Aller au contenu

Voyage autour du monde/avant propos

La bibliothèque libre.
Voyage d’une femme autour du monde
Traduction par W. de Suckau.
Hachette (p. Avant-propos-xii).


AVANT-PROPOS DE L’AUTEUR.

C’est bien à tort que, dans plusieurs journaux et plusieurs écrits, on m’a donné le nom de touriste ; car, si on prend ce nom dans son acception ordinaire, je suis loin de le mériter. D’une part, il me manque l’esprit et le talent nécessaires pour écrire d’une manière amusante, et d’autre part mes connaissances ne sont pas assez étendues pour que je puisse exprimer mes opinions d’une manière compétente sur tous les pays que j’ai visités.

Je ne sais que raconter sans art et sans ornement ce qui m’est arrivé, ce que j’ai vu ; et, quand je veux porter un jugement, je ne puis le faire que du simple point de vue de mes appréciations personnelles.

Il est peut-être des personnes qui croient que la vanité seule m’a poussée à entreprendre un aussi long voyage. Je n’ai rien à leur répondre : je les engagerai seulement à faire ce que j’ai fait ; elles se convaincront alors que, pour s’exposer de gaieté de cœur à de telles privations et à de tels dangers, il faut être animé d’une véritable passion pour les voyages et avoir un désir invincible de s’instruire et d’explorer des pays jusqu’ici peu connus.

De même que le peintre tient à reproduire une image, et le poëte à rendre ses pensées, de même je tiens à voir le monde. Si les voyages ont été le rêve de ma jeunesse, le souvenir de ce que j’ai vu fera le charme de ma vieillesse.

Le public ayant accueilli avec bonté et bienveillance mon Voyage dans la terre sainte, ainsi que mon Voyage en Islande et dans la Scandinavie, cette faveur m’a inspiré le courage de lui présenter aujourd’hui la relation d’un voyage de plus long cours.

Je serai heureuse si le récit de mes aventures peut causer à mes honorables lecteurs seulement une faible partie du plaisir infini qu’elles m’ont fait éprouver.

Vienne, 16 mars 1856.