Voluptés bizarres/II

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Georges de Lesbos
S. N. (p. 19-31).

Voluptes bizarres frise ch2-3-5-8
Voluptes bizarres frise ch2-3-5-8



CHAPITRE II.


PREMIÈRE NUIT DE NOCE.


Les deux jeunes femmes dînèrent ensemble, l’une près de l’autre, mangeant dans la même assiette, buvant dans le même verre, égrenant les perles de leur joyeux rire, qui résonnait avec des bruits de cascades…

— Comme ça, faisait Hélène, tu as des amants ?

— Il faut bien vivre, ma chère…

— Tu ne les aimes donc pas ?

— Y penses-tu ?… Pourquoi faire ?

— Dame ! ce que l’on fait d’habitude avec ses amants…

— Bah ! si tu crois que j’ai besoin d’aimer un homme, pour coucher avec !…

— Et tu te livres ainsi à des êtres, pour lesquels tu ne ressens aucune affection ?…

— Bien sûr, je te l’ai dit, il faut vivre… D’abord, j’ai une façon de comprendre l’existance, qui te surprendra certainement, quoiqu’elle soit, en fin de compte, la seule absolument pratique… Les hommes adorent mes charmes… Ils m’ont fait la réputation d’être bien bâtie, et te dire combien d’imbéciles ont couru après moi, lors de mon exhibition sur un petit théâtre de la capitale, serait impossible… Le costume, vois-tu ! ou plutôt l’absence de costume, car je montrais quelque peu ma gorge et mes cuisses, laissant voir derrière mes fesses, ces belles fesses, qui ont tourné la tête à des salles entières !… Mais, par un hazard regrettable, tous mes amoureux me semblaient très laids, et si je cédais parfois à leurs prières, je t’assure que je ne jouissais pas du tout, mais pas du tout, entre leurs bras… Nous serions vite sur le sable, ma chérie, s’il fallait jouir avec chaque homme, auquel nous faisons l’honneur d’ouvrir notre couche…

— Comment ! Tu peux sentir le membre masculin pénétrer en toi, sans éprouver ça, je ne sais quoi, qui vient troubler les âmes les plus corrompues ? s’écria Hélène, très étonnée…

— Dame, c’est difficile quelquefois, répliqua Suzanne, avec un petit sourire, plein de sous-entendus… surtout, lorsque le membre est gros et qu’il chatouille agréablement toutes les parties de la matrice… Mais on retient son foutre, et l’on feint la jouissance, plus cochonne dans la simulation que dans la réalité… D’ailleurs, je suis quelque peu dégoûtée des hommes… Au bout du compte, c’est toujours la même chose…

Et quand je puis trouver une bonne petite amie, bien coquine, bien grasse, je t’assure que je me rattrape entre ses bras des excès et des dégoûts de ma triste existence…

— Pauvre petite Suzanne, fit Hélène, en entourant le cou de cette dernière de ses deux beaux bras blancs… Oui, tu n’es pas heureuse… Hélas ! mon bonheur à moi a été de courte durée.

— Tu es mariée, ma chérie ?…

— Hélas… Et à quel homme !… Tu crois qu’il se préoccupe de moi ? Oh ! bien oui !… Il reste sans cesse plongé dans ses bouquins, ses nuits se passant à compulser des manuscrits hébreux ; il est idiot, enfin, ce mari, qu’un père féroce m’a forcé d’épouser… D’ailleurs, il a su se faire haïr, dès les premiers jours de notre union…

— Cela leur est si facile, à ces chers époux…

— Oh ! notre première nuit de noces ! je m’en souviendrai toute ma vie !…

— Vraiment ?

— Elle fut si extraordinaire !

— Ah ! bah !… Raconte-moi cela !…

— Je m’attendais à tant de délicieuses révélations ! Je m’imaginais être tant voluptueusement pelotée… Ah ! bien, oui !… quand nous fûmes seuls, dans la chambre conjugale, mon mari, me fit part de ses projets d’avenir… Il publierait ceci, il publierait cela… Justement, en ce moment, il avait découvert certains manuscrits du docteur Wahu, sur les différentes religions ; et les emprunts qu’il comptait faire à ces savants ouvrages pour ses livres en préparation, devaient couvrir son nom de la gloire la plus productive… D’amour ? Oh ! pas un mot… Je pris le parti de me déshabiller et de me mettre au lit, tandis qu’il en faisait lui-même autant… En grimpant sur la couche nuptiale, ma chemisette se releva très haut, dévoilant mes fesses, ces belles grosses fesses joufflues, qui faisaient la jalousie de nos amies du pensionnat… À cette vue, mon mari oublia et la période chaotique et la période Miocène… Il s’arrêta court, les yeux écarquillés, et, quelques instants après, je sentais ses lèvres baiser ma croupe avec volupté…

— À la bonne heure ! s’écria Suzanne… mieux vaut tard que jamais, et ton mari me paraît un gaillard, s’y connaissant fort bien, au contraire… Pense donc ! Attaquer une femme par derrière !… Les plus célèbres stratégistes n’ont jamais agi autrement… Mais continue, ma chérie, et dis-moi jusqu’à quel point ton scélérat d’époux poussa la cruauté… —

— Cruauté, oui, c’est le mot, comme tu le verras, fit Hélène, devenue rêveuse… quelques instants après, dis-je, il s’inséra dans les draps, et je dois avouer que ses mains se promenèrent très peu saintement sur mon corps… Mon mari frétillait très agréablement, et son membre, rencontré dans les hasards d’un pelotage effréné, me parut d’une dureté de bon aloi… Cependant mon époux ne paraissait pas satisfait entièrement… Je lui présentai mon ventre nu, et ses mains, au lieu de s’égarer dans l’intersection de mes cuisses, patinaient toujours mes hanches rebondies, cherchant à se glisser sous mes fesses… Je me soulevai un peu, très heureuse, je t’assure, de me sentir tout à coup énergiquement tâtée dans cet endroit intime… Je m’enhardis à mon tour, et je me rendis compte de la chaleur de mon mari… Le drôle était très raide, je te l’assure, mais paraissait prendre un plaisir tout particulier, à frôler son membre contre mes hanches… Tout d’un coup, je lui tournai le dos, posant maintenant mes fesses sur son ventre… Alors, je poussai un cri de terreur… Son membre s’enfonçait dans la fente de mon cul, cherchant à pénétrer dans un trou, où je n’eusse jamais soupçonné qu’on osât le fourrer… Je serrai les fesses et mon mari continuait de manœuvrer le ventre… — „Oh ! ton cul, ton joli petit cul poli, murmurait-il, jouissant déjà !” Je me dégageai de son étreinte et me retournai tout d’une pièce, saisissant son dard, avec la tête duquel je m’astiquai le con… Enfin, il se plaça entre mes cuisses, me disant de poser mes jambes sur son dos, afin que la pénétration fut plus facile… J’obéis, comprenant vaguement que le moment tant attendu venait de sonner. Il plaça lui-même son membre sur ma fente entr’ouverte, l’écartant doucement de ses deux mains, et essaya de l’enfoncer plus profondément. Hélas ! le membre était gros et ne rentrait qu’avec difficulté… Bientôt, j’eus la sensation d’une douleur brûlante… Cette pine était un fer rouge, qui me retournait le ventre… Je criai, très désappointée, appelant maman, maudissant un époux qui me faisait tant de mal, lorsque je m’étais figurée éprouver tant de bonheur… Et lui, très ennuyé de mes lamentations, retira son dard de mon trou, me conseilla d’avoir recours à des ablutions nécessaires, enfonça le nez dans l’oreiller, feignant de dormir… Quand je me fus soigneusement lavée, je revins me coucher près de cet homme, qui me semblait maintenant un être haïssable… Il dormait, le rustre, au moment où il venait de remporter une première victoire !… Très désappointée, je pris le parti de lui tourner le dos, et de chercher dans un sommeil tranquille le calme de mes esprits… Mais, à peine les couvertures tirées jusque sous le nez, avais-je tourné le dos, qu’il se précipita sur moi, relevant justement ma chemise et collant de nouveau son ventre à mes rondes fesses, il m’enfonça son dard au plus profond de leur fente… — „Mon Hélène, me dit-il, tu as encore bien des souffrances à subir, avant que de ressentir les célestes jouissances… Mon gros membre a pénétré entre tes cuisses, il faut maintenant qu’il s’enfonce dans ton merveilleux petit trou du cul… — Que dites-vous là ! m’écriai-je, n’en pouvant croire mes oreilles… — Mignonne, me répondit-il, croyez-vous que le Créateur vous ait donné ce trou-là, pour ne point l’employer à donner les meilleures voluptés à votre époux !… Voyons, ne vous défendez plus et laisse-moi faire… — Mais, monsieur, ces choses-là ne se font jamais… Maman ne m’a rien dit de ce trou- — Votre mère est une sotte… Elle comprend l’amour à l’ancienne manière… — Oui, répliquai-je, tandis que vous le comprenez d’une autre façon, qui est la bonne !… Cessez ce jeu, monsieur, car c’est infâme, ce que vous faites là ! Il ne me répondit rien, et il enfouit sa tête dans l’oreiller, où il se mit à pleurer nerveusement, comme un enfant… Et entre ses sanglots, il disait des mots bizarres, que je ne comprenais pas, s’adressait les épithètes les plus épouvantables, maudissant ce dieu, qui permettait aux hommes d’aussi infâmes passions… Puis, il se rapprochait de moi, reprit de subites ardeurs et ses mains cherchaient mes fesses dont, la chaleur communicative paraissait littéralement l’affoler… — Oh ! mon Hélène, pardonne-moi, murmurait-il de sa voix, mouillée de pleurs, mais les tortures auxquelles je livre journellement mon malheureux cerveau, m’ont fait perdre tout sens, tout équilibre moral… Je ne t’ai épousée que pour tes belles fesses, dont j’ai pu admirer la généreuse ampleur, l’été dernier, à la plage d’Étretat… Je suis un misérable, je le sais, d’avoir voulu… d’avoir essayé… de pénétrer au fond de leur trou chéri… Hélas ! je ne serai jamais heureux, car tes fesses idéales me refuseront toujours la seule volupté, qui me soit chère…

— Désormais, Monsieur, lui dis-je, je vous serai obligée de faire lit à part… — Hélas ! — Et quand le démon de la chair tourmentera vos esprits, repris-je, il est certaines maisons en la capitale, où l’on sera encore très heureux de mettre à votre disposition des courtisanes, qui se laisseront peut-être faire, ce dont vous n’avez pas eu de honte à proposer à celle qui, depuis ce matin, a le malheur de porter votre nom… — Il quitta la chambre conjugale et il n’y est jamais rentré depuis, acheva Hélène…

— Pauvre mignonne ! s’écria Suzanne… Eh bien ! en voilà une triste nuit de noce, par exemple… Et tu paraissais craindre, tout à l’heure, que ton mari ne fût point content, en ne te voyant pas rentrer ! Mais lâche-le donc, ce sale mufle, enculeur de femmes ! Ah bien ! si pareille aventure me fût arrivée, à moi, je te réponds qu’il n’aurait pas essayé de recommencer !

— Puis, après quelques instants de réflexion, Suzanne reprit :

— Je vais partir bientôt à Paris, fit-elle ; tu m’y suivras… Je ne veux plus que tu restes sous le toit d’un pareil drôle… Je serai ton amant… Oh ! comme ce sera amusant !

Elle attira sa compagne sur ses genoux, relevant ses jupons ; et taquinant le petit trou d’Hélène, elle lui dit avec des caresses dans la voix :

— Comme il va bien jouir, cette nuit, ce joli petit chat adoré… Vous allez voir comme Suzanne a fait des progrès, en amour, depuis le pensionnat !…

Elle sonna, et une camériste parut…

— Vous préparerez le lit, fit Suzanne à la jeune femme. Madame couchera avec moi !…


frise de fin de chapitre
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