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Vie et opinions de Tristram Shandy/2/44

La bibliothèque libre.
Traduction par Joseph-Pierre Frenais.
Chez Jean-François Bastien (Tome premier. Tome secondp. 119-120).



CHAPITRE XLIV.

Le Prélude.


Le désagrément qu’éprouva mon oncle Tobie, l’année d’après la démolition de Dunkerque, lui fit prendre la résolution de ne songer de sa vie à la veuve Wadman ; et tout le beau sexe fut enveloppé dans cette abdication absolue. Mais Trim ne fit pas le même marché Tandis que mon oncle avoit mis le siège devant cette belle et forte citadelle, et que toutes les opérations s’en faisoient dans le sallon ; lui, les répétoit dans la cuisine devant sa chère Brigite… Il l’aimoit, et la retraite de mon oncle n’entraîna point la sienne. Je ne doute point cependant que, si mon oncle eût exigé qu’il l’imitât, il s’en seroit fait un devoir, tant il avoit d’amour, de respect et de vénération pour lui : mais mon oncle n’exigeoit de Trim rien qui pût lui faire de la peine.