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LES
ENFANS DES RUES
A NEW-YORK

LES LOGIS ET LES ECOLES

Toutes les grandes villes ont leurs quartiers pauvres, où les déshérités du sort, les parias de la société, le plus souvent aussi les voleurs et les assassins, les criminels les plus redoutables, élisent naturellement domicile. Obéissant à une affinité mystérieuse, tous les rebuts de l’espèce humaine, accourus parfois de très loin, se donnent là un commun rendez-vous ; aucune capitale, aucun centre populeux n’échappe à cette infection sociale. New-York, la grande métropole américaine, a subi la même loi que les villes de l’ancien monde. Dans quelques-uns de ses vingt-deux wards ou arrondissemens municipaux, on rencontre çà et là sur des points bien connus une accumulation des classes dangereuses qui sont pour les villes un péril permanent. Joueurs et buveurs de profession, receleurs, pick-pockets, boxeurs, prostituées du plus bas étage, rôdeurs de nuit, y vivent d’expédiens, mêlés à des bandits de la pire espèce et à tous les matelots étrangers, à ce flot de pauvres immigrans que vomissent les mille navires qui fréquentent ce port animé. Le carrefour des Five-Points, dans le 4e ward, a été de tout temps le plus renommé de ces nids du vice et de la misère.

À cette affreuse foule déjà si bariolée se mêlent les enfans de la rue, les abandonnés du ruisseau, d’ordinaire orphelins sans abri, couchant à la belle étoile, formés dès la plus tendre enfance à