Vingt-quatre Sonnets/Au Rossignol

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Traduction par Francis de Miomandre.
Vingt-quatre SonnetsFrançois Bernouard (p. 32-33).




Au Rossignol



Ce rossignol charmeur pleure avec tant de voix que je le soupçonne de contenir dans sa gorge cent mille autres oiseaux qui disent tour à tour ses douleurs.

Même je crois que le rêve de cette Philomèle serait d’écrire, comme un mémoire pour un juge, le récit du crime de son parent sur les feuilles de cet arbre vert.

Eh bien ! qu’elle retire maintenant sa plainte, puisqu’on n’interdit plus à sa voix de gémir, à son plumage de changer.

Et que celui-là seul pleure que sa Méduse a transformé en pierre et qui ne peut plus, lui, ni publier son mal ni subir de métamorphose.