Visions gaspésiennes/22

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Imprimerie du Devoir (p. 65-66).


LES PINS


Dans la verte forêt comme la nuit est sombre !
On croirait qu’il y passe, en foule, des lutins.
Qui, sous les grands rameaux, parlent tout bas dans l’ombre…


Plus hauts que tous les bois rapprochés et lointains,
Les pins sont là, groupés comme une vieille garde,
Immobiles, rêvant aux splendeurs des matins.


Leurs troncs forts et tendus dans cette nuit hagarde
Ont tant de hardiesse et de sérénité
Qu’on dirait que la terre immense les regarde…



Et, quand le vent du Nord, furieux et tourmenté,
Des monts et des forêts viendra courber les faites,
Les pins resteront droits avec tranquillité !…


....................


Oh ! comme nous aurions de grandeur sur nos têtes,
Si, mieux que les bouleaux et mieux que les sapins,
Nous demeurions, malgré la rage des tempêtes,
Sous le vent des douleurs, raides comme les pins !