Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres/7/Hérillos

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J. H. Schneider, Libraire (Tome IIp. 179-180).
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Livre VII


HERILLE.



Herille de Carthage faisait consister dans la science la fin que l’on doit se proposer ; c’est-à-dire, à vivre de telle sorte qu’on rapporte toutes ses actions au dessein de vivre avec science, de crainte qu’on ne s’abrutisse dans l’ignorance. Il définissait la science une Capacité d’imagination à recevoir les choses qui sont le sujet de la raison.

Quelquefois il doutait qu’il y eût de fin proprement dite, parce qu’elle change selon les circonstances & les actions ; ce qu’il éclaircissait par la comparaison d’une certaine quantité de metal, qui peut aussi bien servir à faire une statue d’Alexandre qu’une de Socrate. Il disoit qu’il y a de la différence entre la fin & ce qui n’est que fin subordonnée ; que tous ceux, qui n’ont point la sagesse en partage, tendnet à la dernière, & que l’autre n’est recherchée que par les seuls sages. Il croyait encore que les choses, qui tiennent le millieu entre le vice & la vertu, sont indifférentes. Quant à ses ouvrages, il est vrai qu’ils sont fort courts, mais pleins de feu & de force contre Zénon, qu’il prend à tâche de contredire. On raconte qu’étant enfant, il étoit si chéri des uns & des autres, que Zénon, pour les écarter, fit couper les cheveux à Herille ; ce qui réussit au gré du Philosophe. Ses œuvres sont intitulées : De l’Exercice. Des Passions. De l’Opinion. Le Législateur. L’Accoucheur[1]. Antipheron le Précepteur. Le Faiseur de préparations. Le Directeurs. Mercure. Medée. Dialogues sur des Questions morales.



  1. Dialogues, qui portoient ce nom. Nous avons conservé le mot dans la Vie de Platon, en mettant Dialogues Maeutiques.