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Vie et opinions de Tristram Shandy/1/53

La bibliothèque libre.
Traduction par Joseph-Pierre Frenais.
Chez Jean-François Bastien (Tome premier. Tome secondp. 224-226).



CHAPITRE LIII.

Dialogue.



Mon Père.

En vérité, Trim, je suis fort content de toi.

Le Docteur Slop.

Et moi aussi.

Mon Père.

Il a très-bien lu le sermon.

Le Docteur Slop.

Fort bien !

Mon Oncle Tobie.

À merveille !

Le Docteur Slop.

Il n’y a que ses commentaires qu’il auroit pu épargner.

Trim.

Ma foi ! je n’ai pu y tenir…

Mon Oncle Tobie.

Le pauvre garçon !…

Trim.

Je sais bien que j’aurois mieux lu, si j’avois été moins affecté.

Le Docteur Slop.

Cela est vrai.

Mon Père.

Point du tout. C’est précisément ce qui te l’a bien fait lire. Morbleu ! il seroit à souhaiter que nos prédicateurs débitassent les leurs avec la même force ; ils feroient plus de sensation sur leurs auditeurs.

Mon Oncle Tobie.

Ah çà ! mais que va-t-il devenir ? je serois fâché qu’il fût perdu…

Mon Père.

Perdu ? et moi aussi. Il m’a trop fait de plaisir… Il est dramatique. Cette manière d’écrire, maniée adroitement, saisit l’attention.

Le Docteur Slop.

Ah ! oui. Je m’en suis bien aperçu.

Mon Oncle Tobie.

Mais comment diable s’est-il trouvé dans mon Stévinus ?

Mon Père.

Ma foi ! c’est ce que j’ignore ; il faudroit être aussi habile que Stévinus, pour résoudre cette question. —