Vers les saules/Scène X
Scène X.
Çà, voilà deux heures que j’attends.
Ah ! Blondine !
Survient dans nos amours et finit le volume
Dont le commencement est resté dans la plume.
L’encre manquait. Pourquoi fatiguer le papier
Qu’on froisserait en vain sans y rien copier ?
L’oiseau du souvenir gazouillait dans les chênes,
Et mon cœur s’est repris à ses premières chaînes.
Eh ! n’en rougissez pas ! heureux qui peut aimer,
Mais plus heureux celui qui voit se ranimer
L’amour qu’il oubliait, un jour d’ingratitude !
Que voulais-je ? jeter en votre solitude
Un peu de ma folie, un peu de ma gaîté !
Et, complice en cela du soleil de l’été,
Quand vous niiez la joie, arrêter vos blasphèmes,
Qui se sont, à présent, interrompus d’eux-mêmes.
Adieu donc ! je m’en vais vous laissant, pauvre oiseau,
Vous débattre à votre aise au milieu du réseau
Fatal où la sirène à la voix tentatrice
Vous a repris encor.
Qui vous consolera ? Qui consolerez-vous
Maintenant ?
Qui vous offre son bras pour aller dans la plaine.
Un homme abandonné. Vous pouvez, Magdeleine,
Encore cette fois répandre vos parfums.
Nous verrons.
Voyez vite.
Buvons, et que la joie étincelle et fleurisse !
Notre auteur n’a voulu peindre que son caprice
Dans cette comédie où tout va de travers.
Quand il a secoué les rimes de nos vers,
Sa raison voyageait sur une mer lointaine.
Ô messieurs ! désarmez la critique incertaine
Pour cette œuvre où l’amour allume son fanal,
Et qui prend nos baisers pour tout couplet final.