Œuvres (Ferrandière)/Fables/Fable 139

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Janet et Cotelle (Première partie : Fables — Seconde partie : Poésiesp. 152).

FABLE CXXXIX.

LES DEUX FRÉLONS.


Un frélon, l’autre jour, disoit à son confrère :
Tu vis sur le buisson qui borde ce chemin ;
Tel logis ne me plairoit guère ;
Comment n’en pas changer ? pour moi dans un jardin,
Dans ces maisons, ou dans la plaine enfin,
Bourdonnant et volant, je vais de place en place
— Oui, maison vous maudit, de partout on vous chasse,
Et je n’ai rien à craindre en ce simple réduit.
D’ici je satisfais mon goût, mon appétit ;
Mon aiguillon lancé, vîte je me retire ;
D’épines entouré, l’on ne sauroit me nuire :
Sans peur je fais du mal, ainsi passe le tems.
D’un grand chemin j’ai compris l’avantage,
Je guette et pique les passans.
De tout méchant rusé mon frélon est l’image.