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Vie et œuvres de Descartes/Livre I/Chapitre premier

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LIVRE PREMIER

CHAPITRE PREMIER
LA FAMILLE[1]
(1596-1604)


Descartes naquit à La Haye en Touraine, le 31 mars 1596. Cette date nous est connue par une inscription autour d’un portrait du philosophe, que dessina en 1644 Frans Schooten,

Pages 2 et 3 manquantes ! nation de « Poitevin », qu’il s’inscrivit en 1630 sur les registres de l’Université de Leyde[2] ; et il se présenta aussi comme « Poitevin » à Beeckman, lorsqu’il fit sa rencontre à Bréda en 1618[3]. En effet, son père et sa mère, et des deux côtés ses grands-pères et grand-mères, et une partie de ses ascendants encore, appartenaient à la province du Poitou.

Son père d’abord, Joachim des Cartes, était né en Poitou, à Châtellerault ; l’acte de baptême est du 2 décembre 1563[4]. Son grand-père, Pierre Descartes, docteur en médecine, avait exercé dans cette même ville, jusqu’à sa mort en 1566 (on a retrouvé sa pierre tombale)[5] ; et il y exerçait déjà en 1543, lorsqu’il se fiança (on a le contrat de fiançailles, du 3 octobre) avec Claude Ferrand. Celle-ci, grand-mère paternelle du philosophe, était fille de Jean Ferrand, aussi docteur en médecine à Châtellerault. Elle n’avait, à la date de 1543, que onze à douze ans, étant née en 1532 (la famille comptait neuf frères et sœurs), et elle survécut quarante-cinq ans à son mari, car on la retrouve encore vivante, dans des actes publics dont le dernier est du 29 novembre 1610[6]. Elle paraît avoir habité jusqu’à la fin Châtellerault.

La mère de Descartes, Jeanne Brochard, demeurait à La Haye lors de son mariage, dont le contrat est du 15 janvier 1589[7]. Elle figure comme marraine au registre des baptêmes de cette ville, par quatre fois, de 1574 à 1590[8], d’abord sous le nom de « damoiselle Jehanne Brochard » simplement, et la dernière fois avec cette addition : « femme de honorable homme, le sieur Joachim des Cartes, conseiller en Parlement de Rennes ». Mais son père, René Brochard, grand-père maternel du philosophe, était lieutenant général du présidial de Poitiers ; il vécut donc en cette ville, et y mourut, le 28 juillet 1586 ; il fut inhumé, le 8 août, dans l’église Sainte-Opportune. Son père également, Aymé Brochard, y avait été déjà inhumé le 24 juin 1533 ; il était en son vivant conservateur des privilèges de l’Université de Poitiers[9].

Quant à la mère de Jeanne Brochard, ou la grand-mère maternelle de Descartes, Jeanne Sain, elle s’était retirée à La Haye après la mort de son mari en 1586, et peut-être même avant ; car elle est mentionnée dans un acte du 10 janvier 1578 comme « femme séparée d’avec Me René Brochard[10] ». Un acte de baptême du 12 octobre 1588, à La Haye, la désigne sous le titre qu’elle avait du vivant de son mari : Madame, ou plutôt, suivant l’usage du temps, « Mademoiselle la Lieutenante de Poitou[11] ». Mais on a retrouvé l’origine de la famille Sain[12], et ceci nous ramène encore à Châtellerault. Le père de Jeanne Sain, de son nom Claude Sain, habitait Orléans, où il exerçait la profession de marchand ; mais il était né à Châtellerault, d’un père déjà aussi marchand, Mathurin Sain ; et il avait un frère aîné, qui resta dans cette même ville, comme contrôleur des tailles, Pierre Sain. Un fils de celui-ci, marchand d’abord, lui succéda en sa charge de contrôleur, et ne quitta pas non plus Châtellerault ; il s’appelait Jean Sain. Ce fut sa femme Jeanne Proust, que l’on choisit pour être marraine au baptême de René Descartes, petit-fils de leur cousine germaine, Jeanne Sain, donc leur petit-neveu, si l’on prolonge d’un degré la parenté, comme c’est assez l’usage. L’enfant n’eut qu’une marraine, mais il eut deux parrains : son oncle René Brochard, sieur des Fontaines, frère de sa mère ; puis l’un des nombreux frères de sa grand-mère paternelle, et son grand-oncle à lui, Michel Ferrand, lieutenant général du roi à Châtellerault[13].

On voit encore en cette ville la maison paternelle de Descartes, celle qu’habita son père, son grand-père et peut-être aussi quelque temps son frère aîné[14]. La famille se disait noble, de petite noblesse, il est vrai, et du dernier degré : du côté maternel, l’aïeul et le bisaïeul, René et Aymé Brochard, prenaient le titre d’écuyer ; son père Joachim des Cartes se disait aussi écuyer, et même son grand-père le médecin Pierre Descartes[15]. Celui-ci avait revendiqué, en 1547, le privilège essentiel de la noblesse, l’exemption des tailles. Et plus tard notre philosophe sera traité de gentilhomme en Hollande par son compatriote, l’érudit Saumaise, et par un personnage officiel, tel que Constantin Huygens[16] ; de même aussi quelquefois en France, notamment par un Jésuite qui paraît avoir été son condisciple au collège de La Flèche, le P. Georges Fournier[17]. Son nom d’ailleurs fut imprimé en tête des livres signés de lui, et dans la plupart des ouvrages du temps, en deux mots : M. Des Cartes[18].

Mais ce qui valait mieux que cette petite noblesse, ce sont les emplois publics ou les professions libérales de la plupart des membres de sa famille. Plusieurs, il est vrai, du côté des Sain, furent marchands, et déjà aussi officiers du roi pour les finances ; mais les Brochard occupèrent des charges de justice et de police, et les Ferrand furent des hommes de science ou d’étude, comme ce bisaïeul, conservateur des privilèges de l’Université de Poitiers, et qui lui-même avait épousé Anne de Sauzay, fille d’un bibliothécaire du roi[19]  : un de leurs descendants, Gaspard d’Auvergne, fut poète et traduisit Machiavel. Si donc plus tard le bonhomme Descartes, père de notre philosophe, dira dans sa vieillesse que son cadet n’était bon « qu’à se faire relier en veau[20]  », saura-t-on jamais de quel ton il disait cela ? Comme une boutade, et dans un mouvement d’humeur ? Ou comme la plaisanterie d’un vieillard jovial, glorieux, au fond, des livres de son fils ? Car enfin, sinon son père, le médecin Pierre Descartes, qui n’eut pas le temps de rien publier, du moins son grand-père, Jean Ferrand, avait été l’auteur d’ouvrages de médecine. Cet ancêtre nous apparaît même comme assez dégagé de préjugés en ce temps-là : son gendre, Pierre Descartes, étant mort en 1566, il voulut en faire l’autopsie, et consigna ses observations dans un traité qu’il publia en 1570 sur les maladies de la pierre[21]. D’autre part, au point de vue religieux, même largeur d’esprit sans doute : on était habitué à vivre avec des protestants à Châtellerault, et c’était une des villes du royaume où ceux-ci, depuis 1589, avaient le libre exercice de leur culte[22].

Toutefois, c’est par les situations où elle s’éleva dans le monde parlementaire que la famille de Descartes se distingua dès la fin du xvie siècle et surtout au xviie. Joachim, le père du philosophe, entra comme conseiller au Parlement de Bretagne : ses lettres de provision sont datées du 6 décembre 1585, et il fut installé le 14 février 1586. Mais il ne quitta pas pour cela le Poitou ni le pays de sa femme. Celle-ci lui donna cinq enfants, de 1589 à 1697 : quatre au moins naquirent à La Haye, où l’on a relevé leurs actes de baptême aux dates suivantes : Pierre, 7 octobre 1589 ; un second Pierre (le premier n’ayant pas vécu), 19 octobre 1591, qui fut le frère aîné de notre philosophe ; celui-ci, René, 3 avril 1596 ; et un dernier-né, le 13 mai 1597, qui mourut aussitôt, et coûta la vie à sa mère, trois jours après, le 16 mai 1597[23]. Le cinquième enfant était une fille, Jeanne, dont on n’a pas retrouvé l’acte de baptême : sa naissance doit être datée de 1590, ou bien de 1592 à 1595[24].

Tous ces événements de famille se passèrent à La Haye. Joachim Descartes n’avait donc pas emmené sa femme à Rennes ; et lui-même pendant un assez long temps n’y résida que trois mois au plus chaque année. Les sessions du Parlement de Bretagne étaient trimestrielles, une l’été et l’autre l’hiver, et chaque conseiller n’appartenait qu’à l’une des deux[25]. Joachim Descartes siégea d’abord de juillet à octobre ; puis il échangea avec un collègue, et siégea de février à avril. En outre les chemins n’étant pas sûrs en ces temps de guerre civile, pour aller de La Haye ou de Châtellerault à Rennes, plus d’une fois il demanda et il obtint d’être dispensé de siéger : c’est ainsi qu’il n’alla pas en Bretagne en 1589, 1592, 1593 et 1594, et passa tout ce temps en Poitou[26]. Par contre, il était à Rennes pour la session d’hiver, lorsque son fils René vint au monde, le 31 mars 1596 ; et il y était aussi l’année suivante, lorsqu’il perdit à la fois son dernier enfant et sa femme elle-même, 13 et 16 mai 1597.

Mais il se remaria avec une Bretonne, Anne Morin, de Nantes, où elle avait été baptisée le 2 septembre 1579[27]. On ignore la date de ce second mariage ; on peut la supposer aux environs de 1600. D’autre part, les sessions du Parlement étant devenues semestrielles, le séjour à Rennes s’imposait. Cependant le Poitou retint encore quelque temps notre conseiller : ainsi sa femme, Anne Morin, mit au monde un enfant, appelé Claude, dans un village proche de Châtellerault, à Oyré, où il fut baptisé le 9 novembre 1604[28]. Un autre, en 1609, appelé François, et qui, comme le précédent, n’a pas vécu, naquit, il est vrai, à Chavagne, paroisse de Sucé, près de Nantes. Mais seule la dernière enfant, une fille nommée Anne comme sa mère, est née à Rennes, où elle fut baptisée le 25 mai 1611. Vers 1607, Joachim s’était décidé à acheter en cette ville un hôtel qui existe encore, et à s’y installer définitivement. Breton désormais, du fait de sa résidence, c’est aussi en Bretagne qu’il établit toute sa famille, même les enfants de sa première femme, Pierre et Jeanne, à l’exception du philosophe René[29] Jeanne Descartes épousa donc à Rennes, le 21 avril 1613, Pierre Rogier, seigneur du Crévy, paroisse de La Chapelle, près de Ploërmel. Plus tard, Pierre Descartes, sieur de la Bretallière, devint d’abord conseiller au Parlement de Bretagne : pourvu le 10 mars 1618, et reçu le 10 avril suivant. Puis il épousa, le 26 septembre 1624, à Elven, Marguerite Chohan, dame de Kerleau. Le père ne pouvait pas faire moins pour les deux enfants de sa seconde femme : il résigna son office de conseiller en faveur de son fils, nommé comme lui Joachim, qui fut admis au Parlement de Bretagne, le 10 juillet 1627 ; et l’année suivante, en juillet 1628, il maria sa fille Anne avec Louis d’Avaugour de Kergrois. La famille Descartes était ainsi devenue et demeura toute bretonne, et elle tira désormais sa noblesse des emplois occupés par elle au Parlement[30].

Cependant les enfants de Jeanne Brochard étaient restés, semble-t-il, le plus longtemps possible à La Haye auprès de leur grand-mère, Jeanne Sain, sans doute jusqu’à la mort de celle-ci en 1610[31]. René, notre philosophe, dira plus tard à la princesse Élisabeth, la seule personne à qui dans ses lettres il ait jamais parlé de sa mère, qu’il perdit celle-ci « peu de jours après sa naissance », (en quoi il se trompe : ce fut l’année suivante, et peu de jours après la naissance d’un autre enfant ; mais il ignora sans doute cette circonstance) ; il ajoute qu’il hérita d’elle « une toux sèche et une couleur pâle », qui firent mal augurer d’abord de sa santé : longtemps on crut qu’il mourrait jeune[32]. C’était une raison de plus de le laisser presque à la campagne, dans cette petite ville de La Haye, confié, au moins jusqu’à son entrée au collège, aux soins de sa grand-mère et aussi d’une nourrice dont il gardera le souvenir : à son lit de mort, dans ses dernières recommandations, il la rappellera à ses deux frères, comme nous l’apprend une de ses nièces, Catherine Descartes, fille de son frère aîné Pierre[33]. Celui-ci fut également élevé à La Haye chez leur grand-mère : on lit son nom comme parrain, malgré son jeune âge, sur le registre des baptêmes de la paroisse Saint-George, le 16 octobre 1598 et le 13 janvier 1599 (il avait sept ans[34]). On lit de même le nom de leur sœur, « damoyselle Jehanne Descartes », comme marraine, à maintes reprises, de 1598 jusqu’en 1609[35]. Il est donc à peu près sûr que Descartes enfant grandit avec son frère et sa sœur. Celle-ci étant son aînée de trois ou quatre ans peut-être, c’en était assez pour qu’elle jouât à la petite maman avec le petit frère, et le philosophe ne l’oublia jamais : plus tard, il témoignait un intérêt particulier au fils de Jeanne, « son neveu de Crévy[36] » ; et plus tard encore, faisant allusion à la perte presque simultanée de deux personnes qui lui étaient très proches, il parle en termes discrets du « déplaisir » qu’il en ressentit[37]  : l’une de ces deux personnes était certainement son père, et l’autre probablement sa sœur.

Que dire maintenant de cette première enfance passée à La Haye ? Descartes n’en a guère parlé dans ses lettres, qu’une ou deux fois seulement. Ici, c’est un remède qu’il a vu employer avec succès dans son pays, pour guérir les enfants en bas âge, et qu’il indique à la princesse Élisabeth incommodée un jour « d’apostèmes aux doigts[38]  ». Là, c’est une confidence plus intime, faite à son ami Chanut, d’une inclination qu’il avait eue tout jeune pour une fillette qui louchait : longtemps ensuite il regarda avec complaisance tous les yeux louches[39] . Mais reçut-il en outre du milieu extérieur des impressions que l’on retrouve plus tard dans ses ouvrages ?

Il vivait à la campagne, dans un pays de vignes, par conséquent aussi de vendanges, et l’on sait qu’il affectionne les comparaisons avec le vin nouveau, le vin cuvé sur la râpe, et même le petit clairet[40] ; il est vrai qu’il parle aussi de pommes, à la fois saines et gâtées dans le même panier[41], et tout cela est bien de son pays : pommes ni raisins ne mûrissent en Hollande. Le souvenir des villageoises battant le beurre et séparant la crème du petit lait[42], lui était peut-être resté de ses premières années ; mais c’est aussi ce qu’il verra faire tous les jours sous ses yeux dans les villages hollandais. De même toutes ces images empruntées à la vie des champs pouvaient lui venir également du Poitou et de la Hollande[43]  : voyageurs égarés au milieu d’une forêt, dont le pied enfonce dans le sol humide et en fait jaillir l’eau, et qui la nuit prennent peur des feux follets se jouant au-dessus d’un marécage ; feuilles touffues des haies dans les champs, et branches d’arbre, où le vent souffle ; poussière soulevée à travers la plaine ; tourbillons formés par les courants des ruisseaux ou rivières ; incendies qui s’allument à l’intérieur des granges où l’on a rentré du foin trop peu sec ; et tout le mobilier d’une ferme, cribles pour le seigle et cribles pour « l’avene » ; et jusqu’aux chiens couchants, dressés pour la chasse ; sans oublier le repos que l’on goûte étendu à l’ombre d’un bois, et que trouble parfois un bourdonnement de mouches, à moins que l’on ne suive d’un œil amusé un vol de moucherons, qui prennent leur essor, et vont s’égayer au haut de l’air.

Tout cela, certes, se trouve en Hollande aussi bien qu’en Touraine et Poitou ; mais en Hollande même, si Descartes a presque toujours choisi de préférence une habitation à la campagne (non loin d’une ville cependant), ce besoin de grand air, et d’un espace libre autour de soi, et de verdure pour reposer la vue, ce goût des choses rurales enfin ne lui était-il pas demeuré de ses impressions du premier âge ? Elles lui revinrent avec force, semble-t-il, à la fin de sa vie. Un mot en dit long à ce sujet, dans une lettre de 1649 Brasset, un compatriote qui pouvait le comprendre, habitant comme lui loin du pays natal : Descartes hésitait à quitter la Hollande pour la Suède, « pays des ours, entre des rochers et des glaces », hésitation bien naturelle pour qui est né, dit-il, « dans les

jardins de la Touraine[44] ».
CHAPITRE II


LE COLLÈGE[45]


(1604-1612)


Montaigne enfant, bien que son père eût préféré pour lui l’éducation à la maison, fut mis au collège à l’âge de six ans. Descartes gagna deux années : on attendit qu’il eût huit ans, peut-être parce qu’il n’y avait pas jusque-là de collège dans la région. Mais, à la fin de 1603, les Jésuites obtinrent de Henri IV l’autorisation de s’établir dans plusieurs villes de France. Le roi leur donna notamment à La Flèche en Anjou une maison, qui prit le titre de « Collège Royal ». Paris même n’en eut point de semblable avant le Collège de Clermont, en 1619. Aussi les Jésuites ne négligèrent rien pour assurer le succès du nouvel établissement : recteur, professeurs et maîtres de tout ordre, durent être choisis avec un soin extrême, et le Collège de La Flèche devint de bonne heure, comme dira notre philosophe en 1637, « l’une des plus célèbres écoles de l’Europe ».

Les classes s’ouvrirent à la fin de janvier 1604 ; mais le petit René Descartes n’y entra qu’à Pâques, l’hiver terminé[46]. Il y trouva comme recteur le P. Chastellier, qui était du Poitou et connaissait sans doute sa famille. En 1607, ce fut le P. Charlet, aussi du Poitou, et de plus allié à la famille Brochard[47] ; il eut pour son jeune parent des soins tout paternels, on peut presque dire des tendresses et des gâteries de papa. Montaigne chaque matin était réveillé en musique au son de quelque instrument : on fit mieux pour Descartes, on le laissa se réveiller tout seul et se lever à son heure[48] : il ne couchait pas au dortoir commun, mais il avait sa chambre, étant de ces élèves appelés « chambristes ». On montre à La Flèche une salle assez spacieuse, décorée du nom d’« observatoire de Descartes », et qui aurait été sa chambre d’écolier. Mais c’est là une légende tardive, qui n’apparaît qu’en 1854, légende bien invraisemblable d’ailleurs, vu la disposition des locaux et leur insuffisance de 1604 à 1612. On peut le regretter : les fenêtres de cette salle, surtout l’une des deux, s’ouvrent sur les jardins et le parc, de l’autre côté de la petite rivière qui coule au bas. Quoi qu’il en soit, l’air était sain, le régime excellent : l’enfant se fortifia, et ce fut sans doute au collège que, en dépit des pronostics funestes de ses premières années, sa santé s’affermit définitivement.

Entré en sixième, il suivit le cours régulier des études ; le coup d’œil rétrospectif qu’il y jette en 1637, dans le Discours de la Méthode[49] en reproduit l’ordre chronologique. D’abord des « fables » et des « histoires », c’est-à-dire ce qu’on étudiait dans les classes de grammaire, sixième, cinquième et quatrième ; entendez par « fables » les Métamorphoses d’Ovide, et par « histoires » probablement les biographies des hommes illustres de la Grèce et de Rome. Ensuite la « poésie » et l’« éloquence », qu’on cultivait dans les classes d’humanités, troisième, seconde et rhétorique. Un Corpus Poëtarum, que plus tard il revit en rêve[50], fut sans doute feuilleté par lui : de là les quelques citations éparses dans sa correspondance, Virgile, Horace, Ovide, et encore Ausone et Sénèque le Tragique, auxquels il emprunta ses deux devises[51]. Un recueil semblable existait-il déjà pour les orateurs, sous le titre de Conciones ? Toujours est-il que Descartes cite également quelques passages des harangues de Cicéron.

Il apprit le latin à fond, non seulement comme une langue morte, mais comme une langue vivante qu’il pourrait avoir à parler et à écrire. Il la parla, en effet, quelquefois en Hollande, et même en France à une soutenance de thèses ; et il l’écrivit dans trois ou quatre de ses ouvrages et un certain nombre de lettres[52]. Quelques-unes de ses notes mêmes, rédigées pour lui seul et à la hâte, sont en latin[53]. Il maniait cette langue aussi bien et souvent mieux que le français, le plus souvent avec vigueur et sobriété, parfois aussi pourtant avec quelques gentillesses de style qui rappellent les leçons des bons Pères ; lui-même avoue qu’il a fait des vers, sans doute des vers latins, et une fois avec Balzac il se piqua de bel esprit et lui écrivit dans un latin élégant « à la Pétrone[54] ».

Les trois dernières années de collège étaient employées à l’étude de la « philosophie », qui comprenait trois parties : la logique, la physique et la métaphysique. En première année, on étudiait aussi la morale avec la logique ; et en seconde année, les mathématiques avec la physique. Tel était du moins le programme du temps de Descartes, de 1609 à 1612. Plus tard, à partir de 1626, les mathématiques furent étudiées séparément, en troisième année, la métaphysique étant dès lors enseignée en seconde année avec la physique. On connaît le nom du professeur de philosophie de Descartes, le P. François Véron, controversiste fougueux et d’une piété exaltée[55] ; et aussi de son répétiteur de philosophie, le P. Étienne Noël, alors jeune religieux, celui qui eut plus tard au sujet du vide des démêlés avec Pascal. Les Jésuites se servaient sans doute de cahiers qu’ils dictaient, en s’inspirant des auteurs célèbres en ce temps-là dans leur Compagnie, Toledo et Fonseca, par exemple, pour la logique[56]. Peut-être aussi, pour la physique, s’inspiraient-ils d’un Feuillant, Frère Eustache de Saint-Paul, dont Descartes se souviendra plus tard[57]. Pour les mathématiques, ils avaient un des leurs, Clavius, dont un traité d’algèbre fut imprimé en 1609 à Orléans, et que les contemporains appelaient « le nouvel Euclide[58] » ; quant à Viète (zélé huguenot, ne l’oublions pas), Descartes quitta La Flèche, et même plus tard la France, sans avoir vu, dit-il, la couverture de son livre[59]. Dès le collège, cependant, notre futur philosophe se révéla mathématicien ; et à en croire un de ses condisciples, plus d’une fois l’écolier embarrassa son maître[60] Mais si plus tard, en 1637, il critique en général l’enseignement de l’École, c’est-à-dire la Scolastique, cela ne l’empêchera pas de reconnaître l’année suivante, dans une lettre privée, que nulle part la philosophie ne s’enseigne mieux qu’à La Flèche, et que rien n’est plus utile pour un jeune homme, que d’en avoir étudié le cours entier, puisqu’elle donne la clé de toutes les sciences[61].

De fait (et pouvait-il en être autrement ?), l’ordre suivi par Descartes dans ses études de philosophie au collège, se retrouve en partie dans le Discours de la Méthode[62] : la logique d’abord, et c’est la deuxième partie du Discours ; puis la morale, et c’en est la troisième partie ; viennent ensuite, avec la quatrième et la cinquième, non plus, il est vrai, la physique et la métaphysique, mais dans l’ordre inverse, la métaphysique et la physique. Et cette interversion n’est rien moins que la réforme même de Descartes, avec cette autre encore : les mathématiques dans l’ancien cours d’études, ne venaient qu’après la physique, comme une partie de celle-ci, et plus tard, nous l’avons vu, après la métaphysique ; pour Descartes, au contraire, la physique ne sera plus qu’une partie des mathématiques, et celles-ci par l’évidence de leurs démonstrations tiendront le premier rang avec la métaphysique elle-même. Quant à la physique, elle était tout encombrée d’un vain attirail de « formes substantielles » et de « qualités occultes », qui en obstruaient l’entrée : prétendues explications qui n’étaient que trompe-l’œil, en réalité, c’étaient des barrières qu’il fallait abattre pour permettre à la science ses libres recherches. L’entreprise était hardie ; car cette ancienne physique était la philosophie d’Aristote, devenue celle de saint Thomas, et au Concile de Trente la Somme de ce Docteur de l’Église avait été placée pendant toute la durée des sessions, comme un autre livre saint, sur une table à côté de la Bible[63]. Aussi, pour renverser une physique ainsi appuyée sur la théologie, nous verrons Descartes recourir à Dieu lui-même, faire appel à l’Être parfait : la haute intervention d’une métaphysique nouvelle lui paraîtra nécessaire pour autoriser sa nouvelle physique.

Notre philosophe était religieux d’ailleurs, mais à sa manière et ici il convient de distinguer le fond qui est à lui, et la forme, croyances et pratiques, venues de son éducation. Le catholicisme des Jésuites était assez peu gênant, somme toute, pour la liberté de penser intérieurement : des dogmes imposés, qu’on n’examine ni ne discute, restent extérieurs et presque étrangers à l’esprit, et le laissent beaucoup plus libre de philosopher, que s’il s’était appliqué à les pénétrer, et y avait adhéré tout entier. D’autre part, les Jésuites excellaient à frapper l’imagination et les sens par les cérémonies du culte ; et Descartes prit peut-être à La Flèche le goût de la musique et des chants. Surtout ils étaient habiles à enserrer l’âme comme dans un réseau d’habitudes de piété : non seulement leurs écoliers formaient de petites académies pour leurs études, une de grammairiens, une autre d’humanistes, une enfin de philosophes ; mais ils en avaient une encore, plus générale, sous l’invocation de la Vierge, et c’était une véritable confrérie religieuse[64]. Elle eut à La Flèche un ardent promoteur en la personne du P François Véron ; et sans doute Descartes, comme ses camarades, ne manqua pas de s’y affilier. Plus tard il revoyait en rêve (dans ce même rêve qu’il prit la peine de raconter) la chapelle de son collège, et aussitôt il y entrait pour faire sa prière[65]. Plus tard encore, il intervint une fois dans une querelle de ministres protestants en Hollande, et ce fut, coïncidence curieuse, pour prendre la défense d’une confrérie à Bois-le-Duc, justement une confrérie de Notre-Dame[66]. Bien plus, en 1619 (et pourtant il était dans sa vingt-quatrième année), un jour ou plutôt une nuit, en se réveillant toujours du même rêve, il avait fait vœu d’aller à Lorette, centre de dévotion des catholiques romains[67]. Un petit livre, publié en 1604 par un Jésuite, le P. Richeome, recommandait ce pèlerinage. Le P. Richeome était réputé le Cicéron de la Compagnie de Jésus, comme Clavius en était l’Euclide ; de plus il fut Assistant de France auprès du Général à Rome, de 1608 à 1615. Un ouvrage de piété, composé par un si haut dignitaire, avait été mis certainement entre les mains de tous les écoliers de La Flèche.

La foi religieuse de Descartes se doubla de fidélité monarchique, soigneusement entretenue par ses maîtres. Le collège Henry IV ne pouvait oublier son fondateur ; et le roi, de son côté, n’oubliait pas non plus le collège qu’il avait fondé. Il décida que son cœur y reposerait plus tard dans la chapelle ; et en effet, après l’assassinat du 14 mai 1610 par Ravaillac, le cœur royal fut transporté de Paris à La Flèche[68]. On le reçut en grande pompe, le 4e jour de juin. Descartes était présent à la cérémonie, qui dut faire sur lui grande impression ; il y figura même comme un des jeunes gentilshommes choisis pour le cortège. Plus tard nous le retrouverons qui assiste volontiers à des spectacles du même genre : couronnement de l’Empereur à Francfort, mariage du Doge avec l’Adriatique à Venise, ouverture du Jubilé à Rome. Surtout il conserva jusqu’à la fin ses sentiments de « bon Français », comme en témoignent ses lettres de l’hiver de 1649, écrites de Hollande pendant la Fronde[69].

L’éducation de notre philosophe à La Flèche avait été d’ailleurs celle d’un jeune noble, avec tous les exercices physiques usités en ce temps-là : le jeu de paume, qui reviendra souvent dans ses comparaisons ; et l’escrime, que même il réduisit en art dans un petit traité[70]. Et comme les Jésuites n’avaient point de fêtes dans leurs collèges sans comédie et sans ballet, Descartes prit part sans doute comme ses jeunes condisciples à ces divertissements, et s’en souvint plus tard pour composer lui-même une comédie et un ballet de cour aux fêtes de la reine Christine à Stockholm[71].

Un an après la cérémonie funèbre de 1610, le collège de La Flèche célébra une fête commémorative, en plusieurs séances. Le troisième jour, c’est-à-dire le 6 juin 1611, parmi les poésies récitées il y eut un sonnet, dont il faut donner ici le titre en entier : Sur la mort du Roy Henry le Grand & ſur la deſcouverte de quelques nouvelles planetles ou eſtoiles errantes autour de Jupiter, faicte l’année d’icelle par Galilée, célèbre mathématicien du grand-duc de Florence[72]. Les lunettes d’approche, récemment inventées, étaient la grande curiosité scientifique d’alors. Dès 1609, on en vendait à Paris dans les boutiques du Pont Notre-Dame ; les Jésuites en avaient fait peut-être revenir à La Flèche. Mais surtout on était dans l’admiration des curiosités que venait de découvrir avec ces lunettes le Florentin Galilée Galilei : en particulier les planètes de Jupiter, appelées aussitôt par lui « Astres de Médicis ». Et les bons Pères n’avaient garde d’omettre cette appellation flatteuse pour la famille de la Reine Mère, Marie de Médicis, régente de France, et leur protectrice. Le collège s’ouvrait ainsi aux nouveautés du dehors, et l’exemple était donné à Rome même. On était encore loin, en effet, de la condamnation de Galilée, qui ne sera prononcée qu’en 1633 ; le premier avertissement, assez bénin d’ailleurs, ne vint même qu’en 1616. Mais l’année 1611, le professeur de philosophie du collège des Jésuites à Rome faisait soutenir par ses élèves des thèses favorables aux nouvelles découvertes, et les dédiait à un cardinal ; celui-ci ne voyait en Galilée qu’un compatriote, dont on pouvait bien être fier pour l’Italie, puisqu’il découvrait dans le ciel, comme avait fait Americo Vespucci sur le globe terrestre, un Nouveau Monde[73]. Les Jésuites accueillirent donc sans méfiance d’abord les nouveautés astronomiques, qui devaient cependant à bref délai renouveler notre conception de l’univers.

Quand on est jeune, on s’enthousiasme volontiers pour l’événement du jour, surtout si c’est une belle invention ou une grande découverte : le télescope avec les merveilles qu’il fit voir aussitôt dans le ciel, fut peut-être le grand événement qui enthousiasma la jeunesse de Descartes, et dont toute sa philosophie devait plus tard se ressentir. Dès le collège, il entendit parler de ces quatre satellites qui tournent autour de la planète Jupiter, et de deux autres encore, semblait-il, autour de Saturne, et des phases successives que présentait Vénus aussi bien que la Lune, et bientôt enfin des taches du Soleil. Tous ces phénomènes nouveaux figureront en bonne place, principalement le dernier, dans sa philosophie, avec des explications tirées de principes nouveaux aussi, qu’ils auront certainement contribué à établir. Et nul doute que le jeune homme ne s’inté- ressât au nouvel instrument, appelé aussitôt « télescope », inventé, disait-on, par hasard. On souhaitait un peu partout, en Italie, en Allemagne, en France, comme en Hollande, que les savants en fissent l’objet d’une étude méthodique, afin d’en donner la théorie. Et c’est aussi le problème que se posera Descartes, dans sa Dioptrique, comme un bel exemple de l’application possible de la géométrie à une matière de physique. Puis, c’est encore là une idée qui lui était chère, l’effet pratique ne pouvait manquer de suivre : qui assignera des limites à la puissance d’une lunette construite scientifiquement ? Avec elle on verrait peut-être s’il y a des animaux dans la lune[74] ?

Ainsi Descartes emporta de La Flèche bien des semences qui dans un esprit comme le sien devaient fructifier. Ajoutons que ses maîtres eurent assez de confiance en lui pour lui permettre la lecture d’ouvrages ordinairement défendus. Lesquels ? Peut-être l’Art de Lulle, dont il parle dans le Discours de la Méthode, et une fois ou deux dans sa correspondance[75]. Peut-être les livres de Henri-Corneille Agrippa, sur l’incertitude des connaissances humaines, ou sur la philosophie occulte, dont il dit aussi un mot ou deux[76] ici la permission donnée par les Jésuites ferait vraiment honneur à leur esprit de tolérance, si l’on songe qu’à quelque temps de là, l’année 1623, en France même, à Moulins, le grief capital contre un pauvre diable, condamné à mort et exécuté comme sorcier, fut qu’on avait trouvé en sa possession un exemplaire de ce livre d’Agrippa, relié en peau de truie[77] ! Descartes paraît avoir lu encore la Magie naturelle, de Jean-Baptiste Porta ; mais cet ouvrage, dédié à Philippe II, roi catholique, et imprimé à Anvers, dans les Pays-Bas espagnols, n’a rien qui motive une interdiction[78]. À ces lectures notre philosophe gagna de ne point être dupe des faux savants, magiciens, alchimistes, astrologues. Déjà, par une disposition naturelle de son esprit, il ne s’étonnait pas facilement, et n’admirait presque rien : l’étonnement, selon lui, est toujours mauvais, et l’admiration même n’est pas toujours bonne. Cette disposition ne pouvait être que confirmée par la familiarité qu’il eut de bonne heure avec des choses réputées merveilleuses, qu’on eut le bon esprit de lui mettre entre les mains pour lui en faire voir l’inanité.

Aussi Descartes se montra toujours reconnaissant envers ses maîtres de La Flèche, et ne manqua aucune occasion de faire leur éloges[79]. Il était sincère en cela, sans aucun doute ; mais il y trouvait bien aussi quelque intérêt. Auteur d’une philosophie nouvelle, il aurait voulu que les Jésuites l’adoptassent, et qu’elle remplaçât Aristote dans leurs collèges. C’est pourquoi il a grand soin d’envoyer son Discours au P. Noël, recteur de La Flèche en 1637, et ses Principes au P. Grandamy, également recteur en 1644. Il sollicite leurs avis et leurs conseils, surtout ceux du P. Charlet, qui avait été pour lui comme « un second père », et qui de plus était Assistant du Général à Rome. En 1641, ses Méditations parurent avec une préface à la Sorbonne ; en 1642, il y joignit, en guise de postface, une lettre au P. Dinet, devenu provincial de France : il le met presque en demeure de faire enseigner sa physique nouvelle, au moins sa nouvelle doctrine des météores. On ne lui répond pas officiellement ; mais ce fait même de ne pas lui répondre, prouve qu’on gardait des ménagements et qu’on ne voulait pas rompre avec lui. L’écolier faisait honneur à ses anciens maîtres, qui avaient toujours pour lui quelque tendresse. Et puis il montrait tant de déférence et de soumission, tant de crainte d’être noté par l’Église ! Il en a trop montré, dira même plus tard un théologien comme Bossuet. Et si l’on songe à la nature déjà circonspecte et timorée de Descartes, c’est encore là un effet, et non le moins notable, de l’éducation reçue par ce futur philosophe dans un collège de la Compagnie de Jésus.

  1. Voici les principaux ouvrages à consulter, lesquels renvoient eux-mêmes à tous les opuscules et articles publiés sur des points de détail :

    La Vie de Monſ. Des-Cartes, par Adrien Baillet, Paris, Hortemels, 1691, 2 vol. in-4.

    La Famille Descartes en Bretagne, par Sigismond Ropartz, Rennes, 1877, in-8.

    Trois Médecins Poitevins au XVIe siècle, ou origines châtelleraudaises de la famille Descartes, par A. Barbier, Poitiers, 1897, in-8. — Voir aussi, du même auteur : Bulletins de la Société des Antiquaires de l’Ouest, t. VIII, 2e série, Poitiers, 1901, p. 618-654.

    Nouvelles recherches sur l’origine et le lieu de naissance de Descartes, par Louis de Grandmaison, Paris, 1899, in-8. Extrait de la Bibliothèque de l’École des Chartes.

    La famille Descartes, par E. Thouverez, Toulouse, Congrès des Sociétés savantes, 1899. Extrait de la Revue Archiv für Geschichte der Philosophie : XII Bd, 4. Heft, s. 505-528 ; XIII Bd, 4 Heft, s. 550-577 ; XIV Bd, I. Heft, s. 84-110.

    Le Parlement de Bretagne, 1554-1790, par Frédéric Saulnier, Rennes, 1909, in-fo, 2 parties, p. lxiii et 1-475, 476-892.

    Ces ouvrages seront cités sous la dénomination : Baillet, Ropartz. Barbier, Grandmaison. Thouverez, Saulnier.

  2. Renatus Des Cartes, Mathematicus, Picto, à la date du 27 juin 1630.
  3. Tome X, p. 51, 52, 53, 54. (p. 2, note b)
  4. Barbier, Société Antiquaires Ouest, t. VIII, 1901, p. 559.
  5. Ibid., p. 560 et p. 554.
  6. Ibid., p. 637-638.
  7. Baillet, t. I, p. 5.
  8. Grandmaison, Bibl. École des Chartes, t. LX, 1899, p. 450-451 : 8 juin 1574, — 14 février 1575, — 19 mars 1579, — et 2 janvier 1590.
  9. Barbier Société Antiquaires Ouest t. VIII, 1901, p. 631.
  10. Grandmaison, bibl. École des Chartes, t. LX, 1899, p. 453-454.
  11. Ibid., p. 451 : 19 janv. 1597.
  12. Barbier, loc. cit., p. 621-622
  13. Voir ci-avant, p. 2, note b.
  14. Lorsque celui-ci se maria, à Kerleau, paroisse d’Elven, le 26 sept. 1624, il est encore désigné, bien que déjà conseiller au Parlement de Rennes, comme étant « de la paroisse de Saint-Jean-Baptiste, en la ville » de Châtellerault, diocèse de Poitiers ». (Ropartz, p. 67.) — De là peut-être cette assertion de Pierre Borel sur Descartes, Vitæ Cartesii Compendium, 1656, p. 2 : « Magnus ille vir vitales auras haurire incepit inter Pictonum & Armoricorum in Galliâ gentem in vrbe Castrum Eraldium dictâ. »
  15. Barbier, loc. cit., 1901, p. 554 : « Contractz de mariage de maître » Pierre Desquartes, écuyer, avec ma fille Claude Ferrand. » (Annotation du beau-père, Jean Ferrand, à l’acte de fiançailles du 3 oct. 1543.) — D’autre part, on lit dans Baillet, t. I, p. 4 : « Un Médecin de Châtelleraut en Poitou, nommé Pierre Descartes, du temps de François I, » soutint un procès à la Cour des Aydes de Paris, contre les Élus de cette Ville, qui prétendaient le mettre à la taille. Il fut rétabli par la Cour » dans tous les droits de sa Noblesse, après avoir fidèlement representé sa généalogie par générations non interrompues jusqu’au Roy Charles » Cinquième. [En marge : Registre de la Cour des Aydes du 4 Septembre » 1547, avec les pièces originaires du procès.] » Par malheur, ce registre n’existe plus aux Archives nationales, et le récit de Baillet ne peut pas être contrôlé. — Quant à Joachim Descartes, il est qualifié d’écuyer au moins une fois, dans un acte du 7 oct. 1619 : Barbier, loc. cit., p. 641.
  16. Tome X, p. 555, pour Saumaise ; et pour Huygens, t. III, p. 677, 1. 29. René Descartes, d’ailleurs, était déjà qualifié d’écuyer, dans un acte de baptême à Elven, du 22 janv. 1628. Et son frère aîné, Pierre, a la même, qualification, dans des actes de baptême et autres, 20 nov. 1616, 7 oct. 1619, par ex. : Grandmaison, Bibl. École des Chartes, 1899, p. 453, et Barbier, loc. cit., p. 641.
  17. Le P. Fournier (Hydrographie, 1643, p. 512, 695, etc.) dit même toujours : « gentilhomme breton ». Ce qui ferait croire à des souvenirs de collège : l’élève René Descartes était connu à La Flèche comme fils d’un conseiller au Parlement de Bretagne, donc breton. Lui-même alla plus d’une fois en Bretagne, chez son père ou ses frères et beau-frère : aussi parle-t-il, pour l’avoir entendu, du dialecte ou patois « bas-breton ». (Tome VI, p. 7, l. 17-18, et t. X, p. 503, l. 3.)
  18. La signature de Descartes au bas des autographes que nous avons de lui, ne prouverait rien : les caractères d’écriture sont tous d’une seule venue, sans intervalle entre DES et CARTES. Mais plusieurs actes de baptême et autres montrent un intervalle très net et certainement intentionnel dans les signatures du père, Joachim Des Carthes, 32 février 1577 ; et de René lui-même, René Des Cartes, 21 mai 1616, et plus tard, 27 juillet 1625 ; enfin de son frère aîné, P. Des Cartes, 5 décembre 1620. (Barbier, loc. cit., 1901, p. 553-554 et p. 562.)
  19. Ropartz, p. 19.
  20. Id., p. 100. L’anecdote sera examinée et discutée, en son lieu, lors de la mort de Joachim Descartes, en octobre 1640.
  21. De Nephrisis et Lithiasis, feu de renum & vesicœ calculi, definitione, causis, signis, prœdictione, prœcautione & curatione. Ex Hippocrate, Dioscoride, Galeno, Auicenna, Ætio, & Paulo Ægineta, aliisque celeberrimis medicis, collectis. Per Ioannem Ferrandum feniorem medicum Pictauiensem. (Parisiis, Apud Gulielmum Iulianum, sub signo Amicitiœ, ad gymnasium Cameracense. 1570.) Petit in-8, f. 103. Titre abrégé : De Nephrisis & Lithiasis definitione. F. 11 verso : « Ferrandus, quamplurimos tractauit qui talia patiebantur, inter quos charissimum habuit generum suum à chartis medicum meritissimum, quem cum è viuis excessisset fecare fecit, lapidesque quam plurimos in cauitatibus renum inuenit, sicuti etiam in substantia renum : plures enim reperti sunt, longi, asperi, cornuti, nigri, qui » quoties laborabat, aut equitabat, veilicaban’: renum subdantiam, vnde sanguinolentam meiebat vrinam, & quando quietus manebat, puram & limpidam meiebat. » F. 21 recto : « Ferrandus hoc ipso anno 1566. Secto cadauere sui generi Petri deschartes, re medicâ illustrati, exclusit è substantia vtriusque renis duos lapides, ab vtroque vnum, insignis magnitudinis & crassitie(i), multis alis feu cornibus, aut radicibus in dictâ renum substantia & stomachis feu ventriculis adhærentibus, cum multis lapiliis pisorum magnitudinis repletis, vreteribus quamplurimis arenulis refertis & oppletis. Et in recto intestino, è regione colli vesicae, inuenta est carnolitas putris, quæ sua putrilagine veficam ita lacerauerat, vi inteftinorum excrementa ante obitum, vna cum vrina redderet ad miraculum vsque, & forfitan antea non visum ». On remarquera le nom que Ferrand donne à son gendre, en latin d’abord, puis en français : « generum suum à chartis », et " sui generi Petri deschartes ».
  22. Barbier, loc. cit., 1901, P. 633. Ordonnance du 23 mars 1589, rendue par le roi de Navarre, qui devint cette même année Henri IV (le 1er août). À noter que le futur parrain de notre philosophe, Michel Ferrand, lieutenant général de la sénéchaussée, catholique zélé, résista d’abord, mais il dut se soumettre. D’autre part, à La Haye, on trouve ceci dans Ropartz, p. 34 : « La maison où est né René Descartes, était sur l’ancienne paroisse de Notre-Dame. Il fut baptisé à Saint-Georges, parce qu’au moment de sa naissance Notre-Dame servait de temple aux protestants. »
  23. Grandmaison, Bibl. École des Chartes, 1899, p. 449 (le premier Pierre). Ropartz, p. 29 (le second Pierre), p. 33 (René, lire : le 3 avril), p. 35-36 (dernier enfant et mort de la mère).
  24. Cette seconde hypothèse est assez vraisemblable : les deux grand-mères, Claude Ferrand et Jeanne Sain, furent marraines l’une après l’autre sans doute des deux aînés, le premier et le second Pierre ; Jeanne ne serait venue qu’ensuite, et peut-être son nom lui fut donné par une tante, appelée aussi Jeanne Brochard, dame d’Archange, dont les trois enfants Descartes furent plus tard les héritiers.
  25. De 1554 à 1600, le Parlement de Bretagne tint deux sessions par an, d’un trimestre chacune, la première en février, mars et avril, la seconde en août, septembre et octobre ; et ce n’étaient pas les mêmes magistrats qui siégeaient à l’une et à l’autre. Mais un édit de juillet 1600, enregistré le 12 octobre suivant, rendit les sessions semestrielles : février-juillet, août-janvier. D’autre part, il y avait deux catégories de magistrats, les Bretons, ou « originaires » de Bretagne, et les Français ou « non originaires ». Bretons et Français étaient d’abord égaux en nombre : mais bientôt, par la création des nouveaux offices, l’égalité fut rompue en faveur des Français. Joachim Descartes, le père, était un de ceux-ci ; et ses fils et petits-fils, conseillers comme lui, eurent aussi des offices de « non originaires ». Tant que les sessions ne furent que de trois mois, les conseillers du dehors pouvaient fort bien ne venir à Rennes que pour cette courte durée, et demeurer les trois quarts de l’année dans leurs provinces respectives, Anjou, Touraine et Poitou. Mars lorsque les sessions durèrent six mois, la résidence de Rennes s’imposa presque à tous (Le Parlement de Bretagne, 1554-1790, par Frédéric Saulnier, Rennes, 1909, t. I, p. XIX, XXI, xxxi-xxxii). Ce serait une des raisons, sans parler de son second mariage, pour lesquelles Joachim Descartes, à partir de 1600, aurait quitté le Poitou pour la Bretagne. Et cependant, son fils aîné, dans son acte de mariage, en 1624, est encore mentionné comme appartenant « à la paroisse de Saint-Jean-Baptiste, en la ville de Châtellerault, diocèse de Poitiers ». (Voir ci-avant, p. 6, note a.)
  26. Ropartz, p. 22-23, 27-28, 29-31, 32-33, 35-36.
  27. Id. p. 49. Saulnier, p. 295, donne ces deux dates pour le baptême et pour la mort d’Anne Morin : Nantes, 2 sept. 1579, et 19 nov. 1634.
  28. ROPARTZ, p. 50 (Claude et François), p. 51 (Anne).
  29. Voici les noms de six Descartes, père, frères, neveux et petit-neveu de notre philosophe, qui furent conseillers au Parlement de Bretagne, sans compter un neveu, fils de sa sœur, François Rogier, sieur du Crévy, et d’autres alliés par des mariages à la famille. (Saulnier, t. I, p. 295-299.) Joachim Descartes, le père, bien que né le 2 décembre 1663, fut conseiller du Parlement de Bretagne, à vingt-trois ans (au lieu de vingt-sept, qui était l’âge requis, ou du moins, vingt-cinq, suivant l’ordonnance de Blois, de mai 1579) : lettres de provision, 6 décembre 1585 ; réception, 14 février 1586. Il résigna sa charge en faveur de l’un de ses fils, Joachim, pourvu le 2 décembre 1625. Mais le père obtint du roi (lettres du 10 décembre), que, pour les services qu’il avait rendus « l’espace de quarante ans », il continuerait l’exercice de sa charge pendant quatre années, « son fils ne pouvant entrer en exercice que le susdit temps ne soit expiré ». Toutefois il n’alla pas jusqu’au bout, et obtint des lettres d’honorariat, données par le roi « au camp devant La Rochelle, le 20 juillet 1628 ». Il ne les fit enregistrer qu’un an après, le 21 juillet 1629. (Ropartz, p. 92-95.) Il vécut encore plus d’onze ans, et ne mourut qu’en octobre 1640.
    Pierre Descartes, sieur de la Bretallière et de Kerleau, fils aîné du précédent (et frère aîné de notre philosophe), fut aussi conseiller au Parlement de Bretagne. Né le 19 octobre 1591, pourvu le 10 mars 1618, reçu le 10 avril suivant, il était seulement dans sa vingt-septième année. Il résignera sa charge en faveur de son fils, pourvu le 21 décembre 1647, et reçu le 30 mai 1648. Mais lui-même se fera pourvoir d’une nouvelle charge en 1649 ; on le reçut le 10 février 1650, avec beaucoup de difficultés et sur lettres de jussion du 10 janvier précédent, et encore, sous la condition qu’il ne céderait plus cette seconde charge à l’un de ses enfants. Il semble bien l’avoir résignée des cette même année 1650 en faveur de François Fouquet, bien que celui-ci n’ait été reçu que le 17 juillet 1654 ; (le contrat de vente est du 30 janvier 1654, au prix de 80.000 livres). Il ne mourut que six ans après, en 1660 ; mais depuis quatre ans, il était paralysé. (Ropartz, p. 162.) — Son fils aîné, Joachim Descartes, sieur de Kerleau. né à La Chapelle, près de Ploërmel, le 5 octobre 1627, fut donc pourvu le 21 décembre 1647 et reçu le 30 mai 1648 (il n’avait que vingt ans). Il mourut à Rennes, le 28 avril 1700. — Il eut lui-même un fils conseiller au Parlement de Bretagne, Francois-Joachim Descartes, sieur de Kerleau, né à Rennes, le 20 avril 1664 ; pourvu le 16 février 1691. Marié deux fois : avec Françoise Geret, le 28 novembre 1690, laquelle mourut le 11 août 1729, sans enfants ; puis avec Anne-Marguerite-Sylvie-Joseph de Quifistre, dame de Balavan, le 9 octobre 1729, née le 14 août 1702 elle avait vingt-sept ans, et son mari soixante-cinq. Ce Descartes, le dernier du nom, mourut à Vannes, le 7 avril 1736, et fut inhumé le 8 à Elven. Il avait vendu sa charge, le 20 juillet 1734, au prix de 22.000 livres. Sa fille unique, Marguerite-Sylvie, née du second mariage, le 21 janvier 1731, épousa le 24 juin 1750 René-Jacques-Louis Le Prestre, marquis de Châteaugiron, conseiller en 1742, et président à mortier en 1756 ; elle mourut en 1762, et fut inhumée à Elven, le 14 juillet. De cette union naquit un fils, René-Joseph, père de René-Jacques-Hippolyte, marquis de Châteaugiron (1774-1848), dernier du nom, celui qui communiqua à Victor Cousin la lettre du 3 avril 1622, publiée au t. I, p. 1-2.
    Joachim Descartes, sieur de Chavagne, fils du premier Joachim et de sa seconde femme, demi-frère par conséquent de notre philosophe, naquit vers 1602. Pourvu le 2 décembre 1625, à charge de survivance, au lieu de son père résignant, il ne fut reçu que le 10 juillet 1627 : rien ne pressait, puisque son père pouvait exercer quatre ans encore. Il vendit son office par contrat du 15 avril 1678, au prix de 64.000 livres, et reçut des lettres d’honorariat, le 8 septembre de la même année. Il mourut doyen du Parlement, vers 1680. — Son fils, appelé comme lui Joachim Descartes, sieur de Chavagne, né en mai 1635, devint aussi conseiller : pourvu le 31 mars 1659 (à vingt-quatre ans à peine), reçu le 21 mai suivant. Il avait acheté sa charge 95.000 livres, et ne l’estimait plus que 45.000 dans son testament, en 1711 et 1714. Sa fille aînée ne la vendit, le 18 décembre 1721, que 38.000 livres. Il était mort le 8 août 1718. Demeuré veuf de sa femme, Prudence Sanguin, le 15 juillet 1673, avec quatre filles, il maria l’aînée, Louise-Prudence, avec Christophe de Rosnyvinen, marquis de Pire, le 31 août 1676 ; la seconde entra aux Ursulines ; la troisième, Céleste, épousa le 9 avril 1682, François Amaury de la Moussaye ; et la dernière, Suzanne, baptisée le 9 mai 1664, épousa, comme son aînée, un Rosnyvinen, Jean ; frère cadet de Christophe. Ayant ainsi marié ses filles, Joachim Descartes entra dans les ordres ; il ’était déjà prêtre, lorsque Baillet publia sa Vie de Descartes, en 1691. (Ropartz, p. 177-183, et p. 205-209. Baillet, t. I, p. 14-15.)
  30. En 1668, une commission fut nommée pour la réformation de la noblesse de Bretagne, et elle fonctionna jusqu’en 1671. Parmi les arrêts qu’elle rendit, il en est deux qui regardent la famille Descartes : arrêt du 17 décembre 1668, en faveur de « Messire Joachim Descartes, seigneur de Kerleau » ; arrêt du 22 octobre 1668, en faveur d’un autre « Messire » Joachim Descartes, seigneur de Chavagne. » C’étaient les petits-fils de Joachim Descartes, père du philosophe, et les fils de ses deux frères, par conséquent ses neveux. Or, pour obtenir gain de cause, il leur suffit de faire valoir qu’ils étaient conseillers, fils de conseillers, et petit-fils de conseiller, sans avoir à produire d’autres titres (ce dont ils auraient été peut-être assez en peine). Ils furent déclarés « nobles, issus d’extraction noble », et on leur permit, à eux et à leurs descendants, « les qualités d’Écuyer et de Chevalier », et à leurs frères « la qualité d’Écuyer » seulement. Les armes de la famille : d’argent, au sautoir de sable cantonné de quatre palmes de sinople, remonteraient à cette date de 1668 ; et il resterait à établir qu’elles existaient antérieurement. (Barbier, loc. cit., 1901, p. 574-575, et p. 576.) — En 1637, Descartes obtint pour ses ouvrages un privilège du roi, rédigé en termes si élogieux, que cela valait mieux, lui dit-on, que « des lettres de chevalerie » (t. I, p. 376, 1. 5-7), ou qui l’auraient créé chevalier. Donc il ne l’était pas ; aussi n’en prit-il jamais le titre, mais seulement, nous l’avons vu, celui d’écuyer. Les arrêts de 1668 auront à la fois pour effet de confirmer la famille dans sa noblesse, et de la promouvoir d’un degré.
  31. Jeanne Sain mourut sans doute dans les premiers mois de 1610. Voici, à ce propos, un document qui est le premier acte public, à notre connaissance, où mention soit faite des biens de famille dont hérita en partie Descartes.
    « 26 novembre 1610. — Partages des successions de feu dame Jeanne Sain, veuve de feu messire René Brochard, vivant lieutenant général du Poitou, et de feu damoiselle Jeanne Brochard, vivante dame et douairière de Me Darchange, en séquance du jugement du 5 mai dernier qui ordonne lesdits partages, tant des biens de Poitou que de ceux de Touraine, suivant les appréciations des 17 et 18 mai, arrêtées les 13 juillet et 1er octobre derniers. Lesdits partages faits entre :
    » I. Me René Brochard, éc, sgr de la Coussaye, petit-fils aîné et principal héritier de ladite Jeanne Sain, par représentation de feu Me Claude Brochard son père, vivant conseiller en la cour de Parlement… Le lot dudit sr de la Coussaye se monte à 35. 000 livres.
    » 2. Me René Brochard, éc, sgr des Fontaines, conseiller du Roi et son magistrat au siège présidial de Poitiers, fils de ladite Jeanne Sain. Sa part s’élève à 17.697 livres 10 sous.
    » 3. Me Jouachim Des Cartes, éc., conseiller du Roi en sa cour de Parlement de Bretagne, comme père et loyal administrateur de ses enfants mineurs et de feu damoiselle Jeanne Brochard, sa première femme. Le lot dudit messire Jouachim Des Cartes, audit nom, comprend :
    » La maison, métairie et clos de vigne de la Grand-Maison,
    » La maison noble, appartenances et dépendances du Marchais-Bellin,
    » La maison et métairie du Perrion (sic),
    » Les terres et prés de la Baudinière, — le tout situé paroissed’Availles ;
    » Plus la maison et métairie de la Raintrie (sic) et Pré-Brochard, en la paroisse de Poutumé ;
    » Plus la maison noble, appartenances et dépendances du Petit-Marais, paroisse d’Ingrande, avec quelques rentes en blé et en argent.
    » Le tout montant à 17.723 livres. » Ce document a été publié par Louis de Grandmaison, Bibl. École des Chartes, t. LX, 1899, p. 455-456. La Grand-Maison, le Marchais, le Perron et la Bobinière, sont quatre hameaux de la commune d’Availles, canton de Vouneuil-sur-Vienne, arrondissement de Châtellerault. La Renaintrie est maintenant de la commune de Châtellerault, la commune de Pouthund ayant été réunie à celle-ci en 1801. Enfin le Petit-Marais est une ferme de la commune d’Ingrandes, canton de Dangé, toujours arr. de Châtellerault.
    Des trois enfants de Joachim Descartes et de sa première femme, Jeanne Brochard, deux fils et une fille, celle-ci, Jeanne Descartes, épousa le 21 avril 1613, Pierre Rogier, seigneur du Crévy. « Le mariage fut célébré à Rennes, dans l’église Saint-Germain, par Messire Pierre Radenatz, recteur de cette paroisse. Le contrat, dressé par MMes Jean Nazette et François Gicquel, nous apprend que Jeanne Descartes reçut en dot 15.000 livres, savoir : 8.000 livres, suivant l’ordonnance de dernière volonté de Claude Ferrand, mère dudit sieur Descartes, et 10.000 livres pour la part de Jeanne, dans la succession de défunte Jeanne Sain, son aïeule maternelle, Jeanne Brochard, sa mère, et autre Jeanne Brochart, dame d’Archangié, sa tante. » (Ropartz, p. 54.)
  32. Tome IV, p. 220, l. 29, à p. 221, l. 5 : lettre de mai ou juin 1645.
  33. Tome V, p. 470 : lettre du 10 février 1650.
  34. Grandmaison, Bibl. École des Chartes, t. LX, 1899, p. 451-452.
  35. Grandmaison, ibid., p. 452 ; 26 déc. 1598, — 15 déc. 1599, — 12 avril 1600, — 19 août 1603, — 6 févr. et 13 nov. 1604, — 6 sept. 1605, — 13 mars 1606, — 3 juin 1609.
  36. Tome I, p. 468 : octobre 1637. T. II, p. 596, l. 5-10 : lettre du 16 oct. 1639. T. IV, p. 528, l. 2-3 : lettre du 12 oct. 1646. François Rogier, sieur du Crévy, fur baptisé à La Chapelle, près de Ploërmel, le 1er août 1622, et mourut au plus tard en 1662. Il devint conseiller au Parlement de Rennes : lettres de provision, 24 mars 1649 ; réception, 14 mai suivant. Il épousa, le 26 nov. 1650, Renée Foucault, fille d’un maître des comptes de Bretagne. Sa veuve vendit son office, par contrat du 19 août 1663, au prix de 135.000 livres. (Saulnier, t. I, p. 769.)
  37. Tome III, p. 278, 1. 10, à p. 279, 1. 3 : lettre de janvier 1641. Son père mourut en octobre 1640. Quant à l’autre personne, on peut hésiter entre la petite fille qu’il venait de perdre à l’âge de cinq ans, Francine, morte à Amersfort le 7 sept. 1640, et sa sœur Jeanne, dame du Crévy ; celle-ci mourut cette même année 1640, mais nous n’avons pas la date du décès. (Tome IV, p. 373.)
  38. Tome IV, p. 579, 1. 17-19, et p. 589, 1. 10-19.
  39. Tome V, p. 57, 1. 10-22.
  40. Tome XI, p. i23, 1. 6-8 (clairet), et p. 254, 1. 3-4, p. 63i-632, etc.
  41. Tome VII, p. 512, 1. 16-21.
  42. Tome VI, p. 248, 1. 10-15, et p. 314, 1. 26-28.
  43. Tous les traits qui suivent, sont empruntés textuellement à Descartes ; et on en pourrait citer bien d’autres encore. Voir t. VI, p. 24, 1. 22-30 (voyageur dans la forêt) ; t. VIII, p. 226, 1. 4-6 (marais) ; t. VI, p. 322, 1. 5-6 (feux-follets) ; t. VI, p. 235, l. 19-21, et p. 241, 1. 12-15 (haies) ; t. VI, p. 240, 1. 5-14 (poussière); t. VIII, p. 94, 1. 18-26, et p. 95, 1. 23, t. XI, p. 58-60 (tourbillons) ; t. VI, p. 46, 1. 9-10, et t. XI, p. 254, l. 4-5, et p. 642, 1. 8-9 (foin); t. III, p. 141, l. 15-29 (cribles) ; t. XI, p. 370, l. 1-8 (chiens), t. II, p. 350, l. 19-22 (mouches) ; t. VI, p. 312, l. 19-21 (moucherons). Voici encore une jolie image, t. XI, p. 108, l. 10-12 (il faut lire ainsi le texte, qui est à corriger) : « … ainsi que fait l’image de la Lune, au fond d’un lac dont la surface n’est pas fort troublée ni agitée, mais seulement un peu crespée par le souffle de quelque vent. »
  44. Tome V, p. 349, l. 7-8 et l. 12-13 : lettre à Brasset, 23 avril 1649. Voir aussi t. III, p. 616, l. 1-2.
  45. Un Collège de Jésuites aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le Collège Henri IV de La Flèche. Par le P. Camille de Rochemonteix, de la Compagnie de Jésus. (Le Mans, Leguicheux imprimeur, 1889, 4 vol. in-8, iv-309 pages, 332, 356 et 444.)
  46. Pour cette date de l’entrée au collège, nous suivons Baillet (t. I, p. 18), qui, malheureusement, n’indique à ce sujet aucune référence.
  47. Étienne Charlet était né à Paris, paroisse de Saint-André-des-Arcs, le 30 sept. 1570 ; recteur du Collège de La Flèche en 1607, plus tard l’un des cinq assistants du général des Jésuites à Rome, 1627-1646, il mourut le 26 oct. 1652. Il fut, en outre, deux fois provincial de la province de Paris, 1616-1619 et 1646-1649. Deux de ses cousins furent conseillers au Parlement de Rennes : François Charlet, de 1573 à 1576, qui passa ensuite au Parlement de Paris, où il vivait encore en 1608 ; et Jacques Charlet, de 1585 à 1594. Une de leurs ascendantes, Radegonde Charlet, avait épousé un Julien Brochard : Jeanne Brochard, mère de notre philosophe, et Claude Ferrand, sa grand-mère maternelle, l’avaient l’une et l’autre comme trisaïeule. (Le Parlement de Bretagne, 1554-1790, par Frédéric Saulnier, Rennes, 1909, t. I, p. 220-221.)
  48. Ici Baillet (t. I, p. 28) cite son auteur, Daniel Lipstorp. Et nous savons, par des témoignages sûrs, que Descartes (pour son malheur, lorsqu’il fut en Suède) garda toute sa vie l’habitude de se lever tard. Voici le texte complet de Lipstorp :
    « Analyſis autem Geometrica ipſi diſplicere non poterat vel ſolo iſto nomine, quòd, cum miracula quædam numerorum eruat, tam abſtruſa ac recondita ut facultas illa omnem captum humanum ſuperare videatur, tantà nihilominus facilitate & voluptate id expediat, ut facilius videatur eſſe nihil. Poſterior tamen & potior cauſa fuit, quod minus fuerit adſtrictæ illius in hiſce ſcholis diſciplinæ alligatus : idque ex indultu cognati, quem inter alios præceptores habebat, qui ipſi ſecurius vivere (non tamen ut illi ſolent, qui turpi & languenti otio laſciviunt) & recollectis ſubinde per quietem viribus genio ſpecuiativo indulgere permiſit. Hanc enim ejus fuiſſe perpetuam conſuetudinem, ut mane experrectus in reclinatorio ſuo ad clarum uſque diem meditabundus jaceret, norunt illi, qui ipſum familiarius noverunt, quique tunc ejus ingenii vires ſæpius ſunt periclitati. Hàc ratione invenit ſpecioſam ſuam Algebram, omnium liberalium artium & ſcientiarum clavem, optimam verum à falſo dignoſcendi methodum… » (Danielis Lipstorpii Lubecensis Specimina Philoſophiœ Carteſianœ. Lugd. Bat., apud J. & D. Elsevier. cIo Ioc liii. Pag. 74-75.)
  49. Tome VI, p. 4, l. 21, à p. 9, l. 16 ; et p. 541-544.
  50. Tome X. p. 182-185. Nuit du 10 novembre 1619.
  51. Ibid., et t. IV, p. 537, l. 9-13 : lettre à Chanut, du 1er novembre 1646. La première devise, empruntée à Ausone, est :

    Quod vitæ sectabor iter ?

    Et la seconde, empruntée à Sénèque le Tragique :

    Illi mors gravis incubat,
    Qui, notus nimis omnibus,
    Ignotus moritur sibi.

    Pour les autres citations, voir l’Index des Noms propres, t. V, p. 595-612, pour la correspondance, et à la fin de chaque volume, pour les tomes VI-XI.

  52. Sur un total de 498 lettres. 63 sont en latin. De mêmes les trois ouvrages intitulés : Meditationes (1641 et 1642), Epistola ad Celeberrimum Voetium (1643). Principia Philosophiæ (1644).
  53. Tome XI, p. 549-646. Notes d’anatomie : peut-être, vu la nature spéciale du sujet, le latin était-il de rigueur.
  54. Tome I, p. 12 : « Stylo, ut aiebat, Petroniano », mot de Descartes rapporté par Balzac, dans une lettre à Chapelain, du 22 avril 1637, à propos de la lettre de mars 1628, t. I, p. 7-11. Balzac répondit à Descartes en français, p. 569-571, lettre du 30 mars 1628. — Notre philosophe avoua lui-même à Huygens, qu’autrefois il avait fait des vers : t. IV, p. 102, l. 2-3, lettre du 14 mars 1644, sans doute des vers latins, puisque Huygens lui rappelle cet aveu, à propos de vers latins qu’il lui envoie. — Quant au style de Descartes en latin, voir quelques remarques, t. IX, 2e partie, p. viii-ix. Pourtant il déclare, dans une lettre à Pollot, du 1er janvier 1644, qu’il lui faut beaucoup plus de temps pour écrire en latin qu’en français, t. IV, p. 73, l. 3-7.
  55. Rochemonteix, t. IV, p. 51-52. François Véron, né à Paris, en 1578, entré dans la Compagnie de Jésus, 13 septembre 1595, la quitta en 1620, et devint curé de Charenton, où il mourut, 6 décembre 1649. Auteur d’une Méthode de controverse contre les protestants, laquelle n’eut pas moins de vingt-deux éditions, de 1615 à 1638. Auparavant, il avait publié un ouvrage de piété, souvent réimprimé depuis 1599, date de la première édition, jusqu’à 1637. Deux éditions parurent à La Flèche même, en 1610 : Manuale Sodalitatis B. Mariœ Virginis, Ac luuentutis Vniuerfœ felectœ Gymnafiorum Societatis lefu, mirdculis dictœ Sodalitatis illustratum. a; p. f. v. i. (Flexiæ, apud lac. Rezé, m.dc.x., in-12. pp. 627.) L’édition suivante, qui porte presque le même titre, fut imprimée à Arras, 1612 ; mais l’épître dédicatoire est ainsi datée : « Flexiæ, 7 Marui anno 1610. » Voir Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, nouv. édit. par Sommervogel, t. VIII, 1898, p. 603-610 ; et Un Curé de Charenton au XVIIe siècle, par l’abbé P. Féret. (Paris, Gervais, 1881, in-12, p. 14-160.)
  56. Rochemonteix, t. IV, p. 27 : Institutionum Dialecticarum Libri VIII. Auctore Petro Fonseca S. J. (Flexiæ, apud Griveau, 1609.)
  57. Tome III, p. 185, 1. 12-18 : lettre du 30 septembre 1640. Eustache de Saint-Paul publia une Summa philosophica, en 1609 : ibid., p. 196.
  58. Tome X, p. 154, note c, et p. 155-156, note d.
  59. Tome II, p. 524, l. 8-13 : lettre à Mersenne, du 20 février 1639. Ce texte décisif a été invoque contre l’historiette suivante que raconte Lipstorp :

    « Hanc veritatis ducem (ſpecioſam Algebram, voir ci-avant, p. 20, note b, le passage auquel celui-ci fait immédiatement suite) cùm ſecuriùs in dies perſequeretur, & interea in vulgari Analyſi Geometricâ à Præceptore ſuo exercerctur, id confequutus < eſt >, ut non tantùm dexteritate ingenii aliis ſuis in hocce ſtudio Analytico commilitonibus palmam præriperet, ſed & Præceptoris exſpectatione opinione citius major factus, nihil jam amplius, quantum ad Analyſin iſtam ſpectaret, fibi proponere permitteret, quod non miro artificio proiinus ſolveret. Imô ipſum Præceptorem, in Algebraicis ſorſan non tam exactè verſatum, novis quæſtionibus ita deſatigavit, ut eum non amplius fuâ informatione indigere ingenuo teſtimonio confirmaret. Erat autem ipſi paulò antè difficilior quæſtio à Magiſtro propoſita, quam per novam fuam methodum artificioſe ſolverat, ſolutæque copiam magiſtro ſecerat. Is novum folvendi modum per quantitates quaſdam ſimplices, poſthabitis numeris, conſpicatus, ipſum monuit, ut Viëtam conſuleret, qui ejuſdem argumenti nonnulla concinnaverat. Tum ille gaudio ingenti delibutus, quòd alium quoque hujus methodi peritum extitiſſe intellexerat, non deſtitit Præceptorem rogare, ut ſibi hujus copiam facere non gravaretur. Cumque abſtruſiora quædam in eo deprehendiſſet, quàm quaæ primà fronte ſibi | pervia eſſent, illico Præceptoris benevolentiam precibus ſollicitavit, ut ipſi faculam in iis præluceret. Ille novum onus fibi impar declinare, & non niſi unum eſſe in totâ urbe, cui Viëtæa Analyſis cognita eſſet atque perſpecta, regeſſit. Iterum ille petiit, procuraret, ut ſibi per ipſum aditus ad illum Virum pateret. At quâ remorâ interveniente ego juxta ſcio cum ignarifſimis, votorum ſuorum damnari non potuit. » (Lispstorph Specimina, 1653. Pag. 75-76.)

    Baillet paraphrase toute cette histoire de Lipstorp, en prévenant le lecteur que c’est « une hiſtoire dont la vérité ſemble dépendre d’une circonſtance qui eſt abſolument fauſſe ». Et il conclut ainsi : « Il eſt à craindre que tout ce récit n’ait été le fruit de l’imagination de Lipſtorpius, plûtôt que la relation d’un fait véritable. Pour en faire voir le peu de vray-ſemblance, il ſudfit de produire le témoignage de M. Deſcartes, qui a marqué dans une lettre écrite de Hollande au Pére Merſenne en 1639, qu’il ne ſe ſouvenoit pas même d’avoir jamais vû ſeulement la couverture de Viéte pendant qu’il avait été en France ». Et Baillet cite en marge : « Tom. 2 de ſes Lett., p. 454 », c’est-à-dire dans la présente édition, t. II, p. 524, l. 8-9. « C’eſt ce qu’il diſoit (continue Baillet) pour convaincre de fauſſeté un Géométre qu’il ne connoiſſoit pas, mais qui ſe vantoit d’avoir étudié Viéte avec lui à Paris. Il étoit encore plus éloigné d’avoir vû la perſonne de Viéte que ſes Ecrits, puiſque ce grand Mathématicien, qui étoit natif de Fontenai-le-Comte en Poitou, & qui poſſédoit une Charge de Maître des Requêtes à Paris, étoit mort des l’an 1603. » (Baillet, t. I, p. 30-31.)

  60. « Étant encore à la Flèche, il s’étoit formé une méthode ſinguliére de » diſputer en Philoſophie, qui ne déplaiſoit pas au Pére Charlet Recteur du collège ſon directeur particulier, ny au Pére Dinet | ſon Préfet, quoy qu’elle donnât un peu d’exercice à ſon Régent. Lorsqu’il étoit queſtion de propoſer un argument dans la diſpute, il faiſoit d’abord pluſieurs demandes touchant les définitions des noms. Aprés, il vouloit ſçavoir ce que l’on entendoit par certains principes reçus dans l’école. Enſuite, il demandoit ſi l’on ne convenoit pas de certaines véritez connuës, dont il faiſoit demeurer d’accord : d’où il formoit enfin un ſeul argument, dont il étoit fort difficile de ſe débaraſſer [En marge : Rél. Mſ. de Poiſſon]. C’eſt une ſingularité de ſes études que le P. Poiſſon, demeurant à Saumur en 1663, avoit appriſe d’un homme qui avoit porté le porte-feuille à la Fléche avec M. Deſcartes. & qui en avoit été témoin pendant tout le cours de philoſophie qu’ils avoient fait ſous le même maître. Il ne ſe défit jamais de ſa méthode dans la fuite, mais il ſe contenta de la perfectionner : & il la jugeoit ſi naturelle, que jamais il n’auroit trouvé à redire à celle des Scholaſtiques, s’il l’eût trouvée auſſi courte & auſſi commode. » (Baillet, t. II, p. 483-484.)
  61. Tome II, p. 3-8, l. 6-16 : lettre du 12 sept. 1638.
  62. Tome VI, p. 11 (2e partie), p. 22 (3e partie), p. 31 (4e partie et p. 40 (5e partie). Voir aussi t. XI, p. 314, l. 28, à p. 315, l. 5.
  63. Rochemonteix, t. IV, p. 3. Saint Thomas fut proclamé Père de l’Église, en 1569, au concile de Trente. — Notons cette déclaration de Descartes, dans une lettre à Mersenne, 25 déc. 1639. t. II, p. 630, I. 4-6 : « l’ay encore icy vne Somme de S. Thomas, et vne Bible que i’ay aportée de France.)
  64. Rochemonteix, t. IV, p. 160, note. Extrait du Ratio studiorum :

    « Academiæ nomine intelligimus cœtum studiosorum ex omnibus scolasticis delectum, qui aliquo ex nostris præfecto conveniunt ut peculiares quasdam habeant exercitationes ad studia pertinentes. »

    « Hoc ex numero omnes censentur, qui sunt ex congregatione B. Virginis… »

    « Academicos pieiate, diligentiâ in studiis, & scolarum legibus servandis, exemple esse oportet. »

    « In unam Academiam theologi et philosophi ſere convenire poterunt ; in alteram rhetores & humanistæ ; in tertiam grammatici… »

    « Magistratus secretis suffragiis eligentur : hi ferme erunt : academiæ rector, duo consiliarii & unus secretarius. »

    Voir, pour le P. Véron, p. 23 ci-avant, note a.

  65. Tome X, p. 181-182 : nuit du 10 novembre 1619.
  66. Tome VIII, 2e partie, p. 64-107.
  67. Tome X, p. 186-188.
  68. Rochemonteix, t. I, p. 138. — Baillet, t. I, p. 22-24.
  69. Correspondance entre Descartes et Brasset. t. V, p. 584, etc.
  70. Tome X, p. 533-538.
  71. Tome XI, p. 661-662.
  72. Rochemonteix, t. I, p. 147. Le récit de ces fêtes fut imprimé : In Anniverſarium Henrici Magni obitûs diem Lacrymæ Collegii Flexiensis Regii S. J. (Flexiæ, apud Iacobum Rezé, 1611.)
  73. De Phænomenis in orbe lunæ novi teleſcopii uſu à D. Gallileo Gallileo nunc iterum ſuſcitatis Phyſica diſputatio, à D. Iulio Cæsare La Galla in Romano Gymnaſio habita, Philoſophiæ in eodem Gymnaſio Primario Profeſſore. Necnon de Luce & Lumine altera diſputatio. Superiorum permiſſu, & Privilegio, 10 et 12 nov. 1611, pp. 72. (Venetiis MDCXII. Apud Thomam Balionum.)

    La préface est dédiée : « Illuſtriſſimo atque Reuerendiff. D. D. Aloysio Caponio s. R. E. Cardinali Ampiiſſ… Iulius Cæsar La Galla fœlicitatem. Ex Vrbe decimo Kalendas Octobris MDCXI. » Elle se termine ainsi :

    « …hoc enim obſequium tibi deberi exiſtimaui, quem noueram tanta cum voluptate Gallileum hæc demonſtrantem ſuſcepſſe, creſcenti Patriæ gloriæ gratatum, quæ veluti ſuperioribus annis Vesputium dédit, noui Orbis inuentorem, ita nunc Gallileum habet nouorum ſyderum authorem. Accipe igitur Opuſculum hoc tuo nomini conſecratum… »

    Et dans le second opuscule : De luce & lumine Diſputatio. Cap. I, p. 57 :

    « Cùm aliquando adhuc antepoſita node Illuſtriſſimus Federichs Cæsius Marchio Montis Cælij, rei litterariæ in Vrbe patronus, — ac D. Ioannes Remiscianus, vir omni diſciplinarum genere inſtructus, & Attica atque Romana facundia præclarus, cuius ſolerti ingenio nouum Teleſcopij nomen perſpicillo aptiſſimè inditum debemus, — necnon Do. Ioannes Clementius, rerum naturalium ſolertiſſimus indagator, ac Plinianæ gloriæ noſtra ætate æmulus, — Eccellentiſſimum D. Gallilæum conueniſſemus viſendi gratiâ Venerem perſpicillo ſalcatam ſpeciem præ ſe ſerentem, necnon circa Saturnum obambulantes alios Ermes : — nubibus obſervationem ſyderum nobis eripientibus, interim variis de rebus, vt inter doctos ſolet, habebatur ſermo. »

  74. Tome I, p. 69, l. 3-5 : lettre du 13 nov. 1629.
  75. Tome VI, p. 17. l. 19-20 ; et t. X, p. 156-157 et p. 164-165.
  76. Tome X, p. 63-64, et p. 165, l. 10.
  77. Un magicien brûlé vif (1623), par Louis Batifol. (Revue de Paris, 15 mars 1902. p. 369-393.)
  78. Tome X, p. 347.
  79. Notons cependant ici ces deux déclarations (Relat. MS. de M. Belin) :

    « Quoi qu’il ſe ſentit trés-obligé aux ſoins de ſes Maîtres qui n’avoient rien omis de ce qui dépendoit d’eux pour le ſatisfaire, il ne ſe croioit pourtant pas redevable à ſes études de ce qu’il a fait dans la ſuite pour la recherche de la vérité dans les Arts & les Sciences. Il ne faiſoit pas difficulté d’avouer à ses amis, que quand ſon Père ne l’auroit pas fait étudier, il n’auroit pas laiſſé d’écrire en François les mêmes choses qu’il a écrites en Latin. Il témoignoit souvent que, s’il avoit été de condition à ſe faire Artiſan, & que ſi on lui eût fait apprendre un mêtier étant jeune, il y auroit parfaitement réüſſi, parce qu’il avoit toujours eu une forte inclination pour les Arts. De ſorte que, ne s’étant jamais ſoucié de retenir ce qu’il avoit appris au Collége, c’est merveille qu’il n’ait pas tout oublié, & qu’il ſe ſoit souvent trompé lui-même dans ce qu’il croioit avoir oublié. » (Baillet, t. I, p. 34-35.)

    « (Mais il ſe ſeroit récrié le premier contre cette imagination), luy qui vouloit faire croire à ses amis que, quand ſon père ne l’auroit jamais fait étudier, il n’aurait pas laiſſé d’écrire les mêmes penſées, de la même manière, & peut-être encore mieux qu’il n’a fait. C’est ce qu’il auroit pu nous persuader aisément, si nous considérons, qu’il n’y a rien, de tout ce qu’il a écrit, qu’il n’ait pû concevoir, dicter, & compoſer en sa langue maternelle ; & que ſon ſtile françois, au jugement des Sçavans, eſt préférable de beaucoup à ſon ſtile latin. » (Idem, t. II, p. 470-471.)