l’Egypte, t. iii, pi. 257.

de la barbe que par les monuments figurés. Heureusement nous en possédons trois sur le sujet qui nous occupe : les murs de Karnak nous ont conservé le profil d’un Juif (fig. 447) ; l’obélisque de Nimroud, aujourd’hui au British Muséum, nous montre des Israélites, ambassadeurs

[[File: [Image à insérer]|300px]]
446. — Juif de Jérusalem, d’après une photographie.

du roi Jéhu, offrant leur tribut au roi d’Assyrie Salmanasar (fig. 448) ; enfin les bas-reliefs de Sennachérib, retrouvés dans le palais de ce roi, à Ninive, et aujourd’hui à Londres, nous font voir des Juifs de Lachis (fig. 449), vaincus par ce prince, et se soumettant à son pouvoir. Le type juif de Karnak (fig. 447) est représenté d’une manière trop sommaire pour qu’on puisse en tirer des renseignements précis et circonstanciés ; mais les monuments assyriens ont reproduit avec soin les nations étrangères, et nous n’avons pas de raison de les suspecter ; or nous y voyons les enfants de Jacob portant toute leur barbe, mais d’une forme différente de celle de leurs

vainqueurs : tandis que ceux-ci ont tous une barbe frisée avec beaucoup d’artifice, et coupée horizontalement à la partie inférieure (fig. 136, col. 553), les enfants de Jacob se distinguent d’eux par une barbe qu’ils laissent pousser naturellement et sans frisure.

II. Usages particuliers relatifs à la barbe parmi les Israélites. — 1° On la cultivait avec soin, quoiqu’on n’y apportât pas autant de raffinement qu’en Assyrie, et on la parfumait abondamment, au moins dans certaines circons /

447. — Le tributaire juif. Temple de Karnak. D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, t. iv, pi. 305.

tances. Ps. cxxxii (hébreu, cxxxiii), 2. L’usage de se parfumer la barbe existe toujours chez les Arabes : « Une des principales cérémonies dans les visites sérieuses, dit d’Arvieux, est de jeter de l’eau de senteur sur la barbe et de la parfumer ensuite avec la fumée du bois d’aloès. » Voyage dans la Palestine, p. 180. Une barbe inculte et négligée est un signe de folie. I Reg., xxi, 13-14. L’importance qu’on

448. — Juif apportant le tribut a Salmanasar. Obélisque de Nimroud. Musée britannique.

y attachait nous explique l’usage oriental de baiser la barbe en signe de respect ou d’amitié. II Reg., xx, 9.

2° Couper la barbe de quelqu’un, en tout ou en partie, était lui faire l’affront le plus sanglant. Cf. II Esdr., xiii, 25. David considère comme un cruel outrage l’injure que les Ammonites avaient faite aux ambassadeurs qu’il leur avait envoyés, en leur coupant la moitié de la barbe ; ces ambassadeurs restent cachés à Jéricho, sans oser se montrer, jusqu’à ce que leur barbe soit repoussée. II Reg., x, 2-5 ; I Par., xrx, 2-5. Une guerre entre les Israélites et les Ammonites fut la conséquence de cette insulte. Au siècle dernier, un traitement pareil infligé à des Perses

par un chef arabe fut également vengé par le sang : en 1764, Khérim Khan, un des trois prétendants qui se disputaient alors. l’empire de la Perse, ayant demandé avec menaces un tribut considérable à l’émir Mahehna, qui était à la tête d’une peuplade indépendante sur les bords du golfe Persique, celui-ci reçut fort mal les envoyés et leur fit couper la barbe ; il paya cher cet outrage : Kérim Khan envoya contre lui une armée qui s’empara de presque tout le pays. Th. Home, Introduction to the Holy Scriptures, 11e édit., Londres, 1860, t. III, p. 432 ;

449. — Juif rendant hommage à Sennachérib, a Laohis. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. ii, pi. 23.

E. F. K. ftosenmùller, ûas dite und neue Morgenland, t. m (1818), p. 136. Les idées à ce sujet sont donc les mêmes maintenant qu’autrefois en Orient. Aujourd’hui encore, chez les Maronites, si un prêtre est dégradé, une des parties du châtiment consiste à lui couper la barbe. Chez les Arabes, « c’est une plus grande marque d’infamie de couper la barbe à quelqu’un que parmi nous de donner le fouet… Il y a beaucoup de gens en ce pays-là qui préféreraient la mort à ce genre de supplice. » D’Arviéux, Voyage dans la Palestine, p. 175. Ces usages nous expliquent pourquoi Isaïe, vii, 20, compare le roi d’Assyrie à un rasoir qui rasera la tête et la barbe du peuple de Juda, et pourquoi Ézéchiel, v, 1-5, afin d’exprimer la gloire antique de Jérusalem et ensuite son humiliation profonde, compare cette ville à une barbe que l’on coupe, parce que cette action est le symbole de la dégradation et de la ruine.

3° Il n’était permis de négliger ou de couper la barbe qu’en signe de deuil ou comme marque d’une grande douleur et d’une extrême désolation. Is., xv, 2 ; Jer., xli, 5 ; xlviii, 37 ; Baruch, VI, 30 ; I Esdr., ix, 3. Cf. II Sam. (II Reg.), xix, 24 (.hébreu, 25). Cf. Hérodote, ii, 36, édit. Didot, p. 83 ; Théocrite, xiv, 3, édit. Didot, p. 27 ; Suétone, Caligula, b, édit. Lemaire, t. ii, p. 8. On rasait cependant aussi la barbe pour des raisons d’hygiène, en cas de lèpre, d’après les prescriptions de la loi. Lev., xiv, 9. C’était aussi, au moins en partie, pour cause de santé qu’on se rasait tout le corps en Egypte. Hérodote, ii, 36 ; Plutarque, De Isid., 4, édit.Parthey, p. 5. Cf. Num., viii, 7. Celui qui était atteint de la lèpre devait cacher ou voiler sa barbe. Lev., xiii, 45. Au lieu de se raser, on se contentait aussi quelquefois de couvrir sa barbe d’un voile en signe de douleur. Mich., iii, 7 ; cf. Ezech., xxiv, 17, 22. En Egypte, au contraire, on laissait pousser la barbe pendant le deuil. Hérodote, ii, 36. Les Romains faisaient de même. Tite Live, xxvii, 31.

III. Dans le Nouveau Testament, nous ne trouvons aucune allusion à la barbe ; mais, d’après la tradition générale, attestée par les monuments figurés, Notre-Seigneur et ses Apôtres portaient toute leur barbe, à la manière juive ; saint Jean seul est représenté imberbe, parce qu’il avait été appelé encore jeune à l’apostolat. Le clergé, dans l’Église d’Orient, conservant cet usage, a toujours porté la barbe. Les Constitutions Apostoliques, , i, 3, 1. 1, col. 565-566, défendent de se raser et « de changer contre nature la forme de l’homme ». Cf. Clément d’Alexandrie, De pxdag., iii, 3 et 11, t. viii, col. 580-592, 636 ; S. Épiphane, Hser., lxxx, 7, t. xliii, col. 768. Encore aujourd’hui, dans l’Église maronite, un homme imberbe ; est irrégulier et ne peut être ordonné prêtre. L’Églis& latine n’a pas attaché la même importance à la barbe, et la coutume de se raser y est aujourd’hui presque universelle. Cf. J. Bingham, Origines ecclesiasticse, 1. vi, c. IV, § 14, édit. de Halle, 1725, t. ii, p. 413-415.

F. VlGOUROUX.

    1. BARBERINI Antoine##

BARBERINI Antoine, de Florence, capucin, était frère du cardinal Maffei Barberini. Celui-ci, élevé sur le trône pontifical sous le nom d’Urbain VIII, lui donna lai pourpre. Antoine Barberini, dit cardinal de Saint-Onufre même après qu’il eut résigné ce titre, fut le principal promoteur et protecteur de la Propagande, à laquelle il laissa son palais. Il mourut à Rome en 1646. L’auteur de la Bïbliotheca purpurata lui attribue un commentaire sur le psaume L, dont il n’indique pas l’édition. Sbaraglia dit que ce commentaire est celui de Savonarole, et qu’il fut imprimé à Rome en 1646. P. Apollinaire.

    1. BARBIE DU BOCAGE Alexandre-Frédéric##

BARBIE DU BOCAGE Alexandre-Frédéric, professeur de géographie à la Faculté des lettres de Paris, né en 1798, mort à Pau en février 1834. Fils du célèbre géographe Jean -Denis Barbie du Bocage, il dirigea ses études dans le même sens que son père. Il composa un Dictionnaire géographique de la Bible, rédigé avec précision et exactitude. Il se trouve imprimé dans plusieurs, ouvrages : à la fin de l’édition de la Bible en 13 vol. in-8°, publiée chez Lefèvre, 1828-1834 ; dans Migne, Cursus Scripturse Sacræ, t. m (1842), col. 1261-1492 ; dans l’Encyclopédie théologique de Migne, en tête du Dictionnaire degéographie sacrée de Benoist, 3 in-4°, Paris, . 1848-1854, t. i, col. 9-240. Il a été aussi publié à part, in-4° d& 191 pages à deux colonnes, Paris, 1834 (Extrait du t. xm de la Bible de Lefèvre). E. Levesque.

    1. BARBIER##

BARBIER (hébreu : gallâb ; Septante : xoupeijç ; Vulgâte : tonsor). Le nom du barbier n’apparaît qu’une fois » dans le texte original de l’Ancien Testament : Ézéchiel 3.

450. — Barbiers égyptiens. Tombeaux de Bent -Hassan. D’après Champollion, Monument » de l’Egypte, pi. 366,

v, 1, parle du « rasoir des barbiers ». Mais il est question dans la Genèse, sans les nommer expressément, de barbiers égyptiens (fig. 450) qui rasèrent Joseph avant qu’il fut présenté au pharaon. Gen., xli, 14. Le livre des Juges, 1457

BARBIER — BARDANE

M58

m, 19, raconte aussi comment Dalila fit raser la tête de Samson par un Philistin qu’elle appela pour remplir cet office ; l’hébreu l’appelle simplement « un homme », ’îS ; les Septante et la Vulgate le désignent par le nom de sa profession, xoupeuç, tonsor. On voit souvent de nos jours, dans les villes d’Orient, des barbiers rasant la tête comme le raconte le livre des Juges. Une terre cuite de Tanagra représente cette opération (fig. 451). Elle se pratiquait

451. — Barbier grec. Terre cuite de Tanagra. Musée de Berlin. D’après une photographie.

aussi en Egypte, où le barbier, fyaku, était un des hommes les plus occupés du pays. On lit dans le traité d’un scribe, décrivant à son fils les misères des différents états : « Le barbier rase jusqu’à la nuit. Lorsqu’il se met à manger, [alors seulement] il se met sur son coude [pour se reposer). Il va de pâté de maisons eii pâté de maisons pour emplir son ventre, comme les abeilles qui mangent [le produit] de leurs labeurs. » Papyrus Sallier, il ; G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 3e édit., p. 312. Les prêtres en Egypte se rasaient non seulement la barbe et la tête, mais tout le corps. Hérodote, ii, 36. Moïse avait prescrit la même chose pour la consécration des Lévites. Num., viii, 7. C’est peut-être à cause d’une pratique analogue qu’il y avait des barbiers, gallabim, attachés au service du temple d’Astarthé, à Larnaca, en Cypre, comme nous l’apprend une inscription de l’an 450 à 350 avant J.-C, et dans laquelle il est dit que ces « barbiers travaillent pour leur ministère ». Corpus inscriptionum semiticarum, part, i, 1. 1, fasc. i, 86 A., lig. 12, p. 93.

F. Vigourohx.

    1. BARBIERI##

BARBIERI (Barthélémy de), en religion Barthélémy de Modène, théologien italien, capucin de la province de Lombardie (et non de Bologne, comme l’ont dit quelques bibliographes), né à Castelvetro, dans le territoire de Modène (et non à Castelvecchio, comme dit Mazzuchelli), le 1 er janvier 1615, mort à Modène le 24 août 1697. À l’âge de seize ans, il entra dans l’ordre des Capucins, où il fit preuve des plus grands talents pour la prédication et pour l’enseignement II consacra sa vie entière à l’étude des œuvres de saint Bonaventure, et en tira des cours entiers de philosophie et de théologie fort appréciés. Ce travail ne lui eût pas paru complet s’il n’y eût joint un commentaire des Saintes Écritures exclusivement emprunté à la même source. H nous a donc laissé : Glossa, sive summa ex omnibus S. Bonaventuræ expositionibus in Sacram Scripturam exacte collecta, 4 in-f°, Lyon, 1681-1685.

P. APOLLmAIIŒ.

    1. BARBURIM##

BARBURIM, mot hébreu, I (III) Reg., v, 3 (iv, 23>, traduit dans la Vulgate par aves, « oiseaux, » mais dont la signification est très controversée. Les versions syriaques et arabes et le Targum de Jonathan traduisent aussi par « oiseaux ». Kimchi croit que ce sont des coqs engraissés, des chapons ; le Targum de Jérusalem et Gesenius, des oies. Thésaurus lingues hebrsese, p. 246, Bochart, Hierozoicon, i, 19, Liège, 1692, col. 127-135, , prétend que ce sont des animaux engraissés, pecudes saginatee. Voir d’autres significations dans Mûhlau et Volk, Gesenius’Lexicon, 9e édit., 1890, p. 128. La traduction de la Vulgate paraît encore la mieux établie.

    1. BARCELLONA Antonin##

BARCELLONA Antonin, commentateur italien, né à Palerme le 22 novembre 1726, mort dans cette ville le 5 mai 1805. Il entra jeune à l’Oratoire de sa ville natale, et y passa toute sa longue vie dans les travaux du saint ministère. Outre d’importants ouvrages de théologie, on. a de lui : 1° La parafrasi de’libri de’Profeti, in-8° Venise, 1810. Le P. Barcellona y a joint un résumé de l’histoire du temps des prophètes et de l’histoire générale des Hébreux, depuis la fin de la captivité jusqu’à leur dispersion. — 2° Parafrasi dei quattro Evangeli posti in armonia, 2 in-8°, Palerme, 1831-1839. D’intéressantes dissertations sur les questions les plus difficiles complètent ce dernier ouvrage, et donnent à leur auteur un des meilleurs rangs parmi les exégètes italiens —Voir D. Scinà, Prospetto délia storia letteraria di Sicilia nel secolo xrlii, t. iii, p. 392 ; A. Narbone, Bïbliogra fia sicola, t. rv(1855),

p. 392.
A. Ingold.
    1. BARDANE##

BARDANE (Vulgate : Jappa). Désigne, en général, une sorte de fruit muni de pointes en hameçon, se prenant aux habils de l’homme, s’accrochant aux toisons, et

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452. — Bardane.

quelquefois se mêlant aux cheveux de telle façon, qu’on a. peine à s’en débarrasser. C’est le cas pour les involucres ou fleurs de la bardane, qui sont entourés d’écaillés nombreuses, terminées en crochet. Cette plante appartient à la famille des Composées, tribu des Cynarocéphalées..

1459

BARDANE — BARIA

1460

D’après J. Gærtner, De fmctïbus et seminibus plantarum, 3 in-4°, Stuttgart, 1788-1807, t. ii, p. 379, elle est, parmi les herbes, une des plus élevées et des plus robustes, puisqu’elle atteint d’un mètre à un mètre trente centimètres. Sa racine est en forme de pivot, longue, grosse, charnue, noire en dehors, blanche en dedans, d’une saveur douceâtre, nauséeuse, et d’une odeur désagréable, qui devient encore plus caractérisée par la dessiccation. Il est peu de plantes dont les feuilles, surtout les inférieures, soient si larges : ce sont elles qui lui ont valu le nom à’Oreille-de -Géant ; elles ont un support long, et sont en forme de cœur ou arrondies -échancrées à la base, d’un vert brun en dessus, blanchâtres et un peu cotonneuses en dessous, à côtes proéminentes ; celles de la tige sont successivement moins grandes et de forme ovale. Sa tige, épaisse, robuste, souvent purpurine, garnie d’un duvet frisé et rugueux, est terminée par des rameaux portant des grappes de fleurs rougeàtres. Les fleurs sont réunies en petits globules entourés eux-mêmes d’écaillés accrochantes, d’où la plante tire son nom. Les graines sont légèrement aplaties, grisâtres et surmontées d’une courte aigrette blanche. On fait grand usage de la bardane en médecine. Deux espèces principales sont à citer : la petite bardane ou Lappa minor, si commune en Europe, mais qui ne vient pas en Palestine. On y trouve seulement là grande bardane ou Lappa major (fig. 452), <mi, d’après E. Boissier, Flora orientalis, 5 in-8°, Genève, 1867-1884, t. iii, p. 457, vient dans le Liban. C’est l’espèce qui a les feuilles d’une ampleur si extraordinaire.

— La bardane n’est d’ailleurs nommée que dans la Vulgate, Ose., IX, 6 ; x, 8 ; le texte original n’en fait pas mention. Dans le premier passage, Ose., IX, 6, l’hébreu porte : « le hôah poussera dans leurs tentes [des Israélites emmenés en captivité]. » Le mot hôah est un terme générique qui désigne toute espèce d’épines et de ronces (Septante : axavôai) ; la Vulgate elle-même l’a traduit .ailleurs par « épine ». Prov., xxvi, 9 ; Cant. ii, 2. — Dans le second passage, Ose., x, 8, le mot lappa est la traduction de l’hébreu qôs, qui a aussi le sens générique d’épines (Septante : àxavOai). Saint Jérôme a rendu lui-même qôs par « épines ». Gen., iii, 18 ; Is., xxxii, 13, etc.

M. Gandoger.

    1. BARDIN Pierre##

BARDIN Pierre, né à Rouen en 1590, mort en 1637. Mathématicien et théologien, il fut membre de l’Académie française. Il se noya en portant secours à d’Humières, son ancien élève, devenu son bienfaiteur. Il a iaissé plusieurs ouvrages d’un style assez incorrect ; nous ne mentionnerons que les deux suivants : Essai sur l’Ecclésiaste de Salomon, in-8°, Paris, 1626 ; Pensées morales sur l’Ecclésiaste, in-8°, Paris, 1629. — Voir U. Maynard, L’Académie française, dans la Bibliographie catholique, année 1864., t. xxxii, p. 497.

B. Heurtebize.
    1. BARED##

BARED (hébreu : Beréd, « grêle » ; Septante : Bapâ8), iils de Suthala et descendant d’Éphraïm. I Par., vii, 20.

    1. BARELTA##

BARELTA, né à Padoue, professa la théologie à Venise. Il vivait encore en 1542. On a de lui : Concilium IPauli, seu selectiones contradictionum occurrentium in

Epistolis Pauli, in-8°, Venise, 1544.
B. Heurtebize.

BAR-HÉBR/EUS, écrivain syriaque, jacobite, né en 1226 à Mélitène (aujourd’hui Malatia, en Asie Mineure), mort à Maragha en 1286. Son véritable nom était Grégoire Abou’l Faradj ; le surnom de Bar-Hébræus ou « fils de l’Hébreu s, par lequel on le désigne généralement, lui vient de ce que son père Aaron, qui exerçait la médecine à Mélitène, était un Juif converti. De bonne heure il étudia la théologie, la philosophie et la médecine, en même temps que le grec et l’arabe. En 1244, il émigra avec ses parents à Antioche, où il compléta ses études et débuta dans la vie monastique. Il alla -ensuite à Tripoli, pour se perfectionner dans la rhéto rique et la médecine ; il y était, à peine installé, que le patriarche syrien Ignace II le rappela pour le faire évêque de Gubas, près de Mélitène, son pays natal. Il avait alors vingt ans. En 1253, il fut promu au siège important d’Alep, et en 1264 le patriarche Ignace III l’éleva à la dignité de rnaphrien ou primat. Il mourut à Maragha, dans l’Aderbaïdjan, en 1286. Son corps fut transporté et enseveli au couvent de Saint -Matthieu (Mâr Mattaï, sur le mont Makloub, près de Mossoul), où l’on voit encore son tombeau. Voir Badger, The Nestorians and their rituals, Londres, 1852, t. i, p. 97.

Les nombreux écrits de Bar-Hébrseus se rapportent aux sujets les plus divers : à la philosophie, aux mathématiques, à l’astronomie, à la médecine, à la grammaire, à l’histoire et à la théologie. On n’a de lui qu’un seul ouvrage sur l’Écriture Sainte ; il est intitulé Ausar Râzê, « Grenier des mystères » (Horremn mysleriorurn). C’est un commentaire de l’Ancien et du Nouveau Testament. Après des remarques préliminaires sur la valeur relative de la Peschito et de la version des Septante, l’auteur aborde l’interprétation des diiférentes parties de l’Écriture Sainte dans l’ordre suivant : le Pentateuque, Josué, les Juges, le premier et le second livre de Samuel, les Psaumes, le premier et le second livre des Bois, les Proverbes, l’Ecclésiastique, l’Ecclésiaste, le Cantique des cantiques, la Sagesse, Ruth, l’histoire de Susaiine, Job, Isaïe, les douze petits Prophètes, Jérémie avec les Lamentations, Ézécbiel, Daniel avec les histoires de Bel et du Dragon, les quatre Évangiles, les Actes des Apôtres, les Épîtres de saint Jacques, de saint Pierre et de saint Jean, et enfin les quatorze Épitres de saint Paul. Avant de donner l’exposé doctrinal de chaque passage, l’auteur en fait la critique textuelle, prenant pour base le texte de la Peschito, qu’il discute et corrige d’après le texte hébreu, les Septante et d’autres versions grecques ( Symmaque, Théodotion, Aquila, les Hexaples d’Origène) ou orientales ( héracléenne, arménienne, copte) ; il fait même appel à la version, samaritaine pour le chapitre iv de la Genèse. Il note scrupuleusement les variantes des éditions monophysites et nestoriennes. L’exposé doctrinal n’accuse pas moins d’érudition. Bar-Hébræus montre qu’il était familier avec les plus grands écrivains ecclésiastiques des différentes écoles. Parmi les Grecs, il cite Origène, saint Épiphane, saint Basile, saint Athanase, saint Jean Chrysostome, saint Grégoire de Nazianze, saint Cyrille d’Alexandrie, Sévère d’Antioche, Théodore de Mopsueste ; parmi les auteurs syriaques : saint Éphrem, Jacques de Sarug, Moïse BarCéphas, Jacques d’Édesse, Philoxène de Mabug et d’autres moins connus. — L’ouvrage est accompagné de dix tableaux qui se rapportent pour la plupart aux questions généalogiques et chronologiques. En chronologie, Bar-Hébrseus se rallie aux Septante, et compte comme eux quatre mille huit cent quatre-vingt-deux ans d’Adam à Moïse. — Nous n’avons pas encore une édition complète de V Ausar Râzë. On trouvera dans la Litteratura de la Brevis linguss syriacse grammatica, Carlsruhe et Leipzig, 1881, p. 31-32, l’indication des parties ou plutôt des parcelles qui en ont été publiées. Les manuscrits connus de cet ouvrage sont : Cod. Vat. clxx et cclxxxii ; Palat. Medic. xxvi ; Bodl. Hunt. 1 ; Brit. Mus. Add. 7186, 21580, 23596 ; Berlin, Alt. Best, U, Sachau 134 ; Gôttingen, Orient 18 a ; Cambridge, coll. of S. P. C. K. — Voir Wright, dans la Cyclopedia Britannica, 9e édit., article Syriac Literature, t. xxii (1887), p. 853 ; Le Quien, Oriens christianus, t. ii, p. 1412, 1500, 1510 ; Assemani, Bibliotheca orientalis, t. ii, p. 278-284.

P. Hyvernat.

BARIA. Hébreu : Berî’âh, « fils du malheur » (3, b, pour p, 6e » ) ; Septante : Bepiâ. Nom de quatre Israélites.

1. BARIA, quatrième fils d’Aser. I Par., vil, 30, 31. La Vulgate le nomme Béria, Gen., xlvi, 17, et Brié, Num.,

xxvi, 44. À ces deux derniers endroits, les Septante l’appellent Bopià.

2. BARIA (Septante : Bepp^), troisième fils de Séméia, un des descendants de Zorobabël. I Par., iii, 22.

3. BARIA, chef de famille benjamite. Il eut neuf fils. Baria et Sama furent chefs des familles qui s’établirent à Aïalon ; ils en chassèrent les Géthéens, qui y avaient fixé leur demeure. I Par., viii, 13, 16. On a voulu, mais à tort, identifier cette expédition avec celle dont il est question I Par., vii, 21-24. Voir Béria 2. Les descendants de Béria de Benjamin firent partie des branches de cette tribu qui s’établirent plus tard à Jérusalem. I Par., viii, 13, 16, 28.

4. BARIA, quatrième fils de Séméi, lévite de la branche de Gerson. I Par., xxiii, 10. On remarque, au verset suivant, que Baria et son frère Jaûs n’eurent pas beaucoup de fils. Aussi les comprit-on sous une seule famille et une seule maison.

    1. BARJÉSU##

BARJÉSU (Bap’.Y)<700ç, « fils de Jésus » ), appelé aussi Élymas, ’EXûjia ; , était un Juif magicien, probablement

d’origine arabe, comme l’indique son nom d’Élymas, aaA&, ’élytnôn, qui signifie, ainsi que le disent les Actes, xiii, 8, « magicien (sage). » C’était un de ces faux prophètes, si nombreux aux premiers siècles, qui exploitaient la crédulité publique. Il vivait à Paphos, chez le proconsul de l’Ile de Chypre, Sergius Paulus. C’est là que le rencontrèrent Paul et Barnabe. Le proconsul voulut entendre la parole de Bieu de la bouche des Apôtres ; il les écouta avec faveur. Mais Élymas, persuadé que la conversion de Sergius Paulus serait la ruine de son influence, voulut le détourner de la foi. Il résistait donc à Paul et à Barnabe, probablement par des intrigues et des discours mensongers. Paul, le regardant en face, lui adressa de foudroyantes paroles, l’appelant « homme tout rempli de fraude et de tromperie, fils d u diable », et lui annonçant qu’il serait aveugle et ne verrait pas le soleil pendant quelque temps. La prédiction se réalisa sur-le-champ et ce miracle convertit le proeonsul. C’est tout ce que l’on sait de certain sut Élymas Barjésu. Act., xiii, 6-12. Saint Jean Chrysostome, Hom. in Act., xxviii, 2, t. lx, col. 211, remarque que le châtiment infligé à Barjésu, n’étant que temporaire, avait moins pour but de le punir que de l’amener à la vraie foi. Origène, In Exod., t. xii, col. 276, dit que le magicien crut en effet en Jésus-Christ.

E. Jacquier.

    1. BAR-JONA##

BAR-JONA (Bàp’Imvà), Matth., xvi, 17, nom patronymique de Simon Pierre, formé du mot araméen-n, bar, « fils, » et du nom propre naV, yônâh, qui probablement

signifie colombe, « Fils de Jonas. » Cf. Joa., i, 43 (ùiôç’Iojvî) ; xxi, 16 (Si’tjuflv’IùjvS), Le mot « fils », suivi du nom du père, remplaçait le nom de famille chez les Hébreux. E. Levesque.

1. BARNABE ou BARNABAS (Bapvdtëa ; ) est le surnom donné par les Apôtres, Act., iv, 36, au lévite Joseph, un des personnages les plus marquants de l’histoire apostolique ; en araméen : Bar Nebûâh. Ces deux mots, que l’on traduit en grec par uiô ; îtapocxX^ae » ; , signifient ou « fils de consolation », ou s fils de prédication », Joseph ayant été, pour l’Église naissante, tout à la fois consolateur et prophète, nâbî, c’est-à-dire prédicateur inspiré. Ce dernier sens nous semble le plus probable. Comp. Exod., vu, 1, où Dieu déclare qu’Aaron sera le prophète, ou le porte-voix de Moïse. Voir aussi I Cor., xiv, 3, et Act., xv, 32. Joseph, ayant été un des plus vaillants prédicateurs de l’Évangile, mérita pleinement cette qualification. Toutefois, ainsi que le suppose saint Chrysostome, In Act..

Apost., Hom. xxi, t. lx, col. 161, il ne serait pas impossible qu’on eût voulu désigner par là ce qu’il y avait de conciliant, de bon, de sympathique et de dévoué, dans le caractère de cet homme de Dieu. Originaire de l’Ile de Chypre, Joseph Barnabe était issu de parents appartenant à l’ordre lévitique. Il est nommé pour la première fois au livre des Actes, iv, 36, — rien, en effet, n’autorise à le confondre avec Joseph Barsabas dit Justus, proposé avec Mathias pour succéder à Judas, — et il se trouve cité comme exemple de charité, d’abnégation et de générosité. Il vend un champ, qu’il possédait à Jérusalem sans doute, puisqu’il avait là une sœur, ou du moins une proche parente, Marie, mère de Jean Marc, Col., iv, 10 ; cf. Act., xii, 12, et il en offre le prix aux Apôtres, pour subvenir aux besoins de la jeune communauté chrétienne. Cette détermination généreuse, telle qu’elle est mentionnée au livre des Actes, semblerait avoir coïncidé avec la conversion de Barnabe et mis ainsi tout à coup en relief sa foi et son prosélytisme ; mais Clément d’Alexandrie, Strom., Il, 20, t. viii, col. 1060, et Eusèbe, H. E., i, 12, t. xx, col. 117, disent que Barnabe avait été un des soixante-dix disciples. Quoi qu’il en soit de cette affirmation, le rôle qu’il joue dans l’histoire de l’Église naissante est des plus considérables et des plus édifiants. Saint Luc, Act., xi, 24, a raison de lui rendre cet hommage qu’il fut « un homme bon, plein de foi et du Saint-Esprit ». Quand Paul converti, mais encore suspect aux chrétiens, arrive à Jérusalem, Act, ix, 27, c’est Barnabe qui le tire d’embarras et le présente lui-même aux Apôtres, en se portant garant de la sincérité de sa conversion. Peut-être y avait-il eu entre ces deux hommes d’élite des relations antécédentes, soit à Tarse voisine de Chypre, soit à Jérusalem à l’école de Gamaliel. En tout cas, la haute situation que ses vertus devaient faire à Barnabe dans l’Église ne tarda pas à s’accentuer. Lorsque’les disciples, qui avaient quitté Jérusalem au lendemain du meurtre d’Etienne, . et s’étaient mis à évangéliser la Syrie, se déterminèrent, après le baptême du centurion Corneille, à recevoir dans l’Église d’Antioche les païens convertis à l’Évangile, c’est lui qui fut envoyé pour juger des conditions où se produisait la menaçante innovation. Avec son esprit large et sa charité ardente, il approuva aussitôt le mouvement universaliste, et se disposa à l’accentuer en allant lui-même à Tarse convier Paul à lui prêter son concours. Ainsi il amena, comme par la main’, sur le champ de bataille où il avait sa place si providentiellement marquée, Act., xi, 19-26, et xxvi, 17, l’illustre champion de l’Évangile s’adressant aux Gentils. Dans les démarches qu’il fait et les missions qu’il accepte, Barnabe se révèle toujours comme un homme modeste, malgré sa très réelle valeur. Sa seule préoccupation est de faire le bien. Il ne craint pas de se donner en la personne de Paul un collègue qu’il sait devoir, par son esprit d’initiative, sa vivacité de parole, son éloquence, le réduire bientôt au second rang. Ce qu’il veut avant tout, c’est la gloire de Jésus-Christ et le triomphe de l’Évangile. L’Église apprécie cette modestie généreuse et la récompense en ne lui ménageant pas les témoignages de sa confiance et de sa vénération. C’est Barnabe qui, à l’époque de la grande famine de Jérusalem, est désigné pour aller avec Paul porter aux frères malheureux les aumônes des chrétiens d’Antioche. Act., xi, 30. Il revient à peine et l’Esprit-Saint inspire aux chefs de la communauté de le choisir officiellement en même temps que Paul, pour aller évangéliser les Gentils, en dehors de la Syrie et dans des pays inconnus. Act., xiii, 2. Tout le monde applaudit à ce choix. Dès ce moment, Barnabe, aussi bien que son compagnon, est qualifié d’Apôtre. Leur action s’exerce d’ailleurs en commun ; ils partagent les mêmes périls et les mêmes joies. Leur première mission, racontée dans les chapitres xm et xiv des Actes, les amène en Chypre d’abord, probablement parce que Barnabe avait là de nombreuses relations ; puis en Pamphylie, en Pisidie, en Lycaonie, avec des péripéties 1463

BARNABE — BARNABE (ÉPITRE DE SAINT)

diverses de persécutions et de succès. À Lystres, on les prend pour des dieux, et comme c’est Jupiter qu’on voit dans Barnabe, les exégètes se sont hâtés d’en conclure que, par sa taille, sa physionomie, sa majesté, il devait être supérieur à son collègue. Revenu à Antioche après cette première mission, il y prêche avec Paul, et se trouve mêlé à la grave discussion soulevée par des chrétiens hiérosolymitains sur la nécessité de la circoncision. Act., xv, 2. Aussi fait-il partie de l’ambassade envoyée à Jérusalem à cette occasion. Son influence dut même être grande dans la conduite du débat, car il était très estimé de tous. Heureux d’avoir fait prévaloir ses principes, qui étaient ceux de Paul, Gal., ii, 9, il revint avec celui-ci et quelques délégués de l’Église de Jérusalem à Antioche, où, pour quelque temps encore, il reprit ses prédications dans la métropole de la Syrie. Act., xv, 35. Quand il fut question d’entreprendre un second voyage apostolique parmi les Gentils, Barnabe se déclara prêt à suivre encore Paul dans cette nouvelle campagne. Toutefois il voulut absolument emmener avec lui Marc, son neveu ou son cousin, qui, après les avoir suivis dans leur première expédition en Chypre, les avait subitement délaissés en Pamphylie. Paul se refusa impitoyablement à reprendre cet ancien compagnon, coupable d’une défaillance au début de leur apostolat. Barnabe, par un sentiment de miséricorde qui était la note dominante de son âme, et aussi en raison des liens de parenté qui l’attachaient à Marc, préféra se séparer de Paul que renoncer à ce jeune et intéressant ouvrier de l’Évangile. Avec celui-ci, il se dirigea vers l’Ile de Chypre, tandis que Paul, s’adjoignant Silas, allait vers le nord par la Cilicie. Act., xv, 36-41.

A partir de ce moment, nous manquons d’indications suivies sur le compte de Barnabe. Dans sa première épître aux Corinthiens, îx, 5-6, saint Paul observe que, comme lui, ce compagnon de ses premiers travaux apostoliques n’était pas marié. Dans celle aux Galates, en dehors de ce que nous avons déjà dit, il signale l’attitude trop complaisante de Barnabe aussi bien que de Pierre pour les judaïsants d’Antioche. Gal., Il, 13. Il les blâme tous les deux, sans nous autoriser cependant à croire que les dissentiments les divisant sur des questions de discipline ou de la vie pratique aient réellement altéré les relations de charité qui devaient unir leurs âmes d’apôtres. Ces réprimandes publiques étaient l’expression franche et loyale de la vivacité de leurs convictions, mais non le cri de leur orgueil ou de leurs rancunes. Ainsi voyons-nous que Paul, après s’être séparé de Barnabe plutôt que de ne pas infliger à Marc une leçon méritée par sa défaillance, reprend plus tard Marc pour son compagnon, sans doute quand Barnabe était déjà mort ou du moins avait renoncé aux courses apostoliques. Col., iv, 10 ; Phil., 24. À une date plus reculée encore, II Tim., iv, 11, il reconnaît hautement les services que lui a rendus cet auxiliaire, et il prie Timothée de le lui amener à Rome. Chez Marc, ilTetrouvait sans doute, sur ses vieux jours, les sympathiques souvenirs de Barnabe, cet ami de sa jeunesse.

Quant à Barnabe lui-même, l’histoire apostolique ne nous en dit plus rien. La légende tardive a essayé de combler cette lacune. Un écrit, probablement du ve siècle, intitulé Les actes et le martyre de Barnabe en Chypre, et se donnant comme l’œuvre de Jean Marc, raconte la seconde mission et la mort glorieuse du saint dans cette île. Acta sanctorwm, junii t. iii, p. 420. Il n’est pas improbable que Barnabe soit mort avant l’an 60, et peut-être le faussaire appuyait-il son récit sur des traditions sérieuses, qui s’étaient Conservées dans l’île de Chypre, où le livre fit son apparition. Un moine cypriote, Alexandre, plus panégyriste qu’historien, et Théodore de Constantinople, dit le Lecteur, ont réédité plus tard ces récits apocryphes, ne supprimant qu’en partie les fables et les extravagances qui lui enlèvent tout crédit. Acta sanctorum, junii t. iii, p. 436. Eux-mêmes ne craignent

pas de s’y mettre en contradiction avec le livre des Actes, D’après Alexandre, Barnabe, dès sa venue de Jérusalem à Antioche, serait allé prêcher à Rome et à Alexandrie avant de se rendre à Tarse pour s’associer Paul, qu’il avait connu et apprécié à l’école de Gamaliel. lis supposent que Barnabe avait vu la guérison miraculeuse du paralytique de trente-huit ans, et dès lors s’était attaché à Jésus, le mettant en relations avec sa sœur ou sa tante Marie, mère de Jean Marc. Plus tard, il aurait été le premier choisi pour faire partie du groupe des soixante-dix disciples. Enfin, après avoir résumé ce qui est dit sur son compte au livre des Actes, Alexandre raconte comment il fut saisi par des Juifs venus de Syrie à Salamine, où il opérait de nombreuses conversions, lapidé et brûlé. Son tombeau aurait été miraculeusement retrouvé à un quart de lieue de cette ville, du temps de l’empereur Zenon (488). L’homme de Dieu avait encore sur sa poitrine l’Évangile de saint Matthieu, écrit de sa propre main. L’évêque de Salamine, Anthelme, à qui cette découverte fut très utile pour défendre les droits de l’Église de Chypre contre Pierre le Foulon, envoya le précieux manuscrit à l’empereur, et on y lisait solennellement à Constantinople les leçons du jeudi saint. C’est à cause de la découverte de ce manuscrit dans le tombeau de saint Barnabe que l’art chrétien le représente ordinairement avec un livre, parfois avec des flammes ou un bûcher, avec des pierres ou même nne croix, rarement avec une hache. Ch. Cahier, Caractéristiques des Saints, t. i, 1867, p. 52.

D’après les inscriptions consignées dans Alciat, et portant le nom de l’évêque Miracle, que Baronius suppose être celui de Milan, présent au concile de Rome en 313, Barnabe aurait évangélisé la Gaule cisalpine. Corpus Inscript, latin., lxvii, 15, t. v (1877), p. 623. Mais comment expliquer, si cette tradition avait été fondée, que saint Ambroise eût négligé de citer un si illustre prédécesseur sur le siège de Milan, quand il se déclare fièrement, Epist. xxi, Sermo cont. Auxent., 18, t. xvi, col. 1012, le défenseur de la foi que lui ont léguée comme-un dépôt Denys, Eustorge, Myrocle et ses glorieux prédécesseurs ? Plusieurs veulent que Barnabe ait prêché à Alexandrie. La raison principale en serait dans la lettre qui lui est attribuée, et dont l’origine alexandrine n’est pas douteuse ; mais cette lettre n’est pas de lui.

Voir W. Cave, Lives of the mosî eminent Fathers of the Church, Oxford, 1840, t. i, p. 90-105 ; Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique, t. i, p. 408 et suiv. ; "W. J. Conybeare and J. S. Howson, The Life and Epistles of St. Paul, édit. de 1875, p. 85, 98, etc. ; L’Œuvre des Apôtres, t. i, p. 265 ; Braunsberger, , Der Apostel Barnabas, in-8°, Mayence, 1874 ; A. Lipsius, Die apokryphen Apostelgeschichten, t. ii, part, ii, p. 270-320 ; L. Duchesne, Saint Barnabe. Extrait des Mélanges G. B. de Rossi, Supplément aux Mélanges d’archéologie et d’histoire publiés par l’Ecole française de Rome, t. xii, 1892. E. Le Camus.

2. BARNABE (ÉPÎTRE DE SAINT). Il existe SOUS ce titre un écrit publié pour la première fois à Paris, en. grec et en latin, par Ménard et d’Achery en 1645, mais d’une manière incomplète. Le texte grec complet n’a été retrouvé qu’en 1859, par Tischendorf, dans le Codex Sirnaiticus, qui date du IVe siècle. Depuis, le métropolite Philothée Bryennios en a découvert un autre manuscrit complet (Codex Conslantinopolitanus), mais datant seulement de l’an 1056.

I. Clément d’Alexandrie est le premier auteur ecclésiastique qui cite nommément l’Épître de saint Barnabe, et il lui attribue une autorité apostolique. Strom., ii, 6, . 7, 18 ; v, 8, 10, etc., t. viii, col. 965, 969, 1021 ; t. rx, col. 81, 96. Origène fait de même, Deprinc, III, ii, 4 ? Cont. Cels., i, 63, t. xi, col. 309, 637. C’est probablement parce que cette lettre était regardée comme inspirée à. la fin du ne siècle et au commencement du me, dans. 1465 BARNABE (ÉPITRE DE SAINT) — BARNABE (ÉVANGILE DE SAINT) 1466

l’Église d’Alexandrie, qu’on la trouve à la suite des livres du Nouveau Testament dans le Codex Sinaiticus. Mais le sentiment de Clément et d’Origène ne leur survécut guère, même à Alexandrie. Saint Athanase et saint Cyrille ne mentionnent jamais l’Épître de saint Barnabe ; en Orient, elle ne fut pas lue dans les églises ; Eusèbe la range parmi les œuvres apocryphes, H. E., iii, 25, t. xx, col. 269, quoiqu’il constate ailleurs, H. E., vi, 14, t. xx, col. 549, l’usage qu’en faisait Clément d’Alexandrie. Ni l’auteur des Canons apostoliques, 85, t. cxxxvii, col. 212, ni saint Cyrille de Jérusalem, ni saint Jean Chrysostome, ni saint Épiphane n’en disent mot. Saint Jérôme, tout en croyant qu’elle a saint Barnabe pour auteur, ne veut pas qu’elle soit mise parmi les écrits canoniques, De Vir. illust., 6, t. xxiii, col. 619. L’Église d’Occident, à Rome et en Afrique, semble en avoir longtemps ignoré le texte et même l’existence ; il n’en est pas question dans le Canon de Muratori. Tertullien, qui a entendu parler d’une lettre de saint Barnabe, croit qu’il s’agit de l’Épître aux Hébreux, De Pudicit., 20, t. ii, col. 1020. Saint Philastre, Bser., 89, t. xii, col. 1200, partage ce sentiment. Le concile d’Hippone, tenu en 393, can. 36 ; ceux de Carthage en 397, can. 47, et en 419, can. 29 (Mansi, Conc, , t. iii, p. 891 ; t. iv, p. 430) ; Rufln, Expos. Symb. apost., 37, t. xxi, col. 1200 ; Innocent I er, Epist. ri ad Exup. Tolos., 7, t. lxxxiv, col. 652 ; saint Augustin, Cassiodore, Inst. div. litt., 14, t. lxx, col. 1125 ; saint Isidore de Séville, Etymol., vi, 2, t. lxxxii, col. 230, n’ont rien dit de sa lettre. L’opinion de Clément d’Alexandrie et d’Origène resta donc un fait isolé, et l’Église n’admit jamais ni l’inspiration ni l’authenticité de l’Épître attribuée à saint Barnabe.

II. Lé contenu de cette Épltre montre d’ailleurs qu’elle n’est pas l’œuvre du compagnon de saint Paul. — 1° L’auteur a été païen et parle à des païens : « Avant de croire en Dieu, dit-il, xvi, 7, t. ii, col. 772, notre cœur était plein d’idolâtrie. » Cf. ch. v, col. 734. — 2° Il apprécie des cérémonies de la loi ancienne comme ne l’aurait pas fait un Juif, ch. m ; ix, 4, col. 729, 749 ; il est même peu au courant des rites du temple, quand il parle, vii, 4, col. 744, des prêtres qui devaient seuls manger les entrailles du bouc offert pour le péché ; la plupart des choses qu’il raconte sur le bouc émissaire sont en contradiction avec le texte même du Lévitique, xvi. — 3° Au moment où il écrit, saint Barnabe ne vivait plus : le parti juif est à peu près mort dans l’Église ; les armées romaines ont déjà exercé la vengeance du ciel sur le peuple déicide, comme l’indique IV, 14, col. 731, où. les lecteurs sont invités à considérer comment Dieu a traité Israël, et xvi, 4, col. 772, où il est parlé du temple détruit pendant la guerre. Il est donc certain que la lettre est postérieure à l’an 71, Or à cette époque saint Barnabe était mort : il n’avait pas vu la ruine du temple ; la dernière fois qu’il est mentionné, et encore très probablement dans un regard vers le passé, c’est I Cor., ix, 5-6 (an 57), et nous savons que, dès l’an 62, Marc, ce parent tant aimé, à l’occasion duquel il s’était séparé de saint Paul, n’était plus avec lui, mais qu’il suivait l’Apôtre des nations, Col., iv, 10, ou même saint Pierre, I Petr., v, 3, ce qui serait très étonnant si Barnabe avait vécu encore. — 5°. La date de l’Épître reste néanmoins incertaine. Les traits de ressemblance qu’on remarque entre cette lettre et la Doctrine des douze apôtres ne peuvent servir à résoudre le pro T blême, car il n’est pas facile de décider lequel de ces deux écrits est le plus ancien. On conjecture que l’auteur de la Doctrine a connu l’Épître de saint Barnabe, mais que J’auteur de l’Épître a connu les Duse viee, source juive de la Doctrine. Certains critiques font remonter l’Épître au temps de Vespasien (70-79), d’autres la font descendre jusqu’au temps d’Adrien (117-138). L’opinion des premiers paraît la mieux fondée.

III. Quoi qu’il en soit, l’Épître de saint Barnabe n’est ni sans valeur ni sans importance. Elle est d’abord d’une

assez belle ordonnance logique et d’une élévation d’idées incontestable. L’auteur, quel qu’il soit, touchait à la génération apostolique et vivait au plus tard vers le commencement du second siècle. Or il rend témoignage aux principaux faits de l’histoire évangélique ; il cite saint Matthieu, xxii, 14, comme Écriture ; il fait des emprunts aux Évangiles et aussi aux Épltres de saint Paul et de saint Pierre. Le défaut principal de l’auteur de cet écrit est son goût exagéré pour l’allégorie. Son ardeur pour le symbolisme l’emporte jusqu’à oublier que le grec n’était pas la langue d’Abraham, et il voit une prophétie de Jésus-Christ et de son crucifiement dans le nombre des serviteurs d’Abraham, qui était de 318 : « Car, dit-il, la lettre I signifie dix, la lettre H signifie huit, et enfin la lettre ï trois cents ; or, de ces trois lettres, les deux premières indiquent le nom de Jésus, et la dernière, sa croix. » Epist. Barn., 9, t. ii, col. 751. Mais cet allégorisme outré fut lui-même une des causes du succès de la lettre à Alexandrie, où la méthode allégorique était en si grande faveur. Voir col. 361.

Voir Hefele, Das Sendschreiben des Apostels Barnabas, Tubingue, 1840 ; Hilgenfeld, Die apostoliscken Wâter, Halle, 1863 ; Kayser, Ueber den sogenannten Barnabasbrief, Paderborn, 1866 ; Weizâcher, Zur Krilik des Barnabasbriefes aus dem Codex Sinaiticus, Tubingue, 1863 ; J. G. Mûller, Erhlârung des Barnabasbriefes, Leipzig, 1869 ; "W. Cunningham, À Dissertation of the Epistle of saint Bamabas, in-8°, Londres, 1877 ; Westcott, Canon of the New Testament, t. ï, rv ; de Gebhardt et Harnack, Bamabse Epistula, dans les Patrum Apostolicorum Opéra, Leipzig, 1875, t. ï, p. xiii-xlvi ; Funk, Opéra Patrum apostolicorum, in-8°, Tubingue, 1881, t. i, p. i-xvii ; Harnack, Eeal-Encyklopâdie, 2e édit., t. ii, 1878, p. 104 ; Id., Geschichte der altchristliehen Literatur, Leipzig, 1893, t. ï, p. 58-62 ; Salmon, Historical Introduction to the Books of New Testament, in-8°, Londres, 1889, p. 565-572.

E. Le Camus.

3. BARNABE (ÉVANGILE DE SAINT). L’article APO-CRYPHES, col. 768, signale dans le catalogue gélasien un « Évangile au nom de Barnabe, apocryphe », et ce même évangile est aussi mentionné par le catalogue grec publié par le cardinal Pitra. Au vi° siècle, à Rome et dans l’Église grecque, on avait donc gardé le souvenir d’un évangile mis sous le nom de saint Barnabe, évangile hérétique, probablement gnostique. D’autre part, l’auteur grec de VInventio reliquiarum S. Barnabse, lequel écrivait à la fin du Ve siècle ou au commencement du vie, rapporte que, lors de l’invention du corps de saint Barnabe, en Chypre, sous l’empereur Zenon, on trouva dans le tombeau de l’apôtre un exemplaire écrit de sa main de l’Évangile de saint Matthieu, Évangile que l’empereur fit déposer à Constantinople, dans le trésor de la chapelle palatine. Bolland, Acla sanctorum, junii t. ii, (1698), p. 450-451. Cet Évangile n’a rien à voir avec notre évangile apocryphe de Barnabe. Enfin on trouve dans Fabricius, Codex apocryphus Novi Testamenti, Hambourg, 1719, t. iii, p. 378-384, quelques échantillons d’un Évangile de saint Barnabe, traduction italienne, reproduits d’après Bernard de la Monnoye, Animadversiones ad Menagiana, Amsterdam, 1716, t. IV, p. 321, qui les avait extraits d’un manuscrit italien du xv » siècle, dit- ii, appartenant au prince Eugène de Savoie. La Monnoye conjecture que ce texte italien est une traduction de l’arabe. Mais, à notre connaissance, cet original arabe n’a pas été trouvé : en toute hypothèse, il ne serait qu’une œuvre mahométane de basse époque et sans relation avec l’évangile grec apocryphe mentionné par le catalogue gélasien. Grabe, Spicilegium sanctorum Patrum, Oxford, 1698, t. i, p. 302, a recueilli dans un manuscrit grec de la bibliothèque Bodléienne, Baroccianus 39, un fragment grec de deux lignes attribué à saint Barnabe : « Dans les mauvais combats, celui-là est le plus malheureux qui est

le vainqueur, car il se retire avec plus de péchés. » Il n’est pas possible de déterminer l’origine de cette sentence, non plus que de la rattacher à l’évangile apocryphe de Barnabe. Voir Évangiles apocryphes.

P. Batiffol.

    1. BARNES Albert##

BARNES Albert, exégète protestant américain, né en 1798 à Rome, dans l’état de NewYork, mort en 1870. Ses études achevées, il prit ses grades (1820), prêcha en divers endroits, et, en 1830, fut mis à la tête de l’église presbytérienne de Philadelphie. On a de lui : Notes, critical, illuslrative and practical, on the book of Job ; ivith a new translation and an introductory dissertation, carefully revised by the Rev. John Gumming, 2 in-8°, Londres, 1850 ; Notes, critical, explanatory and practical, on the book of the prophet Isaiah, with a new translation, revised by the Rev. J. Gumming, 3 in-8°, Londres, 1850 ; Notes explanatory and practical on the New Testament revised and compared with the last American édition, by the Rev. J. Gumming, Il in-8°, Londres, 1850-1852 ; Scènes and incidents in the Life of the Apostle Paul, in-8°, Londres, 1869.

E. Levesque.

    1. BARNEVILLE##

BARNEVILLE (Matthieu de), né à Dublin vers 1659, fit ses études à Paris, entra dans la congrégation de l’Oratoire en 1688, et mourut à l’âge de 80 ans environ. Il publia sous le voile de l’anonyme : Le Nouveau Testament traduit en françois selon la Vulgate, in-12, Paris, 1719. Son but, exposé dans l’avertissement, était de donner une édition à très bas prix, qui put être achetée en nombre par les personnes riches pour la répandre dans le peuple. Un bon nombre d’éditions, douze environ, se succédèrent jusqu’en 1753. Dans les approbations de quelques-unes d’entre elles, se lit le nom de l’auteur. Plusieurs éditions ont une table alphabétique des vérités contenues dans le Nouveau Testament sur les différents états et professions. — Voir Ant.-Alex. Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes, in-8°, Paris. 1823, t. ii, p. 452. E. Levesque.

    1. BARON Pierre##

BARON Pierre, protestant français, né à Étampes et pour cette raison surnommé Stempanus, obtint une chaire à l’université de Cambridge vers 1575. Les doctrines qu’il y professa lui suscitèrent de nombreux adversaires, et après un procès qui lui fut intenté devant la reine Elisabeth el l’archevêque de Gantorbéry, il dut renoncer à l’enseignement. Il mourut vers l’an 1599. Nous avons de cet auteur : Prsslectiones in Psalmos xv et xxxiii, in-8°, Londres, 1560) Prsdectiones xxxix in Jonarn, in-f°, Londres, 1579. — Voir Haug, La France protestante,

t. i, 1846, p. 261.
B. Heurtebize.

BARQUE. Voir Navigation.

    1. BARRADAS Sébastien##

BARRADAS Sébastien, commentateur portugais, né à Lisbonne en 1543, mort à Coimbre le 14 avril 1615. Il entra dans la Compagnie de Jésus le 27 septembre 1558. Il enseigna la rhétorique, la philosophie et l’Écriture Sainte, à Coimbre et à Évora, avec une grande réputation. Il s’appliqua aussi, avec non moins de succès, à la prédication ; on le nommait Y Apôtre ou le Paul du Portugal. Il mourut en odeur de sainteté ; Suarez avait l’habitude de le nommer sanctus. On a de lui Commentaria in concordiam et historiam evangelicam, 4 in-f°, Coimbre, 1599-1611 ; Mayence, 1601-1612 ; Brescia, Lyon, Anvers, Venise, Augsbourg. Ces commentaires jouissent d’une juste estime. Cornélius a Lapide dit de l’auteur : « Il excelle dans les observations morales qui peuvent servir également à la méditation et aux prédications. » DomCalmet est du même sentiment, et ses commentaires sont en effet une mine où ceux qui sont chargés d’expliquer la parole de Dieu peuvent trouver les plus précieux trésors. — Après sa mort, on publia Ilinerarium ftliorum Israël ex Mgypto in terram repromissionis, in-f°, Lyon,

1620 ; Anvers, 1631. Ce dernier ouvrage, dit le P. Michel de SaintJoseph dans sa bibliographie critique, est une sorte de commentaire de l’Exode, écrit avec élégance.

C. SOMMERVOGEL.

    1. BARRAL Pierre##

BARRAL Pierre, savant ecclésiastique français, né à Grenoble dans les premières années du xviiie siècle, mort à Paris le 21 juin 1772, janséniste militant, a laissé, entre autres ouvrages, un Dictionnaire portatif, historique, théologique, géographique, critique et moral de la Bible, pour servir d’introduction à la science de l’Écriture Sainte, 2 in-8°, Paris, 1756 ; 2 « édït., Paris, 1758. Dans la pensée de l’auteur, ce livre, destiné aux jeunes clercs, devait être une sorte de Manuel biblique où seraient résumés et condensés tous les renseignements fournis par les grands dictionnaires de la Bible, en vue de faciliter la lecture et l’intelligence des Saints Livres, mais son œuvre est une compilation superficielle et remplie d’inexactitudes. O. Rey.

    1. BARRE##

BARRE (Vulgate : vectis). 1° Pièce de bois longue et étroite, servant à porter l’arche et divers meubles du tabernacle, Exod., xxv, 13, 27, 28, etc. (hébreu : baddim) ;

nw

453. — Porte égyptienne fermée avec deux petites barres ou verrous. Tbèbes. D’après Wilkinson, Manners and Customs of the Ancient Egyptians, 2e édit-, t. ii, p. 135.

Exod., xxvi, 26, etc. (hébreu : beriah). (Voir fig. 243, col. 917.) — 2° Pièce transversale de bois ou de métal, employée comme une sorte de verrou pour fermer les portes des maisons et des villes (hébreu : beriah), Deut., m, 5 ; Jud., xvi, 3 (hébreu : Vulgate : sera) ; I Sam. (I Reg.), xxiii, 7 (Vulgate : sera) ; II Par., viii, 5 ; IIEsdr., m, 6, 13, 14, 15 ; Jer., xlix, 31 ; li, 30 ; Ezech., xxxviii, 11 ; Prov., xviii. 19. Il y en avait en bois, Nah., iii, 13 ; en bronze, III Reg., iv, 13 (Vulgate : sera) ; en fer, Ps cvi (cvn), 16 ; Is., xlv, 2 (fig. 453). — 3° Le mot « barre » (hébreu : berial}) est employé aussi métaphoriquement pour exprimer ce qui fait la lorce d’une ville. Amos, i, 5. Cf. Is., xliii, 14 ; Lament., ii, 9. Il signifie dans Job les limites ou la barrière que Dieu a imposée à la mer, Job, xxxviii, 10 ; le séjour des morts (se’ôl) est également représenté fermé par des barres ou verrous qu’il est impossible d’ouvrir, Job, xvii, 16 (hébreu : baddim ; la Vulgate rend seulement le nom d’une manière générale i in profundissimum infernum). Cf. Jouas, ii, 7. Dans Osée, xi, 6, baddim, vectes, « barres, » doit être pris, d’après les uns, au figuré, pour désigner ce qui est fort, les princes, les chefs d’Israël ; d’après d’autres, au propre, pour désigner les barres des portes des villes. — Certains commentateurs voient aussi une expression figurée dans Isaîe, xv, 5, où ils prennent le pluriel berîhîm dans le sens de « barres », comme l’a fait la Vulgate (vectes), et tra1469

BARRE — BARTHÉLÉMY, APOTRE

1470

duisent : « les princes [de Moab s’enfuient] jusqu’à Ségor ; » mais on admet communément que le mot berîfyîm signifie dans ce passage « fuyards », et non pas « barres ».

F. Vigouroux. BARRE Joseph, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, chancelier de l’Université de Paris, distingué par sa vertu autant que par sa science, né vers 1692, mort à Paris le 23 juin 1764. — On a de lui : Vindiciae librorum deuterocanonicorum Veteris Testamentt, in-12, Paris, 1730, ouvrage rempli d’érudition. — Voir Journal des savants, année 1731, p. 195. 0. Rey.

    1. BARREIRA Isidore##

BARREIRA Isidore, moine portugais de l’ordre du Christ, né à Lisbonne d’après les uns, à Barreira, d’où lui viendrait son nom, selon d’autres, fit profession le 7 mars 1606 au monastère de Thomar, où il mourut en 1634 ou 1648. Il a laissé un traité sur les plantes de la Bible : Tractado das signiftcaçôes das plantas, flores e fructos que se referem na Sagrada Escriptura, tiradas das divinase humanas letras, com brèves consideraçôes, in-4°, Lisbonne, 1622 et 1698. Cet ouvrage, écrit en portugais, devait avoir un tome second qui n’a jamais été imprimé, quoique l’auteur l’eût composé. Le traité de Barreira est instructif, curieux et rempli d’érudition biblique. La première édition de ce livre est la meilleure.

— Voir Silva, Diccionario bibliographico portuguez, t. iii, (1859), p. 234. 0. Rey.

    1. BARREIRO ou de Barreiros##

BARREIRO ou de Barreiros, Gaspar, en religion François de la Mère de Dieu, Portugais, d’abord chanoine d’Évora, puis frère mineur de la Régulière Observance, professeur de théologie, mort à un âge avancé le 6 aflût 1574. Il a laissé, entre autres ouvrages : Commentarius de regione Ophir apud sacram paginant commemorata, qui fut d’abord imprimé à Coïmbre, en 1561, in-4°, par Alvarez, à la suite delà Cosmographia hispanica, gallica et italica, du même auteur. Ce commentaire fut réimprimé séparément à Anvers, en 1600, in-8°, par Jean Bellère. — Voir Fr. da Silva, Diccionario bibliographico portuguez, t. m (1859), p. 123.

P. Apollinaire.

    1. BARRETT John##

BARRETT John, savant anglais, né en 1753, mort le 15 novembre 1821, vice-proviseur du collège de la Trinité à Dublin. Il fut professeur de langues orientales ; sa mémoire prodigieuse n’oubliait presque rien ; son originalité n’était pas moindre. Il a publié le manuscrit grec du Nouveau Testament connu sous le nom de Codex Z Dublinensis rescriptus ; il l’assigna au vie siècle, et cette date a été adoptée depuis. Evangelium secundum Matlhxum ex codice rescripto in Bibliotheca collegiiSS. Trinitatis, juxta Dublin, cui adjungitur appendix collationem codicis Montfortiani complectens, in-4°, Dublin, 1801. Le texte de ce manuscrit palimpseste y est exactement gravé en lxiv tables. — Voir Dublin University Magazine, t. xviii, p. 3c0 ; L. Stephen, Dictionary of national Biography, t. iii, p. 282. E. Levesque.

    1. BARRINGTON##

BARRINGTON (John Shute, vicomte), né en 1678 à Theobalds, dans le Hertfordshire, mort à Becket le 14 décembre 1734. Son père, Benjamin Shute, était simple négociant de la province de Leicester. Après avoir étudié à Utrecht pendant quatre ans, John Shute revint à Londres suivre des cours de droit. Créé vicomte Barrington en 1720, il fut député de Berwick au parlement. Locke fut son maître et son ami. Très versé dans les sciences sacrées, Barrington publia des Miscellanea sacra, 2 in-8°, Londres, 1725. Une seconde édition en fut donnée à Londres, 3 in-8°, 1770, par les soins de son fils. Enfin ses œuvres ont été publiées sous-ce titre : Theological Works, 3 in-8°, Londres, 1828. On trouve dans cet ouvrage des dissertations sur l’histoire des apôtres ; — sur les dons merveilleux du Saint-Esprit à l’âge apostolique ; — sur l’époque où Paul et Barnabe devinrent apôtres ; — des

notes sur la tentation et la chute ; — sur Lévitique, xvii ; sur I Petr., iii, 17, 22 ; Gal., iii, 16 ; Hebr., xii, 22, 25. Voir L. Stephen, Dictionary of national biography, t. iii, p. 291. E. Levesque.

    1. BARSABAS##

BARSABAS (Bapaaêâi, « fils de Sabas » ), surnom 1° du Joseph qui fut proposé pour remplacer Judas dans le collège apostolique, Act., i, 23, et 2° de Jude, qui fut envoyé à Antioche avec Paul, Barnabe et Silas. Act., XV, 22. Ce surnom, tiré de la désignation du père, distinguait ces deux personnages d’autres Joseph et d’autres Jude ou Judas. Quelques-uns ont supposé, à cause de l’identité du nom de leur père, que Joseph et Jude Barsabas étaient frères. Voir Joseph Barsabas et Jude Barsabas.

    1. BARSAÏTH##

BARSAÏTH (hébreu, au ketib : Binât, « trous, blessures ; » au keri : Birzâit, « source de l’olivier ; » Septante : Bep6a16 ; Codex Alexandrinus : BepÇaié), nom dans la généalogie des descendants d’Aser. I Par., vii, 31. « Il (Melchiel) est le père de Barsaïth. » Barsaïth peut être ou un nom de femme ou un nom de lieu. Dans ce dernier cas, « père de Barsaïth » signifierait « fondateur de Barsaïth ». C’est en ce sens que l’on dit : « père de Cariathiarim, père de Bethléhem, » etc. I Par., ii, 50, 51. Mais on n’a nulle trace d’un lieu de ce nom. E. Levesque.

    1. BARTH Paul##

BARTH Paul, orientaliste allemand, né à Nuremberg le 20 décembre 1635, fit ses études à Altdorf. Après avoir rempli diverses fonctions ecclésiastiques, il devint diacre de Saint-Sebald à Nuremberg, en 1675. Il mourut dans cette ville, le 4 août 1688. Il était très versé dans les langues orientales. La bibliothèque de Nuremberg conserve un ouvrage écrit de sa propre main : Versio Evangeliorum Actorumque apostolicorum arabica, cum latina ejusdem translations junctim apposita. — Voir Jocher-Adelung, Allgem. GelehrtenLexicon, t. i, col. 1460.

É. Levesque.

1. BARTHÉLÉMY (Bap80Xo(iaïoç, c’est-à-dire Bar* Tolmaï, « fils de Tolmaï » ), un des douze Apôtres. Bien que les Juifs aient pu quelquefois identifier le nom de UoXojiaïo ; avec celui de IrroXe(iato ?, Josèphe, Ant. jud., XIV, viii, 1> et Bell, jud., i, ix, 3, il est certain que Tolmaï fut un nom absolument juif. Dans la Bible hébraïque, nous trouvons, en effet, Jos., xv, 14 et II Reg., xiii, 37, J’aimai (Septante : ®oXa^.£ et ©o^i), qui devien. nent Tholmaï et Tholomaï dans la Vulgate. Le Talmud parle d’un Bar-Thalmia et d’un Bar-Thalmon qui étaient Juifs d’origine. V. Schottgen, Horæ hebraicx (in Matth., x, 3). Celui qui porta ce nom et qui fut le père de l’apôtre fut certainement Israélite de race et d’éducation, et non pas un personnage se rattachant de quelque façon que ce soit à la famille des Ptolémées. On s’est demandé pourquoi les synoptiques, dans leur catalogue apostolique, Matth., x, 3 ; Marc, iii, 18 ; Luc, vi, 14, ont toujours désigné par le nom ds son père le collègue de Philippe, inscrit régulièment le sixième, sauf au livre des Actes, i, 13, où il descend d’un rang. Plusieurs supposent que si Barthélémy n’est autre que Nathanaël, les écrivains sacrés ont voulu éviter le rapprochement de deux noms, Nathanaël et Matthieu, qui présentent la même signification étymologique, et peuvent se traduire l’un et l’autre par Théodore ou « don de Dieu ». Le Camus, Vie de Notre-Seigneur, t. r, p. 124. Mais cette explication est insuffisante, au moins dans la liste de saint Matthieu et des Actes, où ces deux noms se trouvent séparés. C’est donc une singularité qu’il faut accepter, sans parvenir à nous l’expliquer, nous souvenant que bien d’autres étaient couramment désignés par le nom de leur père : ainsi Bar-Jona, Bar-Timée, Bar-Saba. En dehors du nom, les synoptiques ne nous apprennent plus rien de cet apôtre. Dans cette absence de tout document, on s’est mis à examiner de plus près les listes apostoliques, pour essayer d’eu faire sortir quelque 1471

    1. BARTHÉLÉMY##

BARTHÉLÉMY, APOTRE — BARTHÉLÉMY DE 0RAGANCE

1472

indication ; et il semble que la perspicacité des exégètes s’est exercée ici avec quelque succès.

On a d’abord observé que, sauf dans le livre des Actes, Barthélémy est toujours associé avec Philippe. Quel lien pouvait unir ces deux hommes ? Une vieille amitié, peut-être une fraternité de vocation. Or nous lisons dans saint Jean, l, 45, que Philippe, ayant entendu pour son propre compte l’appel de Jésus, courut annoncer à son ami Nathanaël la grande nouvelle, et l’inviter à venir voir de ses propres yeux le jeune Messie des Juifs. Ainsi il prépara sa vocation à la foi et à l’apostolat. Il est remarquable, en effet, que, d’après saint Jean, ce Nathanaël, dont ne parlent jamais lès synoptiques, fut, jusqu’à la fin, du groupe apostolique. Au chap. xxi, 2, il se trouve en effet classé parmi les disciples à qui Jésus apparaît pour la troisième fois, ꝟ. 14 ; or nous savons que ces disciples sont le groupe des Douze. À n’en point douter, Jean a vu dans Nathanaël un des Apôtres. C’est pourquoi il le nomme en l’intercalant parmi les apôtres Simon Pierre, Thomas et les fils de Zébédée. Si peu qu’on veuille bien peser toutes ces choses, ne trouve-t-on pas naturel qu’ayant été appelé des premiers à voir de près le Maître qui le salua sympathiquement comme un caractère loyal et vrai fils des croyants, Nathanaël soit devenu l’un des Douze ? Cependant il n’est jamais nommé dans les synoptiques, pas plus que Barthélémy n’est nommé dans saint Jean. On a donc été amené à supposer pour tous ces motifs, et plus particulièrement en raison de son association perpétuelle avec Philippe, que, sous deux noms différents, le nom patronymique et le nom propre, Barthélémy et Nathanaël ne sont qu’un seul et même personnage ? La plupart des exégètes modernes le pensent, et malgré le sentiment contraire de saint Augustin, Ira Joa. tract, vii, 17, t. xxxv, col. 1445, et de saint Grégoire, Mor. in Job, xxxi, 24, t. lxxvi, col. 693, nous partageons leur avis.

Nathanaël, fils de Tholmaï, était de Cana. On nous y a montré le site traditionnel de sa maison. Quelle physionomie intéressante que celle de ce disciple de la première heure ! Il est regrettable que saint Jean, après l’avoir si heureusement ébauchée dès le début de son Évangile, ne l’ait pas achevée plus tard. On sait avec quel calme réfléchi et par quelle objection il accueillit l’enthousiaste Philippe, qui accourait pour lui annoncer l’apparition du Messie. Joa., i, 45-46. Sa nature paraît avoir été méditative et réservée. Quand Jésus l’avait vu sous le figuier, il priait, ou du moins était préoccupé de graves pensées. Quand il s’entend louer, loin de se livrer aussitôt, il dit froidement : « D’où me connaissez-vous ? » Jésus donne alors le signe que sa foi demande. Il l’a vii, non pas seulement à distance et à travers les obstacles, sous le figuier, mais surtout il l’a pénétré jusque dans le fond de son àme, et l’honnête homme, si rude soit-il au premier abord, vaincu par cette révélation dont nous soupçonnons l’importance, sans toutefois en lire le dernier mot dans l’Évangile, s’écrie : « Maître, vous êtes le Fils de Dieu, le roi d’Israël ! » Joa., i, 49. Avec énergie le vrai Israélite rend hommage à son véritable roi. Après cette belle profession de foi, qui, dès le premier jour, atteint presque celle que Jésus arrachera seulement trois ans après au collège apostolique, dans la personne de Pierre, il n’est plus question de Nathanaël, sinon au dernier chapitre de saint Jean, où nous le trouvons prenant part à une pêche, et favorisé, comme les autres, d’une des plus consolantes apparitions du Sauveur. Joa., xxi, 2. Sous le nom de Barthélémy, il figure encore à la Pentecôte, Act., i, 13 ; puis le silence le plus complet se fait sur lui dans nos saints Livres.

D’après Eusèbe, H. E., v, 10, t. xx, col. 456, lorsque, vers la fin du ir 3 siècle, saint Pantène, ce philosophe fondateur de l’école des catéchètes, à Alexandrie, pénétra dans les Indes pour y annoncer Jésus-Christ, il y trouva l’Évangile de saint Matthieu en hébreu ou syro-chaldaique, et on lui dit qu’il avait été apporté là par l’apôtre

Barthélémy. Saint Jérôme reprend, comme cela lui arrive souvent, pour son propre compte, le récit d’Eusèbe, en ajoutant que Pantène rapporta à Alexandrie un exemplaire de cet évangile de saint Matthieu. De Vir. illust., 36, t. xxiii, col. 651. Que faut - il entendre par les Indes ? Ce n’est pas facile à dire, car les anciens désignaient vaguement par ce nom tous les pays de l’Orient inconnu, au delà de l’empire des Romains et des Parthes. D’après Rufin, H. E., i, 9, t. xxi, col. 478, et Socrate, H. E., i, 19, t. lxvii, col. 125, Barthélémy serait allé évangéliser l’Inde qui touchait à l’Ethiopie. Sophrone, ou du moins l’auteur qui a ajouté les Apôtres aux Hommes illustres de saint Jérôme, suppose, au chap. vii, Pair, lat., t. xxiii, col. 722, que ces Indes furent l’Arabie heureuse. Œcumenius, Duodecim Apostolorum nomina, dans ses Commentaria, in-f », Paris, 1631, p.e v b, et Nicétas, t. cv, col. 208, affirment à peu près la même chose. Dans l’homélie sur les Douze, qui se trouve parmi les œuvres de saint Chrysostome, t. lix, col. 495, il est dit que Barthélémy enseigna la tempérance aux Lycaoniens, ce qui supposerait une mission de cet apôtre en Asie Mineure. Il se serait trouvé à Hiérapolis avec saint Philippe, et y aurait courageusement souffert pour la foi. De là il se serait dirigé vers l’Orient, à travers le pajs des Parthes et l’Arménie. C’est à Albanopolis, ville de ces contrées, qu’il aurait été selon les uns décapité, et selon les autres, dont l’opinion est consignée dans le Bréviaire romain, écorché vif et crucifié par l’ordre d’Astyage, dont il avait converti le frère, Polymius, roi d’Arménie. Mais, outre que les témoignages sur lesquels on voudrait s’appuyer pour dégager quelque chose de probable sur la vie apostolique et le martyre de Barthélémy sont peu autorisés, ce qui demeure évident, quand on les compare, c’est qu’ils se contredisent. L’art chrétien représente l’apôtre tantôt écorché, tantôt avec le couteau qui servit d’instrument pour son supplice, Ch. Cahier, Caractéristiques des Saints, p. 52, 673 ; cf. p. 288. Théodore le Lecteur, Hist., . ii, t. lxxxvi, l re part., col. 212, affirme qu’en 508 l’empereur Anastase fit élever un temple magnifique à Daras, en Mésopotamie, pour y recevoir les restes de saint Barthélémy, et Procope, JEdif., lib. ii, c. ii, édit. de Bonn, t. iii, p. 214, parle, en effet, d’une église qui y était dédiée à ce saint. Après avoir été transportées dans l’île de Lipari et puis à Bénévent, les reliques de l’apôtre sont aujourd’hui vénérées à Rome, dans l’église de Saint-Barthélemy-en-1’Ile. Voir notre Vie de Notre - Seigneur Jésus-Christ, t. i, p. 424 et 267 ; Tillemont, Mémoires, t. i, p. 387- ; Cave, Lives of the Apostles, p. 387-392. E. Le Camds.

2. BARTHÉLÉMY (ÉVANGILE DE SAINT). Le catalogue gélasien des livres apocryphes mentionne un s évangile apocryphe au nom de l’apôtre Barthélémy ». : les catalogues grecs d’apocryphes ne le mentionnent point. C’était, conjecture-t-on, un évangile gnostique. Il n’a rien de commun avec « l’évangile de Matthieu « .Voir col. 1469. Bède, Exposit. in Luc, i, proœm., t. xcii, col. 307, commentant les premiers mots de l’Évangile de saint Luc, rappelle que plusieurs se sont efforcés de narrer les faits évangéliques, et que quelques-uns ont mis en tête de leurs récits les noms de Thomas, de Barthélémy, de Mathias, des « Douze apôtres », de Basilide, d’Apelle. Ce texte de Bède n’est qu’une adaptation d’un texte de saint Jérôme, Comment, in Matth., prolog., t. xxvi, col. 17, qui, lui aussi, commentant le même verset de saint Luc, rappelle les évangiles apocryphes « selon les Égyptiens »,-et de Thomas, de Mathias, de Barthélémy, des « Douze apôtres », de Basilide, d’Apelle, etd’autres qu’il seraittrop long d’énumérer. On pense que saint Jérôme a pu emprunter cette information à Origène. L’évangile apocryphe de saint Barthélémy n’a pas laissé d’autre trace dans l’ancienne littérature chrétienne. Voir Apocryphes et Évangiles apocryphes.

P. Batiffol.

3. BARTHÉLÉMY DE BRAGANCE, aussi nommé

de Vicence, religieux de l’ordre de Saint-Dominique, naquit à Vicence d’une ancienne et noble famille de l’Italie. Cette famille portait le nom de Bragance, qui lui était venu d’un de ses fiefs, le bourg et la forteresse de Breganzeho. Le jeune Barthélémy étudia à Padoue, où il prit ï’habit des Frères Prêcheurs, si ce n’est peut-être à Bologne. Il aurait reçu l’habit religieux des mains de saint Dominique lui - même. On ignore, dit Échard, à quel âge il fit profession ; mais ce fut certainement avant l’an 1230. Vers l’an 1250, ses travaux et ses mérites appelèrent sur lui l’attention du pape Innocent IV, qui le nomma évêque de Némosie, suffragant de Nicosie, dans l’Ile de Chypre. Le même pontife l’envoya en Syrie, comme légat auprès du roi de France, saint Louis, dont il fut bientôt le confident. En 1256, il fut nommé évêque de Vicence, sa patrie, par le pape Alexandre IV. Successivement légat en Angleterre et à la cour de France, le prélat, après avoir joué un rôle considérable, mourut à Vicence en 1270.

— 1° D a commenté : la Genèse, le Lévitique, Isaïe, Ézéchiel, Jérémie, Daniel, les Machabées, le livre de la Sagesse, saint Matthieu, saint Marc, saint Jean, les Actes des Apôtres, les Épîtres canoniques. La bibliothèque des Frères Prêcheurs de Vicence possédait ces livres de la Bible, annotés et commentés de la main même de Barthélémy. — 2° Il a encore écrit un commentaire des Cantiques de la Bible, et un abrégé de ce même commentaire. — 3° Enfin il a commenté le Cantique des cantiques, ouvrage distinct du précédent, et dont voici le titre : Expositio in Cantica canticorum F. Bartholomeei Bregantii episcopi Nimonicensis ad illustrissimum regem Galliarum Ludovicum. Cette œuvre figure au catalogue des bibliothèques publiques et particulières de Venise, dressé par Tomasini. Ce commentaire, d’après ce catalogue, était dans la bibliothèque du monastère deSanFrancesco délia Vigna. — P. Échard, Scriptores ordinis Prsedicatorum, t. i, Paris, 1719, p. 254 ; Fabricius, Biblio^ theca latina, Florence, 1858, t. i, p. 169. 0. Rey.

4. BARTHÉLÉMY DE GLANVILLE. Voir GLANVILLE.

5. BARTHÉLÉMY DE MODÈNE. Voir BARBIERI.

    1. BARTHOLIN Thomas##

BARTHOLIN Thomas, célèbre médecin danois, né à Copenhague le 20 octobre 1616, et mort le 4 décembre 1680. En 1648, il fut chargé de la chaire d’anatomie à Copenhague et de la direction du musée anatomique. Ayant renoncé à l’enseignement en 1661, il fut nommé bibliothécaire et recteur de l’Université. Il était versé dans presque toutes les sciences. On a de lui : De latere Christi aperto, accédant Salmasii et aliorum de Cruce epistolse, in-8°, Leyde, 1646 ; Leipzig, 1685 ; De cruce Christi hypomnemata iv : 1° De sedili medio, 2° De vino myrrhato, 3° De corona spmea, 4° De sudore sanguineo, in-8°, Copenhague, 1651 ; in-12, Amsterdam, 1670 ; Bistoria paralytici primi ex quinto Joannis Evangelii, in-4°, Copenhague, 1647 ; Bistoria paralytici secundi ex Matth. nu et Duc. ru, în-4°, Copenhague, 1649 ; Historia paralytici tertii, in-4°, Copenhague, 1653 ; Chronolaxis Scriptorurn Veteris et Novi Testamenti sacrorum et prophetarum, in-f°, Copenhague, 1674 ; Paralytici Novi Testamenti medico et philologico commentario ïllustrati, in-4°, Copenhague, 1653 ; Bâle, 1662 ; Leipzig, 1685 ; De Morbis biblicis miscellanea medica, in-4°, Francfort, 1672, 4e édit., 1705. Cet opuscule et le précédent se trouvent dans Th. Crenii Opusciilorum quse ad historiam ac philologiam sacram spectant fasciculus V, in-12, Rotterdam, 1695. — VoirHannseus Georg, Oratio in obitum Th. Bartkolini, in-4°, Copenhague, 1680 ; Jacobæus Oliger, Oratio in Th. Bartkolini obitum, in-4°, Copenhague, 1681 ; Chr. V. Brunn, Bibliotheca danica, 2 in-8°, Copenhague, 1872, t. i, p. 94 et 134 ; Journal des savants, année 1695, t. xxiii, p. C22.

E. Levesqtie.

DICT, DE LA BIBLE.

    1. BARTIMÉE##

BARTIMÉE (BapTf(t « ioi ; , « fils de Timaî » ), nom d’un des deux aveugles que Jésus, montant pour la dernière fois à Jérusalem, guérit à Jéricho. Marc, x, 46-52. C’est celui qui se mit à crier : « Seigneur Jésus, fils de David, ayez pitié de moi ! » et son compagnon d’infortune en fit autant. Quand la foule, qui avait voulu d’abord leur imposer silence, eut dit que Jésus consentait à les guérir, et leur eut donné bon courage, puisqu’il les appelait, Bartimée jeta le manteau dans lequel il était accroupi et courut au-devant de Jésus, comme si déjà il n’était plus aveugle. Ils furent guéris tous deux. C’est probablement à la vivacité de sa foi, et peut-être au rôle qu’il joua plus tard dans l’Église naissante, que Bartimée a dû de voir son nom passer à la postérité. E. Le Camus.

BARTOLOCCI Julius(a Sanctavnastasia), né en 1613 à Celanno, dans les Abruzzes, mort à. Rome le 20 octobre 1687. Il fit profession à Rome, dans la congrégation des réformés de saint Bernard, de l’ordre de Clteaux. Envoyé en Piémont, il étudia la théologie à Mondovi et à Turin. Dès lors il laissa voir son goût pour les antiquités hébraïques. Il parcourut la plupart des bibliothèques d’Italie, et revint à Rome, où il enseigna l’hébreu au collège des néophytes, et fut nommé scriptor hébraicus à la Vaticane. Il profita des ressources que lui offrait la ville, si riche en bibliothèques, et des relations qu’il s’y créa, pour rassembler les matériaux de ses ouvrages. L’estime dont il jouissait dans sa congrégation l’arracha plusieurs fois à ses études et lui fit confier diverses charges. Il fut supérieur de Saint-Bernard de Brisighella et du monastère de même nom aux thermes de Dioclétien, plusieurs fois supérieur de la province romaine, enfin abbé de Saint-Sébastien ad Catacumbas. Il jouit de l’estime d’Inuocent XI, auquel il dédia le deuxième volume de sa Bibliothèque rabbinique. Il mourut d’apoplexie. — Son principal ouvrage est la Bibliotheca magna rabbinica de scriptoribus et scriptis hebraicis ordine alphabetico, hebraice et latine digestis, 4 in-f°, 1675-1694. Le quatrième volume, auquel il travaillait au moment de sa mort, fut publié par son disciple Imbonati, qui y joignit plus tard un cinquième volume, intitulé Bibliotheca latino-hebrœa. On a aussi de Bartolocci : Liber Tobise, filii Tobielis, en hébreu, avec version latine interlinéaire, indication des racines les plus difficiles, et commentaires d’après les rabbins. Cet ouvrage n’a pas été imprimé. Sa Bibliothèque rabbinique surpassa de beaucoup ce qu’avaient fait avant lui les Buxtorf, Jean Plantavit de la Pause et Hottinger. Wolf la prit pour base de sa Bibliotheca hébrma, et c’est grâce à Bartolocci qu’il a pu donner une aussi grande perfeetion à son œuvre. Richard Simon la critiqua vivement à son apparition, tout en reconnaissant sa valeur et son utilité. Il reproche à l’auteur de manquer de jugement dans le choix de ses matériaux, de eroire trop facilement aux fables des rabbins sur les origines de leurs livres, et même de né pas les avoir toujours compris. Ce jugement a été généralement ratifié par les auteurs qui se sont occupés de cet ouvrage. L’érudition de Bartolocci est en défaut sur certains points importants. Il a inséré dans sa collection des auteurs qui sont loin d’être Juifs, soit qu’il les ait crus tels, comme Moïse Amirauld et Nicolas de Lyre ; soit à cause de leurs écrits, comme Aristote et saint Thomas d’Aquin. Ce qui prouve néanmoins la valeur de cet ouvrage, ce sont les nombreuses dissertations que lui a empruntées Biaise Ugolini pour son Çàe§£fâ rus antiquitatum, les citations qu’en fait Calmet IflfMa Bibliothèque sacrée, Paris, 1728, et le profit qu’en a tiré Chérubin de Saint-Joseph pour sa Bibliotheca critiose sacrse, Louvain et Bruxelles, 1704-1706.

On trouve dans l’Histoire des Juifs depuis Jésus-Christ jusqu’à présent, pour servir de supplément à l’histoire de Josèphe (par J. Basnage, revue par Ellies Dupin), in-12, Paris, 1710, t. vil, p. 155-310, un catalogue alpha I. — 49

bétique des principaux rabbins et de leurs ouvrages, tiré de Bartolocci. — Voir Richard Simon, Bibliothèque critique, in-12, Paris, 1708, 1. 1, c. xxv ; Jean Le Clerc, Bibliothèque ancienne et moderne, Amsterdam, 1821, t. xvi, ne part., p. 323 ; Morozzo, Cistercii reflorescentis chronologica historia, Turin, 1690 ; J. Petzholdt, Bibliotheca bibliographica, 1866, p. 429. J. Olivieri.’BARUCH. Hébreu : Bârûk, « béni ; » Septante : BapoûxNom de quatre personnages bibliques.

1. BARUCH, prophète, disciple et secrétaire de Jérémie. I. Notice sur Baruch. — Baruch, fils de Nérias, était frère de Saraïas, un haut personnage de la cour de Sédécias. Jer., Ll, 59. On ne sait ni quand ni comment il se lia avec Jérémie. Il apparaît soudain comme son disciple et son secrétaire. Il écrivit sous sa dictée un volume de prophéties, qu’il lut un jour d’une des cellse du temple au peuple assemblé. Joakim, dont le livre traversait les secrets desseins, se le fit apporter, en lut trois ou quatre pages, et le jeta au feu. Il ordonna même d’arrêter l’auteur et l’écrivain, mais Dieu les cacha et les sauva. La même année, peu après, Jérémie prit un autre parchemin, et Baruch y écrivit, outre les prophéties déchirées, d’autres prophéties que son maître lui dicta. Jer., xxxvi, 4-32 ; xlv. Il eut un instant de découragement, mais Dieu releva son courage, en lui promettant la vie sauve, quand viendrait « le jour de Jérusalem ». Ce jour vint, en effet, et le prophète échappa. Il fut même traité avec faveur par Nabuzardan, qui le laissa libre, ainsi que Jérémie, de rester en Judée ou de partir. Il se retira avec son maître à Maspha, où Godolias avait rassemblé les tristes restes des Juifs laissés dans leur pays. Godolias ayant été tué par trahison, la petite colonie voulut fuir en Egypte. Jérémie, consulté, s’y opposa. On rejeta sur Baruch l’opposition du prophète. On passa outre, et on les emmena tous deux à Taphnis, à l’entrée de l’Egypte. Jer., xliii. — Cinq ans après, en 583, Baruch se retrouve à Babylone, où Jérémie sans doute l’avait envoyé. II y lisait, au jour anniversaire de la prise de Jérusalem, un écrit composé par lui, et dont la lecture fit sur les captifs présents un grand effet. Il fut renvoyé avec ce livre, une lettre et quelques offrandes, à Jérusalem, aux frères restés au milieu des ruines. Puis il rejoignit son maître en Egypte. Là s’arrête l’histoire. — La tradition et la légende ajoutent plusieurs traits. ^Voici ce qu’elles disent. Tradition chrétienne : Tous deux, le maître et le disciple, seraient morts en Egypte, lapidés par leurs ingrats concitoyens. Légendes juives : Tous deux auraient été ramenés d’Egypte en Chaldée, en 578, par Nabuchodonosor, et seraient morts à Babylone. Autre légende : Baruch s’y serait réfugié après la mort de Jéfémie, et y serait mort en 576, et même beaucoup plus tard. Autre légende : Il aurait été le maître d’Esdras, lequel ne serait monté en Judée qu’après la mort du vieux prophète. Tout cela est incertain, et même en partie incroyable. Voir Kneucker, Bas Buch Baruch, p. 2-4. — Le livre dit de Baruch est formé d’un écrit dont il est l’auteur, et d’une épltre qui est de Jérémie.

IL Analyse et division du livre. — Il s’ouvre par une courte notice historique, suivie d’une lettre. La notice est de l’auteur lui-même, qui rapporte comment il a lu son livre aux captifs réunis autour de lui, nommément àJéchonias, et comment ils en ont été très émus. La jpHgb0t des exilés eux-mêmes, qui l’envoient par Baruch ^iPlëjïrs frères de Jérusalem ; ils les invitent à offrir à Dieu, dans le temple, un sacrifice ((livva ; hébreu : minhah) avec le peu d’argent qu’on leur remettra ; à prier « pour la vie de Nabuchodonosor, roi de Babylone, et pour la vie de Baltassar son fils » ; à lire entre eux, aux jours de fêtes, le livre qui leur sera apporté par Baruch, son auteur (i, 1-14). — D. y a dans ce livre, selon l’opinion commune et ancienne, deux parties distinctes.

La première (i, 15-m, 8) est une prière et une humble confession du peuple repentant. À Jéhovah notre Dieu la justice, à nous et à nos pères la honte et la confusion ; car du jour où nous fûmes tirés de l’Egypte, nous n’avons guère cessé d’être inattentifs, incrédules, insoumis aux prophètes. Nous avons péché par désobéissance. Aussi Dieu a-t-il amené sur nous les maux dont il nous menaçait par ses serviteurs les prophètes ; nous avons été livrés à tous les rois d’alentour, dispersés parmi les peuples ; « mis au-dessous et non pas au-dessus » ( ii, 5). — Nous le confessons, nous avons péché, nous avons agi en impies, ô Jéhovah notre Dieu. Mais arrêtez votre colère, écoutez notre prière, et délivrez-nous à cause de vous et de votre nom, à cause de notre pénitence et des maux extrêmes que nous souffrons dans cette servitude, à cause enfin des promesses que vous avez faites de nous ramener dans le pays de nos pères, pour n’en plus sortir. — Et maintenant, ô Dieu tout-puissant, exaucez-nous. Ayez pitié de nous, parce que vous êtes bon et que nous avouons nos crimes. Oubliez les iniquités de nos pères ; car vous êtes notre Dieu, loué par nous, dispersés et captifs. — Tout porte à croire que cette prière touchante devint très vite familière au peuple affligé. On la répéta partout, et c’est ce qui explique qu’on en retrouve des traces dans Daniel, ix, 6, 15. — La seconde partie (m, 9-v, 9) est une exhortation du prophète au peuple. Le peuple se flétrit (bâlâh) en terre étrangère. Pourquoi ? C’est parce qu’il a abandonné la sagesse. Mais où est-elle, cette sagesse ? qui la connaît ? qui peut la révéler ? Ce ne sont ni les rois et les grands, ni les sages de Théman, ni les peuples qui se livrent au négoce : ils n’ont pas connu la sagesse, ils ne sauraient la révéler. Dieu seul, omniscient, créateur et modérateur du monde, sait où elle repose. Il l’a révélée à Jacob son fils, à Israël son bien-aimé. Puis il l’a fait apparaître sur la terre et converser avec les hommes ; c’est la Loi, c’est le livre des préceptes de Dieu. Soyez sans crainte, ô Israël ! Vous êtes livré au malheur. Jérusalem, que le prophète fait parler, s’en plaint, et aux nations voisines, et à ses fils eux-mêmes, qu’elle dit ne pouvoir pas secourir : ils ont péché, c’est pourquoi Dieu fait tomber sur eux tous les maux. Mais tout cela changera. Les dispersés reviendront d’orient et d’occident, pleins de joie et d’honneur. Jérusalem ensuite est invitée à se revêtir de gloire et de magnificence. Ses fils, qu’elle a vus partir captifs, lui reviendront portés comme sur des trônes. Ils reviendront par des chemins aplanis, ombreux et pleins de lumière : l’allégresse, la miséricorde et la justice de Dieu seront avec eux. Tel est le sujet du livre de Baruch.

III. Unité du livre. — L’analyse qui précède met cette unité hors de doute. Une même pensée domine, en effet, dans les deux parties, et l’une appelle l’autre » l’humiliation et l’aveu de la justice du châtiment se lient naturellement au relèvement et à la gloire. C’est là l’opinion catholique. Plusieurs écrivains affirment le contraire et distinguent dans le livre deux (et même trois) écrits séparés ; mais les raisons sur lesquelles ils s’appuient sont très faibles. Ils disent 1° que la langue et le style sont bien différents dans les deux parties : la première en général ne vaut pas la seconde à cet égard. Soit, mais cette différence admise s’explique autrement que par la diversité d’origine ; on l’explique mieux par la diversité du sujet, ce qui en outre est plus naturel. Ils disent 2° que les références scripturaires ne sont pas les mêmes dans les deux parties : Isaïe est cité dans la première, et Jérémie surtout dans la seconde. Soit, mais cela ne prouve rien. D’ailleurs ce n’est pas absolument exact. Ils disent enfin 3° que l’on constate dans la seconde partie des traces de philosophie grecque et des termes alexandrins qui ne se trouvent pas dans la première. Il n’en est rien, car la philosophie de ce livre est empruntée, non pas aux écrits alexandrins, mais à l’Écriture elle - même, à Job nommément. Quant aux mots un

BARUCH

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censés alexandrins, 0. Fritzsche, qui a trouvé cette preuve, n’en cite que trois : iii, 23 ((luSôXo’yoi) ; iii, 24 (4 ofxoç toO 6soû = l’univers) ; iv, 7 (gaipiôvia = idoles). Un de ces trois mots, le second, est biblique, car on le voit déjà Gen., xxviii, 17 ; les deux autres sont très probablement du traducteur, qui, imitant en cela les Septante, a rendu en style grec l’idée plutôt que le terme hébreu. Knabenbauer, Comment, m Danielem, p. 444. Il n’y a donc aucune bonne raison pour s’écarter du sentiment commun et croire avec quelques rationalistes, contredits d’ailleurs par d’autres, que le livre est formé de deux ou trois écrits juxtaposés.

IV. Auteur du livre. — Il n’est pas douteux que Baruch ne soit cet auteur. Il n’aurait fait, dit-on, qu’  « écrire », i, 1, ce que dictait Jérémie ; mais c’est faux. Il a composé lui-même son livre. On le prouve par la tradition tout entière, qui n’a jamais varié. On peut aussi le prouver par le livre lui-même. On y lit, i, 1 : « Ces paroles sont celles du livre qu’écrivit Baruch. » On doit croire à cette assertion, à moins qu’elle ne soit montrée fausse. Or tant s’en faut qu’elle soit fausse, que tout, au contraire, en établit la vérité. Les données du livre coïncident, en effet, avec ce que l’on sait par ailleurs de Baruch et des temps où il vécut. Comme disciple et scribe de Jérémie, il doit a priori imiter le mode de penser, le style et les procédés de son maître. C’est ce qui a lieu. Les grands traits de son livre : — que Dieu punit justement les Juifs coupables ; qu’ils ont violé ses préceptes dès l’origine, malgré les avertissements des propriétés ; que Dieu, qui veille, a amené sur eux les maux dont ils souffrent ; qu’ils ne doivent pas, malgré cela, désespérer, car un temps de restauration et de gloire va venir, — sont aussi la trame des prophéties de Jérémie. Quelques-unes de ses expressions, les caractères de son hébreu, autant qu’on en peut juger par une version, rappellent Jérémie. Il n’y a pas jusqu’à ses citations d’écrivains sacrés, Moïse, Isaïe, qui ne fassent souvenir de Jérémie, si coutumier de ce fait. Puis, tout ce que dit le livre, de la date où il fut écrit, de l’incendie de la ville et du temple, i, 1, 2, des vases d’argent faits par Sédécias, 1, 8 ; des prières pour Nabuchodonosor et son fils, car dans la paix de leur régne est la paix des exilés, I, 11, 12 ; Jer., xxix, 7 ; des péchés commis, de l’exil encouru par eux et qui sera très long, i, 12 ; Jer., xxix, 10, etc. : tout cela fait penser au début de l’exil ; c’est l’expression de sentiments éprouvés par l’auteur. Le livre en lui-même est donc une preuve, sinon péremptoire, du moins très probable, de la vérité de l’attribution dont il s’agit.

Les rationalistes, en général, ne sont pas de cet avis. Ils croient que ce livre n’est ni de Baruch ni de son temps, car il contient des erreurs et des invraisemblances qu’on ne s’explique pas autrement. Il y est dit que Baruch a lu son livre à Babylone, qu’il l’a lu devant Jéchonias (i, 3), ce qui ne saurait être, car, à cette date, Baruch était en Egypte, et Jéchonias vivait dans une étroite prison ; — qu’il doit remporter les vases d’argent faits par Sédécias (i, 8) : ces vases, qu’avait pillés le Chaldéen, ne sont mentionnés nulle part ; — qu’il remettra au grand prêtre Joakim de quoi offrir des sacrifices sur l’autel, dans le temple (i, 10) ; mais il n’y avait plus ni autel ni temple, et le grand prêtre d’alors, Josédek, était en exil ; — que le peuple épargné et resté en Judée priera pour Nabuchodonosor et pour son fils Baltassar (i, 11), ce qui est une invraisemblance : on ne prie pas pour ses tyrans, et une erreur : le fils de Nabuchodonosor était Évilmérodach et non Baltassar ; — que le peuple exilé et captif a vieilli (iitoCkoutâ^i ; ) en terre étrangère (m, 10), ce qui est faux, puisque la plupart n’étaient à Babel que depuis cinq ans. Enfin, ajoute-t-on, ce livre porte des traces certaines d’emprunts faits à Daniel et à Néhémie, ce qui en abaisse la date après eux et en enlève la composition à Baruch. — Tout cela est spécieux, mais cependant sans valeur. En effet, rien ne s’oppose à ce que Baruch, qui vivait avec Jérémie,

soit allé d’Egypte à Babylone, la cinquième année de l’exil, et qu’il y ait lu le livre en question. Il a très bien pu le lire’aussi devant Jéchonias, car ce roi, qui s’était rendu volontairement aux Chaldéens, paraît avoir joui en exil d’une certaine liberté, si bien que plus tard il put même s’asseoir à la table royale. IV Reg., xxv, 27-30. Nulle part ailleurs, c’est vrai, il n’est question des vases de Sédécias ; mais qu’importe ? le fait est des plus croyables, et en outre il est attesté ici. Puis, s’il est parlé de sacrifices à offrir au temple, ce n’est pas à dire que celui-ci fût encore debout : l’emplacement, les gros murs épargnés par le feu, une certaine et hâtive construction ou réparation, peuvent bien être appelés la maison de Dieu ; Jérémie, xii, 5, atteste du reste que les Sichémites y ont offert des présents, en hébreu, minhah, le même mot que dans notre texte. De plus, Joakim, à qui ces offrandes sont adressées, n’est pas traité de grand prêtre ; il est appelé simplement prêtre (ô îepeùç), sans doute le chef des lévites assemblés et vivant autour des ruines ; mettons qu’il était peut-être un vice-grand prêtre. Que s’il est dit ensuite que l’on priera pour les rois babyloniens, il n’y a rien en cela que de naturel ; car Jérémie dit absolument la même chose, quoique la captivité fût encore loin, et elle devait durer longtemps. Quant à Baltassar donné comme étant fils du conquérant babylonien, c’est une assertion de notre auteur, et je crois qu’on ne peut s’en écarter sans raison. Connaît-on bien par le détail toute l’histoire de ces temps ? Il y a quelque dix ans à peine que l’on ignorait l’existence d’un frère plus jeune de Nabuchodonosor, nommé Nabusulisia. Qui oserait nier décidément que le grand roi n’ait eu un fils du nom de Baltassar, mort avant lui et ayant laissé ses droits à Évilmérodach son frère ? N’insistons pas sur la difficulté faite avec le grec 17taXai(66ï) ;  : tout hébraïsant sait que les Septante rendent par là le verbe bdlâh, qui signifie « être flétri », sans annotation de durée. — Enfin l’imitation de Daniel, qui se voit, dit-on, dans la première partie du livre, n’est rien moins que constatée. Baruch et Daniel se ressemblent, c’est très vrai. Mais lequel des deux a imité ou copié l’autre ? Les deux textes collationnés ne permettent pas de trancher la question. Nous croyons que c’est Daniel, parce que la prière de Baruch a été lue très certainement en Israël dès la captivité, et qu’elle a continué de l’être plus tard, de sorte que Daniel, lecteur assidu de Jérémie, l’aura connue et s’en sera inspiré. Les rationalistes en définitive sont donc mal venus à rejeter pour cela l’authenticité du livre. Il est certainement de Baruch. Cornely, Introduct., ii, 2, p. 420 et suiv. ; Knabenbauer, Daniel, Baruch, p. 436 et suiv.

Du reste, assez unanimes pour nier, ils se divisent étrangement s’il s’agit de fixer la date et de nommer l’auteur : ils ont là-dessus les hypothèses les plus personnelles ; les uns en font une œuvre indivise ; d’autres y voient la réunion de deux ou trois écrits ayant chacun son auteur, auteurs d’ailleurs inconnus. La date du livre varie presque avec chaque critique : Dillmann l’attribue au IVe siècle ; Grûneberg, au temps des deux premiers Ptolémées ; Hàvernick, au temps des Machabées. H. Ewald discerne deux écrits, qu’il place, le premier, à la fin de la domination persane, l’autre, vers l’an 320. Mais ailleurs il exprime une opinion différente. E. Reuss date le premier écrit des Ptolémées, et renvoie l’autre après les guerres machabéennes. Plusieurs enfin rejettent le tout après l’an 70. J. Kneucker, qui a beaucoup étudié ce livre, est de ce nombre. Il met d’abord en doute l’historicité ttSfe récit (i, 1-14) ; bien à tort, nous l’avons vu. Puis il rapporte en détail tout le livre à la ruine de Jérusalem par Titus, en l’an 70. Le prouve-t-il ? Très certainement non. Impossible d’admettre son système. En deux mots, il croit trouver, dans le livre, la ville et le temple incendiés, détruits par Vespasien et Titus ; les Juifs tués pu vendus comme esclaves, servant de gladiateurs aux jeux du cirque, appliqués à la construction de l’amphithéâtre fia

vien, puis des thermes de Titus ; la Judée représentée en vaincue et en captive ; les tremblements de terre et même l’éruption du Vésuve ( ! ), qui désolèrent la Campanie en 79. Et il voit sérieusement tout cela dans Baruch, H, 31-35, et surtout iii, 16-18. Une opinion qui se réclame d’une pareille preuve est jugée. Les autres, celles de Grûneberg, de Hàvernick, d’Ewald, de Reuss, ne sont pas mieux fondées. Inutile de les discuter.

V. Inspiration et canonicité du livre. — Le livre est inspiré. On le prouve par les raisons ordinaires : il est probablement connu de Daniel, qui s’en sert ; fait partie de la Bible hébraïque après l’exil ; est traduit en grec et passe comme les autres dans les Septante ; les anciennes versions le possèdent, mêlé aux autres indistinctement, comme on le voit par les vieux manuscrits ; il est lii, par conséquent, dans les offices liturgiques ; il est même lu officiellement par les Juifs, tous les ans, à un jour marqué. D’autre part, il est, — à certaines exceptions près, — sur toutes les listes ou canons. Il est cité enfin par les Pères, très souvent depuis saint Irénée, comme un écrit inspiré. Voici toutes ces citations, d’après H. Reusch (Erklàrung des Buchs Baruch, p. 1-21), le P. Tailhan (dans Kilber, Analysis biblica, 1. 1, p. 428) et des recherches personnelles : Athénagore, Légat, pro chr., 9, t. vi, col. 908 ; S. Irénée, Adv. hser., v, t. vi, col. 1034, 1219 ( Bar., iv, 36, 37, et v tout entier) ; Clément d’Alexandrie, Psedag., i, 10 ; ii, 3, t. viii, col. 357, 360, 433, 436 : xaYx.i.u>t £) (ÎEta XéyEt yça^-rj, cf. S. Davidson, The Canon of the Bible, p. 101, 102 ; Origène, Hom. ri in Escod., t. xiii, col. 581 ; xiv, 254, 1000 ; S. Denys d’Alexandrie, De martyr, ad Orig., c. il (éd. romana, 1796, p. 18) ; S. Hippolyte, Cont. Noet., ii, 5, t. x, col. 805, 809 ; Tertullien, Scorp. cont. gnost., 8, t. ii, col. 137 ; S. Cyprien, De orat. dom., t. iv, col. 522 ; Firmicus Maternus, De errore, 29, t. xii, col. 1044, 1045 ; Commodien, Carm. apol., v, 371, t. xv Corp. script, eccles., Vienne, 1887, p. 139 ; S. Hilaire, t. ix, col. 482 ; t. x, col. 127, 155 ; S. Phébade d’Agen, t. XX, col. 44 ; Zenon de Vérone, t. XI, col. 410 ; S. Philastre, t. XII, col. 1265 (note c) ; S : Ambroise, t. xv, col. 181, 327, 1005 ; S. Athanase, Epist. fest., t. xxvi, col. 1176, 1436 ; t. xxv, col. 443 ; cꝟ. 450 ; t. xxvi, col. 35, 318, 50, 235, 251, 298, 547, 1023, 1214, 350 ; Didyme, t. xxxix, col. 399 ( Jeremias vero etiam aut Baruch), 467, 555, 1358, 1752 ; S. Cyrille de Jérusalem, ’Catech., iv, 31, t. xxxiii, col. 500 ; S. Méthode, t. xviil, col. 143, 374 ; Eusèbe de Césarée, t. xxii, col. 467 (taïç ÔEiatç tpwvaic), H37 ; t. xix, col. 461 ; t. xxiv, col. 947 ; S. Basile, t. xxix, col. 706 ; S. Grégoire de Nazianze, t. xxxv, col. 950 ; t. xxxvi, col. 122 ; S. Éphrem, Serm. adv. jud. (Op. syr., iii, p. 213) ; S. Basile de Séleucie, t. lxxxv, col. 439 ; Théodoret, t. lxxx, col. 1374 ; t. lxxxi, col. 759-779 (commentaire sur Baruch : Admirandus Baruch) ; S. Jean Chrysostome (édit. Gaume, 1. 1, p. 695 ; t. iv, p. 793, 794 ; t. v, p. 234, 274 ; t. vi, p. 14) ; S. Épiphane, t. xl, col. 998 [ut Scriptura dicit), 1007 ; t. xlii, col. 251, 286, 378, 814, 822 ; t. xliii, col. 166 ; Rufin, Patr. lai., xxi, 344 ; S. Augustin (édit. Gaume, t. viii, p. 405, 1136 ; t. vii, p. 652 [alius propheta], S’il ; t. x, p. 1384, 1421, 1433) ; Anonyme, De voc. Gent., Patr. lat., t. ii, col. 861 ; Paul Orose, t. xxxi, col. 1198. — Remarque : Entre toutes ces citations, il en est une qui revient incessamment, c’est celle de Bar., iii, 36-38 ; on a constaté que pendant les cinq premiers siècles plus de trente Pères avaient usé de ce texte, l’attribuant ou à Baruch ou à Jérémie, en tout cas le regardant comme inspiré. — Le livre n’a pas toujours été regardé partout comme canonique. Vers le IV 8 siècle, il n’était pas inséré au canon unanimement ; on doutait ; on niait même qu’il fut inspiré ; c’était le fait de quelques Pères, même de quelques Églises. Mais cette hésitation ne persista pas : au VIe siècle, elle avait presque complètement cessé. Le concile de Trente, après d’autres, rangea Baruch parmi les livres inspirés, sans distinction ; il en. a toute l’autorité sacrée

et canonique, car, comme ceux-ci, il a été proposé par l’Église comme ayant Dieu pour auteur.

VI. Texte et versions du livre. — Le texte primitif a été écrit en hébreu. Le seul fait d’avoir Baruch pour auteur suffirait à le montrer. Mais il y a d’autres preuves. Il fit partie du canon juif ; il fut lu officiellement dans les synagogues, ce qui indique certainement un texte hébreu. Origène d’ailleurs, nous l’avons dit, l’a marqué de ses signes diacritiques, ce qu’il ne faisait que pour les livres qu’il avait en hébreu. Du reste, un manuscrit syro-hexaplaire porte à la marge ces mots significatifs : « Ceci ne se trouve pas en hébreu, » et cela en trois endroits. Théodotion enfin a traduit l’écrit de l’hébreu. L’hébreu est donc bien le texte original. — Mais n’auraiton pas ces preuves, que le grec actuel le prouverait assez. Il est, en effet, si rempli d’hébraïsmes, qu’on ne saurait douter qu’il provient de l’hébreu. Quelques-uns pourraient à la rigueur venir d’un Juif helléniste, sachant le grec des Septante ; mais plusieurs autres ne s’expliquent que par l’hypothèse d’un hébreu original. Les voici : u.âvva (i, 10), de minhâh (Vulgate : manna) ; èpyâCs<j6cu (i, 22), de’âbad ; » v’^âpto^vi (i, 17), de’aSér ; wç i r|[iipa ocO’tï) (i, 20), de kayôm hazzéh ; $6>.&-i]mç (n, 29), de hâmôn ; ou… èxeï (n, 4, 13, 29), de’asér… sâm ; xocMo-Ôoci (v, 4), de niqrâ’; cMpwiroç (n, 3), de’îs ; àizoatokf] (il, 25), de dâbâr pour débér, etc. Voir J. Kneucker, Baruch, p. 23-29 ; cf. Reusch, Baruch, p. 72-78. La plupart des protestants, du reste, ne font pas difficulté pour admettre un original hébraïque. Que si plusieurs défendent le grec, ils sont en petit nombre, et les raisons qu’ils invoquent ne convainquent pas. Tout aussi peu croyables sont ceux qui, comme O. Fritzsche, veulent que la première partie ait été écrite en hébreu, et la seconde en grec. Quoi qu’il en soit, le texte hébreu est perdu. Origène le posséda certainement ; mais peu après lui il avait déjà disparu, car S. Jérôme ne l’avait plus. On a tenté depuis de le restituer. Un de ces essais, le meilleur, je crois, est celui de J. Kneucker. Ce n’est pas que tout y soit absolument certain, non ; il indiquelui -même par des signes les glossèmes et les leçons ou additions textuelles qu’il conjecture, mais le choix de ses mots, la forme de son texte est justifiée par les notes très riches de son commentaire. Baruch, p. 351 et suiv. La version grecque a été faite sur l’hébreu ; c’est la seule version immédiate que nous ayons. On ne sait quel en fut l’auteur. Il se pourrait que ce soit le traducteur de Jérémie, ce qui porte à le croire, c’est la ressemblance constatée entre les deux traductions, même dans leurs défauts. Cornely, Introduct., t. ii, part. ii, p. 424 ; Knabenbauer, Daniel, p. 444. Ce n’est pas l’opinion de J. Kneucker, qui exige deux traducteurs, appuyé sur les différences de version qu’il croit remarquer entre les deux parties du livre (Baruch, p. 76 et suiv.) ; mais sa conclusion n’est pas rigoureuse. Knabenbauer, Daniel, p, 444, 445. La version grecque est représentée actuellement par plusieurs manuscrits, que Fritzsche divise en trois classes, l’unecomprenanl les mss. 22, 48, 51, 231, 62, 96, auxquels on peut ajouter les mss. 36, 49, 26, 198 (en partie) et 229 ; l’autre, les mss. iii, 33, 70, 86, 87, 88, 90, 91, 228, 233, 239 ; la troisième, les mss. mixtes xii, 23, 106. On peut avoir par là en somme un texte grec très pur, notamment avec le ms. À Vaticanus et les mss. iii, xii, 22, 233, 239. J. Kneucker, Baruch, p. 92, 93 et 97. — La version latine vient du grec, c’est l’ancienne Itala avec ses défauts et ses. qualités. S. Jérôme n’a pas touché à ce livre, on le sait. On peut dire qu’elle rend le grec servilement : on le voit à la latinisation de mots grecs, aux provincialismes ; qui s’y trouvent, et à l’usage des pronoms ille, ipse, qui tiennent lieu de l’article grec. Knabenbauer, Daniel, p. 445. On a deux recensions de ce texte : l’une que l’on, -appelle Vêtus latina a, l’autre Vêtus latina b ; celle-ci diffère de la première par plus d’élégance, de brièveté en général, par quelques additions et des sens divers. La première donne le texte grec vulgaire, l’autre le textuz

receptus, lorsqu’elle s'écarte de sa voisine. Du reste, on n’est pas encore fixé sur le rapport exact de ces deux recensions. On les trouve dans Sabatier, Bibl. sacr. lat. Vers, ant., Paris, 1751, t. ii, p. 773 et suiv., et dans Bibl. Cassinens., i, 284-287. Cf. J. Kneucker, Baruch, p. 141-163. les autres versions anciennes médiates, syriaques (deux), copte, . éthiopienne, arabe, arménienne, ont moins d’importance. Voir J. Kneucker, qui en fait la critique, Baruch, p. 163 et suiv.

VII. Prophéties messianiques du livre. — On regarde .comme prophéties messianiques Bar., ii, 34, 35 ; iv, 37-v, 9, et surtout iii, 36-38. On en prouve la messianité par les raisons connues : raisons d’autorité et raisons tirées du sujet. Ne parlons pas des deux premières, ce sont des prophéties très générales, comme on en trouve plusieurs ; elles renferment trois grandes idées ; 1° le retour d’Israël et

le sujet logique du ꝟ. 37 est le Messie. Le syriaque est comme la Vulgate, il rapporte ces verbes au Messie, la Sagesse personnelle, témoignant ainsi que ce texte est messianique. La tradition du reste est explicite à cet endroit. Voir Knabenbauer, Baruch, p. 488, 489, donnant les noms de vingt-cinq Pères ou écrivains grecs et latins qui entendent ce passage du Messie. Cf. H. Reusch, Baruch, Anhang, p. 268-275. À vrai dire, on l’interpréterait difficilement en un autre sens ; c’est pour cela peutêtre que quelques rationalistes en nient l’authenticité. J. Kneucker, Baruch, p. 311-313. Voir, pour l’interprétation de ces prophéties, L. Reinke, Beitràge zur Erklârung des Alten Testament, t. iv, Munster, 1855, xii.

VIII. Épître de Jérémie, Bar., vi. — Les manuscrits grecs, en général, séparent cette lettre du livre même de Baruch ; c’est un écrit distinct, qui vient après les Lamen 454. — Procession des dieux. D’après Laj-ard, Monuments of Nineveh, t. i, pi. 65.

son expansion par tout l’univers ; 2° la paix et le bonheur au sein duquel il vivra éternellement ; 3° l’action propre de Dieu, cause de ce retour et de cette félicité. Voir spécialement Bar., v, 1-5 : c’est une très poétique description de la Jérusalem du retour, ou mieux de l'Église. — ^Expliquons la troisième prophétie. En voici le texte :

Tel est notre Dieu,

Et nul autre ne lui est comparable.

C’est lui qui sait et possede’toute sagesse :

Et il l’a donnée à Jacob, son serviteur,

Et à Israël, son bien-aimé.

Après cela on l’a vue sur la terre,

Et elle a conversé parmi les hommes. Bar., iii, 36-38.

Il s’agit dans tout ce chapitre de la sagesse. L’auteur en cherche les origines. Ayant dît qu’elle ne s’acquiert ni par or et argent, ni par force et pouvoir, ni par échange, il .affirme enfin qu’elle est en Dieu ; c’est lui, le Dieu unique et vivant, qui la possède toute ; c’est lui qui l’a donnée à Israël en lui donnant la Loi : la Loi est cette sagesse. Après cela (nz-à toûto), on l’a vue sur la terre, et elle -est entrée en rapport avec l’homme..Grammaticalement parlant, le sujet des deux verbes ù'ç6r| et o-uvav « rrpâ(pr| (ꝟ. 37) est la sagesse, c’est certain. La sagesse de Dieu, est-il donc dit, s’est manifestée en Israël par la Loi et la Révélation, au Sinaï, dans le désert, dans Sion, au temple, par les prophètes. Sa suprême manifestation s’est faite dans le Messie, la Sagesse personnifiée et incarnée, qui s’est préparé les voies en Israël par la Loi et les prophètes. Voir Knabenbauer, Baruch, p. 489. C’est pourquoi

tations. Il n’est pas douteux qu’il ne soit de Jérémie. L’entête, en effet ( vi, 1), le donne comme étant de lui, et il n’y a aucune espèce de raison pour révoquer en doute cette attribution. On objecte bien que la lettre a été écrite en grec, et qu’elle recule le temps et la durée de l’exil après sept générations, tittâ y ev - a c> contrairement à ce qui est dit Jer., xxv, 11. Objections sans valeur, car le grec de la lettre, quoique meilleur que celui du livre, trahit cependant la version ; c’est l’hébreu qui est le texte original. Puis le chiffre de sept générations ne contredit pas les soixante-dix ans de Jérémie ; car, sans recourir aux trois ou quatre solutions possibles de cette difficulté, on doit admettre que le mot ysvsa répond à l’hébreu dôr ; or, en soi,-dôr signifie simplement « durée », sans détermination. Les sept générations n’exprimeraient donc pas autre chose qu’une « longue durée ». Outre ces deux preuves d’authenticité, il en est une autre, consistant dans la parfaite convenance des choses dites avec le temps et la science de Jérémie. C’est- à- dire que les détails si précis, si multiples, donnés par la lettre, répondent si bien à l’histoire connue, que seul un contemporain comme Jérémie, lequel pouvait les avoir appris dans ses voyages en Chaldée, a pu les exprimer avec tant de vérité. Voir, pour cette preuve, Knabenbauer, Bai~uch, p. 447 et suiv., avec références à M. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 3e édit., t. IV, p. 308 et suiv., et au P. G. Brunengo, L’Impero di Babilonia, etc., t. i, p. 71 ; t. ii, p. 330. Tout cela établit que la lettre est vraiment authentique. — Affirmons par conséquent

qu’elle est inspirée et canonique. D’abord" on n’a aucun écrit de Jérémie qui ne le soit ; puis les Juifs l’ont toujours regardée comme telle. Les Pères en outre la citent comme Écriture, et quelques-uns même, comme F. Matemus, De errore, 29, Patr. lat., t. xii, col. 1044, abondamment. On la trouve nommée dans plusieurs listes grecques. Si des catalogues latins ne la mentionnent pas expressément, c’est qu’ils la comprennent dans le livre de Baruch. Elle est alléguée II Mach., ii, 2. — Elle a pour objet de prémunir contre le péril d’idolâtrie les Juifs vaincus, que Nabuchodonosor allait transporter à Babylone. Le péril était grand, en effet. Us allaient voir en Assyrie des dieux, des temples, un culte, des théories ou processions d’un éclat étrange, inouï (fig. 454). Ils s’entendraient dire par les Chaldéens : « Voici nos dieux ; ils ont vaincu le vôtre, eux seuls sont dieux. » Ils allaient vivre, et longtemps, en pleine idolâtrie. Vigouroux, loc. cit. Quel péril, quelle séduction pour eux, si enclins par nature à adorer les dieux des nations ! Jérémie eut la claire vue de ce pressant danger, et il voulut le conjurer en écrivant cette lettre. Il y développe cette idée : « Ce ne sont pas des dieux ; ne les craignez pas, ne les adorez pas, » qu’il répète jusqu’à douze fois dans les soixante-douze versets de ce petit écrit (14 et 15, 22, 28, 39, 46, 49, 51, 55, 63, 64, 68, 71). Il l’établit par les raisonnements les plus simples. Son style d’ailleurs est très ordinaire. Tout cela, style et choix des preuves, tient au genre de lecteurs qu’il devait avoir. Il écrivait pour le pauvre peuple, inaccessible en général aux raisons abstraites et raffinées. — Il y a dans sa lettre quatre pensées principales. Il y prouve la vanité des dieux babyloniens : 1° par la matière dont ils sont faits : c’est de l’or, de l’argent, du bois, de la pierre, et ils ne valent pas mieux que les carrières et les forêts d’où ils sont tirés ; 2° par la turpitude du culte qu’on leur rend : c’est par la prostitution des vierges qu’on les honore (Voir J. Menant, Babylone et la Chaldée, Paris, 1875, p. 230 et suiv.) ; 3° par l’inutilité des honneurs dont on les entoure ; 4° et par leur totale et absolue impuissance : ils ne sauraient se défendre eux-mêmes contre le feu, les voleurs, la rouille ou les vers ; s’ils tombent, ils ne se relèvent pas ; ils ne peuvent même pas marcher, il faut qu’on les porte ; les hiboux, les hirondelles, les corbeaux et les chats se promènent impunément sur eux. Non, ils n’ont aucune vertu ; ils ne valent même pas le soleil et les astres qui nous éclairent, les bêtes vulgaires qui servent à l’homme. Il est donc évident que ce ne sont pas des dieux, et qu’il ne faut pas les craindre. Toute cette exhortation est précédée d’une notice très brève (1 et 2), où l’auteur donne la cause de la captivité, annonce qu’elle durera de « longs temps », après quoi toutefois Dieu ramènera les exilés en paix.

IX. Auteurs principaux ayant spécialement écrit sur Baruch. — Théodoret, Patr. gr., t. lxxxi, col. 760-780 ; Olympiotfore, Patr. gr., t. xciii, col. 761-780 ; M. Ghislerius, In Jerem. comment., Lyon, 1623, t. m ; Albertus M., Oper., édit. Jammy, t. vin ; J. Maldonat, Comment, in Jerem., Baruch, etc., Lyon, 1609 (œuvre posthume) ; Christ, de Castro, Commenlarior. in Jet-., Bdruch libri sex, Paris ; 1609 ; Gasp. Sanchez (Sanctius), Comment, in Baruch, Lyon, 1621 ; Lœl. Bisciola, Discursus très super epist. ad captivas, Côme, 1621 ; P. Lanssellius, Comment, in Baruch, Anvers, 1624 (dans Biblia sacra cum notationibus Emm. Sa et scholiis J. Menochii, etc., et dans Bibl. Veneta, vol. xix) ; * L. Cappel, Notse criticse in libr. Baruchi apocryph., Amsterdam, 1689 ; L. de Foix, Les prophéties de Baruch, Paris, 1788 ; * R. Arnald, A critical Commentary on such Books of the Apocrypha, Londres, 1780 et 1820 ; * B. Bendtsen, Spécimen exercitationunx criticarum in Veteris Testamenti libros apocryphos, Gœttingue, 1789 ; * Grûneberg, Exercitatio de libro Baruchi apocrypho, Gœttingue, 1797 ; * J. Frânkel, Hagiographa posteriora denominata apocrypha in ling. hebr. conversa, Leipzig, 1830 ; * O. F. Fritzsche,

Kruzgefasstes exegetisches Handbuch zu den Apocryphen des Alten Test., erste Lieferung, Leipzig, 1851, p. 167220 ; C. A. Wahl, Clavis libror. V. T. apocryph. philologica, sect. i, Leipzig, 1853 ; H. Reusch, Erklârung des Buchs Baruch, Fribourg - en-Bade, 1853 ; Trochon, La Sainte Bible, les Prophètes Jérémie, Baruch, Paris, 1878 ; * J. Kneucker, Dos Buch Baruch (histoire, critique, version et commentaire, restitution du texte hébreu, ouvrage classique rationaliste), Leipzig, 1879 ; R. Cornely, Introduct., t. ii, part. 2, p. 4Il et suiv., Paris, 1887 ; J. Knabenbauer, Commentarius in Daniel, prophetam, Lamentationes et Baruch, Paris, 1891. E. Philippe.

2. BARUCH, lévite, fils de Zachaï. Après le retour de la captivité, il se montra plein de zèle, mnn, héfyêrâh,

pour reconstruire sa part des murailles de Jérusalem. II Esdr., iii, 20. La Vulgate a dû lire mnn, héhârâh ;

car elle traduit « sur la montagne », indiquant ainsi l’endroit où il travailla : ce pourrait bien être la vraie leçon.

3. BARUCH, un des prêtres qui, à la suite de Néhémie, signèrent le renouvellement de l’alliance théocratique. II Esdr., x, 6.

4. BARUCH, fils de Cholhoza et père de Maasia, de ia tribu de Juda, un des descendants de Phares qui s’établirent à Jérusalem après la captivité. II Esdr., xi, 5.

5. BARUCH (APOCALYPSE DE), livre apocryphe. Voir Apocalypses Apocryphes, col. 762.

6. BARUCH BEN BARUCH, commentateur juif de la fin du xvi s siècle, à Salonique, a laissé un commentaire sur PEcclésiaste, intitulé : ’Êléh tôledôt’âdàm, « Voici l’histoire de l’homme. » Gen., v, 1. La première partie, QehiUat Ye’âgôb, « L’assemblée de Jacob, » Deut., xxxiii, 4, explique le sens littéral ; la seconde, Qôdés Israël, « Le saint d’Israël, » est une interprétation allégorique. In-f°, Venise, 1599. E. Levesque.

7. BARUCH BEN ISAAC, commentateur juif, mort à Constantinople en 1664. Il est l’auteur du Zéra’bêrak, Cracovie, 1646, commentaire hagadique et homilétique du Pentateuque et des megilloth, c’est-à-dire des Psaumes, des Proverbes, des Lamentations, du Cantique des cantiques et de l’Ecclésiaste.

    1. BARUH Raphaël##

BARUH Raphaël, professeur d’hébreu en Angleterre, au xviiie siècle. On a de lui Critica sacra examined or an attempt to show that a new Method may be found to reconcile the seemingly glaring variations in Parallel Passages, and that such variations consequently are no proofs of corruption or mistakes of transcribers, in-8°, Londres, 1775. Cet ouvrage est une réponse à la Critica sacra de Henry Owen. Baruh résout avec succès quelques-unes des difficultés d’Owen contre les livres des Paralipomènes ; mais il va trop loin quand il nie l’existence de fautes de copistes dans le texte sacré. Owen lui a répondu dans son Supplément to the Critica sacra, in-8°, Londres, 1775. — Voir W. Orme, Bibliotheca biblica, 1824, p. 18.

BAS. Les bas étaient inconnus aux anciens Hébreux. Ils avaient, comme généralement les Orientaux, les pieds nus dans leurs sandales, de sorte qu’ils se couvraient de poussière dans la marche, et qu’il était nécessaire de les laver en arrivant à la maison. Gen., xviii, 4, etc. Voir col. 1388. Les femmes portaient des bijoux aux chevilles nues, Is., iii, 16, et les pieds de l’épouse des Cantiques, vil, 1, étaient visibles entre les courroies de ses sandales. Les Juifs faits prisonniers à Lachis par Sennachérib sont nu-jambes et nu-pieds, hommes et femmes

(fig. 455). Les envoyés israélites de Jéhu, représentés sur l’obélisque de Salmanasar, portent des sandales, mais sans bas (fig. 37, col. 235).

    1. BASAÏA##

BASAÏA ( hébreu : Ba’ààêyâh, peut - être pour Ma’àiéyâh, « œuvre de Jéhovah ; » Septante : Baaat’ae), lévite de la branche de Gerson, ancêtre d’Àsaph, le fameux chantre du temps de David. I Par., vi, 40 (hébreu, 25).

    1. BASALTE##

BASALTE, roche noire volcanique, très compacte, composée essentiellement de feldspath, de pyroxène augite, d’oxyde de fer magnétique et, comme élément caractéristique, de péridot : c’est la forte proportion de fer oxydulé qu’il renferme qui lui donne sa couleur et sa densité. Autrefois ce mot n’avait pas une attribution aussi restreinte ; il s’appliquait à d’autres roches de nature à peu près semblable, qui de nos jours ont reçu de nouveaux noms ; et même, chez les anciens, on comprenait sous cette dénomination jusqu’à une syénite à grains fins,

quelques parties du" Liban. Mais le basalte, qui contient une très forte proportion de fer, était abondant en Galilée, et surtout à l’est du Jourdain. La fameuse stèle de Mésa (voir Mésa) est en basalte. E. Levesquë.

    1. BASAN##

BASAN (hébreu : Bâsân, Deut., xxxii, 14 ; Ps. xxii [Vulgate, xxi ], 13 ; lxviii [Vulgate, lxvii], 16 ; Is., xxxiii, ’9 ; Ezech., xxxrx, 18 ; Mich., vii, 14 ; Nah., i, 4 ; Zach., xi, 2 ; partout ailleurs, hab-BâSân, avec l’article défini ; Septante : Bamiv, Num., xxi, 33 ; Deut., iii, 4, 11 ; xxix, 7 ; Jos., xii, 4 ; xiii, 30 ; I Par., v, 11, 12, 16, 23 ; Ps. lxvii [hébreu, lxviii], 22 ; Is., ii, 13 ; avec l’article féminin, t| Boctov, Num., xxi, 33 ; xxxii, 33 ; Deut., i, 4 ; m, 1, 3, 10, 13, 14 ; iv, 47 ; Jos., ix, 10 ; xiii, 30 ; xxi, 6 ; III Reg., iv, 13 ; IV Reg., x, 33 ; I Par., vi, 62, 71 ; Ps. cxxxiv [hébreu, cxxxv], 11 ; cxxxv [hébreu, cxxxvi], 20 ; Jer., xxii, 20 ; avec l’article masculin, 5 Bauâv, Deut., xxxiii, 22 ; III Reg., IV, 19 ; II Esdr., ix, 22 ; t| Bauavmç, Jos., xiii, 11, 12, 30, 31 ; xvii, 1 ; xx, 8 ; xxi, 27 ; xxii, 7 ; Ezech., xxvii, 6 ; Am., iv, 1 ; Mich., vii, 14 ; Nah., i, 4 ; Zach.,

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458. — Juifs prisonniers, de LacMs. D’après Layard, Monuments of Nlneveh, t. ii, pi. 23.

appelée aussi granit noir antique. Pline, H. N., xxxvi, 11, 4, désigne par ce mot de basalte une pierre noire que les Égyptiens tiraient de l’Ethiopie, et qui a la couleur et la dureté du fer. Le nom lui-même, sous la forme basai, serait d’origine éthiopienne, au dire des auteurs grecs et latins. Mais les Grecs ont changé basalte en panaviT^ç, parce qu’ils s’en servaient comme pierre de touche ( pi<7avoç, « pierre de touche » ). Forcellini, Totius latinitatis leocicon, édit. Vincent DeVit, t. i, p. 534-535. Le nom hébreu du fer, barzél, pourrait bien rappeler ce mot étranger, si, avec Fûrst, Concordantiæ hebraicm, p. 161, on dérive barzél, bna, de bazal, St3, avec n inséré, comme

  • » DnD, korsê’, pour ndd, kissê’, « trône. » Buttmann, Muséum

der AUerthumswissenschaft, t. ii, p. 56, le rattache à la racine orientale vas, qui veut dire « fer ». Quoi qu’il en soit, barzél, en hébreu, est non seulement le fer pur, mais la pierre qui contient du fer, qui en a la densité et la couleur. Ainsi l’énorme lit de fer du roi Og, qu’on montrait à Rabbath, Deut., iii, 11, semble être en réalité un sar--cophage ou un tombeau en basalte. G. Ritter, Die Erdkunde, 1851, t. xv, part, ii, p. 964. D’ailleurs d’immenses sarcophages en basalte ont été trouvés par les voyageurs dans les régions à l’est du Jourdain. G. Ritter, ouvr. cité, p. 879. Le basalte y est très abondant. Cf. col. 952-953, 1256. C’est de là probablement que Salomon fit venir ces pierres noires, c’est-à-dire de basalte, qui servirent à paver les routes de Jérusalem. Josèphe, Ant.jud., VIII, vil, 4, édit. Didot, t. i, p. 301. Il est dit, Deut., viii, 9, que la Palestine est « une terre dont les pierres sont de fer ». Par ces pierres il faut probablement entendre le basalte, car on ne trouve de trace de mines de fer que dans

xi, 2 ; t| TaXiXaîa, Is., xxxiii, 9), partie septentrionale des

pays situés à l’est du Jourdain, royaume d’Og l’Amorrhéen.

I. Nom. — Ce nom vient de la racine inusitée jtfa,

AjUj>

basan, correspondant à l’arabe £j^j, uuuwm., jj^jjj

butéinah, « plaine au terrain meuble et fertile. » Cf. Gesenius, Thésaurus lingual heb., p. 250 ; J. G. Wetzstein, Dos Hiobskloster in Hauran und dos Land Uz, dans Fr. Delitzsch, Das Buch lob, Leipzig, 1876, Anhang, p. 557, note 1. L’idée qu’il renferme a fait que, dans plusieurs passages, les anciennes versions, au lieu de le traduire par un nom propre, l’ont rendu par un adjectif : « gras, fertile. » Ainsi dans le Ps. xxi (hébreu : xxii), 13, pour’abbîrê BdSân, « les forts » taureaux « de Basan », les Septante donnent Taûpoi mioveç ; la Vulgate, tauri pingues, k les taureaux gras ; » Ps. lxvii (hébreu, lxviii), 16, au lieu de har-Bâsân, « montagne de Basan, » on trouve dans les Septante ô’poç m’ov ; dans la "Vulgate, nions pinguis, « montagne fertile. » De même Ezech., xxxix, 18, hébreu : pârîrn meri’ê BâSân, « taureaux engraissés de Basan ; » Septante : oî [lôV/oi È^ea-nouivoi ; Vulgate : taurorum et allilium et pinguium ; Am., iv, 1, hébreu : pârôf hab-Bâsàn, « vaches de Basan ; « "Vulgate : vaccse pingues, « vaches grasses. » On peut s’étonner de voir ce nom, tant de fois cité dans l’Écriture, diversement rendu par les versions orientales. La paraphrase chaldaïque porte partout prra, Ma{nan, excepté Ps. lxvii, 23, où il

y a iotd, Bûtnan ; on lit également ^jjoo, Matnîn, dans la version syriaque, partout, excepté Jos., xil, 4 ;

Ps. xxi, 13 ; lxvii, 16 ; cxxxiv, 11 ; cxxxv, 20 ; Is., ii, 13 ; xxxiii, 9 ; Jer., xxii, 20 ; Ezech., xxvii, 6 ; Zach., xi, 2, où

l’on trouve. ^ « .-%, BaiSon. L’arabe a traduit par âIàÎaJ ! >

el-Batniyéh, excepté Ps. cxxxiv, 11 ; cxxxv, 20 ; Is., ii, 13 ; Jer., xxii, 20 ; Ezech., xxvii, 6, où l’on voit yLwjo, Beuân (nom actuel de l’ancienne ville de Bethsan), et Mich.,

vu, 14 ; Nah., i, 4 ; Zach., xi, 2, où il y a ji^iLwjykJS, el-Beisâniyéh. Le changement du schin hébreu en thav araméen et en ta arabe se comprend très bien ; mais le changement du beth en mîm doit-il être attribué à une permutation semblable ou à une faute primitive de copiste ? La constante régularité de la transcription et l’accord qui existe entre la paraphrase chaldaïque et le syriaque nous empêchent d’admettre la dernière hypothèse ; la première nous semble plus plausible. Cependant c’est de l’araméen Bâfan, jna, qu’est venu le nom

de la province grecque de Batanée, Bocravaia, Josèphe, Ant. jud., IX, viii, 1 ; XV, x, 1 ; XVII, ii, 1, 2, etc. ; Eusèbe, Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 232, etc. L’arabe El-Batniyéh se retrouve dans la préfecture de même nom dont parle Aboulféda, Tabula Syrise, édit. Kœhler, Leipzig, 1766, p. 97, et est rappelée par un canton actuel du Hauran, YArd el-Beteniyeh.

II. Géographie. — Dans un sens général, Basan indique avec Galaad les possessions transjordaniennes des Israélites, dont il formait la partie septentrionale. Jos., xvii, 1, 5 ; IV Reg., x, 33 ; Mich., vii, 14. Dans un sens strict, ce pays s’étendait depuis le grand Hermon au nord jusqu’aux villes d’Édraï et de Salécha au sud. Deut., iii, 10 ; Jos., xii, 4 ; xiii, 11 ; I Par., v, 23. De ce dernier côté, il. était borné par « la moitié de Galaad », c’est-à-dire le territoire compris entre le Jaboc (Nahr Zerqa) et le Yarmouk (Schérial él-Mandûr ou el-Menâdiréh), Deut., m, 13 ; Jos., xii, 5 ; xiii, 11, 31. L’Écriture lui donne également pour limites, probablement vers l’ouest et le nordouest, les districts de Gessur et de Machati, Deut., iii, 14 ; Jos-, xii, 5 ; xiii, 11. Il renfermait comme partie importante l’Argob avec les soixante villes fortes appelées Havoth Jaïr, Deut., iii, 4, 5, 14 ; Jos., xiii, 30, c’est-à-dire le Ledjah actuel et une certaine étendue de la plaine En Nouqmt elHauran. Voir Argob. Ses villes principales étaient Astaroth (Tell’AMarâ ou Tell el-AS’ari ) et Édraï (Der’ât), Deut., i, 4 ; Jos., ix, 10 ; xii, 4 ; Xm, 12, 31 ; Salécha (Salkhad) en formait la pointe extrême au sud-est, Deut, iii, 10 ; Jos., xii, 4 ; xiii, 11, et vers l’ouest il possédait Golan, Deut., iv, 43, ou Gaulon, Jos., xx, 8 ; xxi, 27 ; I Par., vi, 71, identifiée par G. Schumacher, Across the Jordan, Londres, 1886, p. 19, 91, avec Sahem el-Djaulân, un peu à l’ouest de Tell el-As’arï. D’après Num., xxxii, 42, Chanath (El-Qanaouàt) appartenait aussi à cette contrée.

Basan comprenait en somme cet ensemble de pays dont la limite au sud est marquée par le Schériat el-Menâdiréh (Yarmouk), le Djebel ez-Zoumléh et le désert de Syrie ; à l’est, par les pentes occidentales du Djebel Hauran et le Ledjah ; au nord, par la plaine de Damas et le Djebel esch-Scheikh (Hermon), et à l’ouest, parle Djebel Heïsch et les confins du lac de Tibériade. On voit dès lors que, tout en donnant son nom au royaume d’Og, il ne le renfermait pas complètement, puisque le territoire du roi amorrhéen s’étendait jusqu’au Jaboc (Nahr Zerqa), qui le séparait de celui de Séhon. Num., xxi, 24 ; Deut., n, 37 ; Jos., xii, 2-5. À part la région septentrionale, dont les eaux se dirigent vers les lacs des environs de Damas, le haut plateau de Basan appartient au bassin du Yarmouk, le plus considérable du pays transjordanien, et dont les branches principales, le Nahr er-Ruqqâd, le Nahr el’Allân, descendent du nord, tandis que les ouadis El^Qanaouât, El-Ghar, Zeidï, viennent des montagnes du Hauran, où ils naissent à douze ou treize cents mètres.

Non loin de la berge qui plonge sur les lacs Houléh et de Tibériade s’alignent en chapelet, du nord au sud, des monts isolés, les tells El-Ahmar (1238 mètres), Abou en-Néda (1257 mètres), Abou Yousef ( 1 029 mètres), El-Faras (948 mètres). Au milieu de’toute cette contrée s’étend la grande plaine En Nouqrat el-Hauran.

Ce pays a toujours été renommé pour son extrême fertilité, et les prophètes aiment à le citer sous ce rapport avec Galaad, le Carmel et la plaine de Saron. Is., xxxiii, 9 ; Jer., l, 19 ; Mich., vii, 14 ; Nah., i, 4. Ses gras pâturages nourrissaient de nombreux troupeaux, Deut., xxxii, 14, qui, dans le langage des poètes sacrés, devinrent le type

B*g£ » t fcrfrcia

L Thumier.dd’456. — Carte du pays de Basan.

des ennemis cruels et insensibles, Ps. xxi (hébreu : xxii), 13, et des puissants de la terre, Ezech., xxxrx, 18, ou le symbole d’une vie sensuelle. Am., iv, 1. Ses forêts de chênes étaient pour les Israélites un sujet d’admiration comme les cèdres du Liban, Is., ii, 13 ; Zach., xi, 2, et fournissaient même aux peuples voisins un bois de construction très estimé. Ezech., xxvii, 6. Elles devaient couvrir les pentes de ces montagnes que David, dans un passage plein de beauté, Ps. lxvii (hébreu, lxviii), 16-17, nous représente comme regardant avec mépris et jalousie la petite colline de Sion, aux formes modestes, mais demeure privilégiée de Dieu :

ꝟ. 16. Montagne de Dieu, mont de Basan,

Montagne aux cimes nombreuses, mont de Basan,

ꝟ. 17. Pourquoi regardez-vous avec envie, montagnes aux cimes

[nombreuses,

La montagne que Dieu a choisie pour son habitation ? Jéhovah y habitera à jamais.

Ces masses de rochers sont appelées hârîm gabnunnîm, littéralement « montagnes à bosses », à cause de leurs pointes et de leurs dents aiguës, ce qui peut s’appliquer au Djebel Hauran avec ses cônes volcaniques ou au Djebel Héïsch avec ses chaînons isolés. Rochers et forêts étaient le repaire des animaux sauvages, surtout des lions, Deut., xxxiii, 22, et pouvaient servir de retraite aux ennemis d’Israël, Ps. lxvii, 23.

Aujourd’hui encore cette contrée est très fertile, surtout dans la plaine du Hauran. Le sol, composé de lave, de dolérite granulée et de scories rouge-brun ou vertnoirâtre, produit un froment aux grains à demi transparents, de beaucoup supérieur à celui des autres régions. Le blé et l’orge y viennent en abondance quand la sécheresse ou les sauterelles n’exercent pas leurs ravages, et ils sont l’objet d’une exportation considérable. Au rapport de Schumacher, Across the Jordan, Londres, 1866, p. 23, la quantité de céréales transportées du Hauran à Akka etKhaïfa à destination de l’Europe, principalement de la France et de l’Italie, n’a pas été pendant plusieurs années moindre de 100000 à 120 000 tonnes par an. Le prix du blé sur place n’est pas élevé, mais il augmente beaucoup en raison des difficultés de transport. Ces difficultés seront désormais aplanies par la voie ferrée qu’on établit en ce moment entre le Hauran et Damas, et qui se joindra plus tard à d’autres lignes actuellement en projet. Dans les contrées, comme le nord et le centre du Djaulan, où le sol pierreux est moins propre à la culture, les nombreux troupeaux des Bédouins trouvent encore d’excellents pâturages. Partout où, entre les blocs de basalte, s’étend la terre végétale, l’herbe pousse d’une façon luxuriante, hiver comme printemps ; sur ce sol bien arrosé les chaleurs de l’été ne brûlent jamais toute végétation. Les « chênes de Basan » ont, hélas ! disparu comme les cèdres du Liban. Tombés sous la hache des Bédouins, souvent pour servir de bois de chauffage, ils meurent, à peine repoussés, sous la dent des troupeaux. Cependant. les pentes du Djebel Hauran présentent encore certains massifs d’arbres, très rares dans la plaine, et l’on rencontre çà et là quelques restes de forêts. Il y a peu d’années, le Djaulan septentrional devait être couvert de bois assez épais, comme l’indiquent quelques noms, en particulier Scha’fat es-Sindiànéh, « la cime du chêne. » Les chênes que l’on voit ou isolés ou groupés au pied et sur les pentes des tells el-Ahmar, Abou en-Neda, Abou el-Khanzir et ailleurs, appartiennent à deux espèces principales, le Quercus pseudo-coccifera et le Quercus segilops. Voir Chêne. Cf. G. Schumacher, Across the Jordan, p. 4-5, 13, 24-25 ; Der Dscholan, dans la Zeitschrift des Deutschen Palastina-Vereins, Leipzig, 1886, p. 205 ; traduction anglaise, The Jaulàn, Londres, 1888, p. 15. Nous n’exposons ici que les caractères généraux du pays de Basan, suivant les données de l’Écriture. Pour la physionomie spéciale de ses différentes parties, voir Auran, Argob, Iturée, Gaulanitide. Pour la bibliographie, voir Auran.

Cette contrée, à l’époque gréco-romaine, fut divisée en plusieurs provinces : la Gaulanitide, le Djaulan actuel ou Je plateau occidental qui domine le lac de Tibériade et le lac Houléh ; la Trachonitide, comprenant plus particulièrement le Ledjah ; l’Auranitide, c’est-à-dire les pentes occidentales du Djebel Hauran et la partie de la grande plaine qui l’avoisine à l’ouest ; la Batanée, dont le nom fait évidemment revivre celui de Basan. Il est très difficile de savoir quelle est la position géographique de cette dernière, et les auteurs sont loin de s’entendre sur ce sujet. Josèphe, dans certains passages, comprend sous le nom de Batanée tout le pays de Basan, qu’il distingue, comme l’Écriture, de celui de Galaad ; cf. Ant. jud., IV, vii, 4 ; IX, viii, 1. Dans d’autres, il distingue cette province des districts voisins, mais sans en indiquer nettement la situation ; il se contente de dire qu’  « elle confinait à la Trachonitide », Ant. jud., XVII, ii, 1 ; Bell, jud., i, xx, 4 ; était-ce à l’est ou à l’ouest ? Là est la difficulté. J. L. Porter, Five years in Damascus, Londres, 1855, t. ii, p. 52-54, 264-267, et plusieurs auteurs à sa suite placent la Batanée à l’est du Ledjah et au nord du Djebel Hauran, dans la contrée appelée actuellement Ard el-Beteniyéh : ce nom et celui de la ville d’El - Buteina (ou Bataniyéh, dans certaines cartes) appuient suffisamment, selon eux, cette opinion. Ce sentiment est vivement combattu par J. G. Wetzslein, Reisebericht ûber Hauran und

die Trachonen, in-8°, Berlin, 1860, p. 82-86 ; Dos Eiobskloster, dans Fr. Delitzsch, Dos Buch lob, p. 553-558. M. W. H. Waddington, Inscriptions grecques et latims de la Syrie, in-4°, Paris, 1870, p. 500, dit également : « Les ruines de Btheiné se composent d’une vingtaine de maisons et de deux grandes tours ; l’endroit n’a jamais été qu’un petit village sans importance, et dans notre inscription (n » 2127) il est appelé x(i|n) ; il n’y a jamais eu là une ville, comme Porter le croit… Quant à moi, je doute que la Batanée des historiens et des géographes grecs soit identique avec le Basan de la Bible. » Elle n’en comprenait évidemment qu’une partie, et si, suivant cette dernière opinion, elle était située à l’ouest du Ledjah, elle devait occuper à peu près le centre du pays dont elle conservait le nom, ayant l’Auranitide au sud, la Gaulanitide à l’ouest et la Trachonitide à l’est.

III. Histoire. — Dans les temps les plus reculés, Basan était habité par les Raphaïm ou race de géants que Chodorlahomor vainquit à Astaroth-Carnaïm. Gen., xiv, 5. Og lui-même était le dernier représentant de cette race, Deut., iii, 11 ; et « tout Basan. était appelé la terre des géants ». Deut., iii, 13. Les Israélites, après avoir soumis les Amorrhéens du sud, montèrent vers le nord, et le roi s’avança vers eux avec tout son peuple pour leur livrer bataille à Édraï ; ils le frappèrent jusqu’à l’extermination et s’emparèrent de son royaume. Num., xxi, 33, 35 ; Deut., i, 4 ; iii, 1, 3, 4, 5 ; iv, 47 ; xxix, 7 ; Jos., ix, 10 ; II Esdr., ix, 22 ; Ps. cxxxrv (hébreu, cxxxv), 11 ; Ps. cxxxv (hébreu, cxxxvi), 20. Voir Amorrhéens. Cette importante région fut alors donnée à la demi-tribu de Manassé. Num., xxxii, 33 ; Deut., iii, 13 ; Jos., xiii, 29-31 ; xvii, 1, 5 ; xxii, 7. Gaulon et Astaroth furent assignés aux Lévites de la famille de Gerson, . la première étant en même temps ville de refuge. Jos., xxi, 27 ; 1 Par., vi, 71. Cette contrée rentrait avec Galaad et la terre de Séhon, roi amorrhéen du sud, dans une des circonscriptions territoriales qui, sous Salomon, devaient payer un impôt en nature pour la table royale ; l’officier à qui elle était confiée s’appelait Gaber, fils d’Uri. III Keg., iv, 19. Sous le règne de Jéhu, elle fut dévastée par Hazaël, roi de Syrie, IV Régi, x, 32, 33. L’histoire n’en dit plus rien ensuite : seuls les poètes sacrés et les prophètes mentionnent les chênes de ses forêts, ses gras pâturages et leurs nombreux troupeaux. Ps. xxi (hébreu, xxii), 13 ; Is., ii, 13 ; xxxiii, 9 ; Jer., L, 19 ; Ezech., xxvii, 6 ; xxxix, 18 ; Am., iv, 1 ; Mich., vii, 14 ; Nah., i, 4 ; Zach., xi, 2. Plus tard, la province de Batanée fut donnée par Auguste à Hérode le Grand, avec la Trachonitide et l’Auranitide, pour les soustraire aux brigandages de Zénodore. Josèphe, Ant. jud., XV, x, 1 ; Bell, jud-, I, xx, 4. Hérode lui-même en confia certaines terres à un Juif babylonien nommé Zamaris, qui devait en retour défendre ses États contre les incursions des Trachonites. Ant. jud., XVII, n, 1, 2. Elle entra ensuite dans la létrarchie de Philippe, Ant. jud., XVII, xi, 4 ; Bell, jud., II, vi, 3. Enfin Agrippa II envoya à Jérusalem trois mille cavaliers auranites, batanéens et trachonites, pour réprimer une révolte soulevée contre le pouvoir romain. Bell, jud., II, xvii, 4.

A. Legendre.
    1. BASCAMA##

BASCAMA, Ba<7xa[iâ, ville où Tryphon mit à mort Jonathas Machabée et ses fils. I Mach., xiii, 23. Josèphe l’appelle Batrxâ, Ant. jud., XIII, vi, 5. D’après le texte grec du livre sacré, aussi bien que d’après l’historien juif, elle devait se trouver dans le pays de Galaad. La Vulgate, en effet, présente, au verset précédent, une lacune heureusement comblée par le grec. La phrase : « mais il y avait beaucoup de neige, et il ne vint pas au pays de Galaad, » se lit ainsi dans les Septante : xoù ?, v ^iwv tcoXXtj <r<p<58pa, xec’i oïix rjX8e Sià tt|v X’ôva, xoù àjcf|ps-xai yjXôsv eïç tï|v TaXaacSiTtv, « et il y avait beaucoup de neige, et il ne vint pas [à Jérusalem] à cause de la neige, et il partit et il vint en Galaad. » Il est probable que le mot î, X9s, répété deux fois, aura trompé le traducteur ou un copiste quel

conque ; d’où, avec l’omission du membre de phrase, le sens opposé dans le latin : « il ne vint pas en Galaad. » Le récit de Josèphe, plus détaillé, nous dit également que la nuit même où Tryphon devait envoyer sa cavalerie ravitailler la garnison syrienne, la neige qui tomba rendit les chemins méconnaissables et impraticables aux chevaux. « C’est pourquoi Tryphon, partant de là, s’en alla vers la Cœlésyrie, se jetant avec précipitation sur le pays de Galaad, et, après avoir tué et fait enterrer là Jonathas, il revint à Antioche. » La marche du général syrien est aussi facile à comprendre. Il part de Ptolémaïde (voir Accho) pour venir dans la terre de Juda, suivant la plaine de Saron, et traînant à sa suite Jonathas prisonnier. I Mach., xiii, 12. Mais comme Simon vient lui barrer le passage à Addus, ꝟ. 13 (voir Adiada), il fait un détour vers le sud et cherche à gagner la ville sainte « par la voie qui mène à Ador », ꝟ. 20 (voir Aduram 1), à l’ouest d’Hébron. Empêché par la neige d’aller au secours de la garnison syrienne de Jérusalem, et sachant d’ailleurs la route bien défendue par les Juifs, il descend vers l’est, dans la.plaine du Jourdain, où le climat est plus doux ; puis, à travers le pays de. Galaad, ou en le longeant, il gagne la Cœlésyrie et Antioche.

Si nous avons réussi à prouver que Bascama appartenait à la terre de Galaad, nous n’avons aucun moyen de découvrir son emplacement, qui est resté jusqu’ici inconnu. Nous ne saurions accepter les identifications proposées par Calmet, Commentaire littéral sur les livres des Machabées, Paris, 1722, p. 206 : « Bascaman, dit-il, est peut-être la même que Béséch, Jud., i, 4, 5, 6, ou Baschat, dans la tribu de Juda, Jos., xv, 39. Béséch devait être assez près de Bethsan et de l’endroit où l’on passait ordinairement le Jourdain pour aller au pays de Galaad, puisque Saûl, I Beg., xi, 8, y marque le rendez -vous général de l’armée qui devait aller au secours de Jabès de Galaad. Cette situation s’accorde assez avec ce que nous lisons ici du dessein de Tryphon de passer le Jourdain pour aller dans ce pays. » Aucune de ces villes, que le savant commentateur semble d’ailleurs confondre, ne se rapporte à celle dont nous parlons. Bézéc (hébreu : Bézéq) du livre des Juges, i, 4, 5, est distincte de Bascath (hébreu : Bosqaf), Jos., xv, 39, et celle-ci, par sa situation dans la Séphéla, entre Lachis et Églon, se trouvait en dehors de la route suivie par Tryphon. Grotius, Opéra onmia theologica, 2 in-f", Londres, 1679, 1. 1, p. 755, a eu tort aussi de l’assimiler à Bascama, D’un autre côté, qu’on place Bézéc, Jud., i, 4, 5, dans la tribu de Juda, ou qu’on l’identifie avec Bézech de I Beg., xi, 8, voisine de la vallée du Jourdain, au nord-est de Sichem, on s’éloigne toujours de l’itinéraire du général syrien,

tel que nous l’avons exposé plus haut.
A. Legendre.
    1. BASCATH##

BASCATH (hébreu : Bosqaf ; Septante : Bmar|8(19, Jos., xv, 39 ; BauouptiS, IV Reg., xxii, 1 ; Vulgate : Bascath, Jos., xv, 39 ; Bésécath, IV Reg., xxii, 1), ville de la tribu de Juda, située dans la Séphéla et mentionnée entre Lachis et Églon. Jos., xv, 39. C’était le lieu d’origine d’Idida, mère du roi Josias, IV Reg., xxii, 1. Josèphe, Ant. jud., X, iv, 1, l’appelle Booxeôi, et Eusèbe, Onomasticon, Gœttingue, 1887, p. 248, Bacrx(49. Le mot npss, Bosqaf,

a pour correspondant en arabe gjj£, basqah, « terrain pierreux, qui se soulève, » ou « contrée parsemée de pierres volcaniques ». Cf. G. W. Freytag, Lexicon arabico-latinum, Halle, 1830-1837, t. i, p. 127 ; F. Mûhlau et W. Volck, W. Gesenius’Handwôrterbuch ùber das Alte Testament, in-8°, Leipzig, 1890, p. 124. La position de cette ville est bien indiquée par celle de Lachis (’Umm el-Lakîs) et d’Églon (Khirbet’Adjlân). Voir Juda, tribu et carte. Mais aucune identification précise n’a encore été trouvée. Quelques auteurs, après Knobel (cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 131), ont proposé Tubuqah (écrit ainsi par Robinson, Biblical Researches

in Palestine, 3 in-8°, Londres, 1841, t. III, Appendix, p. 233 ; Tabakâ ou Takabà d’après Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. ii, p. 294), localité située au sud et non loin de Lachis et d’Églon. On ne voit pas bien

sur quoi s’appuie cette opinion.
A. Legendre.
    1. BASCH Siegmund##

BASCH Siegmund, théologien protestant allemand, né le 3 septembre 1700 à Juliusburg, en Silésie, mort à Weimar le 2 avril 1771. Il fit ses études à Iéna, à Breslau et à Leipzig. Eu 1730, il devint pasteur à Christianstadt ; en 1734, archidiacre du consistoire de Sorau ; en 1751, surintendant général de Hildburghausen. À sa mort, il était prédicateur de la cour, membre du consistoire et surintendant général du duché de Weimar. Parmi ses ouvrages, on remarque : Disputatio de interpretatione Novi Testamenti ex Patribus apostolicis, in-4°, Leipzig, 1726 ; Epistola de ultimis Elise, in-4°, Leipzig, 1726 ; Deutliclier Beiveis von der Glaubwùrbdigkeit der heiligen Schrift ; Pastorale Christi ex ru Epistolis ad Ecclesias Asianas, in-4°, 1752. — Voir Adelung, Fortsetzung zu Jôcher’s Gelehrten-Lexico, t. i, col. 1485.

    1. BASELLI François##

BASELLI François, né à Gradiska (Frioul), le 22 octobre 1604, mort à Goritz le 15 septembre 1678, entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Leoben, en 1622. Après avoir enseigné les belles-lettres, il se livra à la prédication et au saint ministère, fut recteur du noviciat de Vienne et du collège de Goritz. On a de lui : Psalterium Davidicam concordatum, 4 in-4°, Udine, 1662. Cet ouvrage est divisé en quatre parties ; l’auteur y établit la concordance des Psaumes, et les explique surtout dans leur rapport avec Notre - Seigneur et avec l’Église.

C. SOMMERVOGEL.

BASEMATH. Hébreu : Bâsemaf, « parfumée, odoriférante ; » Septante : Baseras. Nom de trois femmes.

1. BASEMATH, fille d’Élon l’Héthéen, seconde femme d’Ésaù et mère d’Éliphaz, Gen., xxvi, 34. Elle est appelée Ada, Gen., xxxvi, 2, 4. Voir Ada 2, col. 165. Il n’est pas rare, en Orient, de voir deux noms portés successivement par la même personne. À l’occasion de quelque événement important de la vie, ainsi au moment du mariage pour les femmes, on prenait un autre nom. D’autres fois un surnom devenait peu à peu le nom propre. Cf. Hengstenberg, Beitràge zur Einleitung iris A. T., 1831-1839, t. iii, p. 277. Le chapitre xxxvi de la Genèse, concernant l’Idumée, paraît être un document national inséré sans changement par Moïse. Nous avons là les noms sous lesquels les femmes d’Ésaù étaient connues dans le pays de Séir. E. Levesque.

2. BASEMATH, fille d’Ismaël, troisième femme d’Ésaù et mère de Rahuel. Gen., xxxvi, 3, 4. On la nomme Mahéleth, Gen., xxviii, 9. Sur ce changement de nom, voir Basemath 1.

3. BASEMATH (Septante : Ba<r£ ! *, uâ6), fille de Salomon, épousa Achimaas, intendant royal dans la tribu de Nephthali. III Reg., iv, 15.

    1. BASHUYSEN##

BASHUYSEN (Henri Jacques Van), né à Hanau (province de HesseNassau, Prusse) en 1679, mort en 1758. Il devint professeur de langues orientales dans sa ville natale, puis à Zerbst (duché d’Anhalt). Il établit une imprimerie dans sa maison, pour éditer les meilleurs commentaires des docteurs juifs sur l’Écriture : Abarbanelis Commentarii in Pentateuchum, in-f", Hanau, 1710 (il restitue les endroits supprimés par les inquisiteurs dans l’édition de Venise). — Psalterium Bavidicum, cum notis rabbinicis, in-12, Hanau, 1710. — Ses Commentaria scripturaria, contenant les vingt et un premiers chapitres de la Genèse, avec notes tirées des rabbins,

publiés dès 1707, n’étaient qu’un essai d’une Bible hébraïco - rabbinique qu’il n’a pas mise au jour.

G. Rigault.

    1. BASILA Raphaël Chayim##

BASILA Raphaël Chayim, savant israélite italien, fils du rabbin Abiad Basila (-ꝟ. 1743), vivait à Mantoue pendant la première moitié du xvine siècle. Il publia une édition de la Bible hébraïque avec le commentaire critique de Salomon Norzi, enrichi de notes nouvelles, 2 in-4°, Mantoue, 1742. À la fin est une liste de neuf cents leçons et variantes, avec une appréciation critique de leur valeur. Cette Bible a été plusieurs fois réimprimée ! La meilleure édition est celle de George Holzinger, 4 in-4°, Vienne, 1816. Elle a été aussi reproduite dans la Bible rabbinique de Varsovie, 1860-1866. Bær et Delitzsch en font bon usage dans leur nouvelle édition de la Bible hébraïque.

— Voir Dresde, Programma quo commendantur R. Ch. Basila, Judœi recentioris, exercitationes criticee in diversitatem lectionis codicis Ebreei ah Everardo van der Rooght observalam, Wittenberg, 1774.

    1. BASILE##

BASILE (Saint), Baa-iXEioç, archevêque de Césarée, en Cappadoce, né en cette même ville vers 330, mort le 1 er janvier 379. Il fut grand cénobite, grand orateur et grand évêque. Issu d’une famille très distinguée, Basile était le second de dix enfants. Son père, qui résidait habituellement dans la province du Pont, à Néocésarée, où l’on croit qu’il enseignait la rhétorique et la philosophie, voulut être lui-même son premier maître dans les lettres sacrées et profanes. À la mort de son père, qui arriva peu de temps après la naissance de saint Pierre de Sébaste, Basile alla poursuivre ses études à Césarée de Cappadoce, puis à Constantinople et enfin à Athènes. Il y arriva en 352, et y retrouva son ami Grégoire de Nazianze, qu’il avait connu à Césarée. En 357, il partit pour visiter les monastères d’Orient et d’Egypte. De retour à Césarée en 358, il se retira dans le Pont, sur une montagne, au bord de la rivière d’Iris. L’archevêque de Césarée étant venu à mourir vers le milieu de 370, Basile fut élu pour lui succéder. Après dix ans d’épiscopat et de grands travaux soutenus pour la défense du dogme chrétien contre les ariens et la liberté de l’Église contre l’empereur, saint Basile rendit son âme à Dieu, le 1 er janvier 379.

Les œuvres exégétiques de saint Basile sont : 1° Les neuf homélies sur l’Hexaméron, ou Œuvre des six jours, t. xxix, col. 4-208. Les anciens estimaient beaucoup cet ouvrage, explication scientifique et morale, malheureusement inachevée, du premier chapitre de la Genèse.

— 2° Les treize homélies sur les Psaumes i, ru, xiv, xxrni, xxix, xxxii, xxxiii, xur, xlv, < xlviii, lix, lxi, cxir et cxr, t. xxix, col. 210-493. « Si l’on compare entre elles, dit dom Garnier, les homélies sur l’Hexaméron avec les homélies sur les Psaumes, je serai obligé d’avouer que les premières ont été, chez les anciens, beaucoup plus célèbres que les dernières ; je n’accorderai pas si facilement qu’elles soient plus utiles. Et, pour dire nettement ce que je pense, je veux bien que l’on préfère l’Hexaméron, si l’on ne considère que l’éloquence et la variété du sujet ; mais, si l’on a égard au fruit et à l’utilité, il n’en sera plus de même. » — 3° Le commentaire sur Isaïe, i-xvi, t. xxx, col. 117-668. Prudent Maran trouve que cet ouvrage est digne de saint Basile, et qu’il n’y a aucune raison de le lui contester. À la fin d’un avantpropos sur la prophétie, saint Basile indique à grands traits le contenu de tout le livre, ce qui ferait supposer qu’il avait l’intention de l’expliquer tout entier. Proœm., 7, t. xxx, col. 129. Il commence par une discussion exacte et pénétrante du titre de la prophétie, 1, 1, en le comparant avec les titres des douze petits prophètes. Il insiste sur l’importance qu’il y a de fixer la date des prophéties, « afin qu’il soit clair pour tous qu’elles ont été faites longtemps d’avance, qu’elles n’ont été accomplies que longtemps après, et que par consé quent l’action de Dieu était d’autant plus nécessaire, que l’impuissance de l’homme était plus grande. La plupart des prophètes ont vécu à peu près dans le même temps. » Proœm., 10, col. 136. Dans le commentaire du livre lui-même, « où ce qui se rapporte au Messie se trouve partout disséminé, parce que l’histoire s’y mêle partout avec le mystère, » Proœm., 7, col. 129, le sens caché de l’Écriture est souvent recherché et mis au jour, et l’auteur lui donne à peu près la même importance qu’au sens littéral. Pour les cas dans lesquels saint Basile reconnaît comme objet direct de la prophétie, non pas le Messie lui-même, mais des événements prochains, par exemple, la captivité de Babylone, ils sont traités à part. Proœm., 169, col. 397 et suiv.

Voilà ce qui nous reste de l’œuvre exégétique de saint Basile, laquelle était probablement beaucoup plus considérable. Cassiodore, In prsefat. lib. institut, divin, lecti ; Baronius, Annal, ad ann. 378, édit. de Bar-le-Duc, t. v, p. 410. Cela suffit pour justifier l’éloge qu’en a fait saint Grégoire : « Quand je lis les explications qu’il a composées pour des intelligences moins relevées, les partageant dans les trois sens (littéral, moral et allégorique), je ne m’arrête pas à l’écorce de la lettre ; je vais plus avant ; j’entre de profondeur en profondeur ; d’un abîme, j’invoque un autre abîme, jusqu’à ce que je sois enfin parvenu là où réside et rayonne la vérité. »

Voir Gius. del Pozo, Dilucidazioni crilico - istoriche délia vita di santo Basilio Magno, in-4°, Rome, 1746 ; Klose, Ein Beitrag zur Kirchengeschichte : Basilius der Grosse nach seinem Leben und seiner Lehre dargestellt, Stralsund, 1835 ; Eug. Fialon, Étude historique et littéraire sur saint Basile, suivie de l’Hexaméron, in-8°, Paris, 1867 ; Weiss, Die drei grossen Cappadocier als Exegeten, Braunsberg, 1872. J. B. Jeannin.

    1. BASILEENSIS##

BASILEENSIS (CODEX). Ce manuscrit grec appartient à la bibliothèque de l’université de Bâle, où il est coté A. N. III. 12. Il porte le n° 6 au Catalogue des manuscrits grecs des bibliothèques de Suisse, Leipzig, 1886, de M. Omont. L’écriture est onciale, accentuée, ponctuée. Le manuscrit est de parchemin, compte 318 feuillets de 230 millimètres sur 162 ; chaque page compte 24 lignes. Le volume contient les quatre Évangiles dans l’ordre Matthieu - MarcxLuc - Jean, mais non sans quelques lacunes accidentelles, Luc, iii, 4-15 ; xxiv, 47-53. Les feuillets 160, 207, 214, sont palimpsestes : le texte évangélique, récrit par une seconde main, est en cursive ; le texte premier a été publié, mais n’a point encore été identifié. On le trouvera dans les prolégomènes cités plus loin du Novum Testamentum greece de Tischendorf, p. 373. On pense que le Codex Basileensis a dû être écrit vers le milieu du vine siècle. Il fut apporté au xve siècle air couvent des Frères Prêcheurs de Bâle, dont il porte Vex libris au bas du folio 1, et l’on croit qu’il faisait partie des manuscrits grecs rapportés d’Orient par le cardinal Jean de Raguse, légat du concile de Bâle (1431) auprès des Grecs. Il a été collationné par Mill (1707), qui le qualifie de « probatse fidei et bonae notse », puis par Wetstein (1735) ; décrit par Rod, De antiquo basileensis bibliothecse codice grxco IV Evangeliorum observationes quœdam criticee, Gœttingue, 1750 ; collationné par Tischendorf (1843), par Tregelles (1846). Dans l’appareil critique du Nouveau Testament, il est désigné par la lettre E, et compte parmi les manuscrits importants. Il est tenu, en effet, pour un des meilleurs représentants de la famille de textes que l’on appelle syrienne, par opposition à la famille dite occidentale et à la famille dite alexandrine, ainsi qu’on les appelle à la suite de MM. Hort et Westcott : c’est-à-dire qu’il est un des meilleurs représentants du texte commun et l’un des plus anciens. On trouvera un fac-similé, d’ailleurs insuffisant, dans Scrivener, À plain introduction to the crilicism of the New Testament, Cambridge, 1883, pi. xi, n » 27. Voir C. R. Gregory, Pro U95 BASILEENSIS (CODEX) — BASQUES (VERSIONS) DE. LA BIBLE 4496

legomena ad Novum Testamentum grxce de Tischendorf, Leipzig, 1884, p. 372-374. P. Batiffol.

    1. BASILIC##

BASILIC (Septante : 0c « hX(<7Xoc ; Vulgate : basiliscus, regulus, « [serpent] royal, » de (HamXe-j ; et de rex, « roi. » Cf. S. Isidore de Séville, Etym., xii, i, 6, t. lxxxii, col. 443), serpent très venimeux d’après la croyance populaire, sorte de dragon dont la morsure était mortelle et dont le regard suffisait pour tuer. Il habitait les déserts de la Cyrénaïque. Si l’homme avait vu le premier le basilic, il échappait à la mort ; mais il était perdu dans le cas contraire. Pour faire périr ce dangereux reptile, on lui présentait un miroir, et son regard terrible, réfléchi sur la glace, lui donnait la mort. On attachait d’ailleurs le plus grand prix à sa possession, parce qu’on s’en servait, disait-on, pour préparer les médicaments les plus puissants. Pline, H. N., « iii, 78 (33), édit. Tauchnitz, 1870, t. ii, p. 74. Cf. Élien, H, 5-7 ; Galien, De theriaca ad Pison., vui, Opéra, édit. Kûhn, t. xiv, 18’27, p. 232 ; cf. t. xii, p. 250 ; Solin, Polyhistor, 28, édit. Pankoucke, 1847, p. 222-224 ; Lucain, Pharsal., va, 725. Pendant longtemps des charlatans ont vendu aux gens crédules, sous le nom de basilics, de petites raies façonnées en forme de dragons. On reconnaît aujourd’hui que ce serpent n’a jamais existé, et que Jes propriétés qu’on lui a attribuées sont purement fabu-Seuses. Voir D. Macri, Hierolexicon, 6e édit., 2 iiî-4°, Bologne, 1765-1767, t. i, p. 117. L’espèce de lézard que les naturalistes contemporains appellent basilic n’a rien de commun que le nom avec le reptile ainsi désigné par les anciens.

Le texte original de l’Écriture ne parle jamais du basilic ; mais les Septante et la Vulgate se sont servis de son nom pour traduire le nom de serpents réels mentionnés dans l’hébreu. On lit deux fois pamXwxo ; dans la version des Septante, Ps. xc, 13, et Is., Ltx, 5. La Vulgate emploie une fois le mot basiliscus, Ps. xc, 13 ( notre version latine des Psaumes ayant été faite sur le grec, le traducteur latin a conservé le mot des Septante). L’hébreu porte dans ce passage pélén, c’est-à-dire l’aspic. Voir col. 1125. Saint Jérôme s’est servi six fois du mot regulus, pour rendre .divers noms sémitiques de serpents. Il a ainsi traduit trois fois taiysst, sif’ônî, Prov., xxiii, 32 (Septante : %ep<x<jri) « ) ; Is., xi, 8 (Septante : àinrfç) ; Jer., vni, 17 (Septante : [ô’pssç] Oœvcitoûvteç) ; . une fois jbs, séfa’(dérivé de la même racine que sifônî), Is., xiv, 29 (Septante : àrfjrc’c) ; une autre fois psr, sârâf, Is. ; xxx, 6 (Septante ; àiraiç), et enfin une fois aussi nysx, ’éf’éh, Is., Lix, 5 (Septante : pa<ri)a<Txo ; ). Le texte original parle donc de serpents divers, existant en Palestine, là où notre version latine porte uniformément « basilic ». Pour l’identification des reptiles mentionnés dans ces six passages, voir Serpents. Cf. S. Jérôme, In Is., xiv, 29, t. xxiv, col. 166 ; Bochart, Hierozoicon, IV, édit. Leusden, Opéra, 1692, t. i, col. 22. Orban.

    1. BASMURIQUE##

BASMURIQUE (VERSION) DE LA BIBLE. Voir Coptes (versions).

    1. BASNAGE DE BEAUVAL Jacques##

BASNAGE DE BEAUVAL Jacques, protestant, né à Rouen le 8 août 1653, mort le 22 décembre 1723. Il étudia à Saumur, sous Tanneguy le Fèvre, et, voulant devenir ministre, alla commencer à Genève ses études théologiques, qu’il termina à Sedan, sous Jurieu et Beaulieu. En 1676, il fut reçu ministre à Rouen, et, en 1685, .obtint la permission de se retirer en Hollande, où il devint le favori du grand pensionnaire Heinsius. Il fut ministre à Rotterdam, puis à la Haye, et usa toujours de son influence pour rendre service à la France. Il a publié une Histoire des Juifs depuis Jésus-Christ jusqu’à présent, pour servir de supplément à l’histoire de Josèphe, 5 in-12, Rotterdam, 1706. Cette histoire, d’une réelle valeur et d’une grande impartialité, a eu plusieurs éditions ; la meilleure est celle publiée en 1717, 15 in-12. I

En 1710, l’abbé Dupin en avait publié à Paris une édition (7 in-12) sans nom d’auteur, et dans laquelle il avait fait les changements et les suppressions qu’il jugeait nécessaires. Basnage écrivit alors YHisloire des Juifs réclamée et rétablie par son véritable auteur contre l’édition anonyme et tronquée faite à Paris, in-12, Paris, 1711. De ce même auteur, nous avons encore : Histoire du Vieux et du Nouveau Testament, représentée en taille s-douces par Rornein de Hoogue, avec une explication, in-f°, Amsterdam, 1705 ; in-4°, Amsterdam, 1706 ; elle fut réimprimée, en 1714, sous le titre de Grand tableau de l’univers. Antiquités judaïques, ou remarques critiques sur la république des Hébreux, 2 in-8°, Amtersdam, 1713. — Voir Walch, Bibl. theol., t. i, p. 58, 74 ; t. ii, p. 886 ; Sax, Onomast. Un., t. v, p. 300, 362. B. Hedrtebize.

    1. BASQUES##

BASQUES (VERSIONS) DE LA BIBLE. — La

langue basque, qui ne se rattache ni à la famille indoeuropéenne ni à la famille sémitique, est parlée, en France, dans l’arrondissement de Mauléon et dans la plus grande partie de celui de Bayonne (Basses-Pyrénées), et, en Espagne, dans les provinces de Navarre, de Guipuzcoa, d’Alava et de Biscaye. Elle forme trois principaux dialectes, le labourdin, le souletin et le biscayen, sans parler de quelques dialectes moins importants. Les Basques appellent leur langue euscara.

On ne connaît aucune version des Livres Saints en cette langue avant le xvie siècle. À cette époque, la reine de Navarre, Jeanne d’Albret, mère de Henri IV, fit traduire le Nouveau Testament en basque par le pasteur de l’Église réformée de La Bastide Clairence, Jean Liçarrague ; il fut imprimé à la Rochelle : Jésus Christ gure iaunaren Testamenlu berria. In -8°, Rochellan, 1571. ( Bibliothèque nationale. À 6455 bis. Réserve.) Il ne porte pas sur le titre le nom du traducteur, mais « Jean de Liçarrague de Briscous » se nomme lui-même dans la Dédicace ( en français) placée en tête de sa version et adressée à la reine de Navarre. Il dit lui-même de son œuvre : « Me souvenant tousiours de l’exprès commandement de Dieu, qui est de ne rien oster ni adiouster à sa parole, ie l’ay fait le plus fidèlement qu’il m’a esté possible » (p. iiii). Elle est, en effet, exacte ; mais on reconnaît le calviniste à certaines expressions : sacrificadore, « sacrificateur, » au lieu de « prêtre » ; emendamendu, « amendement, » Marc, I, 4, 15, etc., au lieu de « pénitence », etc. Le dialecte est le labourdin. L’auteur semble avoir fait sa version sur la traduction française en usage de son temps parmi les calvinistes. C’est un des premiers livres qui aient été imprimés en basque.

La traduction de Liçarrague, dont les exemplaires étaient devenus extrêmement rares, a été réimprimée, en entier : Jesus-Christo gure jaunaren Testament berria. Lapurdico escuararal itçulia, in-8°, Bayonne, 1828, et en partie, Jésus-Chnstoren Evangelio saindua, S. Mathiuren arabera (Évangile de S. Matthieu), in-4°, Bayonne, 1825 (publié par le pasteur Pyt aux frais de la Société biblique) ; autre édition, in-8°, Bayonne, 1828 ; Jesus-Christo gure jaunaren laur ebanyelioac… eta apostolu suainduen eguintcen liburua ( les quatre Évangiles et les Actes des Apôtres), in-8°, Bayonne, 1828. Fleury de Lécluse a publié séparément Sermon sur la montagne en grec et en basque, in-8°, Toulouse, 1831. M. J. Vinson a fait aussi réimprimer la traduction de l’Évangile de saint Marc par Liçarrague, dans le premier fascicule de ses Documents pour servir à l’étude historique de la langue basque, avec index, notes et vocabulaires, in-8°, Bayonne, 1874. W. J. Van Eys a également réédité Y Évangile selon saint Matthieu, in-8°, Paris, 1877. Liçarrague n’avait traduit que le Nouveau Testament. A la fin du XVIIe siècle ou au commencement du xviil", Pierre d’Urte, ministre du Saint Évangile, natif de Saint-Jean -deLuz, qui vivait encore en 1715, entreprit une

traduction de l’Ancien Testament ; mais il s’arrêta dès le début de son œuvre. Son manuscrit contient seulement la Genèse et les vingt-deux premiers chapitres de l’Exode (l-xxii, 6). Il est conservé dans la bibliothèque de lord Macclesfield, à Shirburn, dans le comté d’Oxford. Il commence par ces mots : Biblia saindua Testament çaharra eta berria iduquitçen dituena bertçéla alientcia çaharra eta berria : edo iscritura saindua guera. Le dialecte est celui de SaintJean-deLuz et diffère du dialecte archaïque de Liçarrague. La version paraît faite sur la Bible française de Genève. Voir Academy, 13 septembre et 8 novembre 1884, t. xxvi, p. 168, 306 ; 21 janvier 1893, t. xliii, p. 60.

Jusqu’au XIXe siècle, il n’avait encore paru de traduction catholique d’aucune partie des Livres Saints. Comme l’évêque de Bayonne désirait opposer une version orthodoxe à celle de Liçarrague, un prêtre de son diocèse, Jean de Haraneder, de Saint-Jean-de-Luz, avait traduit tout le Nouveau Testament ; mais son travail n’avait pas été imprimé. Une copie manuscrite de son œuvre se trouve entre les mains de M. l’abbé Harriet ; elle porte pour titre : lesu Christoren Evangelio saindua, Iean Haraneder aphez Donibane Lohitzucoac escoararat itçulia. M.DCG.XL. (Le saint Évangile de Jésus-Christ, traduit en basque par Jean Haraneder, prêtre de Saint-Jean-de-Luz.) La copie, faite par Jean Robin, prêtre, est datée de 1770.

A l’aide de cette traduction et en se servant aussi de Liçarrague, M. Harriet a publié Jesu - Christo gure jaunaren Testament berria lehenago I. N. Haraneder done loane Lohitsuco iaxm aphez batec escuarrat itçulia ; orai, àrtha bereci batequin, garbiquiago, lehembico aldicotçat aguer - aracia, laphurtar bi iaun aphecec. In-12, Bayonne, 1855. (Le Nouveau Testament de Jésus-Christ, traduit primitivement en basquepar un seigneur prêtre de Saint-Jean-de-Luz, J. N. Haraneder ; publié maintenant pour la première fois, plus purement, avec un soin particulier, par deux prêtres labourdins.) Les deux prêtres labourdins sont M. M. Harriet et M. Dassance ; Je concours de ce dernier a été seulement pécuniaire. Cette version ne contient que les quatre Évangiles, accompagnés d’un vocabulaire basque et précédés de prières.

Les traductions basques des Livres Saints ont été nombreuses pendant le xix c siècle. Un médecin nommé Oteiza a traduit en guipuzcoan l’Évangile de saint Luc : Evangelioa San Lucasen guissan. El Evangelio segun S. Lucas traducido al vascuence. In-8°, Madrid, 1838. Cette version a été publiée par G. Borrow, avec le concours de la Société biblique. Voir G. Borrow, The Bible in Spain, 2\{\{e\}\} édit., 3 in-12, Londres, 1843, t. ii, ch. xix, p. 391 ; trad. franc., 2 in-8°, Paris, 1845, t. ii, ch. iii, p. 44. C’est surtout au prince Louis-Lucien Bonaparte que les Basques doivent de nombreuses publications des Écritures en leur langue ; il a fait traduire la Bible entière en labourdin, et plusieurs parties de l’Ancien et du Nouveau Testament en divers dialectes. Voici ces publications, selon l’ordre des livres de l’Écriture : Bible saindua edo Testament zahar eta berria Duvoisin kapitainak latinezko Bulgatatik lehembiziko aldizko laphurdiko eskarara itzulia Luis Luziano Bonaparte Printzeak argitara émana. Grand in-8° à deux colonnes, publié en cinq livraisons, Londres, 1859-1865. (La Bible ou le Testament ancien et nouveau, traduit pour la première fois du latin de la Vulgate au basque du Labourd.) — Biblia edo Testamentu zar eta berria Aita Fray José Antonio de Uriarte latinezeo Vulgatatic lembicico aldiz Guipuzcoaco euscarara itzulia, Luis Luciano Bonaparte principeac eta don José Antonio de Apiazu guipuzcoatarrac lagunduric. In-8°, Londres, 1859. (La Bible ou l’Ancien et le Nouveau Testament, traduit pour la première fois du latin de la Vulgate au basque de Guipuzcoa.) Il n’a paru que la Genèse, l’Exode et le Lévitique (251 exemplaires). — Le livre de Buth, traduit en basque labourdin par le cap. Duvoisin. In-12, Londres, 1860 (250 exemplaires. Société biblique). — El

salmo quincuagêsimo traducido al vascuence del valle de Salazar, de la version castellana de don Felipe Scio, por don Pedro José Samper, abad de Jaurieta. In - 4% Londres, 1867. — El salmo quincuagêsimo traducido al vascuence aezcoano, salaceno y roncalés de la version castellana del padre Felipe Scio, por don Martin Elizondo de Aribe, don Pedro Samper, y don Mariano Mendigacha, de Vidangoz. In-4°, Londres, 1869. — Canticum canticorum Salomonis tribus vasconiese linguse dialectis in Hispania vigentibus versum, opéra et studio Josephi A. de Uriarte et Ludovici L. Bonaparte. In-4°, Londres, 1858. Tiré à 250 exemplaires. — Canticum trium puerorum in septem prsecipuas vasconiese Ungux dialectos versum. In -4°, Londres, 1858. — Le Cantique des cantiques de Salomon, traduit en basque labourdin, par M. le cap. Duvoisin. In-8°, Londres, 1859. Tiré à 250 exemplaires. — Le même, traduit en basque biscayen central, tel qu’il est communément parlé aux environs de Bilbao, par le P. J. A. de Uriarte. In -8°, Londres, 1862. — Canticum trium puerorum in undecim vasconiese linguse dialectos versum, collegit L. L. Bonaparte. In-4°, Londres, 1858. Autre édition, même lieu et même date. Ces trois éditions ont été tirées chacune à 250 exemplaires. Ce cantique a été publié aussi en quelques autres dialectes, Londres, 1869. — La profecia de Jonâs traducida al vascuence, dialecto navarro del valle de Bastan, segun ahora comunmente se habla en la villa de Elizondo, por don Bruno Etchenique. In - 16, Londres, 1862 (250 exemplaires). — La prophétie de Jonas traduite endialecte basque de la Basse -Navarre, tel qu’il est communément parlé dans la ville de Cize, par M. l’abbé Casenave. In-16, Londres, 1862 (250 exemplaires). — La prophétie de Jonas traduite en basque labourdin par le cap. Duvoisin. In-16, Londres, 1863 (250 exemplaires). — L’Évangile selon saint Matthieu, sur la version de M. le Maistre de Sacy, traduite en langue basque, dialecte bas-navarrais, par M. Salaberry ( d’Ibarrole), pour le prince Louis-Lucien Bonaparte. In-8°, Bayonne, 1856. Il n’en a été tiré que douze exemplaires. — Le Saint Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu, traduit en basque souletin, par l’abbé Inchauspe, pour le prince Louis -Lucien Bonaparte. In -8°, Bayonne, 1856. Tiré à douze exemplaires. — El Evangelio segun san Mateo, traducido al vascuence, dialecto vizeaino, por et P. Fr. José Antonio de Uriarte, para et principe Luis Luciano Bonaparte. In-8°, Londres, 1857. Tiré à douze exemplaires.

— El Evangelio segun san Mateo, traducido al vascuence, dialeeto navarro, por don Bruno Etchenique de Elizondo, para et principe Luis Luciano Bonaparte. In-8°, Londres, 1857. Tiré à dix exemplaires. — El Evangelio segun san Mateo, traducido al vascuence, dialecto guipuzcoano. In-8°, Londres, 1857. Tiré à dix exemplaires. Autre édition, Londres, 1858 (de 26 exemplaires). — Le prince Lucien a fait aussi publier : San Lucasen ebanjelioaren parteac (Parties de l’Évangile de saint Luc) (sans lieu ni date), (nous ne parlons pas de quelques autres fragments sans importance). — Jesu-Cristoren Evangelio sandua Juanec dacarran guisara. Don Joaquin Lizarragac euscaran itzulia itzes itz, daiguen dina, eguiaren amorez, ta L. L. Bonaparte arguitara émana. In-4°, Londres, 1868. (Le Saint Évangile selon saint Jean, traduit enbasque par don J. Lizarraga, mot pour mot, autant qu’on le peut.) — El Apocalipsis del apôstol san Juan, traducido al vascuence, dialecto vizeaino, por et P. Fr. José Antonio de Uriarte, para et principe Luis Luciano Bonaparte. In-8°, Londres, 1857. Tiré à 51 exemplaires.

— L’Apocalypse de l’apôtre saint Jean, traduit en basque souletin par l’abbé Inschauspe, pour le prince Louis -Lucien Bonaparte. In -8°, Londres, 1858. Tiré à 50 exemplaires. — El Apocalipsis del apôstol san Juan, traducido al vascuence, dialecto guipuzcoano, por el P. Fr. José Antonio de Uriarte, para et principe L. L. Bo-’naparte. In -8°, Londres, 1858. Tiré à 50 exemplaires.

1499

    1. BASQUES##

BASQUES (VERSIONS) DE LA BIBLE — BASTONNADE

1500

Outre les publications du prince Bonaparte, il faut mentionner : Perliasco colierbat. Un collier de perles, ou Passages extraits du Nouveau Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Petit in-8°, Bayonne (-1864). — Miss Alice Probyn (devenue plus tard M me Hill) en a fait faire en 1879, à Paris, une nouvelle édition in-8°, dans un but de propagande protestante. — Ebanjelio saintia Jésus - Kristena jondane Johaneren arabera. In - 8°, Bayonne, 1873 ; 2e édition, Orthez, 1888. Traduction faite par M lle Anna Urruthy, ainsi que celle des Épîtres de saint Pierre : Jondane Phetiriren Epitriac, in-18, Bayonne, 1873 ; 2° édit, 1887.

La Société biblique de Londres a édité les versions suivantes : Ebangelio saindua san Marken arabera, lapurdico escuararat itçulia. In-8°, Londres, 1887. — Ebangelio saindua san Joanesen arabera, lapurdico escuararat itçulia. In-8°, Londres, 1887. Ces deux Évangiles sont simplement réimprimés de la Bible de M. Duvoisin ; seulement dans saint Marc, i, 4, 15 ; vi, 12, on a substitué au mot penitencia, « pénitence, » l’expression emendamendu, « repentance, amélioration. » La Société biblique

fit emprisonner au Temple. Après une longue détention, Bassinet se retira à Chaillol, où il finit ses jours à 90 ans.

— On a de lui : Histoire sacrée de l’Ancien et du Nouveau Testament, représentée par figures accompagnées d’un texte historique, 8 in-8°, Paris, 1804-1806. Le huitième volume de cet ouvrage, contenant les Actes des Apôtres et l’Apocalypse, est de L’Écu, ancien abbé de Prémontré. En 1802, il avait publié sous les initiales J. B. B. une Histoire sacrée du Nouveau Testament, contenant la vie de Jésus-Christ ; elle forme le t. vu de l’x>uvrage cité plus haut. O. Rëy.

    1. BASTONNADE##

BASTONNADE, application d’un certain nombre de coups de bâton, la plus commune des peines corporelles établies par la loi mosaïque pour les délits d’ordre secondaire. Deut., xxv, 2-3 ; Ps. lxxxix, 33 ; Prov., xvii, 26 ; Mischna, Maccoth, iii, 1-7 ; Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 21, 23. C’était du reste et c’est encore le châtiment le plus fréquent en Orient, spécialement en Egypte, où le bâton, « ce don du ciel, » a toujours joué un grand rôle. F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. ii,

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457. — Préparatifs de la bastonnade. Tombeaux de Saqqara. Musée G-niniet.

a donné aussi plusieurs éditions de V Ebangelio saindua san Luken arabera. Lapurdico escuarrat itçulia, petit in-8°, Londres, 1868, 1871, 1878, 1886, 1887. — Jesu Cristoren evanjelioa Lucasen araura (en dialecte guipuzcoan), in-8°, Londres, 1870 ; autre édition, Buenosvyres, 1877. — Jesu - Cristoren Evangelioa Juanen araura, in-8°, Londres, 1879. — Voir J. Vinson, Essai d’une bibliographie de la langue basque, in-8°, Paris, 1891, p. 5 et suiv. F. Vigouroux.

    1. BASS Sabbathai##

BASS Sabbathai, exégète juif, Hollandais, né à Kalisch en 1641, mort à Krotoschin en 1718. Il établit, en 1689, une imprimerie hébraïque à Dyrenfurt. Il est l’auteur : 1° des èiffê hâkâmim, commentaire du commentaire de Raschi sur le Pentateuque et les cinq Megilloth, Amsterdam, 1680 ; — 2° des Èiftê yesênim, catalogue de la littérature hébraïque comprenant 2368 numéros, dont 2200 d’écrivains juifs et 160 d’écrivains chrétiens, Amsterdam, 1680 ; Zolkiew, 1806. Voir J. A. Benjacob, Ozar hasepharim, Thésaurus librorum hebraicorum, in-4°, Wilna, 1880, part, iii, n°* 1236 et 1238, p. 609.

BASSIN D’AIRAIN. Voir Mer d’airain. — Pour les autres bassins ou cuves employés dans le service du temple de Jérusalem, voir Vases dd temple.

    1. BASSINET##

BASSINET (Alexandre -Joseph de), prêtre français, né à Avignon le 22 janvier 1723, mort à Chaillot le 16 novembre 1813, prédicateur brillant à la cour, chanoine et grand vicaire de Verdun, refusa le serment à la constitution civile du clergé, resta caché et oublié pendant la Révolution, mais eut des démêlés avec Bonaparte, qui le

p. 254 ; Fr. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., t. iii, p. 47. Le condamné à qui on l’infligeait était couché sur le ventre, Deut., xxv, 2, les pieds et les mains retenus par les exécuteurs ou attachés à des piquets. On le frappait sur le dos avec un bâton, Prov., x, 13 ; xxii, 15, en présence du juge et immédiatement après le jugement, Deut., xxv, 2. Moïse, qui inscrivit la bastonnade dans le code pénal israélite, l’avait vu souvent pratiquée en Egypte de la même façon : les monuments représentent fréquemment la préparation de cette peine (fig..457) et son administration (fig. 458). D’après la loi mosaïque, le nombre des coups était proportionné à la gravité de la faute, mais ne pouvait dépasser quarante. Deut., xxv, 3. Après le retour de l’exil de Babylone, les Juifs, par scrupule pharisaïque, ne donnèrent plus que trente - neuf coups, de peur de dépasser le nombre maximum prescrit par la loi, II Cor., xi, 24 ; Mischna, Maccoth, iii, 10, ou bien sous l’influence grecque ou romaine, la bastonnade proprement dite fut-elle remplacée par la flagellation (Matth., x, 17 ; Act., v, 40. Voir Flagellation). Or, comme elle était administrée au moyen d’un fouet à trois lanières de cuir, on ne donnait que treize coups en tout, ce qui équivalait à trenteneuf, Josèphe, Ant. jud., TV, viii, 21, note de Ed. Bernard, édit. Havercamp, in-f°, Amsterdam, 1726, p. 237 ; ou bien l’on donnait treize coups sur la poitrine et treize sur chaque épaule. Mischna, Maccoth, iii, 12, et note de Maimonide, Surenhusius, Mischna, part, iv, p. 289. Nulle fonction, nulle dignité n’exemptait de la bastonnade, qui du reste n’avait rien d’humiliant aux yeux des Juifs, malgré le dire de Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 21, trop préoccupé des mceurs romaines et de la façon de penser de

son temps. Le grand prêtre lui-même pouvait la subir, pour une transgression des lois cérémonielles ; aussitôt après, il reprenait ses fonctions sans déshonneur. Selden, De Synedriis, in-8°, Amsterdam, 1679, p. 334 et 347.

La peine du bâton, non plus administrée en règle et devant le juge, mais considérée comme moyen de correction ou comme stimulant dans la main du père ou du maître à l’égard de ses enfants, Prov., xiii, 24 ; xxiii, 13, 14, ou de ses serviteurs, Luc, xii, 45-48, était connue en Palestine comme en Egypte. Les monuments de la vallée du Nil nous montrent souvent des serviteurs menacés du

aux verges l’homme libre : la loi Porcia en exempta les citoyens romains. Act., xvi, 22. La verge, plus flexible que le bâton, était une des baguettes de coudrier ou d’orme qui composaient les faisceaux des licteurs. Chez les Juifs, les maîtres cruels remplaçaient le simple bâton par le scorpion. III Reg., xii, 11. Quelques auteurs y voient un bâton noueux ou armé de pointes. S. Isidore de Séville, Etymolog., V, xxvii, 18, t. lxxxii, col. 212. Mais le scorpion est plutôt un fouet armé de pointes de fer, une sorte de flagellum. — Voir J. D. Michælis, MosaU sches Recht, in-12, Francfort, 1780, 5e partie, p. 48-53 ;

[[File: [Image à insérer]|300px]]
458. — Bastonnade infligée à un berger qni a perdu une partie de son troupeau.

Tombeau de Beni-Hassan. — Dans le registre snpérienr, le chef de famille, reconnaissable & la canne qu’il tient à la main, demande le compte de ses troupeaux. Un scribe, qui n’est pas reproduit dans notre gravure, le lui indique d’après ses tablettes : il s’élève à deux cent cinquante têtes ; le berger n’en ramène que deux cent quarante ; U est condamné à la bastonnade, qui lui est administrée dans le registre Inférieur. La légende hiéroglyphique qu’on lit dans le registre inférieur signifie : « Mets-le par terre sur le ventre. » Celle qui est dans le registre supérieur Indique le chiffre total du troupeau (350). D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, pi. 390 et 391.

bâton, ou debout les mains derrière le dos subissant cette peine ; on y voit des surveillants stimulant du bâton le travail des esclaves. Voir Briques. Sur les monuments assyriens, les convois de captifs sont toujours conduits par des soldats armés de bâtons pour frapper les récalcitrants. Voir fig. 261, col. 983 et Captifs. L’auteur des Proverbes, xiii, 24 ; xxiii, 13, 14, juge excellente la correction corporelle pour les enfants rebelles aux voies de la raison et de la douceur ; mais il faut en user avec modération, xix, 18.

Dans le monde grec, la bastonnade était usitée sous une forme spéciale. Ainsi Antiochus condamne Éléazar au supplice du tvimtoivov. II Mach., vi, 19, 28, 30 (texte grec). Saint Paul y fait allusion, Hebr., xi, 35 (grec). Le tympanum était un instrument de supplice en forme de roue, où le corps du condamné était fortement tendu comme la peau d’un tambour, et on le frappait de coups de bâton jusqu’à la mort. — Chez les Romains, tandis que le fouet était réservé aux esclaves, on condamnait

J. Selden, De Synedriis, in-4°, Amsterdam, 1679, 1. II, c. xiii, 6, p. 333-348. E. Levesqub.

BATAILLE. Voir Guerre.

    1. BATANÉE##

BATANÉE (BaTavaîa, dans Josèphe et Ptolémée), forme grécisée du nom de Basan, par l’intermédiaire de l’araméen, qui avait durci la sifflante en t. Voir BaSan, col. 1487, 1489-1490.

    1. BÂTARD##

BÂTARD, enfant de naissance illégitime, c’est-à-dire né hors mariage. Chez les Hébreux, on ne regardait comme bâtards ni les enfants des esclaves, ni les enfants des femmes du second ordre, appelées « concubines » dans l’Écriture (voir Concubine) ; comme le mariage des esclaves et le « concubinat » étaient de véritables unions matrimoniales, quoique d’ordre inférieur, le fruit de ces unions était légitime. Il est difficile de définir quelle était, dans la loi de Moïse, la situation des bâtards. Nous n’avons

de texte précis que pour une catégorie d’entre eux, ceux à qui l’Écriture donne le nom de mamzêr, Deut., xxiii, 2, mot que la Vulgate a conservé et qui a passé dans la langue du droit canonique.

1° À qui s’appliquait, ^ chez les Hébreux, la qualification de « mamzêr ». — Quoiqu’on ne puisse pas déterminer d’une manière certaine toutes les espèces d’enfants illégitimes comprises par les Hébreux sous cette dénomination, on peut cependant signaler les principales. On regardait comme mamzêr : 1. L’enfant né d’une union incestueuse, au moins dans les cas d’inceste les plus graves ; ces cas d’inceste sont ceux que la loi punit soit de la peine de mort, soit de la peine du « retranchement », kârat. Telle est l’opinion traditionnelle des Juifs, consignée dans la Mischna, traité Yebâmoth, iii, 13, édit. Surenhusius, Amsterdam, 1700, t. iii, p. 17-18. Cf. Bartenora et Maimonide, dans lears Commentaires sur cet endroit de la Mischna, loc. cit. ; Selden, De Jure naturse et gentiùm, v, 16, VVittenberg, 1770, p. 655, et De successionibus in bona defuncti, iii, Francfort-sur-1’Oder, 1673, p. 12 ; Saalschûtz, Dos Mosaische Recht, Berlin, 1853, k. 100, p. 693 ; Gesenius, Thésaurus linguse hebrsese, p. 781. — 2. L’enfant né d’une relation adultérine ; il était placé sur le même pied que le fruit de l’inceste. Cf. Selden, De successionibus, loc. cit. — 3. L’enfant né d’un mariage défendu entre Juifs et étrangers ; la loi ne défendait pas aux Juifs le mariage avec toute espèce d’étrangers, mais seulement avec certains étrangers, par exemple, les Chananéens, Exod., xxxiv, 16 ; Deut., vii, 2-4 ; or l’enfant né d’une de ces unions défendues était regardé et traité comme mamzêr ; on en voit une application rigoureuse dans Esdras, x, 3, 44. — 4. Probablement aussi, l’enfant né d’une fille prostituée ; telle est, en effet, pour le mot hébreu mamzêr, Deut., xxiii, 2, la traduction des Septante, Sx îcipvv] ; , et de la Vulgate, de scorto natus ; cette sévérité vient de la rigueur avec laquelle Moïse avait défendu ce crime, ne voulant pas le tolérer en Israël. Deut., xxm, 17. — En dehors de ces cas, il est difficile de dire si la qualification de mamzêr s’applique encore à d’autres catégories d’enfants illégitimes ; ce qui est certain, c’est qu’il ne suffisait pas qu’une union ou relation fût défendue, ou même annulée, pour que le fruit en fût déclaré mamzêr ; voir le commentaire de Bartenora sur la Mischna, traité Yebâmoth, iii, 13, dans Surenhusius, toc. cit. ; Selden, De successionibus, etc., p. 12-13. La simple violation du sixième précepte du Décalogue est punie d’une peine relativement légère, Exod., xxii, 16-17 ; il n’est aucunement probable que le fruit de cette relation coupable soit réduit à la triste situation du mamzêr.

2° Quelle était la situation du « mamzêr » chez les Hébreux. — D’une manière générale, on peut dire qu’il était frappé d’une espèce d’excommunication à la fois civile et religieuse ; tel est, en effet, le sens du passage rapporté du Deutéronome, xxiii, 2 : « Que le mamzêr n’entre pas dans l’assemblée du Seigneur, biqehal Yehôvâh, pas même sa postérité jusqu’à la dixième génération ; » l’expression qàhàl Yehôvâh signifie « l’assemblée », et, par suite, la société des Israélites, peuple choisi de Jéhovah, avec tous les droits civils et religieux qui appartiennent à ses membres. Le mamzêr était donc plus ou moins privé de ces droits. Voici quelques applications de cette peine, signalées par l’Ecriture ou les interprètes : 1. Le mamzêr n’a pas le droit d’épouser une fille d’Israël ; cela découle du texte du Deutéronome. Ce droit était un des plus précieux des enfants de Jacob, parce qu’il avait pour but immédiat de recruter le peuple de Dieu, d’où devait sortir le Messie. Cf. Maimonide, More Nebochim, iii, 49, traduction latine de Buxtorf, Bâle, 1629, p. 507 ; Selden, De jure naturse, v, 16, p. 656-660. Le mamzêr ne pouvait épouser qu’une étrangère, une affranchie, une esclave. — 2. Le mamzêr n’était pas inscrit sur les listes généalogiques ; il. était comme s’il n’existait pas ; il n’était pas réputé comme « fils ». C’est

encore une conséquence du texte cité. Rosenmûller, Scholia in Vêtus Testamentum, In Deut., xxiii, Leipzig, 1824, p. 566. Toutefois cette sanction ne date que de la loi mosaïque ; avant Moïse il n’en est pas question : le nom de Phares, dont la naissance lui méritait la situation de mamzêr, setrouve dans toutes les généalogies contenues dans les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. — 3. Le mamzêr n’avait aucun droit sur la succession de son père, et en conséquence n’avait, de ce côté, aucune part d’héritage. Telle est l’opinion commune des interprètes, qui la déduisent du même texte ; ce texte nous montre le mamzêr séparé de la société juive, et par conséquent privé des droits civils, dont un des principaux est le droit de succéder. Voilà pourquoi Jephté, qui était mamzêr, comme ayant pour mère une fille publique, zônâh, Jud., xi, 1, put être légitimement privé par ses frères de toute part dans la succession de leur père, Jud., xi, 2, traitement qui paraît avoir été ratifié par une sentence des anciens de la ville. Jud., xi, 5-7. Si, dans ce dernier passage, Jephté se plaint, ce n’est pas d’avoir été privé de sa part d’héritage, mais d’avoir été chassé de la maison paternelle, ce qui est bien différent. Cf. Serarius, In Judices, xi, 9, 4, Paris, 1611, p. 336-337 ; Ménochius, De republica Hebrseorum, v, 9, Paris, 1648, p. 478 ; Rosenmûller, In Judices, xi, 1-2, Leipzig, 1835, p. 264-265. C’est ainsi que, chez les Romains, le droit pour les bâtards de succéder et d’hériter était extrêmement restreint ; et chez les Grecs, particulièrement chez les Athéniens, il était nul. Cf. Ubbo Emmius, De Republica attica, dans Gronovius, Thésaurus grxcarum antiquitatum, Venise, 1732, t. iv, p. 613 ; Hotman, De spuriis et legitimatione, dans Grasvius, Thésaurus rornanarum antiquitatum, Venise, 1732-1737, t. viii, p. 1204-1205. Le mamzêr, chez les Hébreux, n’était pourtant pas abandonné ; ses parents lui devaient le vivre et le couvert ; et Josèphe nous apprend que, quand les parents coupables étaient punis de la peine de mort, par exemple, en cas d’adultère, la communauté juive se chargeait de l’enfant né de ces relations, Contr. Apion., ii, 24. — Remarquons, sur le point qui nous occupe, un grand relâchement chez le peuple juif ; dans les siècles qui suivirent le commencement de l’ère chrétienne, le mamzêr hérita comme ses frères légitimes ; c’est ce que nous apprend Maimonide, traité Nechaloth, i, dans Selden, De successionibus, etc., p. 11.

— 4. Le mamzêr était exclu de toute fonction publique, et même du droit de voter dans les assemblées ; nouvelle conséquence du texte du Deutéronome, xxiii, 2. Cf. Leydekker, De republica Hebrseorum, vi, 5, Amsterdam, 1704, p. 361. Que si Jephté fut choisi pour être le « juge » ou chef de sa tribu, ce fut dans un de ces cas de nécessité où le salut public est la loi suprême, et par une sorte d’inspiration divine, comme l’insinue saint Paul. Hebr., xi, 32. Cf. Serarius, loc. cit., q. 5, p. 338-339 ; Leydekker, loc. cit., p. 362. — 5. À plus forte raison, le mamzêr était exclu des fonctions sacerdotales ; ici les prescriptions étaient plus sévères : le sacerdoce était interdit, non seulement au mamzêr tel que nous l’avons défini, mais encore à plusieurs autres catégories d’enfants illégitimes ; si un prêtre, malgré la prohibition de la loi, épousait une femme drvorcée, une fille publique, une veuve, une étrangère, les enfants qui naissaient de ces mariages étaient réputés illégitimes, au point de vue du sacerdoce. Leydekker, De republica Hebrseorum, x, 3, p. 589, Selden, De successione in pontificaturft, Francfort-surl’Oder, 1673, ii, 2, p. 196-197 ; Cnr’pzov n Apparatus antiquitatum S. codicis, Leipzig, 1748, p. 89. — 6. Cette situation du mamzêr non seulement durait toute sa vie, mais encore s’étendait à sa postérité, « jusqu’à la dixième génération, » dit le texte, Deut., xxiii, 2, expression que les interprètes entendent, les uns (par exemple, Rosenmûller, In Deut., xxiii, 3, p. 569), d’un temps indéfini, les autres (par exemple, Cornélius a Lapide, In Deut, , xxiii, 2) dans le sens strict, c’est-à-dire jus

qu’au dixième descendant, à l’exclusion des suivants. Les rabbins, par leurs traditions, ont détruit en partie cette loi du Seigneur, en rendant possible l’extinction de la peine, même à la seconde génération : nouvelle manifestation du relâchement déjà signalé. Mischna, traité Kiddouschîn, iii, 13, édit. Surenhusius, t. iii, p. 378. Cf. Selden, De jure naturali, v, 16, p. 659-660 ; Saalschûtz, Das Mosaische Recht, k. 100, p. 694, note 892.

Quant à l’enfant illégitime qui n’était pas mamzêr, on ne peut que faire des conjectures, car aucun texte ni fait précis ne nous éclaire sur sa situation. Ce qu’on peut dire, c’est que cette situation était bien moins pénible que celle du mamzêr, et que, sauf pour la succession des biens, il jouissait probablement de tous les droits civils : c’est ce que laisse à entendre le texte du Deutéronome, xxm, 2, qui, traitant spécialement du mamzêr, ne peut pas et ne doit pas s’appliquer aux autres enfants illégitimes. Du reste, cette catégorie d’enfants devait être peu nombreuse ; car, comme dans ce cas la mère de l’enfant n’était ni mariée ni parente de son complice, celui-ci pouvait et devait l’épouser, Exod., xxii, 16 ; Deut., xxii, 28-29 ; même quand le complice était marié, les mœurs juives sur la polygamie lui permettaient de prendre une seconde femme. Dès lors l’enfant entrait dans la catégorie des enfants légitimes. S. Many.

    1. BATE Julius##

BATE Julius, hébraïsant anglais, né en 1711, mort à Arundel le 20 janvier 1771. Il fut le disciple de Jean iïutchinson, hébraïsant, naturaliste et commentateur mystique et cabalistique de la Bible. Il écrivit plusieurs ouvrages en faveur de la doctrine de son maître. Nous citerons de lui : An enquiry into the occasional and standing similitudes oftheLord God in the OldandNew Testaments ; or the forms mode use of by Jehova Aleim to represent themselves to true believers before and since the Law by Moses. With a dissertation on the supposed confusion of tangues at Babel, in-8°, Londres, 1756. — The inlegrity of the Hebrew text and many passpges of Scripture, vindicated from the objections ofKennicott, in-8°, Londres, 1755.

— À neiv and literal translation of the Pentateuch and historical books of the Old Testament to the end of 2 Kings. With notes critical and explanatory, in-4°, Londres, 1773. — An Essay towards explaining the third chapler of Genesis and the spiritual sensé of the Law. In which the third proposition of the divine Légation, and what the author hath brought to support it, are considered, in-8°, Londres, 1741. — Remarks upon Mr Warburton’s Remarks, tending to show thaï the Ancients kneiv there was a future state ; and that the Jews were not under an equal Providence. With an explication of some passages in Job, which relate to Christianity, in-8°, Londres, 1745. — The faith of the ancient Jews in the law of Moses, and the évidence of the types vindicated. In a letter to the Rev. Dr. Stebbing, in-8°, Londres, 1747. — Micah v, 2, and Matth. ii, 6, reconciled ; with some remarks cm Dr. Runfs latin oration at Oxford, 11U8, and Dr. Grey’s last words of David, and David numbering the people, in-8°, Londres, 1749. — An Hebrew grammar : formed on the usage of the words by the inspired writers ; being an attempt to make the learning of Hebrew easy, in-8°, Londres, 1751. — Critica Hebrœa, or a Hebrew-English Dictionary without points. — Voir Darling, Cyclopscdia

bibliogr., p. 197, 198.
B. Heurtebize.

BATEAU. Voir Navigation.

1. BATH, mot hébreu, bat, qui signifie « fille y>, et qui entre comme élément dans la composition des noms propres de femmes, de même que bén, « fils, » sert à former des noms propres d’hommes. Voir Bethsabée (hébreu : Baf-Sëba’; Bat-su’a, I Par., iii, 5) ; Béthia { hébreu : Bifyâh). — Le mot bat, K fi’lej B s’emploie

aussi en hébreu pour désigner : 1° soit les femmes, « filles d’Israël, » signifiant simplement « les femmes israélites » ; 2° soit les habitants en général d’une ville ou d’un pays : « fille de Sion, » c’est-à-dire les habitants de Sion ; « fille de Tyr, » habitants de Tyr ; « fille de Misraïm, » habitants de l’Egypte. — 3° Les « filles » d’une ville sont ses faubourgs et ses dépendances, etc.

2. BATH (hébreu : bat, mot qui signifie probablement « mesure » ), mesure hébraïque de capacité pour les liquides. Ce mot a été latinisé en plusieurs endroits par la Vulgate sous la forme batus. III Reg., vii, 26, 38 ;

I Esdr., vii, 22 ; Ezech., xlv, 10, 11, 14. Les Septante rendent une fois bat par pett’O, I Reg., v, 11 ; une autre fois par petto ; , I Esdr., vii, 22 ; ailleurs ils emploient des noms de mesures grecques. Les autres traducteurs grecs, Aquila, III Reg., vii, 38 ; Is., v, 10 ; Ezech., xlv, 14 ; Symmaque, III Reg., v, 11 ; vil, 38 ; Is., v, 10 ; Théodotion, Is., v, 10 ; Ezech., lxv, 14 ; les Pères grecs, comme Théodoret, In Is., v, 10, t. i, p. 466, se servent du mot gâxoç ou piSoç. La forme piSoç se lit dans^certains manuscrits de I Esdr., vii, 22, ainsi que dans Josèphe, A nt. jud., VIII, H, 9. Saint Luc a employé une fois le mot porco ; dans son Évangile, XVI, 6. La Vulgate traduit, dans ce dernier passage, par cadus ; ce mot, qui vient de l’hébreu kad, désigne proprement, non pas une mesure de capacité, comme le bat ou pàToç de saint Luc, mais un vase d’argile, une urne.

Le bath n’est pas nommé dans l’Ecriture avant l’époque des Rois. Il était la dixième partie du chômer ou cor, Ezech., xlv, 11, 14, et avait la même capacité que Yéphah ou éphi / comme le dit expressément Ézéchiel, xlv, 11. Le bath et Yéphah ne différaient que par l’usage qu’on en faisait, le premier servant pour les solides et le second pour les liquides, c’est-à-dire pour le vin et l’huile. Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, 9, édit. Didot, t. i, p. 288, dit que le bath contenait soixante-douze léoro » (sextarii), c’est-à-dire un metrète attique ([actpï]t^{, metreta) ou environ 38 litres 88. Voir Mesures.

La Vulgate n’a pas rendu uniformément bath par batus ; elle l’a traduit par laguncula, Is., v, 10 ; par metreta,

II Par., ii, 10 ; IV, 5, et par cadus, Luc, xvi, 6. Dans l’histoire de Bel et du dragon, dont nous ne possédons plus l’original sémitique, le bath est appelé, en grec, (ieTpï)Triç, et en latin amphora. Dan., xiv, 2. Les urnes des noces de Cana, dont le Sauveur changea l’eau en vin, contenaient chacune de deux à t r ois baths (^expr^â ;  ; Vulgate : metretas), c’est-à-dire de 67 à 76 litres environ. Joa., ii, 6. F. Vigouroux.

    1. BATH KOL##

BATH KOL (bip ris, bat oM, « fille de la voix » ). Les

Targums, le Talmud et les écrivains rabbiniques désignent par ce nom une sorte de voix surnaturelle qui révèle la volonté de Dieu et constitue le quatrième et dernier degré de la révélation. (Le premier est le don de prophétie, le second le don du Saint-Esprit, le troisième l’oracle de Yurim et du thummim). D’après les Targums, Dieu se servit de la. Bath kol pour manifester sa volonté à Abraham, à Moïse, à Samuel, à David, etc. Voir les Targums de Jonathan et de Jérusalem, Gen., xxxviii, 26 ; Num., xxi, 6. (Cf. Reland, Antiquitates veterum Hebreeorum, 4, dansUgoljni, Thésaurus, t. ii, part, ii, c. ix, col. dccxxxv.) Elle devint l’unique moyen de communication entre Dieu et son peuple pendant la période du second temple. « Depuis la mort d’Aggée, de Zacharie et de Malachie, l’Esprit-Saint (Ruah hagqôdés) fut retiré à Israël ; mais il jouit néanmoins de l’usage de la Bath kol. » Sofa, ꝟ. 42. Cf. Vitringa, Observalionum Sacrarum libri seæ, Franeker, ii, p. 338. Cf. p. 341-363..

Le sens des mots Bath kol est controversé. Il est probable qu’ils signifient « écho ». Cf. Midrasch sur Exod., f. m b, et Cant., I. La nature elle-même de cette sorte de révélation est très diversement expliquée par les rabbins.

I. — 50

L’opinion prédominante paraît être que la Bath kol n’était pas une voix directe du ciel, mais une sorte d’écho, d’où son nom de « fille de la voix ». Voir Buxtorf, Lexicon talmudicum, ; au mot Bat, édit. Fischer, t. i, p. 168. « La BatK kol est quand un homme a une forte impression qu’il croit entendre une voix hors de lui-même, » dit Maimonide, More Nebuchim, 2e part., c. 42, édit. L. Munk, t. ii, 1861, p. ï.

Cette voix, d’après les rabbins, était une voix céleste, Sota, ꝟ. 486, col. 2 ; Baba metsiah, î. 59 b ; Sanhédrin, f. ii, col. 1. Ce n’était pas cependant la voix de Dieu, mais celle des anges ou du prophète Élie. Elle se fit entendre aux hommes sages et pieux depuis l’an 450 avant Jésus-Christ jusqu’à l’an 220 de notre ère. Son existence, qui a été un grand sujet de discussion entre les rabbins eux-mêmes, n’est nullement établie. Il est néanmoins nécessaire de savoir-ce qu’on entend par ces mots pour l’intelligence des Targums et aussi de la Peschito, version syriaque du Nouveau Testament, qui a quelquefois rendu le mot grec çwviî, « voix, » par jyLo &-L3, benof qolé, « filles des voix, » Act., xii, 22 ; I Tim., vi, 20 ; Hebr., iii, 15 (bat qoléh). — Voir Hàner, De Bath kol, Iéna, 1673 ; Metzler, De vocis filia, léna, 1673 ; Danz, De filia, vocis, Iéna, 1716, et dans J. G. Meuschen, Novum Testamentume Talmude illustratum, in-4°, Leipzig, 1736, p. 350-378 ; Proceedings of the Society of Biblical 4rcftœofogry, avril 1886, p. 117. F. Vigctoroux.

    1. BATH-RABBIM##

BATH-RABBIM (hébreu : Bat-rabbim ; les Septante et la Vulgate ont traduit ce mot comme nom commun, QvytxTpbs itoXXwv, filial multitudinis, « la fille de beaucoup, de la multitude » ). Dans le Cantique des cantiques, vu, 4, les yeux de l’épouse sont comparés aux « piscines d’Hésébon, qui sont devant la porte de Bath-rabbim ». C’est le seul endroit de l’Écriture où l’on rencontre ce nom. Il résulte du contexte, en prenant Bath-rabbim, avec la plupart des commentateurs modernes, comme nom propre, que ce mot désigne une des portes d’Hésébon, et que cette porte était située près des piscines de cette ville. D’après les usages de l’Orient, la porte d’Hésébon nommée Bath-rabbim devait être ainsi appelée parce qu’elle conduisait à Bath-rabbim. Or la seule ville connue de cette région dont le nom se rapproche de celui que nous lisons dans le Cantique est Babbath (hébreu : Rabbâh ; aujourd’hui Amman), ville principale des Ammonites. Mais Rabbath est au nord d’Hésébon, et la seule piscine qui se trouve à Hésébon est du côté opposé de la ville, c’est-à-dire au sud. Voir Chauvet et Isambert, Syrie, Palestine, 1882, p. 511. Il faut donc admettre ou que les anciennes piscines du nord ont disparu sans laisser de traces, ou que Bath-rabbim désigne une ville inconnue, différente de Rabbath, ou enfin que Bath-rabbim est un nom commun, synonyme poétique d’Hésébon et signifiant « la porte de [ la cité ] populeuse, renfermant beaucoup d’habitants », ainsi que l’explique H. Weser, dans Biehm’s Handwôrterbuch des biblischen Altertums, 1893, t. i, p. 620. J. Ayre, Treasury of Bible Knowledge, 1879, p. 95, suppose avec moins de vraisemblance que « porte de la fille du grand nombre » signifie « une porte par laquelle il passe beaucoup de monde ». D’après M. R. Conder, Heth and Moab, in-8°, Londres, 1883, p. 125, la porte de Bath-rabbim était un passage taillé dans les rochers au sommet de la montagne et qui conduit de la vallée où coule au nord YAïn Besban actuel, au plateau sur lequel était bâti Hésébon. "- F. Vigouroux.

1. BATH-SCHOUA (hébreu : Bat-sû’a, « fille de Sua ou Sué, » comme traduisent les Septante et la Vulgate ), Ghananéenne, femme de Juda, fils de Jacob. Elle est ainsi appelée Gen., xxxviii, 12, et I Par., ii, 3, dans le texte original, et c’était sans doute son nom propre, quoique Gen., xxxviii, 2, semble indiquer par la séparation des mots bat et Sû’a, seulement son origine. Voir Sué.

2. BATH-SCHOUA, forme du nom de Bethsabée, épouse de David, dans I Par., iii, 5. Voir Bethsabée.

1. BATHUEL (hébreu : Bepû’êl, peut-être pour Metû’êl, « homme de Dieu ( ?) ; Septante : BaBovrjX), fils de Nachor et de Melcha et père de Rébecca. Gen., xxii, 20-23. Il habitait Haran, en Mésopotamie, où son grand-père Tharé et son père Nachor étaient venus s’établir. Gen., xi, 31 ; xxix, 4. Il ne paraît personnellement qu’une fois dans l’histoire sainte, lors de la demande en mariage de Rébecca pour Isaac ; encore quelques interprètes ont-ils nié qu’il s’agisse de lui dans le passage où se trouve son nom, Gen., xxiv, 50, parce qu’il n’y joue pas le rôle principal qui conviendrait à un chef de famille. Il n’y est question de Bathuel que pour faire connaître son consentement au_mariage de Rébecca ; hors de là, c’est Laban qui se montre et agit partout où l’on devrait s’attendre à trouver Bathuel : c’est Laban qui vient recevoir Éliézer et exerce envers lui tous les devoirs de l’hospitalité, ꝟ. 29-33 ; c’est lui seul qui donne la parole au serviteur d’Abraham, ^.33, et il la prend ensuite avant Bathuel pour accorder à Isaac la main de la jeune fille, jK 50. Éliézer offre des présents à son frère (de Bébecca), disent l’hébreu et les Septante (et non pas : à ses frères) ; mais il n’est pas question du père, ꝟ. 53, de même que c’est le frère (encore le singulier dans l’hébreu) et la mère qui veulent retarder le départ de Rébecca, sans aucune intervention du père, ꝟ. 55, On a fait enfin remarquer que ce ne fut pas chez son père, mais « à la maison, c’est-à-dire à la tente de sa mère », que Rébecca courut raconter son entretien avec Eliézer, ꝟ. 28, ce qui contraste avec la conduite de Rachel allant droit chez son père annoncer l’arrivée de Jacob. Gen., xxix, 12.

On a proposé différentes explications de cet effacement de Bathuel, que semble encore rappeler Gen., xxix, 5. Cf. cependant Gen., xxviii, 2. Quelques-uns ont pensé que le Bathuel dont il est parlé ici n’est pas le père de Rébecca, qui d’après.eux serait mort avant l’arrivée d’Éliézer, comme le dit Josèphe, Ant. jud., i, xvi, 2 ; mais un fils de Bathuel portant le même nom que son père. Cependant, à s’en tenir au sens ^bvie de Gen, , xxi v, 50, le Bathuel nommé là est le même que celui de tien., xxii, 23 ; xxiv, 15. D’ailleurs le mot « frère » au singulier, employé dans l’hébreu de Genèse, xxiv, 53, 55, s’appliquant évidemment à Laban, il n’y a point de place dans le texte pour un autre frère de Rébecca.

D’après d’autres, la direction des affaires et le gouvernement de la famille auraient incombé à Laban, par suite de l’incapacité à laquelle Bathuel aurait été réduit, soit par la débilité physique provenant de son grand âge, soit par l’affaiblissement de ses facultés mentales. Blunt, Vndesigned Coincidences, 14e édit., p. 33, suggère l’une et l’autre de ces deux hypothèses ; mais le langage pieux et sensé que tient Bathuel, et l’acte d’autorité qu’il accomplit, Gen., xxiv, 51, ne s’accordent guère avec la seconde, ni même avec la première, si on veut l’entendre d’une incapacité absolue. Mieux vaut donc s’en tenir à l’explication adoptée par la plupart des commentateurs, et qui parait bien suffisante : Bathuel, affaibli par l’âge, se contente d’intervenir dans le point essentiel en donnant son agrément au mariage de sa fille, et il se décharge de tout le reste sur son fils. Un homme de notre temps et de nos pays n’agirait pas autrement ; à plus forte raison peut-on penser que les choses devaient se passer ainsi dans l’antique Orient, où le soin des intérêts, et, au besoin, de l’honneur même des jeunes filles, regardait leurs frères autant et plus que leur père. On trouve de cela un exemple frappant quelques chapitres plus loin, dans l’histoire de l’enlèvement de Dina. Gen., xxxiv, 5, 7-8, 14, 31. Cf. Ammon, col. 501. E. Palis.

2. BATHUEL (hébreu : Befû’êl, « maison, demeure de Dieu » ; Septante, Ba90u7J>.). C’est ainsi qu’est appelée,

I Par., IV, 30, la ville de la tribu de Siméon qui est nommée ailleurs Béthul. Jos., xix, 4. Voir Béthul.

BATHURIM. Certains exemplaires de la Vulgate portent, III Reg., ii, 8, Bathurim au lieu de Bahurim, qui est la véritable leçon. Voir Bahurim.

    1. BÂTIMENT##

BÂTIMENT, BÂTIR. Voir Maison.

    1. BATLAN##

BATLAN, mot chaldéen qui signifie « oisif, inoccupé, ayant du loisir », et qui désigne un homme chargé d’assister à toutes les réunions de la synagogue. Il y avait dix batlanîm choisis pour former le noyau de l’assistance, afin qu’on eût toujours dans les synagogues un nombre suffisant de personnes pour constituer une assemblée. Voir Synagogue.

    1. BATMANSON Jean##

BATMANSON Jean, chartreux anglais, mort le 16 novembre 1531. Il étudia à Oxford et fut’prieur successivement des Chartreuses de Hinton et de Londres.

II écrivit contre Erasme et contre Luther. Nous pouvons citer de lui : Animadversiones in annotationes Erasmi in Novum Testamentum. (Il rétracta plus tard cet ouvrage. ) Commentaria in Proverbia Salômonis ; in Cantica canticorum ; De unica Magdalena contra Fabrum Hlapulensern ; De Christo duodenni ; Super Mîssus est. — Voir Th. Petreius, Bibl. Carthus. (1699), p. 157 ; dom Doreau, Henri VIII et les Martyrs de la Chartreuse de Londres (1890), p. 54, 230 ; Le Long, Bibl. sacra, p. 629.

B. Heurtebize.
    1. BATON##

BATON (hébreu : sêbét, proprement « rejeton, pousse d’arbre » ; matték, synonyme ; ntaqqêl, « branche ; » tnis’énét, proprement « appui » ; mehôqêq, pélék [ Il Reg., m, 29] ; Septante : pâ680ç, (Saxrripta, dxuTaXr), a-xrjuTpov ; Vulgate : baculus, virga, sceptrum), morceau de bois pris d’une branche d’arbre ou d’une tige mince, variant de longueur et de forme suivant sa destination.

1° Bâton de marche, bâton sur lequel on s’appuie pour marcher. Dans leurs voyages, les Israélites, comme les Orientaux en général, avaient toujours avec eux un long bâton. Gen., xxxii, 10 ; Jud., vi, 21. C’est dans l’attitude de voyageurs, le bâton à la main, qu’ils devaient manger la pàque. Exod., xii, 11. Voulant marquer que les Apôtres ne devaient rien avoir de superflu, Notre-Seigneur

459. — Pommes de cannes égyptiennes. Celle de droite est en bois et porte gravé le cartouche de Sétl I". Celle de gauche est en terre émaillée, avec le cartouche de Eamsèfl II. — Grandeur naturelle. Musée du Louvre.

les invite à se contenter du bâton qu’ils ont en main, et à ne pas chercher à en acquérir, s’ils n’en ont pas. Matth., x, 10 ; Marc, vi, 8 ; Luc, ix, 3. En Egypte, ces bâtons de voyage variaient de longueur, depuis la canne ordinaire d’un mètre environ jusqu’au long bâton de deux mètres ; ces derniers marquaient en même temps la dignité (voir2°). On en a trouvé à pomme ou à tête plus ou moins ornée (fig. 459). Au lieu d’une pomme l’extrémité supérieure porte quelquefois une sorte de crochet pour donner plus d’assurance à la main (fig. 462). Ces cannes sont pour la plupart en bois de cerisier ou d’acacia. Souvent l’écorce en est dé coupée symétriquement, d’autres fois ils sont lisses. Wilkinson, The ancient Egyptians, t. ii, p. 351. — Ce bâton, sert d’appui au blessé. Exod., xxi, 19. Quant au pélék, II Reg., iii, 29, que la Vulgate rend par « fuseau », c’est probablement un bâton de forme spéciale, une béquille. Le bâton de marche est nécessaire au vieillard, Zach., viii, 4 : de là l’expression « bâton de vieillesse », pour désigner la personne qui assiste un vieillard dans ses besoins. Tob., v, 23 ; x, 4. — Partant de cette idée de soutien, les Hébreux emploient la locution « bâton du pain », pour dire que le pain est le bâton, c’est-à-dire le soutien de la vie. Dieu, menaçant Israël de la famine, annonce qu’il brisera le bâton du pain. Lev., xxvi, 26 ; Ezech., iv, 16 ; v, 16 ; xiv, 13 ; Ps. cv, 16. — On bâton de roseau est un appui fragile, un bâton qui se brise quand on s’y appuie et blesse la main. C’est ainsi que les prophètes caractérisent l’appui qu’Israël pense trouver dans l’Egypte. Is., xxxvi, 6 ; Ezech., xxix, 6, 7.

2° Bâton, insigne de dignité ou d’autorité. — Chez les Égyptiens, tous les hommes d’une certaine dignité avaient le privilège de porter un long bâton à la main (fig. 460). Il fallait pour en jouir appartenir à une classe

460. — Ra-emké, connu sous le nom de Scheikh el - béled. vi" dynastie. Le bâton primitif n’a pas été retrouvé, mais il a été reconstitué d’après les modèles authentiques. Musée de Ghlzéh.

461. — Grands personnages égyptiens marchant avec leur bâton de dignité. Thèbes. D’après Wilkinson, Ancient Egyptians, 2° édit, t. ii, p. 352.

de fonctionnaires assez relevée. G. Maspero, La carrière administrative de deux hauts fonctionnaires égyptiens,

dans le Journal asiatique, avril 1890, t. xv, p. 322. Sa longueur, de 1 mètre 20 à 2 mètres, donnait un. air d’importance aux personnes qui le portaient. Il leur servait sans doute de bâton de marche (fig. 461), mais en même temps il marquait leur rang élevé etleursfonctions(fig.464), si bien que, dans les hiéroglyphes, l’homme avec le long bâton à la main, iv, est un déterminatif exprimant l’idée

de supériorité, de souveraineté. On a trouvé de ces bâtons ornés d’inscriptions (fig.'462), de couleurs et de dorures, avec tête sculptée en forme de fleur ; le nom du propriétaire y est inscrit en caractères hiéroglyphiques. Wilkinson, The ancient Egyptians, édit. Birch, t. ii, p. 352.

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462. — Bâtons égyptiens en bols dur. A gauche, fragment de canne, avec images divines et inscriptions hiéroglyphiques. — Au milieu, canne entière, .avec mie petite saillie dans la partie supérieure pour servir d’appui au pouce. L’inscription hiéroglyphique gravée sur le bâton est reproduite à droite en plus gros caractères. — À droite, bâton, avec inscription, en bois d’acacia, recourbé dans la partie supérieure et servant de casse-tête. Cette sorte de massue était uno des principales armes de l’infanterie dans l’ancienne Egypte. D’après Prisse d’Avenues, Monuments égyptiens, pi. xlvi.

Cf. Num., xvii, 2. D’après Champollion, Monuments de l’Egypte et de la Nubie, t. ii, p. 376, une scène du tombeau de Menhotep à Béni -Hassan, représenterait la fabrication de ces bâtons. On voit un ouvrier enlevant les aspérités d’un bâton et taillant l'écorce ; un autre le durcit au feu. un autre le polit. D’autres égyptologues prétendent qu’il s’agit plutôt de la fabrication des bois de lances. Cependant rien n’indique ici qu’il s’agisse d’armes comme on le voit dans d’autres scènes analogues. Les chefs arabes portaient également un long bâton, mais ordinairement plus simple. Le bâton donné en gage à Thamar par Juda, Gen., xxxviii, 18, 25, devait être un insigne de dignité et d’autorité. De même le bâton avec lequel Moïse accomplit ses prodiges, Exod., iv, 2 ; le bâton d’Aaron qui refleurit dans le tabernacle, Num., xvii (voir Verge), le bâton d’Elisée, qu’il confia à son serviteur pour ressusciter

le fils de la Sunamite. IV Reg., IV, 29, 31. Voir aussi Num., xxi, 18 ; Jud., v, 14 (hébreu) ; I Reg., xiv, 27, etc. Quand Joseph eut promis à son père de l’ensevelir dans la Terre Promise, Jacob, d’après les Septante et le syriaque, Gen., xlvii, 31, s’inclina sur la tête du bâton de son fils, voulant par là honorer en lui le maître de l’Egypte. Cette marque d’honneur rappelle un usage égyptien. L’accusé, pour prononcer le serment ordinaire : « Par la vie du Seigneur (du pharaon), » venait se placer debout, la tété inclinée et les mains appuyées sur ie sommet du bâton du magistrat. Chabas, Vols dans les hypogées, dans les Mélanges égyptologiques, me série, t. î, p. 91-92 ; R. S. Poole, Ancient Egypt, dans la Contemporary, Review, mars 1879, p. 752-753. Saint Paul, Hebr., xi, 21, suit la version des Septante. Ces interprètes ont lu maltèh, « bâton, » au lieu de mittâh, « lit, » selon la ponctuation suivie par les Targums, Aquila, Symmaque et le texte massorétique. Cette dernière lecture paraît préférable. Jacob,

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463. — Bâton de berger.

Bas-relief du temple de Derri en Nubie. XIX" dynastie.

D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, pi. xl.

trop faible pour se lever et se prosterner contre terre afin d’adorer Dieu et de le remercier, s’incline la face tournée vers le chevet de son lit. Cf. III Reg., i, 47. — Le Sébét, « bâton de commandement, » et son synonyme le niefyôqêh, « bâton de justice, i> jouent un rôle important dans la prophétie de Juda. Ce sont les symboles de l’autorité civile et judiciaire, qui constitue la tribu de Juda en société autonome et qui s’y perpétuera jusqu'à l’arrivée du Messie. Gen., xlix, 10. Le sceptre royal avec toutes ses variétés de longueur, de forme et d’ornementation, tire son origine de ce long bâton, insigne de dignité et d’autorité. Voir Sceptre.

3° Le bâton de correction (sêbét mûsdr), Prov., xxii, 15, est plus court que les deux précédents. On le voit souvent représenté sur les monuments égyptiens, dans la main des surveillants qui suivent de l'œil le travail des ouvriers et frappent ceux qui se relâchent (fig. 457, col. 1499). « Mon bâton est dans ma main, dit l’un d’eux, tu ne dois pas être paresseux. » H. Brugsch, Zeitschrift fur âgyptische Sprache, 1876, p. 77. Les Hébreux, opprimés dans la terre de Gessen, ont connu la dureté de ces chefs de corvée, toujours prêts à frapper. Exod., i, 1? ; Is., x, 24. De même, à la chute de Jérusalem, lorsqu’ils furent traînés en captivité dans la Babylonie, ils connurent le terrible bâton des soldats chargés de les emmener. Voir Captifs. Is., x, 24 ; Mich., iv, 14. La loi d’Israël autorisait l’usage du bâton pour les esclaves et les enfants, mais avec certaines

restrictions. Exod., xxi, 20 ; Prov., xiii, 24 ; xix, 18, eic. Voir Bastonnade. — Le bâton de correction est pris au figuré dans l’Écriture pour désigner les châtiments dont Dieu se sert pour punir les hommes. II Reg., vii, 14 ; Is., ix, 13 ; x, 24 ; xiv, 5 ; xxx, 31.

4° Le bâton de berger, ordinairement plus long que le bâton de voyage et souvent recourbé en forme de crosse (fig. 463), sert au pasteur pour guider son troupeau dans les pâturages et le défendre contre les ennemis, hommes ou animaux. Lev., xxvii, 32 ; I Reg., xvii, 40, 43 ; Zach., xi, 7. Ce bâton symbolise la protection divine. Mich., vii, 14 ;

464. —Égyptien inspectant ses troupeaux, appuyé sur son bâton.

Pyramides de Ghizéh, IV" dynastie. D’après Lepslus, Denkmâter,

Abth. ii, Bl. 9.

Ps xxii, 4. Dans ce dernier passage, le psalmiste emploie deux expressions qui sont regardées ordinairement comme synonymes. Ton sêbét et ton mis’énét me rassurent : c Ton bâton et ta houlette, » par redondance poétique, pour ton bâton de berger. Mais ces deux mots ont paru à plusieurs désigner deux objets différents : le long bâton sur lequel le pasteur s’appuie (mis’énét) pendant qu’il surveille son troupeau (fig. 463), bâton droit ou recourbé, qui est le vrai bâton pastoral, et le bâton plus court, désigné ici par sêbét, une sorte de gourdin ou de massue que portent les bergers en Syrie. Voir J. Neil, The Shepherd’s club and staff, dans Palestine explored, in-12, Londres, 1882, p. 255-278. Il rappellerait le bâton de main (voir 5°).

5° Bâton de main (maqqêl yâd), rangé parmi les armes des soldats de Gog, Ezech., xxxix, 9, à côté des lances et des javelots, armes que le peuple de Dieu brûlera après la défaite des ennemis. On y voit généralement une sorte de lance, la hasta pura, ou l’épieu ; mais ne serait-ce pas plutôt la massue, reçue parmi les armes de guerre chez les Égyptiens (fig. 462), Wilkinson, Theancient Egyptians, t. i, p. 217-218, et chez plusieurs peuples de l’antiquité ? A. Rich, Dictionnaire des antiquités, p. 164, au mot Claviger. La lance a déjà été mentionnée, et la massue répond mieux à l’expression « bâton de main ». Voir Massue. Le bâton a d’ailleurs, partout et toujours, servi naturellement d’arme offensive et défensive.

6° Bâton, longue perche ou gaule servant à battre une petite quantité de blé, Jud., vi, 11 ; Rutlr, ii, 17, le cumin et la nigelle, Is., xxviii, 27, col. 327. — Pour les bâtons ou branches d’arbre dont se servait Jacob afin

d’obtenir des agneaux de la couleur qu’il voulait. Voir Jacob.

7° Bâton magique, bâton qui était employé dans la divination. Ose., iv, 12. Ce mode de divination était appelé par les Grecs paëSojmvTefo, ou art de connaître l’avenir au moyen de bâtons jetés à terre, en considérant la manière dont ils tombaient. Voir Divination.

Voir F. Chabas, Sur l’usage des bâtons de main chez les Hébreux et dans l’ancienne Egypte, in-8°, Lyon, 1875, et dans les Annales du musée Guimet, t. i, p. 37 ; Cooper, History of the Rod in ail countries and âges, 2e édit., Londres, 1877. E. Levesque.

    1. BATTA##

BATTA (VERSION) des Écritures. Le batta est une langue parlée par une partie considérable des habitants de l’île de Sumatra. Il se subdivise en trois dialectes, le toba, le mandailing et le daire. Le Nouveau Testament a été traduit en toba par J. Nommensen et imprimé à Elberfeld, en 1878. Il l’a été aussi presque en entier en mandailing par Schreiber, dont le travail a été revu par Leipoldt. Cette traduction a été également imprimée à Elberfeld, en 1878, aux frais de la Société biblique de la Grande-Bretagne, comme la précédente.

    1. BATTISTA Giovanni Giuda Giona##

BATTISTA Giovanni Giuda Giona, rabbin converti, qui s’appelait primitivement Jehuda Jona Ben Isaac, né à Safed, en Galilée, le 28 octobre 1588, mort à Rome le 26 mai 1668. Ses parents étaient des Juifs d’origine espagnole. Il voyagea en Europe, visita l’Italie, Amsterdam, Hambourg et la Pologne, où il se convertit au catholicisme. Après sa conversion, le roi de Pologne l’envoya à Constantinople pour acheter des pierres précieuses ; mais il fut pris par les Cosaques, qui le traitèrent d’espion, et il aurait perdu la vie, s’il n’avait été racheté par l’ambassadeur de Venise. Envoyé en Italie, il fut quelque temps professeur d’hébreu et de chaldéen à l’académie de Pise, et occupa ensuite les mêmes fonctions au collège de la Propagande, à Rome, où il fut en même temps employé à la Bibliothèque. Il eut pour élève le célèbre Bartolocci. Parmi ses ouvrages, on remarque Berîf hâdàsâh, « le Nouveau Testament, » traduction des quatre Évangiles du latin en hébreu, avec une préface de Clément IX, in-f », Rome, 1668.

    1. BAUDRIER##

BAUDRIER (hébreu : ’êzôr, hâgôrâh ; Vulgate : balteus), bande de cuir ou d’étoffe servant à soutenir un

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465. — Ceinturon servant à porter une arme.

A droite, guerrier égyptien, d’après Prisse d’Avennes, Monuments de l’Egypte, pi. xi ; à gauche, guerrier assyrien, d’après -Layard, Monuments of Slneveh, t. ii, pi. vi.

glaive ou un poignard. Chez les Hébreux, le baudrier ne descendait pas de dessus l’épaule, comme chez les Grecs ;

c’était une véritable ceinture, plus ou moins ornée, qu’on portait autour des reins, Ps. xviii, 40 ; IV Reg., iii, 21 ; Ezech., xxiii, 15 ; II Esdr., iv, 18, comme souvent en Assyrie et en Egypte (fig. 465), et qui ne différait point par la forme des ceintures ordinaires. Voir Ceinture.

    1. BAUDUER Armand Gilles##

BAUDUER Armand Gilles, prêtre et théologien français, naquit à PeyrusseMassas, diocèse d’Auch, en 1744, et après avoir été successivement professeur de théologie au séminaire d’Auch, puis curé de sa paroisse natale, mourut jeune, en 1787. — Il a laissé : Les Psaumes de David traduits sur le texte hébreu, accompagnés de réflexions qui en développent le sens, et de notes qui en éclairassent les principales difficultés ; auxquels on a joint le texte latin de la Vulgate et la traduction de M. de Sacy, 2 in-12, Paris, 1785. 0. Rey.

1. BAUER Bruno, philosophe et critique allemand, né à Eisenberg, dans le duché de Saxe-Altenbourg, le 6 septembrel 809, mort à Rixdorf, près de Berlin, le 13 avril 1882. Fils d’un peintre sur porcelaine, il fit de fortes études à Berlin, fut reçu docteur en théologie en 1834, et se rattacha d’abord à la droite de l’école hégélienne. Il fit alors une critique de la Vie de Jésus de Strauss, dans les Jahrbûcher fur Mvissenschaftliche Kritik de Berlin, 1835-1836. Dans sa Kritische Darstellung der Religion des Alten Testaments, 2 in-8°, Berlin, 1838, il défend encore l’autorité de la Révélation. Mais lorsqu’il fut appelé à l’université de Bonn, en qualité de professeur extraordinaire (1839), il se jeta dans les rangs de l’extrême gauche hégélienne, ruinant la Tradition et les Livres Saints. Kritik der evangelischen Geschichte des Johannes, in-8°, Brème, 1840 ; Kritik der evangelisclien Synoptiker, in-8°, Leipzig, 1840 ; 2\{\{e\}\} édit.on, 1841. Destitué en 1842, par le gouvernement prussien, il se fixa à Berlin, où il se consacra tout entier à des travaux de critique et d’histoire. Il publia alors Kritik der Evangelien und Geschichte ihres Vrsprungs, 2 in-8°, Berlin, 1850-1855 ; Die Apostelgeschichte, in-8°, 1850 ; Kritik der Paulinischen Briefe, in-8°, Berlin, 1850 ; 2= édit., 1852. Il prétend que les Épltres de saint Paul sont apocryphes et une œuvre du il" siècle. E. Levesque.

2. BAUER Christian Friedrich, théologien protestant, né à Hopfgarten enThuringe le 27 octobre 1696, fit ses études à Leipzig, où il fut reçu docteur en théologie en 1720* devint doyen de Rammelsburg en 1739, puis professeur de théologie àWittenberg, oùil mourut le 28 septembre 1752. Il a publié : Disputatio de Melchisedeco et Hebr. ru, 2, in-4°, Leipzig, 1720 ; Vernûnftige Gewissheit der hebrâischen Accentuation, in-8°. Leipzig, 1730 ; Erlaûterter Grunil-Text des Preâigers Salomo, in-4°, Leipzig, 1732 ; Die Weissagungen von Jesu dem wahren Messias in den fûnf Bûehern Mosis enthalten. Stûck 1, in-4°, Leipzig, 1737 ; Trostvolle Erwartungs-Lehre des Messia oder dos 2 le Stûck des vorigen, in-4°, Leipzig, 1739 ; Einleitung zur hebrâischen Accentuation, in-8°, Leipzig, 1742 ; Introductio in prophetiam Joelis, ac expositio ejusdem prophétise, in-4°, Leipzig, 1747 ; Décades m disputationum Theologix ad vindicandos textus V. T. pro Christo in N. T. citatos, in-4°, Wittenberg, 1747 ; Regia Davidis theologia quam liber Psalmorum tradit, en vin disput., in-4°, Wittenberg, 1749-1750 ; Çollectio nova disputât, ad vindicandos textus V. T., etc., in-4°, Wittenberg, 1752. — Voir Adelung, Fortsetzung zu Allgem. GelehrtenLexico, in-4°, Leipzig, 1784, t. i, col. 1519-1520 ; Journal des savants, année 1745, p. 437 et suiv. ; G. F. Bærmann, Programma academicum de vita C. F. Baueri, in-f°, Wittenberg, 1752.

E. Levesque.

3. BAUER Georg Lorenz, exégète allemand, né à Hippolstein, près de Nuremberg le 14 août 1755, mort à Heidelberg le 12 janvier 1806. Après avoir étudié les

langues orientales à Altdorf, il fut professeur à l’école SaintSebald (1786) ; en 1805, il fut appelé à Heidelberg pour professer la littérature orientale et l’exégèse biblique. On a de lui plusieurs ouvrages : Vntersuchungen der kleinen Propheten mit Commentar, 2 in-8°, Leipzig, 1786-1790 ; Lehrbuch der hebrâischen Alterthûmer des alten und neuen Testaments, in-8°, Leipzig, 1797 ; Hermeneutica sacra Veteris Testamenti, in-8°, Leipzig, 1797 ; Dicta classica Veteris Testamenti, notis perpetuis illustrata, 2 in-8°, Leipzig, 1798-1799 ; Entwurf einer Rermeneutik des Alten und Neuen Testaments, in - 8°, Leipzig, 1799 ; Handbuch der Geschichte der hebrâischen Nation, in-8°, Leipzig, 1800-1804 ; Hebrâische Mythologie des Alten und Neuen Testaments mit Parallelen aus der Mythologie anderer Vôlker, in-8°, Leipzig, 1802 ; Breviarium théologies biblicse, in-8°, Leipzig, 1803 ; Archâologie der Gottesdienstlichen Gebraûche, 2 in-8, Leipzig, 1805 ; Entwurf einer historisch-kritischen Einleitung in die Schriften der alten Testaments, in-8°, Nuremberg, 1794 ; Leipzig, 1806. Comme il fut l’un des premiers à appliquer l’interprétation mythique à l’Ancien Testament, ses ouvrages, quoique superficiels et diffus, eurent une assez grande influence. Voir Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., 1890, t. ii, p. 486-487. E. Levesque.

4. BAUER Johann Jakob, théologien luthérien allemand, né à Genkingen, dans le Wurtemberg, le 20 juin 1729, mort le 29 janvier 1772 à Tubingue, où il avait fait ses études et où il était devenu professeur de théologie. Parmi ses publications, les suivantes ont trait à l’Écriture Sainte : Tentamen exegeseos Psalmi xri, in-8°, Leyde, 1759 ; Disputatio inauguralis de regendis limitibus crilices textus hebraici, in - 4°, Tubingue, 1760 ; Stricturse quxdam ex philosophia Hebrseorum, in-4°, Tubingue, 1766 ; Accentus hebraici, institutum plane incomparabile, in-4’, Tubingue, 1768 ; Dissertatio 1, II inauguralis de inscriptione sepulcrali, quam Hiobus, moribundus sibi ipsi visus, poni voluit, fide in Goelen Messiarn plenissima, cap. xix, 23-27, in-4°, Tubingue, 1772 ; Disputatio philologico-hermeneutica in oraculum Rom., i, ii, in-4°, Tubingue, 1774 ; Disputatio quse annotationes ad Psalmum lxyiij sistit, in-4°, Tubingue, 1775.

— Voir J. Chr. Adelung, Fortsetzung zujôchers Gelehrten-Lexico, t. i, 1784, col. 1526-1527.

5. BAUER KarlLudwig, philologue protestant allemand, né le 18 juillet 1730 à Leipzig, mort à Hirschberg le 3 septembre 1799. Il fut élève d’Emesti à Leipzig, professa la littérature grecque et latine à l’université de cette ville, devint recteur de l’école de Lauban, et enfin du lycée de Hirschberg, où il mourut. Parmi ses œuvres, on remarque deux ouvrages importants pour l’exégèse des Épltres de saint Paul : Philologia Thucydeo-Paulhna, in-8°, Halle, 1773 ; Logica Paullina seu notatio rationis qua utitur Paulus in verbis adhibendis, interpretando, enuntiando, argumentando et methodo universa, in-8°, Halle, 1774. Citons aussi de lui : Rhetorica Paullina, vel quid oratorium sit in oratione Pauli, 3 parties in-8°y Halle, 1782 ; Examen conjecturée de métro Hebrseorum antiquo V. C. Const. Gotll. Antonii, in-4°, Hirschberg, 1771. Réimprimé avec la Vertheidigung d’Anton, in-8°, Leipzig, 1771. — Voir J. D. Hensel, Cari Ludwig Bauer, einer der grôssten Philologen unserer Zeit, Hirschberg, 1801.

    1. BAUMANN Michel##

BAUMANN Michel, luthérien du xvii » siècle. Il était de Creilsheim, en Franconie. On a de lui : Adamus protoplastus, Historié Adams und der Patriarchen in acht und fûnfzig Predigten, in-4°, Nuremberg, 1668 ; Predigten uber die Passion nach dem Marco, in-f°, Francfort, 16C8 ; Evangelische Gewissenspostïtte, in-f », Francfort, 1669 ; Lexicon allegorico-evangelicum, sonderbare

Erklârung der Evangelien, da ausjedem Evangelio nur einiges Wort genommen und ausgefuhret wird, in-4, Nuremberg, 1674 ; Analeclorum allegoricorum sacrorum tomus singularis, variarum allegoriarum a Sacra Scriptura et natura desumptarum, in-4°, Ulm, 1689. — Voir Walch, Bibl. theol., t. i, p. 84, 482 ; t. iv, p. 235, 979, 1007, 1053. B. Heurtebize,

    1. BAUMBACH Jean Balthasar##

BAUMBACH Jean Balthasar, calviniste allemand, professeur de grec et d’hébreu à Heidelberg, mort le 6 septembre 1622. On a de lui : Tractaius quatuor utilissimi : primus de trium linguarum orientalium, hebrxse, chaldese et syrse antiquitate, necessitate ac utilitate ; secundus, de appellationibus Dei quse in scriptis rabbinorum occurrunl ; tertius, de Urim et Thummim et Bath-kol ; quartus, de modo disputandi cum Judseis, in-4°, Nuremberg, 1609 ; Dissertalio de lïbro Psalmorum, in-4°, Heidelberg, 1615. Voir Vitte, Diarium biographicum, année 1622, 6 septembre. E. Levesque.

BAUME. — I. Description. — D’après N. J. Guibourt, Histoire naturelle des drogues simples, 4 in-8°, Paris, 7e édit., 1876, t. iii, p. 505, l’arbre qui produit le baume portait chez les Grecs le nom de gàXsafio’v, et les trois substances qu’il fournit étaient connues sous ceux de’OiroêàX< ?a|J.ov (suc du baumier), ËvXoêàX<rafiov (bois du baumier) et KapitoSâXuaftov (fruit du baumier). Chez les Latins, le baume portait le nom de Balsamum, et l’on n’appliquait ce nom qu’au suc du baumier ; mais, de nos jours, on a donné ce nom à des produits similaires. Après la découverte de l’Amérique, lorsque les diverses parties de ce vaste continent nous eurent apporté Je baume du Canada, fourni par VAbies balsamifera Michaux ; de tolu, par le Toluifera balsamum Linné ; d’Inde, du Pérou, de copahu, etc., il devint nécessaire d’ajouter une désignation spécifique au vrai baume, celui de l’ancien monde. On lui donna alors les noms de « baume de Judée, baume de la Mecque, de Galaad, du Caire, d’Egypte, de Constantinople », etc., des différentes contrées ou villes qui le fournissaient au commerce. Voir Baumier. Le baume par excellence est fourni par le Balsamodendron Opobalsamum et le Balsaniodendron Gileadense ; deux espèces voisines, les Balsaniodendron Mukul et pubescens, en donnent aussi. (Voir col. 1519). Ce baume est connu sous les noms de « baume de Judée, de la Mecque. » Il entre dans la composition de la plupart des onguents et mixtures aromatiques de la pharmacopée. Les Orientaux l’emploient comme le cosmétique et le médicament le plus précieux. En Egypte, on s’en servait contre les ophtalmies. M. Gandoger.

II. Exégèse. — Le baume de Judée ou de la Mecque, connu des Grecs et des Romains, l’était aussi des Hébreux, puisque, au dire de Josèphe, Ant. jud., IX, 1, 2 ; XIV, iv, 1, édit. Didot, t. i, p. 333, 529, ils cultivaient le baumier à Jéricho et à Engaddi (Voir col. 1520). Mais est-il désigné dans les Saintes Ecritures, et sous quel nom ? Le mot fiâX<roc|*.ov ne se lit nulle part dans les Septante ; la Vulgate se sert trois fois du mot balsamum, mais elle ne l’emploie pas dans un sens exact. Dans l’Ecclésiastique, xxiv, 20, elle traduit par balsamum le mot àcnrâX<x60î, qui ne désigne nullement le baume, mais un autre parfum tiré du Convolvulus scoparius. (Voir col. 1111-1115.) Au verset suivant, elle ajoute, il est vrai : Quasi balsamum non mistum odor meus ; mais ce membre de phrase ne se trouve pas dans le grec. On peut dire aussi que dans cette addition le mot balsamum est un nom générique convenant à chacun des parfums qui viennent d’être énumérés, plutôt que le nom propre d’un parfum spécial. Dans Ézéehiel, xxvii, 17, la Vulgate rend également par balsamum le mot hébreu panag, qui, très diversement compris par les traducteurs, paraît désigner le millet. Partout ailleurs la Vulgate, à la suite des Septante, traduit par aromata les mots besém et bôsém de l’hébreu,

Bésèm, employé vingt fois, est, en effet, le terme générique, aromate, parfum. Les versets 2 et 10 de III ïfeg., x, ne font pas exception ; il s’agit évidemment, d’après le contexte, de parfums de diverses espèces, apportés à Salomon par la reine de Saba. Il en est de même du mot absolument synonyme bôsém, employé, huit fois : les deux passages Cant., v, 13, et vi, 2, ne font pas difficulté, car’ârûgap bôsém est une locution tout à fait hébraïque, dans le sens de « parterre d’odeur », c’est-à-dire parterre odoriférant, parterre de plantes odoriférantes. Un seul exemple, Cant., v, 1, dans sa ponctuation actuelle, besâmî, suppose un nom différent de béiém ou bôsém, c’est-à-dire bâsâm ou beSâm. Serait-ce le nom spécial du baume ? Malheureusement les Septante et la Vulgate ont traduit apiojiaT&yv, aromatibus : ce qui suppose la lecture besâmaï, pluriel régulier de béèém. Ce cas ne s’écarterait donc pas de l’acception ordinaire de parfum en général : « J’ai recueilli ma myrrhe avec mes autres parfums. » Cependant il est fort possible que les Hébreux, n’ayant pas de nom pour ce nouveau parfum, apporté, dit Josèphe, par la reine de Saba, l’aient désigné par le nom même de « parfum », comme le parfum par excellence, avec une légère différence dans les voyelles. Il serait ainsi probablement question du baume dans un seul passage du texte hébreu : Cant., v, 1, et dans un passage de notre Vulgate, Eccli., xxiv, 21. E. Levesque.

1. BAUMGARTEN - CRUSIUS Ludwig Friedrich Otto, théologien allemand, né à Mersebourg le 31 juillet 1788, mort à Iéna le 31 mai 1843. Il fit ses études à Leipzig, où il prit ses grades, et, en 1847, fut nommé professeur à la faculté de théologie d’Iéna. Il y enseigna jusqu’à la fin de sa vie, s’occupant particulièrement d’exégèse, de théologie biblique et d’histoire des dogmes. Il a publié Grundzuge der biblischen Théologie, in-8°, Iéna, 1828. Sa théologie se rattache à celle de Schleiermacher. Après sa mort, ses disciples firent paraître ses travaux d’exégèse : Theologische Auslegung der Johanueischen Schriften, 2 in-8°, Téna, 1843-1845 ; Exegelische Schriften zum Neuen Testament, 3 in-8°, Iéna, 1844-1848. Ce dernier ouvrage contient saint Matthieu, saint Marc, saint Luc, et les Épîtres aux Romains, aux Galates, aux Éphésiens, aux Colossiens, aux Philippiens et aux Thessaloniciens. , . E. Levesque.

2. BAUMGARTEN Samuel, plus connu sous son nom latinisé de Pomarius, pasteur luthérien, né le 26 avril 1624 à Winzig, en Silésie, mort le 2 mars 1683 à Lubeck. Malgré les obstacles suscités par son père, qui exerçait la profession de meunier, il put faire de bonnes études classiques, fut pasteur à Magdebourg en 1660, puis professeur de théologie à Eperies. En 1673, il s’établit à Wittenberg ; de là il alla à Lubeck, où il se fixa en qualité de surintendant. Il a laissé : In epistolam sancti Judse commentarius, in-4°, Wittenberg, 1684. E. Levesque.

3. BAUMGARTEN Siegmund Jakob, théologien allemand, né à Wollmirstàdt le 14 mars 1706, mort à Halle le 4 juillet 1757. Il avait été élevé à l’université de cette dernière ville, et y devint professeur de théologie en 1743. Son enseignement éclipsa celui de tous ses collègues ; ses cours étaient suivis par trois à quatre cents élèves. Il publia un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels ses écrits exégétiques sont les moins remarquables : Auslegung der Briefe Pauli an die Borner, Halle, 1749 ; Auslegung der Briefe an die Corinther, éditée par Ndsselt, Halle, 1761 ; Erklârung der Briefe an die Hebrâer, éditée par Maschen et Semler, Halle, 1763 ; Auslegung der Briefe Pauli an die Galater, Epheser, Philipper, Colosser und Thessaloniker, éditée par Semler, Halle, 1767. Quoique orthodoxe dans son enseignement, Baumgarten introduisit en religion cet esprit rationaliste qui, développé par son élève et admirateur Semler, tua la foi à la révélation dans un grand nombre d’esprits. — Voir Niemeyer, Die Universität Halle nach ihrem Einfluss auf Theologie, Halle, 1817, p. 70.


BAUMIER. — I. Description. — Arbuste de la taille du troène ou du cytise, à rameaux étalés, à écorce d’un gris cendré ; les feuilles sont alternes, formées de trois ou cinq folioles obovales, terminées en coin à la base, entières sur leurs bords ; les fleurs naissent en même temps que les feuilles, et sont situées à l’aisselle de celles-ci ; elles sont rougeàtres, à pédicelle court ; la corolle se compose de cinq pétales linéaires ; le fruit, qui renferme quatre noyaux, est ovale, charnu et aigu. Quand on incise l’arbuste, il s’en écoule un suc résineux aromatique, connu sous le nom de « baume de la Mecque ». Le vrai balsamier ou baumier, qui fournit le baume de la Mecque, est le Balsamodendron Opobalsamum (fig. 466), décrit par Kunth, Genera Terebinthin., p. 16, et Annales des sciences naturelles, in-4°, Paris, série I, t. ii, année 1825, p. 348 ; E. Boissier, Flora orientalis, 5 in-8°, Genève, 1867-1884, t. ii, p. 2 ; Schnizlein, Iconographia familiarum naturalium regni vegetabilis, 2 in-4°, Berlin, 1843-1853, t. ii, pl. 246. — C’est encore l’ Amyris Opobalsamum de P. Forskahl, Flora ægyptiaco-arabica, in-4°, Copenhague, 1775, p. 79, qui le premier en a donné une description exacte ; c’est le baumier ou térébinthinier de Judée, de la famille des Térébinthacées, tribu des Bursérées.



466. — Balsamodendron Opobalsamum.

Le baumier de Galaad, le βάλσαμον de Dioscoride et des médecins grecs, ou βάλσαμον δένδρον de Théophraste, appelé Amyris Gileadensis par C. Linné, Mantissa plantarum, p. 651 (Balsamodendron Gileadense Kunth, loc. cit. ; de Candolle, Prodromus systematis regni vegetabilis, 17 in-8°, Paris, 1824-1874, t. ii, p. 76), que certains auteurs ont distingué du premier, ne semble qu’une variété de celui-ci, à peine distincte par ses feuilles non seulement à trois folioles, mais munies de une à deux paires de folioles latérales. Nées von Esenbeck, Weihe et Funk, Plantæ medicinales, oder Sammlung officineller Pflanzen, 2 in-f et Suppl., Düsseldorf. 1828-1833, avec 650 pl. coloriées, pl. 354 ; W. Woodville et J. W. Hooker, Medical Botany, 5 in-4°, Londres, 1832, avec 274 pl. col., t. iii, pl. 214 ; G. Schweinfurth, Beitrag zur Flora Æthiopiens, in-4°, Berlin, 1867, avec 4 pl., p. 30. Cependant H. Baillon, dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, t. viii, p. 311, fait observer qu’on trouve à la fois sur le même arbuste des feuilles à trois et à cinq folioles ; aussi la plupart des auteurs réunissent-ils ces deux espèces ; de sorte que le Balsamodendron Gileadense ne serait qu’un simple synonyme du Balsamodendron Opobalsamum.

Le baumier a deux écorces : l’une extérieure., qui est rouge et mince ; l’autre intérieure, verte et épaisse. Cette écorce laisse, quand on la mâche, une saveur onctueuse et une odeur aromatique. D’après Abd Allatif (1161-1231), Relation de l’Egypte, traduct. par Silvestre de Sacy, in-4°, Paris, 1810, p. 20-21, voici comment, de son temps, on recueillait le baume en Egypte. L’opération avait lieu de préférence en été ; après avoir arraché à l’arbre toutes ses feuilles, on faisait au tronc des incisions, en prenant garde* d’attaquer le bois. On recueillait le suc dans des vases que l’on enfouissait en terre pendant les chaleurs, puis on les retirait pour les exposer aux rayons du soleil ; il surnageait alors une huile que l’on séparait des parties étrangères, opération renouvelée jusqu’à pureté parfaite ; c’était alors le vrai et le plus pur baume, ne formant seulement que la dixième partie de la quantité totale produite par un arbre. De nos jours, en Arabie, on fait bouillir les feuilles et les rameaux du baumier ; la première huile qui surnage est la meilleure et elle est réservée pour le harem ; la deuxième est mise dans le commerce. E. Fr. Geoffroy, Tractatus demateria medica, Deveget., I, vii, 1, 3 in-8°, Paris, 1741, t, ii, p. 476. Versé dans l’eau, le baume de la Mecque s’y étend instantanément et complètement ; répandu sur le papier, il s’y étend peu, ne le pénètre pas et ne le rend pas translucide. À l’air, il s’épaissit et devient pâteux. Le fruit et l’écorce sont usités en médecine.

Le fruit du baumier, Carpobalsamum des anciens, est d’un gris rougeâtre, gros comme un petit pois, allongé, pointu par les deux bouts et marqué de quatre angles plus ou moins apparents. Il est composé d’une enveloppe rougeâtre, à saveur très faiblement amère et aromatique ; d’un noyau blanc, osseux, convexe d’un côté, marqué d’un sillon longitudinal de l’autre, et insipide ; enfin d’une amande huileuse d’un goût agréable et aromatique. Ce fruit, entier, n’a pas d’odeur sensible.

Quant au Xylobalsamum ou bois du baumier, il consiste en de petites branches épaisses comme des plumes à écrire, marquées alternativement de tubercules ligneux, restes de petits rameaux secondaires fort courts. L’écorce en est d’un brun rougeâtre, sillonnée de stries longitudinales régulières. Le bois est blanchâtre, dur, d’une odeur douce très faible et d’une saveur nulle, mais aromatique et à odeur de lavande quand elle est fraîche. Geoffroy, Materia medica, loc. cit., p. 477.

Le baumier appartient à la région tropicale, et peut à peine être compté parmi les productions de la flore d’Orient proprement dite. En effet, d’après E. Boissier et G. Schweinfurth, loc. cit., il croît dans la Nubie méridionale, en Arabie, autour de la Mecque, descend vers la mer Rouge jusque sur la côte orientale d’Afrique, à Zanzibar, et s’étend, dans l’est, jusque dans l’Inde. Du reste, cet arbre est très rare, dit N. J. Guibourt, Histoire naturelle des drogues simples, t. iii, p. 506, difficile à cultiver, et il a successivement disparu des diverses contrées qui l’ont anciennement possédé. Ainsi la Judée ne l’a plus depuis longtemps. Il était, depuis Salomon cultivé dans deux jardins royaux, à Jéricho et à Engaddi. Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 6 ; IX, i, 2 ; XIV, iv, 1. Strabon, XVI, ii, 41 ; XVII, i, 15 ; Pline, H. N., XII, liv, 1 à 8. Le jardin de baumiers de Jéricho mesurait cinq hectares, celui d’Engaddi un peu moins ; ils ne rendaient annuellement que vingt-cinq litres de baume. Après la ruine de Jérusalem,

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les Romains se réservèrent cette culture et lui firent produire bien davantage : ce fut une source de revenus pour le fisc. Les empereurs Vespasîen et Titus montrèrent cet arbuste à la ville de Rome au jour de leur triomphe. Déjà il avait figuré dans celui de Pompée. Mais depuis longtemps on ne trouve plus le baumier ni à Jéricho ni à Engaddi ; il a disparu de la Terre Sainte. — Il s’est conservé assez longtemps en Egypte. On ignore s’il a été transporté dans ce pays de la Palestine ou de l’Arabie. Quoi qu’il en soit, toujours est-il qu’à partir du XIe siècle jusqu’au xvi « ou au xviie, l’arbre du baume était cultivé auprès du Caire, dans un lieu nommé Matariéh ou Aïn-Schems, enclos de murs et gardé par des janissaires. Mais, lors du voyage de Pierre Belon (Les observations de plusieurs singularités et choses mémorables trouvées en Grèce, Asie, Judée, Egypte, Arabie, in-4°, Paris, 1588, eh, xxxix, p. 246) au Caire, en 1550, et malgré plusieurs importations de baumiers de la Mecque, il n’en restait que neuf à dix pieds presque privés de feuilles et ne donnant plus de baume ; le dernier pied est mort en 1615, dans une inondation du Nil. Ce n’est donc plus dans la Judée ni en Egypte qu’il faut chercher l’arbre producteur du baume de la Mecque ; c’est dans l’Arabie Heureuse et dans les environs de Médine et de la Mecque, où l’arbre croit naturellement et où il n’a pas cessé d’exister, ainsi que du reste dans les autres contrées citées par E. Boissier et G. Schweinfurth.

De nombreux ouvrages ont été publiés, surtout au point de vue biblique, sur le baumier ; Alpinus, De Balsamo dialogus (Balsamodendron Gïleadense), in-4°, Venise, 1591 ; Pona, Del vero Balsamo di gli antichi, in-4°, Venise, 1623 ; Campi, Parère sopra il Balsamo, in-4°, Lucques, 1639 ; Id., Riposta ad objettioni, in-4°, Lucques, 1640 ; Id., In dilucidazionee confirmazione, in-4°, Pise, 1641 ; P. Castelli, Opobalsamum examinatum, in-4°, Venise, 1640 ; P. Castelli, Opobalsamum triumphans, in-4°, Venise, 1640 ; Baldus, Opobalsami orientalis propugnationes, in-4°, Rome, 1640 ; Vesling, Opobalsami veterîbus cogniti vindictes, in-4°, Padoue, 1644 ; Slevogt, Balsamum verum vulgo Opobalsamum et De Opobalsamo, in-4°, Iéna, 1705-1717 ; Vater, Balsami de Mecca natura et usus, in-4°, Wittenberg, 1720 ; Winniken, Beschreibung des wahren Opobalsambaumes, in-8°, Copenhague, 1745 ; J. Stackhouse, Extracts from Bruce’s Travels in Abyssinia and other modem authorities respecting the Balsam and Myrrh Trees, in-8°, Bath, 1815.

M. Gandoger.

II. Exégèse. — Gesenius, Thésaurus linguse hebrsese, p. 247, croit que le baumier est mentionné dans Cant., V, 1. Il semble plus naturel d’y voir le baume, si toutefois on ne doit pas y voir l’indication de parfums en général. Voir col. 1517. D’après Gesenius également, Thésaurus, p. 247, le baumier serait désigné dans l’Écriture, dans Cant., v, 13, et VI, 2 : « un parterre de baumiers. » Mais il s’agit plutôt ici d’un parterre de plantes odoriférantes, sans indication d’une plante spéciale. Cf. col. 1517. Ni bésém ni bôsém ne signifient donc haumier, mais bien « parfum » en général. On a voulu ( Rosenmûller, Scholia in Gen., xxxvii, 26) identifier l’arbre producteur du sort biblique avec le baumier, Balsamodendron ou Amyris opobalsamum. Mais le sort était abondant en Judée et en Galaad dès l’époque de Jacob (voir col. 1408), tandis que le baumier n’avait été implanté en Palestine qu’à l’époque de Salomon, d’après Josèphe, Ant. jud., VIII, vi, 6, édit. Didot, t. i, p. 302, comme on l’a vu plus haut. Le fore ne paraît donc pas être le baume. E. Levesque.

    1. BÂUMLEIN Wilhelm Friedrich Ludwig##

BÂUMLEIN Wilhelm Friedrich Ludwig, théologien protestant allemand, né le 23 avril 1797 à Langenburg, mort à Stuttgart le 25 novembre 1865. Il professa le latin pendant la plus grande partie de sa vie. On a de lui : Versuch, die Bedeutung des Johanneischen Logos aus den Religionsystemen des Orients zu entwickeln, Tu bingue, 1828 ; Commentatio de Habacuci vaticiniis, Heilbronn, 1841 ; Commentar ûber dos Evangelium des Johannes, Stuttgart, 1863 ; et divers ouvrages sur la littérature classique. — Voir Éckstein, dans Allgemeine deutsche Biographie, t. Il ( 1875), p. 170.

    1. BAUR Ferdinand Christian##

BAUR Ferdinand Christian, théologien protestant rationaliste, fondateur de la nouvelle école de Tubingue, né à Schmieden, près de Canstadt, le 22 juin 1792, mort à Tubingue le 2 décembre 1860. Destiné à la carrière ecclésiastique par son père, pasteur luthérien, il reçut la formation intellectuelle et morale donnée de son temps aux futurs ministres dans le royaume de Wurtemberg. Il étudia les lettres au séminaire de Blaubeuren, 1805-1809, et la théologie à l’université de Tubingue, 1809-1814. À l’en croire, il n’aurait gardé des leçons de ses maîtres universitaires, Benger, Storr et Flatt, que le souvenir d’un « profond ennui ». S’il écoutait peu cependant, le jeune Baur travaillait ferme. Il lut, dit-on, la plume à la main, tous les Pères de l’Église pendant ses cinq années de théologie. L’insatiable amour qu’il eut toujours pour l’étude l’arracha après quelques mois d’expérience à la vie du ministère, et le fit se vouer à la carrière professorale, qu’il devait parcourir jusqu’au bout. Nommé d’abord professeur à Schonthal, 1814, chargé ensuite de l’enseignement du latin, du grec et de l’histoire, au séminaire de Blaubeuren, en 1817, il devint à trente-deux ans, en 1826, titulaire de la chaire qu’il occupa jusqu’à sa mort, à la faculté de théologie protestante de l’université de Tubingue, la chaire d’histoire de l’Église et des dogmes.

1° Baur a surtout étudié l’histoire des origines du christianisme. Son œuvre nous intéresse spécialement, par le jugement qu’il porte sur tous les écrits qui racontent l’histoire des origines chrétiennes, et par les vues qu’il expose sur l’histoire même de ces origines. On trouve ces vues résumées dans le premier volume de sa Kirchengeschichte, qui parut en 1853, sous ce titre : Dos Christenthum und die christliche Kirche in den drei ersten Jahrhunderte, Tubingue, 2e édit., 1860. — Ses opinions personnelles sur la valeur des livres du Nouveau Testament sont longuement exposées dans les écrits suivants ; Die sogenannten Pastoralbriefe, 1835 ; Paulus, der Apostel Jesu Christi, 1845 ; 2e édit., avec quelques modifications, 1867 (cet ouvrage résume tout ce que Baur a publié sur les Épîtres) ; Kritische Untersuchungen ûber die canonischen Evangelien, in - 8°, Tubingue, 1847 ; Dos Markusevangeliumnach seinem Ursprung und Character, in-8°, Tubingue, 1851 ; Vorlesungen ûber die N. T. Théologie, publié en 1864, quatre ans après la mort de l’auteur. — On a encore de lui, sur le même sujet, un grand nombre de dissertations insérées dans trois recueils théologiques : d’abord dans la Tûbinger Zeitschrift, jusqu’en 1842 ; puis dans les Theologische Jarbûcher, jusqu’en 1847 ; enfin dans la Zeitschrift fur die wissenschaftliche Théologie, de M.Hilgenfeld. Signalons seulement, parmi les dissertations les plus importantes, celles sur la Glossolalie, 1830 ; sur le Parti du Christ à Corinthe, 1831, p. 61 -206 ; sur le Plan de l’Épitre aux Romains, 1836, Heft m ; sur X’Évangile de Jean, 1844 ; sur l’Evangile de Luc, 1846, etc.

2° Pour apprécier sainement l’œuvre du célèbre professeur de Tubingue, il est indispensable d’en faire trois parts, celle du philosophe, celle de l’historien et celle du critique. — 1. Baur est un philosophe incrédule, imbu de panthéisme et disciple de Hegel. La théorie du « Christ idéal », qui joue un si grand rôle dans son explication des origines du christianisme, il l’a trouvée, au moins dans son germe, dans les écrits de Kant ; l’idée de « l’universel devenir », dont il a fait dans son premier ouvrage, Symbolisme et mythologie ( 1825), une application aussi hardie que fausse à l’histoire des religions, est le fond mêms de la Dogmatique de Schleiermacher ; la doctrine des « antinomies » du pour et du contre s’unissant ensemble pour former une unité, qui restera l’élément essentiel de

son explication des origines et des progrès de la religion chrétienne, est empruntée à la philosophie de Hegel. — 2. C’est en philosophe, en panthéiste, en hégélien, que Baur a fait de l’histoire. L’histoire pour lui n’est pas ce qui a été, mais ce qui a dû être, et ce qui a du être, c’est ce qui est conforme à ses conceptions subjectives. À la lettre, il fait l’histoire au lieu de la raconter. Au dire de ce singulier historien, le christianisme ne représenterait qu’une phase transitoire du devenir religieux de l’humanité. L’idée religieuse s’épanouit et se développe par une évolution régulière et nécessaire, qu’il appelle Process, dans la succession des âges et dans toute l’humanité. Cette idée, Jésus de Nazareth l’a recueillie telle qu’elle avait été élaborée et préparée par ses devanciers durant de longs siècles ; son seul mérite est de l’avoir vivifiée et rendue capable de conquérir le monde en la jetant dans le moule juif du messianisme. L’histoire de la religion chrétienne se résume dans l’effort que fait l’idée religieuse pour se dégager de cette forme spéciale que lui a donnée le fondateur du christianisme. Il y a lutte incessante entre l’élément universaliste ou abstrait, et l’élément particulariste ou juif. Ce dualisme fondamental explique seul, Baur va nous le dire, l’histoire des origines, et il éclaire d’un jour tout nouveau, — sa Kirchengeschichte a pour but de le prouver, — les destinées de la religion chrétienne jusqu’à nos jours. Ces deux éléments irréductibles, nous les retrouvons jusque dans la dénomination complexe d’  « Église catholique », où l’adjectif « catholique » indique 2a part introduite dans la doctrine nouvelle par Paul, Je chef du parti universaliste, tandis que le substantif « Église », judéo-chrétien de sens et de couleur, rappelle la part apportée par Pierre, le représentant officiel de l’idée particulariste. — 3. C’est là l’idée mère de tout son système de critique, l’opposition entre le pétrinisme et le paulinisme, entre un christianisme particulariste et un christianisme universel, reposant, le premier sur la conservation de la loi mosaïque, le second sur une conception plus large de la religion.

La lutte entre le pétrinisme et le paulinisme remplit, d’après lui, tout le I er siècle, et ne s’apaise qu’au milieu du ne siècle, après les nombreuses tentatives de réconciliation qui devaient aboutir à la constitution de l’Église catholique. Pendant la période aiguë de la lutte, chaque parti eut ses apologistes et ses détracteurs. Pétrinistes et pauliniens publièrent des écrits marqués au coin de la passion. Pendant la période d’apaisement, au contraire, lorsque d’une part la victoire presque complète du paulinisme, et d’autre part le besoin de s’unir pour mieux résister à l’hérésie gnostique et à la persécution impériale, eurent rendu la paix désirable et nécessaire aux deux partis, pétrinistes et pauliniens, comme d’instinct et avant de se tendre la main, firent paraître des écrits de conciliation, dans lesquels les divergences anciennes étaient atténuées, et les esprits adroitement sollicités à l’oubli du passé et aux concessions indispensables. Les publications de ces temps primitifs comprenaient en conséquence, c’est toujours Baur qui l’affirme, trois classes d’écrits : ceux du parti pétriniste, ceux du parti paulinien, et ceux du tiers parti ou parti de fusion et de conciliation. L’essentiel, quand on désire connaître avec quelque certitude la provenance et la date d’un écrit chrétien des premiers siècles, sera donc d’examiner à quelle tendance il appartient. S’il a manifestement pour but la justification d’un des deux partis et la condamnation de l’autre, il appartient sûrement à la période aiguë, remonte par conséquent au I er siècle, et a, suivant le cas, pour auteur un pétriniste ou un paulinien. S’il présente des traces certaines de l’esprit de conciliation, il est à n’en pas douter de la période d’apaisement, c’est-à-dire du IIe siècle, et il a été composé ou retouché par un écrivain du tiers parti. Si enfin il demeure complètement étranger à la querelle qui a rempli tout le premier âge, c’est qu’il est postérieur à cet âge, et ne saurait par conséquent remonter au delà

du ii « siècle. Tel est le procédé nouveau imaginé par Baur pour résoudre les graves problèmes que présentent la formation du canon du Nouveau Testament et l’origine même du christianisme.

En faisant usage de son critérium, si justement nommé « critique de tendance », le chef de l’école de Tubingue arrive aux résultats suivants : 1° Parmi les écrits canoniques, les quatre grandes Épîtres de saint Paul, aux Corinthiens (deux), aux Romains et aux Galates, sont des manifestes antipétrinistes ; l’Apocalypse est un pamphlet antipaulinien. Parmi les écrits apocryphes, les Évangiles dits des Hébreux, de Pierre, des Ébionites, des Egyptiens, ressemblent par l’inspiration à l’Apocalypse. Ce sont les plus anciens documents du christianisme, tous du I er siècle. — 2° Parmi les autres Épîtres attribuées par le canon aux Apôtres, celles aux Éphésiens, aux Colossiens, aux Philippiens, ne sont pas assez anti-pétrinistes pour être sûrement de saint Paul ; celles de saint Pierre et de saint Jacques sont trop peu judaïsantes pour être l’oeuvre de l’un quelconque des Douze, autant d’écrits d’authenticité plus que suspecte et de date incertaine. — 3° Les Épîtres pastorales combattent les doctrines de Marcion, et l’enseignement de Paul y est émoussé et attiédi. Quant au livre des Actes des Apôtres, il est plus manifestement encore l’œuvre de l’école de conciliation. « C’est là qu’on voit le mieux apparaître la tendance catholique de concilier Pierre et Paul, de tenir la balance égale entre les deux partis opposés, et de mettre fin à tous les conflits. » Ces écrits sont du IIe siècle. — 4° Nos Évangiles ne sont ni authentiques ni même très anciens, au moins sous leur forme actuelle : celui de saint Matthieu est l’Évangile des Hébreux, le plus ancien manifeste du parti pétriniste, remanié dans une intention pacifique ; celui de saint Luc est l’Évangile paulinien de Marcion, arrangé et modifié dans un but de conciliation. Ils sont donc tous les deux de la période d’apaisement, du ne siècle. Celui de saint Marc garde, dans les questions discutées par saint Matthieu et par saint Luc, une neutralité parfaite. C’est une simple abréviation des deux précédents, sans grande valeur au point de vue historique. Celui de saint Jean enfin est bien moins une histoire du Christ qu’un résumé de la théologie chrétienne du premier âge. L’orage est passé, oublié même.

3° Un professeur tel que Baur n’a pas seulement des lecteurs et des auditeurs, il forme des disciples. Parmi les élèves qui affluèrent à ses cours de toutes les provinces de l’Allemagne et de la Suisse, plusieurs manifestèrent de bonne heure le désir de travailler sous sa direction, dans le sillon même qu’il venait d’ouvrir. Une revue spéciale (les Theologische Jahrbûcher), fondée en 1842, servit d’organe à ces travailleurs, parmi lesquels prirent rang d’abord Edouard Zeller, le futur historien de la nouvelle école, et le Souabe Albert Schwegler († 1857) ; puis Planck, Reinhold Kôstlin, Albert Ritschl, et enfin Adolphe Hilgenfeld, Gustave Volkmar, Tobler, Keim, Holstein, etc. Dès les premiers jours, la discorde éclata : le critérium du maître fut discuté, ses conclusions furent contestées. Les efforts qu’il fit pour ramener la paix ne réussirent qu’à augmenter la confusion, qui fut, pour ainsi dire, portée à son comble par la publication de la Kirchengeschichte, destinée cependant, dans sa pensée, à produire la conciliation et l’union. La plupart se retirèrent. Les Theologische Jahrbûcher cessèrent de paraître en 1 857. La solitude se fit autour du maître vieilli ; quand il mourut, en 1860, son école ne subsistait déjà plus.

Mais, en abandonnant les théories de Christian Baur, la plupart des Tubingiens restèrent fidèles à son esprit. Tout ce que l’Allemagne protestante compte aujourd’hui encore d’exégètes aventureux se rattache par un lien étroit à l’école de Tubiugue. Le vieux maître a appris à ses contemporains à traiter avec une liberté effrénée les écrits du Nouveau Testament. C’est par ! à surtout qu’il a continué, même après l’oubli de ses œuvres et l’abandon

de ses théories, à exercer sur ses compatriotes et sur beaucoup de non Allemands une influence désastreuse. Parmi les ouvrages publiés par les disciples de Baur, sous la surveillance et sous l’influence directe du maître, on peut citer : Das nachapostolische Zeitalter in den Hauptmomenten seiner Entwickelung, par Schwegler, Tubingue, 1846 ; Die Apostelgeschichte nach ihren Inhalt und Ursprung, par Ed. Zeller, Stuttgart, 1854 ; Die Enstehung der altltatholischen Kirche, Bonn, 1850.

Sur l’école de Tubingue et pour la réfutation de ses doctrines, voir Mackay, The Tubingen School and Us antécédents, in-8°, Londres, 1863 ; H. Schmidt, dans Real-Encyclopedie fur protestantische Théologie, 2e édit., t. ii, 1877, p. 163-184 ; Funk, dans Kirchenlexicon, t. ii, 1883, col. 64-76 ; W. R. Sorley, Jewish Christian and Judaïsm, a study on the historij of the two first Centuries, in-8°, Cambridge, 1881 ; G. W. Lechler, Dos apastolische und das nachapostolische Zeitalter mit Eucksicht auf Unterschied und Einheit in Leben und Lehre, 3e édit., in-8°, Karlsruhe, 1885 ; J. Thomas, L’Église et les judaïsants à l’âge apostolique : La réunion de Jérusalem, dans la Revue des questions historiques, oct. 1889, t. xl vi, p. 400-461 ; F. Vigouroux, Baur et l’école de Tubingue, dans Les Livres Saints et la critique rationaliste, t. ii, p. 464-495, et dans La Bible et les découvertes modernes, t. i, p. 77-88 ; Samuel Berger, Baur et les origines de l’école de Tubingue, Strasbourg, 1867.

L. Gondal.

    1. BAURAMITE##

BAURAMITE, originaire de Bahurim. I Par., xi, 32. L’Écriture nomme deux personnages de cette ville, Séméi, II Reg., xvi, 5 ; III Reg., ii, 8, et Azmaveth ou Azmoth. La Vulgate n’emploie l’adjectif Bauramite que I Par., xi, 32. Dans II Reg., xxiii, 31, elle dit que Azmaveth était de Béromi, c’est-à-dire de Bahurim, et elle nomme exactement Bahurim, II Reg., xvi, 5, etIII Reg., il, 8. Voir Bahurim.

    1. BAVAÏ##

BAVAÏ (hébreu : Bavvaï ; Septante : Bevei), fils d’Énadad, chef de la moitié du district de Céila, au temps de Néhémie, releva une partie de la muraille de Jérusalem, voisine du sanctuaire. II Esdr., iii, 18.

    1. BAXTER Richard##

BAXTER Richard, célèbre théologien non conformiste anglais, né le 12 novembre 1615 à Rowton, dans le Shropshire, mort à Londres le 8 décembre 1691. Il devint, en 1640, vicaire de Kidderminster, et mena ensuite une’ie très agitée et très tourmentée. Il composa un grand nombre d’écrits, dont un seul est relatif à l’exégèse : A paraphrase on the NewTestament, with notes doctrinal and practical, in-4°, Londres, 1685 ; in-8°, 1695, 1810. Cet ouvrage fut déféré au Banc du Roi, et l’auteur emprisonné pendant deux ans ; mais le souverain lui pardonna ensuite, et lui permit de se retirer à Charter-House Yard. La Paraphrase est surtout pratique ; le sens y est souvent bien exposé, seulement on y retrouve les erreurs de l’auteur sur la grâce et la rédemption. Voir Matth. Sylvester, Reliquiss baxterianse, Londres, 1696, 1713, 1727 ; Orme, Life and Times of Baxter, 2 in-8°, Londres, 1830 ; von Gerlæh, Richard Baxter nach seinem Leben und Wirken, Berlin, 1836 ; Schmidt, R. Baxter’s Leben und Wirken, Leipzig, 1843.

    1. BAYER Francisco Perez##

BAYER Francisco Perez, antiquaire espagnol, né à Valence en 1711, mort le 26 janvier 1794. Il professa l’hébreu à l’université de Salamanque, fut chanoine de Tolède et conservateur de la Bibliothèque de Madrid. Il a publié : Dissertatio isagogica de numis Hebrœo-Samaritanis, in-4°, Valence, 1781 (avec figures) ; Numorum Hebrseo-Samaritanorum Vindicatio, in-4°, Valence, 1790 (avec gravures) ; Legitimidad de las monedas Eebrseo-Samaritanas, confutacion de la diatriba de Dn. Olao Gerh. Tychsen, in-4°, Valence, 1793. Bayer le premier a tracé la véritable voie à la numismatique hébraïque. Dans

ses voyages, il avait recueilli une collection importante de monnaies juives ; il les arrangea et les interpréta avec beaucoup de science, les reproduisit avec exactitude, et en établit l’authenticité. — Voir Baur, dans Y AUgemeine Encyclopâdie, t. vm (1822), p. 246 ; Frd. W. Madden, History of Jewish Coinage, in-8°, Londres, 1864, p. H.

F. Vigouroux.

    1. BAYES Joshua##

BAYES Joshua, ministre presbytérien anglais, né à Manchester en 1671, mort le 24 avril 1746. Il fut ordonné prédicateur de l’Évangile et ministre le 22 juin 1694. Matthew Henry étant mort avant d’avoir achevé son Commentaire sur les Saintes Écritures, la continuation de son œuvre fut confiée à un certain nombre de théologiens presbytériens, et Bayes fut chargé d’expliquer l’Épitre aux Galates. Son travail parut dans le Commentary on tho Old and New Testament, 5 in-f°, Londres, 1737.

    1. BAYITH##

BAYITH (hébreu : habbayif, avec l’article, « la maison » ). Quelques interprètes considèrent ce mot comme un nom propre, désignant une localité moabite, dans Isaïe, XV, 2. Le Targum et la version syriaque suppriment la conjonction et qui sépare Batjit et Dibôn dans le texte hébreu, et lisent Beth-Dibon. Cette leçon n’est pas plus fondée que l’opinion précédente. La Vulgate a pris bayif pour un nom commun, domus, « maison, » c’est-à-dire ici « temple » de Chamos ou des divinités moabites, et la plupart des commentateurs adoptent cette explication, en faveur de laquelle on peut alléguer que bayif est précédé de l’article et qu’il est en parallélisme avec bamôt, « les hauts lieux » où l’on honorait les dieux de Moab. Cf. Is., xvi, 12, sancla sua, « son sanctuaire. » La stèle de Mésa, trouvée à Dibon, mentionne, ligne 27, un Beth-Bamoth ou « temple des hauts lieux ». Voir Mésa. C’est peut-être VHabbayif dont parle Isaïe. Les hypothèses imaginées par divers exégètes qui supposent que Bayit désigne Beth-Diblathaïm, Beth-Baal-Méon ou Bethphogor, sont complètement arbitraires. Cf. Bæthgen, dans Handwbrterbuch des biblischen Altertums, 2e édit., 1893, p. 179.

    1. BAYLE Marc Antoine##

BAYLE Marc Antoine, théologien français, professeur d’éloquence sacrée à la faculté de théologie d’Aix, né à Marseille en Î825, mort dans cette ville le 18 mars 1877. On a de lui : Homélies sur les Évangiles, 2 in-18, Tournai, 1865. Son principal travail est la traduction française de plusieurs livres de la Bible, qui ont été imprimés dans la Sainte Bible avec commentaires, publiée par l’éditeur Lethielleux, in-8°, Paris, 1877 et suiv. Sa version est littérale et bonne. Voir Uterarischer Handweiser, février 1880, p. 70. O. Rey.

1. BAYLEY Anselme. Voir Bailey.

2. BAYLEY Robert Slater, ministre indépendant, Anglais, né à Lichfield en 1801, mort le 14 novembre 1859. Il fut successivement pasteur à Louth, dans le Lincolnshire, à Sheffield, à Londres et à Hereford. On a de lui, entre autres ouvrages, À new Concordance to the Hébreu) Bible juxta editionem Hooghtianam, and accommodated to the English version, in-8° ; À course of lectures on the Inspiration of the Scriptures, in-12, Londres, 1852.

— Voir L. Stephen, Dictionary of national Biography, t. m (1885), p. 444.

    1. BAYLY Benjamin##

BAYLY Benjamin, recteur anglican de l’église Saint-James, à Bristol, mort le 25 avril 1720, est l’auteur de : An Essay cm inspiration. Londres, 1707 ; 2e édit., 1708. La première édition est anonyme ; la seconde est considérablement augmentée.

BAYNE. Voir Baines.

    1. BAYNES Paul##

BAYNES Paul, théologien puritain anglais, né à Lon

dres on ne sait en quelle année, mort à Cambridge en 1617. Il fut élevé à Christ -Collège, à Cambridge, et en devint fellow. À la mort de William Perkins, il fut choisi unanimement pour lui succéder dans les leçons qu’il donnait à Saint - Andrew, à Cambridge. Ses écrits ne furent publiés qu’après sa mort. On y remarque : À Commentary on the first chapter of the Ephesians handling the controversy of Prédestination, in-4°, Londres, 1618 ; À Commentary on the first and second chapters of Saint Paul to the Colossians, in-4°, Londres, 1634 ; Commentary upon the whole Epistle to the Ephesians, in-f », Londres, 1643, ouvrage estimé encore aujourd’hui en Angleterre. Voir L. Stephen, Dictionary of national Biography, t. m (1885), p. 455.

    1. BAZAR##

BAZAR, nom d’origine persane, donné au lieu où l’on vend les marchandises en Orient. Voir Marché.

    1. BAZATHA##

BAZATHA (hébreu : Bizfâ’, nom perse, Bazata ; Septante : BaÇiOa), un des sept eunuques qui se tenaient en la présence d’Assuérus. I Esth., i, 10.

    1. BAZIOTHIA##

BAZIOTHIA (hébreu : Bizyôtyâh ; Septante : a yiSmai ajTûJv), ville de la tribu de Juda, mentionnée après Bersabée, Jos., xv, 28. Elle est complètement inconnue : on se demande même, d’après les Septante, si le texte original ne portait pas un nom commun. Les traducteurs grecs ont dû lire, en effet, rvrp ; 3, benôféâh,

[Bersabée et] « ses filles » ou « ses bourgs >>, au lieu de n’nVTa, Bizyôtyâh. Cependant les autres versions ont

ici un nom propre. La paraphrase chaldaïque reproduit exactement l’hébreu ; la Peschito donne JLlojJL », Bi’r Yôfya’, c’est-à-dire n>ni> ixs, Be’êr Yôfya, le « puits de Yotya », comme yatf 1X3, Be’êr Séba’, « puits des Sept » ou « du Serment », Bersabée ; l’arabe l’a suivie en mettant IaSjjj, Biryûtiya. Saint Éphrem cependant,

dans ses explications sur Josué, Opéra syriaca, Rome, 1737, t. i, p. 305, fait la remarque suivante : « Les auteurs de la version syriaque, ne comprenant pas le mot hébreu, et persuadés que c’était le nom propre d’une

ville, ont transcrit ©vta- » JL^’Bizyotyéh. » C’est donc

ce mot que le saint docteur lisait dans son manuscrit du texte sacré, au lieu de l’expression de la Peschito, et il le traduisait, comme les Septante, « Bersabée et ses bourgs. » L’emplacement de Bersabée, aujourd’hui Bir es-Sébâ, est bien connu ; si Baziothia représente réellement une ville, . c’est dans les environs qu’elle devait se trouver.

A. Legendre.
    1. BDELLIUM##

BDELLIUM (hébreu : bedôlah ; Septante : â’v6paÇ, xpixrràXXoç ; Aquila, Symmaque, Théodotion, Josèphe, Ant. jud, , III, i, 6 : pSIXXtov). Il est question deux fois, dans la Bible, du bedôlah. Dans la description du paradis terrestre, il est dit au sujet du pays d’Hévilath : « L’or de ce pays est bon ; là se trouvent le bedôlah et la pierre de Sôham. » Gen., ii, 12. Plus loin, l’auteur sacré ajoute que « la manne était comme la graine du coriandre, et de l’apparence (’en) du bedôlah ». Num., xi, 7. Le bedôlah était donc une substance bien connue des anciens Hébreux, puisqu’on s’en servait comme terme de comparaison pour désigner l’apparence de la manne. Les Septante ont traduit une première fois par av6pa ?, « escarboucle, » pierre précieuse de couleur rouge, et une seconde par xpu<Trd(XXoç, « glace » ou substance transparente. Les autres versions grecques, suivies par la Vulgate, ont rendu bedôlah par (JBÉXXiov. Le bdellium est la gomme aromatique de VAmyris Agallochwm, arbrisseau résineux qu’on trouve principalement dans le nord de l’Inde, mais qui se rencontre aussi ailleurs. Pline le décrit en ces

termes : « C’est un arbre noir, de la taille de l’olivier, avec des feuilles comme celles du chêne, et des fruits comme ceux du figuier sauvage. Il vient en Arabie, dans J’Inde, en Médie et à Babylone. » H. N., XII, 35. La gomme de l’arbrisseau est d’un rouge foncé et a une certaine transparence. On s’explique donc que les Septante aient confondu le bedôlah avec l’escarboucle, et aient ensuite comparé sa translucidité à celle de la manne. La traduction des autres versions et de la Vulgate identifie le bedôlah avec le bdellium, « très vraisemblablement avec raison, » dit Delitzsch, Wo lag das Parodies, Leipzig, 1881, p. 16. On pourrait objecter que cette gomme aromatique n’est pas d’un prix tel qu’on puisse la mettre sur le même rang que l’or, et que d’autre part le bdellium, qui est rouge, ne saurait être comparé avec la manne, qui était blanche comme le givre. Exod., xvi, 14. Mais l’auteur sacré présente le bdellium, non comme une substance aussi précieuse que l’or, mais comme un produit caractéristique de la terre d’Hévilath. Quant à la ressemblance de cette substance avec la manne, il n’est pas nécessaire qu’elle soit adéquate ; il suffit qu’elle soit justifiée par une qualité commune, par exemple, une certaine transparence, comme celle de la cire ou des autres gommes aromatiques, l’encens, la myrrhe.

Quelques auteurs, Raschi, Reland, etc., ont voulu faire de bedôlah une pierre précieuse, et l’on a même prétendu que la leçon bedôlah était fautive, et qu’il fallait lire berôlah, mot qui désignerait le béryl. Mais rien n’autorise cette correction, et si le bedôlah était un nom de pierre, l’auteur aurait signalé dans la terre d’Hévilath la « pierre de bedôlah », comme il fait pour la « pierre de Sôham, ». Enfin d’après Saadias, Kimchi, Bochart, Hierozoicon, II, v, 5 ; Gesenius, Thésaurus lingues hebrsese, p. 181, le bedôlafy ne désignerait ni la gomme aromatique ni une pierre précieuse, mais les perles qui abondent dans les eaux du golfe Persique. Cette interprétation, dont aucune version ancienne n’a eu l’idée, présente un double inconvénient. Elle suppose que la terre d’Hévilath se trouvait sur les bords du golfe Persique, ce qui est loin d’être démontré. De plus, elle fait d’un produit maritime la caractéristique d’une terre, au même titre que l’or et la pierre de Sôham, ce qui paraît peu admissible. Le plus probable est donc que le bedôlafy et le bdellium ne font qu’un, et quant au nom et quant à la chose. — Voir Wiçwà - Mitra, Les Chamites, in-8°, Paris, 1892,

p. 665-670.
H. Lesêtre.

BÉAN (FILS DE), nom d’une tribu de pillards qui fut châtiée et détruite par Judas Machabée. I Mach., v, 4-5. Le texte grec des Machabées les appelle uîot Bat’av ; Josèphe, uîot toO Bïâvou. C’était, à n’en pas douter, une tribu de Bédouins qui vivait de rapines. L’auteur sacré dit qu’ils se retiraient dans des tours (icOpyous), lorsqu’ils n’exerçaient pas leurs brigandages. Ils habitaient probablement à l’est de la mer Morte, puisque Judas les rencontra sur sa route en allant d’Édoni au pays des Ammonites. Il est même vraisemblable que les « : fils de Béan » sont les habitants de Baalméon. En effet, le livre des Nombres, xxxii, 3, mentionne une ville située au nord de l’Arnon et appelée Béon, nom que les Septante transcrivent Bat’av, avec la même orthographe que « les fils de Béan ». I Mach., v, 4-5. Or Béon, d’après l’opinion commune, n’est autre que Baalméon, la Ma’in actuelle. Voir Baalméon.

    1. BÉATITUDES##

BÉATITUDES (MONT DES), montagne sur laquelle Notre - Seigneur prononça le plus considérable et le plus important de ses discoure, rapporté par saint Matthieu, v-vn, et commençant par ces mots : « Bienheureux les pauvres, » etc. L’auteur sacré n’indique pas le nom de l’endroit où retentit la parole du divin Maître ; il se contente de dire que « Jésus, voyant les foules, monta sur la montagne ». Matth., v, 1. Le grec porte l’article,

£Îç tô ô’poç. Est-ce pour désigner une montagne connue des lecteurs ou voisine des lieux où le récit vient de les transporter ? La réponse, quelle qu’elle soit, nous laisse toujours dans l’incertitude. Quelques auteurs veulent voir ici dans « la montagne » une opposition avec « la ville maritime » de Capharnaûm, dont il est question auparavant. Matth., iv, 13. Mais les deux passages sont trop séparés pour qu’on puisse ainsi les unir. Saint Jérôme, dans son Commentaire sur saint Matthieu, t. xxvi, col. 33, avoue ne rien savoir de certain sur ce sujet ; il dit simplement que la scène dut se passer « en Galilée, sur le

de forme arrondie, dont l’altitude est de 346 mètres. La crête, élevée de 50 ou 60 mètres au-dessus du niveau de la route, vers le sud, domine d’environ 250 mètres, vers le nord, la vallée que sillonne l’ouadi el-Hamam. Elle est terminée, au nord-ouest et au sud-est, par deux éminences ou cornes qui lui ont fait donner le nom de Qoroun Hattin, « Cornes de Hattin ». Hattin est le petit village qui s’étend sur la pente septentrionale. Ces deux éminences « ont été justement comparées au pommeau et au troussequin d’une selle arabe ». Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans Le Tour du monde, t. xun, p. 202. Il

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467. — Qoroun Kattln ( Montagne des Béatitudes). D’après une photographie.

Thabor ou quelque autre montagne élevée ». Une ancienne tradition, remontant à l’époque des croisades, place le mont des Béatitudes à Qoroun Hattin, hauteur située à mi-chemin entre le Thabor et Capharnaûm, à peu près en face de Tibériade, à deux heures du lac (fig. 407). La position de cette colline « s’accorde fort bien avec l’ensemble du récit évangélique, car elle est facilement abordable de toutes parts et se trouve justement dans la région où prêchait alors Notre - Seigneur. De plus, elle mérite seule, entre toutes les hauteurs qui l’avoisinent à l’ouest du lac, le nom de montagne par excellence, qu’elle porte dans le texte grec, to opoç, tant elle se distingue des autres par sa forme particulière et par son élévation plus considérable ». Fillion, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1878, p. 98.

C’est, en effet, un sommet bien singulier que celui de Qoroun Hattin, un de ceux qui frappent le plus le voyageur, quand, après avoir suivi la route de Nazareth à Tibériade, il commence à apercevoir le profond eneaisjsement du lac. Il voit sur sa gauche une colline rocheuse,

existe entre elles un plateau inégal, long d’une centaine de mètres, capable de contenir un nombreux auditoire, et du haut duquel on jouit d’une magnifique perspective. Ce n’est pas cependant, croyons - nous, sur ce plateau qu’eut lieu le discours du Sauveur, mais en uu point intermédiaire, entre la plaine et le sommet ; ce qui permet à saint Matthieu de dire qu’on était « sur la montagne », et à saint Luc, vi, 17, « dans la plaine, » ém

T<$7IOV ÎTeSiVOÛ.

La colline tout entière, dont la forme est bien celle d’une forteresse naturelle, était, dans sa partie supérieure, entourée d’un mur d’enceinte dont il subsiste encore de nombreuses traces, principalement aux deux cornes, qui paraissent avoir été fortifiées d’une manière spéciale. La nature des matériaux de toute forme et de toute dimension qui jonchent le sol semble indiquer que ce mur a été construit à la hâte. Les habitants de Hattin prétendent qu’il renfermait une pente ville, depuis longtemps rasée de fond en comble et aux ruines indistinctes de laquelle ils donnent le nom de Khirbet Medinet et-Thouiléh, 1531

    1. BÉATITUDES##

BÉATITUDES (MONT DES)/— BEAUTÉ

1532 « ruines de la ville longue, s On remarque, à la pointe sud-est de la colline, un caveau oblong, creusé dans le roc et revêtu de ciment ; il est en grande partie comblé. C’était ou un tombeair ou une citerne ; À côté se voient les arasements d’une petite construction, mesurant huit pas carrés, et qui passe pour être un ancien ouali musulman, ayant succédé lui-même à une chapelle chrétienne. D’autres y reconnaissent les restes d’une tour. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Galilée, t. i, p. 194.

La colline de Qoroun Hattin était un point assez central où pouvaient se rencontrer les foules, avides de la parole du Sauveur, et qui venaient, pour l’entendre, « de la Galilée et de la Décapole, de Jérusalem et de la Judée, et d’au delà du Jourdain. » Matth., iv, 25. Assis moi-même, le 25 mars 1893, sur la pente sud-est, j’admirais le panorama qui se déroulait sous mes yeux, et je me disais que nul endroit n’était mieux fait pour servir de chaire au divin orateur, venant exposer ce qu’on a si justement appelé « la grande charte du royaume des cieux ». En face, les eaux tranquilles du lac, sur la surface duquel des collines qui masquent le regard projettent quelques échancrures. Au delà, les montagnes du Djaulan s’abaissent jusque, sur ses bords et ferment l’horizon. A droite, vers le sud, au-dessous de moi, une plaine basse, l’Ard el-Ahma, et, plus loin, le Thabor, dont le sommet, encadré dans les autres collines, ressemble à une bosse de dromadaire. À gauche, vers le nord, se dresse le grand Hermon avec son pic couvert de neige. A mes pieds, le tapis de verdure et les anémones rouges qui l’émaillent me rappellent l’herbe et le lis des champs que Notre-Seigneur fait entrer dans ses gracieuses comparaisons. Matth., vi, 28, 30. Voir Anémone.

C’est également sur cette hauteur que le Sauveur enseigna pour la première fois l’Oraison dominicale. Matth., vi, 9-13. À l’époque des croisades, le Djebel Qoroun Hattin et les plaines avoisinantes furent le théâtre de la désastreuse bataille où, le 4 juillet 1187, Saladin écrasa l’armée des Latins, vit la vraie croix tomber entre ses mains, et s’ouvrit par cette victoire les portes de la Palestine.

A. Legendre.
    1. BÉATUS##

BÉATUS, prêtre, moine et abbé de Saint-Martin de Liébana, en Asturie, vivait dans la seconde moitié du vme siècle. On connaît ses controverses avec Élipand, archevêque de Tolède, et les autres partisans de l’erreur adoptioniste. Voir Migne, Patr. lat., t. xcvi, col. 859-1030. Béatus y soutient la doctrine catholique avec une singulière énergie ; et ses deux écrits contre Élipand témoignent d’une profonde connaissance des Livres Saints. Il a composé sur l’Apocalypse un volumineux commentaire qui a joui d’une très grande vogue en Espagne, du rxe au XIIe siècle. Les manuscrits assez nombreux de ce commentaire remontent tous à cette époque. Ils se font remarquer par le luxe avec lequel ils ont été exécutés, et surtout par leur riche ornementation, qui permet de les ranger parmi les sources les plus importantes de l’histoire de l’art espagnol au moyen âge. Voir sur ce point Les manuscrits de l’Apocalypse de Béatus, par M. L. Delisle, dans les Mélanges de paléographie et de bibliographie (1880), p. 116-148. Quant an commentaire lui-même, il n’a rien de très original. C’est avant tout une sorte de caterta, dont le texte est emprunté à peu près exclusivement aux Pères de l’Église latine qui ont expliqué l’Apocalypse. Le recueil de Béatus n’en a pas moins une réelle importance. Il nous a conservé plusieurs textes anciens considérés depuis longtemps comme perdus, par exemple, des passages du commentaire de saint Jérôme et de celui d’Apringius, évêque de Béja. Malheureusement l’abbé de Liébana ne nous fait pas connaître ce qui appartient à chacun de ces auteurs, et cette distinction n’est guère possible qu’à la condition de découvrir quelquesnns de ces commentaires. L’œuvre de Béatns a été publiée au siècle dernier par Florez, sous ce titre : Sancti Beati

presbyteri hispani Liebanensis, in Apocalypsim ac utriusque fœderis paginas commentaria, Madrid, 1770. Nous ignorons pour quel motif l’abbé Migne n’a pas inséré ce commentaire dans sa Patrologie latine.

M. Férotin.

BEAU-FRÈRE. Voir Lévirat.

    1. BEAUPORT##

BEAUPORT, théologien français, qui vivait dans la seconde moitié du xvie siècle. Il a laissé : Monotessaron Evangeliorum, Paris, in-8°, 1552 et 1560. Malgré son titre latin, c’est une concordance en français.

G. Thomasson de Gournay.

    1. BEAUSOBRE Isaac##

BEAUSOBRE Isaac, théologien protestant, né à Niort en 1659, mort à Berlin en 1738. Chassé de Châtillonsur-Indre par la révocation de l’édit de Nantes, il se réfugia à Rotterdam, puis à Berlin, où il se fixa ; il y devint chapelain de la reine. Il a laissé : Remarques historiques, critiques et philologiques sur le Nouveau Testament, 2 in-4°, la Haye, 1745 ; — Le Nouveau Testament de Notre-Seigneur Jésus-Christ traduit en français sur l’original grec, avec notes littéraires pour éclaircir le texte, 2 in-4°, Amsterdam ; réimprimé en 1741 avec des corrections et des additions considérables. La préface générale, les quatre Évangiles et les Actes sont de Lenfant.

— Discours sur la Bible de Saurin (fait en société avec son fils, Charles-Louis de Beausobre).

G. Thomasson de Gournay.

BEAUTE. Le sentiment de la beauté, inné au cœur de l’homme, trouve son objet dans certaines qualités ou dispositions des êtres, qui varient selon la diversité des temps, des lieux, du milieu et de l’éducation. Cette impuissance de l’homme à déterminer d’une manière absolue les qualités qui éveillent l’idée de beauté fait comprendre pourquoi, dans l’Écriture, certaines expressions ou métaphores, qui chez nous sont loin d’exprimer la même idée, sont employées pour signifier la beauté, et particulièrement la beauté physique de l’homme, dont il est surtout question ici.

1° C’est d’après ces notions qu’il faut apprécier la description de la beauté de l’épouse des Cantiques. Cant., vi, vu. Un des éléments de la beauté humaine chez les Orientaux était, et est encore aujourd’hui, le grand développement des formes corporelles : une haute stature, une forte corpulence. C’est peut-être à cela que l’Écriture fait allusion quand elle dit que l’épouse est belle comme Jérusalem, Cant., vi, 3 ; que son cou est semblable à une tour, iv, 4 ; vii, 4 ; sa tête, au Carmel, vii, 5. D’autres expressions du Cantique des cantiques, I, 9 ; v, 15 ; vi, 5, 6 ; vu, 1-3, semblent indiquer la même idée. La beauté du visage consistait chez les Juifs dans la pureté des lignes, dans le brillant des yeux, comme étaient ceux de Rachel, opposés aux yeux chassieux’hébreu : mous), c’est-à-dire sans vigueur, de Lia, Gen., xxix, 17 ; dans la douceur du regard, semblable à celui de la colombe, Cant., i, 14 ; v, 12, et la coloration des lèvres. Cant., iv, 3. Le visage était légèrement basané, comme l’indique l’expression : « Je suis noire, mais belle, » mise par Salomon sur les lèvres de l’épouse des Cantiques. Cant., i, 4. L’ardeur du soleil d’Orient produisait ce résultat sur ceux qui travaillaient en plein air, Cant., i, 5, et les femmes ne paraissent pas avoir cherché à s’en garantir, comme elles le font aujourd’hui, en se voilant le visage.

A l’aide de ces quelques traits, épars dans la Sainte Écriture, on peut conjecturer quel était l’extérieur de ces femmes qui sont mentionnées comme douées d’une grande beauté : Sara, Gen., xii, 11, 14 ; Rébecca, Gen., xxvi, 7 ; Judith, Jud., x, 4, 7, 14 ; Bethsabée, II Reg., xi, 2 ; Abisag, III Reg., i, 4 ; Vasthi, Esth., i, 11 ; Esther, ii, 7, 15 ; Susaime, Dan., xiii, 2, 31. La beauté corporelle semble avoir été très appréciée des Hébreux, et la loi elle-même tolérait cette estime ; car, malgré la défense faite aux Israélites d’épouser des femmes étrangères, elle permettait aux vainqueurs de se choisir des épouses parmi les plus

belles des captives, Deut., xxi, 11 ; à condition qu’elles ne fussent pas de la race des Chananéens. Deut., xx, 16. Malgré cela l’Écriture rappelle à l’homme la fragilité de la beauté du corps, et le met en défiance contre les illusions de son cœur. Prov., xxxi, 30. Si elle compare la beauté humaine à celle de la nature représentée par la verdure des prairies, elle déclare que celle-ci est supérieure à la première, parce que la beauté des (jhoses inanimées n’est pas comme celle des êtres humains une source de tentations et de désordres. Eccli., XL, 22. On trouve la même pensée dans d’autres passages. Eccli., ix, 5. ; xxv, 28 ; xxxvi, 21. De la beauté extérieure l’Écriture s’élève à la beauté morale. Ps. xliv, 3 ; Eccli., xxvi, 19, 21. Elle déclare que sans le jugement

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468. — Notre -Seigneur Jésus-Christ.

Catacombe de Sainte - Domitille. D’après Bottarl, Sculture

e pitture sagre, t. ii, pi. lxx.

de l’esprit la beauté de la femmen’est rien : elle n’est qu’  « un anneau d’or aux narines d’une truie ». Prov., xi, 22.

2° La beauté, diez les Juifs, était non seulement appréciée chez les femmes, mais aussi chez les hommes, et particulièrement chez ceux qui avaient un rang élevé, comme les rois, I Reg., IX, 2 ; Ps. xliv, 3, 5, les princes et les grands officiers du royaume, II Reg., xiv, 25, dont on aimait à voir la haute stature, la vigueur et la corpulence. Un homme mal fait était réputé incapable d’une grande élévation d’esprit et d’actions d’éclat. C’est d’après cette manière de juger que Nabuchddonosor ordonna de choisir les plus beaux des jeunes Juifs captifs à Babylone, pour en faire des officiers de son palais. Dan., i, 4. La beauté des hommes est marquée dans l’Écriture par des traits spéciaux. Moïse compare la beauté de Joseph à celle du premier-né d’un taureau. Deut., xxxiii, 17. Dans la description qui est faite du jeune David, I Reg., xvi, 12 ; xvii, 42, la couleur blonde de ses cheveux est donnée comme un trait de beauté. L’abondance de la chevelure était plus recherchée encore que la couleur. JJ Reg., xiv, 25, 26. Elle était regardée comme la gloire du corps, Num., vi, 5 ; Ezech., xliv, 20, tandis que la calvitie était tenue pour un opprobre. IV Reg., Il, 23. La doctrine chrétienne apprit plus tard aux hommes à dédaigner ce vain ornement, et saint Paul, en ordonnant aux femmes de laisser croître leur chevelure et de la cultiver, déclare que, pour les hommes, c’est une ignominie d’en faire autant. I Cor., xi, 14, 15. D’autres expressions métaphoriques désignent la beauté des hommes, sans qu’on puisse dire exactement

à quels traits corporels elles répondent. Lam., iv, 7. .Salomon, qui est donné dans l’Écriture comme un homme d’une grande beauté, III Reg., i, 6, est probablement le personnage auquel ont été empruntés les traits du Cantique des cantiques, qui désignent la beauté de l’époux. D’après cette description, Salomon aurait été beau « comme les cèdres du Liban », Cant., v, 15 ; son teint « blanc et vermeil », v, 10, ses yeux semblables en douceur à ceux de la colombe, v, 12 ; ses lèvres comparables à la grâce du lis, ruisselantes de myrrhe, v, 13 ; ses cheveux flexibles comme des palmes et noirs comme le plumage du corbeau, v, 11. Le résumé de ces images, difficiles à interpréter dans le détail, est que Salomon était « le plus beau des enfants des hommes ». Cf. Ps. xliv, 3. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 1882, t. iii, p. 433-434.

3° Les éléments de la beauté humaine, telle qu’elle était conçue chez les Juifs, se trouvèrent-ils réunis en Notre -Seigneur Jésus-Christ, de manière à faire de lui, même extérieurement, le plus beau des hommes ? Aucune représentation authentique des traits du Verbe incarné ne nous a été transmise, et les Évangiles, ainsi que les autres documents contemporains, sont muets sur ce sujet. Les premières représentations que nous avons de lui remontent au plus au second siècle (fig. 468). Plusieurs Pères des premiers siècles, surtout parmi les Grecs, prenant trop à la lettre et dans un sens trop général certaines expressions des prophètes, particulièrement d’Isaïe, lii, 14 ; lui, 2-4, relatives à la Passion, et de saint Paul, Phil., ii, 7, ont soutenu que Notre-Seigneur avait un extérieur humilié et presque repoussant. C’est à partir de saint Jean Chrysostome surtout que l’on commença à s’éloigner de cet enseignement, pour soutenir au contraire la beauté physique de Notre-Seigneur. Cf. le Ps. xliv, 3, qui est messianique. Cette opinion a prévalu, en ce sens du moins que si le visage d’un homme reflète la beauté spirituelle de son âme, JésusChrist a dû être le plus beau des enfants des hommes. Beauté qui n’avait rien de charnel ni d’efféminé, mais qui était plutôt grave et austère. Voir Rio, L’art chrétien, Introd. , 1874, t. i, p. 41-42 ; Landriot, Le Christ de la tradition, Paris, 1865, t. ii, p. 214-221 ; cf. S. Jérôme, Epist. lxv ad Principiam Virginem, 8, t. xxii, col. 627 ; Suarez, De Incarnalione, q. 14, art. 4, disp. 32 ; t. xviii, p. 173-174 ; F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, p. 434-437 ; J. A. van Steenkiste, De pulchritudine Jesu corporali, dans son Evangelium secundum Matthseum, 3e édit., Bruges, 1882, t. iv, p. 1464-1468. Voir Jésus -Christ.

P. Renard.

    1. BEAUXAMIS Thomas##

BEAUXAMIS Thomas (en latin : Bellamicus, Pulcher amicus), religieux carme de la province de Melun, né à Paris, mort dans cette ville en 1589. Dès l’an 1567, docteur de l’Université de Paris, il passait pour être le théologien le plus remarquable de son époque. Vicaire général de l’ordre pour la province d’Albi, prieur du couvent de Paris, ambassadeur, prédicateur de la cour sous Catherine de Médicis, Charles IX et Henri III, il devint enfin ministre, et fit aux hérétiques une guerre acharnée par sa parole et par ses écrits. On a de lui : 1° Homilise in oninia qux per Quadragesimam leguntur Evangélia, in-8°, Paris, 1567, et Anvers, 1569. — 2° In sacrosancta Cœnx mysteria, Passionem et Resurrectionem D. N. J. C. homilise et tabulée, annexis quibusdam scholiis, ex primis Ecclesise Patribus, in-8’", Paris, 1570, et Anvers, 1573. — 3° Promissio camis et sanguinis Christi in Eucharistia, in-8°, Paris, 1582 ; — 4° Homiliarum pars secunda quadragesirnalium, in-8°, Paris, 1567, et Anvers, 1569 ; Venise, 1572. — 5° Homiliæ xxiia in Abachuck (sic) prophetam, in-8°, Paris, 1578. — 6° Commentaria in evangelicam historiam, 4 in-f », Paris, 1583 ; in-f°, Lyon, 1594. Ouvrage non terminé. Il devait avoir un tome iv, qui n’a pas été composé. — Ces commentaires sur l’harmonie évangélique ont été

assez estimés en leur temps. Lucius vante l’érudition des travaux que nous venons d’énumérer, et qualifie les Homélies pour le carême de « opus elegantissimum ». Voir Lucius, Bibliotheca carmelitana, in-4°, Florence, 1593, p. 79 ; Villiers de Saint-Étienne, Bibliotheca carmelitana, in-f°, Orléans, 1752, t. ii, p. 803 ; Possevin, Apparatus Sacer, in-4°, Venise, 1606, t. ii, p. 301. 0. Rey.

BÉBAÏ. Hébreu : Bêbaï et Bêbâï ; Septante : Ba6ai, Bïiêi, Brjgat. Nom d’homme et aussi nom altéré de lieu, d’après quelques manuscrits grecs de Judith.

1. BÉBAÏ, chef de famille dont les membres revinrent de Babylone avec Zorobabel au nombre de six cent vingt-trois, 1 Esdr., ii, 11, ou de six cent vingt-huit, H Esdr., Vil, 16. Cette différence provient d’une faute de copiste. Avec Esdras, vingt-huit membres de la même famille revinrent également de Babylone, sous la conduite de Zacharie, descendant de Bébaï. I Esdr., viii, 11. Quatre descendants de Bébaï avaient épousé des femmes étrangères et les répudièrent sur l’ordre d’Esdras. I Esdr., x, 28. Ce nom se rencontre encore parmi les chefs du peuple, signataires de l’alliance théocratique à la suite de Néhémie, Il Esdr., x, 15 ; il paraît désigner le même personnage. E. Levesque.

2. BÉBAÏ, père de Zacharie, paraît être le même Bébaï que le précédent. Des exégètes croient cependant que c’est un fils de Bébaï, portant le même nom.

3. BÉBAÏ (Codex Alexandrinus : Brjëaf), nom de lieu, Judith, xv, 4. Il ne se lit ni dans la Vulgate ni dans le Codex Vaticanus des Septante, mais seulement dans le Codex Alexandrinus et dans quelques autres manuscrits grecs. C’est certainement une forme altérée.

    1. BECANUS##

BECANUS, Verbeeck ou van der Beeck Martin, né à Hilverenbeeck (Brabant septentrional) vers 1561, mort à Vienne le 22 janvier 1624, entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Cologne, en 1583. Il se fit un nom dans l’enseignement de la philosophie et de la théologie à Wurzbourg, Mayence et Vienne, pendant vingt-six ans. Il fut un adversaire redoutable des protestants. Ferdinand II le choisit pour confesseur. Ses nombreux ouvrages sont principalement des ouvrages de controverse, dans lesquels brillent la solidité et la clarté. Il a laissé en outre : Analogia Veteris ac Novi Testamenti, in-8°, Mayence, 1620. Cet ouvrage a été réimprimé, à ma connaissance, plus de trente fois, et a été traduit en anglais, en flamand et en espagnol. Malgré les progrès de la science, il n’a pas perdu toute son utilité. C. Sommervogel.

BECBÉCIA. Hébreu : Baqbuqyah, « Jéhovah dévaste, dépeuple, » allusion à la captivité de Babylone ; omis dans les Septante. Nom de deux lévites.

1. BECBÉCIA, lévite, chef du second chœur, à l’époque de Néhémie. II Esdr., xi, 17 ; xii, 9.

2. BECBÉCIA, lévite gardien des portes et des vestibules au retour de la captivité. II Esdr., xii, 25. On pourrait peut-être rattacher Mathania, Becbécia et Obédia du ꝟ. 25 au ꝟ. précédent et les ranger parmi les chanteurs, comme dans H Esdr., xi, 17. Ce serait alors le même personnage que le précédent.

    1. BECHAI BEN ASCHER##

BECHAI BEN ASCHER, commentateur juif de Saragosse au xme siècle. Son nom » ro est transcrit de façons très différentes : Bahia, Bahye, Bachia, Bachie et plus justement Bechaï. Il a composé vers 1291 un commentaire sur le Pentateuque au point de vue grammatical, rationnel, allégorique et cabalistique. L’édition jprincëps, peu connue, a été faite à Naples, in-ꝟ. 1492.

Depuis il a été très souvent imprimé, in-f », Pesaro, 1507, 1514, 1517 ; Rimini, 1524-1526 ; Venise, 1544, 1546, etc. L’édition la plus complète est celle de Cracovie, in-f », 1592-1593. On a de lui, en outre, un commentaire sur Job intitulé Sôb’a èemâijôt, « Abondance de joies », Ps., xvi (hébr.) 11. E. Levesque.

    1. BÊCHE##

BÊCHE, instrument de culture. Voir Houe.

BÊCHER. Hébreu : Békér, « premierné, » ou bien « jeune chameau ». Cf. Is., lx, 6. Nom de deux Israélites.

1. BÊCHER, fils d’Éphraïm, chef de la famille des Béchérites. Num., xxvi, 35.

2. BÊCHER, fils de Benjamin. La Vulgate l’appelle Béchor. Voir Béchqr.

    1. BÉCHÉRITES##

BÉCHÉRITES (hébreu : habbakrî, nom avec l’article ; omis dans les Septante), descendants de Bêcher, fils d’Éphraïm. Num., xxvi, 35.

    1. BÉCHOR##

BÉCHOR (hébreu : Békér, « premier-né » ou « jeune chameau » ; Septante : Bo^p » B « X L’p)> second fils de Benjamin, d’après Gen., xlvi, 21, et 1 Par., vil, 6, et père de Zémira. I Par., vii, 8. Le nom de Békér (Béchor) ne se lit pas dans l’énumération des fils de Benjamin, Num., xxvi, 38, et I Par., viii, 1. En rapprochant le nom dés fils de Benjamin, hsvm 133 yba, Gen., xlvi, 21, de bara itd3 yba, I Par., viii, 1, il semble que des copistes ont pris le nom commun bekôr, ce premierné, » apposition du nom de Bêla’, pour un nom propre, Békér : conjecture rendue vraisemblable par l’absence d’une famille de ce nom. Num., xxvi, 38. Du reste une très grande divergence règne entre les diverses généalogies des fils de Benjamin : des noms ont été altérés et des petits-fils pris pour des fils. E. Levesque.

    1. BECHORATH##

BECHORATH (hébreu : Bekôrat, « première naissance » pour « premier-né » ; Codex -Vaticanus : Bï^tp, Codex Alexandrinus : Bs^wpâtt), fils d’Aphia, un des ancêtres de Cis, père de Saûl. 1 Reg., ix, 1.

BECHOR -SCHOR [Bekôr sôr) Joseph ben Naphthali, rabbin français du XIIe siècle, disciple de Jacob Tam, continua la tradition de Raschi et de son petit-fils, Samuel ben Meïr, dans l’explication du Pentateuque. Il composa un commentaire littéral de ce livre vers 1170. Une partie seulement a été imprimée, d’après le manuscrit de Munich, par A. Jellinek : Bechor-Schor Jos., Commentât zum Pentateuch, 1. Abth. Genesis und Exodus, in-8°, Leipzig, 1856. Bernard de Rossi affirmait avoir vu à Rome, dans la bibliothèque Casanata, un exemplaire d’une édition imprimée in-f", à Constantinople, 1520. Annales hebrseo typographicee, in-8°, Parme, 1799, n° 100, p. 20. Mais il n’a pu y être retrouvé, et il y a lieu de croire à une confusion avec le commentaire de Josué ben Schoeïb. Histoire littéraire de la France, t. xxviii, p. 435 et note. Geiger donne des extraits de cet important commentaire dans son opuscule Parschandatha, où il discute les œuvres et le mérite des écrivains de l’école de Raschi. Les HidduSê hatfôrâh, Nouvelles explications (cabalistiques ) de la Loi, conservées en manuscrit à la bibliothèque de Leyde, ne sont pas authentiques. M. Steinschneider, Catalogus librorum hebrseorum in Biblioth. Bodleiana, in-4°, Berlin, 1852-1860, col. 1440.

E. Levesque.

1. BECK Christian Daniel, savant philologue allemand, né à Leipzig le 22 janvier 1757, mort dans cette ville le 13 décembre 1832. Il professa le grec et le latin dans sa ville natale. Parmi ses travaux, la plupart très estimés, on compte Monogrammata Hermeneutices librorum Novi Fœderis, in-8°, Leipzig, 1803. II n’en a

paru que la première partie ; l’auteur n’a point terminé du reste la plupart de ses nombreuses publications. — Dans son Herméneutique, regardée comme une œuvre importante, Beck pose les principes d’interprétation du grec du Nouveau Testament ; son livre contient surtout des notices sur les écrivains qui se sont occupés de la philologie de cette partie de l’Écriture, et sur l’état des manuscrits grecs. — Voir Nobbe, Vita Chr. D. Beck, in-8°, Leipzig, 1837.

2. BECK Jacob Christophe, théologien protestant suisse, né à Bâle le 1° mars 1711, mort en 1785. Il devint professeur d’histoire dans sa ville natale, en 1737 ; puis, en 1744, professeur de théologie, et enfin, en 1759, professeur d’exégèse de l’Ancien Testament. Ses ouvrages sur l’Écriture sont les suivants : Disputatio de diluvîo

noachico universali, in-4°, Bâle, 1738 ; Disputatio de partibus orbis quas ante diluvium noachicum homines incoluisse videntur, in-4°, Bâle, 1739 ; Vollstândiges Biblisches Wôrterbuch oder Verbalund Beal-Concordanz, 2 part. în-i°, Bâle, 1770 ; souvent réimprimé ; Epitome historiée Ecclesiæ Veteris Testamenti, in-4°, Bâle, 1770 ; Disputatio de codicibus manuscriptis grsecis, in-4°, Bâle, 1774 ; De editimibus principibus Novi Testamenti, in-4°, Bâle, 1775 ; Biga editionum Novi Testamenti syriaci, in-4°, Bàle, 1776.

3. BECK Johann Tobias, théologien protestant allemand, né le 22 février 1804 à Balingen, en Wurtemberg, mort à Tubingue le 28 décembre 1878. Il fit ses études à Tubingue, devint, en 1827, pasteur à Waldthaun ; en 1829, prédicateur à Mergentheim ; en 1836, professeur de théologie à Bâle, et, en 1843, à Tubingue, où il demeura jusqu’à sa mort et où il exerça une grande influence, professant un profond mépris pour toutes les théories nouvelles, en opposition à l’école critique de Christian Baur. Parmi ses ouvrages, ceux qui se rapportent à l’Écriture Sainte sont les suivants : Versuch einer pneumatisch-hermeneuïischen Entwickélung des neunten Kapitels im Briefe an die Rômer, Mergentheim, 1833 ; Umriss der biblischen Seelenlehre, Stuttgart, 1871 ; traduit en anglais sous le titre de : Outlines of Biblical Theology, Edimbourg, 1877 ; Erklârung der zwei Briefe Pauli an Timotheus, œuvre posthume, publiée par Julius Lindenmeyer, Gûtersloh, 1879. — Voir Worte der Erinnerung an Dr. Johann Jobias Beck, in-8°, Tubingue, 1879.

    1. BECKHAUS Moritz Johann Heinrich##

BECKHAUS Moritz Johann Heinrich, théologien protestant allemand, né à Dusseldorf le 3 avril 1768, mort à Marbourg en 1829. Il fut pasteur à Mûhlheim, à Gladbach et à Iserlohn ; puis, en 1815, il devint professeur de théologie à Marbourg, où il demeura jusqu’à sa mort. On a de lui : Veber die Aechtheit der sogenannten Taufformel, Matth., xxviii, 19, Oiïenbach, 1794 ; Veber die lntegritât der prophelischen Schriften des alten Bundes, Halle, 1796 ; Bemerkungen iiber den Gebrauch der apokryphischen Bûcher des alten Testaments zur Erlâuterung der neutestamentlichen Schreibart, Leipzig, 1808 ; De dictione tropica Novi Testamenti judicanda et interpretanda, Marbourg, 1819.

BECKER Balthasar. Voir Bekker.

    1. BECTILETH##

BECTILETH (PLAINE DE) (rb tceSIov Bamù.a’0 ; Codex Alexandrinus : BexxeXéô ; dans d’autres manuscrits : BaixT£t>a(8 et même Bærouîitâ ; version syriaque : -Qdok^O £w13, Bef Ketilaf, « maison du massacre » ), plaine mentionnée seulement dans le texte grec de Judith, H, 21, à propos d’une campagne d’Holopherne contre l’Asie Mineure. Le texte porte : « Et ils partirent de Ninive, et, après trois jours de marche, ils arrivèrent à la plaine de .Baictilaith, et de Baictilaith ils campèrent près de la mon WCT. DÉ LA BIBLE.

tagne qui est à gauche de la haute Cilicie. » Cette montagne, qui n’est pas nommée ici, est le mont Ange, d’après la Vulgate, où nous lisons, Judith, ii, "12 : « Et lorsqu’il (Holopherne) eut passé les frontières de l’Assyrie, il vint aux grandes montagnes d’Ange, qui sont à gauche de la Cilicie. » On sait que, dans la manière de parler des Hébreux, qui déterminaient les points cardinaux en se tournant vers l’est, la gauche indique le nord. Le mont’Ange correspond bien ainsi à l’Argée des auteurs classiques (Strabon, xii, p. 538), le pic principal du massif central de la Cappadoce, aujourd’hui FArdjéh-dagh, appartenant à la région volcanique qui s’étend au nord du Taurus cilicien et à l’ouest de l’Anti - Taurus. Voir Ange. La plaine de Baictilaith marque donc un point intermédiaire entre cette montagne et Ninive ou les frontières de l’Assyrie. Quoi qu’il en soit des trois journées de marche, dont la Vulgate du reste ne parle pas, on peut juger, d’après l’ensemble du récit, qu’Holopherne, dans cette première campagne, qui fut plutôt une razzia qu’une conquête, se porta tout d’abord et directement vers le centre ou l’ouest de l’Asie Mineure, principal foyer de la révolte.

Dans ces conditions cependant, il n’est pas très facile de savoir où se trou /ait cette plaine. Grotius, Opéra omnia theologica, 2 in-f°, Londres, 1679, t. i, p. 579, et d’autres auteurs rapprochent BatxTiWÔ de BaxTaïaMâ, ville que Ptolémée, v, 15, 16, place dans la Syrie Cassiotide : c’est la Bactaiali de la Table de Peutinger, qui la met à vingt-sept milles (environ quarante kilomètres) d’Antioche. Il y a certainement un rapport marqué entre les deux noms ;  ! mais on peut se demander pourquoi le général assyrien, au lieu d’aller droit à son but, aurait suivi une ligne qui l’eût contraint ou à franchir ou à contourner des massifs montagneux tels que l’Amanus et le Taurus. Aussi d’autres exégètes aiment mieux chercher Baictilaith dans la Bagl dania, ou plutôt BayaSavto, plaine large et élevée de Cappadoce, située entre les monts Argée et Taurus, dont parle Strabon, ii, p. 73 (au livre xii, p. 539, on lit Vx8a-Savtoc, par erreur de copiste). « Tout cela, dit Calmet, est à la gauche, c’est-à-dire au septentrion de la haute Cilicie, et revient fort bien à la Vulgate, qui ne parle point de Bectilet, mais qui met le mont Ange, gui est à la gauche de la haute Cilicie. Le grec ne dit rien de cette montagne d’Ange, et c’est ce qui nous confirme dans le sentiment que Bectilet, ou, comme l’appelle le syriaque, Betketilat, est la même que la campagne Bagdania. De Bectilet ou Bactalat, il est aisé de faire Bagdana, en changeant VI en n. » Commentaire littéral sur le livre de Judith, Paris, 1712, p. 381-382. « Ces altérations de noms propres, ajoute M. Vigouroux, ne peuvent surprendre ceux qui savent combien les noms étrangers, en particulier les noms orientaux, se défigurent en passant sous la plume des copistes. L’Avempace des scolastiques s’appelait îbn Badja, etc. » La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., 1889, t. iv, p. 288. En somme, s’il y a correspondance moins exacte entre les deux noms, nous croyons que Bagdania rentre mieux dans l’itinéraire d’Holopherne.

A. Legendre.
    1. BEDA Louis##

BEDA Louis, né le 12 février 1750, mort le 29 mai 1796. Il fit profession de la règle de saint Benoit dans l’abbaye de Banz, au diocèse de Bamberg, et enseigna la théologie. Il a publié Hdbakuk, der Prophet, nach dem hebrâischen Text mit Zuziehung der alten Uebersetzungen ûbertragen und erlàutert, in-8°, Francfort, 1779 ; — Exegesis Ps. cix de Messia Jesu Nazareno, vero Deo, rege et sacerdote, et verilate hebraica et anliquis versionibus adornata et ut psalterii prodromus proposità, in-8°, Bam-

berg, 1779.
B. Heurtebize.

1. BEDE (le vénérable), illustre écrivain anglo-saxon, né en 673 à Jarrow, sur les confins du Northumberland et de l’Ecosse, mort le 26 mai, veille de l’Ascension, de l’an 735.

I. - 51

I. Sa vie. — Bède a été la lumière de l’Église au VIIIe siècle, et c’est de son école qu’est sortie, par Alcuin, la renaissance des lettres au m « . Il a été de plus, avec saint Isidore de Séville, le principal éducateur du moyen âge, grâce au caractère encyclopédique de ses écrits considérés dans leur ensemble, et mieux encore au caractère de somme biblique et traditionnelle que présentaient ses commentaires sur l’Écriture Sainte. Sa vie s’écoula tout entière à l’ombre du cloître. Pair, lat., t. xcv, col. 288-299. Ses parents étaient Anglo-Saxons d’origine, mais chrétiens. Ils confièrent dès l’âge de sept ans le jeune Bède, dont le nom veut dire « prière », à l’abbé d’un monastère voisin, saint Benoît Biscop. Celui-ci fut pour Bède comme un second père. Puis au bout de trois ans il le confia, lui aussi, à son coadjuteur, Céolfrid, qui enseigna à son élève les premiers éléments des lettres divines et humaines. Le disciple de Céolfrid acquit en peu d’années une érudition si étendue, qu’elle embrassa, on peut l’affirmer, tout ce qu’on étudiait et tout ce qu’on savait de son temps. Bède mourut à soixante-trois ans ; il était diacre depuis l’âge de dix-neuf ans, et prêtre depuis sa trentième année. Il ne commença à écrire qu’à trente ans. Il composait avec la même facilité en prose et en vers, en latin et en anglais ; mais aucun de ses écrits rédigés dans cette dernière langue ne nous a été conservé.

II. Œuvres exégétiques. — 1. Observations générales.

— En premier lieu, il faut remarquer que c’est le texte de la Vulgate actuelle que cite et commente presque toujours Bède. Il faut en excepter les Psaumes, pour lesquels il emploie le texte de l’ancienne Italique. Il en agit de même à l’égard du prophète Habacuc, et peut-être de quelques autres livres de l’Ancien Testament. Pour le Nouveau, il ne s’en réfère jamais qu’à la Vulgate actuelle. En second lieu, les Commentaires du vénérable Bède offrent une interprétation à la fois littérale et morale de la plus grande partie des Livres Saints. Aucun Père avant lui, si l’on excepte saint Jérôme et saint Augustin, n’avait eu le loisir de mener à terme un travail aussi étendu, et bien peu après lui, si tant est que Rhaban Maur et Hupert de Deutz y aient réussi, ont tenté de refaire une somme biblique et traditionnelle de ce genre. Mais, dans tous les cas, si

I quelque successeur de Bède a plus amassé que lui sous ce rapport, aucun d’eux, je le crois, n’a pu atteindre sa clarté et sa concision. Aussi la Glossa ordinaria, qui a joui d’une si grande vogue pendant tout le moyen âge, avait-elle fait d’énormes emprunts aux Commentaires de Bède. Pour ce qui touche, en troisième lieu, au caractère de son exégèse, il importe d’établir une distinction en quelque sorte fondamentale entre les traités ou commentaires, — ce sont de beaucoup les plus nombreux, — où l’exégète avait eu des devanciers parmi les Pères grecs ou latins, et ceux où il avait à voler de ses propres ailes, personne avant lui n’ayant expliqué avec un peu d’étendue tel ou tel de nos Livres Saints. Dans le premier cas, le commentateur anglo-saxon expose avec une rare netteté et tour à tour le sens littéral et moral de chaque verset pris à part, mais en se contentant presque toujours d’être le simple écho de saint Augustin, de saint Jérôme et des autres Pères qui avaient travaillé avant lui sur le même sujet. Dans le second, au contraire, il laisse, ce semble, trop de côté le sens littéral pour abonder dans le sens mystique et allégorique, à l’exemple de saint Grégoire le Grand dans ses Morales sur Job. Toutefois il est loin d’être aussi prolixe que ce grand docteur. — Pour faire connaître avec quels applaudissements furent accueillis les Commentaires de Bède, il suffira de dire que saint Boniface, l’apôtre de la Germanie, qui était son contemporain, ne négligea aucune fatigue pour se les procurer, et se plaisait à appeler leur auteur « le plus sagace des investigateurs de l’Écriture ». Epistol. ad Egbertum abbatem, t. lxxxix, col. 736. Aujourd’hui on ne lit plus guère les écrits scripturaires du docteur anglo-saxon du vme siècle, mais c’est peut-être dommage, car il y aurait profit et plaisir à consulter un

guide si éclairé et d’une lecture si agréable, grâce à l’élégance et à la correction du style.

2. Écrits exégétiques, selon leur ordre régulier, avec distinction entre ceux qui sont authentiques ou non, ceux où l’auteur avait des devanciers, et ceux où il vole de ses propres ailes. — 1° Hexæmeron, sive Libri quatuor in principium Genesis usque ad nativitatem Isaac et reprobationem Ismahelis. Le second titre est celui que Bède a placé lui-même en tête de rénumération qu’il fit de ses propres écrits, trois années avant sa mort. (Indiculus, à la fin de YHistoria ecclesiastica Anglorum. Patr. lat., t. xcv, col. 289-290.) L’authenticité de ce titre et de l’écrit est donc irrécusable. On sait que l’auteur avait eu ici pour devanciers saint Basile, saint Ambroise, saint Augustin. — 2° Epistola de mansionibus filiorum Israël. Authentique. Mais le Commentarium in Genesim, Exodum, Leviticum, Numerum et Deuteronomium, paraît douteux. S’il figure ordinairement comme authentique dans les éditions des œuvres complètes de Bède, c’est parce qu’on suppose que l’auteur l’a mentionné sous le titre de Capitula lectionum in Pentateuchum Moysi, Josue, Judicurn. Mais Bède n’y suit pas sa marche ordinaire, qui consiste à diviser en livres tout traité un peu étendu. De plus, contre son habitude encore, il parle toujours en son propre nom et n’invoque aucune autorité. Puis l’écrit ne s’étend pas au delà du Deutéronome ; Josué et les Juges sont passés sous silence. — 3° De tabernaculo et vasis ejus ac vestibus sacerdotum, libri très. C’est un commentaire à la fois littéral et moral de divers chapitres de l’Exode et du Lévitique. Il est pleinement authentique, et l’un de ceux où le talent de Bède se montre avec le plus d’éclat. — 4° In Samuelem prophetam allegorica expositio, quatuor libri. C’est un commentaire du premier livre des Rois, dans lequel le sens littéral est laissé entièrement de côté, et cède la place au sens allégorique ou figuratif. — 5° In libros Regum zxx qu<zstiones. Authentique (Indiculus). Mais les Capitula in libros Regum et Verba dierum (Paralipomènes), dont Bède parle aussi dans son Indiculus, ne sont pas arrivés jusqu’à nous. — 6° De templo Salomonis, liber unus. Figure sur VIndiculus. Écrit authentique et appartenant en propre à Bède ; mais l’auteur ne s’y occupe guère que du sens allégorique et spirituel. — 7° In Esdram et Nehemiam prophetas allegorica expositio, très libri. Premier commentaire latin suivi des deux livres d’Esdras : les remarques du numéro précédent lui conviennent de tout point. — 8° In librum patris Tobise allegorica expositio. Ici Bède avait eu des devanciers, mais par ailleurs son commentaire a les qualités et les défauts des deux précédents. — 9° In librum patris Job expositio. Cet écrit est mentionné dans VIndiculus du saint ; mais on ignore s’il nous a été conservé. À mon avis, les anciens éditeurs de Bède étaient fondés à lui attribuer le texte qui figure actuellement parmi les œuvres de saint Jérôme. Patr. lat., t. xxiii, col. 1470-1552. — 10° In Proverbia Salomonis, libri très, porte VIndiculus de Bède. Ici encore l’exégète s’occupe uniquement du sens allégorique. Bède avait aussi commenté l’Ecclésiaste, d’après le même Indiculus, mais ce travail est perdu. — 11° Expositio in Cantica canticorum. VIndiculus signale cet écrit, qui comprend sept livres et ne traite non plus que du sens allégorique. — 12° In Isaiam prophetam, Danielem, duadecim Prophetas et partem Jeremise distinctiones capitulorum ex B. Hieronymo excerptss (texte de VIndiculus). Ce commentaire est perdu. Tout ce que nous avons de Bède sur les prophètes se résume dans le livre suivant : — 13° In Habacuc canticum, liber unus. Ici encore c’est uniquement le sens allégorique que l’exégète recherche et expose, mais l’écrit est signalé expressément dans VIndiculus. — 14° In Matthseum expositio quatuor libri. Ce commentaire de saint Matthieu fait défaut dans Vlndjculus, et son authenticité est douteuse ; car bien qu’il puisse être postérieur à la rédaction

de cet lndiculus, comme l’explication est d’une concision qui ne ressemble en rien aux développements que Bédé nous offre dans ses commentaires sur les autres Évangiles, on est fondé à regarder celui-ci comme suspect. — 15° In Evangelium Marci, libri quatuor. Ainsi s’exprime YIndiculus, l'écrit est donc authentique. En outre Bède ici n’avait point eu de devancier, ni parmi les Pères latins, ni parmi les Pères grecs. (Victor d’Antioche avait bien commenté saint Marc à la fin du v 6 siècle, mais son commentaire n’a été connu en Occident qu’au xviiie siècle.) — 16° In Evangelium Lucie, tibri sex (texte de YIndiculus-). Les remarques du numéro précédent trouvent ici leur application, avec cette différence que saint Ambroise et sajnt Augustin avaient commenté avant Bède cet Évangile. — 17° In Evangelium Joannis expositio. Cet écrit n’est guère qu’un abrégé de l’important commentaire de saint Augustin sur ce même Évangile. Son authenticité est attestée au ix s siècle par Jonas d’Orléans ; mais il ne ligure point sur YIndiculus. Par suite, il y a lieu de croire qu’il est postérieur à la rédaction de cet lndiculus, et que l’exégète s’occupait de ce travail dans sa dernière maladie. — 18° Homiliarum Evangelii libri duo (texte de l’Indiculus), Il s’agit des cinquante homélies qui ont pour but d’exposer dans le double sens littéral et moral les évangiles principaux, qui se chantent à la messe dans le cours de l’année. La liturgie romaine n’a adopté qu’un nombre restreint de ces homélies, par l’organe de saint PieV ; mais Paul Diacre et Alcuin, au IXe siècle, les avaient insérées intégralement dans leurs Lectionnaires, et leur exemple trouva de nombreux imitateurs pendant tout le moyen âge. — Parmi les cent neuf homélies appelées subdititiee, qui font suite à ces cinquante homélies, quatrevingts ou quatre-vingt-dix sont dé fait extraites textuellement et sans coupures des commentaires de Bède sur saint Marc, saint Luc et saint Jean, dont il a été question plus haut. — 19' In Actus Apostolorum, libri duo. Le commentaire sur les Actes des Apôtres est authentique et figure sur VIndictilus. L’auteur y expose le double sens littéral et moral, mais il le fait avec une extrême concision. Cet écrit fut un des premiers de Bède ; aussi renferme-t-il quelques erreurs, qui donnèrent lieu plus tard à un opuscule de rétractation : Liber retractationis in Actus Apostolorum. C’est peut-être le seul écrit du docteur anglo-saxon qui ait eu besoin d'être corrigé. — 20° In Apostolum quxcumque in opusculis sancti Augustini exposita inveni, transcribere curavi. Ce passage de YIndiculus de Bède nous donne à entendre que l'écrivain anglo-saxon avait commenté les Épitres de saint Paul en s’aidant pour cela de saint Augustin. Seulement, comme le diacre Florus retoucha ce commentaire au IXe siècle, on ne pourrait plus aujourd’hui ni distinguer entre ce qui est de Bède et ce qui est de Florus, ni revendiquer pour le vénérable Bède le texte de tel ou tel manuscrit. — 21° In septem canonicas Epistolas expositio, seu septem libri. Ce commentaire est signalé dans l’Indiculus, et son authenticité n’est douteuse pour personne. Comme ces Épîtres sont presque toujours morales, le sens littéral ne fait ordinairement qu’un avec le sens moral. L’exégète anglo - saxon avait eu ici des devanciers, mais il ne les cite nommément que très rarement. — 22° In Apocalypsim libri très (texte de YIndiculus). Cet écrit est donc authentique et pourrait être le premier qu’ait composé Bède. (Voir sa préface in Acta Apostolor., t. xcu. col. 937.) L’auteur y suit saint Augustin, mais surtout Tychonius, dont le commentaire ( aujourd’hui perdu) sur l’Apocalypse passait pour avoir un grand mérite. Bède y laissa un peu de côté le sens littéral pour mettre en lumière le sens prophétique, qui selon lui a été principalement cherché par l’Esprit -Saint, et a trait aux luttes et aux persécutions comme aux triomphes de l'Église sur cette terre. — 23° Capitula lectionum in totum Novum Testamentum excepto Evangelio. Cet écrit, aujourd’hui perdu, est signalé dans YIndiculus de Bède. F. Plaine.

2. BÈDE Noël, théologien français, né dans le diocèse d’Avranches, mort au MontSaint -Michel en 1537. Docteur en Sorbonne, il fut principal du collège de Montaigu, et deyint même syndic de la faculté de théologie de Paris, . Il se signala par ses censures contre le Fèvre d'Étaples et Érasme et par l'énergie qu’il déploya pour empêcher toute conclusion favorable au divorce de Henri VIII. Ses violences de langage le firent deux fois condamner au bannissement, et, en 1636, un arrêt du parlement le relégua dans l’abbaye du Mont-Saint-Michel, où il mourut peu après son arrivée. Citons parmi ses ouvrages : Scholastica declaratio sententise et ritus ecclesise de unica Magdalena contra Judocum Clictoveum et Jac. Fabrum Stapulensem, in-4°, Paris, 1519 ; — Annotationes in J. Fabrum Stapulensem libri duo et in D. Erasmum liber unus (scilicet in commentarios Fabri super epistolas B. Pauli et in ejusdem commentarios super quatuor Evangelia et in paraphrases Erasmi super eadem quatuor Evangelia et in omnes Epistolas apostolicas), in-f », Paris, 1526. — Voir Dupkij Histoire de l'Église et des auteurs ecclésiastiques du xri s siècle (1713), 4e partie,

p. 533.
B. Heurtebize.
    1. BEDËRSI ou BEDRACHI##

BEDËRSI ou BEDRACHI, commentateur juif. Voir Abraham 3, col. 85.

    1. BÉDOUINS##

BÉDOUINS, Arabes nomades, habitant sous latente. Cf. Gen., xvi, 12. Voir Arabes, col. 830.

    1. BEECK Johann Martin##

BEECK Johann Martin, théologien protestant allemand, né à Lubeck le 2 décembre 1665, mort le 7 septembre 1727 près de Lubeck, à Kurslack, dont il était pasteur depuis 1693. Il a publié : Disputatio de plagia divinitus prohibito, Exod., xxr, 16 ; Explanata propkelarum loca difficiliora, in-4°, 1688 ; Universa Christologia, in notabili tilulo, Filio hominis, quoad Oraculum Joa., i, 51, demonstrata, in-4°, Wittenberg, 1689. Voir Adelung, Fortsetzung zu lâchers Allgemeinem Gelehrten-Lexico, t. i, col. 1595.

    1. BEECKM ANS Benoît##

BEECKM ANS Benoît, né à Anvers le 19 janvier 1734, mort à Anvers le 6 avril 1780, entra au noviciat des Jésuites de Malines le 25 septembre 1752. Il professa les humanités et la rhétorique ; puis, à Louvain, dans le scolasticat de la Compagnie de Jésus, l'Écriture Sainte. Après la suppression de la Compagnie, en 1773, il se retira à Anvers, où il mourut. Il a publié trois ouvrages de thèses sur l'Écriture sainte : Prolegomena in Scripturam Sacram et commenlaria ad Pentateuchum, libros Josue, Judicum ac duos priores Regum, in-8°, Louvain, 1770 ;

— Comrnentaria ad libros duos posteriores Regum, libros Paralipomenon, Esdrx ac Machabseorum, in-8°, Louvain, 1772 ; — Harmonia evangelica ex quatuor evangelistis chronologice deducta, in-8°, Louvain, 1773. Les deux derniers ont une certaine étendue : 217 pages et 171.

C. SOMMERVOGEL.

BEELEN J « an Théodore, théologien belge, né à Amsterdam le 12 janvier 1807, chanoine de Liège, docteur et professeur de l’université catholique de Louvain, mort dans cette ville le 31 mars 1884. On a de lui : Chrestomathia rabbinica et chaldaica, 3 in-8° Louvain, 1841-1843. — Liber Sapientix grsece secundum exemplar Vaticanum, in-4°, Louvain, 1844. — Dissertatio theologica, qua sententiam vulgo reûeptam, esse Sacrse Seriplurez multiplieem interdum sensum litteralem, nullo fundamento satis firmo niti, demonstrare conalur, in-8°, Louvain, 1845.

— Interpretatio Epistolse S. Pauli ad Philippenses, in-4°, Louvain, 1849. Le même ouvrage, 2e édit., sous le titre : Commentarius in epistolam S. Pauli ad Philippenses. Accedunt textus grœcus alque latinus et continua totius Epistolse paraphrasis, in-4°, Louvain, 1852. — Commentarius in Acta Apostolorum cui intègre adduntur textus grsecus et latinus, 2 in-4°, Louvain, 1850-1855 ;

2e édit., in-8°, Louvain, 1864, sans les textes grec et latin.

— Commentarius in Epistolam S. Pauli ad Romanos. Accedunt textus grsecus atque latinus et continua tothcs Epistolx paraphrasis, in-4°, Louvain, 1854. — Grammatica grxcitatis Novi Testamenti, in-8°, Louvain, 1857.

— Beelen a, en outre, composé ou traduit en flamand : Grondregels voor het verværdigen eener nederduitsche vertaling van het Nieuwe Testament, ten gebruike der katholieken, in-8°, Louvain, 1858. (Règles suivies pour la traduction en flamand du Nouveau Testament.) — Het Nieuwe Testament onzen Heeren Jesus-Christus, volgens den latijnschen tekst der Vulgaat in het nederduitsch vertaalden in doorloopende aanleekeningen nitgelegd, 3 in-8°, Louvain, 1859-1869. (Nouveau Testament traduit en’plat allemand, d’après le texte de la Vulgate.) — De Epistels en Evangelien op aile de zondagen en op de voornaamste feestdagen van het kerkelijk jaar, naar den latijnschen tekst van het romeinsche missaal, op nieuivs in het nederduitsch vertaald en in doorloopende aanteekeningen nitgelegd, in-8°, Louvain, 1870. (Épîtres et évangiles pour tous les jours de l’année liturgique.) — Het boek der Psalmen, naar den latijnschen tekst der Vulgaat in het nederduitsch vertaald en in doorloopende aanteekeningen nitgelegd, 2 in-8°, Louvain, 1877-1878. ( Traduction des Psaumes d’après le texte de la Vulgate.)

— Enfin Beelen a aussi traduit en flamand, d’après la Vulgate : les Proverbes, De Sprenken van Salomon, in-8°, Louvain, 1879, et l’Ecclésiaste, Het boek genaamd de prediker, in-8°, Louvain, 1879. — Voir Bibliographie nationale, Bruxelles, 1866, t. i, p. 75 et 76. 0. Ret.

    1. BÉELMÉON##

BÉELMÉON, nom, dans la Vulgate, I Par., y, 8 ; Ezech., xxv, 9, de la ville qu’elle appelle Baalméon, Num., xxxii, 38. Voir Baalméon.

    1. BÉELPHÉGOR##

BÉELPHÉGOR (hébreu : Ba’al Pe’ôr, « le Baal de Peôr ; » Septante : BeeXçÉycûp), nom d’une divinité moabite à laquelle rendirent un culte impur un grand nombre d’Israélites séduits par les filles de Moab, ce qui leur attira de la part de Dieu un châtiment sévère. Nam., xxv, 1-9, 18 ; xxxi, 16. Cf. Deut, iv, 3 ; Jos., xxii, 17 ; Ps. cv, 28 ; Ose., ix, 10. Le nom de ce dieu renferme d’abord l’élément Ba’al (Béel), « maître, » dieu des Phéniciens et des peuples voisins, puis l’élément Pe’ôr (Phégor). Baal prenait des titres divers selon les lieux où il était adoré, Ba’al-$ur ou Baal de Tyr, Ba’al-Çidôn ou Baal de Sidon, etc. Voir col. 1316. D’autres divinités peu connues dérivaient leur nom de Baal, comme le Deus Belatucadrus (Selden, De diis syris, ii, 1, dans Ugolini, Thésaurus antiq. sacr., t. xxm (1760), col. cxu), le Jupiter Belmarchodes (Renan, Mission de Phénicie, p. 355), le 0EOC ZBEPQOTPAOC d’une inscription romaine (Bullettino di archeologia comunale, 1880, p. 12), et le ©EŒ BEEAMAP dont le nom se lit sur une lampe du Musée Britannique. A. ces dieux on peut joindre le Sol Alagabalus vénéré en Syrie, et d’où tira son nom un des empereurs romains du me siècle, ainsi que les dieux Aglibol et Malacbei, nommés sur le célèbre autel palmyrénien du Campidoglio. (Corpus Inscriptionum lalinarum, t. VI, n° 710.) Le nom du Béelphégor moabite est formé d’une manière analogue, en unissant au titre générique de Baal ou Béel le nom du lieu où il était honoré, c’est-à-dire le mont Phégor ou Phogor, comme l’appelle ordinairement la Vulgate. « Béelphégor fut une idole des Moabites sur le mont Phégor, » dit saint Isidore de Séville, Etymol., viii, t. lxxxii, col. 316. Cf. Gaisford, Elymologicum magnum, col. 557. L’étymologie imaginée par les anciens Juifs, qui voyaient dans le nom du dieu-une allusion au culte licencieux qu’on lui rendait, Jonathas, Ad Num., xxv, 1, dans Walton, Polygl., t. iv, p. 290, est aujourd’hui universellement abandonnée.

Il n’est guère douteux, d’après le récit des Nombres, qu’on rendait à Béelphégor un culte infâme. S. Jérôme,

In Osée, iv, 14, t. xxv, col. 851. Cf. Origène, In Num., Hom. xx, t. xii, col. 727. Plusieurs Pères latins, peur cette raison, l’ont assimilé à Priape. « Phégor est le nom hébreu de Priape, » dit saint Jérôme, Lib. de situ et nom., t. xxiii, col. 879. Ct Id., In Osée, îx, 10, t. xxv, col. 896. Voir Selden, De diis syris, i, 5, loc. cit., col. cvii-cxii. Selden conteste d’ailleurs l’exactitude du rapprochement, et plusieurs écrivains modernes pensent, comme lui, que le crime commis par les Israélites avec les femmes moabites et madianites n’avait aucun rapport avec le culte rendu à cette divinité. W. Baudissin, dans Herzqg, Real-Encyklopàdia, 2e édit., t. ii, p. 33. L’ancienne opinion, qui est la plus générale, est la mieux fondée. Voir Frd. Creuzer, Religions de l’antiquité, trad. Guigniaut, t. ii, 1829, p. 20. Nous ne savons, du reste, sur la nature de cette divinité rien autre chose que ce que nous en apprend la Bible. Saint Jérôme, dans son Commentaire d’Isaïe, 1. v, c. XV, 2, t. xxiv, col. 168, dit que le dieu de Moab, « Chamos, s’appelait d’un autre nom Béelphégor. » Que Chamos et Béelphégor fussent au fond la même divinité, cela est probable ; mais les. Moabites ne devaient cependant pas confondre l’un avec l’autre. Quant à la forme sous laquelle on représentait le Baal adoré sur le mont Phogor, Rufin, In Osée, ix, 10, 1. iii, t. xxi, col. 1008, rapporte une opinion d’après laquelle on l’aurait figuré de la même manière que les Latins figuraient Priape, mais en réalité on ne sait absolument rien là- dessus. L’Écriture ne nous apprend plus qu’une chose, c’est qu’il y avait une localité appelée Bethphogor, Jos., xiii, 20 ; Deut., iii, 29 ; iv, 46 ; xxxiv, 6, ou « temple de Phogor », comme traduit la Vulgate en plusieurs endroits. Deut., iii, 29 ; iv, 46. Cette ville ne pouvait être ainsi nommée que parce qu’on y adorait Béelphégor. Voir Bethphogor.

Le culte de ce dieu dut se conserver longtemps sur le mont Phogor, même après que les Moabites, à la suite des conquêtes de Nabuchodonosor, furent devenus les sujets des Chaldéens, puis des Perses, des Grecs et des Romains. Jusque sous la domination de Rome, quand l’ancien pays de Moab fut devenu par ordre de l’empereur Trajan, en 106, une province romaine, comme l’atteste Dion Cassius, lxviii, 14, le culte de l’antique Béelphégor se continua, je crois, sous le nom de Jupiter Beellepharus. C’est ainsi du moins que j’ai pensé, en 1886, qu’on pouvait expliquer une inscription alors récemment découverte, à Rome, au milieu de plusieurs autres, dans les casernes des équités singulares, près du Latran. Voir Bulletlino délia Commissione archeologica comunale, 1886, p. 143 et suiv. Celte inscription, du milieu du IIe siècle environ, est ainsi conçue :

DIS DEABVSQVE

IOVI BEELLEFARO

SACRVM PRO SALVT

T AVR ROMANI ET

IVLIANI ET DIOFANTI _

FRATRES EQ SING IMP N

V S L M

(Equités singulares imperatorh nostri, votuni solverunt libentes merilo.)

Les équités singulares étaient les gardes à cheval des empereurs romains, et on les choisissait parmi toutes les nations soumises à l’empire. De fait, dans la caserne découverte près du Latran, outre cette inscription, on en a trouvé beaucoup d’autres analogues, dédiées à des dieux étrangers, c’est-à-dire aux divinités des pays dont les cavaliers eux-mêmes étaient originaires ; quelques-unes d’entre elles en particulier étaient consacrées à des divinités orientales. Il est donc très vraisemblable que les cavaliers mentionnés dans notre inscription étaient originaires de la province de l’Arabie septentrionale correspondant à une partie de l’ancien pays de Moab, et que ce fut « pour leur salut » que leurs compagnons et compatriotes (fratres) dédièrent à Rome, aux dieux de leur patrie,

un monument votif, qui serait ainsi le dernier témoignage connu du culte de Jupiter Beellepharus, transformation du culte beaucoup plus antique de Béelphégor, mentionné dans les Livres Saints. H. Marùcchi.’BÉELSÉPHON (hébreu : Ba’al Sefôn ; Septante : BîsXcrejtçwv) ; localité près de laquelle campèrent les Hébreux en sortant de l’Egypte, avant de traverser la mer Rouge. Exod.iXiv^, 9 ; Num., xxxiii, 1. Elle n’a pu jusqu’ici êtreidentifiée avec certitude. On a supposé que Béelséphon signifie « le lieu de Typhon ou consacré à Typhon », et cette étymologie est approuvée par Gesenius, Thésaurus linguse hebrssse, p. 225. Mais Typhon, le mauvais génie, n’est pas un nom égyptien ; c’est un nom grec, qu’on ne peut trouver par conséquent dans l’Exode. Il est probable que cette localité tirait son nom d’un temple ou d’un sanctuaire élevé au dieu des Phéniciens et des autres peuples asiatiques, Baal ou Bel, considéré sous un aspect particulier. La forme Ba’al Sefôn est incontestablement sémitique. M. Poole, dans Smith, Dictionary of the Bible, 1863, t. i, p. 148, croit que Béelséphon signifie « Baal de la tour de garde » ; il fait dériver sefôn de nss, sâfâh, « observer, surveiller. » On admet plus communément aujourd’hui que Béelséphon désigne un « sanctuaire de Baal du nord », pss, sâfôn, signifiant « nord » en hébreu. Cette dénomination peut s’expliquer de la manière suivante. Le vent du sud-ouest, qui soufile souvent dans ces parages, est dangereux pour la navigation ; lèvent du nord, au contraire, lui est favorable. On comprend donc sans peine que les Fhéniciens, qui fréquentèrent la mer Rouge dès la plus haute antiquité, offrissent en ce lieu des sacrifices à leur dieu national pour qu’il fit souffler le vent du nord, et lui érigeassent sur une éminence un sanctuaire sous ce titre de « Baal [du vent] du nord ». Voir Ebers, Durch Gosen zum Sinai, 2e édit., 1881, p. 92, 521. Ce qui est certain maintenant, grâce à l’épigraphie égyptienne, c’est que Béelséphon est un nom de divinité. Ce nom a été retrouvé, en effet, dans le Papyrus Sallier IV, pi. i, verso, ligne 6, conservé aujourd’hui au Biitish Muséum, Il est écrit en caractères hiératiques. En voici la transcription hiéroglyphique :

Bàii Sapuna,

Ce papyrus contient une lettre où sont énumérés les dieux honorés à Memphis. Bâli Sapuna est compté parmi les divinités étrangères auxquelles on rendait un culte dans cette ville. Malheureusement nous n’avons encore aujourd’hui aucune indication relative à la position du Béelséphon de l’Exode. On a voulu identifier cette localité avec lléroopolis, que Champollion, L’Egypte sous les Pharaons, t. ti, p. 87, avait cru à tort reconnaître. dans Avaris. Aujourd’hui, depuis les découvertes importantes de M. Edouard Naville, nous savons qu’rléroopolis fut le nom donné par les Grecs à l’antique cité de Pithom, où les Israélites furent condamnés par un pharaon à de dures corvées. L’égyptologué de Genève a retrouvé Pithom dans les ruines de Tell el-Maskhùta, entre Ismaïlia et Zagazig, , et le nom d’Héroopolis n’est que la traduction des mots hébreux qui caractérisent Pithom, Exod., i, 11 : rmSDD ht, ’ârê miskenôf, « ville de magasins. » Le premier élément d’Héroopolis dérive de l’égyptien ^T^rf^i, â~r, pluriel aru, qui signifie précisément « magasins ». Pithom était, en effet, un lieu destiné à recevoir en dépôt, dans des constructions considérables, de nombreux approvisionnements. Voir Pithom. Puisque cette ville est la même qu’Héroopolis, on ne peut certainement confondre cette dernière avec Béelséphon, qui était sur les bords de la mer Rouge, tandis que Pithom en est à une distance assez considérable. Cf. Exod., xiii, 20, et xiv, 2. — M. H. Brugsch, dans L’Exode et les monuments égyptiens, in-8°, Leip zig, 1875, a soutenu que Béelséphon était le mont Casius, à la frontière septentrionale de l’Egypte, sur le bord de la Méditerranée. Son opinion repose sur des données fausses. Voir Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., t. ii, p. 368. Il résulte du contexte du récit biblique que Béelséphon, situé près du lieu appelé Pi-hahirôt, « la bouche des abîmes, des gouffres, » Exod., xiv, 2, devait être dans le voisinage de la mer Rouge, où étaient campés les Hébreux au moment où ils furent sur le point d’être atteints par les Égyptiens. On peut donc placer Béelséphon dans les environs de la ville de Suez, puisqu’il est probable que ce fut vers ce point qu’eut lieu le passage miraculeux de la mer Bouge. M. Edouard Naville croit que Béelséphon n’était pas une ville, mais une montagne, et qu’elle était située sur la rive asiatique de la mer, à l’est, parce que le texte sacré dit qu’elle était vis-à-vis de Pi-hâhirôt, Exod., xiv, 2, 9, dans Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit., t. i, 1893, p. 310. Le plus grand nombre placent Béelséphon à l’ouest, en Egypte, au Djebel Attaka actuel (F. Mùlhau, dans Richm-Bæthgen, Handworterbuch des biblischen Altertums, 2e édit., 1893, t. i, p. 166), dont la masse imposante et dénudée ne pouvait manquer de frapper les navigateurs phéniciens, qui aimaient à honorer leur Baal sur les montagnes. H. Marucohi.

    1. BEELTÉEM##

BEELTÉEM (chaldéen : be’êl te’êm ; Septante : Batetfji), titre de Réuni, personnage dont le nom se lit en tête de la lettre adressée par les Samaritains à Artaxerxès, roi de Perse, contre les Juifs qui voulaient rebâtir Jérusalem. I Esdr., iv, 8, 9, 17 (et Vulgate, 23). La manière dont ce nom est transcrit dans les Septante et la Vulgate pourrait faire croire que c’est un nom propre, mais c’est simplement un nom commun, indiquant la dignité dont Réum était revêtu, de même que le mot sâfrâ’, qui qualifie le nom propre suivant, Samsaï, marque que Samsaï était « scribe ». La place que Réum occupe dans la suscription de la lettre et dans le reste du récit prouve que c’était le^ personnage le plus important de la Samarie à son époque. Le titre de be’êl te’êm doit donc désigner le représentant du roi de Perse dans le pays. Le premier mot, be’êl, veut dire incontestablement « maître, seigneur » ; le second, te’êm, a en araméen le sens de « sentence, édit royal ». Ban., iii, 10, 12, 29 ; sûm te’êm signifie « donner des ordres, commander », (I) Esdr., iv, 19, 21 ; v, 3, 9, 13 ; vi, i ; vii, 13. Be’êl te’êm peut donc s’appliquer en ara-, méen à celui qui a le pouvoir de donner des ordres, au gouverneur. Mais l’assyriologie fournit une autre étymologie. Le troisième livre d’Esdras, ii, 25, cf. ꝟ. 17, explique le titre de be’êl te’êm par ô ypiçrov ta irpocrar’TrrovTa ; Vulgate : qui scribebat accidentia. (Au ꝟ. 16 du même chapitre, Be’êl te’êm est altéré en Beé^TsOjioç ; Vulgate : Ballhémus, et séparé fautivement par une virgule du nom de Réum, devenu Rathimus.) Josèphe, Ant.jud, XI, ii, 2, édit. Didot, t. i, p. 400, a une interprétation analogue : c jtâvva ta reparrôiieva "jpâçwv. Ib., XI, II, 2, Josèphe reproduit les expressions de III Esdr., H, 25 : ô f pàçwv Ta irpo<T7c(irrovTa. Plusieurs rabbins, comme Kimchi, ont adopté cette interprétation et assimilé le titre de be’êl te’êm à celui de mazkir, « annaliste. » Voir col. 626. Les inscriptions assyriennes confirment la traduction de III Esdr., ii, 25, et nous apprennent que be’êl te’êm signifie « maître des nouvelles officielles », c’est-à-dire un fonctionnaire chargé d’écrire au roi pour le renseigner sur tout ce qui se passait dans sa province. Voir BeelTelhmus, dans Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit., t. i, 1893, p. 379. Les rois d’Assyrie avaient établi dans les pays conquis des officiers qui avaient pour mission de les tenir au courant de tout ce qui se passait d’important dans les lieux où ils résidaient. Ces « maîtres des rapports » rendaient de grands services au pouvoir central ; ils durent donc être conservés par les rois de Babylone, après la ruine de Ninive, et par les rois de Perse, après % 1547

BÉELTÉEM — BÉÉRI

1548

4C9. — Talisman

phénicien.

]a prise de Babylone par Cyrus. Cf. Xénophon, Cyrop., VIII, 2, 10. Réum avait donc la charge officielle de renseigner le roi de Perse sur tout ce qui se passait à Samarie et dans les pays voisins. F. Vigouroux.

    1. BÉELZÉBUB##

BÉELZÉBUB (hébreu : Ba’al zebûb, le « dieu mouche » ou le « dieu des mouches » ; Septante, IVReg., i, 2 ; Josèphe, Ant. Jud., IX, ii, 1 : BiaX nufav). Les Philistins honoraient sous ce nom le dieu Baal, à Accaron. Les Grecs invoquaient de même à Élée un Zeu ; ’Aitôjnuo ; , « Jupiter chasse-mouches, » Pausan., v, 14, et les Romains un Myiagrus, Solin (Polyhistor, 1, édit. Panckoucke, 1847, p. 28), ou Myodes (Pline, H. N., x, 40, édit. Panckoucke, t. vii, p. 262 ; J. Marshall, dans les Proceedings of the Society of’Bïblical Archseology, t. viii, janvier 1886, p. 76). Ces dieux avaient mission de préserver leurs adorateurs de la piqûre des mouches, des moustiques et des insectes de toutes sortes qui sont le fléau des pays chauds. Pour s’assurer la protection du Baal d’Accaron, on portait des amulettes en forme de scarabées, analogues à ceux des Égyptiens (Voir, fig. 469, un scarabée phénicien, en jaspe vert, sur lequel est gravée une mouche, d’après A. délia Marmora, Sopra alcune antichilà sarde, Turin, 1853, pi. B, n » 95 ; cf. Gazette archéologique, 1878, t. iv, p. 35-38). Le Baal ou dieu-soleil était censé pouvoir commander à tous les insectes que ses chauds rayons faisaient naître au printemps. Mais le pouvoir de chasser les mouches n’était pas son attribut exclusif. Il pouvait encore, croyaient ses adorateurs, guérir de toutes sortes de maladies. C’est pourquoi le roi d’Israël, Ochozias, tombé du haut de sa salle à manger, et meurtri dans sa chute, envoya demander une consultation à Béelzébub d’Accaron. Le prophète Élie arrêta en chemin les envoyés du roi, et de la part du Seigneur fit porter au prince son arrêt de mort. IV Reg., i, 2-16.

Plus tard, les Juifs transformèrent Ba’al zebûb en Ba’al zebul ( BeeXîeëoii^), « maître de l’habitation, » afin de faire de Béelzébul le nom du prince des démons, maître des habitations infernales. Car le nom de Satan était maudit, et l’on devait éviter de le prononcer. Berachoth, ꝟ. 60, c. 1. Le mot Béelzébul est employé dans le Nouveau Testament grec, où il répond au titre d’oîxo-ÇenitÔTïic, « maître de la maison, » que NotreSeigneur donne à Satan. Matth., x, 25. Cependant la forme Béelzébub est conservée par la version italique, la Vulgate, le syriaque et les Pères latins. Les rabbins, par mépris pour les idoles, ont changé ba’al zébul en ba’al zebél, ce qui signifie « dieu du fumier » en hébreu talmudique. Les Juifs accusèrent Notre -Seigneur d’avoir en lui Béelzébub, Matth., x, 25 ; Marc, iii, 22, et de chasser les démons par le pouvoir de ce prince des démons. Matth., Xii, 24 ; Luc, xi, 15. L’esprit de mensonge croyait faire œuvre d’habileté en inspirant cette calomnie à ceux dont il était le père. Joa., viii, 44. Le divin Maître la réfuta par cette simple observation, qu’on ne pouvait attribuer au démon des œuvres qui allaient directement à détruire

J’empire du démon.
H. Lesêtre.

1. BEER, mot hébreu, be’êr, qui signifie « puits », et qui, soit au singulier, soit au pluriel (be’êrôt), sert à former des noms de personnes et de localités. — I. Personnes. 1 et 2. Be’êri, « l’homme dix puits ; sourcier. » Vulgate : Bééri. Voir Bééri 1 et 2. — 3. Be’êrâ. Vulgate : Béra. Voir Béra 1. — 4. Be’êrâh. Vulgate : Béera. Voir ce mot. — II. Localités. 1. Be’êr, campement des Israélites dans le désert. Vulgate : Puteus, « puits. » Voir Béer 2. — 2. Be’êr, localité où se réfugia Joatham, fils de Gédéon. Vulgate : Béra. Voir Béra 2. — 3. Be’êr’êlîni, « puits des héros ou des térébinthes. » Vulgate : Puteus Elini. On croit communément que c’est le même que

Be’êr 2. Voir Beér-Élim. — 4. Be’êr lahaï rô’ï. Vulgate (traduisant le sens) ; « Puits du vivant qui me voit, » source entra Cadès et Barad. Voir Béer lahai ROï. — 5. Be’êrof, « les puits, » ville de Benjamin. Vulgate : Béroth. Voir Béroth 1. — 6. Be’êrôt benê-Ya’âqân, « puits des enfants de Jaacan, » station des Israélites dans le désert, appelée dans la Vulgate, Deut., x, 6, Béroth des fils de Jacan, et Num., xxxiii, 31, Benéjaacan. Voir ce dernier mot, — 7. Be’êr séba’, à l’extrémité méridionale de la Palestine. Vulgate : Bersabée. Voir ce mot.

2. BÉER (hébreu : Be’êr, « puits ; » Septante : xî fpiap), une des dernières stations des Israélites, au delà de l’Arnon, dans leur marche vers le Jourdain et la Terre Promise. Num., xxi, 16. Le texte hébreu porte : « Et de là (c’est-à-dire de l’Arnon, ꝟ. 13) à Béer ; » le hé local de Be’êrâh sous-entend bien le verbe « ils allèrent ». Les versions grecque et latine ont donné au mot Be’êr sa signification commune de « fontaine, puits ». Cette station fut ainsi appelée à cause d’un puits qui y fut creusé, et à l’occasion duquel le peuple fit entendre ce gracieux chant ( traduit d’après l’hébreu) :

ꝟ. 17. Jaillis, puits !

Chantez en son honneur !

jK 18. Puits que les princes ont creusé, que les nobles du peuple ont percé avec le sceptre,

avec leur bâton.

C’est vraisemblablement la même localité que Be’êr’Êlîm, Is., xv, 8, « le puits des héros » ou « des térébinthes ». Ce campement est placé dans le « désert », natn, midbâr,

Num., xxi, 18 ; c’est le même mot qu’au ꝟ. 13, à moins que ce ne soit une faute de copiste pour 1N3D, mibbe’êr, « de Béer » ou « du puits ». Les Septante l’ont entendu dans le dernier sens en mettant : xal àrco çpéœroç, « et du puits [ils allèrent] à Manthana. » Cette station n’est pas comprise dans l’énumération générale du chapitre xxxm des Nombres, et est d’ailleurs inconnue.

A. Legendre.
    1. BÉERA##

BÉERA (hébreu : Be’êrâh, « fontaine ; » Septante : Be^X ; Codex Alexandrinus : BeïijxJ), fils de Baal, et l’un des chefs de la tribu de Ruben. Il fut emmené captif par Théglathphalasar. I Par., v, 6.

    1. BÉER-ÉLIM##

BÉER-ÉLIM (hébreu : Be’êr’Êlîm, « puits des héros » ou « des térébinthes » ; Septante : AîXec’ji ; Vulgate : Puteus EUm), lieu mentionné dans Isaïe, xv, 8, comme un dès points les plus reculés jusqu’où devaient retentir les cris de douleur de Moab. On l’assimile généralement à Béer, station des Israélites au-dessus de l’Arnon. Num., xxi, 16. Le nom de « puits des héros » s’accorde bien avec le chant rapporté dans le même passage, y. 17, 18. Voir

Béer 2.
A. Legendre.

BÉÉRI. Hébreu : Be’êrî, « sourcier ; » Septante : Beîip, Gen., xxvi, 34, et Beripéi. Ose., i, 1. Nom de deux personnes.

1. BÉÉRI, Héthéen, père de Judith, une des femmes d’Ésaù. Gen., xxvi, 34. C’est le même personnage qu’An », père d’Oolibama ou Judith. Voir Ana 2, col. 532. On objecte contre cette identification que Bééri est appelé Héthéen, Gen, , xxvi, 34, tandis qu’Ana est nommé Hévëen, Gen., xxxvi, 2, et rangé parmi les Horréens. Gen., xxxvi, 20. U est inutile de supposer une faute de copiste, Gen., xxxvi, 2, et de dire qu’Hévéen est mis pour Horréen. Le nom d’Héthéen est pris, Gen., xxvi, 34, dans, le sens large de Chananéen, comme dans Jos., i, 4. D’ailleurs Judith THéthéenne est appelée Chananéenne, Gen., xxvin, 8 ; xxxvi, 2. Hévéen est le nom spécial de la tribu héthéenne ou chananéenne à laquelle appartenait Ana Bééri. S’il est compté parmi les Horréens, c’est parce qu’il

vint s’établir sur le mont Séir, parmi les Horréens, c’est-à-dire habitants des cavernes. E. Levesque.

2. BÉÉRI, père du prophète Osée. Ose., i, 1. Quelques rabbins l’ont arbitrairement identifié avec Béera. I Par., v, C.

    1. BÉER-LAHAI-ROÎ##

BÉER-LAHAI-ROÎ (hébreu : Be’êr lahai rô’î ; Septante : 9péap o5 êvfimov eïêov, Gen., XVI, 14 ; tb 9pé*p T-îj ; opâasw ; , Gen., xxiv, 62 ; xxv, 11 ; Vulgate : Puteus Viventis et videntis nie, Gen., xvi, 14 ; Puteus cujus Momen est Viventis et videntis, Gen., xxiv, 62 ; Puteus nomme Viventis et videntis, Gen., xxv, .ll), puits (ou plutôt « source », hébreu : ’En hammaim, Gen., xvi, 7), près duquel l’ange de Dieu trouva Agar, servante de Sara, fuyant vers la terre d Egypte, Gen., xvi, 7 ; près duquel

470. —’Ain Moueiléh.

aussi habita Isaac, Gen, , xxiv, 62 ; xxv, 11. Ce nom de « Puits du Vivant qui me voit » (la conjonction et n’existe pas dans le texte original), c’est-à-dire de Dieu, dont la vie et la providence partout présente se manifestent par une merveilleuse et incessante activité à l’égard des créatures ; ce nom rappelle l’attention miraculeuse de Dieu, au milieu du désert, pour la pauvre esclave fugitive. — L’Écriture détermine la position de ce puits en disant qu’il était « dans le désert, près de la source qui est sur le chemin de Sur », Gen., xvi, 7 ; « entre Cadès et Barad, » Gen., xvi, 14 ; « dans la terre du midi, » Gen., xxiv, 62. Sur indique la partie nord-ouest du désert arabique qui confine à l’Egypte, et Cadès est actuellement identifiée par bon nombre d’auteurs avec’Aïn Qadis, assez loin au sud de Bersabée (Bir es-Seba). Il est donc certain que Béer-lahai-roî se trouvait sur l’ancienne route qui d’Hébron conduisait en Egypte en passant par Bersabée ; c’est le chemin que devait prendre Agar pour rejoindre sa patrie. Saint Jérôme, Liber de situ et nom. loc. hebr., t. xxiii, col. 879, au mot Barad, dit : « Entre Cadès et Barad on voit encore aujourd’hui le puits d’Agar ; » mais la question d’emplacement reste pour nous la même. Un voyageur moderne, M. Rowland, a cru retrouver le lieu dont nous parlons dans’Aïn Moueïléh (fig. 470), au pied de la montagne de même nom, à dix heures ausuddeiÏMheibéh (Rehoboth) et à une certaine distance au nordouest d’Ain Qadis. Cette fontaine est située entre les défilés qui forment la transition des montagnes de la Terre Sainte au grand désert central connu sous le nom général de plateau de Tîh. « Au lieu de Bir (fontaine), le nom de Moi, "Moile (Moueiléh), c’est-à-dire eau, est devenu en vogue ici, tomme en tant d’autres localités ; et les Arabes l’appellent

Moilàhhi Hadjar. Quoique ce dernier mot soit un de ceux qu’on applique toujours à un rocher ( hadjar, en effet, signifie pierre), cependant tous les Arabes assurent à Rowland qu’il se rapporte incontestablement ici à Hagar ; ils prétendent aussi qu’il y a dans le désert un monument encore appelé Beit Hagar, c’est-à-dire la maison d’Agar. Le rocher remarquable qui porte ce nom est à trois quarts d’heure de distance de Moilàhhi, dans une gorge entre les montagnes. Une chambre carrée de petite dimension est creusée dans le roc escarpé ; une seule entrée y conduit, passant sur une rampe d’escalier également taillée en plein roc. Derrière cette chambre, il y en a trois autres plus petites, en rapport direct avec elle, et peut-être destinées à servir de chambres à coucher, mais ne portant aucunement l’apparence de tombeaux. C’est la tradition des Arabes que Hagar demeura en ce lieu. Gen., XXI, 20-21. N’y eùt-il là qu’une simple légende, elle n’en est pas moins intéressante comme une des plus anciennes dans une contrée que les étrangers ont jusqu’ici difficilement abordée. » C. Ritter, The comparative Geography of Palestine and the Sinaitic Peninsula, 4 in-8°, Edimbourg, 1866, t. i, p. 432. On peut contester l’explication du mot Moilàhhi donnée par l’auteur, et la tradition qu’il rapporte demande confirmation ; mais il est certain que la position de’Ain Moueiléh peut convenir au puits d’Agar et répond assez bien aux données de l’Écriture. E. H. Palmer, The désert of the ExodUs, 2 in-8°, Cambridge, 1871, t. ii, p. 354-356, signale dans ce même endroit, outre un certain nombre de puits dont les eaux abondantes répandent une fertilité relative, plusieurs grottes creusées dans le roc, et principalement deux chambres offrant des traces d’ornementation chrétienne. Des pierres bien alignées, des sentiers bien tracés, des vestiges encore visibles de canaux pour l’irrigation, indiquent encore, d’après lui, à une époque reculée, l’existence d’une cité populeuse. Malgré cela, l’identification

reste jusqu’ici incertaine.
A. Legendre.
    1. BÉGAYEMENT##

BÉGAYEMENT, BÈGUE. Le bègue (hébreu : Hllêg ; Septante : tyûliÇuri ; Vulgate : balbus) est atteint d’un vice de prononciation, caractérisé par l’hésitation de la voix sur certaines syllabes et la répétition convulsive de certaines autres. Parmi les merveilles de l’âge messianique, le prophète annoncex que « la langue de ceux qui bégayent parlera promptement et distinctement ». Is., xxxii, 4. C’est le seul cas où ce mot soit employé dans la Sainte Écriture. Quant au mot ivb, lâ’ag, apparenté à la racine iSy, ’âlag, son sens premier est « balbutier, bredouiller » ; il est employé avec la signification de parler une langue étrangère : les articulations d’une langue qu’on ne comprend pas paraissent, en effet, non distinctes et confuses. Voir Barbare, col. 1449. Mais le balbutiement n’est pas tout à fait le bégayement : le premier est un parler mal articulé, dû à l’âge ( enfance et vieillesse) ou à une vive émotion ; le second tient à un vice des organes vocaux oit à un trouble dans le mode de respirer. Il paraît bien que Moïse avait ce défaut de prononciation. Il dit lui-même qu’il avait « la bouche et la langue lourdes, embarrassées ». Exod., iv, 10. Les Septante traduisent par t<7-/v<i ?wvo ; y, al PpaSùfXwiruoî, « d’une voix hésitante et d’un parler lent. » Le Targum de Jonathan entend ces expres^ sions d’un bégayement, puisqu’il les rend par : ms lin Vidd uni ; mot à mot : « boiteux de bouche et boiteux de langage. » D’ailleurs l’expression « lèvres incirconcises », Exod., vi, 12, 30, c’est-à-dire charnues, plus longues et plus lourdes qu’il ne faut pour parler distinctement, marque un défaut des lèvres qui entraîne le bégayement. On sait que la prononciation des labiales et des voyelles dépend particulièrement du mouvement des lèvres. Une curieuse tradition juive prétend que Moïse avait, en effet, beaucoup de peine à prononcer les labiales. C. J. Ellicott, . An old Commentary for English readers, in-4°, Londres, t, 1. 1, p. 202. Dieu ne guérit pas Moïse de ce défaut

nature], mais il lui donna Aaron pour lui servir de portevoix, d’interprète. Exod., iv, 16, E. Levesque.

    1. BÉGOAÏ##

BÉGOAÏ, chef de famille après le retour de l’exil de Eabylone, II Esdr., vil, 7. Il est appelé ailleurs Béguaï. Voir Béguaï.

    1. BÉGUAÏ##

BÉGUAÏ (hébreu : Bigvaï, « heureux » [cf. Bhagavan en sanscrit] ; Septante : Bayous, Bayouat), chef d’une famille dont les membres revinrent de Babylone avec Zorobabel, au nombre de deux mille cinquante - six, I Esdr., ii, 2, 14, ou de deux mille soixante-sept. II Esdr.,

met, Comment, de Job, xl, 10, 1722, p. 421, on admet que cet animal est l’éléphant, le plus considérable et le plus extraordinaire qu’on connût alors en Europe. Sanchez croit pourtant qu’il s’agit du taureau, et depuis, quelques auteurs, dont Barzilai, II Beëmot, saggio di paleontologia biblica, Trieste, 1870, a repris la singulière opinion, soutiennent que behêmôt est le mammouth antédiluvien, décrit d’après son squelette fossile. S. Bochart, Hierozoicon, II, v, chap. xv, montra le premier que l’auteur voulait parler de l’hippopotame (fig. 471). Tous les détails du texte confirment cette explication avec la plus parfaite exactitude.

47). — Hippopotame

vu, 19. Il est lui-même compté parmi les chefs du peuple qui accompagnèrent Zorobabel, I Esdr., ii, 2 ; au passage parallèle, II Esdr., vii, 7, lu Vulgate l’appelle Bégoaï. Soixante-douze membres de la même famille revinrent avec Esdras, I Esdr., viii, 14 ; à cet endroit, le nom donné par la Vulgate est Bégui. Enfin parmi les chefs du peuple signataires de l’alliance théocratique à la suite de Néhémie se lit le même nom Bigvaï ( Vulgate : Bégoaï) ; c’est le même personnage, si par « fils de Béguaï i> ; I Esdr., il, 2, on entend les membres plus ou moins éloignés de la famille dont il était le chef, plutôt que des fils ou des descendants directs. E. Levesque.

    1. BÉGUI##

BÉGUI, chef de famille après la captivité, I Esdr., vm, 14, nommé ailleurs Béguaï. Voir Béguaï.

BÉHÉMOTH. Ce mot est le pluriel de l’hébreu behêmâh, qui signifie « bête ». Le pluriel behêmôt est souvent employé, dans la Bible, pour désigner des quadrupèdes de toute espèce, mais en général de grande taille. Dans Job, xl, 15-24 (Vulgate, 10-19), c’est un pluriel d’excellence, devenant le nom de l’animal extraordinaire dont le poète fait la description. Comme ce nom n’a point d’autre sens en hébreu que celui de « bêtes », les anciens n’ont point su de quel animal voulait parler l’auteur. La version grecque a rendu behêmôt par ôiipia, et la paraphrase chaldaïque par un mot qui a le même sens, tandis que la Peschito et la Vulgate ont reproduit tel quel le mot hébreu. Les Pères, saint Jérôme, Ep. xxii, t. xxii, col. 401 ; Théodoret, In Ps. ciii, t. lxxx, col. 1703 ; saint Augustin, De Gen. ad l’Ut., xi, 20, t. xxxiv, col. 439 ; De Civ. Dei, xi, 15, t. xli, col. 330 ; saint Grégoire, Moral, in Job, xxxii, 12, t. lxxvi, col. 1055, voient sous ce nom la personnification de Satan ; . quelques-uns pensent que les 6-tpla du grec sont les vers dont Job était rongé, et qui.figuraient eux-mêmes des démons. Au moyen âge, on reconnaît que le sens littéral du passage ne peut s’entendre de Satan, et qu’il est question d’un animal particulier. De saint Thomas, Exposil. in Job, xl, 15, à Cal L’hippopotame ne vivait point en Palestînp à l’époque historique, et dans le texte : « Le -Jourdain déborderait contre sa face, qu’il ne s’en épouvanterait pas, » Job, xl, 18, le fleuve palestinien n’est mentionné que comme

472. — Chasse à l’hippopotame. Thèbes. D’après Wllklnson, Arment Egyptians, 2\{\{e\}\} édit., t. ii, p. 128.

terme de comparaison. Mais l’animal se rencontrait assez fréquemment dans les eaux du Nil, et les Égyptiens le connaissaient bien. Ils l’ont représenté souvent dans leurs monuments (fig. 472), et l’on a même trouvé dans les ruines de Thèbes un temple élevé en son honneur. Cf. Delitzsch, lob, 2e édit., 1876, p. 525. Ses noms hiéroglyphiques sont api ou apt, hab, teb ou deb, et reret-Quant au copte p-ehe-mou, « le bœuf d’eau, » dont on a cru que behêmôt était une imitation phonétique, c’est un mot de formation artificielle dont l’ancienneté n’est pas.

établie. Cf. Knabenbauer, Liber Job, Paris, 1886, p. 448. L’auteur du livre de Job avait vu lui-même l’hippopotame en Egypte, ou du moins en avait lu ou entendu des descriptions détaillées.

mal est amphibie, et demeure longtemps sous l’eau sans 1 avoir besoin de respirer. Il se nourrit de végétaux et de poissons. Pour prendre ces derniers, il ouvre sa large gueule au sein même de la rivière, el engloutit tous les

473. — Autre chasse à l’hippopotame. Bas-relief de Memphls. D’après une photographie communiquée par M. Maspero.

L’hippopotame est un mammifère de l’ordre des pachydermes et de la section des porcins. Il a trois ou quatre mètres de longueur, un mètre trente bu un mètre soixante de hauteur, et son poids atteint jusqu’à deux mille kilogrammes. Ses pattes sont courtes, sa tête énorme, son corps à peu près dépourvu de poils, ses dents en bel ivoire et sa peau très dure, à l’épreuve même de la balle. L’ani animaux que lui apporte le courant. La nuit principalement, il sort de l’-eau, envahit les champs du voisinage et dévore avec avidité les plantations de millet, de riz et de canne à sucre. Il marche avec assez de rapidité, et grâce à son énorme masse commet des ravages considérables. L’animal est stupide et d’un naturel assez doux. Mais il entre facilement en fureur, devient alors redou

table, et attaque même l’homme sans provocation. Les Égyptiens le chassaient du haut de forts bateaux ; ils commençaient par le fatiguer par leur poursuite et les traits qu’ils lui lançaient, l’acculaient au rivage, et à l’aide de javelines et de longues lances le blessaient aux endroits vulnérables de la tête. Cette chasse ne laissait pas que d’être fort dangereuse (fig.473). Les hippopotames se rencontrent encore par bandes dans les fleuves du centre et du sud de l’Afrique. Ils ont disparu de l’Europe et de l’Asie, où l’on ne trouve leurs restes que dans les couches fossiles de l’époque quaternaire. Voici la description que l’auteur de Job fait de l’hippopotame :

Vois Béhémoth, que j’ai fait comme toi : Il mange l’herbe ainsi que le bœuf.

Sa force est dans ses reins,

Et sa vigueur dans le milieu de son ventre. Il dresse sa queue comme un cèdre,

Les nerfs de ses cuisses sont durs comme un faisceau. Ses os sont comme des tubes d’airain, Et ses côtes comme des barres de fer. Il est le chef-d’œuvre de Dieu,

Et son créateur dirige son glaive.

Les montagnes lui fournissent l’herbage, Au lieu où s’ébattent tous les animaux des champs. Il se couche à l’ombre de3 lotus,

Dans l’épaisseur des roseaux et des marais. Les lotus lui procurent l’ombrage,

Et les saules du fleuve l’environnent. Que le fleuve le submerge, il ne s’en épouvante pas ; . Le Jourdain déborderait sur sa face, qu’il ne s’émeuvrait pas. Qu’on le prenne donc en face avec l’hameçon, Qu’on lui perce les narines avec des liens !

Job, xl, 15-24 (10-19).

Tous ces traits conviennent parfaitement â l’hippopotame, tel que le décrivent les naturalistes. Il est herbivore, par conséquent « mange l’herbe comme le bœuf » ; les montagnes, c’est-à-dire les collines qui bordent les fleuves, « lui fournissent l’herbage, » et « les animaux des champs s’ébattent » sans danger autour de lui, parce qu’ils n’ont pas à craindre d’être dévorés, et que, malgré ses fureurs, l’hippopotame a l’allure-trop pesante pour les atteindre. Il est amphibie, par conséquent habite au bord des eaux et ne redoute point l’invasion des flots. Il est d’une vigueur extraordinaire : ses os, ses muscles, sa queue qui est courte, mais qui est solide « comme un cèdre », ses dents tranchantes qui sont comme « son glaive », sa forme trapue, tout en lui révèle une force merveilleuse. Aussi est-il un chef-d’œuvre de la puissance divine. Mais l’homme ne peut le prendre en face, ni le domestiquer, en lui perçant les narines, comme il le fait pour les animaux qu’il convertit à son usage. On voit que la plupart de ces traits ne conviennent pas à l’éléphant. .

L’auteur de Job n’a point tracé ce portrait uniquement pour embellir son œuvre. Il veut tirer de là un argument important, indiqué par la place même que ce morceau occupe dans le livre. Dieu est intervenu pour réduire Job et les autres discoureurs au silence, en leur montrant que les œuvres de sa puissance écrasent l’homme par leur incomparable supériorité. Voici béhémoth, un colossal et vigoureux animal, . qui n’est qu’une créature de Dieu. L’homme ne peut s’en emparer, ni le plier à son service, et il voudrait se mesurer avec le Créateur, soutenir en face sa présence et l’avoir comme à sa merci ! — Voir L. W. Baker, Wild Beasts and thèir ways, 2 in-8°,

Londres, 1890, t. ii, p. 1-23.
H. Lesêtre.

BÉKA, BÉQA, mot hébreu, ypa, béqa’, signifiant, d’après la racine dont il dérive, une chose « fendue, coupée en deux », et désignant un poids d’un demi-sicle, comme nous l’apprend expressément l’Exode, xxxviii, 26 (texte hébreu). Le béqa’se subdivisait lui-même en dix géràh. Exod., xxx, 13. Voir Sicle et Gérah. Le sicle était l’unité de poids chez les Hébreux ; il équivalait environ

à 14 grammes 20 ; le béqa 1 valait donc 7 grammes 10. Il est mentionné seulement dans deux passages du Pentateuque. Le nézéni ou pendant de nez qu’Eliézer offrit à Rébecca pesait un béqa’. Gen., xxiv, 22 (Vulgate : siclos duos, au heu d’un demi-sicle ; Septante : 8pa-/u.-n ; ils rendent souvent sicle par oï8paxii.ov ou double drachme). Chacun des Israélites qui fut dénombré dans le désert du Sinaï dut payer un demi-sicle, niahâslf haSséqél. Exod., xxx, 13. Nous voyons, en effet, plus loin, Exod., xxxviii, 26 (texte hébreu), que le poids total de l’argent qui fut offert par les Israélites pour la fabrication des objets du culte correspondit exactement à un béqa’par tête. Voir Poids.

F. VlGOUROUX.

    1. BEKKER Dalthasar##

BEKKER Dalthasar, théologien protestant des Pays-Bas, né le 30 mars 1634 dans la Frise, mort le Il juin 1698. Il fut quelque temps recteur dans sa patrie, puis prédicateur à Franeker, et plus tard, en 1679, ministre à Amsterdam. C’était un fougueux partisan du cartésianisme, et il devint rationaliste et socinien. Il est surtout connu par De betooverde Wereld (Le monde enchanté), en quatre livres, Amsterdam, 1691-1693 ; traduit en français, 4 in-12, Amsterdam, 1694 ; en allemand s par Schwager, Amsterdam, 1693 ; nouvelle édition, par Semler, 3 in-8°, Leipzig, 1781. L’auteur prétend que le démon ne tente pas les hommes et ne leur inspire pas de mauvaises pensées, qu’il n’y ar ni magie, ni sorcellerie, ni possession. Il explique naturellement la tentation de Notre - Seigneur dans le désert ; les possédés de l’Évangile n’étaient que des. malades, etc. Cet ouvrage fit scandale. Après la publication des deux premiers livres, Bekker fut déféré au consistoire d’Amsterdam et d’abord suspendu, ensuite déposé du ministère pastoral par sentence du 30 juillet 1690. Il se retira dans la Frise, où il publia les deux derniers livres de son Monde enchanté, Il fut combattu par un grand nombre de savants, Jean van den Bayen, Pierre Mastricht, Melchior Leydecker, Jean Marb, Eberhard van der Hooght, Jakob Kôlmann. — On a aussi de Bekker Explicatio prophétise Danielis, in-4°, Amsterdam, 1688. — Sa vie a été écrite par Sehwabe, Copen-hague, 1780.

BEL (hébreu : Bel ; Septante : BrjX et BfjXoc), dieu babylonien. Son nom ne diffère pas de celui de Baal, le grand dieu chananéen : c’est la forme assyrienne du même mot, Bî’lu, avec la même signification de « maître ou seigneur ». Mais ce nom, identique par l’origine, ne représente pas le même dieu dans les deux pays : Baal est un dieu solaire dans la religion phénicienne ; Bel n’a pas ce caractère dans la religion chaldéo-assyrienne, contrairement à ce qu’on croyait avant les découvertes assyriologiques, et à ce qu’a soutenu récemment encore M. Wolf Baudissin, dans Herzog, BealEncgklopâdie, 2 S édit., t. ii, 1878, p. 36. Le nom de Bî’lu s’applique à deux divinités distinctes dans la région de l’Euphrate et du Tigre, et aucunede ces deux divinités n’est le soleil, comme le prouvent de nombreux textes, et en particulier un texte rituel, Cuneif. Inscript., t. IV, pi. 25, col. ii, 1. 29, où on lit : « Trois victimes à Bel, à Samas (le soleil) et à (Bel) Mérodach, tu dois sacrifier. » Les anciens avaient déjà distingué deux Bel : Hsec est genesis séries : Jupiter, Epaphus, Belus priscus, Agenor, Phœniæ, Belus minor, qui et Methres, dit Servius, In JEneid., i, 642 ; cf. i, 343 ; Comment, in Virgil., Gœttingue, 1726, t. i, p. 99, 65. Voir d’autres passages dans F. C. Movers, Die Phbnizier, t. i, 1841, p. 186-187, 236 ; H. Estienne, Thésaurus grmcœ linguse, édit. Didot, t. ii, col. 228, 229 ; V. De -Vit, Onomasticon totius latinitatis, t. i, 1877, p. 702. Mais les renseignements des classiques grecs et latins sont vagues et confus ; ils font même de Bel le fondateur de l’empire assyrien et de la monarchie babylonienne, en même temps qu’une divinité. Voir Roscher, Lexicon der griechischen und rômischen Mythologie, t. i, p. 778-779. Les documents cunéiformes nous fournissent, au contraire, des

Baruch, VI, 3, 14. Grâce à ces renseignements, il est faciie de reconnaître le dieu Bel dans un bas-relief assyrien représentant plusieurs dieux portés en procession sur les épaules (fig. 474). Le dieu Bel est, en effet, figuré en marche, tandis que les autres divinités sont assises ou sans mouvement ( fig. 457, col. 1481) ; il porte une hache de la main droite.

Bel -Mérodach avait à Babylone un temple en forme de pyramide qui était une des merveilles du monde. Hérodote, i, 181 - 183, en a décrit en détail les magnificences, de même que Diodore de Sicile, ii, 9. Cf. Strabon, xvi, 5, p. 628 ; Élien, Var. hisl., xiii, 3, p. 405 ; Pausanias, i,

: 474. — Le dieu Bel.

D’après Layard, Monuments of Nlneveh, t. i, pi. 65.

16, 3 ; viii, 33, 1 ; Pline, H. N., vi, 26 (30), 121, édit. Tauchnitz, 1. 1, p. 241. Ce temple était situé dans la partie orientale de Babylone et remontait aune haute antiquité. Il existait déjà sous la première dynastie, qui fit de Babylone sa capitale. On l’appelait Ê-Saggil. Nabuchodonosor, dans ses inscriptions, raconte qu’il l’avait couvert d’or et des plus riches ornements. Bel y avait une statue d’or colossale. Voir la description du "temple, par G. Smith, dans VA themeum, 12 février 1876, et dans H. Sayce, Lectures on Religion, p. 92-95, 437-440.

Les Babyloniens immolaient de nombreuses victimes en l’honneur de Mérodach, et ils honoraient particulièrement leur dieu par l’offrande de mets abondants. On lui servait tous les jours, lisons-nous dans Daniel, xiv, 2, « douze artabes de farine, quarante brebis et six baths ou métrètes de vin. » Soixante-dix prêtres, attachés à son culte, se nourrissaient de ces mets avec leurs femmes et leurs enfants. Dan., xiv, 9, 14. — Jérémie, li, 44, fait peut-être aussi allusion aux viandes qu’on donnait au dieu babylo nien. Une inscription de Nabuchodonosor énumère les viandes qu’il offrait à Mérodach. Cuneif. Inscript, , t. i, pi. 65 ; A. Delattre, Les deux derniers chapitres de Daniel, 1878, p. 53. — Diodore de Sicile, ii, 9, 7, p. 88, dit qu’il y avait dans le temple de Bel, outre des statues d"or, une table commune pour les dieux ; elle était d’or, longue de quarante pieds, large de quinze, et du poids de cinquante talents. Hérodote, i, 181, édit. Didot, p. 60, parle aussi de cette table d’or, et raconte, de plus, qu’il y avait un grand lit soi-disant destiné à Bel. Il mentionne également, i, 183, une autre table d’or, avec un siège et un> escabeau d’or, dans un autre temple du même dieu à Babylone. Xerxès, au retour de sa malheureuse expédition en Egypte, pilla le temple de Bel et ses richesses. Diodore, il, 9. Les prophètes en avaient annoncé la ruine. Isaïe, xlvi, 1, avait prophétisé que Bel serait brisé par ses ennemis, et que les statues qui le représentaient seraient chargées sur des bêtes de somme. Jérémie, L, 2, avait prédit les mêmes événements et annoncé la confusion de Bel et de ses idoles. Cf. Jer. li, 44. Cyrus et Xerxès accomplirent ces prophéties.

Voir E. Schrader, Baal und Bel, dans les Theologiscfie Studien und Kritiken, 1874, p. 335 - 343 ; D. Chwolson, Die Ssabier, 2 in-8°, Saint-Pétersbourg, 1856, t. ii, p. 165 ; Frd. Mûnter, Religion der Babylonier, in-4% Copenhague, 1827, p. 14-20 ; W. Gesenius, Kommentar ûber Jesaia, 1821, t. ii, p. 327-337 ; Id., Bel, dans Ersch et Griiber, Allgem. Ency klopâdie, l re sect., t. viii, 1822, p. 397-402 ; J. C. Movers, Die Phônizier, 1. 1, 1841, p. iaV190, 254-321, 416-450 ; Frd. Creuzer, Symbolik und Mythologie, 3e édit., t. ii, 1841, p. 411-416, 443-458 ; G. Bawlinson, The five greal Monarchies of the ancient eastern World, 2e édit., t. i, 1871, p. 11Q-142 ; t. ii, 1871, p 1-42 ; A. H. Sayce, Lectures on the origin and growlh of Religion as illustrated by the religion of ancient Babylonians, in-8°, Londres, 1887, p. 85-129 ; F. Finzt, Ricerche dell’Anlichità assira, in-8°, Turin, 1872, p. 470, 524-528. Voir aussi col. 1159-1160, 1364-1365.

F. VlGOUROUX.

BELA. Hébreu : Bêla’, « destruction. » Nom de trois personnages et d’une ville dans le texte hébreu. Dans la Vulgate, au lieu de Bêla 3 et 4, on lit Bala.

1. BÉLÀ (Septante : BaXâx), fils de Béor, roi de Dénaba, en Idumée, avant l’époque de Saûl. Gen., xxxvi, 32. Dans I Par., i, 43, la Vulgate écrit Balé. Voir Balé 1.

2. BÊLA (Septante : BoCki, Ba>£), fils atné de Benjamin, Gen., xlvi, 21, et chef de la famille des Bélaïtes. A’um., xxvi, 38. Dans I Par., viii, 1, la Vulgate lui donne le nom de Balé. Voir Balê 2. Plusieurs de ses enfants et petits-enfants furent chefs de familles nombreuses. I Par., vu, 6-12 ; viii, 1-5 ; Num., xxvi, 38-40. Voir Béchor.

3. BÊLA, fils d’Azaz, I Par., v, 8, appelé Bala par la Vulgate. Voir Bala 2.

4. bêla, ville près de Sodome, que la Vulgate nomme Bala. Voir Bala 3.

    1. BÉLAÏTES##

BÉLAÏTES (hébreu : habbal’%, nom avec l’article : Septante : Sfijjio ; 6 BaXt), descendants de Bêla, fils de Benjamin. Num., xxvi, 38.

    1. BELETTE##

BELETTE (hébreu : hôléd ; Septante : fa.Xr ; Vulgate : mustela). Le texte sacré ne parle qu’une fois du hôléd, et c’est pour le ranger parmi les animaux impurs. Lev.j xi, 29. D’après plusieurs modernes, le hôléd est la « taupe », parce que c’est le sens de ce mot en syriaque et en arabe. Cf. Tristram, Natural History of the Bible, 1889, p. 151. Mais les anciennes versions ont traduit par « belette », et il est préférable de s’en tenir au sens qu’elles ont adopté. On conçoit que la loi ait eu à intervenir pour

prohiber dans l’alimentation l’usage d’un animal d’aspect gracieux comme la belette, tandis que la seule répugnance devait suffire à faire écarter la taupe. — La belette (fig.475) est un petit mammifère carnassier du genre putois, comme le putois commun, le furet et l’hermine. Sa taille atteint à peine celle du rat, son corps est grêle, sa queue longue et ses mouvements des plus alertes. Elle se nourrit d’oiseaux qu’elle surprend au nid, de lapereaux et d’autres animaux analogues. Comme tous les mustélidés, la belette possède des glandes anales qui sécrètent un liquide d’une odeur repoussante, et c’est par ce moyen qu’elle tient à distance des ennemis auxquels son agilité seule ne parviendrait pas à la soustraire. Sa fourrure est utilisée en pelleterie. On trouve communément en Palestine la belette ordinaire, mustela vulgaris, et le putois proprement dit, mustela putorius. Outre ces deux espèces d’animaux, le mot hôlèd désigne peut-être aussi d’autres petits carnassiers assez semblables, particulièrement une espèce de

475. — Belette.’mangouste, l’ichneumon herpestes ou rat de pharaon, très commun en Egypte et en Palestine, et dont l’aspect rappelle de très près celui de la belette. Voir E. Lefébure, Le nom égyptien de l’ichneumon, dans les Proceedings of the Society of Biblical Archssology, juin 1885, t. vii, p. 194 ; Placzek, The Weasel and the Cat in ancient times, dans les Transactions of the Society of Biblical

Archseology, t. ix, part, i, 1887, p. 155-166.
H. Lesêtre.

BELGA. Hébreu : Bilgâh, « gaieté ; » Septante : 3 Be>--foi ; . Nom de deux prêtres juifs.

1. BELGA, chef de la quinzième classe d’entre les vingt-quatre établies par David pour le service du temple. I Par., xxiv, 14.

2. BELGA, . un des principaux prêtres qui revinrent de la captivité avec Zorobabel. II Esdr., xii, 5. C’est vraisemblablement le même que Belgaï. Voir Belgaï.

    1. BELGAÏ##

BELGAÏ (hébreu : Bilgaï, « gaieté ; » Septante : Be>jai), un des prêtres signataires de l’alliance théocratique à la suite de Néhémie, II Esdr., x, 8. Il est probablement appelé Belga, II Esdr., xii, 5. Voir Belga 2.

BELIAL. Hébreu : belîya’al, mot composé de beli, « sans, » et yà’al, « utilité, » et désignant ce qui est inutile, nuisible et mauvais. Cette étymologie est plus conforme à la grammaire que celle de saint Jérôme, Jud., xix, 22, qui, dans une glose explicative intercalée dans le texte, fait venir Bélial de beli’ul, « sans joug. » Il se dit des personnes et des choses, et n’est jamais employé comme nom propre dans le texte original de l’Ancien Testament. La Bible grecque rend ce mot par napâvojioî, « contraire àla loi ; » àdEê/jç, « impie ; s> oçptov, « insensé ; » àvotiia, « iniquité ; » àm><rra<rîa, « apostasie ; > ; >oi|xd ; , « peste ; » uaîafoxrt ; , « vétusté, » et la Vulgate ordinairement par Belial, quelquefois par iniquus, « inique, » I Beg., xxv, 25 ; xxx, 22 ; Prov., xix, 28 ; Ps. XL, 9 ; injustus, « injuste, » Ps. c, 3 ; impiùs, « impie, » Prov., xvi, 27 ; Deut., xv, 9 ; apostata, « apostat, » Job, xxxiv, 18 ; Prov., vi, 12 ; iniquitas, « iniquité, » Ps. xvii, 5 ; prsevarïcator, n prévaricateur, » II Reg., xxiii, 6 ; et prsevaricatio, « transgression. » Nah., i, 11. Bélial, fils ou homme de

Bélial, est le qualificatif du méchant homme, du vaurien, Deut., xiii, 13 ; Jud., xix, 22 ; xx, 13 (hébreu) ; I Reg., il, 12 ; x, 27 ; xxv, 17, 25 ; xxx, 22 ; II Beg., xvi, 7 ; xx, 1 ; xxiii, 6 ; III Reg., xxi, 10 ; H Par., xiii, 7 ; Job, xxxiv, 18 ; Prov., vi, 12 ; xvi, 27 ; xix, 28 ; Nah., i, 15 ; de la méchante femme, I Reg., i, 16 ; de la pensée ou de la parole mauvaise, Deut., xv, 9 ; Ps. xli (Vulgate, xl), 9 ; ci (Vulgate, c), 3 ; Nah., i, 11 ; du flot terrible des épreuves, Ps. xviii (Vulgate, xvii), 5.

Dans le Nouveau Testament, saint Paul, II Gor., vi, 15, donne le nom de Bélial au « mauvais » par excellence, le démon, comme si c’était un nom propre : « Quel accord possible entre le Christ et Bélial ? » Dans ce passage, l’Apôtre met en opposition les extrêmes, la justice et l’iniquité, la lumière et les ténèbres, le fidèle et l’infidèle. On en conclut donc à l’identité de Bélial et de Satan. C’est l’interprétation de saint Jérôme et des commentateurs. Le texte grec de l’épltre porte actuellement Béliar (BeXî « p), à raison de la prononciation des Syriens, qui

substituent souvent le p, r, au, l.
H. Lesêtre.

1. BÉLIER (hébreu : ’ayîl ; chaldéen : dekar, I Esdr., vi, 9, 17 ; vii, 17 ; Septante : xpt’o ; ), mâle de la brebis, était plus estimé que l’agneau, Gen., xxxi, 38 ; aussi dans les sacrifices était-il considéré comme une victime plus agréable, d’un plus grand prix, Ainsi on devait joindre au sacrifice du bélier deux’USârôn (6 litres 75) de pure farine, un seulement pour les agneaux. Num., xv, 6 ; xxviii, 12-14. On pouvait offrir le bélier en sacrifice dans l’holocauste, Lev., vin, 18, 21 ; ix, 2 ; xvi, 3, 5 ; Num., vii, 15, etc. ; xxviii, 1 1 ; Ps. lxv (hébreu : lxvi), 15 ; Is., i, 11 ; Ezech., xlv, 23 ; dans le sacrifice pacifique ou d’action de grâces, Lev., IX, 4, 18 ; Num., vi, 14, 17 ; vii, 17, 23, etc. ; dans le sacrifice pro delicto, Lev., v, 15, 18 ; xix, 21 ; Num., v, 8 ; I Esdr., x, 19. Mais on ne l’offrait pas dans le sacrifice pro peccato. Cf. Lev., iv, 1-35. Le bélier offert dans ces sacrifices devait être sans tache et sans défaut. Dieu ordonna d’immoler deux béliers à la consécration d’Aaron et de ses fils, Exod., xxix, 1, et le second de ces béliers s’appelait « bélier de consécration ». Exod., xxix, 22. Avant la loi de Moïse, le bélier entrait déjà dans les sacrifices. Abraham, sur l’ordre de Dieu, offre un bélier de trois ans. Gen., xv, 9, À la place de son fils, il immole aussi un bélier. Gen., xxii, 13. Chez les peuples voisins des Hébreux, le bélier était également regardé comme une victime agréable à Dieu. Balaam fait immoler un bélier et un taureau sur chacun des sept autels qu’il avait fait dresser par Balac, roi de Moab. Num., xxiii, 1. Les amis de Job, sur l’ordre de Dieu, offrent de même en sacrifice sept béliers avec sept taureaux. Job, xlii, 8, 9. — Les béliers de Basan étaient renommés, Deut., xxxii, 14 ; ceux de Moab étaient aussi estimés : Mésa devait payer au roi d’Israël un tribu de cent mille béliers avec leur toison. IV Reg., m, 4. — Les peaux de béliers teintes en rouge servirent à couvrir le tabernacle, Exod., xxvi, 14 ; xxxvi, 19 ; les enfants d’Israël avaient été invités à les offrir. Exod., xxv, 5 xxxv, 7, 23 ; xxxix, 33. — Le bélier qui marche en tête du troupeau et bondit capricieusement sert aux comparaisons des poètes et des prophètes d’Israël : on lui compare les princes d’Israël, Lam., i, 6 ; les collines agitées par de violents tremblements, au Sinaï, ressemblent à des béliers qui bondissent. Ps. cxm (hébreu, exiv), 4.

— Dans la vision de Daniel, viii, 3-20, le bélier à deux cornes, dont l’une s’élève plus haute que l’autre, symbolise l’empire înédo-perse. Voir Brebis.

E. Levesque.

2. BÉLIER (hébreu : kar ; Septante : xôpocl, xpicJc ; Vulgate : aries), machine de guerre destinée à battre les murailles et à faire une brèche par laquelle les assiégeants puissent pénétrer dans la ville. Le bélier est mentionné sous son nom hébreu dans Ézéchiel, iv, 2 ; xxi, 27 (Vulgate, 22). Les Septante traduisent, dans le premier passage, par le mot peXoirrctætç (voir Baliste), et, dans

le second, par x « p « "a, qui signifie « pieu pointu ». Kpiôç se lit II Mach., xii, 15.

Cette machine de guerre était déjà connue des pharaons.

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476. — Bélier égyptien.

Tombeau de Béni -Hassan. Ancien Empire. D’après Chanipollion,

Monuments de l’Egypte, t. iv, pi. 379.

Les béliers qu’employaient les Égyptiens étaient très primitifs (fig. 476). C’étaient de simples, pieux armés d’un fer de lance et manœuvres à bras, par plusieurs hommes

l’autre. Parfois aussi le bélier était une sorte de chariot pesant, dont l’extrémité présentait la figure d’un monstre. A l’intérieur du chariot étaient placés des archers. On poussait le chariot contre les remparts, tandis que les archers lançaient leurs flèches contre les assiégés (fig. 478). Quand ces lourdes machines avaient pratiqué une brèche, le rempart s’écroulait bientôt. Aussi les assiégés essayaient-ils d’empêcher leur action. Un bas-relief de Nimroud représente un bélier enfermé dans une tour roulante, au haut de laquelle sont des archers. Du haut du rempart, les assiégés s’efforcent de harponner le bélier à l’aide de crochets placés à l’extrémité d’une chaîne de fer. Les assiégeants se suspendent aux crochets pour que le bélier ne soit pas saisi (fig. 479). C’est de ce bélier assyrien que parle Ézéchiel, quand il décrit dans sa vision prophétique le siège de Jérusalem par Nabuchodonosor. Ezech., iv, 2 xxi, 22 (27).

Le bélier était également en usage chez les Perses, Xénophon, Cyrop., vii, 41, et chez les Grecs, qui en attribuent l’invention et le perfectionnement aux Carthaginois. Athénée, p. 9 ; Vitruve, x, 19. Voir le siège de Sagonte, Tite Live, xxi, 12. Périclès s’en servit au siège de Samos, Plutarque, Périclès, 27 ; Diodore de Sicile, xii, 28 ; les Péloponésiens l’employèrent au siège de Platée, et les Platéens, comme les adversaires des Assyriens, essayèrent de saisir les machines avec des nœuds coulants ou les brisèrent en laissant tomber sur elles d’énormes poutres.

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477. — Assyriens attaquant une plate-forme avec des béliers.

Les béliers sont montés sur des roues et traînés sur des chaussées construites par les assiégeants, afin de rendre plus facile

l’approche des murailles. Palais de Sargon à Ehorsabad. D’après Botta, Monuments de Mnlve, t. ii, pi. 145.

abrités sous une toiture analogue à la ^sXcow, ou tortue des Grecs et des Romains. J. Wilkinson, The manners and customs of the ancient Egyptians, 1e édit., 1. 1, p. 242. Les béliers assyriens sont beaucoup plus perfectionnés. Ce sont de véritables machines de guerre. Us consistent essentiellement dans d’énormes poutres armées d’éperons de fer, alternativement ramenées en arrière et projetées en< avant par des hommes exercés à cette manœuvre. Un bas-relief du palais de Sargon représente une ville assiégée à l’aide de béliers (fig. 477). Voir aussi Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, t. iv, p. 143, 337. Souvent la même machine était munie de plusieurs poutres. Le mouvement alternatif de recul et de projection en avant imitait le mouvement des béliers bondissant l’un contre

Thucydide, ii, 76. L’emploi de moyens semblables est signalé par Tite Live, xxxvi, 23. Dans Thucydide, le bélier est appelé tt.60r. Le premier auteur profane connu qui emploie le mot xpiik est iEneas le Tacticien, 32. Cette machine fut perfectionnée, au temps de Philippe de Macédoine, par le Thessalien Poleidos et par ses élèves, Diadès et Charias. Alexandre l’employa souvent dans ses campagnes. Vitruve, x, 19. Le bélier était placé dans un réceptacle, xpcoSôxr, , sur un ou plusieurs rouleaux, et protégé par une toiture, testudo arietaria, yeXwv^ xpioç tfpo ; . Vitruve, ibid. ; Arrien, Bell. Mithrid., 73. Certaines de ces machines étaient si énormes, qu’il fallait mille hommes pour les mettre en mouvement. Tels furent les béliers à l’aide desquels Démétrius Poliorcète fit le siège de Rhodes.

4565

BÉLIER

1560

Diodore, xx, 95. L’auteur du second livre des Machabées, xii, 15, emploie le mot xpitSç, quand il dit que Judas attaqua la ville de Casphin en invoquant le Dieu qui avait pris Jéricho sans béliers et sans machines.

manœuvré à mains est représenté sur la colonne trajane, et le bélier abrité par une testudo sur l’arc de Septime Sévère (fig. 480). — Voir Wilkinson, Mariniers and eustoms of the ancient Egyptians, in-8°, Londres, 1878,

5P^& : ^

178

Z.’!  ! _ ! ’-’- -’^

478. — Bélier assyrien porté sur uu chariot avec des archers. Bas-relief en bronze des pertes de Balawat, de l’époqne de Salmauasar, roi d’Assyrie (858-823 avant J.-C). Britiah Muséum.

Les Romains empruntèrent à leur tour le bélier aux Carthaginois et aux Grecs. Tite Live, xxxi, 46 ; xxxii, 24 ; xxxviii, 5. Ils s’en servirent notamment au siège de Jéru t. i, p. 212, Ermann, Aegypten, t. ii, p. 694 ; G. Rawlinson, The five great monarchies of the Eastern world, in-8°, Londres, 1862-1867, t. i, 2= part, p. 470 ; Layard,

  • 79. — Assiégés s’eftorçaut de harponner le bélier qui bat leurs murailles.

Palais de Nimroud. D’après Layard, Monuments of Nineveh, t. i, pt 19.

salem sous Titus, et Josèphe nous a laissé la description de cet instrument. Il est, dans ses éléments essentiels, le même que celui des Égyptiens, des Assyriens et des Grecs. Josèphe, Bell, jud., III, vii, 19. Le bélier romain

Ninive and its remains, in-8°, Londres, 1849, t. ii, p. 367-370 ; F. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, in-8°, Paris, 1887, t. v, p. 64 et suiv. ; H. Droysen, Heerwesen

und Kriegsfûhrung der Griechen, in-8°, FriFribourg-en-Brisgau, 1889, p. 223 et suiv. ; A. Rochas d’Aiglun, dans les Mélanges Graux, in-8°, Paris, 1884, p. 792 ; Th. Mommsen et J. Marquardt, Manuel d’antiquités romaines, trad. franc., in-8°, Paris, 1891, t. xi, p. 263 et suiv.
E. Beurlier.


480. — Bélier romain, abrité par une testudo.
Bas-relief de l’arc de Septime-Sévère. À gauche les Romains s’avancent, entourant le bélier, destiné à attaquer une ville des Parthes. À droite, les Parthes sortent de la ville avec leurs étendards pour capituler. D’après Bellori, Veteres arcus Augustorum, in-4°, Rome, 1690, pl. 9.


BELLARMIN Robert, né à Montepulciano le 4 octobre 1542, mort à Rome le 17 septembre 1621. Il était neveu du pape Marcel II. Il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus, à Rome, le 20 septembre 1560. Envoyé en 1569 à Louvain, il y prêcha en latin aux élèves de l’université, puis y enseigna la théologie aux scholastiques de la Compagnie. En 1576, il retourna en Italie pour y rétablir sa santé, et commença son célèbre cours de controverse au Collège romain. Sixte V l’envoya en France, en 1590, avec le légat Henri Cajetan ; son séjour y fut de sept mois. Bellarmin devint ensuite recteur du collège romain, provincial de Naples, cardinal le 3 mars 1599, archevêque de Capoue en 1602. Arrivé à l’âge de

soixante-dix-neuf ans, il obtint de se démettre de ses fonctions épiscopales, et se retira au noviciat de Saint-André, où il mourut. Il laissa plusieurs ouvrages, parmi lesquels son catéchisme et ses controverses tiennent le premier rang. Sur l’Écriture Sainte, il a publié : In omnes Psalmos dilucida explicatio, in-4°, Rome, 1611, qui a eu plus de trente éditions. Cet ouvrage, écrit avec une grande onction et respirant une solide piété, est à recommander à ceux qui récitent l’Office divin ; Bellarmin y « examine le texte hébreu, qui est l’original, puis les deux anciennes versions que l’Église a autorisées. Il n’est pas assez critique, et il ne paraît avoir su que médiocrement la langue hébraïque, de sorte qu’il se trompe quelquefois. Comme il a écrit après Génébrard, il a pris de lui la plupart de ce qui regarde la grammaire et la critique, en y changeant seulement quelque chose. Il y a aussi des endroits qu’il aurait pu expliquer plus à la lettre « t selon le sens historique ; mais il y a bien de l’apparence qu’il ne l’a pas voulu faire, afin que son commentaire fût plus utile aux chrétiens ». (R. Simon.) Ce commentaire a été traduit en anglais, en arabe, en français « t en italien ; on en a aussi fait un abrégé en latin, in-8°, 6 part., Dusseldorf. 1760 1765 ; 2 in-16, Turin, 1867. — On peut encore citer le traité ascétique, si estimé, de Bellarmin : De septem verbis a Christo in Cruce prolatis, in-12, Rome, 1618, souvent réimprimé et traduit en toutes les langues européennes. — Bellarmin fut un des théologiens chargés par Grégoire XIII et Sixte V de donner une nouvelle édition de la Bible des Septante ; la préface qui est en tête de la Biblia Sacra Vulgatas editionis Sixti V jussu recognita, Rome, 1592, est de lui. — En 1749, le P. Widenhofer, S. J., publia une dissertation inédite de Bellarmin : De editione latinā Vulgatā, quo sensu a concilio Tridentino definitum sit, ut ea pro authentica habeatur, in-4°, Wurzbourg. Le P. Frevier, S. J., écrivit contre cet opuscule : La Vulgate authentique dans tout son texte, 1753 ; il prétend y prouver que la dissertation n’est pas de Bellarmin. — Voir J.-B. Couderc, Vie du vénérable cardinal Bellarmin, 2 in-8°, Paris, 1893.
C. Sommervogel.

BELLE (PORTE) (grec : Ὠραία πύλη ; Vulgate : Speciosa Porta), porte du temple de Jérusalem où se tenait, pour demander l’aumône, un boiteux qui fut miraculeusement guéri par saint Pierre, après la Pentecôte. Act., iii, 2-10. Le temple était fermé extérieurement par une grande enceinte dont le mur oriental s’élevait au-dessus de la vallée de Cédron. Le portique de Salomon, Act., iii, 11, longeait ce muret formait un des côtés de la cour des Gentils dans laquelle pouvaient pénétrer les païens. La partie sacrée du temple, inaccessible aux profanes, était entourée d’une autre enceinte qu’on peut appeler extérieure, et qu’il était défendu de franchir sous peine de mort à ceux qui n’étaient pas Juifs. Cette seconde enceinte avait neuf portes, quatre au nord, quatre au sud et une à l’est. Cf. Josèphe, Bell. jud., V, v, 3, édit. Didot, t. ii, p. 212-213. C’est cette porte de l’est que les Actes appellent la Belle, en lui donnant un nom qui ne nous est connu que par le récit de saint Luc. Josèphe la qualifie simplement de grande (τὸν μέγαν), sans la désigner par aucune dénomination particulière. Ant. jud., XV, xi, 5, t. i, p. 614. Elle donnait accès de la cour des Gentils à la cour des femmes, et à cause de sa situation elle était la plus fréquentée de toutes, servant tout à la fois aux hommes et aux femmes. Josèphe, loc. cit. ; Bell. jud., V, v, 3, t. ii, p. 213. Voir, à l’article Temple, le plan du temple d’Hérode. Elle était vis-à-vis de la porte de Bronze, qui s’ouvrait dans l’enceinte occidentale de la cour des femmes, et conduisait de cette cour à celle qui était réservée aux hommes. La porte de Bronze était elle-même vis-à-vis de la façade de la maison de Dieu ou temple proprement dit ; on l’appelait aussi Grande Porte et porte de Nicanor. Ce dernier nom lui est donné dans le Talmud parce qu’elle avait été offerte par un Juif alexandrin ainsi appelé, ou bien parce que la main coupée de l’impie Nicanor y fut attachée après sa défaite, comme trophée de la victoire de Judas et comme expiation des blasphèmes de ce général syrien contre la maison de Dieu. Cf. I Mach., vu, 47 ; II Mach., xv, 33, Josèphe parle de cette porte, Bell. jud., VI, v, 3, t, ii, p. 292. Voir t. iv, fig. 346.

Beaucoup d’exégètes et d’archéologues ont confondu

la porte de Nicanor avec la porte Belle. M. de Vogué, Le Temple de Jérusalem, in-f », Paris, 1861, p. 55. Elles étaient cependant distinctes. Non seulement le texte de Josèphe, rapporté plus haut, indique que la porte Belle était à l’entrée de la cour des femmes, mais alors même que nous n’aurions pas ce renseignement, il est clair que les mendiants, celui qui fut guéri par saint Pierre comme les autres, devaient se tenir à la porte par où passait tout le monde, hommes et femmes, là où ils avaient lieu d’espérer des aumônes plus abondantes. On ne devait pas d’ailleurs tolérer des mendiants dans l’intérieur même des parvis sacrés, entre la cour des hommes et celle des femmes.

On montait par une quinzaine de degrés à la porte où saint Pierre accomplit son miracle. Cf. Josèphe, Bell. jud., S, v, 3, t. iii, p. 243. C’est sur ces marches sans doute que se tenait assis le boiteux, comme les autres infirmes qui vivaient de la charité publique. Cette porte méritait d’être appelée la Belle à cause de sa magnificence. Elle se distinguait par sa grandeur. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 5, par la richesse de sa matière et par sa décoration. Elle était, d’après ce que nous apprend Josèphe, Bell, jud., V, v, 3, t ii, p. 242, haute dé cinquante coudées et large de quarante (environ soixante et un et cinquante mètres) ; ses deux battants étaient ornés d’épaisses lames d’or et d’argent. — Voir J. E. Prescott, On tke Gâte Beautifui cf the Temple, dans The Journal of sacred Literature, 5° série, t. ii, octobre 1867, p. 33-45 ; 0. Wolf, Der Tempel von Jérusalem, in-4°, Gratz, 1887, p. 89.

F. Vigourodx.

    1. BELLEGARDE##

BELLEGARDE (Jean Baptiste Morvan de), prêtre français, né à Piriac, diocèse de Nantes, le 30 août 1648, mort à Paris, dans la communauté de Saint-François-de-Sales, le 26 avril 1734. Il entra chez les Jésuites, d’où il sortit à cause de ses opinions cartésiennes, après seize ans de séjour dans la Compagnie. On a de lui : Apparat de la Bible, ou Introduction à la lecture de l’Écriture Sainte, traduit du latin du P. Lamy, de l’Oratoire, in-8°, Paris, 1697 ; — Livres moraux de l’Ancien Testament, où sont renfermées les maximes de la Sagesse divine, avec les devoirs de la vie civile, in-8°, Paris, 1701. Cet ouvrage se compose de la traduction française des livres sapientiaux de l’Ancien Testament, avec un bon commentaire, des préfaces courtes et substantielles, des sommaires bien rédigés ; une heureuse disposition du texte met constamment en présence le latin de la Vulgate, la traduction et le commentaire. Pour la biographie, voir l’Éloge de Bellegarde, par Tournemine, et l’Extrait d’un’mémoire communiqué par M. de Chaserey, supérieur de la communauté de Saint-François-de-Sales, dans le Mercure de France, novembre 1735, p. 2390 et 2394.

0. Rey.

    1. BELLENGER François##

BELLENGER François, docteur de Sorbonne, né dans le diocèse de Lisieux, mort à Paris le 12 avril 1749, était très versé dans la connaissance des langues anciennes et modernes. Il publia sur les Psaumes un ouvrage fort « stimé, sous le titre : Liber Psalmorum Vulgatse. editionis cum notis in quibus explicatur titulus, occasio et argumentum cujusque Psalmi ; dilucidatur sensus litteralis, paucis altingitur sensus mysticus. Accessit appendix ad notas in qua discutiuntur prœcipuse differentiœ quse occurrunt inter textum hébraicum, Aquilse, Symmachi, Thendotionis, quintse et sextse editionis, paraphrasim chaldaicam, Vulgatam, latinam, hieronymianam, in-4 a, Paris, 1729, sous les initiales U. E. S. F. P. D. F. B. P. L. Une première édition in-4° avait paru en 1727, à Paris. Cet ouvrage a été plusieurs fois réimprimé ; il a été réédité, en particulier, avec certains retranchements, sous le titre de Liber Psalmorum Vulgatse editionis cum notis, in-12, Paris, 1832. B. Hehrtebize.

    1. BELLERMANN Johann Joachim##

BELLERMANN Johann Joachim, théologien protestant allemand, né à Erfurt le 23 septembre 1754, mort à Berlin le 25 octobre 1824. Après avoir terminé ses études à


l’université de Gœttingue, il alla, en 1778, en Russie comme précepteur. À son retour, en 1782, il devint professeur de théologie à l’université d’Erfurt. Cette université ayant été supprimée, il fut appelé à Berlin comme directeur du Gymnasium am Grauen Kloster et comme professeur à l’université. Parmi ses œuvres relatives à l’Écriture Sainte, on remarque : Handbuch der biblischen Literatur, 4 in-4°, Erfurt, 1787-1789 ; Versuch. einer Metrik der Hebrâer, Berlin, 1813 ; Urim und Thummim, die àltesten Gemmen, Berlin, 1824. On peut mentionner aussi ses programmes et ses dissertations : De libro Jobi, utrum sit historia an fictio, 1792 ; De libri Jobi indole et artificiosa designatione, 1793 ; De duodecim lapidibus in Jordanis alveo erectis, 1795 ; Ueber die allegorische, metaphorische und mystische Darstellungsweise, 1796, publié aussi’dans les Acta À cademiæ Erfurtensis, 1796 ; De usu palseographise hebraicse ad explicanda sacra Biblia, in-4°, Halle, 1804 (thèse de doctorat). — L’auteur a écrit son autobiographie dans Dos graue Kloster in Berlin, Stùck iv, 1826. Voir H. Bellermann, dans Allgemeine deutsche Bibliographie, t. n (1875), p. 307.

F. Vigodroux.

    1. BELMA##

BELMA, localité citée au livre de Judith, vii, 3, avec. Dothaïn et Béthulie. Les copies grecques transcrivent ce nom sous ces formes diverses : BeXajiiiv, BaX « |ia>v, BsX|iév, BeXjioi[)., A6eX(iai’u., BeX(i, aiv, BsXSafji, BeX81[i (ce dernier peut-être pour BeXu^v ou BsXjiie). Les versions syriaques et arabes écrivent Balma’. Belma, Bélamon, etc., sont certainement le Jéblaam (hébreu : Yble’âm) de Josué, xvii, 11, localité, dans le territoire d’Issachar, qui fut attribuée à la tribu de Manassé. Les Manassites n’arrivèrent pas immédiatement à en déposséder les Chananéens. Jud. ; i, 27. Au livre I er des Paralipomènes, vi, 70 (hébreu, vi, 55), où elle est attribuée aux lévites de la famille de i Caath, elle est nommée Baalam (hébreu : Bil’âm). Ochozias, roi de Juda, fuyant Jéhu, qui venait de tuer devant lui, à Jezraël, Joram, fils d’Achab, passa par Beth-haggàn (grec : BaiOfàv ; Vulgate : domus horti), et fut atteint et mortellement blessé près de Jéblaam, à la montée de Gaver (ma’âlêh-Gùr). IVReg., ix, 27. Lorsque les armées assyriennes conduites par Holopherne menaçaient de s’avancer sur Jérusalem, Belma était une des villes sur lesquelles comptaient les Juifs pour la défense des montagnes. Judith (grec), iv, 4. L’armée assyrienne assiégeant Béthulie occupait en longueur le territoire « depuis Dothaïn jusqu’à Bélamon ». Judith, vii, 3. Belma était à l’une des extrémités de la plaine, près de Béthulie, où avait été enseveli dans une grotte sépulcrale le mari de Judith ; Dothaïn, au côté opposé. Judith, viii, 3. Suivant le pseudo-Épiphane, Vit. Proph., t. xliii, col. 415, le prophète Osée serait originaire de Bélémoth de la tribu d’Issachar, et y aurait été enterré. La Chronique pascale, t. xcii, col. 364, signale la même croyance, mais écrit Bélémon ou Bélémoth.

Saint Jérôme, De situ et loc, au mot Abelmaula, t. xxiii, col. 875, indique un Abelméa sur la route de Néapolis à Scythopolis. Près de la route de Naplouse à Beisàn, la Scythopolis des Grecs, à deux kilomètres sud de Djénin,

— sans doute la Beth-haggân du IVe livré des Rois, — à une lieue nord-est de Tell-Dothàn, sur la limite du Sahel-’Arrabéh, plaine qui commence, au sud, sous ce tell, un peu à l’ouest du chemin montant qui Va de Djénin vers Kabatiéh et cette plaine, on aperçoit une vieille tour croulante s’élevant au milieu de divers débris qui attestent une ancienne localité. Ces ruines sont appelées KhirbetBel’améh ; à trois ou quatre minutes de la ruine, près de la route de Djénin, on trouve un puits nommé Bir-Bel’améh. Dans ce nom et ce site, on reconnaît généralement l’antique Yblé’am ou Bile’am, la Belma du livre de Judith.

L. Heidet.

    1. BELMEN##

BELMEN (BIX[i£v), localité mentionnée par le texte grec du livre de Judith, iv, 4, omise dans la Vulgate. Elle est nommée parmi les villes de Samarie entre Bethoron et Jéricho. La version syriaque porte Abelméhula. Voir

I. — 52

col. 33. Le grec Bs).|j.lv paraît à la plupart des commentateurs n’être qu’une variante d’orthographe de BeXSac’p., Bevjiaîv, appelé dans la Vulgate Belma, Judith, vii, 3, aujourd’hui Bel’améh.VoiT Belma. Cf. Conder, Tent-work in Palestine, 1878, t. ii, p. 335.

    1. BÉLOMANCIE##

BÉLOMANCIE, divination par les ilèches. Ezech., xxi, 21 (hébreu, 26). Voir Divination et Flèches.

    1. BELSAM##

BELSAM, BELSAN (hébreu : BiUân, « fils de la langue, éloquent ; » Septante : BaXamxv, BaXdâv), un des principaux personnages qui revinrent de l’exil de Babylone avec Zorobabel. Dans la Vulgate, il est appelé Belsam, II Esdr., VH, 7, et Belsan, I Esdr, , ii, 2.

    1. BELSHAM Thomas##

BELSHAM Thomas, ministre socinien anglais, né à Bedford (Angleterre) le 15 avril 1750, mort à Hampstead le Il novembre 1829. En 1778, il devint pasteur de l’église dissidente de Worcester ; en 1781, il fut chargé de la direction de la Daventry Academy. Il résigna ses fonctions en 1789, après avoir fait profession des idées unitariennes, et se mit à la tête d’une institution socinienne, fondée par Priestley, le Hackney Collège, qui, du reste, ne subsista pas longtemps, faute de ressources. De 1805 à 1829, il tut, à Londres, ministre de l’Essex Street Collège. Jl travailla à la publication unitarienne Improved version of the New Testament, in-8°, Londres, 1808. Il fut le promoteur de l’établissement de VUnitariqn Society for promoting Christian Knowledge, et fut considéré, après le D r Priestley, comme le fondateur de l’unitarisme en Angleterre. Parmi ses ouvrages, nous n’avons à citer que The Epistles of Paul the Apostle translatée, with an exposition and notes, 4 in-8°, Londres, 1822. « Doctrine erronée, érudition inexacte, interprétations forcées, » dit Orme, Bibliotheca biblica, p. 25. — Voir J. Williams, Memoirs of Th. Beisham, including a brief notice of his published works and copions extracts from his diary ; together with letters, in-8°, Londres, 1833.

    1. BELTRAMI##

BELTRAMI, en religion Ferdinand de Varèse, capucin de la province de Lombardie, né le 17- juillet 1739, revêtit l’habit religieux le 14 juin 1757, fut bon prédicateur et fournit une longue carrière, pendant laquelle nous ne le voyons favorisé d’aucune autre distinction que celle d’avoir servi de secrétaire à son provincial, le P., Candide de Varèse, de 1768 à 1771. Il mourut au couvent de Tradati, le 8 septembre 1805. On a de lui : L’Ec-Clesiaste di Salomone, secondo la nuova versions fatta su l’ebreo da’PP. Cappucini délia société Clementina di Parigi, in-4°, Milan, 1773 ; Saggio sopra il libro di Giobbe, secondo la nuova versione, in-4°, Milan, 1774.

P. Apollinaire.

1. BEN. Ce mot hébreu, bén et bin, <.. le sens primitif de « fils » et plusieurs autres sens dérivés. — 1° Il entre dans la composition des noms propres d’hommes. Voir Benjamin (hébreu : Binyâmîn), Benhaïl, etc. — 2° Il sert à désigner non seulement les fils, mais les petits-fils, et même les descendants très éloignés d’un chef de famille, de tribu ou de nation : benê Ysrd’êl, « les fils d’Israël, les Israélites ; » benê Yehûdah, « les fils de Juda, les Juifs, » etc. — 3° Joint à un nom de lieu, de ville, de pays, il a le sens de citoyen, d’habitant de cette ville, de ce pays : benê Siyôn, « fils de Sion, habitants de Sion ; » benê Qédém, « fils de l’Orient, » etc. De là : benê’ammî, « fils de mon peuple, mes concitoyens ; » benê bayif, « fils de la maison, esclaves nés dans la maison. » — 4° Il se met pour disciple : ainsi benê hannebî’im, « fils des prophètes, » signifie « disciples des prophètes ». — 5° Avec un nom de qualité ou de défaut, il forme des adjectifs correspondant au nom employé : bén hayil, « fils de la vaillance, vaillant ; » benê beliya’al, « fils de la aiéchanr ceté, vauriens, méchants. » Ces adjectifs sont devenus quelquefois des surnoms, et par là des noms propres.

Cf. Benhaïl. — 6° Avec un nom de récompense ou de peine, 6e » a le sens de « digne de » : bén mâvét, « fils de la mort, digne de mort ; » bén hakkôt, « fils du frapper, digne de coups. » — 5° Avec un nom de temps, d’âge, il a le sens du mot latin natus, « . âgé de : » bén Semônim sânâh, « fils de quatre-vingts ans, âgé de quatre-vingts ans ; » bén mê’âh sânâh, « fils de cent ans, âgé de cent ans. » La Vulgate a traduit dans cet endroit, Is., lxv, 20, par puer au lieu de natus, ce qui forme une association de mots étrangère à l’original : « un enfant de cent ans. » Au féminin, dans tous ces hébraïsmes, le mot bat, « fille, » remplace le masculin bén, « fils. » Les Septante et la Vulgate ont conservé la plupart de ces hébraïsmes, en. traduisant littéralement bén par uî’o : , filius. Quelquefois cependant ces versions ont préféré traduire plutôt’le sens que les mots, et en quelques endroits elles ne l’ont pasbien saisi. Voir S. Glassius, Philologia sacra, in-4°, Leipzig, 1643, col. 656-667.

E. Levesque. 2. BEN ( hébreu : Bên, « fils » ), lévite de la famille de Mérari, d’après I Par., xv, 18. Cependant ce nom ne se retrouve paàj au ꝟ. 20, où régulièrement il devrait être répété ; de plus, il est omis par les Septante. Il est donc probable que nous avons là un nom commun se rapportant au nom propre précédent : « Zacharie, fils de… » Le syriaque et l’arabe suppléent le nom du père, qui aurait été oublié par les copistes : « Zacharie, fils de Neaôl. » Trois manuscrits hébreux omettent le mot bén. E. Levesque.

    1. BEN ABINADAB##

BEN ABINADAB (hébreu : Bén-âbînâdâb, « fils d’Abinadab ; Septante : uïb ; ’A[iiva8à6), intendant de Salomon dans le pays de Néphathdor ; il avait épousé Tapheth, fille du roi. III Reg., iv, 11. Il parait désigné seulement par le nom de son père, comme plusieurs des intendants de Salomon. Voir Abinadab 4, col. 58. E. Levesque.

    1. BÉNADAD##

BÉNADAD (-nn-p,

Bén-Hâdad ; suivant les Septante-nn-p, Bén Hâdér, uto ; "ASep). Nom de trois princes qui régnèrent à Damas, au Xe et au IXe siècle avant notre ère, d’après la chronologie biblique.

On attribue à ce nom, Bén-Radad, le sens de fils de Hadad, c’est-à-dire du dieu Hadad (fig. 481), et on le considèrecomme la traduction hébraïque de Bar-Eadad, qui en.

481. — Le dien Adad. Statue du musée royal de Berlin.. D’après une photographie. Cottestatue, endolerlte.de 2 m 85 de haut, , a été trouvée au tell de Gerdschin, près du village de Sendjirli dans, la région de l’Amanas. Sur la robeest gravée, en caractères phéniciens, une inscription de trente-quatre lignes, qui commence ainsi : « C’est moi, Panammu (vnr> siècle, av..T.-C), nls de Qarîl, roi de Iadi, qui al élevé cette stèle a Hadad., . » 1573

BÉNADAD — BENCE

ism

serait la forme araméenne. Cette dernière semble se retrou ver dans le nom Bir-Dadda, que porte un chef du pays de Cédar (à l’est de la Damascèue), dans les inscriptions d’Assurbanipal, roi d’Assyrie. Du moins est-il certain que le second composant Hadad, ou, par la chute de la syllabe brève hâ, Dad, désignait une divinité ; le culte de Hadad se pratiquait encore à Damas du temps de Josèphe, Ant. Jud., IX, iv, 6. Les lettres de Tell el-Amarna, vers le xve siècle avant notre ère, offrent le même vocable, parfois précédé du déterminatif des noms de divinités, dans les noms propres de chefs palestiniens Jiib-Adda ou Rib-Addi, Adda-mihir, Yapa-Addi. Les formes Adda et Addi, dans l’idiome de ces documents, en supposent en effet une autre, non déclinée, Adad. Adad (fig. 482), était la grande divinité syrienne d’après Macrobe, (Saturn., i, 23, 18), qui lui adjoint comme épouse, une déesse Adar-gatis. D’un autre côté, les inscrip 482. — Le dieu Adad.

Cylindre du Musée Britannique. À gauche le dieu Hadad, la tête couronnée de rayons ; devant lui un eunuque assyrien, les mains levées en signe d’adoration ; à droite un prêtre accomplissant sans doute l’initiation. L’inscription porte : « À Atodban, flls de Gebfod, l’eunuque, qui adore Hadad ».

tions d’Assurbanipal nous révèlent le nom d’une divinité syrienne Atar-samaïn. Adar ou Atar doit être un nom de divinité, déterminé tantôt d’une façon, tantôt d’une autre, comme le Baal chananéen. Et puisque Fils d’Adad ou Fils d’Adar ont au fond le même sens, c’est vraisemblablement par là qu’il faut expliquer les variantes des noms syriens Bénadad ou Bénader, Adadézer ou Adarêzer, dans les manuscrits bibliques. Le dernier de ces noms est plutôt hébreu qu’araméen. Adadézer signifie en effet Adad est secours, ce qui se dirait en araméen Adadéder. Adadézer serait donc une transformation comme Bénadad.

1. BÉNADAD I er, contemporain d’Abiam et d’Asa, rois de Juda (958-914), de Jéroboam, Nadab et Baasa, rois d’Israël (975-930), fut un prince assez puissant ; il reçut d’Abiam et d’Asa des présents qui ressemblaient fort à des tributs. Il renonça pour ce motif à l’amitié de Baasa, roi d’Israël, envahit ses États, et le contraignit à laisser en paix Asa et à évacuer la forteresse de Rama, que Baasa avait construite sur le territoire de Juda. III Reg., xv, 16-21 ; II Par., xl, 1-5.

2. BÉNADAD II, contemporain d’Achab, d’Ochozias et de Joram, rois d’Israël (917-885), fut mis en déroute par Achab sous les murs de Samarie, qu’il assiégeait à la tête de trente-deux dynastes syriens, ses vassaux. Vaincu de nouveau et fait prisonnier à Aphec (suivant quelques-uns Aphec dans la plaine de Jezraël ; suivant d’autres, Aphec au delà du lac de Tibériade ; voir Aphec 5, col. 730), il sut le fléchir et en obtenir une paix honorable, dont il n’observa pas toutes les conditions. Il refusa de rendre la ville de Ramoth de Galaad, au siège de laquelle Àchab périt trois ans après, sous les yeux de son allié Josaphat de Juda. Sous Joram, Bénadad II assiégea de nouveau Samarie, et lui fit endurer toutes les horreurs de la famine ; mais il vit sa proie lui échapper des mains, comme

l’avait prédit Elisée, à cause d’une terreur nocturne qui dissipa son armée. Il mourut peu après à Damas, étouflëj. sur le lit où il gisait malade, par Hazaël, un de ses-offr*. ciers, qui lui succéda. III Reg., xx, 1-34 ; xxil, 1.-37 ; IV Reg., vi, 8-33 ; vu ; iii, 7-15 ; II Par., xviii. — Tels sont les renseignements de la Bible sur Bénadad IL.. Les assyriologues, se fondant sur la leçon des Septant&. (bén Ader = fils d’Ader), ont cru le retrouver sous^ui » ;

nom | » -*-J~.4— JJ-dî^-J tEr-41 *-]<, qu’ils ont lu successivement Bin-idri (lecture qui n’a plus guèreî de partisans), Raman-idri, Dad-idri, dans les inscriptions de Salmanasar II, roi de Ninive de 860 à 825, suivant la chronologie assyrienne. Cuneiform Inscriptions* of Western Asia, t. iii, pi. 8, lig. 90. L’hypothèse n’a ; pas cessé d’être admise, malgré la grande ressemblance » de Dad-idri avec Adadézer, parce que les mêmes inscriprtions mentionnent une fois, comme allié de Dad-idri, contre les Assyriens, un Ahabbu Sir’alai, « Abahba : du pays de Sir’al, » identifié par eux avec Achab d’Israël. Dans cette supposition, Bénadad ou Dad-idri, avec douze rois alliés, fut défait trois fois par les Assyriens : en 854, . à Carcar, sur l’Oronte, où Achab figure avec lui ; eu 849, dans le pays d’Amath, également sur l’Oronte, et en.84&, . on ne sait en quel endroit. L’alliance ntomentanée d^Achato. et de Dad-idri devrait se placer dans l’intervalle de poix, qui suivit la bataille d’Aphec. Il s’ensuit de là, entre la » Bible et les monuments assyriens, une divergence de ; dates dont il sera parlé à l’article Chronologie biblique.. On trouvera les textes de Salmanasar II relatifs à Dad-idri*, transcrits en caractères latins et traduits, dans Schrader, Die Keilinschriften und dos Alte Testament, 2 ? édit., , p. 193-203. Voir Achab.

3. BÉNADAD III, fils et successeur du roi Hazaël dont il a été question ci-dessus, n’est connu que pour avoie été vaincu trois fois par Joas, roi d’Israël (848-825), et forcé Je lui restituer les villes enlevées à son père Joachaipar : Hazaël. IV Reg., xiii, 24, 25. Cf. Amos, i, 4 ; Jer., xlixv 27 ;

A. Delattre.

    1. BEN - AMMI##

BEN - AMMI (Bén-’ammi), nom, dans le texte hébreu, Gen., xix, 38, du fils de Lot que la Vulgate appelle Ammon. Voir Ammon 2, col. 489.

    1. BEN-ASCHER##

BEN-ASCHER, Juif massorète du commencement du x° siècle, appelé par les uns Aaron, par d’autres Moïse, oh encore Aaron ben Moschéh. Grætz, Histoire des Juifs, trad. Bloch, in-8°, Paris, 1888, t. iii, p. 348’, en distingue deux, l’un nommé Moschéh Bèn-Ascher, et l’autre, son fils, Aaron Ben-Ascher, qui tous les deux auraient travaillé à la ponctuation de la Bible. Voir, pour Aaron Ben-Ascher, Aaron 11, col. 11. E. Levesque.

    1. BENCE Jean##

BENCE Jean, né à Rouen en 1568, mort à Paria en 1642, docteur de Sorbonne. Il fut, lors de l’institution de l’Oratoire, en 1611, l’un des six premiers compagnons du P. de Bérulle, qui l’employa à diverses fondations en province. En 1631, il revint à Paris et y demeura jusqu’à sa mort. On a de lui : Manuale in sanctum Jesu Chrwti Evangelium, 2 in-12, Lyon, 1626 ; Manuale in ortmes D. Pauli apostoli Epistolas itidem in septem Epistolas catholicas, % in-12, Lyon, 1628. Ces deux ouvrages, qui eurent l’un et l’autre plusieurs éditions, renferment un extrait succinct de ce qui a été dit de meilleur suw le Nouveau Testament, tant par les Pères que par les interprètes plus modernes. Richard Simon, Commentateurs’, Rotterdam, 1693, p. 650, remarque que le P. Bencesœvit « pied à pied le commentaire d’Estius ». Il ajoute que ses livres peuvent être utiles à ceux qui commencent à- étudier le Nouveau Testament. — À la fin du premier ou-. vrage se trouvent quelques pages d’excellents conseils, intitulés : Modus meditandi Evangelia et totam Sacrant Scripturam. A. Incold. 1575 BEN-DAVID — BÉNÉDICTINS (TRAVAUX DES) SUR LES ÉCRITURES 1576

    1. BEN-DAVID Lazare ou El’asar ben David##

BEN-DAVID Lazare ou El’asar ben David, auteur juif, né à Berlin le 18 octobre 1764, mort dans cette ville le 28 mars 1832, directeur de l’école Israélite. Ses œuvres scripturaires sont : 1° Vber die Religion der Hebrâer vor M oses, in-8°, Berlin, 1812 ; 2° Vber den Glauben der Juden an einen kûnftigen Messias, d’après Maimonîde et les cabalistes, paru dans la Zeitschrift fur die Wissenschafl des Judenthums, in-8°, Berlin, 1823, p. 197-230 ; Uebergeschriebenes und mûndliches Gesetz (als i Kapitel der Vntersuchungen ûber den Pentaleuch), paru dans là même revue, 1823, p. 472-500. E. Levesque.

    1. BENDÉCAR##

BENDÉCAR (hébreu : Bén-déqér, « fils de Déqér ou fils de la pique ; » Septante : vh( Âaxip), un des douze intendants de Salomon. Son pouvoir s’étendait sur Maccès, Salébim, Bethsamès, Élon et Béthanan. III Reg., iv, 9. Il paraît être désigné par le nom de son père, comme cinq de ces intendants. Bén-déqér pourrait cependant iormer un nom propre.

    1. BÉNÉDICTINS##

BÉNÉDICTINS (TRAVAUX DES) SUR LES

SAINTES ÉCRITURES. Cet ordre fut fondé par saint Benoît, abbé, mort en 543, dans le monastère du Mont-Cassin qu’il avait tonde vers 529 et où il écrivit la règle célèbre qui lui a valu à juste titre le nom de patriarche des moines d’Occident. S’inspirant des traditions et des règles monastiques de l’Orient, il recommande a ses disciples la lecture quotidienne, l’étude et la méditation de l’Écriture Sainte, qui est d’après lui la règle la plus sûre pour toute vie humaine. Les disciples du saint patriarche se montrèrent iidèles à ses prescriptions, et dans tous leurs monastères, à toutes les époques, ils mirent leur gloire à posséder de beaux et corrects manuscrits des Livres Saints, que quelques-uns copiaient avec piété, tandis que d’autres les expliquaient en s’appuyant sur les commentaires qu’en avaient faits les docteurs orthodoxes.

Saint Grégoire le Grand professa la vie monastique dans le monastère de Saint -André qu’il avait fondé sur le mont Cœlius. Apocrîsiaire à la cour de Constantinople, Souverain Pontife, il ne cessa d’étudier les Saintes Écritures ; il écrivit ses Morales sur Job, ses Homélies sur Ézéchiel, sur les Evangiles, etc.

Ce fut ce pape qui envoya Augustin, disciple de saint Benoit, prêcher la foi dans la Grande-Bretagne, et cet apôtre avec ses compagnons porta dans cette île, avec la lumière de l’Évangile, l’amour et l’intelligence de nos Livres Saints. Saint Adelme, abbé de Malmesbury, puis évêque de Sherborne, était très versé dans la connaissance des langues grecque et hébraïque ; il traduisit le psautier en ani, losaxon, et son érudition paraissait prodigieuse à sesconlemporains ; aussi de l’Irlande, de l’Ecosse et même des Gaules, les disciples venaient-ils se ranger en foule autour de la chaire où il expliquait les Écritures. Saint Jean de Beverley, archevêque d’York, commentait les Évangiles, mais son plus beau titre de gloire est d’avoir été le maître du V. Bède. Celui-ci, qui avait eu également pour maîtres deux moines très versés dans la science des Saintes Lettres, Benoît Biscop et Céolfrid, consacra tous ses efforts à l’intelligence de nos livres sacrés, et comme il le dit lui-même, après l’observation de la règle et l’accomplissement de l’office divin, rien ne lui était plus agréable que d’enseigner ou d’apprendre les Saintes Écritures. Il avait une sœur religieuse, et ce fut à sa prière qu’il composa son traité sur Habacuc. Les moniales, en effet, faisaient alors de l’étude des Livres Saints une de leurs occupations habituelles. Toutes connaissaient la langue latine, et il n’était pas rare d’en rencontrer qui possédassent parfaitement les langues grecque et hébraïque. Le moine Winfrid, dans ce même pays, avait enseigné les Saintes Lettres aux moniales, et lorsque, sous le nom de Boniface, il alla prêcher la foi en Germanie, il fit venir au milieu des nations païennes des vierges consacrées au Seigneur qui lui furent d’un grand secours dans ses

missions Archevêque de Mayence, ii implora de la charité des amis qu’il avait laissés en Angleterre les Commentaires du V. Bède, des copies des Livres Saints, que les moines de la Grande-Bretagne et d’Irlande exécutaient d’une manière remarquable. Il laissa lui-même un manuscrit des Évangiles, écrit de sa main, qui est conservé dans la Bibliothèque de Fulde (n° 3). Il fut mis à mort dans la Frise, en 747. À la fin de ce même siècle nous trouvons en Italie, saint Ambroise Autpert, abbé de SaintVincent-du-Vulturne, qui dédia au pape Etienne IV son Commentaire sur l’Apocalypse.

De la Grande-Bretagne vint en Gaule, à la fin du vme siècle, le savant Alcuin, auquel Charlemagne confia la direction de l’école palatine, et qui fut placé par ce même prince à la tête de plusieurs abbayes importantes. Ses éditions corrigées de la Vulgate sont célèbres. Parmi ses disciples nous remarquons Haymon d’Halberstadt et Rhaban-Maur, abbé de Fulde, puis archevêque de Mayence, qui dès l’âge de dix-huit ans s’était adonné à l’étude de la Bible. À cette époque le monastère de Fulde compta jusqu’à deux cent soixante-dix moines, presque tous très versés dans la science des Écritures, et à cette abbaye accouraient des religieux étrangers désireux d’apprendre sous de tels maîtres à connaître et à aimer nos Saints Livres. Nommons parmi eux Harmut de Saint-Gall, Angelomne de Luxeuil, Loup de Ferrières, Otfrid de Weissembourg et Walafrid Strabon de Reichenau, qui le premier nous a laissé sur toute l’Écriture Sainte une glose formée des textes des anciens docteurs.

Les écoles des abbayes prennent un grand développement, et tout l’enseignement y repose sur l’interprétation des Saintes Écritures. Aussi presque tous les religieux que nous allons avoir à mentionner eurent-ils à remplir les fonctions d’écolâtre. À Corbie mourait, en 860, l’abbé Paschase Ratbert, qui, passionné pour l’étude, connaissait le grec et l’hébreu, commentait les Livres Saints d’après la tradition et recommandait à tous la méditation de la Bible : puer ut crescat, senex ne deficiat. Parmi les moines de Corbie à cette époque, nommons Ratramne et Chrétien Druthmar qui enseigna à Stavelot et à Malmédy. L’abbaye de Saint -Mihiel en Lorraine est gouvernée par Smaragde auquel nous devons plusieurs commentaires. En Suisse, dans le célèbre monastère de Saint-Gall, brille Notker qui eut parmi ses disciples Hatpert et Salomon, évêque de Constance, auquel il dédia son livre : De exposiloribus Sacrx Seripturx. Quelques années plus tard et non loin de là enseignait le moine Meinrad, que Trithème, non sans exagération, compare à saint Jérôme. En Allemagne, Jean, abbé de Gorze, ne cessait d’étudier nos Saints Livres à l’aide des écrits de saint Grégoire, et il était arrivé à posséder presque entièrement dans sa mémoire les œuvres de ce docteur.

Pendant le XIe siècle, qui vit l’Église romaine soutenue et défendue par les moines de Cluny, l’ordre de Saint-Benoit se divisa en plusieurs familles. Saint Romuald fonda les Camaldules ; saint Jean Gualbert, Vallombreuse ; saint Etienne de Muret, Grandmont ; Robert d’Arbrissel, Fontevrault, et saint Robert de Molesmes les Cisterciens, qu’illustrera bientôt saint Bernard. Laissant de côté les religieux de ces divers ordres, nous ne parlerons ici que de ceux qui ont été appelés les moines noirs, et qui forment la branche la plus ancienne du vieux tronc bénédictin.

En 1012, le V. Olbert, moine de Lobbes, était appelé à gouverner le monastère de Gembloux ; la discipline y était bien relâchée, et pour établir une solide réforme, le saint abbé ne crut pouvoir mieux faire que de faire revivre dans son abbaye l’étude des Saintes Écritures. En 1034, le chevalier JJeriuin fonda le monastère du Bec et en devint le premier abbé. Se souvenant de ces paroles de la règle : Opportet abbatem esse doctum in lege divina, bien qu’âgé de quarante ans, il se mit à étudier la grammaire et il fit de tels progrès, que bientôt, Dieu aidant, il put expliquer l’Écriture Sainte à ses disciples émerveillés. 1577

    1. BÉNÉDICTINS##

BÉNÉDICTINS (TRAVAUX DES) SUR ; LES ÉCRITURES

1578

Sous son gouvernement ; le B. Lanfranc exerçait les fonctions de prieur, et il ouvrit des écoles qui, célèbres dans toute la chrétienté, attirèrent au Bec saint Anselme qui, en 1093, devint archevêque de Cantorbéry. Ce fut sur les conseils du B. Lanfranc que Guibert de Flaix, plus tard abbé de Nogent, se mit à étudier les Écritures en prenant pour guide saint Grégoire le Grand. Le B. Wolphème, abbé de Brauweiler, près de Cologne, reconnaissant que rien n’était plus utile à ses religieux que la connaissance des Livres Saints, ordonna que dans son monastère chaque année la Bible en entier serait lue une fois et les Saints Évangiles quatre fois. C"est à une pensée analogue qu’obéit dom Claude Lancelot, publiant en 1689 un ouvrage sous le titre de Nova dispositio Sanctse Scriptural qua illa per annum intégra legi potest. Mentionnons encore dans la dernière partie de ce siècle, Fulgence, fondateur et abbé d’Afllighem, Alulphe, moine de Saint-Martin de Touruay, et saint Anselme, évêque de Lucques.

Au XIIe siècle, comme aux époques précédentes, les moines chargés d’enseigner ce que nous appelons la théologie dogmatique ou morale le font encore en commentant les Livres Sacrés dont ils expliquent le texte à l’aide des docteurs qui les ont précédés. Cependant le célèbre Abélard se plaint de ce que les religieux n’apportent plus le même zèle à la méditation des Saintes Écritures. D’autres études les préoccupent, et l’enseignement va bientôt prendre une nouvelle forme. Il nous faut toutefois mentionner les noms d’Osbern de Glocester et de Rodolphe l’Aumônier, moine de Westminster en Angleterre. En Italie, nous rencontrons Brunon, évêque de Segny, puis abbé du Mont-Cassin ; en Gaule, Richard des Fourneaux, abbé de Préaux ; Arnaud, moine de Marmoutier, puis abbé de Bonneval, au diocèse de Chartres ; Hervé de Bourgdieu ; Guibert, abbé de Florennes, puis de Gembloux ; Pierre de Celle, évêque dé Chartres ; en Allemagne, Wolberon, abbé de Saint-Pantaléon de Cologne ; Godefioi d’Admont et Rupert de Deutz, qui commenta presque tous les livres de la Bible et traça à ses religieux les règl es à suivre dans l’interprétation des Saintes Écritures. Pendant le xme siècle, qui vit cependant naître les ordres de saint François et de saint Dominique, la décadence des études dont se plaignait Abélard ne fait que s’accroître, . et est accompagnée presque partout d’un relâchement delà discipline monastique. Voulant remédier aux désordres qui s’étaient glissés dans les cloîtres, Henri de Fautrières, élu abbé de Cluny en 1308, promulgua des statuts importants pour son monastère et les nombreux prieurés qui en dépendaient. Il y insiste sur la dignité, l’utilité et la nécessité de la méditation des Livres Saints, et il ne considère l’étude de la logique et de la philosophie que comme un moyen d’approfondir davantage le texte sacré. Les œuvres de sainte Gertrude et de sainte Mecthilde nous prouvent cependant que l’étude de la Bible était encore en honneur dans un certain nombre de monastères, même parmi les vierges consacrées. En France, Pierre Bersuire publie son Reductorium morale utriusque Testamenti et son Commentaire sur les Psaumes. En Angleterre, nous devons mentionner Jean de Tinemoufh, moine de Saint-Alban ; Roger et Jean Everisden, moines d’Edmundsljury ; Casterton, moine de Norwich et le cardinal Adam Eston, qui, entre autres travaux, traduit de l’hébreu en latin tout l’Aucien Testament.

Un grand nombre de monastères, s’étant réformés, donnèrent naissance à de nouvelles congrégations. En 1408, se forma dans l’abbaye de Sainte -Justine celle qui prit plus tard le nom du Mont-Cassin, et en 1417, Jean de Meden commença à Bursfeld une réforme qui s’étendit à plus de cent cinquante monastères. À la fin de ce siècle, le pieux et savant Trithème était élu abbé de Spanheim. Dès son entrée dans la vie monastique, nous dit-il, rien ne lui fut plus agréable et plus suave que l’étude du texte sacré. Il s’efforça, par son exemple et ses exhortations,

d’amener ses religieux à la méditation dés Saintes Écritures et d’établir ainsi une sage réforme dans son abbaye.

Si nous devions nous en rapporter aux protestants, lorsque parut Luther, l’étude de la Bible n’aurait guère été en honneur. Cette accusation est fausse. Cependant le cardinal Stanislas Hosius remarquait en gémissant qu’il avait rencontré des religieux qui ne connaissaient que Thomas et Scott et ne trouvaient pas l’Écriture Sainte digne d’une étude sérieuse. Ces reproches ne pouvaient s’adresser à tous les monastères, mais il est vrai que les attaques de l’hérésie contre l’Église romaine ramenèrent à une étude plus approfondie du texte sacré et de la tradition eeux qu’un amour exagéré pour la forme scholastique en avait éloignés. En 1536, un concile tenu à Cologne ordonna d’enseigner dans les monastères l’Écriture Sainte à tous les jeunes religieux, et ceux qui montraient le plus de goût pour cette étude devaient être déchargés de certains emplois moins relevés. Le concile de Trente, dans sa cinquième session, rendit un décret analogue et de plus donna aux évêques le droit d’intervenir, comme délégués apostoliques, dans les monastères où ces prescriptions ne seraient pas observées. Marc de Crémone enseignait alors avec succès dans la congrégation de Sainte-Justine ou du Mont-Cassin, qui eut à se glorifier de compter parmi ses membres Isidore Clarius, une des lumières du concile de Trente, Benoît Bonsignorius, Jean-Baptiste Folengius et Benoît de San-Germano. En Espagne, François Ruiz, abbé de Saint-Facond, donne, d’après les Pères grecs et latins, les règles qui doivent présider à l’interprétation de l’Écriture Sainte, et Jérôme Lauret, abbé de Saint-Félix de Guixol, publie son Hortus floridus À llegoriarum, si utile pour ceux qui à l’étude du sens littéral veulent joindre celle du sens allégorique. En France, Gilbert Genebrard publie et commente l’Ancien et le Nouveau Testament, et dans les Flandres le V. Louis de Blois, abbé de Liesse, recommande à ses religieux la méditation des Livres Saints, où ils trouveront toutes les consolations dont ils peuvent avoir besoin. Il leur conseille d’y joindre la lecture des Pères et surtout celle des œuvres de saint Augustin.

Dans les premières années du xvii" siècle prit naissance, en Lorraine, la congrégation de Saint-Vanne et de Sajnt-Hydulphe, approuvée par Clément VIII, en 1610. Des monastères de France se soumirent à ses observances, et ainsi se forma pour ce pays la congrégation de Saint-Maur que lés papes Grégoire XV et Urbain VIII approuvèrent en 1621 et 1627. Ses membres joignirent à une observance rigoureuse un grand amour pour l’étude, et la science sacrée leur doit une grande reconnaissance pour les éditions des Pères de l’Église qu’ils publièrent. Mabillon édita saint Bernard ; D. Blampin, avec plusieurs de ses confrères, saint Augustin ; D. Jacques du Frische, saint Ambroise ; D. Denis de Sainte - Marthe, saint Grégoire le Grand. Saint Irénée eut pour éditeur D. Massuet ; saint Jean Chrysostome, D. Montfaucon ; saint Basile, D. Maran et D. Garnier ; Origène, les PP. Charles et Vincent de la Rue ; saint Jérôme, Martianay, etc. En même temps d’autres religieux se livraient à des travaux d’exégèse. D. du Four se faisait connaître comme hébraïsant ; D. Mège publiait une explication des psaumes tirée des SS. Pères ; D. Martianay défendait dans de savants écrits le texte hébreu et la Vulgate contre les attaques des protestants, et s’occupait de la chronologie biblique ; D. Montfaucon recueillait et publiait tout ce qui nous reste des Hexaples d’Origène ; D. Pierre Sabathier éditait avec soin l’ancienne version « Italique », et D^ Ansart donnait, en 1769, un commentaire sur le Cantique des cantiques. Dans la Congrégation de Saint -Vanne et de Saint-Hydulphe, qui compta un moins grand nombre de monastères, nous rappellerons les noms de Matthieu Petitdidier, évêque de Macra, auteur de dissertations chro-’nologiques sur tous les livres de l’Ancien Testament ; de Louis Riclot, commentateur des Épîtres ; de Pierre GuilW39 BÉNÉDICTINS (TRAVAUX DES) SUR LES ÉCRITURES — BÉNÉDICTION 1580

femin, d’Ildephonse Cathelinot et enfin de dom Calmet, .abbé de Senones, auteur d’un Dictionnaire de la Bible, d ! un commentaire littéral de l’Ancien et du Nouveau -Testament, et de dissertations sur tous les livres de EÉcriture. Parmi les religieux de notre pays étrangers à ees congrégations, nommons Jacques du Breuil, éditeur tde-saint Isidore de Séville, Claude Lancelot, moine de -Saint-.Cyran, Jean d’Espières, prieur d’Anchin, et, en fElandre, Hubert Phalesius d’Affïighen.

IEn Angleterre, nous rencontrons Léandre de Saintâlartin, président de la congrégation anglaise, un des principaux éditeurs de la Bible de Douai et de la Glossa ordinaria. L’Espagne nous fournit Antoine Perez, qui, de rmoine de Saint-Dominique de Silos, devint évêque de larragone, François de Lemos, abbé de Sainte -Zoïle, et Emmanuel Villaroël ; tous ces religieux appartenaient à

: 1a congrégation de Valladolid. En Portugal, nommons

Français Sanchez, commentateur de l’Ecclésiaste, et Grégoire ISaptista. La florissante congrégation des Saintsfvnges de Bavière compte parmi ses membres Thomas Erhard, Verémond Eisvogel, Célestin Leutner, moines Ae Wessobrunn ; Moser Nonnosus, abbé d’Attel ; Braun, moine de Tegernsee ; Louis Beda de Banth et Schwickardt d’Qttenburen. Léonard Rubenus, de la congrégation de jfîuFsfeld, est auteur d’un Dictionnaire biblique. François rMezger avec ses frères et Godefroi Kroël font profession de la vie monastique à Saint -Pierre de Salzbourg, et

: Starm Bruns à Fulde. Dans le grandduché de Bade nous

trouvons Germain Cartier, moine d’Ettenheimmunster, set : £n Autriche, Jérôme Besange et Placide Fixmillner, moines de Kremsmunster. En Italie, Jean-Antoine Orsati t est nommé par la république de Venise professeur d’Écri.tare Sainte ; Jérôme Bendanus enseigne à Padoue, et le nombre de ses auditeurs est si considérable, qu’il est contraint de transporter sa chaire dans la cathédrale. Virginius Valsechius professe à Pise et Benoît Bacchini m.Bologne. Tous ces religieux faisaient partie de la congrégation du Mont-Cassin.

.La tourmente révolutionnaire préparée par les philosophes se répandit de la France dans presque tous les pays de l’Europe. Elle renversa les monastères, en chassa les habitants et dispersa les trésors amassés pendant de longs siècles dans les bibliothèques des abbayes de l’ordre de : Saint-Benolt. La vie bénédictine ne disparut pas cependant complètement et, la tempête passée, les monastères se relevèrent ou reprirent une nouvelle vie. En Autriche, où l’ordre de Saint -Benoit avait moins souffert, nous îsemarquons un assez grand nombre de religieux qui dans les monastères de Martinsberg, de Kremsmunster, de .Môlk, de Saint-Pierre de Salzbourg, publient des traités rd’Herméneutique sacrée. En Allemagne, Haneberg, abbé de-Saint-Boniface de Munich, puis évêque de Spire, publie une histoire de la Révélation biblique, un traité d’archéo : logie biblique et un commentaire sur saint Jean, et dom -Maur Wolter, abbé et fondateur de la congrégation dé JBeuron, donne, sous le titre de Psallite Sapienter, un rpieux et savant commentaire des Psaumes. D. Anselme Nickes publie, à Rome, des Commentaires surEsdras et sur rE&theT ; D.Fr. de Sales Tiefenthal, à Einsiedeln, des Commentaires sur le Cantique des cantiques, l’Apocalypse et Daniel ; D. Petrus Lechner, en Bavière, des explications des Jïvangiles ; D. Pius Zingerle se fait remarquer à Marienberg par ses travaux érudits ; D. Odilo Wolf, à Imaus, en Bohême, par une étude sur le Temple de Jérusalem (1887) ; les religieux de Maredsous donnent à Tournai, Une bonne édition de la Vulgate latine, en 1881 et 1885, etc.

Jusqu’à nos jours, le XIXe siècle, si agité par les révolutions, n’a fourni, parmi les Bénédictins, qu’un nombre fort restreint de commentateurs. Ils doivent trop souvent vaquer à d’autres travaux que réclament d’eux le salut des âmes et la défense des droits de la sainte Église. Fidèles à la devise de leur glorieux patriarche : Ut in

omnibus glorificetur Deus, s’ils ne veulent rien ignorer des découvertes de la science moderne, ils savent cependant suivre les exemples de ceux qui les ont précédés et puiser dans les docteurs orthodoxes et dans la tradition les règles de l’interprétation de la Sainte Écriture. — Voir dom Tassin, Histoire littéraire de la congrégation de Saint-Maur, in-4°, Paris, 1770. — D. François, Bibliothèque générale de tous les écrivains de l’ordre de Saint-Benoît, 4 in-4°, Paris, 1777. — Ziegelbauer, Historia rei litterariee ordinis sancti Benedicti, 4 in-f°, Vienne, 1754. — Hurter, Nomenclator litt. iheologix catholicæ, 3 in-12, Inspruck, 1873-1886. — Scriptores ordinis sancti Benedicti qui (1750-1880) fuerunt in irnperio Austriaco-Hungarico, in-4°, Vienne, 1881.

B. Heurtebize.

1. BÉNÉDICTION, BÉNIR. Le mot « bénir » est la traduction de l’hébreu bêrêk dans l’Ancien Testament, du grec EÙXoyeïv, « dire bien, » dans le Nouveau. Ces deux verbes sont ordinairement rendus dans notre Vulgate par benedicere, d’où nous avons fait en français « bénir ».

I. Dans l’Ancien Testament. — 1° Le mot bârak, dans son sens primitif et étymologique, signifie « fléchir les genoux » ; il est employé avec cette signification II Par., vi, 13, où il est dit que Salomon : ibrak’al birkâv, « tom ba sur ses genoux. » Voir aussi Ps. xcv (Vulgate, xciv), 6 ; Dan., vi, 11. — Gen., xxiv, ll, ilseditdes chameaux qu’on fait agenouiller. Le substantif bérék signifie « genou ».

2° Comme, chez les Hébreux, on se mettait à genoux pour honorer Dieu, II Par., vi, 13 ; Ps. xçv (Xciv), 6 ; Dan., VI, 11 ; cf. Matth., xvii, 14, on donne fréquemment dans l’Écriture au verbe bêrêk quhel de bârak), en l’appliquant à Dieu, le sens de l’invoquer, de le louer et de l’adorer. Exod., xviii, 10 ; II Sam. (Reg.), xviii, 28 ; I (III) Reg., i, 48 ; viii, 15 ; I Par., xxix, 20 ; Ps. (hébreu) xvi, 7 ; xxvi, 12 ; xxxiv, 2 ; lxiii, 5 ; lxvi, 8 ; ciii, 1, 2 ; civ, 1, 35, etc.

3° Du sens de « bénir Dieu » on passa par analogie au sens de « bénir les hommes », — 1. En dépit du sens étymologique du mot, « fléchir les genoux, » bêrêk, ou pihel, se dit souvent dans l’Écriture de Dieu répandant ses bienfaits sur les hommes et sur toutes les créatures. C’est ainsi qu’après la création Dieu « bénit » les êtres qu’il vient de produire, Gen„ i, 22, 28, et, après le déluge, Noé et ses enfants, Gen., îx, 1, en leur disant : « Croissez, multipliez-vous. » Il « bénît » de même les patriarches, Abraham, Gen., xii, 2-3 ; xxii, 17 ; xxiv, 1 ; Isaac, xxvii, 16 ; cf. Hebr., xi, 20 ; Jacob, Gen., xxxv, 9 ; Laban, xxx, 27 ; les enfants d’Israël, Deut., i, 11 ; xii, 7 ; Ps. xxviii (xxix), 11 ; Putiphar à cause de Joseph, Gen., xxxix, 5 ; Samson, Jud., xiii, 24 ; Job, xlii, 12, etc. De là les noms propres : Betruch, « béni [de Dieu], » en latin, Benedicius, dont dont nous avons fait Benoît ; Barachie, « Jéhovah bénit ; » Barachiel, « Dieu bénit. » — Cette bénédiction de Dieu s’applique même aux choses inanimées, parce qu’il s^’en sert ainsi pour l’exécution de ses desseins et l’accomplissement de ses volontés : c’est pourquoi il bénit le sabbat ou septième jour, Gen., ii, 3 ; le pain et l’eau, Exod., xxiii, 25 ; les œuvres de Job, i, 10 ; la maison du juste, Prov., iii, 33, etc. — 2. Par suite de cette manière de parler, lorsque les hommes souhaitent du bien à quelqu’un, ils forment le vœu qu’il soit béni par le Seigneur : « Qu’Abraham soit béni par le Dieu Très-Haut, » dit Melchisédech. Gen., xiv, 19. Noémi s’exprime de même au sujet de Booz, Ruth, ii, 20 ; Saül au sujet de Samuel, I Reg., xv, 13, etc. Sur le mont Garizim, six tribus « bénissent » ceux qui seront fidèles à là loi. Deut., xxvii, 12 ; Jos., VIH, 33-34. Quand on veut remercier un homme d’un bienfait, on lui souhaite la bénédiction de Dieu. I Reg-, xxiii, 21 ; xxvi, 25 ; II Reg., ii, 5 ; II Esdr., xi, 2, etc. De là le sens de « prier » attaché au mot « bénir, » Exod., xii, 32 ; celui de « saluer », c’est-à-dire souhaiter la paix, qui est un don de Dieu, II (IV) Reg., iv, 29 (saintes, comme a traduit exactement la Vulgate) ; Prov., xxvii, 14 ; I Sam. (Reg.), xxv, 14, cf. }. 6 ; I Par., xvi, 43. Celui qui arrive -1581

BENEDICTION

1582 « bénit », c’est-à-dire salue celui qu il visite, comme Jacob, le pharaon. Gen., xlvii, 7. Cf. II Sam. (Reg.), vi, 20. Le salut est rendu de la même manière. I Sam. (Reg.), xii, 10. Au départ, on fait encore la même chose, soit celui qui part, Gen., xl vii, 10 ; I (III Reg.), viii, 66 ; soit ceux qui restent, Gen., xxiv, 60 (Vulgate : imprecantes prospéra) ; Jos., xxii, 6-7 ; II Sam. (Reg.), xra, 25 ; xix, 40 (Vulgate, 39). — La « bénédiction de Dieu », berâkâh, exprime donc « sa faveur » et les dons, les bienfaits divins qui en sont la conséquence. Gen., xxviii, 4 ; xxxix, 5 ; xux, 25, 26 ; Exod., xxxii, 29 ; Deut., xxxiii, 23 ; Ps. iii, 9 ; xxm (xxrv), 5 ; lxxxiii, 8 (lxxxiv. 7) ; cxxviii (cxxix), 8 ; Prov., x, 6, 22 ; xxviii, 2 ; Is., xix, 24 ; xliv, 3 ; lxv, 8 ; Ezech., xxxiv, 26 ; Joël, ii, 14, etc. — Naturellement « maudire » et « malédiction » sont opposés à « bénir » et « bénédiction », et signifient, le premier « souhaiter du mal », et le second les maux mêmes qui résultent ou peuvent résulter de ces mauvais souhaits. Deut., xxvii, 13-26 ; Jos., viii, 34, etc.

4° De même que Dieu « bénit » les hommes, les hommes qui le représentent sur la terre, cf. Hebr., vii, 7, par l’autorité naturelle, religieuse ou civile dont ils sont revêtus, tels que les pères de famille, les prêtres, les rois, « bénissent » leurs enfants, leurs frères ou leurs sujets au nom du Seigneur. Cf. Ps. cxxviii, 8. — 1. C’est ainsi qu’Isaac « bénit » Jacob, Gen., xxviii, 4, 7, 10, 27 ; xxvii, 3-4, et que Jacob bénit à son tour ses enfants, Gen., xlviii, 9 ; xlix, 26, sur son lit de mort. Moïse bénit également les tribus d’Israël avant de monter sur le mont Nébo pour y rendre son àme à Dieu. Deut., xxxiii, 1. Ces bénédictions des patriarches sont en même temps des prophéties de ce qui devait arriver à leurs descendants. — 2. Le prêtre bénit le peuple au nom du Seigneur, en se servant de la formule que Dieu lui-même a prescrite à Moïse : « Jéhovah parla à Moïse, disant : Ordonne à Aaron et à ses fils : Vous bénirez ainsi les enfants d’Israël et vous direz : Que Jéhovah te bénisse et qu’il te garde ! Que Jéhovah te montre son visage [te regarde avec bienveillance] ! Qu’il ait pitié de toi ! Que Jéhovah tourne vers toi son visage et qu’il te donne la paix ! — C’est ainsi qu’ils invoqueront mon nom sur les enfants d’Israël, et je les bénirai. » Num., vi, 22-27. Cf. Lev., ix, 22-23 ; I Reg., ii, 20 ; I Par., xxiii, 13 ; II Par., xxx, 27 ; Eccli., xxxvi, 19 ; Luc, I, 21. La bénédiction sacerdotale se compose de trois supplications dans chacune desquelles le nom de Jéhovah est expressément invoqué. Elles renferment, dans le texte original : la première, trois mots ; la seconde, cinq, et la troisième, sept. La bénédiction de Jéhovah doit ainsi assurer à l’homme : 4° la protection, 2° la bienveillance divine, 3° la paix, qui est comme le résumé de tous les biens, dont elle permet de jouir tranquillement. Ces quelques paroles, qui rappellent si bien à l’homme sa dépendance envers son Créateur, sont comme le germe fécond d’où sont sorties toutes les bénédictions de la liturgie chrétienne. Cf. Constit. apost., Il, 57, Patr. gr., t. i, col. 757. Elles sont d’autant plus dignes de remarque, que le monde païen, avant et après Jésus-Christ, n’a rien qui puisse leur être comparé ; il avait des souhaits, des salutations solennelles, des consécrations ; il avait même l’opposé de la bénédiction, c’est-à-dire la malédiction et l’imprécation, mais il n’a jamais connu cette bénédiction elle-même donnée au nom de Dieu. — 3. Salomon bénit le peuple au nom de Dieu, lors de la dédicace du temple, III Reg., viii, 14-15, 55-61 ; Ralaam bénit aussi Israël sur l’ordre du Seigneur. Num., xxiii, 11, cꝟ. 20 ; xxiv, 1.

5° Dans un petit nombre de passages de l’Écriture, « bénir », d’après l’explication la plus commune, s’emploie par euphémisme dans l’acception de « maudire Dieu, l’offenser, blasphémer ». Job, i, 5, 11 ; i, 5, et probablement aussi, ii, 9 ; I (III) Reg., xxi, 10 ; Ps. x, 3 (hébreu).

IL Dans le Nouveau Testament. — 1° Le mot eùXoYeïv, qui correspond dans le Nouveau Testament au mot bêrêk de l’Ancien, et qui est aussi rendu dans la Vulgate par benedicere, Luc, i, 42, etc., signifie dans le grec clas sique.* parler en bien de quelqu’un ou de quelque chose, louer ». Dans la langue des Apôtres, il a le même sens que bêrêk. Les Septante s’étaient déjà servis de ce mot pour traduire cette expression hébraïque ; de même, Phi-Ion. EùXoyeïv, choisi parce qu’il signifiait « louer », comme bêrêk, a pris ainsi un sens nouveau dans les livres de l’Écriture. Il veut dire « louer » Dieu, conformément à sa signification grecque, comme le bêrêk hébreu, Luc, i, 64, 68 ; ii, 28 ; xxiv, 53 ; Jac., iii, 9. Il veut dire de plus, dans une acception purement biblique, inconnue aux auteurs classiques, « souhaiter que Dieu fasse du bien, bénisse quelqu’un ». Matth., v, 44 ; Luc, ii, 34 ; vi, 28 ; Rom., xii, 14 ; I Cor., iv, 12 ; xiv, 16 ; 1 Petr., iii, 9. Jésus-Christ a apporté sur

483.

Jésus bénissant un démoniaque.

Sarcophage de Vérone.

la terre toutes les bénédictions de son Père, Act., iii, 26, EÙXoyÉa, Rom., xv, 29 ; Eph., i, 3 ; I Petr., iii, 9 ; il bénit les enfants (Ti’jXôyei), Marc, x, 16 ; ses Apôtres, Luc, xxiv, 50, 51, et par sa bénédiction il multiplie miraculeusement les pains et les poissons, Matth., xiv, 19 ; Marc, vi, 41 ; vin, 7. Cf. Matth., xxvi, 26 ; Marc, xiv, 22 ; I Cor., x, 16 ; Luc, xiv, 30.

2° Le mot e-jXoyta (Vulgate : benedictio), que les Septante avaient aussi employé pour traduire berâkâh, « bénédiction, » a dans le Nouveau Testament tous les sens du mot hébreu dans l’Ancien. — 1. « Louanges » données par les créatures à Dieu ou à Jésus-Chrjst. Apoc, v, 12, 13 ; vu, 12. — 2. Dans une acception exclusivement biblique, il signifie « bienfait » de Dieu, faveur qu’il accorde. Hebr., . VI, 3-7. Il a le sens de « souhaits, de prière pour demander des faveurs et des grâces, de bénédiction patriarcale », Hebr., xii, 17, comme Gen., xxvii, 35 (Septante) ; Jac., ni, 10. Cf. Eccli., iii, 10, 11 ; xxxiv, 27 ; Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 44. — 4. Il signifie les « biens » spirituels

de la vocation à la foi, I Petr., iii, 9 ; Rom, , xv, 29 ; Eph., I, 3 ; Gal., iii, 14 ; cf. Gen., xii, 3. — 5. Par analogie, il désigne aussi les bienfaits, les dons des hommes envers leurs semblables, les aumônes. II Cor., ix, 5 ; voir col. 1250.

— 6. EùXoYia est employé une fois par saint Paul, Rom., xvi, 18, dans un sens exclusivement grec, et unique dans l’Écriture, celui de « discours bien composé, élégant ». — Pour le « calice ou coupe de bénédiction », I Cor., x, 16, voir Calice.

3° Du verbe eiloytîv est venu le mot purement biblique et ecclésiastique eOio-j-titô ; (Vulgate : benedictus), qui, dans les Septante, traduit bârûk, participe de bârak. Dieu est appelé par excellence : 6 sûXoyrJToç, Marc, xiv, 61, et cette épithète lui est exclusivement appliquée, Luc, i, 68 ; Rom., i, 25 ; ix, 5 ; II Cor., i, 3 ; xi, 31 ; Eph., i, 3 ; 1 Petr., i, 3.

III. Rites de la bénédiction. — La bénédiction sacerdotale est accompagnée d’une cérémonie ou signe extérieur. Jacob avait béni les fils de Joseph, Éphraïm et Manassé, en posant ses mains sur leur tête. Gen., xlviii, 13-14. Les prêtres de l’ancienne Loi bénissaient les fidèles en élevant les mains. Mischna, Sota, vii, G ; Talmud Babli, Sota, ꝟ. 38 a. Jésus-Christ bénit ses Apôtres de la même manière. Luc, xxiv, 30. Cf. Matth., xix, 13, 15 ; Marc, x, 16. Ce rite est passé ainsi dans la Loi nouvelle. Cf. Smith, Dictionary of Christian antiquities, 1. 1, 1875, p. 198. Les monuments des premiers siècles chrétiens représentent le Sauveur bénissant d’ordinaire la main étendue. C’est ainsi que sur un sarcophage de Vérone, reproduit par Maffei, Verona ïllustrata, in-f°, Vérone, 1732, part, iii, col. 53, nous voyons Jésus bénissant de la main un démoniaque (fig. 483). Dès le commencement même du christianisme, les prêtres bénirent semblablement les fidèles. « L’imposition de la main, dit saint Augustin, De bapt., m, 16, t. xliii, col. 149, …est une prière sur l’homme. » Et Tertullien explique cette cérémonie en disant : « La main est imposée par la bénédiction, invoquant et invitant l’Esprit -Saint. » De bapt., 8, t. i, col. 1207. Pour les variantes des gestes de bénédiction, voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., 1877, p. 99-100. F. Vigouroux.

2. BÉNÉDICTION (VALLÉE DE LA) (hébreu : ’Êméq berâkâh ; Septante : aùXàv tîjç sùXofi’aç ; KotXà ; E-jXoyioc ; ), vallée dans laquelle Josaphat et son peuple se rassemblèrent pour « bénir Dieu », c’est-à-dire le remercier de les avoir miraculeusement délivrés de leurs ennemis, les Moabites, les Ammonites et les montagnards de Séir : c’est en raison même de cette solennelle action de grâces qu’elle fut ainsi appelée. II Par., xx, 26. Le nom de ïRns, Berâkàh, revit encore aujourd’hui dans celui de

i^jjX) ^, Breikût, village ruiné, situé sur un monticule,

à cinq kilomètres à l’ouest de Teqou’a. (Thécué), près de la grande route qui va de Jérusalem à Hébron. On y voit encore, en partie debout, de nombreuses petites maisons consistant en une seule pièce dont la voûte est légèrement ogivale, et bâties avec des matériaux irréguliers et de faibles dimensions. On remarque également plusieurs citernes, une dizaine de caveaux pratiqués dans le roc, et une enceinte composée de blocs grossièrement taillés en bossage, mesurant vingt - quatre pas de long sur quinze de large. C’est, d’après beaucoup d’auteurs, dans une vallée des environs que se serait passée la scène signalée par le livre des Paralipomènes. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 491 ; t. iii, p. 275 ; The Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 311 ; Van de Velde, Memoir to accompany the Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 292. Quelques-uns indiquent, dans ce cas, VOuadi Arroub, au sud de Breikût et de Teqou’a. G. Armstrong, W. "Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 26. C’est une vallée fertile,

où, de distance en distance, on aperçoit des puits antiques, quelques-uns bouchés, d’autres ouverts, et où l’eau affleure. On y remarque encore les traces d’un ancien canal recouvert horizontalement par de gros blocs et amenant les eaux de ces sources à un vaste birket, actuellement hors d’usage et à sec

Cependant M. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 153-157, place la vallée de Bénédiction dans les environs de Béni Na’im, village situé à quelque distance à l’est d’Hébron, et qui s’appelait autrefois

iiijy} jÀJ, Kefr Bereik, nom traditionnel conservé d’âge

en âge concurremment avec celui de Beni-Na’îm, de date plus récente. Cet endroit est bien, de l’avis des autres voyageurs, celui que saint Jérôme, Epist. cviii, t. xxii, col. 886, appelle Capliar Barucha, c’est-à-dire « village ; de la Bénédiction », le lieu où Abraham implora la miséricorde divine en faveur de Sodome coupable, Gen., xviii T 16-22 ; et d’où, le lendemain de ce colloque mystérieux, il assista de loin à l’incendie des villes maudites. Gen., xix r 27, 28. Mais le savant explorateur français admet avec Reland, Palsestina, Utrecht, 1714, t. ii, p. 685, que cette ville de Caphar Barucha, la KaSapêapt^â ou plutôt KaçapSapi ^â de saint Épiphane, « avait été peut-être dénommée de la sorte à cause du voisinage de la vallée de la Bénédiction, » mentionnée au livre des Paralipomènes. « Plusieurs critiques, je le sais, ajoute- 1- ii, placent à Bereikout la susdite vallée ; mais comme les ennemis qu’allait combattre Josaphat avaient réuni leurs forces près d’Engaddi, et que la Bible nous apprend que ce prince s’avança au-devant d’eux dans le désert de Thekoa’, il me semble naturel de chercher entre Engaddi et Thekoa’, par conséquent au sud ou au sud-est de cette dernière ville, et non à l’ouest, l’emplacement de 1’'Émek Berakah ou vallée de la Bénédiction. »

Nous croyons que la première opinion est plus conforme aux données scripturaires. Examinons, en effet, les principaux points topographiques indiqués II Par., xx r 1-27, et la marche des deux armées. Les ennemis sont campés à Asasonthamar, c’est-à-dire Engaddi, aujourd’hui’Aïn Djidi, sur le bord occidental de la mer Morte, . à égale distance de » ses deux extrémités, ꝟ. 2. De là ils se proposent de monter vers Jérusalem, ce qui provoque la frayeur de Josaphat et lui fait chercher un secours dans le jeune et la prière, ꝟ. 3-13. Ils montent, en effet, « par le coteau appelé Sis » (hébreu : ma’âlêh Hassis, « la montée de Hassis ; » Septante : ài/oëasts’A.a<mXi), dont le nom se retrouve assez bien dans celui de VOuadi el-Hasâsa, situé au nord-ouest d’Engaddi, et traversé par la route qui va de cette dernière ville à Teqou’a. Sis indique donc une des passes assez difficiles qui conduisent à la vallée d’El-Hasasa, « à l’extrémité » de laquelle Josaphat rencontra les envahisseurs, ꝟ. 16. Celui-ci, en effet, en quittant Jérusalem, était venu « par le désert de Thécué », ꝟ. 20, c’est-à-dire à l’est de la roule d’Hébron. Les deux armées, marchant ainsi, en sens opposé, dans la même direction, devaient se rencontrer en un point peu éloigné de Thécué, « entre Jérusalem et Engaddi, dans le désert qui est au - dessous de Thécoa, » comme le dit expressément Josèphe, Ant. jud., IX’, i, 2, 3. L’Ouadi el-’Arroub et Breikût se trouvent donc mieux dans la position voulue que Kefr Bereik. C’est là, en ligne droite vers la ville sainte, et non pas dans une direction triangulaire, que le peuple de Dieu fut témoin du rsiraculeux anéantissement de ses ennemis et se rassembla pour rendre

grâce au divin libérateur.
A. Legendre.
    1. BENÊ’ÊLOHÎM##

BENÊ’ÊLOHÎM, expression qui se lit dans la Genèse, , vi, 2, 4, et dans Job, i, 6 ; ii, 1 ; xxxviii, 7. La Vulgate traduit partout : « fils de Dieu, » de même que pour benê’élîm, Ps. lxxxviii (lxxxix), 7. Voir Fils de Dieu.

    1. BENÉJAACAN##

BENÉJAACAN (hébreu : Benê Ya’âqân, « les fils de.

Ya’aqàn ; » Septante : Bav<xfa„Num., xxxiii, 31, 32 ; ulûv Iaxîfi, Deut., x, 6 ; Vulgate : Benejaacan, Num., xxxiii, 31, 32 ; filiorum Jacan, Deut., x, 6), nom d’une tribu dont les puits sont indiqués comme une station des Israélites dans leur marche vers le pays de Chanaan ; Num., xxxm, 3J, 32 ; Deut., x, 6. La forme abrégée des Nombres, xxxiii, 31, 32 : « Ils campèrent à Benejaacan ; et ils partirent de Benejaacan, » est complétée par celle du Deutéronome, x. 6 : « Les enfants d’Israël transportèrent leur camp du puits des fils de Jacan » (hébreu : Be’êrôt Benê Ya’âqân ; Septante : Binpwô uîôv Iaxi(t ; Vulgate : Beroth filiorum jacan). Voir Béroth. Cette tribu tirait sans doute son nom de Jacan (hébreu : Ya’âqân ; Septante : ’Axxv), fils d’Éser, fils de Séir l’Horréen, I Par., i, 42, appelé Acan (hébreu : ’Âqàn ; Septante : ’Iouxâji) dans la Genèse, xxxvi, 27.

Cette station des Israélites, comme presque toutes les autres à partir du Sinaï, n’a pu encore être identifiée. Tout ce que nous savons, c’est qu’elle n’est séparée que par trois campements d’Asiongaber, ville d’Idumée, à la pointe septentrionale du golfe Élanitique. Num., xxxiii, 31-35. Pour Eusèbe et saint Jérôme, Onomasticon, Gœttingue, 1870, p. 102, 233, « Béroth des fils d’Iacim est un endroit du désert, où mourut Aaron, et que l’on montre encore aujourd’hui à dix milles de Pétra, sur le sommet de la montagne. » C’est d’après cela que Robinson, Biblical Research.es in Palestine, Londres, 1856, t. ii, p. 175, propose de l’identifier avec la petite fontaine d’et-Taiyibéh, située au fond de la passe er-Rubà’y, au-dessous du mont Hor. Il est juste cependant de remai’quer que le mot Be’êrôf indique, non pas une source, mais un groupe de puits artificiels. Quoi qu’il en soit, il est probable qu’il faut chercher cette station sur les bords de l’Ouadi el-Arabah, à l’est ou à l’ouest. On lit au livre des Nombres, xxxiii, 31, que les Israélites vinrent de Moséroth à Benejaacan, tandis que d’après le Deutéronome, x, 6, ils allèrent de Béroth des fils de Jacan à Moséra. Pour la solution de cette contradiction apparente,

voir Moséroth et Moséra.
A. Legendre.
    1. BENÊ-QÉOÉM##

BENÊ-QÉOÉM, littéralement : « fils de l’Orient, s Job, i, 3, etc., nom qui désigne les Arabes qui habitaient à l’est de la Palestine, principalement les descendants d’Ismaêl et les habitants de l’Arabie déserte. La Vulgate traduit Benè-Qédém par Orientales. Voir Orientaux.

    1. BÉNENNUM##

BÉNENNUM (hébreu : Bén Hinnôm, « fils d’Hinnom » ), nom, dans le texte latin de II Par., xxxiii, 6, de la vallée appelée ailleurs Géennom, ou vallée des fils d’Ennom. Voir Géennom.

    1. BENGA##

BENGA (VERSION) DE LA BIBLE. Le benga est un dialecte d’Afrique parlé au sud de la rivière de Congo. Les Évangiles ont été traduits par divers missionnaires. La version de saint Matthieu fut publiée par le Presbyterian Board, en 1858 ; les trois autres Évangiles et les Actes le furent plus tard, par la Société biblique américaine. Toutes ces versions furent refaites ou revues par H. Nassau, missionnaire protestant au Gabon, en 1874. La Genèse a été également publiée en benga.

    1. BENGABER##

BENGABER (hébreu : Bén-gébér, « fifs de Géber ou fils du fort ; » Septante : uîbç Naëép), intendant de Salomon. Son autorité s’étendait sur Ramoth-Galaad et le pays d’Argob, où il commandait à soixante villes fortes. III B.eg., rv, 13. Bén-gébér peut être son nom, comme aussi il peut bien n’être désigné que par le nom de son père, « le fils de Géber. »

    1. BENGALI##

BENGALI (VERSION) DE LA BIBLE. Le bengali est la langue parlée dans le Bengale. Il se compose pour plus de moitié de mots d’origine sanscrite ; le reste de son vocabulaire vient du persan et de l’arabe, etc. Carey

publia le Nouveau Testament en bengali à Sérampora, en 1801 ; 2e édition, 1806 ; troisième, 181 1 ; quatrième, revue, 1816 ; huitième, 1832. L’Ancien Testament parut entre 1802 et 1809. Une autre traduction du Nouveau Testament fut faite par un missionnaire protestant, Ellerton, et publiée en 1818 par la Société biblique de Calcutta ; une troisième, parVates, en 1833 ; 2e édit., 1847. La Société biblique de Calcutta fit paraître la Genèse en 1833 ; la suite de l’Ancien Testament fut traduite par Yates et achevée en 1844. En 1845 parurent l’Évangile de saint Marc et l’Épltre aux Éphésiens, traduits par Hâberlin. Une revision du Nouveau Testament et de l’Ancien, œuvre de J. Wenger, a été achevée en 1873. Une traduction spéciale de saint Luc, par J. Paterson, à l’usage des musulmans du Bengale, et de saint Jean, par Hill, a été publiée à Calcutta, aux frais de la Société biblique de la Grande-Bretagne, en 1855 et 1856. De même les Actes, la Genèse, les Psaumes et Isaïe, et une seconde édition de saint Luc, en 1876.

1. BENGEL Ernst, fils de Johann Albrecht Bengel, théologien allemand, né à Denkendorf le 12 mars 1735, mort le i" avril 1793. Il fut, en 1766, pasteur à Zavelstein, en 1772, diacre à Tubingue, et, en 1786, doyen dans la mêmeville. Son occupation principale, au point de vue littéraire, fut de développer les idées de son père et de propager ses œuvres : Tabula critica quse criseos Bengelianse diversas périodes collatis inter se utriusque Novi Testamenii grseci editionis margine, lum spicilegio critico in Gnomonis éditions I" obvio exhibel, in-8°, Tubingue, 1777 ; Erklârte Umsehreibung der Ojfenbarung Jesu Christi, aus J. A. Bengels Erklàrten Offenbarung und 60 Reden sammt Anhàngen aus dessen Gnomon, in 8°, Tubingue, 1772 ; Chronologische Harmonietafel ûber die evangelische und apostolische Geschichte, nach J. A. Bengels Grundsâtzen, in-8°, Tubingue, 1785 ; Erklârte Umsehreibung der von Jh. Alb. Bengel ûbersetzten, vier Evangelisten als eines Auszug aus seiner Gnomon, in-8°, Tubingue, 1786. Trois autres volumes, publiés en 1787 et 1788, contiennent le reste du Nouveau Testament. Ernest Bengel a publié en outre diverses éditions des œuvres de son père.

2. BENGEL Johann Albrecht, théologien luthérien, né le 24 juin 1687 à Wiunenden, dans le Wurtemberg, mort le 2 novembre.1752. Il étudia la philosophie à l’université protestante de Tubingue (1703-1707), fut ensuite pasteur et professeur à Denkendorf. La langue grecque, le Nouveau Testament et les Pères de l’Église faisaient le principal objet de son élude et de son enseignement. Ses connaissances étendues et ses travaux importants le firent successivement éiever à différentes dignités ecclésiastiques. En 1751, la faculté de théologie de Tubingue lui conféra le titre de docteur ; il était membre du consistoire et prélat d’Alpirsbach, avec résidence à Stuttgart, où il mourut. Ses travaux de critique et d’exégèse sur le Nouveau Testament firent sa réputation. Hug, Einleitung, 4e édit., t. i, p. 288, dit que Bengel est le premier Allemand qui ait cultivé avec honneur le champ de la critique des textes bibliques. Ses principaux ouvrages sont : Novum Testamentum grsece, ita adornatum ut textus probatarum editionum medullam exhibeat, in-4° et in-8°, Tubingue, 1734. Le Novum in-8° eut jusqu’à cinq éditions ; l’édition in-4° était augmentée d’un apparatus criticus, dans lequel l’auteur définissait l’idée et la tâche de la critique du Nouveau Testament, et indiquait les sources du texte. Ce travail était pour ce temps-là d’une très grande importance. — Richtige Harmonie der vier Evangelien, in-8° Tubingue, 1736, 1747, 1766. — Gnomon Novi Teslamenti, in quo ex nativa verborum vi simplicités, profunditas, concinnilas, salubritas sensuum cœlestium indicatur, in-4°, Tubingue, 1742, réédité en 1759, 1773, 1788, 1838, 1858 ; traduit en allemand 4587

    1. BENGEL - BENJAMIN##

BENGEL - BENJAMIN, FILS DE JACOB

1588

par G. F. Werner ; Gnomon oder Zeiger des Neuen Testaments, 2 in-8°, Stuttgart, 1853-1854. Une traduction anglaise a paru aussi à Edimbourg, 5 in-8°, 1857-1858. Le Gnomon est l’ouvrage le plus important de Bengel. Les notes en sont courtes et substantielles. — Das Neue Testament tiach dem Grundlext ubersetzt und mit dienlichen Anmerkungen begleitet, ouvrage posthume, in-8°, Stuttgart, 1753, 1769. — Erklàrte Offenbamng Johannis, in-8°, Stuttgart, 1740, 1746, 1738, 1834. — Seehzig erbauliche Reden ûber die Offenbarung Johannis, in-8°, Stuttgart, 1747, 1888, 1836, 1874. — Bengel a aussi publié des ouvrages d’histoire et de chronologie qui ont un rapport étroit avec ses travaux d"exégèse : Ordo temporum a principio per periodos œconomise divinse historiens atque prophelicas ad finem usque ita deductus, ut Iota séries, etc., ex Veteri et Novo Testamento proponatur, in-8°, Stuttgart, 1741, 1770 ; Cyclus sive de anno magno solis, lunss, slellarum consideratio, in-8°, Ulm, 1745. — Bengel était un millénaire déterminé, il croyait pouvoir trouver dans la Sainte Écriture les lignes fondamentales de l’histoire universelle. Il arriva, comme suprême résultat de ses travaux, à découvrir que le monde était âgé de 7777 ans 7/9, que le retour du Christ s’accomplirait le 18 juin 1836, qu’alors commencerait son règne de mille ans sur la terre, après quoi viendrait le règne des saints dans le ciel pendant mille ans ; enfin l’an 3836 devait voir la fin du monde et le jugement. — La biographie de Bengel a été mise par son fils en tête de la troisième édition du Gnomon, 1773. Voir J. Ch. F. Burk, Bengels Leben und Wirken, in-8°, Stuttgart, 1831 ; 0. VVachter, I. A. Bengel’s Lebensabriss, Character, Briefe und Ausprûche, Stuttgart, 1865 ; Id., Beitrâge zu J.A.Bengel’s Schrifterklàrung, Leipzig, 1865 ; Fr. Delitzsch, Biblisch-prophetische Théologie, Leipzig, 1845 ; von der Goltz, dans les JahrbiXcher fur deutsche Théologie, t. vi, 3 Heft. ; Walker, Memoir of the life of J.A. Bengel, Londres, 1837. J.- B. Jeannin.

    1. BENGONI Rutilius##

BENGONI Rutilius, Romain, chanoine de Sainte-Marie in via Lata, devint évêque de Lorelte et de Recaiiati, et mourut le 31 janvier 1613. On a de lui : Dissertations et commentaria in canticum Magnificat, Salutationem angelicam et Psalmum xxxvi, in-f°, Venise, 1606 ; Douai, 1626. Cette dernière édition est la plus estimée.

— Voir UghelK, Ilalia sacra (2e édit., 1717), t. i, p. 1224.

G. DE GOURNAY.

    1. BENHAÏL##

BENHAÏL (hébreu : Bén-hayil, « fils de la valeur, vaillant ; » Septante : toÙç uloùç tùv Buvoctûv), un des princes que Josaphat envoya dans les villes de Juda, le livre de la loi en main, pour instruire le peuple et le retirer de l’idolâtrie. II Par., xvii, 7.

    1. BENHANAN##

BENHANAN (hébreu : Bén-hânân, « fils du bienveillant ; » Septante : utbç $avâ ; Codex Alexandrinus : viô ?’Avav), un des descendants de Juda, I Par., iv, 20, que la Vulgate appelle filius Hanan. Voir Hanan.

    1. BENHÉSÉO##

BENHÉSÉO (hébreu : Bén-héséd, « fils de Héséd ou fils de la bonté ; » Septante : vlo ; ’E<rôi’)> intendant de Salomon dans le district d’Aruboth, de Socho et de la terre d’Épher. III Reg., iv, 10. Il est incertain s’il est désigné par son nom propre ou par le nom de son père, Héséd. Voir Héséd.

BEN HINNOM. Voir Bénennum et Géennom.

    1. BENHUR##

BENHUR (hébreu : Bén-hûr, « fils de Hur ou fils de caverne ; » Septante : Bsév v>lb ; "Qp ; Codex Alexandrinus : Bév uîo ; "ûp). Les Septante donnent à la fois le mot Bén et sa traduction ulb ; . Josèphe, Ant. jud., VIII, H, 3, donne Ôîjpviç pour le nom de l’officier lui-même. Benhur peut très bien être son nom ; cependant il peut être désigné par le nom de son père, fils de Hur. Voir

Hur. — Benhur ou le fils de Hur était intendant de Salemon dans la montagne d’Éphraïm. III Reg., iv, 8.

BENJAMIN. Hébreu : Binyâmin et Binyâmîn ; nom composé, selon l’interprétation de la Vulgate, Gen., xxxv, 18, de Bin (pour Bén), « fils, » et de yàmîn, « la [main] droite ». Voir Benjamin 1. Septante : Beviajju’v, Beviaineiv ; ils ont lu Bén, la forme régulière. Nom de quatre Israélites, d’une tribu et d’une porte de Jérusalem.

1. BENJAMIN, fils de Jacob et de Rachel, le dernier des fils du patriarche et le seul qui soit né en Palestine. Rachel le mit au monde à peu de distance de Bethléhem. En. mourant des douleurs de cet enfantement, sa mère lui donna le nom de Bén-’ôni, « fils de ma douleur ». Gen., xxxv, 18. Mais son père changea ce nom, qui lui rappelait une perte si cruelle, en celui de Binyâmîn, de meilleur présage ; il signifie « fils de la droite », c’est-à-dire « fils du bonheur », heureux, Félix, la droite étant regardée en Orient aussi bien qu’en Occident comme un présage de bonheur. Zeitschrift der Deutschen Morgenlândischen Gesellschaft, t. xxi, p. 601-604. Le samaritain porte Binyâmîm, « fils des jours : » dans cette forme, ce nom serait une allusion à l’âge avancé où Jacob eut ce dernier enfant ; ce sens est adopté par Philon, Abenesra, etc. — Son père eut une prédilection bien marquée pour Benjamin : quand la famine le força d’envoyer ses fils en Egypte pour acheter du blé, il garda près de lui ce frère de Joseph, de peur qu’à lui aussi il n’arrivât malheur en route. Gen., xlii, 4. Joseph, devenu gouverneur de l’Egypte, ne voyant pas Benjamin avec ses frères, craignit sans doute qu’il n’eût été aussi victime de leur jalousie. En les traitant comme des espions, il les amena adroitement à lui parler de leur père et de leur jeune frère, resté à ses côtés. Pour s’assurer de la vérité de leurs paroles et éprouver leur affection, il ne consentit à leur donner du blé qu’à la condition qu’ils lui amèneraient Benjamin ; et afin de les obliger à tenir leur promesse, il retint Siméon en prison jusqu’à leur retour. Jacob, après avoir longtemps résisté, — car pour lui c’était, pour ainsi dire, perdre une seconde fois Joseph,

— céda à la nécessité et laissa partir Benjamin. Gen., xliii, 13. Pendant le repas, auquel il invita tous ses frères, Joseph envoya à ce dernier une part cinq fois plus grande que celle des autres. Puis, quand on remplit les sacs, il ordonna à l’intendant de mettre dans celui de Benjamin, avec sa charge de blé, le prix d’achat et la coupe d’argent dont il s’était servi pendant le festin. La caravane avait à peine repris le chemin de Chanaan, quand l’intendant, courant la rejoindre, reprocha aux enfants de Jacob d’avoir dérobé la coupe de son maître. Les accusés protestèrent énergiquement, assurant qu’un tel crime était digne de mort. L’intendant menaça seulement de réduire le coupable en esclavage et fit ouvrir les sacs : la coupe se trouva dans celui de Benjamin. Alors, déchirant leurs habits, ils reviennent auprès de Joseph, qui leur, reproche leur infidélité. Dans un discours pathétique, Gen., xliii, 18-34, Juda conjure le vice-roi de le retenir lui-même pour esclave à la place de Benjamin, assurant qu’il en a répondu sur sa vie, et que leur père ne pourrait survivre à la perte de cet enfant de prédilection. C’est alors qu’eut lieu cette touchante et admirable scène dans laquelle Joseph se fit reconnaître à ses frères. Quand ils furent revenus de leur première stupeur, Joseph se jeta au cou de Benjamin et l’embrassa en pleurant, et ensuite tous ses frères. Il donna à chacun deux simlâh ou manteaux ; mais Benjamin en reçut cinq et des plus beaux, avec trois cents pièces d’argent. Ensuite il les renvoya chercher leur père pour venir s’établir en Egypte.

Le texte sacré ne nous fait plus rien connaître de Benjamin, sauf l’énumération de ses fils. Gen., xlvi, 21 ; Num, , xxvi, 38-40 ; I Par., viꝟ. 6-11 ; vnr, 1-5. La prophétie de Jacob sur Benjamin, Gen., xlix, 27, concerne plutôt la i

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    1. BENJAMIN##

BENJAMIN, FILS DE JACOB — BENJAMIN (TRIBU DE)

1590

tribu de ce nom, comme la prophétie de Moïse, Deut-, xxxiii, 12. f

Les trois tables généalogiques des fils de Benjamin, Gen., xlvi, 21 ; Num., xxvi, 38 40 ; I Par., viii, 1-5, offrent des divergences notables et donnent lieu à quelques difficultés de conciliation. Ces divergences proviennent, soit d ! erréurs de copistes dans la transcription des noms, soit du mélange des petits-fils avec les fils par suite de l’interversion de quelques noms, soit de la coupure défectueuse des mots du texte par les ponctuateurs et par les traducteurs. La table généalogique donnée I Par., vil, 6-11, paraît présenter la situation de la famille de Benjamin à une époque plus récente que les trois premières tables : de là la divergence de presque tous les noms. En rapprochant les trois premières tables dans le texte et les versions, on peut restituer avec assez de probabilité la véritable généalogie ainsi qu’il suit :

Benjamin.

I

I I II

1. Balé 2. Asbel. 3. Ahara 4. Nohah. 5. Rafa. Béchor l’aîné. ou Ahiram

I Echi-Ro(s)

Ahoé.

I Géra.

Ared Addar Héred.

I

Naaman.

Sephuphan Huram ou Mophim. ou Ophim.

I I

Abiud Abisué.

Pour la discussion, voir chacun de ces noms. Cf. Keil, Siblischer Commentât ûber die nachexilischen Geschichtesbùcher : Chronik, va.-% a, Leipzig, 1870, p. 104-105.

E. Levesque.

2. BENJAMIN, descendant de Benjamin et fils de Balan, fut un vaillant guerrier, à la tête d’une nombreuse famille. I Par., vii, 10.

3. BENJAMIN, un des fils de Hérem, qui sur l’ordre d’Esdras répudia la femme étrangère qu’il avait prise pendant l’exil de Babylone. I Esdr., x, 32.

4. BENJAMIN, un de ceux qui, au temps de Néhémie, reconstruisirent la partie des murs de Jérusalem située en face de leur demeure. Il Esdr., iii, 23.

4. BENJAMIN, une des douze tribus d’Israël. — I. Géographie. — La tribu de Benjamin occupait un territoire assez restreint, comprenant, avec une toute petite portion de la vallée du Jourdain, la partie centrale de la chaîne qui, de la plaine d’Esdrelon, s'étend jusqu’au sud de la Palestine. Elle était bornée au nord parla tribu d’Ephraïm, à l’ouest par celle de Dan, au sud par celle de Juda, et à l’est par les derniers contours du fleuve, avant son embouchure dans la mer Morte. Sa situation dans la Terre Sainte, l’importance des localités qu’elle renfermait, son rôle dans l’histoire, lui donnent un intérêt particulier. La plupart de ses villes sont aujourd’hui encore parfaitement connues, et ses limites, malgré quelques difficultés, sont faciles à déterminer. Voir la carte, n° 484.

1°. villes miNCiPALES. — Les principales villes de Benjamin sont énumérées dans Josué, xviii, 21-28. Nous les donnons dans l’ordre même suivi par l’auteur sacré et avec leurs identifications ou certaines, ou probables, ou douteuses, renvoyant pour les développements aux articles qui concernent chacune d’elles en particulier.

1. Jéricho (hébreu : Yerîlfô ; ailleurs : Yerèl.iô, Num., xxii, 1 ; Yeriljôh, III fleg., xvi, 34 ; Septante : 'Ieprçw ou

'Iepet^w). Le petit village actuel d’Er - Rihâ ou 'Erîhâ, situé au pied du mont de la Quarantaine, à l’entrée de la plaine du Jourdain, en rappelle exactement le nom, quoique la cité primitive fût peut-être un peu plus haut, près de la fontaine dite plus tard d’Elisée ('Aïn es-Soultân). Cf. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 46-52, 132-149.

2. Beth-hagla (hébreu : Bêt-hoyldh ; Septante : Bots8afXaàiji., Jos., XV, 6 ; BeŒyani, Jos., xviii, 21), identifiée par tous les auteurs avec 'Aïn ou Qasr Hadjlâ, au sudest d’Erihâ. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 544-546 ; V. Guérin, Samarie, 1. 1, p. 53-60.

3. Vallée de Casis (hébreu : 'Êméq Qesîs, Septante : 'A|jiexa<jtç ; Codex Alexandrinus : 'A|iexxïae(ç). Quelques explorateurs signalent, à deux kilomètres à l’est de Bir el-Haoudh ou Fontaine des Apôtres, une vallée appelée Kâaziz, et qui, d’après eux, conserverait intact le nom de cette localité. De Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, % in-8°, Paris, 1853, t. ii, p. 140 ; Van de Velde, Memair ta açcompàny the Map of the Holy Land, in-8, Gotha, 1858, p. 328. D’autres la placent plus à l’est, dans la plaine du Jourdain, au sud-est de Jéricho. Robinson, Physical Geogvaphy of the Holy Land, in-8°, Londres, 1865, p. 74. Cette dernière opinion nous semble plus conforme au système d'énumération adopté par Josuë.

4. Beth-araba (hébreu : Bêt hâ'ârâbâh ; Septante : BatOdipaëa, Jos., xv, 6 ; BaiBagapâ, Jos., xviii, 22) se trouvait dans la vallée du Jourdain ou Arabah, comme le nom l’indique, non loin probablement de Beth-hagla, après laquelle elle est citée sur la frontière nord-est de Juda, Jos., xs, 6 ; mais son emplacement exact est inconnu. Quelques auteurs néanmoins l’identifient avec Qasr Hadjlâ, aune demi-heure de 'Aïn Hadjlâ. Mùhlau, dans Riehm, Handwôrterbuch des Biblischen Altertumsy 1884, t. i, p. 175.

.5. Samaraïm (hébreu : Semâraîm ; Septante : 2api~ ; Codex Alexandrinus : Sifipip.) est assez généralement placée à Khirbet es-Soumra, à neuf kilomètres au nord de Jéricho. G. Armstrong, Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, 1889, p. 184.

6. Béthel (hébreu : Bêt -'El ; Septante : Brjo-avâ ; ailleurs, Ba16r, )>, Gen., xxxv, 15), est bien connue sous le nom à peine changé de Beitîn. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 16-26. Elle est située au nord de Jérusalem, sur la route de Naplouse.

7. Avim (hébreu : Hâ'avvim, avec l’article ; Septante : Aieiv) : inconnue. Quelques auteurs pensent que le mot est une corruption ou une variante de 'Ai (Haï), ville chananéenne située à l’orient de Béthel.

8. Aphara (hébreu : Haf-Fârâh ou Hap-Pârdh, avec l’article ; Septante : $apà) se retrouve aujourd’hui dans Khirbet Tell el-Fârah, près de l’Ouadi Fârah, qui, au sud-est de Béthel et de Moukhmas, se joint à l’Ouadi Soueinit pour entrer dans l’Ouadi el-Qelt. Robinson, Biblical Researches, 1. 1, p. 439, note 1 ; V. Guérin, Judée, t. iii, p. 72.

9. Ophéra (hébreu : 'Ofrâh ; Septante : 'E<ppa91 ; ailleurs, Toçepâ, I Reg., xiii, 17) est assez généralement identifiée avec le village actuel de Taiyibéh, au nord-est de Béthel. Robinson, Biblical Researches, 1. 1, p. 444-447 ; V. Guérin, Judée, t. iii, p. 45-51 ; G. Armstrong, Wilson et Conder, Names and places, p. 140.

10. Émona (village d') (hébreu : Kefarhâ "'Ammônâi ; Septante : Keçeipà xal M oveî ; Codex Alexandrinus : Kacçï]panp.Jv ; Vulgate : Villa Emona) : inconnu. Les auteurs anglais de Names and places, p. 42, proposent comme emplacement Khirbet Kefr 'Ana, à quatre ou cinq kilomètres au nord de Béthel ; cette identification est assez naturelle, mais elle n’en est pas moins douteuse.

11. Ophni (hébreu : Hà'Ofni, avec l’article ; omis par les Septante). Plusieurs auteurs croient volontiers la reconnaître dans la Djifna actuelle, l’ancienne Gophna,

un peu au nord-ouest de Béthel. Robinson, Biblical Researches, t. ii, p. 264, note 2 ; Mûhlau, dans Riehm’s Handwdrterbuch, t. ii, p. 1125. D’autres combattent cette assimilation au point de vue grammatical ou au point de vue de la situation, Djifna leur semblant plutôt appartenir à la tribu d’Éphraïm. Nous la regardons comme possible et répondant assez bien à l’ordre d’énumération.

12. Gabée (hébreu : Gâba’; Septante : raëceâ), identifiée d’une manière incontestable avec Djeba’, un peu au sud-ouest de Moukhmas. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 68 ; Armstrong, Wilson et Conder, Nantes and places, p. 64.

13. Gabaon (hébreu : Gib’ôn ; Septante : raëiwv) est bien certainement représentée par le village actuel d’El-Djîb, au nord-ouest de Jérusalem. V. Guérin, Judée, t. i, p. 385-391.

14. Rama (hébreu : Hâ- Râmâh, avec l’article ; Septante : ’Papa) se retrouve aujourd’hui dans Er-Râni, directement au nord de Jérusalem : là nom et la position conviennent parfaitement à l’antique cité. Robinson, Biblical Researches, t. i, p. 576 ; V. Guérin, Samarie, t. i, p. 199-204.

15. Béroth (hébreu : Be’èrôt ; Septante : BerjpwOa ; Codex Alexandrinus : Briptàô), est généralement identifiée avec El-Bîréh, sur la route de Jérusalem à Naplouse, au nord-ouest d’Er-Râm et au sud-ouest de Beitîn. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 7-13.

16. Mesphé (hébreu : Ham-Mispéh ; ailleurs, Ham-Mispâh, avec l’article, Jud., xx, 1, 3 ; xxi, 5, etc. ; Septante : MaffOTi|iâ pour Mamrrççâ, comme Jud., xx, 1, 3 ; Ma<r<n)çâ8, 1 Reg., vii, 5, 6, 7, etc. ; Maaçà, II Par., xvi, 6 ; r) (raoroâ, Ose., v, 1 ; III Reg., xv, 22 ; Vulgate : Maspha, Jud., xx, 1, 3, etc. ; Masphath, I Reg., vii, 5, 6, 7, etc.). Son emplacement est discuté, quoique circonscrit dans une certaine région au nord de Jérusalem. C’est le mont Scopus pour Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1866, p. 226 ; Nébi Samouïl pour Robinson, Biblical Researches, t. i, p. 460, et Scha’fâf pour V. Guérin, Judée, t. i, p. 395-402.

17. Gaphara (hébreu : Hak - Kefirâh, avec l’article Kefirâh, I Esdr., ii, 25 ; II Esdr., vii, 29 ; Septante : y.cci ipa, Jos., xviii, 27 ; Keçtpà, Jos., ix, 17 ; Xaçipa, JEsdr., H, 25 ; Kaçipà, II Esdr., vii, 29 ; Vulgate : Caphira, Jos., ix, 17 ; Cephira, I Esdr., ii, 25 ; II Esdr., vii, 29) se retrouve aujourd’hui, exactement sous la même forme, dans Kefiréh, à l’ouest de Nébi Samouïl, au sud-est de Yâlô (Aïalon). Robinson, Biblical Researches, t. iii, p. 146.

18. Amosa (hébreu : Ham-Môsâh, avec l’article ; Septante : ’Ajuoxïj ; Codex Alexandrinus : ’Apuixrà) semblerait, d’après le Talmud, correspondre au village actuel de Qolôuniéh, à six kilomètres et demi environ à l’ouest de Jérusalem. R. J." Schwarz, Dos heilige Land, in-8°, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 98. D’autres cependant croient reconnaître cette ville dans Beit Mîzéh, qui rappelle mieux le nom hébreu, et qui est à une demi-heure environ au nord de Qolôuniéh. G. Armstrong, Wilson et Conder, Names and places, p. 133.

19. Récem (hébreu : Réqém ; Septante : peut-être Kaçccv xal Naxdtv) : inconnue.

20. Jaréphel ( hébreu : Yrpe’êl). Les explorateurs anglais proposent de l’identifier avec Râfât, village situé au nord A’El-Djîb (Gabaon). The Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1883, t. iii, p. 13, 154.

.21. Tharéla (hébreu : Tar’âlâh ; Septante : 0apeï)Xà), inconnue. L’opinion de Schwarz, Das heilige Land, p. 98, d’après lequel Thariel = Thaniel, Daniyal, près de Lydda, jie peut se soutenir ni au point de vue étymologique ni au point de vue topographique.

22. Séla (hébreu : §élâ’; omis dans les Septante : Jos., xviii, 28 ; èv Tyj itXeupâ, II Reg., xxi, 14 ; Vulgate : ira latere), inconnue. M. V. Guérin propose Khirbet Tabaqât, à cinq minutes au sud-sud-est de Tell el-Foul, Samarie, p. 188, 197.

23. Éleph ( hébreu : Bâ’éléf, avec l’article ; Codex Alexandrinus : SeXocXiç). Les auteurs anglais croient la reconnaître dans Lifta, à peu de distance au nord-ouest de Jérusalem : douteux.

24. Jébus (hébreu : Ha-Yebûsi, « le Jébuséen ; » Septante : ’IeêoOc), Jérusalem.

25. Gabaath (hébreu : Gib l af ; Septante : TaSadib). Ce nom et le suivant donnent lieu à plusieurs difficultés. Comme Gib’a ? est à l’état construit et n’est pas distingué de Qiryaf (Garialh) par la conjonction et, Schwarz, Das heilige Land, p. 98, 102, fait des deux mots un composé, Gibeath-Kirialh. V. Guérin assimile Gabaath à Gabaa de Benjamin ou de Saùl, qu’il place à Tell el-Foul, au nord de Jérusalem. D’autres proposent comme emplacement Djibi’a, au nord de Qariet el-’Enab. Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 43.

26. Cariath (hébreu : Qiryaf ; Septante : ’Iapfu.). Comme le mot Qiryaf est lui-même à l’état construit et par là suppose un complément, plusieurs auteurs conjecturent qu’il faut sous-entendre Ye’ârim [ Qiryaf -Ye’ârîm, Cariathiarim), dont la disparition est d’autant plus explicable, que le mot qui suit dans le texte actusl, ’àrîm, « villes, » lui ressemble beaucoup. Or Cariathiarim est souvent identifiée avec Qariet el-’Enab, à l’ouest de Jérusalem. D’un autre côté cependant, Cariathiarim est assignée à la tribu de Juda, Jos., xv, 60 ; xviii, 14. Il faudrait donc distinguer Cariath de Cariathiarim. Dans ce cas, Cariath serait Qariet el-’Enab, et Cariathiarim Khirbet’Ernia, au sud-ouest de la précédente. Survey of Western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 43-52 ; G. Armstrong, Wilson et Conder, Names and places, p. 112, 113.

On le voit, en somme, Josué suit, dans son énumération, un ordre régulier. Le premier groupe comprend douze villes, dont cinq appartiennent à la vallée du Jourdain, les sept autres à la montagne ; il détermine ainsi l’est, le nord et un peu le centre de la tribu. Le second forme principalement l’ouest et le sud, avec ses quatorze cités, dont plus de la moitié sont parfaitement connues. Cette énumération cependant n’est pas complète ; d’autres villes sont mentionnées en différents endroits de l’Écriture, comme : Anathoth (’Anàta), patrie de Jérémie ; Almath ou Almon (Khirbet’Almît), toutes deux villes sacerdotales. Jos., xxi, 18. Macbmas (Moukhmas), Haï (Khirbet Haiyân, ou Khirbet el-Koudeiréh, ou et-Tell), Nob (inconnue), Anania (Beit-Hanina), Asor (Khirbet Hazzour), Géthaim (inconnue), Hadid (Haditéh), Seboïm (inconnue), Neballat (Beit Nebâlàh), Lod (Loudd) et Ono (Kefr’And) sont comprises dans la liste des cités réhabitées par les Benjamites au retour de l’exil. II Esdr., xi, 31 35. Hadid, Neballat, Lod et Ono sont certainement en dehors des frontières primitives de la tribu, et s’il est dit, I Par., viii, 12, que les deux dernières furent bâties par un fils de Benjamin, c’est qu’il s’agit de colonies établies sur un territoire étranger, comme les Danites eux-mêmes en fondèrent une dans le nord de la Palestine. Jud., xviii, 27-29.

2° limites. — L’ensemble des villes que nous venons de citer d’après Josué suffirait à lui seul pour déterminer la ligne générale des frontières de la tribu. Mais l’auteur sacré a pris soin lui-même de nous tracer ces limites avec une rigoureuse exactitude. Jos., xviii, 12^20. Voici le texte traduit aussi fidèlement que possible, avec l’identification de certains noms que nous n’avons pas encore rencontrés : « ꝟ. 12. Leur frontière, du côté du nord, partait du Jourdain, remontait au côté septentrional de Jéricho, puis montait sur la montagne vers l’occident et aboutissa.it au désert de Béthaven (hébreu : Bêf’Avén ; Septante : Ba19(iv ; le désert qui s’étend à l’est de Béthel et d’Haï). — ^. 13. Elle passait de là, vers le midi, à Luz, au côté de Luz, qui est Béthel, descendait à Ataroth-Addar (hébreu : ’Atrôf-’Addâr ; Septante : ’AtapwO xal’Eptix ; probablementKhirbet ed-Dàriéh, aubas et au sud-ouest de la colline que domine Beit-’Our-et-Tahta, c’est-à-dire Béthoroa ’Enab et Ramléh ; — la seconde, un peu plus haut, par Beit Iksa, Biddou, Beit-Likia, Djimiou et Lxjdda ; — la troisième, par Seha’fat, El-Djtb, Bélhoron, pour retomber à Lydda ; — la quatrième part à’El-Biréh et s’en va, par Beit Nebala, rejoindre les autres à Jaffa. Nous ne parlons pas des lignes transversales, de Bélhoron à Amouas et à Yâlô ; d’El-Djîb à Yâlô par Biddou et Qariet el-’Enab. C’est par là, le long des collines de Béthoron, que Josué poursuivit les Chananéens, au début de la conquête, Jos., x, 10, 11, comme, aux derniers temps de l’histoire juive, les Machabées chassaient par là les armées syriennes. I Mach., iii, 16, 24. C’est par là que, à l’époque de Samuel et de Saiil, les Philistins montaient pour s’établir au cœur même du pays, à Gabaa, à Machmas, I Reg., XIII, 3, 16 ; par là aussi qu’ils s’enfuyaient après la défaite. I Reg., xiv, 16.

Du côté de l’est, les chemins offrent plus de difficultés, en raison même de la nature du terrain, plus coupé, plus abrupt, et dont certains noms de lieux rappellent le caractère particulier : Ma’âléh’Adummîm, « la montée d’Adommim ; » Séla’hà-Rimmôn, « le rocher de Rimmon, » Jud., xx, 45 ; « les dents de rocher, » Basés et Sénéh, des environs de Machmas. I Reg., xiv, 4. — La route principale, aujourd’hui carrossable, « descend de Jérusalem à Jéricho, » Luc, x, 30, en suivant la ligne même de la frontière entre Benjamin et Juda ; c’est le chemin mal fréquenté où se place l’histoire du bon Samaritain. — Une autre, plus importante autrefois, part de l’Arabah, au nord de l’ouadi el-Qelt, et s’élève vers l’intérieur des montagnes, le long des ravins, en passant par Ouadi Riyân, Rds et-Taouîl, Moukhmas, Deir Diouân, et-Tell et Beilîn, avec une branche de Moukhmas à El-Biréh. C’est la voie que suivit Josué, une fois maître de Jéricho, pour pénétrer au cœur du pays ; c’est à l’extrémité nord-ouest, auprès de Haï, qu’eurent lieu successivement la défaite et la victoire des Israélites. Jos., vii, 2, 5 ; mu, 3-25. — Une troisième enfin quitte plus haut la vallée, à’Ain Douk, et s’en va par Khirbet Kasoual et faiyibéh rejoindre, en contournant Tell’Asour, la route de Naplouse.

— Ces conditions topographiques de Benjamin sont bien exposées dans Stanley, Sinai and Palestine, in-8°, Londres, 1866, p. 199-223.

3. Plusieurs villes de Benjamin, outre leurs avantages naturels, eurent encore un rôle politique et îeligieux qui longtemps donna à la tribu une prédominance spéciale : Béthel, peut-être le plus ancien sanctuaire de la Terre Promise, un des endroits, avec Galgala et Masphath, où Samuel se rendait chaque année pour juger Israël, I Reg., vu, 16 ; Gabaon, le plus important de tous les hauts lieux avant la fondation du temple, séjour du tabernacle, lieu de "sacrifices, I Par., xvi, 39, 40 ; Ramatha, patrie de Sarouel, et où il avait élevé un autel au Seigneur, I Reg., vu, 17 ; Galgala, où eut lieu la circoncision des enfants d’Israël nés dans le désert, Jos., v, 2-9 ; où Saùl fut reconnu comme roi, avec l’immolation de victimes pacifiques et de grandes réjouissances. I Reg., xi, 15. Mais c’est surtout Jérusalem qui fut la gloire de la tribu, et ce que nous avons dit de la situation topographique de « elle-ci montre qu’elle semblait faite pour protéger la ville sainte presque de tous côtés. Quelques commentateurs appliquent au futur choix de Jérusalem, cité benjamite, pour l’érection permanente du sanctuaire, ces paroles prophétiques de Moïse au plus jeune fils de Jacob, Deut., xxxiii, 12 :

Le bien-aimé dé Jéhovah

Demeure en sûreté auprès de lui.

Il le protège toujours,

Et il habite entre ses épaules.

II. Histoire. — L’histoire de Benjamin est des plus simples jusqu’à la conquête de la Terre Promise. C’était, au sortir de l’Egypte, une des plus petites tribus. Elle comptait trente-cinq mille quatre cents hommes en état

de porter les armes. Num., i, 26-37. Seule la tribu de Manassé lui était inférieure. Num., i, 34-35. Dans les campements et pendant la marche au désert, elle se trouvait placée, avec Éphraïm et Manassé, à l’ouest du tabernacle. Num., ii, 18-23. Elle avait pour chef Abidan, fils de Gédéon. Num., i, 11 ; ii, 22. Ce fut par ses mains que, à la dédicace du tabernacle et de l’autel, elle offrit, le neuvième jour, « un plat d’argent pesant cent trente sicles, une coupe d’argent de soixante-dix sicles au poids du sanctuaire, tous deux pleins de farine mêlée d’huile pour le sacrifice ; et un petit vase d’or du poids de dix sicles, plein d’encens ; un bœuf du troupeau, un bélier, un agneau d’un an pour l’holocauste, un bouc pour le péché, et, pour hosties pacifiques, deux bœufs, cinq béliers, cinq boucs et cinq agneaux d’un an. » Num ; , vii, 60-65. Parmi les explorateurs du pays de Chanaan, elle eut pour représentant Phalti, fils de Raphu. Num., xiii, 10. Au second dénombrement, fait dans les plaines de Moab, elle comptait quarante - cinq mille six cents hommes. Num., xxvi, 41. Il y avait ainsi pour elle un accroissement considérable, comme pour Manassé et Aser, Num., xxvi, 34, 47, tandis que d’autres, comme Siméon et Nephthali, avaient notablement diminué. Num., xxvi, 14, 50. Ses principales familles sont énumérées Num., xxvi, 38-40 ; la liste est plus complète I Par., vin. Celui de ses chefs qui devait travailler au partage de la Terre Promise fut Élidad, fils de Chaselon, Num., xxxiv, 21, et elle fut désignée, avec Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Éphraïm et Manassé, « pour bénir le peuple, sur le mont Garizim, après le passage du Jourdain. » Deut., xxvii, 12. Voilà tout ce que nous apprennent sur cette première partie de son histoire les deux derniers livres de Moïse.

Son rôle fut plus actif sous la période des Juges. La place qu’elle occupait dans la terre de Chanaan, au-dessous d’Éphraïm et de Manassé, correspondait à celle qui lui était assignée dans les campements du désert. Num., 11, 18-23. Punie, comme les autres tribus, pour n’avoir pas détruit le Chananéen, le Jébuséen, Jud., i, 21, et aussi pour ses prévarications, elle vit Jéricho, « la ville des palmes, » tomber aux mains d’Églon, roi de Moab, qui tint les enfants d’Israël sous son joug pendant dix-huit ans. Jud., iii, 13, 14. Instruite par l’affliction, elle renonça à l’idolâtrie et trouva dans son propre sein le libérateur qu’elle demandait à Dieu. Aod, habile, comme tous les Benjamites, à se servir également bien de la main gauche et de la main droite, la débarrassa du tyran moabite par un de ces actes qui, sans être de tout point irrépréhensibles, n’en ont pas moins provoqué de tout temps l’admiration, pour le courage, le sang-froid et le dévouement qu’ils indiquent. Jud., iii, 15-30. Plus tard, elle répondit à l’appel de Débora et de Barac pour marcher contre d’autres oppresseurs. Jud., v, 14. Retombée dans l’idolâtrie, elle fut de nouveau soumise aux dévastations de certaines populations transjordaniennes, les Ammonites. Jud., x, 9. Jephté fut chargé de sauver et de venger les tribus du sud, victimes comme elle de l’invasion étrangère.

La tribu de Benjamin, délivrée des ennemis extérieurs, faillit disparaître entièrement sous les coups de ses propres frères, provoqués par son étrange obstination. À la suite du crime commis par les habitants de Gabaa sur la femme d’un lévite, crime divulgué par celui-ci de la plus horrible façon, l’indignation fut générale parmi les enfants d’Israël. Jud., xix. De Dan jusqu’à Bersabée et même de Galaad, ils se réunirent à Maspha au nombre de quatre cent mille combattants. Benjamin le sut, mais ne se fit pas représenter pour protester contre l’acte qui avait souillé son territoire. Après avoir entendu le récit du lévite, les Israélites résolurent de ne pas retourner chez eux avant d’avoir obtenu satisfaction, et décidèrent de marcher contre Gabaa « et de lui rendre ce qu’elle méritait pour son crime ». Jud, xx, 10. Non seulement la tribu de Benjamin refusa de livrer les coupables, mais

elle prit tout entière fait et cause pour la ville. Or les Benjamites comptaient vingt-cinq mille combattants, non compris sept cents frondeurs très habiles. L’attaque, dirigée par Juda, commença contre Gabaa ; mais les tribus coalisées perdirent vingt-deux mille hommes dans une première sortie des assiégés, puis dix-huit mille dans une seconde. Après avoir pleuré, jeûné et offert des sacrifices, les alliés, usant de stratagème, finirent par cerner les ennemis, les poursuivirent, laissant la ville en feu, et le chiffre total des Benjamites qui succombèrent en cette journée fut de vingt-cinq mille un cent. Six cents seulement survécurent et se réfugièrent sur le rocher de Remmon. Les vainqueurs anéantirent ensuite par le glaive et par le feu tout ce qu’ils rencontrèrent en Benjamin, villes, hommes et animaux. Jud., xx. Après la guerre, réuniu à Silo, devant le Seigneur, ils pleurèrent la destruction d’une des tribus d’Israël. Mais, à Maspha, ils avaient juré de ne pus donner leurs filles pour femmes aux enfants de Benjamin, et en même temps de punir de mort ceux qui ne marcheraient pas contre les coupables obstinés. Or les habitants de Jabès Galaad n’ayant pas pris part à la guerre, on envoya dix mille hommes qui en exterminèrent la population, sauf les jeunes filles nubiles, au nombre de quatre cents, qu’on donna aux Benjamites échappés au massacre. Les deux cents autres furent trouvées parmi les jeunes filles de Silo, par un moyen que les Israélites crurent conciliable avec leur serment. La tribu, un instant menacée dans son existence, - rentra avec ces débris dans ses possessions et se reforma peu à peu. Jud., xxi. C’est un de ses membres qui le premier accourut à Silo annoncer à Héli la défaite d’Israël par les Philistins, la prise de l’arche et la mort des deux fils du grand prêtre. I Reg., iv, 12.

Benjamin eut l’honneur de donner au peuple de Dieu son premier roi, Saûl, fils de Cis, I Reg., x, 21, et les luttes qui suivirent la mort de celui-ci montrent que la tribu n’était pas décidée à céder le pouvoir, surtout en faveur de Juda et de David. Les partisans de David et d’Isboseth en vinrent souvent aux mains. Un jour entre autres, près de la piscine de Gabaon, Abner, désirant épargner le sang du peuple, voulut terminer la querelle par un combat singulier. Douze hommes de Benjamin se mesurèrent avec douze hommes de Juda ; mais l’ardeur fut telle des deux côtés, que les adversaires restèrent tous sur le terrain. Le résultat fut donc nul, et, le combat devenant général, Abner fut mis en fuite avec Israël par les serviteurs de David, qui frappèrent à mort trois cent soixante hommes de Benjamin et des autres tribus. II Reg., ii, 12-31. Enfin Abner, séparé d’Isboseth, voulant ramener tous les enfants d’Israël sous un même sceptre, entama des négociations avec la tribu de Benjamin, dont il craignait l’opposition ; celle-ci approuva son dessein en envoyant à Hébron un détachement de trois mille hommes, « frères de Saûl. » II Reg., iii, 19 ; I Par., xii, 29. Il se trouva même dans son sein deux brigands, Baana et Réchab, fils de Remmon de Béroth, pour assassiner Isboseth. II Reg., IV, 2-8. Tout levain de haine cependant n’avait pas disparu de la maison de Saûl, comme nous le voyons par l’histoire de Séméi, poursuivant de ses malédictions David en fuite devant son fils révolté. II Reg., xvi, 5-13. Il est vrai que l’insulteur changea de sentiments avec le retour de la fortune pour le saint roi ; il se précipita au-devant de lui avec mille hommes de Benjamin, passa le Jourdain et se jeta à ses pieds pour lui faire amende honorable. II Reg., xix, 15-20. À ce moment, un autre Benjamite, nommé Séba, profitant du mécontentement d’Israël au sujet de la réception et du retour de David, II Reg., xix, 41-43, entraînale peuple à la révolte, tandis que Juda restait seul attaché au roi ; la mort du traître mit fin à la lutte. Il Reg., xx, 1-22.

A l’époque du schisme, « Roboam vint à Jérusalem et rassembla toute la maison de Juda et la tribu de Benjamin, cent quatrevingt mille hommes de guerre choisis,

pour combattre contre la maison d’Israël et ramener le royaume à Roboam, fils de Saiomon. » 1Il Reg., xii, 21 ;

II Par., xi, 1. On peut s’étonner de voir notre tribu se ranger du côté de Juda. Ses affinités la portaient plutôt vers Éphraïm, et, dévouée à la maison de Saûl, elle avait été longtemps en antagonisme avec sa puissante voisine. Peut-être faut-il attribuer cette union à la possession de Jérusalem, capitale civile et religieuse de la nation, et qui, située sur les confins des deux tribus, leur était en quelque sorte commune. Une de ses villes, Béthel, forma la limite méridionale du royaume d’Israël, et Jéroboam en fit une ligne de démarcation en y plaçant un veau d’or.

III Reg., xii, 29. Roboam, de son côté, eut soin de fortifier plusieurs cités de Benjamin, et d’y établir des gouverneurs, des magasins de vivres et des arsenaux. Il Par., xi, 5, 10, 11. L’alliance fut consacrée par l’assemblée générale à Jérusalem, sous Asa. Il Par., xv, 9, 10. Désormais son histoire se confond avec celle du royaume de Juda, quoiqu’elle garde sa propre individualité, comme on le voit en plus d’une mention spéciale et dans les listes d’hommes ou de villes qui la concernent. I Esdr., n ; II Esdr., vu ; xi, 31-35. Une porte de Jérusalem s’appelait « porte de Benjamin ». Jér., xx, 2 ; xxxvii, 12 ; xxxviii, 7. Voir Benjamin 5.

Après la captivité, les enfants de Benjamin furent les premiers, avec ceux de Juda, à reprendre le chemin de Jérusalem, pour rebâtir le temple. I Esdr., i, 5. Ils rentrèrent dans leurs anciennes possessions. II Esdr., xi, 31-35. La paix dont jouissait la ville sainte, sous le pontificat d’Onias III, fut troublée par un des leurs, un certain Simon, intendant du temple, qui, pour se venger du grand prêtre, provoqua l’entreprise sacrilège d’Héliodore. II Mach., iii, 4. Enfin la tribu qui avait déjà produit Mardochée et Esther, Esth., ii, 5 ; xi, 2, vit, aux derniers jours de son histoire, briller le plus illustre de ses enfants. Saul ou Paul, « de la tribu de Benjamin, » Phil., iii, 5, fit revivre le nom du premier roi d’Israël, et résuma dans sa personne les principaux traits du caractère benjamite, qu’il nous reste à examiner.

III. Caractère. — Jacob mourant, dans une bénédiction qui est en même temps une prophétie, nous a brièvement, mais énergiquement, tracé le portrait des fils de Benjamin, Gen., xlix, 27 :

Benjamin est un loup ravisseur ;

Le matin, il dévore sa proie ;

Le soir, il partage son butin.

Esprit guerrier, c’est-à-dire adresse, courage et obstination, tel est en somme le caractère de la tribu qui, bien qu’une des plus petites, compta néanmoins parmi les plus fortes. Et cependant comme ce caractère belliqueux contraste avec la figure pacifique du jeune fils de Jacob ! Dans ces défilés que nous avons décrits’, autrefois le repaire des bêtes sauvages, — vallée de Seboïm ou « des hyènes », terre de Suai ou « du chacal », I Reg., xiii, 17, 18, — elle devait rôder comme un loup, descendre dans les riches plaines des Philistins ou dans la vallée du Jourdain, et recueillir d’abondantes dépouilles. L’habile maniement de l’arc, l’exercice de la fronde, semblent avoir été cultivés presque exclusivement chez elle. I Reg., xx, 20, 36 ; II Reg., i, 22 ; I Par., viii, 40 ; xii, 2 ; II Par., xvii, 17. Dans certains combats, elle mit en ligne « sept cents hommes très vaillants, combattant de la main gauche comme de la droite, et si adroits à lancer des pierres avec la fronde, qu’ils auraient pu même frapper un cheveu, sans que la pierre qu’ils auraient lancée se fût tant soit peu détournée de part ou d’autre ». Jud., xx, 16. Manier le glaive avec la même dextérité des deux mains était un talent des plus utiles pour un soldat ; manier la fronde de la main gauche n’était pas un moindre avantage, car on pouvait ainsi frapper l’ennemi à son flanc droit, habituellement découvert. L’énergie guerrière de la tribu se manifeste dans plu

sieurs combats que nous avons racontés. Le courage de Saûl et de Jonathas a été chanté par David. II Reg., i, 21, 22. Mais la force de caractère va parfois jusqu’au plus coupable entêtement, témoin la conduite des Benjamites après le crime de-Gabaa. Jud., xx. Un jour cependant plusieurs d’entre eux firent preuve d’une énergie d’autant plus méritoire, qu’elle pouvait attirer sur eux la colère d’un roi ; c’est quand ils refusèrent d’obéir à Saûl, qui leur commandait de porter une main sacrilège sur Àchimélech et les prêtres de Nobé. I Reg., xxii, 7, 17. Et pourtant ils avaient devant eux des partisans et des défenseurs de David ; « les fils de Jémini » avaient à réprimer le mouvement de celui qui semblait l’ennemi de leur tribu.

Les principaux traits de ce caractère se retrouvent dans le dernier et le plus illustre des enfants de Benjamin. Jusqu’au jour où il est frappé sur le chemin de Damas, saint Paul met au service du mal toute l’ardeur et la fougue de sa jeunesse. « Je persécutais à l’excès, dit-il, l’Église de Dieu, et je la combattais. Je me signalais dans le judaïsme au-dessus de plusieurs qui étaient de mon âge et de ma nation, montrant un zèle outré pour les traditions de mes pères. » Gal., i, 13, 14. Mais après sa conversion, quelle sainte énergie pour le bien ! quel invincible courage dans les persécutions ! quel infatigable dévouement au nom de ce Jésus, autrefois l’objet de sa haine, mais pour qui maintenant il est prêt, malgré les pleurs de ceux qui l’aiment, non seulement « à être livré aux chaînes, mais à sacrifier sa propre vie ! » Act., xxi, 13. Il couronne dignement la gloire d’une tribu qui, après avoir donné à sa nation le premier de ses libérateurs et le premier de ses rois, donne au christianisme l’Apôtre des Gentils, dont le zèle, la science et l’amour ont contribué à marquer du sceau des élus les « douze mille de la tribu de

Benjamin ». Apoc, vii, 8.
A. Legendre.

5. BENJAMIN (PORTE DE). Trois portes de ce nom sont mentionnées dans l’Écriture. — 1° Une porte de la ville de Jérusalem était ainsi nommée, Jer., xxxvir, 12 ; Zach., xiv, 10, parce qu’elle conduisait sur le territoire de la tribu de Benjamin. Jer., xxxvii, 11-12 (hébreu, 12-13). Le prophète veut sortir par là pour aller à Anatoth, sa patrie, située au nord de Jérusalem. La porte de Benjamin s’ouvrait donc dans le mur septentrional de la ville. Quelques pèlerins anciens, tels que Théodose, De Terra Sancta, dans les Itinera Hierosolymitana lalina, édit. Orient latin, 1879, p. 63 ; cf. Arculfe, Relatio de Jocis sanctis, i, 1, ibid., p. 143, supposent qu’elle est à l’est de Jérusalem, mais c’est sans doute parce qu’ils l’ont confondue avec la porte de ce nom qu’Ézéchiel, xlviii, 32, place à l’orient de la ville sainte restaurée. La porte de Benjamin n’est pas nommée par Néhémie dans l’énumération qu’il fait, II Esdr., iii, des portes de la ville de Jérusalem. Plusieurs croient qu’il la désigne sous le nom de porte Ancienne. II Esdr., iii, 6 ; xii, 38 (hébreu, 39) ; voir col. 554. Quelques auteurs identifient la porte de Benjamin avec la porte d’Éphraïm. Voir ce nom et Jérusalem. Mais ces identifications sont fort incertaines. — 2° Une porte du temple portait aussi le nom de porte de Benjamin, comme nous l’apprend expressément Jérémie, xx, 2 ; xxxviii, 7 ; cf. ꝟ. 14 ; c’est là que le prophète fut emprisonné. On peut supposer que c’est de la même porte que parle Ézéchiel, viii, 3, 5, 16, et ix, 2 ; dans ce dernier passage, il l’appelle « supérieure », comme Jérémie. C’est aussi sans doute celle que Néhémie désigne sous le nom de « porte de la Prison ». II Esdr., xii, 38 (hébreu, 39). Elle était au nord du temple, ce qui convient à la situation qu’indique le nom de porte de Benjamin. D’après quelques commentateurs, la porte du temple serait même identique à la porte de la ville du même nom. — 3° Ézéchiel, xlvii, 32, dans sa reconstitution idéale de la cité sainte, place à chacun des quatre points cardinaux trois portes auxquelles il donne le nom d’une des douze

tribus d’Israël : celle de Benjamin est supposée à l’est, entre celle dé Joseph et celle de Dan. F. Vigouroux.

    1. BENJAMITE##

BENJAMITE (hébreu : Bén-Yeinînî, ou avec l’article : ha-Yemînî, « fils de Jémini ; » Septante : vlb ; Tc|j.ivat’ov), descendant de Benjamin, fils de Jacob ; personne appartenant à la tribu de Benjamin. Jud., iii, 15 ; xix, 16 ; I Reg, ix, 1, 21 ; xxii, 7 ; II Reg., xvi, 11 ; xix, 17 (hébreu, 16) ; III Reg., ii, 8 ; I Par., xxvii, 12 ; Ps. vii, 1. Dans tous ces passages, la Vulgate traduit « fils de Jémini ». Le texte original porte simplement’îs Yemînî, II Sam. (Reg.), xx, 1 (Vulgate : Jemineus), et Esther, ii, 5 (Vulgàte : de stirpe Jémini, « de la race de Jémini ou Benjamin » ).

    1. BENJOIN George##

BENJOIN George, théologien anglican, de Jésus Collège, à Cambridge, vivait à la fin du xviir 5 siècle. On a de lui : Jonah, a faithful translation from the original, with notes. To wkich is prefixed À preliminary Discourse, proving the genuineness, the authenticity and the integrily of the présent text, in-4°, Londres,

1796. Travail peu estimé. — The Integrily and excellence ofScripture ; a vindiçation of the so much controverted passages, Deut., vzn, 3, 5, andxx, 16, 17, in-8°, Londres,

1797. — Voir Orme, Bibliotheca biblica, p. 27.

    1. BEN - NAPHTALI Moïse ben David##

BEN - NAPHTALI Moïse ben David, célèbre massorète du commencement du Xe siècle, qui entreprit une revision du texte sacré ponctué. Il fit ce travail, probablement à Bagdad, pendant que son contemporain Ben-Ascher l’exécutait à Tibériade. La recension de Ben-Ascher l’emporta et servit de règle pour les éditions imprimées. Les diiférences entre les deux revisions regardent les voyelles et surtout les accents : on les trouve à la fin de la Biblia magna rabbinica, et aussi dans l’édition de la Bible hébraïque de Bær et Delitzsch. Il ne faut pas lès confondre avec les « variantes des Orientaux et des Occidentaux ». Cf. Aaron 11, col. 11, et Ponctuation.

E. Levesque.

    1. BENNI##

BENNI (hébreu : Bànî, « édifié, » c’est-à-dire « établi », Septante : Bavf), père de Rehum, qui bâtit une partie des murs de Jérusalem au temps de Néhémie. II Esdr, , ui, 17.

    1. BENNO##

BENNO (hébreu : Benô, « son fils, » omis dans les Septante), lévite, fils d’Oziaù, d’après la Vulgate. I Par., xxiv, 26. Dans l’hébreu, le texte actuel porte : « Les fils de Ya’àziyyàhù son fils. » Ce serait donc plus probablement un nom commun. Tout ce passage du reste paraît avoir souffert de la main des copistes.

    1. BENNOÏ##

BENNOÏ (hébreu : Binnûî, « établissement, famille ; » Septante : Bavocùx), père de Noadaïa, lévite au temps d’Esdras. I Esdr., viii, 33.

, BENNUÏ. Hébreu : Binnûî, « édifice, » c’est-à-dire « établissement, famille » ; Septante : Bavoui, Bavf. Dans le texte hébreu, cinq Israélites portent le nom de Binnùï ; la Vulgate en appelle trois Bennui, et les autres Bannuï et Bennoï. Voir ces deux dernière mots.

1. BENNIfl, un des fils de Phahath-Moab, qui avait pris une femme étrangère durant la captivité, et la répudia sur l’ordre d’Esdras. I Esdr., x, 30.

2. BENNUl, un des fils de Bani, qui répudia sur l’ordre d’Esdras la femme étrangère qu’il avait prise pendant la captivité de Babylône. I Esdr., x, 38.

3. BENNUÏ (Septante : Bavf), lévite, fils d’Hénadad, bâtit une partie des murs de Jérusalem au temps d’Esdras. Il Esdr., iii, 24. Il fut un des signataires de l’alliance théocratique. II Esdr., x, 9. Il était revenu de Babylône avec Zorobabcl. II Esdr., xii, 8.

1. BENOIST Élie, pasteur protestant, né à Paris le 20 janvier 1640, et mort à Delft le 15 novembre 1728. Pendant vingt ans il exerça les fonctions de ministre dans l’église réformée d’Alençon, où il eut de vives discussions avec le P. de la Rue, jésuite, sur plusieurs points de controverse. L’édit de Nantes le força de se retirer à la Haye, et il devint pasteur de l’église de Delft ; après trente et un ans de services, en 1715, il fut déclaré pasteur émérite. Il est surtout connu par une Histoire de l’édit de Nantes, qui fut réfutée par les PP. Thomassin et Bordes, de l’Oratoire. Il a laissé : Dissertationes epistolicee très inpriores octodecim versiculos primi capituli Evangelii secundum Joannern circa Christi divinitatem, in-8°, Rotterdam, 1697. — Arnica expostulatio de stylo Novi Testamenti adversus Epistolam D. Taco Hajo van den Honert, in-4°, 1703, Delft. D’après J. de Chautfepié, Nouveau dictionnaire critique et historique, in-f°, Amsterdam, 1750, t. i, p. 238-240, il laissa manuscrits les ouvrages ou dissertations suivantes : 1° Réflexions sur les doudaïm, ou les fruits que Ruben porta à sa mère. Selon lui, ce n’étaient pas des mandragores, mais des fraises. 2° Dissertation sur l’oracle de Jacob, Gen., xlix, 10. Il y avance que Juda perdra le sceptre pendant un certain temps et le recouvrera à l’avènement du Messie. 3° Dissertation latine sur la vision d’Ézéchiel. 4° Dissertation latine sur l’apparition de l’étoile aux mages, qui pour lui est plutôt providentielle que miraculeuse., 1. de Chauffepié cite de longs passages de ces ouvrages manuscrits.

E. Levesque.

2. BENOIST Jean, calviniste, originaire d’Allemagne, fut médecin à Saumur, où il mourut fort âgé, le 8 mai 1664. En 1614, il enseignait dans cette ville la langue grecque, et se fit connaître par une remarquable édition de Pindare, avec traduction latine et commentaires. Ses œuvres scripturaires sont : Métaphrase et paraphrase du Cantique des cantiques, in-4°, Saumur, 1635 ; 2e édit., 1650 ; Métaphrase et paraphrase des Psaumes, in-8°, Saumur, 1646. Voir Le Long, Bibliotheca sacra, in-f°, Paris, 1723, p. 634 ; Haag, La France protestante, t. ii, p. 177 ; D r Dumont, Histoire de l’académie de Saumur, 1600 à 1684, dans les Mémoires de la Société académique, in-8°, Angers, 1862, t. xi, p. 1-112. E. Levesque.

3. BENOIST René, théologien français, né en 1521 à Savennières, près d’Angers, mort à Paris le 7 mars 1608. Après avoir fait ses études à l’université d’Angers, où il fut reçu docteur en théologie, il occupa quelque temps la cure de SaintMaUrille des Ponts-de-Cé. En 1548, il se rendit à Paris, où il prit le bonnet de docteur en Sorbonne (1559). Protégé par le cardinal de Lorraine, il devint confesseur de Marie Stuart et la suivit en Ecosse. À son retour, il obtint, en 1566, la cure de Saint -Pierre-des-Arcis, à Paris, et, en 1568, celle de Saint -Eustache, que son oncle résigna en sa faveur. D’abord favorable à la Ligue, et surnommé le pape des Halles à cause de sa grande influence, il embrassa vers la fin de ce mouvement le parti du roi, et fut l’un des docteurs que Henri IV, résolu à faire profession de la foi catholique, appela près de lui, à Saint-Denis, pour s’éclairer (12 juillet 1592). Henri le prit même pour confesseur jusqu’en 1601. Il mourut âgé de quatre-vingt-sept ans, après avoir tenu par son savoir et sa popularité une place importante parmi ses contemporains. Launoy lui attribue cent cinquante-quatre ouvrages, livres ou brochures ; Nicéron en énumère cent cinquante-neuf, mais plusieurs ne sont que des rééditions. Ses œuvres scripturaires sont : 1° Catholique et familière exposition des évangiles d’un chascun jour de caresme et des épistres du dimanche, par Louis le Sénéchal (pseudonyme de René Benoist), in-8°, Paris, 1559 ; 2e édition, 1562. — 2° À la suite de la Biblia sacra, éditée par le théologien Jean Benoist, in-f°, Paris, 1564, on trouve un appendice ainsi intitulé : Exquisita strontata in universum corpus biblicum quadruplici tum


materia tum, Ubro distincta, in quibus proposita christianee religionis hoc tempore controversa ex ipso verbo Dei explicantur et dissolpuntur, auctore Renato Benedicto, Andegavo, doctore theologo Parisiênsi. II parut à part, sous ce titre un peu différent : Stromata, in universum organum biblicum seu potius Panoplia catholicorum, opus eàm omnibus Sacrée Scripturee studiosis, tum maxime concionatoribus catholicis perutile, in-12, Cologne, 1568. La troisième partie de cet ouvrage avait été déjà publiée séparément : Locorum preecipuorutn Sacrée Scripturee, tam Veteris quam Novi Testamenti, quibus prave detortis hujus tempeslatis hseretici abutuntur, conquisitio et catholica expositio, in- 8°, Paris, 1566 ; in-32, Anvers, 1567. Il eh parut des traductions françaises, sous ce titre : Exposition et familière résolution de certains lieux et principaux passages, tant du Vieux que du Nouveau Testament, in-8°, Paris, 1567 ; Reims, 1567 ; et sous cet autre titre : Réfutation des vains prétendus fondemens de certains lieux de l’Écriture Sainte, desquels les hérétiques abusent, in-8% Paris, 1569. — 3° La Sainte Bible traduite en françois selon la version’de la Vulgate, avec des notes et des expositions de plusieurs passages objectés par les hérétiques, 3 in-f°, Paris, 1566. Elle reparut en 2 in-4°, Paris, 1568, et in - 16, Anvers, 1571, sous ce titre : La Saincte Bible, contenant le Vieil et le Nouveau Testament latinfrançois, avec des adnotations nécessaires pour l’intelligence des lieux les plus difficiles. Dès que cette traduction de la Bible parut (1566), elle souleva une tempête. On reprochait à l’auteur d’avoir reproduit le texte de l’édition de Genève avec de légères modifications. Le livre, publié cependant avec approbation de la Sorbonne, fut condamné le 15 juillet 1567, et l’auteur exclu de la faculté le 1 er octobre 1572 : exclusion et condamnation ratifiées par le pape Grégoire XIII, le 3 octobre 1575. Ce ne fut qu’en se soumettant qu’il put reprendre son titre de doyen (1598). Il ne voyait pas dans sa traduction les erreurs calvinistes qu’on lui reprochait, sauf en quelques points où il accusait les imprimeurs d’avoir altéré son texte. Et de fait il obtint contre eux un arrêt du parlement (21 mai 1566). Pour lui, il resta toujours sincèrement attaché à la foi. — 4° Du bâtiment des temples matériels, où est expliqué par scholies le prophète Aggée, le IV chapitre de Zacharie, et le i° r chapitre d’Esdras, in-8°, Paris, 1578. — 5° Le Nouveau Testament de Notre-Seigneur JésusChrist, avec annulations et expositions des lieux lés plus difficiles, in-16, Rouen, 1579, avec figures sur bois. — 6° Version, paraphrase et briève explication du psaume Exaudiat te Dominus, in-8°, Paris, 1595, — 7° Déclaration de feu M. René Benoist sur la traduction des Bibles et annotations d’icelles, ensemble la censure de nostre Saint-Père, in-8°, Paris, 1608. — 8° Les Épistres de saint Paul, les Épistres catholiques de saint Jacques, saint Pierre, saint Jean et saint Jude ; l’Apocalypse ou Révélation de saint Jean, le tout en françois et en latin, selon la version commune, avec annotations et expositions des lieux les plus difficiles, in-24, Rouen, 1612. — Voir Aug. Galitzin, Messire René Benoist, Angevin, confesseur du roi Henri 1111, in-8°, Angers, 1864, tiré à cent exemplaires ; J. Denais, dans la Revue de l’Anjou, 1872, t. viii, p. 1, 97, 287, et tirage à part sous ce titre : Le pape des Halles, René Benoist, « 1-8°, Angers, 1872. E. Levesque.

1. BENOÎT XI (Nicolas BOCCASINI), né à Viterbe en 1240, mort à Pérouse le 7 juillet 1304. IL entra fort jeune dans l’ordre de Saint -Dominique, où il fit profession en 1257. Il s’y fit bientôt remarquer par sa piété et ses talents. Ce fut en enseignant les jeunes religieux qu’il composa ses commentaires sur le psautier, sur Job, sur V Apocalypse et sur saint Matthieu. Après avoir exercé les fonctions de provincial en Lombardie, Nicolas Boccasini fut, dans le chapitre des Frères Prêcheurs tenu à

I. - 53

Strasbourg, en 1296, élevé à la dignité de maître général de son ordre, qu’il gouverna pendant deux ans et demi. BonifaceVllI, auquel il se montra toujours très attaché, lui confia diverses missions et le créa cardinal-prêtre du titre de Sainte -Sabine. En 1300, il fut promu à l’évêché d’Ostie, et, le 22 octobre 1303, élu pape par tous les cardinaux présents à Rome. Il travailla aussitôt à rétablir la paix dans l’Église, leva les censures portées par son prédécesseur contre la puissante famille des Colonna, et accorda de lui-même au roi de France l’absolution des censures qu’il avait encourues. Le 13 avril 1304, il dut quitter Rome, agitée par les intrigues de Philippe le Bel. Il mourut à Pérouse le 7 juillet 1304, emporté par une maladie subite qui fit croire à un empoisonnement. Ses ouvrages sur l’Ecriture Sainte sont restés manuscrits : seuls les commentaires sur saint Matthieu ont été publiés par le dominicain Georges Lazari, sous le titre, : In caput r Evangelii B. Matthsei absolutissirna commentaria) sive enarrationesfusiores, in-f°, Venise, 1603. Le 24 avril 1736, Clément XII plaça le pape Benoit XI au rang des bienheureux. — Voir P. T. Campana, Yita del somma pontiftce Benedetto XI, in-4°, Milan, 1736 ; L. Gautier, Benoît XI, dans la Bévue du monde catholique, 1863, t. v, p. 361, 502, 699 ; t. vi, p. 47 ; Échard, Scriptores ordinis Prsedicatorum (1729), t. i, p. 444 ; Ciaconi, Vitœ Pontificum lïomanorum, t. Il (1677), , p. 339 ; , Fabricius, Bibliotheca latina medii sévi (1734), t. i, p. 529.

B. Heurtebize.

2. BENOÎT DE PARIS, capucin. Voir Langeais.

    1. BÉNONI##

BÉNONI (hébreu : Bén-’ônî, « fils de ma douleur ; » Septante : >Voç b5mrz jiou), nom donné par Rachel à son second fils, dont la naissance lui coûta la vie. Gen., xxxv, 18. C’est le frère de Joseph que son père appela Benjamin. Voir Benjamin 1..

    1. BEN-SEEB Juda Lob##

BEN-SEEB Juda Lob, ben Benjamin Seeb, Wolf, exégète et grammairien juif, né en 1764 aux environs de Cracovie, mort à Vienne le 25 février 1811. On a de lui : 1° L’Ecclésiastique d’après le texte syriaque, imprimé en caractères hébraïques, traduit en hébreu et en allemand, avec un commentaire en hébreu. Il a été publié sous ce titre : Bén-Sirâ’metûrgâm ûmbû’âr, « Le fils de Sira, traduit et commenté, » et encore sous ce titre : Bîokmat yehô&ua* bèn Sîrâ’, « La Sagesse de Josué, fils de Sira, » in-8°, Breslau, 1798 ; Vienne, 1807, 1818, 1828. 2° Le livre de Judith, Megillaf Yehûdif, avec traduction hébraïque et allemande et commentaire en hébreu, in-8°, Vienne, 1799, 1819. 3° Mâbô"’él-miqra’ê qôdés, « Introduction à l’Écriture Sainte, » in-8°, Vienne, 1810. Il a laissé en outre une grammaire hébraïque assez répandue en quelques contrées de l’Autriche et plusieurs fois éditée : Talrnûd leSôn’ibrî, « Enseignement de la langue hébraïque, » in-8°, Vienne, 1806 ; 5\{\{e\}\} édit.on, in-8°, Vienne, 1827 ; et un bon dictionnaire hébreu - allemand, ’Osar hassoraSîm, « Trésor de racines, » in-8°, Breslau, 1797 ; 4e édition, Vienne, 1840-1842. E. Levesque.

1. BENSON Georges, théologien anglais non conformiste, né à Great Salkeld, dans le Cumberland, en 1699, mort en 1763. Il étudia à Glasgow, prêcha à Londres et fut ministre à Abington, dans le comté de Berk, où il habita pendant sept ans. Il revint ensuite à Londres, et, en 1744, l’université d’Aberdeen le proclama docteur en théologie. Il fut d’abord calviniste, puis arien. Voici quelques-uns de ses principaux ouvrages : À paraphrase and notes on six of the Epistles of St Paul : viz. I and II Thess., I and II Tim., Phil., Titus. To which are annexed critical dissertations on several subjects for the belter understanding of St Paul’s Epistles. La meilleure édition est la seconde, qui fut publiée à Londres, en 2 vol. in-4°, 1752-1756. Cette paraphrase est faite pour compléter celle de Locke et de Pierce, dont le but était

d’expliquer les Épîtres les unes par les autres. — À $um~ mary view of the évidences of Christs résurrection, in-8°, Londres, 1754. — The history of the first planting of the Christian religion, taken from the’Acts of the Apostles and their Epistles ; together with the remarkable facts of the Jewish and Boman history which affected the Christians within this period, 2 in-4°, Lon-, dres, 1735 ; 3 in-4°, 1756 (2 S édit.). — The reasonableness of the Christian religion as delivered in the Scriptures (& édit.), 2 in-8°, Londres, 1759. — The history of the life of JésusChrist, taken from the New Testament’; with observations and reflections., in-4°, Londres, 1764. En tête de cet ouvrage se trouve une étude sur la vie et les œuvres de G. Benson, par le pasteur Thomas Amory.

— Voir W. Orme, Bibliotheca biblica, 1824, p. 27.

.
B. Heurtebize.

2. BENSON Joseph, théologien méthodiste anglais, né à Melmerby, dans le Cumberland, le 26 janvier 1748 ou 1749, mort à Londres le 16 février 1821. 11. devint célèbre parmi ses coreligionnaires par ses prédications.. Il publia plusieurs ouvrages en faveur du méthodisme et À Commentary on the Holy Scriptures, 5 in-4°, Londres, 1811-1818 ; 6e édit., 6 in-8°, Londres, 1848. Ouvrage très estimé par ses coreligionnaires. Voir R. Treffrey, Mewwirs of Joseph Benson, in-12, New-York, 1840.

    1. BENZOHETH##

BENZOHETH (hébreu : Bên-zôhéf ; Septante : uîoî Zwôg ; Codex Alexandrinus : Zw^iO), fils de Jési, parmi les descendants de Juda. I Par., IV, 20. Il est possible que ce personnage ne soit désigné que par le nom de son ! père : « le fils de Zoheth » ; dans ce cas, il serait seulement petit-fils de Jési.

BÉON (hébreu : Be’ôn ; Septante : Bouâv), ville moabite, à l’est de la mer Morte. Elle est ainsi appelée dans les Nombres, xxxii, 3, dans l’énumération des villes que les Rubénites et les Gadites demandent comme possession à Moïse. C’est une abréviation de Baalméon, qui est nommée sous cette dernière fornje dans le verset correspondant. Num., xxxij, 38, Voir Baaiméon et Béan.

BÉOR. Hébreu : Be’ôr, « torche, » d’après les Targums ; Septante : Beiip, Baioip. Nom de deux personnes.

1. BÉOR, le père du roi iduméen de Dénaba, Bêla. Gen., xxxvi, 32 ; I Par., i, 43.

2. BÉOR, le père du prophète Balaam. Num., xxii, 5 ; . xxiv, 3, 15 ; xxxi, 8 ; Deut., xxiii, 4 (hébreu, 5) ; Jos., xiii, 22 ; xxiv, 9 ; Mich., vi, 5. Il est appelé Bosor, II Petr., ii, 15 : Voir BOSOR 1.

BER, BERE, Louis, théologien catholique suisse, né à. Bâle à la fin du xye siècle, mort à Fribourg le 14 avril 1554. 11 étudia à Paris, et, après avoir pris ses grades à la faculté de théologie, il revint dans son pays, où il fut recteur del’université de Bâle. En 1526, il fut un des quatre présidents des conférences réunies à Bade pour examiner divers points de religion. Il mourut à Fribourg, où, lorsque le protestantisme avait triomphé dans sa patrie, il s’était réfugié avec les chanoines du chapitre de Saint-Pierre de Bâle, dont il était doyen et écolâtre. Il composa un commentaire sur plusieurs Psaumes, sous le titre de : Quorurndam Psalmorum expositio, in-8°, Bâle, 1551.

B. Heurtebize.

1. BÉRA (hébreu : Be’érâ’, « puits ; » Septante : . Berjpâ), onzième fils de Supha dans la descendance d’Aser. I Par., vii, 37.

2. BÉRA (hébreu : Be’êr ; avec le hé local : Be’êrâh ; Septante : B^p), lieu où Joatham, fils de Gédéon, s’enfuit par crainte de son frère Abimélech. Jud., ix, 21. Rien, dans le contexte ne nous indique où se trouvait cet endroit.

-1605°

BÉRA — BÉRÉE DE SYRIE

1606

Quelques auteurs l’assimilent à Béroth (hébreu : Be’êrôt, pluriel de Be’êr), ville de la tribu de Benjamin, Jos., IX, 17 ; xviii, 25, généralement identifiée avec le village actuel d’El-Biréh, à trois ou quatre lieues au nord de Jérusalem, sur la route de Naplouse (l’ancienne Sichem). .S’il est vrai, comme le pense un commentateur, F. de Hummelauer, Comment, in Jud., Paris, 1888, p. 190, que Joatharn choisit un lieu où il fût en sûreté contre Abimélech et où néanmoins il put facilement savoir ce qui se passait à Sichem, cette localité était assez près pour que le fugiti f

: se tînt au courant des événements ; mais était-elle assez

loin pour le mettre complètement à l’abri ? D’autres exégètes aiment mieux voir ici la Bvjpâ, Béra, que Y Onomastieon, Gœttingue, 1870, p. 106, 238, place à huit milles (environ douze kilomètres) au nord d’Éleuthéropolis (aujourd’hui Beit-Djibrin). On signale à l’ouest de Aïn-Schems (Beth : samès), non loin de l’ouadi Es-Surâr, un bourg ruiné, portant le nom de Khirbet el-Biréh. Il correspond, suivant un certain nombre d’auteurs, à l’antique Béra d’Eu : sèbe et de saint Jérôme et à la ville de Béer ou Béra, lieu de refuge de Joatham. Cf. Robinson, Biblical Besearches in Palestine, 3 in-8°, Londres, 1856, t. i, p. 452, note 2 ; Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 295. Il faut dire cependant qu’il est un peu plus éloigné de Beit-Djibrin que ne l’indique YOnomasticon. A. LegeNdre.

    1. BÉRAB Jacob ben Moscbéh##

BÉRAB Jacob ben Moscbéh, ben Isaak, exégète juif -espagnol, né vers 1474, mort en 1546. Originaire de Maqueda, aux environs de Tolède, il fut obligé de s’exiler en 1492, et devint rabbin successivement à Fez, en Egypte, et à Safed, en Galilée, où il mourut. Il composa sur le livre de Josuéet sur les Prophètes des gloses, où il suit la méthode du midrasch philosophique et cabalistique. On les trouve dans un ouvrage de scolies sur les Prophètes, tirées de divers auteurs, intitulé : Liqqûtê sôSannîm ou Florilegium, in-4°, Venise, 1602, et dans le grand commentaire biblique de Moïse Frankfurter, Qehillaf [Môséh, in-f°, lvmsterdam, 1724-1727. E. Levesque.

    1. BERAKAH##

BERAKAH, nom hébreu d’une vallée que la Vulgate appelle, d’après la signification de ce mot, « vallée de Bénédiction. » Voir Bénédiction 2.

    1. BERATINUS##

BERATINUS (CODEX). Ce manuscrit, désigné par la lettre $ dans l’appareil critique du Nouveau Testament, appartient au groupe des manuscrits grecs onciaux. Il est la propriété de l’église grecque de Saint -Georges, dans la petite ville turque de Bérat, en Albanie ou ancienne Épire. L’écriture est du vi" siècle ; les feuillets ont 514 millimètres sur 268 ; le manuscrit en compte 190 ; ils sont écrits sur deux colonnes ; chaque colonne a 17 lignes ; le parchemin, plutôt ferme que fin, est. teint en pourpre violacée ; l’encre est d’argent, sauf pour les titres et les noms divins, où elle est d’or. Les caractères sont d’onciale ronde et carrée, sans accents, sans esprits, sans autre ponctuation que des points. Les initiales majeures sont en saillie sur la marge à peu près de toute leur largeur, et sont du double plus grandes que les lettres courantes. En tête de chaque Évangile figuraient les xeçâXaia ou titres des divers chapitres ; en manchette sont inscrits les chiffres des notes ammonioeusébiennes. Le manuscrit contient l’Évangile de saint Matthieu et celui de saint Marc, moins Mafth, -, i-vi, 3 ; vu, 26-vin, 7 ; xviii, 25-xrx, 2 ; xxiii, 5-12 ; Marc, xiv, 63’Xvi, 20. Le Codex Beratinus était dès 1356 à Bérat même, au couvent de Saint-Jean : on ignore d’où il provenait. Il fut signalé, en 1868, par l’archevêque grec de Bérat, dans une brochure pubhée à Corfou, sous le titre (en grec) de : Description historique abrégée de la sainte métropole de Belgrade. Il a été étudié sur place en 1885 et collationné par le signataire du présent article : la collation est publiée dans les Archives des missions scientifiques et littéraires, 3e série, t. xiii, Paris, 1887, p. 467-556.

L’intérêt de ce manuscrit tient à sa valeur paléographique ; il est, en effet, avec la Genèse illustrée de Vienne, le Psautier de Zurich, l’Évangile de Patmos et l’Évangile de.Rossano, un des rares manuscrits grecs pourpres à encre d’argent connus jusqu’ici. L’intérêt de ce manuscrit tient plus encore à la nature du texte qu’il présente : dans l’ensemble, ce texte appartient à la famille que, à la suite de MM. Biort et Westcott, on est convenu d’appeler syrienne ; mais il présente un nombre considérable de variantes plus anciennes, lesquelles sont ici pour la plupart de la famille dite occidentale : c’est ainsi que l’importante interpolation propre à la version de Cureton et au Codex Bezse (Matth. XX, 28, ûjjieîc Se trjTsfrs èx (jicx.poj ociS ; Ti<TCu… touto 5(pïi<Ti(j.(ÔT£pov) se retrouve dans notre Codex Beratinus. Voir, en outre de la collation publiée dans les Archives des missions, la notice publiée avec un fac - similé dans les Mélanges d’archéologie et d’histoire de l’école française de Rome, t.v, 1885, p. 358-376.Yoir aussi Theologische Literaturzeitung, t. v, 1885, p. 601 -601 ; C. R. Gregory, Nov. Testament. Prolegomena, Leipzig, 1890, p. 444-445, et Sanday, Appendices ad N. T. Ste~phanicum, Oxford, 1889, p. 102-116. P. Batiffol.

BERCHORIUS. Voir Bersuire.

    1. BERCOS##

BERCOS (hébreu ; Barqôs ; cf. assyrien : Barqûsu ; Septante : Bapxo ; , Bapxoué), chef d’une famille de Nathinéens dont les membres revinrent de Babylone avec Zorobabel. I Esdr., ii, 53 ; II Esdr., vii, 55.

1. BÉRÉE (Bepéa ; Vulgate : Berea), ville de Judée, où Bacchides et Alcime, généraux de Démétrius I, r Soter, roi de Syrie, établirent leur camp peu de temps avant la bataille où Judas Machabée fut tué. I Mach., ix, 4. La situation de cette localité est inconnue. Le nom même est écrit différemment dans plusieurs manuscrits : BeTipÇàO (Cod. 19, 93) ; Bt^âK (Cod. 64) ; Br^eû, dans Josèphe, Ant. jud., XII, xi, 1, édit. Didot, p. 475. La plupart des commentateurs pensent que Béréa est la même ville que Béroth (hébreu : Beérôt), aujourd’hui El-Biréh, cf. Conder, Tent work in Palestine, t. ii, p. 335, au nord de Jérusalem, au sud-ouest de Béthel. Voir Béroth 1. — D’autres croient, en s’appuyant sur Josèphe, que Béréa. est la Bethzécha (grec : Bézeth) dont il est parlé I Mach., vu, 19, parce que l’historien juif, Ant. jud., XII, XI, 2, p. 472, nomme cette dernière Bethzétho, comme dans le passage correspondant à I Mach., ix, 4. Bethzétho est peut-être le Bir ez-Zeit actuel, « le puits des Oliviers, » au nord-ouest de Beitin (Béthel) et de Djifna, et non loin de cette dernière ville. Bir ez-Zeit est un village de dix-huit cents habitants, arrosé par deux sources, le’Ain el-Hammam et le’Ain el-Feliftéh, qui donnent à la terre une grande fertilité ; la vigne et le figuier y abondent. Voir V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 33-34. F. Vigouroux.

2. BÉRÉE (Blpota), ville de Syrie (fig. 485), plus

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485. — Monnaie de Bérée de Syrie.

[ATT] K M À ANTQNEINOC. Buste de Caraoalla radié, à gauche. - fy AHMAPX.E3 [TTIATOC TO A]. Aigle éployé, tenant une couronne dans son bec.

c » nnue sous le nom d’Alep. Elle est nommée dans le texte grec de U Mach., xiii, 4. Lorsque Antiochus V Eupator,

ou plutôt son tuteur Lysias, se mit en marche avec ses troupes contre Judas Machabée (163 avant J.-C), l’impie Ménélas se mêla à l’armée envahissante, afin d’obtenir par ses brigues de rentrer en possession du souverain pontificat. Lysias, sachant que ce coupable ambitieux était une des causes principales des troubles de la Judée, Ht donner par le roi l’ordre de le conduire à Bérée. (La Vulgate omet le nom de la ville et dit : in eodem loco, i dans le même lieu, » sans qu’aucun lieu ait été désigné, ce qui ne peut s’expliquer que par une lacune dans le texte latin.) Il y avait là, à l’endroit sans doute où est aujourd’hui la citadelle, une tour haute de cinquante coudées (environ 26 mètres) et remplie de cendres. Ménélas y fut jeté, selon la coutume du lieu, If Mach., xiii, 4-6, et y périt étouffé.

désert de Syrie (fig. 486). Elle est bâtie au milieu d’une oasis, à 420 mètres d’altitude, sur huit petites collines, entourées elles-mêmes de collines calcaires plus hautes. Elle a l’avantagé si rare en Orient d’être arrosée par une rivière, le Kouaïk, l’ancien Chalos (Xénophon, Cyrop., i, IV, 9, édit. Didot, p. 194), qui traverse la ville, en rend les environs très fertiles, et va se perdre dans un marécage, à une trentaine de kilomètres de distance. Les jardins, qui s’étendent sans interruption jusqu’à près de vingt kilomètres au sud-est de la ville, sont justement célèbres, et produisent surtout des pistaches très renommées. L’aspect de la cité, vue de loin, est très pittoresque avec les blancs minarets de ses nombreuses mosquées et ses maisons aux toits plats, étagées sur les terrasses des collines. L’air y est sec et piquant ; en hiver, la neige y

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186. — Vue d’Alep (ancienne Bérée). D’après une photographie.

Bérée de Syrie (Pline, v, 19 ; Strabon, xvi, 7, édit. Didot, p. 639 ; Théodoret, H. E., iii, 17, t. Lxxxii, col. 1116) se trouvait à peu près à moitié chemiu entre Antioche et Hiéropolis, Ptolémée, v, 15, à deux journées de marche de chacune de ces deux villes. Julien, Epist. xxvii, édit. Teubner, t. i, p. 516 ; Procope, De bell. pers., ii, 7, édit. Niebuhr, t. i, p. 179. C’est l’antique ville de Helbon ou Alep. Nieéphore Calliste, II. E., xiv, 39, t. cxlvi, col. 1189. Séleucus Nicator changea son ancien nom sémitique pour lui donner le nom macédonien deBépoia, qu’elle garda jusqu’à la conquête arabe, sous Abou Obéidah, en 638. À cette époque, elle reprit son ancien nom, Ifalab ou Helbôn. Schultens, Index geographicus in vitam Saladini, au mot Halebum, p. Kk 2. Du temps de saint Jérôme, De vir. M., 3, t. xxiii, col. 613, vivaient dans cette ville des chrétiens de la secte des Nazaréens, qui se servaient de l’Évangile araméen de saint Matthieu.

Alep est située dans l’immense plaine qui s’étend de l’Oronte à lEuphrate, à l’extrémité nord-ouest du grand

tombe assez souvent ; le climat est sain, mais les habitants y sont attaqués par un ulcère, appelé le bouton d’Alep, qui se développe ordinairement sur le visage, dure un an environ et laisse une cicatrice indélébile. Dans le pays, on l’attribue à l’eau. La peste y fait aussi assez fréquemment des ravages, surtout par suite de l’incurie des musulmans.

Alep est très ancienne. La tradition arabe y conserve le souvenir d’Abraham, et prétend même qu’elle tire son nom de Haleb « lait », à cause du lait qu’Abraham, pendant son séjour dans cette ville, distribuait à tout venant (A. Schultens, Vita Saladini, p. KKj-J. ; Golius, Alfragamts, p. 274). Elle est mentionnée dans les documents égyptiens. VoirChabas, Voyage d’un Égyptien, in-4°, Paris, 1866, p. 100-102. On ne trouve cependant presque aucun reste de vieux monuments dans la ville, mais les ruines sont assez nombreuses dans les environs. Sa situation en fit dès une haute antiquité l’entrepôt du commerce entre les Indes, le bassin du Tigre et de l’Euphrate et la Méditerranée. Après la destruction de Pal

myre, elle acquit plus d’importance encore. Malgré toutes les révolutions politiques qu’elle a eu à subir, malgré les tremblements de terre qui l’ont souvent bouleversée, surtout en 1822, elle est toujours une place de commerce importante, et la route carrossable qui la relie à Alexandretle et qui a été faite ces dernières années est constamment sillonnée par de longues files de chameaux, apportant dans le golte d’Alexandrette, aux paquebots d’Europe, ses propres productions et celles de Diarbékir, de Mossoul et de Bagdad. Le chemin de fer projeté, qui doit la relier à l’Euphrate et à Beyrouth, augmentera encore son importance. — Un certain nombre de commentateurs ont pensé que le ffelbon qui produisait le vin vendu à Tyr, d’après Ezéchiel, xxvii, 18 (texte, hébreu), était la ville d’Alep ; mais c’est un endroit différent, situé dans le voisinage de Damas. Voir Helbôn. — Cf. F. Wûstenfeld, Jâcût’s Reisen, dans la Zeitschrift der Deutschen morgenlândischen Gesellschaft, t. xviii, 1864, p. 448-452 ; G. W. Freytag, Selecta ex historia Halebie codice arabico, in-8°, Paris, 1819 ; A. Schultens, Vita et res gestse Saladini, auctore Bohadino F. Sjeddadi, necnon excerpta ex historia universali Abulfedse, in-f°, Liège, 1732 ; J. Golius, Muhammedis fil. Ketiri Ferganensis, qui vulgo Alfraganus dicitur, Elementa astronomie arabice et latine, in-4°, Amsterdam, 1699, p. 270-276 ; A. Russell, The natural History of Aleppo, containing a description of the city, an account of the climate, 1™ édit., in-4°, Londres, 1756 ; H. Maundrell, À Journey front, Aleppo to Jérusalem, A-D, 1697 (avec une vue d’Alep à cette époque), 6e édit., Oxford, 1740 ; D’Herbelot, Bibliothèque orientale, t. ii, 1786, p. 187 ; M. Devezin, Nachrîchtenûbervleppo und Cypern, dansM.C.Sprengel, Bibliotheken derneuesten und ivichtiglen Reisenbeschreibungen, t. xii, in-8°, Weimar, 1804.

F. Vigouroux.

3. BÉRÉE (Bépota), ville de Macédoine (fig. 487). — Paul et Silas, chassés de Thessalonique par les Juifs, iurieux du succès de la prédication apostolique, furent conduits par les frères chrétiens à Bérée. Là ils trouvèrent des Juifs en grand nombre, plus nobles que ceux de Thessalonique ; dans cet auditoire bien disposé ils firent beaucoup de conversions, soit d’hommes juifs ou grecs, soit de temmes grecques distinguées. Mais des Juifs de Thessalonique, apprenant que saint Paul prêchait à Bérée, vinrent dans cette ville soulever le peuple contre les Apôtres. Les frères firent partir saint Paul dans la direction de la mer, probablement vers Dium, d’où celui-ci se rendit à

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487. — Monnaie de Bérée de Macédoine.

AAEEANAPOY*. Tête d’Alexandre le Grand, casquée, à droite.— KOIN MAKE B NEQ BEPA1QN. Personnage s’avançant vers une table chargée de deux urnes ; û côté, un autel allumé et une oolonne surmontée d’un vase.

Athènes. Act., xvii, 10-15. Un des compagnons de saint Paul, Sopater ( probablement le même que Sosipater, Rom., xvi, 21), était de Bérée. Act., xx, 4.

Bérée, actuellement Verria ou Kara Verria (vilayet de Saloniki, dix mille habitants, d’après E. Reclus, Nouvelle géographie universelle, t. i, p. 177), ville de l’Émathie { Macédoine inférieure), était située au pied du mont Bermios, dans la plaine fertile et bien arrosée de l’Haliacmon. Ptolémée, iii, 13 ; Strabon, vii, 11, p. 330. La table de

Peutinger la place à 30 milles de Pella, et l’itinéraire d’Antonin à 51 milles de Thessalonique. Fondée, disait-on, par la nymphe Bércea, c’était dans l’antiquité une ville assez importante et populeuse. Pendant la guerre du Péloponèse, elle fut prise par les Athéniens. Thucydide, i, 61. Ce fut la première ville qui se donna aux Romains après la bataille de Pydna. Tite Live, xliv, 45. Elle appartint à la tertia regio. Tite Live, xlv, 29. La voie Appienne la traversait. On possède des monnaies de Bérée de l’époque romaine où il est question du xoivbv M « x£86vuv et où la ville porte le titre de néocore.Voir (fig. 487). Cf. Mionnet, t. i, p. 469. Suppl., t. iii, p. 48. Dans une inscription du temps de Nerva, elle est appelée métropole. Delacoulonche, Revue des sociétés savantes, 1858, t. ii, p. 765. En 904, elle fut détruite presque en entier par un tremblement de terre. Successivement placée sous la domination slave et bulgare, elle fit partie, en 1204, du royaume latin de Thessalonique ; puis, en 1394, elle tomba au pouvoir des Turcs. Bérée a été décrite par Leake, Northern Greece, t. iii, p. 290, et par Cousinéry, Voyage dans la Macédoine, t. i, p. 69. On y voit encore quelques ruines grecques, romaines et byzantines, entre autres, des restes d’anciens murs et des moulins de foulons de l’époque romaine.

E. Jacquier.

    1. BERENGAUD##

BERENGAUD, auteur d’un commentaire latin sur l’Apocalypse, Expositio super septem visiones libri Apocalypsis, composé dans l’intervalle du temps écoulé depuis le milieu du ixe siècle jusqu’au XIIe. Cuthbert Tunstall, évêque de Durham, en Angleterre, attribua cet ouvrage à saint Ambroise, et le fit imprimer sous le nom de ce saint docteur, in-8°, Paris, 1548. Plusieurs éditeurs des œuvres de saint Ambroise l’ont imité depuis. Voir col. 452. Dans ce commentaire cependant on cite nommément saint Grégoire le Grand, saint Augustin, saint Jérôme, saint Ambroise lui-même. Il est vrai que ces noms sont omis dans ces éditions ; mais ils se lisent dans les plus anciens et les meilleurs manuscrits. D’ailleurs l’auteur a pris soin d’indiquer son nom à la fin de son travail d’une façon originale. En tête de l’avertissement final, on lit : Quisquis nomen auctoris desideras, litteras expositionûm in capitibus septem Visionum primas attende. NunierUs quatuor vocalium qusc desunt, si grsecas posueris, est LXXXI. Or les initiales des sept visions donnent : BRNGVDS, et les voyelles EEAO font 5 + 5 + 1 + 70 = LXXXI : Berengaudos, pour Berengaudus. Dans un manuscrit in-4°, vélin, du xiie siècle, coté à la bibliothèque d’Angers n » 68, et possédé avant la révolution par les Bénédictins de Saint -Serge de cette ville, les lettres initiales des sept visions se détachent en belles capitales coloriées, et l’avis de l’auteur se lit à la page 169. On avait supprimé l’avertissement final dans les anciennes éditions de saint Ambroise ; les Bénédictins l’ont rétabli et ont restitué ce commentaire à son véritable auteur. Un manuscrit de la Bibliothèque nationale du XIIe siècle (tonds latin, 2467) porte écrit de la même main que le texte : « Auctor hujus libri Berengaudus appellatur. » Quel est ce Berengaud ? Les auteurs de VHistoire littéraire de la France, in-4°, Paris, 1740, t. v, p. 653, et dom Ceillier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques, édit. Bauzon, t. xii, p. 703, croient que l’auteur du commentaire est un moine bénédictin de Ferrières, que Loup, abbé du monastère, envoya, vers 857, perfectionner ses études à Saint-Germain d’Auxerre, et dont il parle dans ses lettres. Pair, lat., t. cxix, p. 592 et 597. En effet, l’auteur écrit à une époque où le royaume lombard n’existe plus, Patr. lat., t. xvii, col. 914 ; il n’a donc pas paru avant le IXe siècle. De plus, sa connaissance de la règle de saint Benoît, la pureté et la netteté de son style, conviennent bien à un Bénédictin, à un disciple de Loup de Ferrières et d’Heiric d’Auxerre, deux des meilleurs écrivains de ce temps. Enfin les reproches adressés à l’avarice des archidiacres, t. xvii, col. 919, font penser aux conciles du ixe siècle, tenus à Paris, à Chàlons, à Aix-la-Chapelle, où

l’on s’occupa tout particulièrement de réprimer un vice alors si criant. Il est vrai que le nom du Bénédictin dont parle Loup de Ferrières, s’il n’y a pas une faute de copiste, est Bernegaud, nom qui répondrait également aux indications de l’auteur, mais diffère du nom donné en tête des plus anciens manuscrits. E. Dupin, dans la Table universelle des auteurs ecclésiastiques, in-8°, Paris, 1704, t. iii, p. 222-223 ; P. Rangeard, Histoire de l’université d’Angers, xie-xv= siècle, 2 in-8°, Angers, 1877, t. i, p. 28-30, attribuent ce commentaire à Berengaud, diacre d’Angers, vers 1040. Rien ne s’y oppose, puisqu’il n’est pas cité avant cette époque, et que les plus anciens manuscrits sont du XIIe siècle. On voit d’ailleurs par les Cartulaires que le nom de Berengaud était assez répandu en Anjou au XIe siècle. Mais on ne sait aucun détail sur sa vie, ni s’il a été Bénédictin, comme le commentaire le fait présumer. En tout cas, il ne doit pas être confondu avec le trop fameux Bérenger, archidiacre d’Angers vers le même temps (1059). Quelques manuscrits portent, il est vrai, son nom en tête, mais c’est à tort ; car, outre que son nom ne remplit pas les conditions indiquées par l’auteur, ce n’est ni son style ni ses idées. Il faut rejeter pour les mêmes raisons l’attribution faite quelquefois à Berengose, abbé de Saint-Maximin de Trêves en 1112. Dora Ceillier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques, édit. Bauzon, t. xiv, p. 238. — Le commentaire de Berengaud, Patrologie latine de Migne, t. xvii, col. 765-970, est remarquable. Bossuet, L’Apocalypse, préface, édit. Vives, t. ii, p. 311, en faisait très grand cas, et lui emprunte même l’explication de la deuxième partie du chapitre xvii. L’auteur divise son explication en sept visions, dans lesquelles il renferme tout le contenu de l’Apocalypse. On peut le ranger dans la même classe d’interprètes que Bède ; il voit dans l’Apocalypse l’état général de l’Église dans les différents âges, plutôt que la prédiction de faits déterminés ; par exemple, par les sept Églises, c’est l’Église catholique qui est désignée ; si la grande Babylone est particulièrement Rome, c’est aussi en général la cité du démon. Il s’attache plus à expliquer les choses prédites par les symboles que les symboles eux-mêmes, et ne dédaigne pas les applications morales.

E. Levesque.

1. BÉRÉNICE (BepEvnui, forme macédonienne de -#cpev£x-r), « porte-victoire » ), fille de Ptolémée II Philadeiphe, roi d’Egypte, et femme d’Antiochus II Théos, roi de Syrie. Elle n’est pas nommée par son nom dans l’Écriture, mais elle est clairement désignée par Daniel, xi, 6, sous le nom de « fille du roi du midi », c’est-à-dire d’Egypte, a Et après un certain nombre d’années, dit le prophète, ils [les rois de Syrie et d’Egypte] s’uniront ensemble. La fille du roi du midi viendra vers le roi du nord [Antiochus Théos] pour faire amitié avec lui ; mais elle ne s’établira point par un bras fort, et sa race ne subsistera pas ; elle sera livrée elle-même avec les jeunes gens qui l’avaient accompagnée et qui l’avaient soutenue. » Le roi de Syrie, Antiochus II, faisait la guerre au roi d’Egypte, Ptolémée II Philadelphe, depuis plusieurs années, lorsque Arsace profita de cette circonstance pour se rendre indépendant et établir le royaume des Parthes. Théodote, gouverneur de la Bactriane, imita cet exemple et s’affranchit également de la domination des Séleucides. La perte de ces provinces porta Antiochus à demander la paix à Ptolémée. Elle fut signée (250 avant J.-C), mais à la condition qu’il répudierait sa femme Laodice, et qu’il épouserait Bérénice, la fille du roi d’Egypte. Ptolémée accompagna sa fille jusqu’à Péluse et lui donna de grosses sommes d’or et d’argent, ce qui la fit surnommer itopvoçôpo ; , « porte-dot. s II lui envoyait même régulièrement en Syrie do l’eau du Nil pour boire. Polybe, Fragm. hi$t., 54, édit. Didot, p. 158 ; Athénée, ii, 23, édit. Teubner, t. i, p. 80. Mais Antiochus Théos n’avait fait qu’un mariage politique ; il regrettait Laodice, et son nouveau beau-père étant mort deux ans après, il répudia Bérénice et reprit

sa première femme, dont il avait eu quatre enfants, deux ; fils, Séleucus Callinicus, qui lui succéda, et Antiochus-Hiérax, et deux filles. Malgré son rappel à la cour, la vindicative Laodice ne put pardonner à son mari l’affrontqu’elle en avait reçu et le fit empoisonner. Bérénice, effrayée, se réfugia avec le fils qu’elle avait eu d’AntiochusàDaphné, près d’Antioche ; mais sa rivale s’empara d’elle par ruse, et elle périt avec son enfant et tous les Égyptiens qui l’avaient suivie. Justin, xxxvii, 1, édit. Teubner, p. 173 ; Polysenus, Strateg., viii, 50, édit. Teubner, p. 325. Son frère Ptolémée III Évergète, venu à son secours, n’arriva que pour la venger. Polybe, Hist., v, 58, 10 et suiv., édit. Teubner, t. ii, p. 173 ; Appien, Syr., 65, édit. Didot, p. 207. Ainsi fut accomplie dans tous ses détails, la prophétie de Daniel. Voir S. Jérôme, In Dan., xi, 6, t. xxv, col. 560. F. Vigouroux.

2. BÉRÉNICE (Bepvîxr)), princesse juive dont les historiens latins ont célébré la beauté, mais aussi stigmatisé la conduite infâme. Elle était arrière-petite-fille d’Hérode le Grand, et fille de cet Hérode Agrippa, persécuteur des Apôtres, dont les Actes, xii, 23, ont raconté la fin épouvantable. Elle n’était encore âgée que de dix ans, et déjà sa réputation était telle, qu’à la mort de son père (44 après J.-G.) la populace de Césarée traîna ses statuesdans de mauvais lieux. Josèphe, Ant. jud., XX, ix, 1. Bérénice fut d’abord fiancée, quelques-uns disent mariée, au neveu de Philon, fils d’Alexandre Lysimaque, alabarque d’Alexandrie. Ant. jud., XIX, v, 1. Elle épousa le frère de son père, Hérode, roi de Chalcis, dont elle eut deux fils : Bernician et Hyrcan. À la mort de son mari, elle était âgée de vingt et un ans et dans tout l’éclat de sa beauté. Son frère Agrippa ayant succédé à Hérode de Chalcis, elle vécut avec lui dans une intimité telle, qu’elle. donna lieu aux soupçons les plus fâcheux. Ant. jud., XX, vu, 3. Pour les dissiper, elle épousa Polémon, roi de Cilicîe, qui afin de devenir son époux s’était fait circoncire. Mais bientôt elle l’abandonna, afin de revenir habiter avec son frère Agrippa. C’est à cette époque qu’elle alla à Césarée avec Agrippa, pour saluer le procurateur Festus, Act., xxv, 13 ; elle assista à la séance célèbre où saint Paul, de l’aveu même des assistants, Agrippa, Bérénice et Festus, Act., xxv, 23 ; xxvi, 31, se justifia des accusations portées contre lui par les Juifs. Siir le caractère decette entrevue, voir Agrippa.

En 60, au commencement de l’insurrection juive, Bérénice, alors à Jérusalem pour l’accomplissement d’un vœu, intercéda auprès du procurateur Florus en favaur des Juifs ; ce fut en vain. De concert avec son frère Agrippa II, elle essaya aussi d’apaiser les Juifs, irrités par les cruautés et les exactions du procurateur ; mais le peuple refusa d’obéir plus longtemps à Florus. Josèphe, Bell, jud., II, xv, 1. Pendant et après la guerre de l’indépendance juive, Bérénice suivit la fortune de son frère ; elle s’attacha au parti des Romains et chercha à leur gagner des partisans. Les historiens affirment même que par desprésents elle gagna la faveur du vieux Vespasien (Tacite, Hist., ii, 81), et qu’elle conquit le cœur de Titus. Suétone, Titus, vu. Après la prise de Jérusalem, Bérénice et son frère s’associèrent au triomphe des Romains. Bell, jud-, IV, ii, 1. En l’an 75, elle accompagna Agrippa à Rome, où Titus la logea dans son propre palais. On croyait qu’il allait l’épouser, mais l’indignation publique fut telle, les allusions odieuses au passé de Bérénice devinrent si fréquentes (Juvénal, Satire, vi, 155-160 ; Dion Cassius, lxvi, 15), que Vespasien ordonna le renvoi de Bérénice. Titus se soumit et, dit Suétone, Titus, vil, « invitus invitam dimisit. s On sait que cet épisode de la vie de Bérénice forme le sujet des tragédies de Racine et de Corneille, intitulées Bérénice. À l’avènement de Titus, Bérénice revint à Rome, mais elle était oubliée. Elle retourna habiter Tibériade avec son frère Agrippa, où, si l’on en croit Josèphe, Vita, lxv, elle témoigna beaucoup d’inté1C13

BÉRÉNICE — BERGER

4614

rét à l’historien juif Justus de Tibériade. « Bérénice, dit M. Is. Loeb, a réuni dans sa personne tous, les vices de la famille d’Hérode : l’amour du faste et du pouvoir, le goût de l’intrigue et des tripotages politiques, l’égoïsme sans scrupules, la passion sans frein. Avec elle finit l’histoire de cette famille, dans le dévergondage et la pourriture. » Grande Encyclopédie, t. VI, p. 290. On a retrouvé l’inscription grecque du socle d’une statue qui avait été élevée à Athènes à Bérénice. Corpus Inscriplionum grsscarum, n° 361, t. i, part, ii, p. 431. E. Jacquier.

1. BERESCHITH (berêMt, « au commencement » ), premier mot de la Genèse, qui sert aux Juifs à désigner ce livre tout entier.

2. BERESCHITH RABBA, midrasch ou commentaire juif sur la Genèse. Voir Midraschim.

BERGER. Hébreu : rô’éh ; Septante : tcoiu^v ; Vulgate : pastor. Deux fois, IV Reg., iii, 4, et Amos, i, 1 :

odieux au* Égyptiens, asservis alors à la domination des Hyksos ou rois pasteurs ; mais il ménageait aux immigrants toute la faveur du souverain, naturellement bien disposé pour des hommes de condition, peut-être même d’origine analogue à celle de ses propres ancêtres. Gen., XL VI, 32-xlvii, 3. Les Hébreux continuèrent, dans la terre de Gessen, à mener la vie pastorale. Mais des circonstances providentielles obligèrent peu à peu un certain nombre d’entre eux à apprendre toutes sortes de métiers. Néanmoins l’ancien genre de vie gardait tous ses charmes et toute sa noblesse aux yeux des Hébreux, et Moïse, bien qu’élevé à la cour dans toutes les sciences des Égyptiens, n’hésitait pas à devenir berger des troupeaux de son beau-père Jéthro.. Exod., iii, 1. Ou voyait aussi des jeunes filles des plus riches familles, comme Rachel et Séphora, occupées à faire paître les brebis. Gen., xxix, 6-9 ; Exod., Il, 16, 17 ; Cant., i, 7.

Après l’établissement des tribus dans la terre de Chanaan, la vie pastorale cessa naturellement d’être la principale occupation des Hébreux. H fallut exercer le métier

488. — Bergers égyptiens soignant leur troupeau. Tombeau de Béni -Hassan. xii » dynastie. D’après Lepsius, Derikmaler aus Aegypten, Abth. ii, Bl. 132.

nôqêd, que les traducteurs grecs laissent de côté la première fois, et qu’ils transcrivent simplement vmxt|8 dans Amos.

I. La vie pastorale chez les Hébreux. — Dès le principe, les hommes se sont consacrés les uns â la vie pastorale, les autres à la vie agricole. Abel était, pasteur et Gain agriculteur, Gen., IV, 2 ; le premier par conséquent nomade et changeant de pays quand ses troupeaux n’y trouvaient plus à vivre, le second plus sédentaire et obligé de rester en place pour surveiller sa culture et en ramasser les fruits. Abel ne s’occupait encore que de menu bétail, s’ôn, mot qui signifie seulement des brebis et des -chèvres. Gen., iv, 2. Mais un des descendants de Caïn, Jabel, fils de Lamech, fut « le père de ceux qui habitent sous les tentes et parmi les troupeaux s, et posséda du gros bétail, miqnéh. Gen., iv, 20. Avec lui commença la grande Vie nomade.

Les patriarches de la descendance de Seth furent tous de grands pasteurs. Abraham et Lot possédaient des troupeaux si nombreux, que leurs bergers ne pouvaient vivre ensemble dans la même région, et que les deux patriarches furent dans la nécessité de se séparer. Gen., xiii, 7, 8. Même querelle s’éleva plus tard, à propos de la jouissance d’un puits, entre les bergers d’Isaac et ceux de la vallée de Gérare, en pays philistin. Gen., xxvi, 20. Jacob paissait les troupeaux de Laban. Gen., xxix, 18 ; xxx, 31. Plus tard, arrivé en Egypte avec toute sa famille, il eut bien soin, sur le conseil de son fils Joseph, de se présenter au pharaon en qualité de pasteur. Quoiqu’on élevât de nombreux troupeaux en Egypte (fig. 488), ce titre était

des armes, bâtir des villes et des villages, s’adonner â l’agriculture et s’appliquer aux différentes industries nécessaires à la vie d’une nation sédentaire. Il n’y eut plus de grands pasteurs, mais seulement de grands proprié* (aires de, troupeaux, ayant à leur service de nombreux bergers, comme cela se pratiquait chez les peuples voisins. Gen., xlvii, 6 ; I Reg., xxi, 7. Le métier de berger perdit pâu à peu de sa considération, et ceux qui l’exerçaient avaient conscience de l’humilité de leur condition. II Reg., vii, 8 ; Ps. lxxvii, 70 ; Amos, vii, 14 ; Soph., ii, 6. Des bergers pouvaient devenir rois, comme David, ou prophètes, comme Amos ; mais, dans les derniers temps surtout, la vie pastorale était regardée comme peu enviable. Cf. Sap., xvii, 16.

Néanmoins, dans un pays comme la Palestine, où l’élevage des troupeaux occupa toujours une si grande place, on se rendait compte des services rendus par les gardiens des brebis. Quand on parlait de « brebis sans pasteur », c’était toujours pour indiquer l’état social le plus lamentable ou la malédiction divine la plus terrible pour un peuple. Num, , xxvii, 17 ; III Reg., xxii, 17 ; II Par., xviii, 16 ; Judith, xi, 15 ; Matth., ix, 36. Par contre, on donnait métaphoriquement le nom de pasteurs à ceux qui exerçaient une autorité sur la nation, aux princes, qu’Homère appelle aussi « pasteurs de peuples », aux prophètes, aux représentants de Dieu, Is., xliv, 28 ; Jer., ii, 8 ; iii, 15 ; xxii, 22 ; xxin, 4 ; Zach., xi, 5, 8, 16 ; à Dieu lui-même, Gen., xlviii, 15 ; Ps. xxiii, 1 (texte hébreu) ; Is., XL, 11 ; xlix, 9, 10 ; Ezech., xxiv, 11 ; Ose., iv, 16, et au Messie, Ezech., xxiv, 23 ; xxxvii, 24, qui un jour revendiquera le titre de

bon Pasteur, Joa., x, 11, et donnera le même titre à celui qui doit être son vicaire sur la terre. Joa., xxi, 15-17.

II. Genre de vie des bergers. — 1° Obligations. — Le métier de berger imposait des obligations très dures. Le pasteur d’alors devait être, comme celui d’aujourd’hui, grossièrement vêtu (fig. 489), muni de sa houlette, I Reg., xvli, 40, pour guider ses brebis (fig. 490), armé d’armes diverses pour les défendre. I Reg., xvii, 34-36. Le troupeau réclamait une surveillance continuelle de jour et de nuit, quelles que fussent les intempéries des saisons. Gen., xxxi, 40. Il est vrai que la nuit les bergers se relayaient de veille en veille, Luc, ii, 8 ; mais le veilleur fatigué s’endormait parfois, Nah. r iii, 18, et les brebis restaient exposées aux

aider dans leur tâche. Job, xxx, 1. Mais ces animaux eux-mêmes pouvaient manquer de vigilance et devenir « muets et incapables d’aboyer ». Is., lvi, 10.

2° Entretien du troupeau. — Il ne suffisait pas de surveiller et de défendre le troupeau ; le berger avait encore à pourvoir à son alimentation. Le matin, il arrivait à l’enclos dans lequel les brebis étaient enfermées ; il entrait et faisait sortir tout le bétail. Puis il marchait devant, et les brebis le suivaient docilement au son de sa voix, qu’elles connaissaient bien. Joa., x, 1-4 ; Ezech., xxxiv, 12. Le berger les menait aux meilleurs pâturages et aux sources d’eau. Gen., xxix, 7 ; Exod., ii, 16 ; Ps. XXII, 2. Souvent il ne pouvait, sans dommage pour

489. — Jeune berger des environs de Jérusalem. D’après uno photographie de M. h. Hoidet.

plus grands dangers. Elles étaient sans cesse menacées pur les bêtes féroces, le lion, l’ours, le loup, le léopard, I Reg., xvii, 34-35 ; Is., xxxi, 4 ; Jer., v, 6 ; Am., iii, 12 ; Joa., x, 11-13 ; d’autres fois les brigands venaient s’en emparer, Gen., xxxi, 39 ; Job, i, 17, ou des accidents imprévus les faisaient périr. Job, i, 16. Le berger était ordinairement responsable des pertes subies par le troupeau. Gen., xxxi, 39. Aussi, la nuit surtout, tenait-il les animaux enfermés dans un enclos muni d’une porte confiée à la surveillance d’un gardien, Joa., x, 3, ce qui n’empêchait pas toujours les voleurs de passer par dessus la barrière et d’emporter ce qui était à leur convenance. Joa., x, 1. Quelquefois on bâtissait des tours dans les endroits déserts, pour la défense du pasteur et du troupeau. II Par., xxvi, 10 ; xxvii, 4. Il est ainsi question dans l’Écriture d’une « tour d’Éder », Migdal’Êdér, Gen., xxxv, 21 ; Mich., iv, 8 (hébreu), « tour du troupeau, » élevée dans ce but. Le brigandage était si bien dans les mœurs, comme il l’est encore aujourd’hui chez les Bédouins de désert, qu’on se faisait un mérite de ne l’avoir jamais exercé. Cf. I Reg., xxv, 7. Comme les bergers de tous les pays, ceux de Palestine avaient des chiens pour les

480. — Berger arabe de Judée, avec sa houlette. D’après une photographie de M. L. Heidet.

le troupeau, s’éloigner de la sourceou du puits, Gen., xxix, 2-4, tant l’eau était rare dans certaines régions ; et, surtout dans les temps plus anciens, il lui fallait du courage et de la vigueur pour défendre son puits, déjà trop peu abondant, contre les prétentions des bergers étrangers. Gen., xxi, 25 ; xxvi, 20 ; Exod., Il, 17. Quand on rentrait le soir, quand le maître venait visiter son troupeau ou quand il fallait vendre une partie du bétail, le berger faisait passer les brebis par une porte étroite et les comptait soit à la main, Jer., xxxii., 13, soit avec un bâton, qui peut-être les marquait d’un signe en couleur. Lev., xxvii, 32. Voir t. ii, fig. 611, col. 1987.

Parfois des brebis étaient blessées ou fatiguées, les agneaux ne pouvaient plus marcher, un animal s’égarait. Alors le berger multipliait les soins, portait dans ses bras ou sur ses épaules la pauvre bête, et s’en allait à la recherche de la brebis perdue. Gen., xxxiii, 13 ; Is., XL, H ; Luc., xv, 4. Au temps voulu, le berger tondait les brebis, Gen., xxxi, 19 ; xxxvtii, 12 ; II Reg., xiii, 23, et veillait à la multiplication du troupeau. Pendant que Jacob était berger chez Laban, il avait obtenu au moyen de baguettes placées dans les abreuvoirs, sans doute par un miracle

divin et non d’une manière naturelle, la couleur qu’il désirait pour la toison des jeunes agneaux. Gen., xxx, 38. 3° Salaire. — Le salaire du berger se payait anciennement en nature, Gen., xxx, 32 ; d’autres fois on gardait les troupeaux d’un maître en vue d’un autre avantage à obtenir. Ainsi fit Jacob pendant quatorze ans, pour pouvoir épouser Lia et Rachel, filles de Laban. Gen., xxix, 18-27.

— La nourriture était fournie au berger par le troupeau lui-même, I Cor., ix, 7 ; mais à certains moments elle laissait beaucoup à désirer. Am., vii, 14 ; Luc, xv, 16. — L’accoutrement du berger se composait des vêtements grossiers des paysans ordinaires, et d’un manteau qui pouvait le protéger contre les intempéries. Jer., xlviii, 12. Le berger

taires qu’ils fabriquaient, comme ils le font encore aujourd’hui dans ce pays (fig. 491). Cf. Job, xxr, 11, 12.

III. Les bergers de Bethléiiem a la nativité. — Ce furent des bergers qui eurent le suprême honneur d’être appelés les premiers à rendre hommage à l’Agneau de Dieu, quand il se rendit visible dans la crèche de Bethléhem, la nuit de Noël (fig. 492). Les pasteurs des environs virent l’apparition des anges, entendirent le Gloria in excelsis, adorèrent l’Enfant -Dieu, et publièrent partout la bonne nouvelle. Luc, ii, 8-20. Le regard de Dieu avait été attiré sur ces hommes par leur vie simple, vigilante, pure, humble et dévouée. Le divin Enfant, qui devait être un jour le bon Pasteur, Joa., x, 11, et le Prince des pastrnr « T Prtr, v i, trn lit d’oi’Hemi -.uii juleiii >1< lui, il’- li |H ! ii ! i. i iislmt m u 1 1 1 1 li li(.ui in-iil lui-mi nie in pii’ii ml-oui dii lu t [.-. iiiiiiiiii il piiiidi ni-chu dis’- =J tj ! *

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401.— Berger de Palestine jouant du zammârat (flûte champêtre). D’après une photographie de M. L. Heidet.

emportait avec lui une tente qui pouvait se plier, et sous laquelle il s’abritait contre l’ardeur du soleil ou la fraîcheur de la nuit. Cant., i, 7 ; Is., xxxviii, 12. Il tenait à la main un bâton, attachait un sac sur ses épaules pour y mettre ses provisions et les ustensiles indispensables, et n’allait pas sans une lronde, au maniement de laquelle il avait tout le loisir de s’exercer, et dont il parvenait à se faire une arme terrible. I Reg., xvii, 40 ; Ps. xxii, 4 ; Zach., xi, 7.

4° Poésie pastorale. — Enfin la poésie elle-même avait sa place dans la vie des bergers de Palestine. La beauté du paysage pen ant le jour, la splendeur du firmament pendant la nuit, le contact continuel avec la nature, parlaient à leur âme et relevaient facilement à Dieu. Il en fut ainsi pour le jeune David, qui, devenu roi et poète, consigna dans ses chants, particulièrement dans le Psaume viii, l’impression que le spectacle de la nature faisait sur sa jeune âme dans les campagnes de Bethléhem. Il savait chanter et jouer des instruments, I Reg., xvi, 18, et sans nul doute beaucoup de jeunes bergers de Palestine devenaient capables, comme lui et comme tous les bergers du monde, de réjouir les échos de la solitude par le son de leur voix ou celui des instruments rudimen 4 ;  ! . — T.i - lir_ r r- ! ] ! li.’lu m i’inI’r’iri/ » ’i » d-i’n Ja i>i lu Mi i/n-i i-nu M. -.Mil’in.’i.i|ir I i.i in jI’ji1 *> "i/’iii.i i i |J 1 i.

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BÉRI ; lu bu u /i …-mi" : i i, ln’il uiiii i fd mune inscription de Carthage, on lit un nom propre semblable, ’13. J. Euting, Samndung von Carthagiscken Inschriften, Strasbourg, 1883, in-4°, pi. 8] ; Septante : Bapc’v), quatrième fils de Supha, de la tribu d’Aser. I Par., vu, 36.

BÉRIA. Hébreu : Berî’âh, « fils du malheur ; » Septante : Bepiâ, Bapià. Nom de cinq Israélites dans le texte hébreu : trois sont appelés Baria dans la Vulgate. Voir Baria 2, 3, 4.

1. BÉRIA, quatrième fils d’Aser. Gen., xlvi, 17. La Vulgate l’appelle Baria. I Par., vii, 30. Voir Baria 1.

2. BÉRIA, fils d’Éphraïm. I Par., vii, 21-24. Il reçut ce nom (Berî’âh, « fils du malheur » ), parce qu’il était né dans l’affliction (berâ’âh) de sa iamille. Plusieurs fils d’Éphraïm, voulant s’emparer du territoire de Gelh, venaient d’être tués par les habitants de cette ville. Il est à remarquer que cette tentative des fils d’Éphraïm est antérieure à l’exode. Elle peut servir à expliquer comment Thotmès III eut à combattre, en Palestine, le clan des Josephel avant la conquête de la Terre Promise par Josué. Cf. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 3e édit., in-12, 1891, t. iv, p. 373 ; &Revue biblique, janvier 1893, p. 149-150. Ce fils d’Éphraïm doit être distingué de Béria (Vulgate : Baria), fils de Benjamin, qui, environ trois quarts de siècle après le premier, fit une  »

expédition plus heureuse contre les habitants de Geth. Voir Baria 3. E. Levesque.

    1. BÉRIL##

BÉRIL, pierre précieuse. Voir Béryl.

    1. BÊRÎM##

BÊRÎM, BÉRIENS ou BÉRITES (hébreu : kôl hab-bêrim, « tous les Bêrim » ), II Sam. (Reg.), xx, 14. Lorsque Joab poursuivit Séba, qui avait soulevé Israël contre David, « il passa, dit le texte hébreu, dans toutes Jes tribus d’Israël jusqu’à Abel - Beth - Maacha et tous les Bêrim. » Ces hab - Bêrim, nnsn, auraient, d’après le contexte, habité le nord de la Palestine ; mais ont-ils jamais existé ? Le texte original paraît être ici corrompu. Les anciennes traductions ont lu autrement que le texte massorétique. La Vulgate porte : omnes viri electi, « tous les hommes d’élite, » c’est-à-dire bahurîm, « choisis, » au lieu de hab-bérim ; les Septante traduisent Iv Xotp’pf (met omis dans bon nombre de manuscrits ; de plus, Charri est inconnu). Les exégètes modernes ont fait. des hypothèses diverses ; elles ont toutes l’inconvénient de ne reposer sur aucune preuve. D’après les uns, Bêrim est Béroth ou Bérotha (voir ce mot) ; d’après d’autres, il faut corriger hab-bêrim en DHDarij hab-bikrîm, « les fils de Bochri, » cf. II Reg, xx, 13 ; d’après d’autres enfin, comme Ewald et W’ellhausen, la leçon de la Vulgate est la véritable.

F. Vigouroux.

    1. BERINGTON ou BERRINGTON Simon##

BERINGTON ou BERRINGTON Simon, théologien catholique anglais, né à Winsley, dans le comté de Hereford, le Il janvier 1679, mort le 16 avril 1755, Après avoir pendant quelques années enseigné la philosophie au collège de Douai, il revint dans sa patrie et y prêcha avec courage la foi romaine. Parmi ses écrits, dirigés surtout contre les incrédules, nous citerons : Dissertation on the Mosaical Account of the Création, Déluge, Building yf Babel, Confusion of tongues, etc., grounded on the Scriptures, in-8°, Londres, 1750. L’auteur combat dans cet ouvrage Pluehe, Woodward, Newton, etc. — Voir Hurter, Nomencl. litterar, , t. H (1893), p. 1311 ; Orme, Bibliotheca biblica (1824), p. 31 ; J. Gillow, À literary and bibliographical Bistory of the English Catholics Jrom the brèach with Rome in 1534, t. r, Londres (1885),

p. 197.
B. Heurtebize.
    1. BERITH##

BERITH, nom, Jud., ix, 46, du dieu appelé ailleurs Baalbérit. Voir Baalbérit.

    1. BERKHOLZ Christian August##

BERKHOLZ Christian August, pasteur protestant allemand, mort à Riga en 1870. Il a composé divers ouvrages historiques et théologiques et publie deux courtes études sur Job et l’Apocalypse : Dos Buch Siob, in-8°, Riga, 1859 ; Die Offenbarung Johannis, in-8°, Riga, 1860,

    1. BERLANGA Christophe##

BERLANGA Christophe, né à Madrid le 31 mars 1649, mort à Tortosa le Il février 1731. Il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus le 25 mars 1666. Il enseigna les humanités et la philosophie, et fut ensuite appliqué aux fonctions du saint ministère, qu’il exerça longtemps à Valence. Il a publié : Interrogationes et responsiones, seu Qusestiones in librum Geneseos, juxta methodum Magni Alcuini, 6 in-4°, Valence, 1699-Ï715. Il avait l’intention de continuer ce travail, car il laissa en manuscrit un volume de Qusestiones in Psalmos. C. Sommervogel.

    1. BERNA André##

BERNA André, appelé aussi VERNA et DE VERNA,

Vénitien, mineur conventuel, florissait dans la première partie du xviie siècle. Il a publié divers ouvrages, et, au dire de Franchini, a laissé dans la bibliothèque des conventuels de Venise : Meditazioni sopra il Salmo ri, Domine ne in furore tuo. Jean de Saint-Antoine, citant Alva, indique une édition de ce livre imprimée à Trévise, 1600, in-4°. P. Apollinaire.

1. BERNARD (Saint), docteur de l’Église, religieux de

Cîteaux et abbé de Clairvaux, né au château de Fontaine, près de Dijon, en 1091, mort à Clairvaux le 8 août 1153. « Au xii 9 siècle, dit Léon XIII, la plupart des écrivainsecclésiastiques entreprirent avec beaucoup de succès l’explication allégorique des Saintes Écritures ; dans ce genre saint Bernard se distingua facilement parmi tous les autres ; ses sermons en particulier ont une saveur presque exclusivement scripturaire. » Providentissimus Deus, 18 nov. 1893. — Les écrits du saint docteur ne sont, pour ainsi dire, qu’un assemblage do phrases de no » Livres Saints. Il a consacré quatre -= vingtsix sermons, t. clxxxiii, col. 547-1196, à l’interprétation des deux premiers chapitres du Cantique des cantiques. Il s’y occupe plus de piété que d’exégèse : l’époux, c’est le Christ ; l’épouse, c’est l’âme chrétienne. Le saint docteur décrit longuement et avec son onction accoutumée leurs mutuels, rapports. Ce beau travail, tout à fait dans le goût du temps, fut imité par plusieurs et continué par Gilbert de Hoilandia, qui consacra quarante - huit sermons à pousser le commentaire jusqu’au milieu du chapitre v. Patr. lat., t. clxxxiv, col. 11-292. — Saint Bernard se sert souvent du texte sacré dans un sens accommodatice. Il croit cet usage de la parole de Dieu parfaitement légitime, à deux conditions : la première, que l’accommodation proposée soit la formule édifiante d’une vérité ; la seconde, que letexte ainsi accommodé ne soit pas donné en preuve. « Pourquoi trouverions-nous mauvais dans le sens des-Écritures ce que nous expérimentons tous les jours dans, l’usage des choses ? À combien d’usages, par exemple, l’eau ne sert-elle pas tous les jours, au grand avantage de notre corps ? Il n’est donc pas étonnant que toute paroledivine puisse produire des sens divers, qu’il faut adapter aux besoins divers et aux habitudes des âmes. » In Cant., serm. li, 4. t. clxxxiii, col. 1027. — Ailleurs, ayant à réfuter les erreurs d’Abélard et de Gilbert de la Porrée : « Elles sont sérieuses, dit-il, toutes les choses qui touchent à la foi ; elles ne sauraient admettre cette liberté d’accommodation (mot à mot, de jeu, ludendi licenliam illam) que peuvent se permettre une piété solidement assise sur la foi et une érudition libérale. » Dans Frassen, Disquisitiones bibliæ de sensu accommodatitio, . iii, c. 4, §16, in-4°, Paris, 1682, p. 484. Voir A. Neander, Der heilige Bernhard und sein Zeitaller, in-8°, Berlin, 1813 ; Histoire littérairede la France, t. xm (1814), p. 129-235 ; J. O. Etlendorf, Der heilige Bernhard, in-8°, Essen, 1837 ; M. Th. Ratisbonne, Histoire de saint Bernard, 2 in-8°, Paris, 1841 J 6e édit., 1864 ; Morison, Life and limes of saint Ber~ nard, in-8°, Londres, 1863 ; Vacandard, Saint Bernard orateur, in-12, Rouen, 1877 ; G. Hûifer, Der heilige Bernard von Clairvaux, in-8°, Munster, 1886.

L. Gondal.

2. BERNARD DE SAINT - FLORENTIN, capucin. Voir GONDON.

    1. BERNARDIN DE PICQUIGNY##

BERNARDIN DE PICQUIGNY, capucin de la province de Paris, était né, croit-on, en 1633. Il enseigna longtemps la théologie à ses jeunes confrères, et passa les. dernières années de sa vie au couvent du Marais, à Paris, où il mourut le 8 décembre 1709. On ne possède presque aucun détail sur sa vie. Il a laissé trois ouvrages d’exégèse : 1° Epistolarum sancti Pauli, apostoli, triplex expositio : analysi, paraphrasi, commentario, in-f°, Paris, 1703. — 2° Le succès de ce premier ouvrage engagea l’auteur à en faire un abrégé en langue française : Explication des Épîtres de saint Paul par une. analyse, 3 in-12, Paris, 1706. Certains trouvèrent mauvais que le P. Bernardin vulgarisât ainsi la doctrine de l’Apôtre ; d’autres reprochèrent à cette nouvelle œuvre des défauts qui la rendent inférieure à la précédente. par exemple, sa paraphrase est trop prolixe pour le but qu’elle veut atteindre. Toujours est-il que le public l’a infiniment agréée. Elle a eu, comme le premier ouvrage, de très nombreuses éditions et traductions, dont douze au moins

ont passé entre nos mains. — 3° Le pape Clément XI joignit le témoignage de son estime et de son approbation à eeux dont le monde savant avait honoré la Triplex expositio, et manifesta au P. Bernardin le désir de voir sortir de ses mains un commentaire des Saints Évangiles traité par la même méthode. Le pieux auteur mourut sans avoir eu le temps de mettre ce nouvel ouvrage sous presse ; mais il le laissait terminé, et ses confrères firent imprimer la Triplex expositio in sacrosancta D. N. Jesu Christi Evangelia, in-f°, Paris, 1726. On y retrouve toutes les qualités du P. Bernardin comme exégète, bien que les critiques s’accordent à y reconnaître une certaine infériorité vis-à-vis de son premier ouvrage. — En 1870-1872, on a vu paraître pour la première fois, en 5 in-8 ; - Opéra omnia Bernardini a Piconio, données au public par l’éditeur "Vives, Il n’y a pas compris l’Explication française des Épîtres, qui dans une telle collection aurait fait double emploi avec la Triplex expositio. — Le P. Michel l’Ietzenauer, capucin de Zell, près de Kufstein, dans le diocèse de Salzbourg, a publié, en y ajoutant le texte grec et des notes théologiques et philologiques, une nouvelle édition de la Triplex expositio Epistolse ad Romanos, in-8°, Insprùck, 1891. P. Apollinaire.

    1. BERNARDIN DE SIENNE##

BERNARDIN DE SIENNE (Saint), ué à Sienne (quelques-uns disent à Massa) le 8 septembre 1380, mort à Aquila le 20 mai 1444. Il était de la noble famille siennoise des Albizeschi, entra dès sa jeunesse dans l’ordre des Frères Mineurs, qu’il illustra merveilleusement par ses vertus, ses miracles, ses services, et par le retentissement incomparable de ses prédications. Il parcourut l’Italie entière, et partout mérita l’admiration des peuples et des grands. Ce fut saint Bernardin qui mit en honneur le culte public du saint Nom de Jésus, et qui contribua le plus à provoquer dans son ordre la réforme dite de l’Observance. Il mourut à l’âge de soixante-quatre ans. Il avait refusé trois fois la dignité épiscopale. Il a laissé de nombreux écrits qui relèvent au même mérite que les docteurs de l’Église ; ils ont été réunis plusieurs fois en œuvres complètes : 4 in-f°, Lyon, 1636, et 1650, par les soins du P. de La Haye ; 4 in-f°, Venise, 1745, On y remarque des Commentaria in Apocalypsim B. Joannis.

P. Apollinaire.

    1. BÉRODACH BALADAN##

BÉRODACH BALADAN, IV Reg., xx, 12. Les copistes ont altéré la première lettre de ce nom, qui doit se lire Mérodach Baladan, comme le porte le texte correspondant d’Isaïe, xxxix, 1. Voir Mérodach Baladan.

BÉROMI. « Azmaveth, dit laVulgate, II Reg., xxiii, 31, était de Béromi, a c’est-à-dire de Bahurim, comme le porte ïe texte hébreu, qui l’appelle « le Baharumite », habbarhumi. Voir Bahurim et Baurahite.

BÉROTH. Hébreu : Be’erôt, pluriel de Bé’êr, « puits ». Nom de lieux.

1. BÉROTH DES FILS DE JACAN (hébreu : Be’èrôt benê-Ya’âqàn, « puits des fils de Jacan ; » Septante : BepwS uiwv’Iaxi|i ; Vulgate : Beroth filiorum Jacan), campement des Israélites dans le désert du Sinaï. Deut., x, 6. Dans le passage des Nombres où sont énumérées les stations des Israélites, le nom de Béroth est supprimé, et les mots Bené-Ya’âqân sont seuls conservés. Num., xxxiii, 31, 32. Voir Benéjaacan.

2. BÉROTH (hébreu : Be’èrôt, « les puits ; » Septante : BV|p&>T, Jos., IX, 17 ; Bripûe, IIReg., iv, 2 ; I Esdr., ir, 25 ; II Esdr., vii, 29 ; BeTipmûi, Jos., xviii, 25), ville chana>néenne, qui, au moment de l’arrivée des Hébreux dans la Terre Promise, formait, avec Gabaon, Caphira et Cariathiarim, une petite confédération, qu’une ruse des Gabaonitês préserva de l’extermination. Jos., ix, 17. Elle lut plus tard assignée à la tribu de Benjamin. Jos., xviii, 25.

Les habitants furent contrainte, peut-être à l’octasion du massacre des Gabaonitês par Saûl, Il Reg., xxi, 1, de chercher un refuge à Géthaïm, II Reg., iv, 3, où ils demeuraient encore à l’époque de David. C’est de ces émigrés que descendaient les deux bandits, Baana et Réchab, qui assassinèrent Isboseth, Bis de Saùl. II Reg., iv, 2, 5, 9. Naharaï, écuyer de Joab, fils dé Sarvia, était également de Béroth. Il Reg., xxiii, 37 ; I Par., xi, 39. Après la captivité, elle fut repeuplée, comme Cariathiarim et Caphira. I Esdr., ii, 25 ; II Esdr., vii, 29. On la trouve mentionnée dans la liste de Thotmès III, à Karnak, n° 109,

sous la forme + * ! ► » I "^* —, Bartu = niiN3, .

Be’èrôt. A. Mariette, Les listes géographiques despylônes de Karnak, in-4°, Leipzig, 1875, p. 42 ; G. Maspero, Sur les noms géographiques de la Liste de Thoutmès III, qu’on peut rapporter à la Judée, 1888, p. 16 ; extrait du Journal of the Transactions of the Victoria Institute, orphilosophical Society of Great Britain, t. xxil, p. 18. Elle existait encore au temps d’Eusèbe et de saint Jérôme. Onomasiica sacra, Gœttingue, 1870, p. 103, 233.

I. Identification. — La grande majorité des voyageurs et desexégètes identifie Béroth avec le village actuel d’El-Birèh, situé à trois heures ou quatorze kilomètres au nord de Jérusalem, sur la route de Naplouse (fig. 493). Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 452 ; G. Armstrong, Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 25 ; V. Guérin, Description de la Palestine, Judée ; t. iii, p. 9, etc. Déjà au xiv » siècle, le Juif Ishak Chelo avait justement reconnu cette assimilation : « De Ramah, dit-il, on se rend à Beéroth, ville mentionnée dans Josué. On la. nomme aujourd’hui Albérah. » Carmoly, Itinéraires de la-Terre Sainte, in-8°, Bruxelles, 1847, p. 249. R. J. Schwarz, Pas Heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 97, la place également à Bina, c’est-à-dire la Birra ou Bira de l’époque dés croisades. On ne saurait nier le rapport direct qui existe, au point de vue du nom et de la signification,

entre l’hébreu n"n>o, Be’èrôt et l’arabe », <uJ ! , El-Bî réh, qu’on trouve cité dans les auteurs du moyen âge. Cf. Guy Le Strange, Palestine under the Moslems, in-8°, Londres, 1890, p. 423, Ce nom provenait sans aucun doute de l’abondance des eaux qui signalait cette localité et qu’on remarque encore aujourd’hui. Il y a donc là aussi égale convenance. Une difficulté cependant, quant à la position, vient des deux textes d’Eusèbe et de saint Jérôme. On lit dans le premier : « Béroth, sous Gabaon : c’est aujourd’hui un village près d’^Elia (Jérusalem), à sept milles, lorsqu’on va vers Nicopolis ; » ce que le second traduit ainsi : « Beéroth, sous la colline de Gahaon. est un village qu’on montre aujourd’hui au septième mille, quand on va diElia à Néapolis (Naplouse). » De là les objections suivantes : .’1° Eusèbe place Béroth « sous Gabaon », jtù t^v Taëaûv, c’est-à-dire, d’après saint Jérôme, « sous la colline : de Gabaon ; » or El-Biréh est un des points culminants de la contrée, à 893 mètres au-dessus de la Méditerranée, dominant l’autre ville (710 mètres) de plus de 180 mètres..

— 2° Il la met sur le chemin de Nicopolis (Amouas), dans, la direction de l’ouest, et non pas de Néapolis, vers le nord ; il est probable, en effet, qu’il faut corriger le texte du traducteur par celui de l’auteur. — 3° Quand même NsdiicoXt ; serait la leçon authentique, au lieu de Ntxo7to).ci ; , la distance indiquée, de sept milles, ne conviendrait pas. à El - Biréh, qui est à quatorze kilomètres de Jérusalem, c’est-à-dire neuf milles. — 4° Il ne reste donc plus, pour.appuyer l’identification, que le nom seul, ce qui est insuffisant ; d’autant plus que les mots El-Biréh, El-Biâr, . « . les puits, » sont des noms communs imposés à une foulé de localités et de ruines renfermant des sources ou des citernes, et dont l’ancienne dénomination s’est trouvée perdue.

A ces difficultés, voici ce qu’on peut répondre : 1° L’ex

pression d’Eusèbe, « sous Gabaon, » ne signifie pas que Béroth était voisine de cette ville et dominée par la colline sur laquelle elle était assise. Si tel est le sens qu’y attachait saint Jérôme, il s’est trompé. Mais, en prenant un passage parallèle du saint docteur, nous verrons sans peine que, d’après les termes d’Eusèbe, Béroth est simplement déclarée l’une des trois villes qui étaient sous la dépendance de Gabaon. En effet, au mot Chafira, il traduit les mêmes mots înrô ttjv Yaëaitv par bourg « appartenant à la ville de Gabaon », appelée dans un autre endroit iiriTpiSitoXiç. Onomasticon, p. 113, 243, 302. Ce sont les justes remarques de Reland, qui cependant cherche la cité chananéenne plutôt à l’ouest qu’au nord.

milles, ou des plaines qui environnent El-Djlb. Nous aimons mieux accepter la leçon de saint Jérôme, qui a pu corriger ici son devancier, comme il l’a fait en plus d’un endroit. — 3° Mais dans ce cas-là même, dit-on, El-Biréh n’est pas à la distance marquée par Eusèbe. Seraitce donc la première fois que le savant auteur donnerait un chiffre qui ne serait pas rigoureusement exact ? Quiconque a seulement parcouru l’ouvrage de M. Guérin sur la Palestine a vii, dans plus d’une page, l’explorateur français rectifier les assertions de l’évêque de Césarée, quand celui-ci, par exemple, met Jélher, ville de Juda, à vingt milles d’Éleuthéro polis (Bèit-Djibrin), alors que Khirbet’Atlir, qui semble bien perpétuer l’ancien nom, est à

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493. — Fontaine d’El - Biréh. D’après ans photographie.

PaUestina ex monumentis veteribus illustrata, Utrecht, 1714, t. ii, p. 619. — 2° Il est vrai que le texte d’Eusèbe porte NinonoXic ; mais comment se fait-il que tous les manuscrits de saint Jérôme aient Néapolis ? Voir la note de Martianay dans l’édition de Migne, t. xxiii, col. 881, 6. Quelques critiques ont cru devoir rétablir Nicopolis sous prétexte que Béroth, Caphira, Gabaon et Cariathiarim, appartenant aux Gabaonites, devaient être voisines les unes des autres ; or Cariathiarim et Gabaon étant sur la route de Nicopolis et peu éloignées l’une de l’autre, Béroth et Caphira devaient être sur la même voie et dans les mêmes conditions de rapprochement. Cf. Reland, Palssstina, t. ii, p. 618. C’est une supposition purement gratuite. D’ailleurs, en plaçant Cariathiarim à Qariet el-’Enab, Béroth ou El-Biréh se trouve encore plus près .qu’elle de la métropole, Gabaon ou El-Djib.Voir la carte de la tribu de Benjamin. Nous ne dirons cependant pas, comme Robinson, Biblical Researches, t. i, p. 452, que la pensée d’Eusèbe est simplement d’indiquer qu’on aperçoit Béroth, en allant de Jérusalem à Nicopolis, à sept

vingt-quatre milles de Beit-Djibrin. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 199. — 4° Enfin, de ce que les mots El-Biréh, El-Biâr, sont des noms communs, s’ensuit-il qu’ils ne puissent devenir des noms propres, pour désigner un lieu où les eaux sont abondantes ? Comparez Brunnen en allemand, et Fontaine en français. Ce que les Hébreux ont fait pour Be’êrô(, les Arabes ont pu le faire pour El-Biréh ; nous pouvons même remarquer que la tradition a gardé, non pas le pluriel direct El-Biâr, mais El-Biréh, dont la consonnance répond mieux à la forme hébraïque.

— Un autre village portant le nom à’El-Biâr se trouve à un kilomètre au nord-est d’El -Djib. Le D r Rich. von Riess, Bibel-Atlas, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 4, propose d’y reconnaître Béroth ; mais ce khirbet, assis dans un lieu bas, de trois cents mètres de pourtour à peine, ne comprend que quelques maisons en ruines et quelques citernes, le tout de construction postérieure à l’ère chrétienne ; il ne peut donc représenter la vieille cité biblique.

II. Description. — Le village d’El-Biréh, bâti sur une

colline rocheuse, peu élevée, renferme sept à huit cents habitants. Les maisons sont petites et construites à moitié sous terre. Au bas de la colline, tout près de la route de Jérusalem, coule une source très abondante, dont l’eau, conduite par un canal, probablement antique, alimente un petit réservoir, que surmonte une coupole musulmane. Autrefois elle se répandait dans deux grands bassins placés de l’autre côté de la route et construits en belles pierres de taille. L’un est aux trois quarts détruit ; l’enceinte de l’autre est encore reconnaissable. À quelque distance de là, sur les pentes du coteau, on voit les ruines d’un grand et beau khan, actuellement abandonné ou servant fort peu, mais encore intact et fréquenté par les caravanes au temps de Quaresmius, Elucidatio Terrœ Sanctæ t. ii, p. 787. Ses vastes galeries, voûtées intérieurement, sont soutenues par des piliers carrés d’un mètre quatre-vingts centimètres de côté, bâtis avec des pierres de taille d’un bon appareil, dont beaucoup doivent être antiques. Elles sont éclairées par des espèces de regards pratiqués de distance en distance, ce qui les fait ressembler à des citernes.

Dans la partie la plus élevée du village sont les restes d’une église, qui, d’après le cartulaire du Saint-Sépulcre, fut terminée en 1146, avec l’hôpital qui en dépendait. Elle forme un carré long de trentedeux mètres sur dix-huit, terminé par trois absides en cul-de-four. Elle était divisée en trois nefs ; celle du centre a complètement disparu. Les murs sont encore en partie debout, sauf ceux de la façade, qui sont démolis. Ils ont été construits sur certains points, et principalement aux angles, avec de beaux blocs en bossage, qui proviennent probablement d’un édifice plus ancien. Cf. de Vogué, Les églises de Terre Sainte, in-4°, Paris, 1860, p. 339. Une ancienne tradition rapporte que cet édifice aurait été bâti à l’endroit même où la sainte Vierge et saint Joseph, revenant de Jérusalem, où ils étaient allés pour la fête de Pâques, s’aperçurent de la disparition de l’enfant Jésus, resté dans le Temple, au milieu des docteurs. Luc, ii, 43-46. L’évangéliste n’indique aucun lieu ; il se contente de dire que les parents de Notre-Seigneur « vinrent à une journée de marche ». L’iter diei correspond en Orient à six ou sept heures ; mais cette expression semble marquer ici, non jpas tant le chemin qu’on peut faire en un jour, que la première journée de marche accomplie par la caravane ; d’autant plus qu’il s’agit d’une caravane où se trouvaient des enfants, et dans laquelle bon nombre de pèlerins allaient à pied. La première étape dut donc très probablement avoir lieu auprès de la précieuse fontaine d’El-Biréh, qui de temps immémorial a déterminé la station naturelle du voyageur dont les pas se dirigent de Jérusalem à Naplouse et Nazareth. — Quelques auteurs identifient encore avec El-Biréh la Bérée de I Mach., ix, 4.

Voir Bérée 1.
A. Legendre.

3. BÉROTH, BÉROTHA (hébreu : Bêrôfai, Il Reg., vin, 8 ; Bêrôtâh, Ezech., xlvii, 16 ; Vulgate : Béroth, II Reg., vni, 8 ; Bérotha, Ezech., xlvii, 16), ville d’Adarézer, roi de Soba, prise par David, qui en emporta une immense quantité d’airain. II Reg., viii, 8. Elle est placée par Ézéchiel, xlvii, 16, à la frontière septentrionale de la Terre Promise (pour l’explication du texte prophétique, voirvuRAN, col. 1253). Avant de montrer comment les deux noms correspondent à une même localité, dont nous chercherons l’emplacement, il nous faut dire quelques mots de critique textuelle.

Il est vraisemblable que Bêrôtai et Bêrôpâh se rattachent à Be’êrôf ; on trouve, en effet, I Par., xi, 39, ’7113, Bérôtî (Septante : 6 BY)pu>9£), comme forme apo copée de >n’-|NS, Be’êrôtî (Vulgate : Berothites, « de Béroth » ). II Reg., xxiii, 37. Les Septante, II Reg., viii, 8, ont traduit par Ix t » v èxiex-rwv [noXewv], « des [villes] choisies ; » ils auront donc lu : [i-iyjwirun, de la racine

-ins, « choisir, » au heu de >rnan, « de Bêrôtai, » ou bien

ils auront vu dans le nom un dérivé de tis, bârar, qui

a la même signification. Il est curieux de voir un manuscrit de la Vulgate reproduire Becheroth, tandis que quelques éditions suivent l’hébreu en donnant Berothai. Cf. G. Vercellone, Variée lectiones Vulgatse latinee, 2 in-4°, Rome, 1864, t, ii, p. 353. Dans le passage parallèle de

I Par., xviii, 8, le texte hébreu offre ps, Kûn (Vulgate : Chun), au lieu de Bêrôtai. Il est probable cependant que quelques manuscrits présentaient ce dernier mot, puisque les traducteurs grecs ont conservé ici les mêmes expressions qu’au deuxième livre des Rois, éx twv IxXsxt&v [n<5).ewv]. La version syriaque a de même gardé, .}£.-s,

Berûfi. Josèphe, de son côté, Ant.jud., vii, y, 3, reproduit servilement l’hébreu pso (p3D, mik-kûn, avec la

préposition, . « de Kùn » ), et appelle la ville Mâ^w. Tf at-il dans les Paralipoménes une faute de copiste ? Chun indique-t-il un autre nom de Bêrôfai ou une ville différente ? Impossible de le savoir au juste. Quelques auteurs croient reconnaître Chun dans Kouna, la Conna des Romains, au sud-ouest de Ba’albek, sur les bords pittoresques de VOuadi Yafouféh. Cf. K. Furrer, Die antiken Stâdte und Ortschafien irn Libanongebiele, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, 1885, t. viii, p. 34. Voir Chun. Relevons enfin une singulière variante dans la version arabe, qui pour Kûn donne Ba’albek.

La ville de Béroth prise et pillée par David appartenait à l’Aram Soba, c’est-à-dire à une portion de la Syrie qui, d’après l’Écriture même, confinait au territoire d’Émath (aujourd’hui Hamah, sur l’Oronte). I Par., xviii, 3 ;

II Reg., viii, 9, 10. De son côté, Ézéchiel, xlvii, 16, place Bérotha entre cette dernière ville et Sabarim « qui est entre les confins de Damas et les confins d’Émath » (dans l’hébreu, le pronom relatif’âsér peut se rapporter aussi bien à Bérotha qu’à Sabarim seule). Il est donc naturel de conclure que nous n’avons ici qu’une même ville. Si la direction dans laquelle nous devons la chercher est déterminée d’une façon générale par le texte sacré, son emplacement précis n’est pas facile à trouver. Rien de plus indécis que la ligne qui forme la frontière septentrionale de la Terre Sainte ; aussi la question qui nous occupe est-elle diversement résolue.

1° Il paraîtrait tout naturel, au premier abord, d’identifier Béroth avec l’ancienne Berytus, actuellement Beyrout, la plus importante des cités maritimes sur cette partie de la Méditerranée. La ressemblance entre les deux noms, fin’13, Bêrôtâh, et cajy*j, Beyrout, a de quoi

frapper, et plusieurs exégétes s’y sont laissé prendre. Mais il est très douteux que le royaume de Soba s’étendit jusqu’à la côte. Ensuite aucun des passages scripturaires ne peut faire penser à un port de mer ; Ezéchiel, au contraire, semble exclure formellement cette interprétation ; car, partant « de la grande mer », il trace la frontière vers l’est, en passant par « les confins de Damas », et c’est entre ces deux points qu’il place Bérotha. — 2° Il n’est pas plus permis d’aller chercher notre ville à une extrémité opposée, dans l’ancienne Birtha, aujourd’hui El-Bir ou Birah, sur le bord oriental de l’Euphrate, ou dans la Barathena de Ptolémée, v, 19 ; ces deux cités sont, beaucoup trop à l’est. Cf. G. Winer, Biblisches Realworterbuch, 2 in-8°, Leipzig, 1847, t. r, p. 155. — 3° On ne saurait également voir ici la Bérotha, B^ptôdY), dont parle Josèphe, Ant.jud., V, i, 18. Située « dans la Galilée supérieure, non loin de Cadès », elle est trop au sud. — 4° G. H. Tomkins, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1885, p. 108-110, a essayé d’identifier Bérotha avec Brisa, sur les pentes orientales du Liban, à quelque distance de Hermel ; mais sa thèse’repose sur une série d’assimilations qui nous semblent peu fondées. — 5° D’autres enfin la reconnaissent dans le

village actuel de Bereitân (écrit par quelques-uns Brithein), uu peu au sudouest de Ba’albek, dans la grande plaine de Cœlésyrie ; on y trouve un assez grand nombre d’anciens tombeaux. Cf. K. Furrer, dans la Zeitschrift des Deutschen Palàslina-Vereins, 1885, p. 34. Tout ce qu’on peut dire, c’est que cet emplacement se trouve dans la direction générale indiquée par l’Écriture.

A. Legendre.
    1. BÉROTHITE##

BÉROTHITE (hébreu : Bêrôtî ; Septante : ByipuGi ; Vulgate : Berothites), originaire de la ville de Béroth. Remmon le benjamite et Naaraï, écuyér de Joab, général de David, sont qualifiés de Berothites, II Reg., IV, 2 ; I Par., xi, 39, pour indiquer leur patrie. Voir Béroth 2.

    1. BEROUNSKY Jean Achille##

BEROUNSKY Jean Achille (Jean Achille de Béroun), écrivain bohémien, né à Béroun vers 1560, mort vers "1620. Il devint prêtre et desservant de la terre seigneuriale de Diviche (Divis) Slavata de Chlum, alors curé de la paroisse de Pacov et de Pribislav. Il écrivit des ouvrages religieux et publia nommément : en 1588, Commentaire des Évangiles pour les dimanches et les jours de fête (selon Luc Osiander) ; en 1590, Commentaire du prophète Daniel, in-4° ; en 1595, Commentaires courts des épîtres des dimanches et fêtes ; Postilles, traduites du latin ; en 1611, Eortologie ou Commentaires courts de la vie, des travaux et de la mort des saints apôtres, confesseurs et martyrs. En 1612, il traduisit de Jérôme Weller : Historié evangelickâ o umuceni Pânë (Histoire évangélique de la passion de Jésus-Christ) ; en 1616, Kràtky a sprostny vyklad nëkterych pisem svatych (Commentaire court et simple de quelques Livres Saints) ; en 1617, Kràtky vyklad na câst Zjeveni Sv. Jana (Bref commentaire d’une partie de l’Apocalypse de saint Jean). Tous ces commentaires sont principalement homilétiques.

J. Sedlacek.

    1. BERRIMAN John##

BERRIMAN John, théologien anglais, né en 1691, niort à Londres le 8 décembre 1768. Il étudia à Oxford et fut successivement curé de Saint - S within, lecteur de Sainte -Marie d’Aldermanburg, enfin recteur de Saint-Alban. Il reste de lui : ©ëbç éçpaveptflOï) êv capxf, or a Critical Dissertation upon I Tim., iii, 16, with an Account of above one hundred Mss. of Paul’s Epistles, and rubs to distinguish the varions readings, in-8°, Londres, 1741.

— Voir Gentleman’s Magazine, t. xxxviii, p. 590.

B. Heurtebize.
’BERRUYER Isaac Joseph, exégète paradoxal, naquit

à Rouen le 7 novembre 1681, entra dans la Compagnie de Jésus le 4 novembre 1697, et mourut à Paris le 18 février 1758. Il fit paraître à Paris, en 1728 : Histoire du Peuple de Dieu depuis son origine jusqu’à la venue dit Messie, tirée des seuls Livres Saints, ou Le texte sacré des Livres de l’Ancien Testament réduit en un corps d’histoire, 8 in-4°, S’inspirant d’un sentiment très juste, en principe, de l’importance de l’histoire biblique pour établir la divinité de la religion chrétienne, l’auteur voulait rendre la lecture de cette histoire plus facile et plus attrayante. En conséquence, il s’était efforcé, comme il s’exprime, « par une concordance suivie et une paraphrase fidèle, d’arranger tous les textes, de présenter sous un seul point de vue ce qui est dispersé, de réunir des parues destinées à faire un tout, d’éclaircir et d’expliquer ce qui, étant de soi-même assez intelligible, ne le seroit pas au eominun des hommes. » L’ouvrage n’était pas sans mérite, au moins quant au style ; il eut du succès, mais souleva aussi de justes critiques. Il fut mis à Yindex de Rome le 6 mai 1734. Cependant il eut une continuation, qui fit encore plus de bruit et qui est beaucoup plus répréhensible. En 1753, parut clandestinement VHistoire du Peuple de Dieu depuis la naissance du Messie jusqu’à la fin de la Synagogue, et, en 1757, VHistoire du Peuple de Dieu, troisième partie, ou Paraphrase des Épîtres des Apôtres, d’après le commentaire latin du P. Hardouin. La seconde partie est accompagnée de cinq

dissertations latines, où le P. Berruyer, s’adressant, comme il dit, aux savants, développe et essaye de justifier certaines de ses idées particulières.

Dès le 22 octobre 1753, les supérieurs religieux de l’auteur désavouèrent la nouvelle publication, en déclarant que l’impression en avait été faite à leur insu et contre leur volonté, et « qu’ils n’auraient jamais laissé paraître (l’ouvrage ) sans un grand nombre de corrections importantes et nécessaires ». La sincérité de ce désaveu est confirmée par une lettre curieuse que nous avons sous les yeux. Cette lettre, adressée au chancelier Lamoignon, le 24 juillet 1752, par le P. Berruyer, alors âge de près de soixante-douze ans, nous apprend que celui-ci n’avait pu encore, à cette date, obtenir dans son ordre l’approbation régulière, qu’il sollicitait depuis quinze ans, pour la seconde partie de son Histoire du Peuple de Dieu ; qu’il avait finalement soumis son manuscrit à deux censeurs séculiers, nommés par le chancelier ; et qu’il attendait le résultat de leur examen pour présenter encore une fois son ouvrage à la revision de sa Compagnie. Le vieil écrivain se plaint à Lamoignon des lenteurs de ses censeurs, qui lui paraissent calculées : « Les exemplaires de mon ouvrage dont je puis disposer, dit-il, sont entre les mains de M. le curé de Saint-Laurent et de M. Millet (les censeurs officiels). J’espérois les retirer vers le mois de septembre, pour les remettre à nostre P. Provincial au retour de ses voyages, et faire commencer la revision domestique. Vous jugez bien, Monseigneur, que ce n’est pas là une affaire preste à finir. Mais elle ne finira pas durant ma vie, si les censeurs que vous m’avez donnés ne songent qu’à amuser et à retarder. « Maintenant, si l’on songe que l’ouvrage dont il s’agit parut dans le courant de mai ou de juin 1753, comme l’atteste l’arrêt du parlement, on voit que le temps matériel a manqué pour terminer ces examens si laborieux avant l’impression. Il faut conclure que le manuscrit, non revisé et non approuvé, a dû être livré irrégulièrement à un libraire désireux de laire une bonne affaire par n’importe quel moyen. La main infidèle ou imprudente qui l’a livré ne paraît pas être celle du P. Berruyer lui-même ; du moins la lettre que nous venons de citer suffirait à montrer que son impatience de faire paraître son ouvrage ne l’empêchait pas de vouloir en cela se conformer aux prescriptions de l’Eglise et de la règle religieuse.

Quoi qu’il en soit, la seconde partie de son Histoire fut également mise à l’index, le 17 avril 1755. De plus, quand elle eut paru en italien, avec une apologie anonyme, Benoît XIV la condamna, avec des qualifications sévères, par un bref daté du 17 février 1758. Enfin la troisième partie, publiée par le même éditeur clandestin, fat censurée par Clément XIII, dans un bref daté du 2 décembre 1758. Avant et après ces sentences de l’autorité suprême, l’œuvre du P. Berruyer a été critiquée dans une multitude d’écrits, où les passions jansénistes et parlementaires ont eu une très grande part. Ainsi le parlement de Paris lui fit surtout un crime d’avoir « fâché » d’inspirer à ses lecteurs la doctrine ultramontaine, opposée au gallicanisme. Les accusations de nestorianisme et de socinianisme, que lui prodiguèrent les jansénistes, étaient plus sérieuses. Berruyer les mérite en partie, non pas qu’il ait jamais exprimé ou insinué un doute sur la divinité de Jésus-Christ et l’unité de sa personne dans les deux natures, mais parce que son système d’interprétation diminue et énerve singulièrement les preuves de ces dogmes par l’Écriture. D’après lui, eh effet, il n’y aurait presque pas de textes affirmant directement la divine nature du Sauveur ; car si très souvent le Seigneur reçoit des prédicats qui, d’après l’interprétation traditionnelle, ne lui conviennent qu’à raison de sa divinité, le P. Berruyer prétend que presque tous se vérifient directement dans son humanité sainte.

Pour les éditions très nombreuses de VHistoire du peuple de Dieu, dont quelques-unes récentes (comme celle des directeurs du séminaire de Besançon, 10 in-8°, 162Q

BERRUYER — BERSABEE

1630

Besançon, 1828, où l’on a tâché de corriger les erreurs de l’ouvrage), pour les traductions qui en ont été faites en diverses langues, enfin pour la polémique touffue qu’elle a suscitée, voir la Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, nouvelle édition, par le P. C. Sommervogel, t. i (1890), coi. 1357-1370. J. Brucker.

    1. BERSA##

BERSA (hébreu : Bir’sa’, peut-être, pourywrp, bénréia’, « fils de la méchanceté ; » Septante : Sapai), roi de Gomorrhe à l’époque de l’invasion de Chodorlahomor. Gen., xiv, 2.

    1. BERSABEE##

BERSABEE (hébreu : Be’êr Séba’; à la pause : Be’êr Sâba’, « puits du serment » ou « des sept » ; Septante : tô çpéap toû Spxoy, Gen., xxi, 14, 33 ; xxii, 19 ; xxvi, 23 ; xxviii, 10 ; xlvi, 1 ; Am., v, 5 ; $péap ôpxou, Gen., xxvi, 33 ; #péap ôpxtujioù, Gen., xxi, 31 ; t’o oppéap toO ôpxiap.o0, Gen., xxi, 32 ; Bï|p<ja6ei, Jos., xv, 28 ; xix, 2 ; Jud., xx, 1 ; I Régi, iii, 20 ; viii, 2 ; II Reg., iii, 10 ; xvii, 11 ; xxiv, 2, 7, 15 ; III Reg., iv, 25 ; xix, 3 ; IV Reg., xii, 1 ; xxiii, 8 ; I Par., iv, 28 ; xxi, 2 ; II Par., xix, 4 ; xxiv, 1 ; xxx, 5 ; II Esdr., xi, 27 ; Am., viii, 14 ; Vulgate : Bersabee, partout, excepté dans trois endroits, Gen., xxi, 32 ; xlvi, 1, 5, où on lit : puteus juramenti), une des plus anciennes localités de la Palestine, située à l’extrémité méridionale, Jos., xv, 28 ; d’où l’expression bien connue : « depuis Dan jusqu’à Bersabée, » pour indiquer toute l’étendue de la Terre Sainte (voir plus bas, §111.)

I. Nom. — Quelle est au juste la signification de Be’êr Séba’? Il faut, pour répondre à cette question, examiner ledouble récit qui nous donne l’origine de ce nom. Abraham, ayant creusé un puits, voulut s’en assurer la possession. L’alliance qu’il conclut avec Abimélech, roi de Gérare, fut confirmée par un serment réciproque ; mais le saint patriarche y ajouta une sortede garantie en offrant au roi sept jeunes brebis ; et celui-ci, en acceptant le présent, reconnut défait à son allié un droit qu’ils’obligeait à respecter. Gen., xxi, 22-30. « C’est pourquoi ce lieu fut appelé Be’êr Sâba’, parce qu’ils jurèrent tous deux. » J. 31. Il semble bien que l’Écriture dqnne ici au nom le sens de « puits du’serment », identifiant yair, Séba’, à

nyaur, Sebu’âh, « jurement » (ya^i, niSbe’û, « ils jurèrent » ). Quelques auteurs cependant n’admettent pas cette conclusion et tiennent pour l’étymologie « puits des sept », c’est-a-dire des sept brebis, tout en reconnaissant que l’autre signification dérive de celle-ci et en est l’équivalent. En effet, disent-ils, il y a en hébreu un rapport étroit entre le nombre sept, séba’, et l’action Ae jurer, nisba’. Faire un serment était comme qui dirait se septiser, parce que, en raison de la sainteté de ce nombre, qui est celui des jours de la création, on aimait, par le choix de sept objets, à le faire intervenir dans les traités, pour les rendre plus inviolables. Telle était en particulier la coutume des Arabes, suivant Hérodote, iii, 8. Cf. C. F. Keil, Genesis, Leipzig, 1878, p. 209.

L’idée de « serment » ressort mieux du second récit, en plus d’un point semblable au premier. Gen., xxvi, 26-32. Après une alliance mutuellement jurée entre Isaac et un autre Abimélech, les serviteurs du patriarche vinrent lui annoncer le succès de leur travail au puits qu’ils venaient de creuser. « Alors il l’appela nyair, Sib’âh (Septante : "Opxoç ; Vulgate : Abundantia) ; c’est pourquoi le nom de la ville est Be’êr Séba’jusqu’à ce jour. » Gen., xxvi, 33. Sib’âh est bien la forme féminine de Séba’, « sept ; » mais on remarquera que, à la différence du premier récit, il n’est fait dans celui-ci aucune allusion à ce nombre. Il est donc naturel de prendre Je nom comme synonyme de Sebu’âh, « serment ; » et c’est dans ce sens que l’ont traduit les Septante. Saint Jérôme a dû lire nyaiff, Sib’âh, par un sin au lieu d’un schin ; de là

l’expression « Abondance », c’est-à-dire source abondante ;

mais si cette leçon peut s’harmoniser avec ce qui précède, l’heureuse nouvelle apportée par les serviteurs, elle ne se rattache en aucune façon à ce qui suit, c’est-à-dire au nom donné à la ville.

Enfin un argument qui nous paraît plus concluant encore, c’est que Séba’entre dans la composition de certains noms propres où il est impossible de voir l’idée de « sept » ; par exemple : ’Elîséba’(’EXt<jaëé9, Elisabeth), Exod., vi, 23 ; Yehôséba’(’Ioxiaëeé, Josaba), IV Reg., xi, 2, qui signifient « Dieu du serment » ou « Dieu est (mon) serment », c’est-à-dire « celui par qui je jure ». Nous sommes donc en droit de reconnaître dans Séba’une ancienne forme où une forme parallèle de Sebu’âh. C’est ainsi que, après les Septante et la Vulgate, Josèphe a interprété le nom : Bïipdouëav.. ôpxtov êè tppéap XsyotTO av, « Bersabée, ce qui veut dire puits du serment. » Ant. jud., i, xii, 1. Eusèbe, Onomasticon, 1870, p. 234, dit de même que « Bersabée est ainsi appelée du serment d’Abraham et d’Isaac avec Abimélech ». Il est vrai que le nom actuel,

2***"' tS^> Bîr es -Séba’, exactement semblable au mot hébreu, reproduit aussi le sens de « puits des Sept » (sens plus juste que celui de « puits du Lion », donné par les Arabes, sab’, £+* » <, ayant dans leur langue cette

double signification). Mais il faut remarquer que les noms anciens se sont souvent conservés non pas tant dans leur valeur étymologique que dans leur consonnance. Ainsi Bethléhem, Bêt léhém, « maison du pain, » est devenu Beit lahm, « maison de la viande. »

II. Description. — Bersabée ou Bîr es-Séba’se trouve à dix ou onze lieues au sud-ouest d’Hébron, sur la route de l’Egypte. Située seulement à 240 mètres au-dessus de là Méditerranée, elles occupe lecoin occidental d’une large plaine ondulée, semblable au bassin desséché d’un ancien lac, et coupée en différents sens par de nombreux ouadis, qui descendent du nord, du nord-est ; de l’est et du sudest, pour former Youadi es-Séba’. Voir la carte de la tribu de Jdda. Les collines qui bordent cette plaine vers le nord se terminent brusquement etdessinent vivement les limités qui séparent les populations sédentaires des nomades ou Bédouins. Le désert de Bersabée, Gen., xxi, 14, eominènee vers le village de "Dâheriyéh avec des blocs plus où moins brisés d’un calcaire crétacé gris jaunâtre, entre lesquels poussent de maigres chênes épineux et des arbousiers, pour se continuer au sud vers le Sinaï. Le terrain est un sol marneux, qui, au dire de certains voyageurs, deviendrait extrêmement fertile, s’il était bien arrosé ; il est cultivé en quelques endroits. Le climat est sain ; la chaleur accablante. « La solitude est profonde et complète ; au printemps seulement, on aperçoit de nombreux troupeaux de chèvres noires, de moutons noirs et blancs, et des bandes de chameaux qui viennent pâturer dans ces steppes dont la maigre végétation présente un caractère tout à fait spécial. Ce ne sont que buissons épineux de genêts et d’astragales qui forment des boules hérissées par les pétioles des vieilles feuilles, puis des iris et des anémones. L’alouette huppée vole partout, et du matin au soir fait entendre sa joyeuse chanson en se tenant perchée sur les rochers brûlants. Dans les creux, on aperçoit quelques tentes basses et rayées des Arabes Ta’amirah, dont les campements sont toujours gardés par de grands chiens noirs, sauvages et féroces. » Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, dans le Tour du monde, t. xiii, p. 144.

Sur la rive septentrionale de l’ouadi es-Séba’se trouvent les deux puits renommés de tout temps pour l’abondance et la bonne qualité de leur eau. Situés à une petite distance l’un de l’autre, ils sont circulaires et revêtus intérieurement d’une maçonnerie solide, faite de pierres régulières, de moyenne dimension. Le plus large a douze mètres de circonférence et, suivant les époques, de douze’à quinze mètres de profondeur jusqu’à la surface de l’eau ; il paraît encore, au-dessous de ce niveau, aller jusqu’à

cinq métrés dans le rocher. L’autre, qui est à trois cents pas à l’ouest-sud-ouest du premier, n’a que cinq pieds de diamètre ; mais il est à peu près aussi profond. Tous les deux contiennent une eau claire et excellente, et offrent le caractère d’une haute antiquité, car leurs margelles sont, profondément striées de nombreux sillons, que le frottement répété des cordes avec lesquelles on tire de l’eau a creusés dans la pierre. La maçonnerie paraît ancienne, et l’inscription arabe qu’on a trouvée sur une pierre prouve simplement des réparations rendues nécessaires par le temps. Cf. C. R. Conder, Tent Work in Palestine, in-8°, Londres, 1889, p. 247 ; E. Hull, Mount Seir, in-8°, Londres, 1889, p. 138. La place et la construction de ces

Bïblical Researches in Palestine, 1856, t. i, p. 204-205 ; H.B. Tristram, The Land of Israël, 1866, p. 376-381 ; E. H. Palmer, The Désert of the Exodus, 2 in-8°, Cambridge, 1871, t. ii, p. 387-390 ; The Survey of Western Palestine Memoirs, Londres, 1883, t. iii, p. 394-396. III. Histoire. — À Bersabée se rattache principalement le souvenir des premiers patriarches de l’ancienne loi, qui dressèrent leurs tentes près des puits qu’on y voit encore aujourd’hui, et dont le nom primitif s’est perpétué d’âge en âge. « Est-ce à dire pour cela, se demande M. Guérin, Judée, t. ii, p. 283, que l’un ou l’autre des deux puits remonte à l’époque du patriarche, qui l’aurait creusé et bâti tel qu’il existe encore maintenant’.' Bien que la chose

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494. — Puits de Bersabée. D’après une photographie.

puits dénotent autant d’intelligence et d’habileté que de forcé et de persévérance. Ils sont près de la rivière, dont les eaux, par infiltration, peuvent maintenir une certaine abondance ; mais en même temps ils sont à une hauteur suffisante pour les mettre à l’abri des débordements. Leur eirconférence et leur profondeur attestent aussi toute l’énergie qu’il a fallu déployer pour les creuser dans les roches calcaires, dont les dures couches forment la région. Autour du plus grand sont disposées circulairement neuf auges grossières, en pierre, dans lesquelles les pâtres et les chameliers versent l’eau pour abreuver les animaux ; il y en a cinq autour du plus petit : quelques-unes sont brisées, les autres encore assez intactes. D’autres puits, actuellement comblés, avaient été creusés dans le lit de l’ouadi (fig. 494).

La ville occupait, au nord de ces deux puits, une plateforme inclinée, dont le pourtour est d’environ trois kilomètres. Dans toute l’étendue de cet emplacement, le sol est jonché de matériaux provenant d’anciennes constructions démolies. On distingue, avec quantité de fragments de poteries, les arasements de nombreuses maisons, la direction de plusieurs rues et les vestiges de quelques édifices publics, dont les fondations seules subsistent en partie. Cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 278 ; Robinson,

ne soit point impossible, je ne la regarde pas néanmoins comme vraisemblable, et je les attribue plutôt, dans l’état où ils sont de nos jours, à l’époque où une ville véritable s’éleva en cet endroit, époque fort ancienne elle-même et dont je ne puis préciser la date. Seulement rien n’empêche de penser et tout porte à croire, au contraire, à cause de la persistance singulière des traditions en Palestine, que l’un des deux n’a été que réparé et reconstruit sur l’emplacement qu’occupait le fameux « puits du Serment ». Après avoir raconté l’alliance d’Abraham avec Abimélech, l’Écriture nous dit que le saint patriarche planta à Bersabée un bois, d’après l’hébreu, un tamaris, arbre commun en Egypte, dans l’Arabie Pétrée et en Palestine, qui atteint une assez grande hauteur et donne beaucoup d’ombre ; puis il sanctifia ce lieu en invoquant le nom du Seigneur, du Dieu éternel. Gen.., xxi, 33. C’est de là qu’il partit pour aller sacrifier son fils sur le mont Môriah, et là qu’il revint après cet acte héroïque d’obéissance à un ordre divin ; il y séjourna encore quelques années. Gen., xxii, 19.

Plus tard, lsaac vint également s’y fixer ; la nuit même de son arrivée, Dieu lui apparut et lui dit : « Je suis le Dieu d’Abraham ton père ; ne crains rien, car je suis avec toi. Je te bénirai et je multiplierai ta race à cause de

mon serviteur Abraham. » Isaac s’empressa donc d’élever un autel, et, ayant invoqué le nom du Seigneur, il dressa sa tente et ordonna à ses serviteurs de creuser un puits. Abimélech vint ensuite faire alliance avec lui. Gen., xxvi, 123-33. C’est de là que Jacob partit pour Haran, afin d’y chercher une femme dans la famille de son oncle. Gen., xxviii, 10. Longtemps après, dans sa vieillesse, avant de se rendre en Egypte avec toute sa famille, il s’arrêta, aux confins de la terre de Chanaan, dans ce lieu où son père et son aïeul avaient honoré le vrai Dieu. Il offrit lui-même des sacrifices au Seigneur, qui lui apparut et lui annonça qu’il deviendrait, sur la terre des pharaons, le père d’un grand peuple, et que Joseph son fils lui fermerait les yeux. Gen., Xlvi, 1-5.

A partir de l’époque patriarcale ; il n’est plus question de Bersabée jusqu’au moment de la conquête, où elle fait partie des villes de la tribu de Juda, situées à l’extrémité méridionale de la Terre Promise. Jos., xv, 28. Plus tard elle fut cédée à la tribu de Siméon. Jos., xix, 2. Les souvenirs historiques et religieux qui s’y rattachaient pour le peuple hébreu, sa position sur le chemin de l’Egypte, où ses puits si précieux devenaient une halte naturelle pour les caravanes, tous ces avantages amenèrent de bonne heure la fondation d’une ville dont l’importance dut croître avec les progrès du commerce. C’est pour cela qu’elle servit désormais à marquer les limites du pays vers le sud, bien qu’elle ne fût peut-être pas le point le plus extrême. L’expression « de Dan jusqu’à Bersabée » ou « de Bersabée jusqu’à Dan » devint la formule consacrée pour définir l’étendue de la Terre Sainte du nord au midi ou du midi au nord. Jud., xx, 1 ; I Reg., iii, 20 ; II Reg., iii, 10 ; xvii, 11 ; xxiv, 2, 15 ; III Reg., iv, 25 ; I Par., xxi, 2 ; II Par., xxx, 5. De même, après le schisme, les frontières de Juda s’étendirent « depuis Gabaa » au nord « jusqu’à Bersabée » au sud, IV Reg., xxiii, 8 ; ou « de Bersabée jusqu’à la montagne d’Éphraïm ». II Par., xix, 4. Enfin, après la captivité, la formule se restreint encore davantage, et le territoire propre des enfants de Juda est indiqué « depuis Bersabée jusqu’à la vallée d’Ennom ». II Esdr., xi, 30.

Avant l’établissement de la royauté, Samuel, devenu vieux, prit ses fils, Joël, l’aîné, et Abia, le second, pour l’aider dans ses fonctions, et les installa comme juges à Bersabée, qu’il ne pouvait plus visiter lui-même et où les difficultés étaient peut-être plus grandes en raison même de l’éloignement. Ceux-ci, par leurs prévarications, provoquèrent les plaintes du peuple, qui demanda un roi. I Reg., viii, 1-3. Le prophète Élie, fuyant la colère de Jézabel, s’y arrêta un jour, et c’est de là qu’il renvoya son serviteur, pour s’enfoncer seul dans le désert. III Reg., xix, 3. La mère de Joas, roi de Juda, nommée Sébia, était de Bersabée. IV Reg., xii, 1 ; II Par., xxiv, 1.

Deux passages du prophète Amos, v, 5 ; viii, 14, nous permettent de conclure que de son temps elle était, comme Béthel et Galgala, le centre d’un culte idolâtrique. On peut remarquer du reste que la vénération superstitieuse des Israélites s’attacha surtout aux lieux consacrés par le séjour ou la piété des patriarches. Le dernier de ces passages, viii, 14, nous a probablement conservé une des formes d’invocation employées par les dévots du culte bersabéen : « Vive la voie de Bersabée ! » Le mot dérék, « voie, » suivant quelques auteurs, indique la religion idolâtrique, comme l’expression 6805 des Actes des Apôtres, ix, 2, ou le dieu dé Bersabée, comme ont traduit les Septante : Çyj à 6eoç <tou Bï|p<ja§££. Selon d’autres, il désigne les pèlerinages qu’on faisait à ce sanctuaire et par lesquels on jurait, comme aujourd’hui les Arabes jurent par le pèlerinage de la Mecque.

Après la captivité, Bersabée fut réhabitée par les enfants de Juda. II Esdr., xi, 27. Depuis cette époque, il n’en est plus question dans la Bible ; le Nouveau Testament ne la mentionne pas une seule fois. Cependant sa position devait lui assurer une assez longue existence.

Au temps d’Eusèbe et de saint Jérôme, Onomasticon, p. 103, 234, c’était encore un bourg considérable, v.wu.71 liey^’l » ou était établie une garnison romaine. Dans la Notifia dignitatum imperii romani, édit. Panciroli, Venise, 1602, p. 92, nous voyons que le dux Palsestinœ avait à sa disposition et sous ses ordres les équités Dalmatæ Illyriciani Berosabse. Enfin elle fut le siège d’un évéché, appartenant à la Palestine troisième. Cf. Reland, Palœstina, Utrecht, 1714, t. 1, p. 217 ; t. 11, p. 620.

A tjFfF’T’CTlRP

BÉRSUiRE (BERCHORIUS) Pierre, appelé aussi Berchoire, Bercheur, Bertheur, naquit à Saint-Pierredu - Chemin, en Poitou, à la fin du XIIIe siècle, et fit profession de la règle bénédictine à l’abbaye de Maillezais. Il séjourna ensuite longuement à la cour des papes d’Avignon ; ce fut alors qu’il se lia avec le cardinal Pierre des Prés, vice - chancelier du.souverain pontife, auquel il dédia son Beductorium morale. Il habita ensuite divers monastères de son ordre, et grâce à la faveur du roi Jean, dont il devint un des secrétaires, il obtint le prieuré de Saint-Éloi de Paris, où il mourut dans les premiers mois de l’année 1362. Bersuire composa de nombreux ouvrages sur les auteurs profanes, et il fut le premier traducteur de Tite Live. Son Beductorium morale utriusque Testamenti in xxxiv libros divisum fut imprimé à Ulm, en 1474, in-f", sous le titre : Liber Biblise moralis seu moralisationes Biblise. Une traduction de cet ouvrage fut publiée à Paris, en 1584, Pierre Bersuire composa également un commentaire sur les Psaumes. Ses œuvres ont eu plusieurs éditions : la meilleure est celle qui parut à Cologne, en 1730-1731, et qui comprend 6 tomes réunis en 3 volumes in-f°. — Voir Brunet, Manuel du libraire, t. 1 (1860), p. 818, au mot Berthorius ; Dupin, Histtrire des controv. et des mat. eccl. dans le xw*’siècle (1701), p. 172 ; Fabricius, Bibl. lat. Med. Mvi, t. I (1734), p. 726 ; Hain, Beperlorium bibhographicum, t. 1, p. 362 ; L. Pannierj Notice bibliographique sur Pierre Bersuire, dans Bibliothèque de l’École des Chartes, 1872, p. 325 ; Ziegelbauer, Historia rei litterarise ardinis sancti Benedicti (1754), 1. 11, p. 45-563 ; t. iii,

p. 183.
B. Heurtebize.
    1. BERTHAIRE##

BERTHAIRE (Saint), abbé du Mont-Cassin, mort en 884. Il appartenait à une illustre famille de France ou de Lombardie. Il voyagea beaucoup dans sa jeunesse et fit profession de la vie monastique à l’abbaye du Mont-Cassm, qu’il fut appelé à gouverner en 856. Il eut à lutter contre les Sarrasins, et pour leur résister fit fortifier son monastère et construire la ville qui porte maintenant le nom de San -Germano. En 884, les Sarrasins réussirent à s’emparer de la célèbre abbaye, dont ils massacrèrent l’abbé avec un certain nombre de religieux. Léon d’Ostie, Pierre Diacre, et de nos jours dom Tosti, lui attribuent un ouvrage sur les endroits de l’Écriture Sainte qui paraissent se contredire ; mais nous croyons que les deux livres’AvTtxei|iéviov Sententiarum Veteris et NoviWestamenti, édités sans nom d’auteur, in-f°, Bâle et Paris, 1530, doivent être laissés parmi les œuvres de saint Julien, évêque de Tolède. Ce même ouvrage est également attribué à saint Berthaire sous le titre de Quœstiones in utrumque Testamentum. — Voir A. Bovio, Dissertatio apologetica qua S. Bèrlarii sanctitas ejusque martyrii monurnenta vindicantur, in-8°, Naples, 1805 ; Bolland., Acta Sanctorum, t. IX octobris, p. 663-682 ; Patr. lat., i. xevi, col. 586 ; t. cxxvi, col. 975 ; Mabillon, Acta SS. Ord. S. B., t. iv, part. 11, p. 463-467 ; Tiraboschi, Storia délia litt. Ual. (1823), t. iii, p. 311 ; Ziegelbauer, Historia rei litt. Ord. S. B., t. iv (1754), p. 57.

B. Heurtebize.
    1. BERTHEAU Ernst##

BERTHEAU Ernst, exégète protestant allemand, né à Hambourg le 23 novembre 1812, mort à Gcettingue le 17 mai 1888. Il fit ses premières études au Johanneum de Hambourg, et s’adonua ensuite aux études théologiques

I. — 54

et orientales, à Berlin d’abord, en 1832, puis à Gœttingue, où il dévint répétiteur en 1836, privât - docent en 1839, professeur extraordinaire en 1842, et ordinaire en 1843. Il s’occupa surtout de l’exégèse de l’Ancien Testament, d’archéologie et de théologie bibliques et de langues orientales. On a de lui : Die sieben Gmppen mosaischer Gesetze, in-8°, Gœttingue, 1840 ; Zur Geschichte der Isræliten, in-8°, Gœttingue, 1842 ; Die der Beschreibung der Loge des Paradieses Gènes. S, iO-14 zu Grande liegenden geographischen Anschauungen, in-8°, Gœttingue, 1848 (paru d’abord dans les Gôttinger Studien, Jahrgang 1847). Il a publié dans le commentaire rationaliste intitulé Kurzgefasstes exegetisches Handbuch zum Alten Testament : 1° Das Buch der Richter und Rut, in-8°, Leipzig, 1845 ; 2e édit., 1883 ; 2° Die Sprûche Salomo’s, ibid., 1847 ; 2e édit., publiée par W. Nowack, 1883 ; 3° Die Bûcher der, Chronik, ibid., 1854 ; 2= édit., 1871 ; 4° Die Bûcher Esra, Necheniia und Ester, ibid., 1862 ; 2e édit., publiée par V. Ryssel, 1887. F. Vigouroux.

    1. BERTHIER Guillaume##

BERTHIER Guillaume, né à Issoudun le 7 avril 1704, mort à Bourges le 15 décembre 1782. Il entra dans la Compagnie de Jésus le 24 octobre 1722. Il professa les humanités à Blois, la philosophie à Rennes et à Rouen, la théologie au collège de Louis-le-Grand. À partir de 1745, il fut chargé de la direction des Mémoires de Trévoux ; on sait avec quelle distinction il s’acquitta de ces fonctions jusqu’en 1762. Entre ses mains, ce journal devint un des plus, sérieux ennemis de l’incrédulité et du philosophisme. C’est aussi à lui qu’on doit les tomes xm à xviii de l’Histoire de l’Église gallicane. Après la suppression de la Compagnie en France, il fut pendant deux ans conservateur de la Bibliothèque royale et adjoint à l’éducation du Dauphin, plus tard Louis XVI, et de ses frères. Il mourut avec la réputation d’un saint et savant religieux. Ses ouvrages relatifs à l’Éeriture Sainte sont : Histoire des premiers temps du monde prouvée par l’accord de la physique avec la Genèse, in- 12, Paris, 1778 ; — Les Psaumes traduits en français avec des notes et des réflexions, 8 in-12, Paris, 1785, souvent réimprimé ; dans les éditions en cinq volumes, on a supprimé les notes d’érudition, qui ont une véritable valeur ; — Isaïe, traduit en français avec des notes et des réflexions, 5 in-12, Paris, 1788-1789. — Dans les Réflexions spirituelles du P. Berthier, 1790, 5 in-12, publiées par l’abbé de Querbeuf, on trouve des réflexions sur la première Épître de saint Paul .aux Corinthiens, la traduction des Lamentations de Jérémie, avec des réflexions et une paraphrase du Magnificat.

C. SOMMERVOGEL.

    1. BERTHOLDT Leonhard##

BERTHOLDT Leonhard, théologien rationaliste allemand, né le 8 mai 1774 à Emskirchen, en Bavière, mort le 22 mars 1822. Il fit ses études à Erlangen, de 1792 à 1796, et y devint professeur extraordinaire à la faculté de philosophie, en 1805, La publication de son Daniel, eus dein Hebrâisch - Aramaïschen neu ùbersetzt und erklàrt ; mit einer vollstàndigen Einleitung und einigen historischen und exegetischen Excursen, 2 in-8°, Erlangen, 1806-1808, fit grand bruit et lui ouvrit les portes de la faculté de théologie. Dans cet ouvrage, il soutient que le livre de Daniel est l’œuvre de plusieurs auteurs différents. En 1809, il fut reçu docteur en théologie, et publia à cette occasion : Christologia Judœorum, Jesu Apostolorumque setate, in compendium redacla observation^ busqué illustrata, in-8°, Erlangen, 1811. À partir de 1814, il rédigea le Kritisches Journal der neuesten theologischen Literatur. Les volumes v-xrv (1822) sont exclusivement de lui. Outre quelques ouvrages théologiques, on a encore de lui : Historisch - kritische Einleitung in die sâmmtlichen kanonischen und apokryphischen Schriften des Alten und Neuen Testaments, 5 in-8°, Erlangen, 1812-1819. Il fut un des propagateurs les plus actifs du rationalisme. Il avait de l’érudition, mais sans profondeur ; ses écrits sont prolixes et mal composés. —

Voir G. F. Chr. Kaiser, Gedàchtnisspredigt, et J. G. B. Engelhardt, Rede vor dem Sarge, les deux réunis ensemble, in-4°, Erlangen, 1822. F, Vigouroux.

    1. BERTRAM Corneille Bonaventure##

BERTRAM Corneille Bonaventure, orientaliste protestant, né à Thouars, en Poitou, en 1531, mort à Lausanne en 1594. Il étudia à Paris, à Toulouse et à Cahors, et se retira à Genève, où il devint ministre et professeur d’hébreu. De là il passa à Frankental, dans le Palatinat, où il remplit les mêmes fonctions jusqu’en l’année 1585. Il fut alors appelé à Lausanne par la république de Berne, et y enseigna la langue hébraïque. On lui doit une traduction de la Bible sur le texte hébreu. Théodore de Bèze, Antoine la Faye, Jean Jaquemot, Simon Goulard, lui vinrent en aide dans ce travail, qui parut à Genève, en divers formats, en 1588. Dans cette traduction, il redresse en beaucoup d’endroits les versions d’Olivetan et de Calvin ; mais dans d’autres il s’attache aux fausses interprétations des rabbins juifs. Bertram publia un ouvrage important : De politica judaica tam civili quam ecclesiastica, in-8°, Genève, 1580, travail réimprimé sous le titre Republica Hebrseorum, in-18, Leyde, 1648, et publié aussi dans le t. v des Critici sacri. Citons encore de lui : Comparatio grammatiess et hebraiese et aramiese, in-4°, Genève, 1574 ; Lucubrationes Franktalenses sive spécimen expositionum in difficiliora utriusque Testamenti loca, in-8°, Spire, 1588. Cet ouvrage a été aussi reproduit dans les Critici sacri. Lelong affirme qu’il est l’auteur de la petite Polyglotte connue sous le nom de Vatable. Biblioth. sacra, 1723, p. 348. — Voir Richard Simon, Histoire critique du Vieux Testament, Rotterdam, 1685, p. 346, 532 ; Dupin, Bibliothèque des auteurs séparés… du xiiie siècle (1719), t. i, p. 588 ; Haag, La France protestante, t. n (1847), p. 231.

B. Heurtebize.
    1. BERTRAND Marie François##

BERTRAND Marie François, commentateur catholique français, né à Fontainebleau le 28 octobre 1807, mort à Versailles le 30 janvier 1881. Après ses études classiques et théologiques au séminaire de cette ville, l’abbé Bertrand fut d’abord professeur au petit séminaire de Mantes. Quelque temps après, nommé à la chaire d’Écriture Sainte du grand séminaire de Versailles ; puis, en 1835, vicaire à la cathédrale ; curé d’Herblay en 1837, il devint chanoine titulaire de Versailles en 1856, dignité qu’il conserva jusqu’à sa mort. Doué d’un esprit sagace, très cultivé, il était versé dans les langues orientales. Le gouvernement de l’Empire lui offrit la chaire d’hébreu au collège de France, devenue vacante par la révocation de Renan ; sa modestie la lui fit refuser. On a de lui : Les Psaumes disposés suivant le parallélisme, traduits de l’hébreu, in-8°, Versailles, 1857. Ce livre est surtout utile à qui veut étudier le sens littéral des Psaumes. Il traduit chaque psaume vers par vers et strophe par strophe, en donnant une ligne à chaque vers et en séparant les strophes les unes des autres. Cette traduction est précédée d’une introduction relative au caractère de la poésie hébraïque, et particulièrement au parallélisme. Voir la Semaine religieuse de Versailles du 6 février 1881, p. 455.

O. Rey.

    1. BÉRULLE##

BÉRULLE (Marc de), cordelier conventuel de la province de Lyon, dont il fut élu ministre provincial le 14 juin 1662, docteur en théologie, paraît avoir habité surtout le couvent de Grenoble, ses ouvrages ayant tous été imprimés dans cette ville. Il mourut au mois d’octobre de l’an 1682, à l’âge de soixante-six ans. Outre un cours de théologie en dix tomes in-8°, il a laissé un remarquable travail exégétique en trois volumes : 1. Explication de la Sainte Bible selon le sens littéral, tome F’, première édition, in-f°, Grenoble, 1680 ; 2. L’explication selon le sens littéral des cinq livres de la Sagesse, première édition, in-f°, Grenoble, 1680 ; 3. Continuation de l’ouvrage sur la Sainte Bible composé par le R. P. Marc de Bérulle…, tome iii, dans lequel se trouvent : 1° tout -1637

BÉRULLE — -BERZELLAÏ

4638

le Nouveau Testament ; S ! ° la Bible interprétée des mots hébreux, chaldéens, etc. ; 3° la concordance des passages qui semblent opposés ; 4° la Bible chronologique ; 5° la Bible géographique, première édition, in-f° en six parties, Grenoble, 1679. P. Apollinaire.

    1. BÉRYL##

BÉRYL, pierre précieuse. Vulgate : Exod., xxviii, 20 ; xxxix, 13 ; Ezech., xrvni, 13 ; Apoc, xxi, 20. Dans la Bible hébraïque, le mot correspondant est ns*>, yâSfêh.

Dans les Septante : mvyot, Exod., xxviii, 20 ; xxxvi, 20, etîaffTttç, Ezech., xxviii, 13 ; Tobie, xiii, 17 ; et dans l’Apocalypse, xxi, 20, fi-ripuX’Xoî Le béryl est un des minéraux accessoires de certaines roches granitiques (pegmatites). Il se compose chimiquement de silice, d’oxyde ferrique, de magnésie et de chaux, quelquefois avec traces de chrome, et se présente

495.

Cristaux de béryl.

en cristaux de forme prismatique hexagonale (fig. 495). C’est une variété d'émeraude, qui ne se distingue de l'émeraude proprement dite que par des stries parallèles à deux de ses faces et par une nuance particulière. Le nom d'émeraude est réservé d’ordinaire aux variétés vertes employées encore comme gemmes, tandis que le nom de béryl désigne les variétés incolores, roses, jaur.es, bleu-ciel du même cristal, ainsi que les variétés pierreuses. Le nom d’aiguë marine s’applique aux cristaux d’un vert bleuâtre de Sibérie. De nos jours, on le tire surtout de Muso (Nouvelle -Grenade), de l'île d’Elbe, des monts Altaï (Asie centrale). Aux États-Unis, dans l'état de NewHampshire, on a trouvé des cristaux de dimensions extraordinaires et pesant plusieurs centaines de kilogrammes. D’anciennes exploitations ont été découvertes dans la haute Egypte, près de Syène. Journal asiatique, janvier 1868, p. 74.

D’après la Vulgate, Exod., xxviii, 20 ; xxxix, 13, le héryl était la douzième et dernière pierre précieuse du rational du grand prêtre. Dans la même version, Ezech., xxviii, 13, le béryl est énuméré dans la description des richesses du roi de Tyr. Le texte grec du livre de Tobie, xm, 17, porte que les places de la ville de Jérusalem restaurée seront pavées de béryl et d’autres pierres précieuses. Enfin l’auteur de l’Apocalypse, xxi, 20, dans la description de la cité sainte, dit que le huitième fondement des murailles était le béryl. Dans ce dernier passage, il s’agit sans aucun doute de la pierre précieuse de ce nom. Mais il est impossible de dire avec certitude quel est précisément le minéral correspondant au terme hébreu dans

les deux premiers cas. Les anciens traducteurs sont euxmêmes en désaccord. Les Septante rendent, dans l’Exode, le mot hébreu yâSfêh par ôvu^îov, « onyx, » et dans Ézéchiel par iaoTtit ; , « jaspe. » La traduction de la Vulgate a en sa faveur le témoignage de Josèphe. L’historien juif, Ant. jud., III, vii, 6, décrivant les vêtements du grand prêtre, nomme le béryl comme étant la dernière des pierres qui ornaient le pectoral et sur lesquelles les noms des douze tribus d’Israël étaient gravés. Cependant il est plus naturel d’admettre, avec la plupart des commentateurs modernes, que les Septante ont eu raison de traduire yâsfêh dans Ézéchiel, xxviii, 13, par « jaspe », parce que ce mot est le nom même sémitique à peine transformé. C’est donc aussi par « jaspe » qu’il faudrait traduire Exod., xxyiii, 20, et xxxix, 13. — Il ne suit pas d’ailleurs de là que le béryl ne figurait point dans le rational du grand prêtre. La tradition est presque unanime à considérer cette gemme, comme l’une des douze pierres sur lesquelles étaient inscrits les noms des douze tribus d’Israël, quoique ni les anciens ni les modernes ne s’accordent sur son nom hébreu. Les Septante, Exod., xxviii, 20, xxxvi, 20 (xxxix, 13), ont cru que le béryl était désigné par le mot Sôham ; le targum d’Onkélos et du pseudo-Jonathan, ainsi que la Peschito, sont du même sentiment ; mais il est contesté par d’autres qui adoptent des traductions diverses. La question ne peut être encore aujourd’hui résolue d’une manière certaine.

Voir Pline, H. N., xxxvii, 20 ; S. Épiphane, De gernmis, t. xliii, col. 323 ; Pseudo - Hildefonse, De corona Virginis, 24, Pair, lat., t. xcvi, col. 316 ; Marbode, Liber de gemmis, 12, Pair, lat., t. clxxi, col. 1747 ; W. Brown, Antiquities of ihe Jews, Londres, 1820, t. i, p. 229 ; J. Braun, Vestitus sacerdotum hebrseorum, 1. ii, c. vinxix, Amsterdam, 1698 ; Bl. Ugolini, Sacerdotium hebraicum ; Abraham ben David, Dissertaiio de vestitu sacerdotwm hebrseorum ; B.D. Carpzov, De pontificum hebrseorumvestitu sacro (ces trois dissertations se trouvent dans les tomes xii et xm du Thésaurus antiquitatum sacrarum hebraicarum de Bl. Ugolini, Venise, 1744-1769) ; H. O. Lenz, Minéralogie der alten Griechen und Rbmer, in-8°, Gotha, 1861, p. 165 ; Clément-Mullet, Essai sur la minéralogie arabe : Les pierres précieuses, dans le Journal asiatique, janvier 1868, p. 64-81 ; de Saulcy, Mémoire sur les vêtements du grand prêtre chez les Juifs, dans la Revue archéologique, août 1869, t. xx, p. 91-115.

A. Orban.

    1. BÉRYTE##

BÉRYTE, aujourd’hui Beirout, ville et port de mer phénicien sur la Méditerranée, au nord de Sidon, que quelques géographes ont identifié à tort avec la Béroth ou Bérotha de II Reg., viii, 8, et Ezech., xlvii, 16. Voir BÉROTH 3.

BERZELLAÏ. Hébreu : Barzillaï, « de fer ; » Septante : BepÇsMa. Nom de trois Israélites.

1. BERZELLAÏ, homme riche de Rogelim en Galaad, qui exerça envers David, fuyant devant Absalom, les devoirs de la plus généreuse hospitalité. II Reg., xvii, 27-29 ; Six, 31-32. En retour, le roi vainqueur lui offrit de venir finir ses jours à la cour. Berzellaï répondit qu’il se sentait trop âgé (il avait quatre-vingts ans), et préférait mourir dans sa ville pour être enseveli près de ses pères. Mais il permit que son fils, Chamaam, accompagnât le roi à Jérusalem. II Reg., xix, 33-39. En mourant, David recommanda les fils de Berzellaï à la bienveillance de Salomon. III Reg., ii, 7.

2. BERZELLAÏ, père d’Hadriel, l'époux de Michol. Il était originaire de Molathi (Mehôlâh). II Reg., xxi, 8.

3. BERZELLAÏ, prêtre qui avait épousé une fille de Berzellaï de Galaad, et à cette occasion avait pris ce nom. Au retour de la captivité, ses descendants ne purent pro

duire les titres qui justifiaient de leur origine d’une manière certaine et furent exclus du sacerdoce. I Esdr., ii, 61, 62 ; II Esdr., vii, 63, 64.