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Vie et opinions de Tristram Shandy/2/12

La bibliothèque libre.
Traduction par Joseph-Pierre Frenais.
Chez Jean-François Bastien (Tome premier. Tome secondp. 28).



CHAPITRE XII.

Cela seroit à souhaiter.


« Quelles armées prodigieuses vous aviez en Flandre ?….

Frère Tobie !… » dit mon père en ôtant sa perruque avec la main droite, tandis qu’il tiroit de sa poche droite, avec la main gauche, un mouchoir rayé des Indes pour s’essuyer la tête….

Mais, bon Dieu ! mon père, que faisiez-vous là ? à quoi songiez-vous ? ne voyez-vous donc pas que vous aviez tort ?… tort ?… oui, sans doute, et en voici la raison.

Ah ! j’aurois bien peu de raison moi-même de vouloir prouver à mon père, en style direct, qu’il avoit tort. Les enfans doivent respecter jusqu’aux erreurs de ceux qui leur ont donné l’existence.

Changeons donc vîte le mode de mon langage. Je ne mettrai le tort de mon père qu’en récit ; encore ai-je là-dessus quelque scrupule.