supérieur sévère et exigeant. Oblomoff servit tant bien que mal pendant deux années. Peut-être aurait-il eu le courage d’en supporter une troisième pour gagner un grade, mais une circonstance fortuite le força de quitter plus tôt le service.
Il expédia une fois un papier pressé à Arkhangel au lieu de l’envoyer à Astrakhan. L’erreur reconnue, on chercha le coupable. Les employés se demandaient avec curiosité comment le chef ferait venir Oblomoff ; de quel ton calme et profond il allait lui poser la question : « Est-ce vous qui avez envoyé le pli à Astrakhan ? » Et l’on n’était pas fixé sur la voix que prendrait le pauvre Élie pour répondre. Quelques-uns prétendaient même qu’il ne répondrait pas du tout, qu’il n’en aurait pas la force.
En regardant ses collègues, Élie fut effrayé, bien qu’il sût comme eux que son supérieur se bornerait à une remontrance ; mais sa conscience fut beaucoup plus sévère que n’eût été l’observation. Oblomoff n’attendit point la réprimande méritée, il s’en retourna chez lui et envoya un certificat du médecin.
Dans ce certificat il était dit : « Je, soussigné, certifie, avec l’apposition de mon cachet, que le secrétaire Élie Oblomoff est atteint d’une hypertrophie du cœur avec dilatation du ventricule gauche (hypertrophia cordis cum dilatatione ventriculi sinistri), et en même temps d’une hépatite (hepatitis),