Aller au contenu

Vie et opinions de Tristram Shandy/2/32

La bibliothèque libre.
Traduction par Joseph-Pierre Frenais.
Chez Jean-François Bastien (Tome premier. Tome secondp. 81-82).



CHAPITRE XXXII.

L’effet en est ostensible.


Sur mon honneur, docteur Slop, s’écria mon oncle Tobie, vous m’avez éraillé toute la peau des deux mains avec votre forceps ; je les ai presqu’en marmelade.

— C’est votre faute, dit le docteur Slop ; si vous aviez joint vos deux poings ensemble dans la forme d’une tête d’enfant, et que vous eussiez tenu ferme.....

— Parbleu ! c’est ce que j’ai fait.

— En ce cas, dit le docteur Slop, c’est que les pointes de mon forceps ne sont donc pas suffisamment armées, ou que la goupille ne le serre pas assez, ou que peut-être la coupure de mon pouce m’a ôté un peu de mon adresse… Peut-être encore est-il possible….

Cela est fort bien, dit mon père en interrompant le détail des possibilités. Il n’en est toujours pas moins heureux pour mon fils que cette expérience n’ait pas été faite sur quelque partie de sa tête.

— Il ne lui en seroit point arrivé de mal, reprit le docteur Slop.

— Oh ! point, répliqua mon oncle ; il n’en auroit eu que la cervelle écrasée, à moins que le crâne n’eût été aussi dur qu’une grenade.

— Bon ! dit le docteur Slop, la tête d’un enfant est naturellement tout aussi douce que la pulpe d’une pomme. C’est pour cela que les sutures..... ensuite je l’aurois extrait par les pieds…