Vie et opinions de Tristram Shandy/2/82

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Traduction par Joseph-Pierre Frenais.
Chez Jean-François Bastien (Tome premier. Tome secondp. 227-228).



CHAPITRE LXXXII.

Où va-t-il aller ?


Parbleu ! frère Tobie, dit mon père, si ma femme veut qu’on hasarde l’aventure, on nous apportera ici Trismégiste pendant que nous déjeûnerons.

Obadiah ! va dire à Suzanne de venir.

Elle est là-haut, dit Obadiah. Elle vient d’y remonter, en heurlant comme s’il lui étoit arrivé quelque malheur.

Ce mois-ci sera cruel à passer, dit mon père, en remuant la tête. Je vous assure, frère Tobie, qu’il sera cruel. L’eau, le feu, le vent, la femme..... Tout cela par une combinaison singulière..... Que seroit-ce donc ? dit mon oncle Tobie. Est-ce qu’il y auroit encore quelque chose de sinistre ?

S’il y en aura ? s’écria mon père, vous allez voir.

Suzanne entra dans ce moment…

Qu’est-ce donc ? qu’y a-t-il là-haut ? s’écria mon oncle Tobie.

Ah ! ce qu’il y a ! madame est dans des convulsions affreuses. Ce n’est pas ma faute s’il est nommé ainsi. J’ai dit comment il falloit le nommer. On s’est trompé. Monsieur m’avoit dit que c’étoit Tristramgiste…

Trismégiste donc, babillarde.

Oui, oui, Trismégiste, et on l’a nommé Tristram.

Déjeûnez tout seul, dit mon père en prenant son chapeau d’un sang-froid effrayant, et il sortit.

Toi, Obadiah, pendant que tu ne fais rien là, dit mon oncle Tobie, va dire à Trim de venir me parler. Il est au boulingrin.