Vie et opinions de Tristram Shandy/2/88

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Traduction par Joseph-Pierre Frenais.
Chez Jean-François Bastien (Tome premier. Tome secondp. 243-245).



CHAPITRE LXXXVIII.

On se résout à partir.


Yorick, que mon oncle Tobie avoit enfin envoyé chercher, arriva.

Mais, croyez-vous, Yorick, dit mon père, qu’il y ait du remède ? pour moi, je n’en vois pas.

À vous parler vrai, dit Yorick, je ne suis pas assez instruit pour décider un cas aussi difficile : mais le plus grand des maux, selon moi, est de rester dans l’incertitude. Vous êtes invité à dîner chez Didius.

Oui, mais je hais si fort ces dîners de savans.

Eh ! eh ! j’avoue qu’ils ne sont pas toujours des meilleurs.

Oh ! ce n’est pas pour cela.

J’entends. C’est pour les convives. Cependant je crois que vous ne pouviez mieux faire que de profiter de l’occasion. L’assemblée ne sera composée que de gens du premier ordre, de gens d’élite. Il ne faut que prévenir Didius du problème que vous avez à faire résoudre, et dans un clin-d’œil vous en aurez une solution nette.

Quoi ! vous croyez qu’ils décideront comme cela, sur-le-champ, si l’on peut changer le nom de mon fils ?

Si je le crois ! ce n’est qu’une bagatelle pour des génies de cette trempe.

Allons donc. Mais je veux que le frère Tobie soit de la partie. Je veux aussi que vous en soyez.

J’en serai ; j’y suis invité.

Bon !

Allons, Trim, s’écria mon oncle Tobie, arrange vîte ma perruque à la brigadière… Poudre-là, et vergète bien mon uniforme.