Vie du pape Pie-IX/Avant-propos
AVANT-PROPOS.
La mémoire du juste vivra éternellement.
Au milieu des flots d’iniquité qui submergent le monde en ces malheureux temps, au milieu des tempêtes révolutionnaires qui se déchaînent contre les sociétés et qui les ébranlent jusque dans leurs fondements, au milieu des guerres atroces que les peuples affolés se font sans cesse, au milieu de la confusion, du chaos intellectuel du dix-neuvième siècle, apparaît Pie IX, figure calme et sublime.
Les adulations du monde ne l’enivrent point, les menaces, les persécutions du monde ne l’effraient point, rien ne peut le faire dévier du droit chemin.
On l’a comparé à un phare lumineux qui éclaire, à une étoile fixe qui guide ceux qui naviguent sur la mer orageuse de ce monde. Il est plus que tout cela. Il est le représentant sur la terre de Celui qui a dit : « Je suis la voie, la vérité et la vie ; celui qui me suit ne marche point dans les ténèbres. »
Pendant près de trente-deux ans, sa voix infaillible a guidé les fidèles, ramené au bercail bien des brebis égarées, relevé les courages prêts à défaillir, proclamé la vérité et condamné l’erreur.
Éclairé par les lumières du Saint-Esprit, cet homme a vu ce que le monde aveugle ne voyait point, il a dissipé les ténèbres du paganisme moderne, il a écarté de l’Église des dangers sans nombre, il a veillé sur Elle nuit et jour, la protégeant contre les ennemis du dehors et du dedans, la faisant fleurir dans les contrées que l’erreur avait envahies.
Secouru d’en-haut, il a fidèlement accompli l’œuvre de son divin Maître à qui il ressemble autant qu’un homme peut ressembler à Dieu. Il a été un pape grand, glorieux et saint. Grand par sa charité et par sa douceur autant que par sa fermeté inébranlable, grand par les souffrances et par les persécutions ; glorieux par ses œuvres, dont une seule suffirait pour illustrer la vie d’un homme, glorieux par son zèle vraiment apostolique, glorieux par son génie, glorieux par la durée de son règne ; saint dans toutes choses, depuis sa plus tendre enfance jusqu’à sa mort.
Tel est Pie IX, le grand Pie IX, qui laissera son nom à la dernière moitié du dix-neuvième siècle ; Pie IX qui aura sauvé le monde, si le monde doit être sauvé ; Pie IX qui a lutté corps à corps avec le démon et avec ses agents terrestres, les sociétés secrètes, le libéralisme, le matérialisme, auxquels il a porté des coups terribles ; Pie IX qui est mort en prononçant cette belle parole qui est comme le couronnement de sa belle vie : In Domum Domini ibimus.