Vers les terres neuves/Appendice

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Secrétariat de l’École sociale populaire (p. 69-72).

APPENDICE


LA COOPÉRATIVE DES COLONS DU NORD

VŒUX ET REVENDICATIONS

Soumis et adoptés à l’assemblée générale des directeurs,
et au troisième congrès annuel de la C. C. N
à L’Annonciation, le 15 juin 1908

Après exposition des motifs dont s’inspire la Coopérative, et tels qu’ils ont été maintes fois rappelés en son nom, notamment par son porte-parole, le Pionnier, Ami du colon :

Il est proposé par M. le maire Péclet, de L’Annonciation, M. le curé Ouimet, de St-Jovite, et M. W. Charbonneau, L’Ascension ; appuyé par M. le maire Beauvais, de L’Ascension, MM. Delale, La Macaza, F. Raymond, Ste-Véronique de Turgeon, D. Champagne, St-Jovite et le R. P. Victor, curé de L’Annonciation et résolu à l’unanimité : que la Coopérative des Colons du Nord, tant par son bureau de direction que par son congrès général, persiste dans les revendications et vœux suivants, dont la plupart furent déjà ratifiés dans chacun de ses deux précédents congrès de Nominingue et de St-Jovite, et en autant qu’ils n’ont pas encore reçu satisfaction ; que la C. C. N. s’engage, de plus, à appuyer de toutes ses énergies et de son influence une propagande active tendant à la réalisation, aussi prompte et aussi complète que possible, de ces légitimes revendications :

I. Concession plus facile et moins précaire des lots aux colons, dans les cantons ouverts, ou propres à la colonisation, au moyen d’une classification rationnelle des terres à culture et des lots de forêt, et par la régie directe et exclusive des terres à culture par le Ministère de Colonisation réorganisé ;

II. Liberté pour les colons de faire du bois marchand, sur leur lot, sans droit supplémentaire, mais sous certaines réserves quant aux proportions, à la coupe réglementée, etc., et à la condition de maintenir, à perpétuité, une certaine portion de chaque lot entièrement en bois ;

II (bis). Mise en réserve par l’État, en faveur des futures municipalités, de dix ou quinze lots de terres à bois, moins propres à l’agriculture, et devant constituer dans chaque canton une réserve forestière communale, selon le système qui existe en France.

III. Subventions plus généreuses et plus systématiques pour l’établissement des chemins de roulage, et entretien par l’État, service de l’Agriculture ou des Travaux Publics, des grandes routes coloniales, une fois établies, jusqu’à ce que les municipalités intéressées soient assez fortes pour en être chargées efficacement ;

IV. Aide substantielle aux écoles primaires, dans les nouveaux centres coloniaux, et maintien de ces écoles, à la charge de l’État, en tout ou en partie, aussi longtemps que les municipalités ne seront pas en mesure d’y pourvoir convenablement ;

V. Encouragement, sous forme de primes ou boni, à l’industrie laitière et à celle de l’élevage, dans les centres de colonisation ;

VI. Retour à l’ancienne loi, pour le brûlage des abattis, meilleure organisation pour l’exécution et le contrôle des feux, propagande active et campagne éducationnelle en faveur du reboisement et de la coupe réglée ;

VII. Adoption d’une loi limitant à « une par mille âmes » le nombre des licences pouvant être accordées, en pays de colonisation ;

VIII. Reprise par l’État des lacs trop nombreux donnés à bail à des clubs, plus grande liberté d’accès à la plupart de ces lacs, pour les colons et touristes, meilleure protection du gibier et du poisson, par l’interdiction des chasses avec chiens, des pêches à la dynamite, des digues sans passe migratoire, etc. ;

IX. Continuation immédiate, jusqu’au cœur de la région du Témiscamingue, de l’extension du Pacifique Canadien à la Lièvre ;

X. Concession de taux plus bas et service plus efficace pour l’expédition du fret de la région Labelle ;

XI. Construction sans retard, à travers la région Labelle, du tronçon devant relier la ville de Montréal au Transcontinental National, autant que possible en utilisant à cette fin l’embranchement St-Jérôme-Huberdeau du Nord Canadien de Québec, ou à défaut de cela, extension de ce dernier tronçon vers la Lièvre et la Gatineau, selon l’esprit de sa charte primitive ;

XII. Érection de la région Labelle, avec quelques cantons avoisinants, en un comté spécial de colonisation, comme au lac St-Jean ;

XIII. Établissement du même territoire, avec quelques adjonctions naturelles de territoires limitrophes, en une juridiction nouvelle de la Cour Supérieure, distincte de celles d’Ottawa, de Terrebonne, etc. ;

XIV. Protection efficace de la région Labelle contre l’envahissement menaçant de l’immigration israélite ;

XV. Établissement dans notre région des Coopératives paroissiales de Colonisation, selon le plan du R. P. Martineau, S. J. déjà chaleureusement approuvé par plusieurs archevêques et évêques de la province, de telle sorte que notre région fournisse la première Union de comté, dans cette puissante association nationale, dont la C. C. N. a déjà fourni l’idée inspiratrice.


Certifié, pour présentation et adoption :


Signé : Dom André Mouttet, C. R. I. C., président
J.-M.-Amédée Denault, secrétaire


Pour copie conforme :
J.-M.-Amédée Denault, Sec., C. C. N.


L’Annonciation, le 15 juin 1908.