Page:Dick - Un drame au Labrador, 1897.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans sa chambre ou errant dans le bois, retournant sans cesse le glaive dans la blessure de son cœur.

Elle ne mangeait guère, la pauvre fille, depuis la catastrophe qui lui avait enlevé son fiancé. Un cercle de bistre entourait ses yeux, qui semblaient agrandis et où brillaient parfois des rayons ophéliens.

Pour tout dire en un mot, Suzanne faisait penser à un jeune arbre frappé de la foudre en pleine sève.

Qu’allait-il arriver ?…


Si cela est, eh ! bien, je te maudis !

L’arbre allait-il mourir ?… Ou bien la sève vigoureuse de la jeunesse, un instant arrêtée dans sa marche, reprendrait-elle ses fonctions vivifiantes, faisant reverdir les rameaux affaissés et mollissants ?…

Voilà ce qu’on pouvait se demander en voyant cette jeune fille à la démarche languissante, au regard atone.

C’est que le coup dont elle souffrait avait été aussi rude qu’inattendu…