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��LES CAVES DU VATICAN 46 1

à se retenir de courir. Il reprenait enfin confiance, tandis que tout, autour de lui, reprenait poids rassurant, mesure, position naturelle et vraisemblante réalité. Il tenait son chapeau de paille à la main ; quand il arriva devant la basilique, fut pris d'une si noble ivresse qu'il commença par faire le tour de la fontaine de droite ; et, tandis qu'il passait sous le vent du jet d'eau, se laissant humecter le front, il souriait à Tarc-en-ciel.

Tout à coup, il stoppa. Là, près de lui, assis sur le soubassement du quatrième pilier de la colonnade, n'aper- eevait-il pas Julius ? Il hésitait à le reconnaître, tant, si sa mise était décente, sa tenue l'était peu : le comte de Baraglioul avait posé son cronstadt de paille noire à côté de lui, sur le bec en corbin de sa canne fichée entre deux pavés, et, tout insoucieux de la solennité du lieu, le pied droit sur le genou gauche, tel un prophète de la Sixtine, il maintenait sur son genou droit un cahier ; par instants, abattant tout à coup sur les feuilles un crayon haut-levé, il écrivait, attentif si uniquement à la dictée d'une inspi- ration si pressante qu'Amédée devant lui aurait pu faire la buciloque sans qu'il le vît. Tout en écrivant il parlait ; et si le froissement du jet d'eau couvrait le bruit de ses paroles, du moins distinguait-on ses lèvres s'agiter.

Amédée s'approcha, contournant discrètement le pilier. Comme il allait toucher l'autre à l'épaule :

— Et dans ce cas, que nous importe ! déclama Julius, qui consigna ces mots, en fin de page, dans son carnet, puis remit son crayon dans sa poche, et, se levant brus- quement, donna du nez contre Amédée.

— Par le Saint-Père, que faites-vous ici ? Amédée, tremblant d'émotion, bégayait et ne pouvait

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