Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871/04

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PREMIÈRE PARTIE

Séparateur
DE LA RÉOUVERTURE DES RÉUNIONS PUBLIQUES
(juin 1868)
À LA RÉVOLUTION DU 18 MARS 1871



CHAPITRE I.

De juin 1868 au 4 septembre 1870.


Réveil des questions sociales. — Qui l’a préparé ? — M. Horn au Wauxhall. — L’Internationale en suspicion. — Les républicains bourgeois y contribuent. — Les réunions populaires ont contre elles tous les partis, les députés républicains et la presse tout entière. — Les motifs de cette dernière. — Défi aux députés de la Seine. — J. Simon chez Budaille. — Les socialistes devant le plébiscite et la déclaration de guerre. — Les députés républicains votent les subsides. — Gambetta chante la Marseillaise à l’Opéra. — Journée du 7 août. — Une soirée chez le citoyen Crémieux. — Affaire de la Villette. — Trochu gouverneur de Paris. — Flatteries des républicains parlementaires à l’adresse du général. — Chute de l’empire.

Le mouvement communaliste, affirmé dès le lendemain du 4 septembre 1870, ayant un caractère essentiellement socialiste, il nous paraît nécessaire de résumer dans ce premier chapitre tout ce qui précédemment et surtout depuis la réouverture des réunions publiques en 1868, a contribué à nettement séparer les républicains socialistes de tous les autres partis politiques, quelle que soit la couleur du drapeau de ces derniers.

Par un singulier hasard, la première réunion publique ouverte en vertu de la loi proposée par M. Em. Ollivier (Lettre du 19 janvier 1867) eut lieu le 28 juin 1868, c’est-à-dire juste vingt ans après la répression du mouvement par lequel le socialisme, pour la première fois en France, s’affirma comme parti militant.

Ouverte par les soins d’un professeur d’économie politique tout dévoué à l’ordre de choses de ce temps, — M. Horn, Hongrois naturalisé Français — et seulement pour « étudier les moyens de relever le salaire du travail des femmes, » les considérations que firent valoir dans cette recherche les premiers orateurs qui prirent la parole furent de telle nature que la question sociale se trouva de nouveau entièrement posée.

En vain depuis décembre 1851, on avait tenté d’en détourner l’esprit des travailleurs, en vain la presse politique, sans exception, préoccupée avant tout de créer une opposition de toutes pièces à l’empire, avait écarté de ses études et de sa polémique tout ce qui se rapportait à l’émancipation économique des masses. En vain on avait déclaré dans la presse dite libérale et même républicaine que tous ceux qui s’occupaient encore de ces questions étaient des ennemis de la liberté et devaient être traités comme tels. En vain, profitant des relations de gens suspects ou imprudents — se disant socialistes — avec quelques agents de l’empire, les partis politiques de toutes nuances avaient prétendu rattacher le parti socialiste au césarisme afin de le déconsidérer aux yeux des républicains demeurés fermes dans leur juste haine contre l’homme de Décembre. Voilà qu’au premier appel fait par un économiste libéral, les travailleurs acclamaient de nouveau le socialisme qu’on croyait avoir tué, et témoignaient en même temps qu’ils avaient parfaitement compris que toute réforme sociale sérieuse était incompatible non-seulement avec l’empire, mais avec toute monarchie, quelle qu’elle fût !

Que s’était-il donc passé ?

Pendant que la presse et les hommes politiques des partis monarchiques déchus, unis à ceux du parti républicain de 1848, s’acharnaient à procurer à MM. Thiers, Dufaure, Berryer, J. Simon et tutti quanti les moyens de reparaître sur la scène politique afin d’y pouvoir recommencer leurs vieilles farces d’opposition parlementaire ; tandis que journalistes et futurs hommes d’État attendaient impatiemment un ministère Ollivier ou quelqu’autre de même qualité, les ouvriers, justement pénétrés de l’inanité d’efforts tendant seulement à reconstituer l’ancien jeu de bascule dont ils devaient rester l’éternel pivot, avaient songé à s’affranchir par eux-mêmes d’une situation devenant de plus en plus intolérable et grâce à laquelle leur ironique souveraineté électorale n’était plus qu’un ingénieux mécanisme au service des ambitions de messieurs les candidats aux ministères ou aux fonctions publiques largement rétribuées.

Les plus intelligents de ces travailleurs, après avoir étudié avec soin les diverses théories sociales contenues dans les livres de Pierre Leroux, de St-Simon, de Fourier, de Cabet et de Proudhon, arrivèrent à cette solution pratique :

Ce qui fait la force de ceux qui profitent surtout des fruits de nos labeurs, c’est la solidarité de leurs intérêts.

Qu’ils se disent monarchistes ou républicains, qu’ils soient absolus, ou libéraux, nos maîtres de par le capital sont d’accord pour maintenir l’état de choses économique actuel, qui nous livre sans réserve à leurs caprices, et à leur cupide avidité.

Opposons à cette solidarité d’intérêts aveugles et brutaux, la solidarité d’intérêts basée sur une véritable science économique qui en démontre la justice et l’équité.

Étudions avec attention le rôle que joue le capital dans ses relations avec nous et, par l’examen des lois qui régissent actuellement ces relations, comme aussi des tarifs qui en ressortent, voyons si ces lois et ces tarifs sont en rapport équitable avec les droits de ce même capital.

Il ne fut pas difficile à ces ouvriers de se convaincre que les lois régissant ces relations, faites par les capitalistes, jusqu’alors seuls appelés à les établir, et toutes à leur avantage exclusif, étaient par cela même dolosives et dépourvues de toute justice à l’égard des travailleurs. (Lois contre les coalitions ouvrières — loi sur les livrets — loi sur l’affirmation du patron en justice, en matière de réclamation de salaire, etc.)

Quant aux tarifs réglant la presque totalité des salaires, grâce au caractère exclusivement protecteur de la loi en faveur des patrons, ils sont établis, non sur une appréciation équitable de la valeur du travail accompli, mais sur les seules fluctuations du prix de vente, le tantum de bénéfice devant avant tout rester invariable pour le patron et la diminution rester autant que possible à la charge de la main d’œuvre. — Ajoutons aussi que cette diminution de tarif résulte parfois encore du seul caprice du patron professant cette théorie monstrueuse « qu’il n’est pas bon que l’ouvrier gagne trop, afin de le pouvoir maintenir dans une morale et saine dépendance ! » On n’oserait dire esclavage !

De plus en plus imprégnés de la notion du Droit, au grand désespoir, hélas ! de la presse conservatrice et policière, les travailleurs n’eurent plus qu’une seule pensée : se grouper, se solidariser, afin de remplacer la grève isolée, brutale et stérile, par, s’il fallait y avoir recours, une grève générale et raisonnée contre les prétentions injustes du capital ; opposer enfin la solidarité des travailleurs à la puissance des capitaux coalisés et amener les détenteurs des instruments de production à avoir plus de souci de la Justice et plus de respect pour le Droit dans leurs relations avec leurs ouvriers.

Reprenant cette donnée, entrevue dès 1850 par la Fédération des associations ouvrières dont les membres[1] avaient tous été condamnés à de longs mois de prison par le jury de la Seine, l’Internationale fit alors son apparition.

Fondée en 1864 par quelques ouvriers encore inconnus, cette société se donna pour but de grouper et de solidariser tous les travailleurs européens afin d’obtenir la disparition du salariat, pour y substituer, au moyen du rachat amiable de l’outillage, le principe plus fécond de l’association générale et fédéralisée.

La Révolution interrompue dans sa marche par les luttes sanglantes dans lesquelles s’abîmèrent successivement les Girondins et les Jacobins, également impuissants à en formuler toute la portée, allait enfin et grâce à cette conception de l’Internationale, s’universaliser de plus en plus. Rejetant loin d’elle les partis politiques qui l’ont tour à tour exploitée puis répudiée, la Révolution n’allait plus être désormais représentée que par l’immense parti des travailleurs du monde entier !

Ainsi et à l’ébahissement des politiqueurs, trois mois s’étaient à peine écoulés depuis l’ouverture de la première réunion publique, au Wauxhall, que de tous les côtés dans Paris s’ouvraient d’autres réunions où se traitaient toutes les questions de droit social avec lesquelles on croyait en avoir fini, grâce aux massacres de Juin, à ceux de Décembre et aux vingt années de silence forcé qui venaient de s’écouler !

Le législateur croyait, il est vrai, avoir bien pris ses précautions.

La politique et la religion étaient soigneusement bannies de la discussion et la police était là, inflexible, pour le rappeler aux orateurs qui eussent été tentés de l’oublier.

Espoir chimérique, assez enfantin du reste et donnant bien la mesure de l’intelligence de nos hommes d’État !

Comme si traiter de la production, de l’échange et de la consommation ; traiter de l’éducation et des questions philosophiques qui s’y rattachent ; traiter de l’organisation judiciaire et des offices ministériels qu’elle comporte : traiter de la situation de nos colonies, etc., etc., ce n’était pas là faire de la politique et rien que de la politique ! Comme si toutes ces questions ne constituaient pas toute la politique même !

Pauvres gens ! qui, à la condition qu’on ne touchât ni à la dynastie, ni aux fonctionnaires — ministres ou autres ; — qu’on ne parlât pas trop du 2 Décembre et qu’on ne criât pas trop « vive la République ! » se croyaient hors d’atteinte !

Ils ne comprenaient pas que, de même que toutes les libertés, les oppressions sont solidaires ; comme il n’y a qu’une liberté, celle basée sur le droit, de même il n’y a qu’une oppression, celle du privilège, en sorte que toute revendication de la première, si mince soit-elle, entraîne logiquement l’entière destruction de la seconde.

Grâce donc à la naïveté des gouvernants d’alors, les réunions publiques se multiplièrent et le cercle des questions qui s’y traitaient s’agrandit de telle façon, que le socialisme, ce monstre qu’on croyait mort à jamais, reparut avec son cortège de problèmes à résoudre et dans la lumineuse évidence de la justice de ses revendications.

Du reste, la naïveté que nous signalons ici résultait moins de la promulgation d’une loi devenue nécessaire, sous peine d’agissements souterrains encore plus redoutables, que des impuissantes restrictions imposées au droit dont cette loi restituait l’exercice.

Dès le début cependant et pour des causes que nous allons indiquer, les réunions publiques témoignèrent d’une vive répulsion pour ceux des travailleurs qui, grâce à leurs récents efforts, avaient ranimé les questions d’économie sociale posées surtout depuis 1848, et avaient amené l’empire à promulguer enfin cette loi sur le droit de réunion qui semblait leur donner une apparente satisfaction.

Nous voulons parler de l’Internationale et de ses adhérents français les plus connus alors.

Ces derniers en effet étaient accusés d’avoir eu, à l’origine de cette société et afin d’en pouvoir organiser les sections en France, certaines accointances avec le prince Napoléon, chargé, paraît-il, de rallier les ouvriers de Paris au régime impérial.

Que cette tentative ait eu lieu et que l’ex-empereur ait alors désiré s’appuyer sur l’élément ouvrier pour opposer celui-ci à la coalition des partis bourgeois, royalistes et républicains, coalition que venaient d’affirmer les élections de 1863, nous ne croyons pas la chose impossible. Mais que cette tentative ait été au-delà de quelques pourparlers entre le Palais-Royal et quelques-uns des membres français de l’Internationale, c’est ce que ceux-ci ont toujours nié énergiquement et aucune pièce ni aucune affirmation authentiques ne sont venues jusqu’ici démontrer que leurs dénégations fussent de mauvaise foi.

Nous ajouterons de plus que, malgré l’attitude plus que regrettable de certains de ces hommes et le rôle qu’ils ont joué au bénéfice de la réaction versaillaise dans nos derniers événements, nous les jugeons trop intelligents pour les supposer capables d’avoir jamais songé à vendre le prolétariat à l’empire… en admet tant que ce dernier eût pu en prendre livraison, ce qui eût d’ailleurs été d’une difficile exécution.

Ce qui du reste prouve que l’entente ne se fit point, c’est la séné de procès qui, dés 1867, furent successivement intentés aux divers membres de la section française et les condamnations dont ils furent tous frappés, tandis qu’une société créée dans le même but, la Société des invalides civils du travail[2], dirigée par des faiseurs qu’inspirait la préfecture de police, jouissait impunément de toute la latitude qu’on refusait, au nom de la loi, à, l’Internationale.

Quoiqu’il en soit, ces relations avaient été habilement exploitées par les bourgeois républicains qui en avaient profité pour semer la division et la défiance entre les ouvriers. Désireuse, avant tout, de se servir de ces derniers pour les tripotages électoraux dont les élections de 1863 offrirent un si bel échantillon ; ardente à la curée du pouvoir qu’elle espérait bien voir avant peu tomber dans ses mains, mais redoutant l’avénement du socialisme, dont la création de l’Internationale annonçait ainsi le retour, la bourgeoisie fut enchantée de pouvoir rééditer l’inepte accusation de Césarisme dont elle prétendait accabler ses adeptes. Cette habileté de mauvais aloi avait encore le double avantage de faire oublier que cette même bourgeoisie, en ordonnant le massacre des socialistes en juin 1848, avait par là rendu possible la réussite du coup d’État de décembre 1851.

Dès le début donc des réunions publiques, les membres de l’Internationale furent l’objet d’accusations passionnées mais qui, toutes regrettables qu’elles fussent, avaient du moins cet avantage de démontrer que si les ouvriers de Paris entendaient s’occuper de l’étude des réformes à introduire dans l’économie sociale, leur haine contre tout ce qui était suspecté de relations avec l’empire prouvait assez qu’ils comprenaient qu’aucune de ces réformes n’était possible sans l’avénement de la République.

Les élections de 1869 — moins d’une année après l’ouverture des réunions publiques — en furent l’éclatante manifestation.

Peu à peu, les malentendus créés à dessein par les partis politiques purs entre les ouvriers et l’Internationale, s’effacèrent devant les explications fournies par ceux de ses membres suspectés, et si quelques doutes subsistèrent encore quant aux individus, il fut du moins reconnu que cette société avait adopté sans réticences le drapeau des républicains socialistes. Aussi et grâce précisément aux réunions populaires sur lesquelles on avait compté pour la tuer, l’Internationale vit rapidement accroître son influence et le nombre de ses adhérents.

On peut même ajouter que ce fut seulement dans les discussions auxquelles prirent part les membres les plus connus de l’Internationale, que les questions mises à l’étude furent traitées avec le plus de précision, partant avec le plus de fruit.

« Situation de la femme dans la société actuelle — constitution de la famille d’après la conception moderne du droit et de la morale — rapports du capital et du travail — transformation des banques — organisation de l’échange et du crédit — détermination de l’assiette équitable de l’impôt — organisation actuelle de l’assistance publique, et critique qu’elle soulève — critique de l’organisation judiciaire — examen et critique des pénalités en usage, etc., etc. — »

Tels furent les sujets mis en discussion dans les diverses réunions populaires, du mois de juin 1868, au 4 septembre 1870.

Sans doute ces discussions donnèrent lieu parfois, et faute d’habitude, à des exagérations de langage et à des affirmations excentriques ou erronées. Et comment en eût-il pu être autrement ? et pourquoi eut-on prétendu exiger de la part de travailleurs, presque tous obligés de prélever sur leurs trop rares heures de repos le temps nécessaire à l’étude de ces questions ardues, plus de calme, de maturité et de raison que nos assemblées parlementaires n’en possèdent elles-mêmes ?

Nous nous rappelons, du reste — pour en avoir eu vingt fois l’exemple sous les yeux — que c’était souvent grâce à l’attitude provocante de ceux-là mêmes qui s’empressaient aussitôt de leur en faire reproche, que les réunions populaires prenaient leur caractère tumultueux. Ajoutons enfin que la présence des commissaires de police, pour la plupart ignorant jusqu’au texte de la loi qu’ils avaient mission de faire observer, et ne comprenant pas un mot des questions à l’ordre du jour, ne contribuait pas peu à entretenir ces agitations dont on fit un crime aux réunions populaires[3].

Malgré tout ce qu’on en peut dire, outre que le droit de réunion devrait être placé au-dessus de toute réglementation gouvernementale, nous osons affirmer que la plupart de ceux qui prirent la parole dans ces réunions, presque tous ouvriers appartenant à l’Internationale, le firent avec convenance, avec tact, souvent avec assez de talent, et témoignèrent d’une connaissance réelle des questions qu’ils traitaient.

L’avénement du peuple travailleur à la vie politique était désormais un fait acquis et cela de par le socialisme même.

Aussi de quels sarcasmes, de quelles railleries, de quelles calomnies même ne furent pas l’objet les réunions publiques et ceux qui les fréquentaient !

Députés conservateurs et députés de l’opposition ; bourgeois royalistes, libéraux et républicains, tous s’accordèrent à dépeindre les réunions publiques comme d’affreux repaires, dans lesquels les honnêtes gens qui s’y aventuraient couraient, chaque soir, le risque d’être égorgés, et ceux y prenaient la parole comme des bandits prêchant le massacre et le vol, ou au moins comme des gens suspects payés par la police[4].

Il va sans dire que toutes ces accusations étaient lancées par des gens qui n’avaient jamais mis les pieds dans ces réunions et déclaraient à qui le voulait entendre qu’ils se garderaient bien de le faire : lâcheté et calomnie sont sœurs jumelles.

Quant aux journaux, depuis le rouge le plus foncé jusqu’au blanc le plus pur, ce fut bien pis encore.

La physionomie des réunions y fut rendue grotesque à plaisir. De prétendus écrivains ne rougirent pas de s’atteler à la triste besogne d’altérer sciemment ce qui s’y disait d’utile et de relever avec soin ce qu’il pouvait y avoir de défectueux ou de puéril dans le langage de certains orateurs peu exercés à parler en public.

Enfin tous ceux qui y prirent la parole furent dénoncés, par les journaux royalistes et conservateurs, comme subversifs de tout ordre moral et social ; par les journaux prétendus républicains, comme des « endormeurs, » chargés par le pouvoir d’alors de détourner les travailleurs de l’action révolutionnaire (sic) !

Les journaux de toutes nuances s’accordèrent d’ailleurs pour inviter leurs lecteurs à faire le vide autour de ces réunions, réputées dangereuses et malsaines.

Il y avait quelque logique, il faut le reconnaître, dans cette attitude de tous les journaux à l’égard des réunions publiques.

La presse a joué jusqu’ici en France un rôle considérable. La réglementation fiscale dont elle est l’objet, eu en interdisant, l’accès aux travailleurs, la constitue à l’état de monopole entre les mains de la bourgeoisie et en fait une puissance véritablement créatrice et seule directrice de l’opinion.

« Silence aux pauvres ! » s’était justement écrié Lamennais en 1848, lors du rétablissement du timbre et du cautionnement.

Dans les États au contraire où le droit de réunion est reconnu et pratiqué, il va de soi que l’opinion résulte directement de la pratique de ce droit et que la presse se trouve ainsi réduite à un simple rôle de constatation de cette opinion. Elle ne dirige plus ; elle informe. Ce n’est plus une puissance : c’est un moyen.

Par tradition donc, et surtout dans l’intérêt de sa prépondérance et des bénéfices qu’elle en relire, la presse française est d’instinct l’ennemie du droit de réunion.

Aux élections de 1863, n’avait-on pas vu la presse parisienne diriger les élections et patronner les candidats, tout comme de son côté le faisait le gouvernement ?

Grâce aux réunions publiques, au contraire, n’était-il pas évident que lors des élections prochaines, loin de diriger ni de patronner, la presse ne serait plus qu’un organe de publicité au service des décisions prises par les assemblées populaires électorales ?

Éloigner les électeurs de ces assemblées, en les ridiculisant, et infirmer à l’avance aux yeux de leurs lecteurs les résolutions qui y pourraient être arrêtées, telle fut l’unique préoccupation de la presse parisienne tout entière, et tous les moyens furent jugés bons pour obtenir un tel résultat à Paris et dans la province. — Pour Paris ce calcul fut déjoué, mais il réussit pleinement dans les départements, à l’aide des calomnies de tous genres dont les orateurs des réunions publiques furent l’objet.

La presse républicaine, nous le répétons, ne faillit pas à cette croisade entreprise contre le droit de réunion et s’y montra tout aussi acharnée.

Ce fut alors et quelques mois avant les élections qu’un certain nombre de socialistes, bien connus dans les réunions où ils avaient souvent pris la parole, voulant mettre fin au système de calomnies dont ils étaient poursuivis, invitèrent tous les députés de la Seine à une série de réunions spéciales où devaient être discutées à fond toutes les questions traitées jusqu’alors par les socialistes[5].

Pour laisser toutes garanties aux députés et afin de répondre au reproche qu’on faisait aux socialistes de ne jamais laisser la parole libre à leurs adversaires, les signataires de l’invitation offraient à leurs invités de laisser à leur disposition les trois quarts des places que pourrait contenir la salle où se tiendrait cette sorte de tournoi ; le quart seulement des places disponibles seraient distribuées par les convocateurs à leurs amis.

Cette invitation toute courtoise n’eut pas même les honneurs d’un refus de la part des députés auxquels elle était adressée.

Il était donc bien avéré, cette fois, que les républicains socialistes, c’est-à-dire ceux qui songeaient à autre chose qu’à de simples substitutions de personnes dans les échéances politiques qui s’approchaient, ne devaient compter sur aucun appui de la part même de ceux qui tant bien que mal représentaient l’idée républicaine, soit dans la presse, soit à la tribune.

Un député de Paris cependant, plus avisé, plus madré que les autres et dont la position comme candidat était d’ailleurs plus difficile à maintenir — la circonscription qu’il représentait comportant un grand nombre d’usines — M. Jules Simon, enfin, comprit qu’il ne pouvait se dispenser de se présenter quelques fois au moins dans les réunions populaires du faubourg Saint-Antoine, qui faisait partie de cette circonscription.

C’est alors que ce digne élève de Cousin s’en fut chez son « cher et honorable ami, le citoyen Budaille » porter ses protestations d’inaltérable amour pour « ses chers ouvriers, » et les assurer de la tendresse qu’il leur a vouée ; tendresse qui, à vingt années de distance et pour la seconde fois, s’est traduite en fusillades et en transportations sans jugement !

Les élections de 1869 arrivèrent enfin et malgré l’échec de quelques candidats socialistes qui ne s’étaient d’ailleurs portés que pour affirmer leurs principes sans nul espoir d’être nommés, le mouvement produit par les réunions qui avaient précédé les élections, n’en obligea pas moins les candidats sérieux à rendre hommage à la nécessité des réformes sociales sans lesquelles toute révolution nouvelle était par eux déclarée de nulle valeur. — Ce qui n’empêcha pas les candidats élus de regarder ces déclarations comme non avenues. — C’était dans l’ordre.

Ce mouvement des élections générales de 1869 démontra du reste clairement combien étaient peu fondées les accusations de bonapartisme lancées à la face des membres de l’Internationale. Ceux-ci, avec une véritable énergie et une entière abnégation, soutinrent ceux des candidats qui, se déclarant irréconciliables, affirmaient ainsi leur haine contre l’empire en faveur de la République. Aussi et grâce aux efforts de l’Internationale et à la discipline qu’elle sut organiser parmi ses adhérents, le succès des candidats républicains de Paris fut-il un éclatant et véritable triomphe dont l’empire fut ébranlé à ne s’en pouvoir remettre.

Un an plus tard, l’empire, qui avait résolu d’en venir aux mains avec la Prusse, ayant cru devoir puiser de nouvelles forces dans un plébiscite qui consacrât encore une fois son existence, le parti socialiste et l’Internationale prouvèrent de nouveau — en soutenant presque seuls dans les réunions populaires la campagne anti-plébiscitaire — combien ils comprenaient que monarchie et réformes sociales étaient incompatibles et exclusives l’une de l’autre.

Le pouvoir impérial témoigna de son côté qu’il le comprenait ainsi, car, après avoir fait arrêter un assez grand nombre de membres de l’Internationale tant en en province qu’à Paris — sous prétexte du complot Beaury — il les fit traduire devant les tribunaux correctionnels. Des condamnations à un emprisonnement qui variait de deux mois à deux ans avertirent suffisamment ceux qui en furent l’objet qu’ils étaient spécialement destinés à payer à l’avenir les frais de tout nouveau conflit entre les républicains et l’empire.

Cela n’empêchera cependant pas, comme nous le verrons ultérieurement, le parti républicain autoritaire d’accuser les socialistes et l’Internationale d’impérialisme, chaque fois qu’il en aura besoin pour se justifier de ses crimes et de son incapacité.

Le temps approchait du reste pour ce parti de témoigner une fois de plus et douloureusement pour la France, combien sont vaines ses prétentions à diriger la révolution dont 1789-93 affirma les principes, sans la réalisation desquels il ne peut y avoir pour notre patrie que bouleversements sans fin et ruines irrémédiables.

À peine l’empire fut-il derechef consacré par le nouveau plébiscite, que l’imminence d’une guerre avec la Prusse et conséquemment avec la presque totalité de l’Allemagne devint évidente.

Socialistes et membres de l’Internationale s’occupèrent activement des moyens de la prévenir et tentèrent de faire comprendre aux travailleurs allemands et français que leurs intérêts étant identiques, la solidarité qui relie tous les prolétaires devait leur faire repousser avec horreur les armes à l’aide desquelles on prétendait les faire s’entr’égorger au bénéfice du despotisme et du privilège.

Le triomphe de l’une ou de l’autre nation, ajoutaient les socialistes, ne saurait avoir d’autres résultats que de consolider le militarisme, cause de toutes les misères et soutien de toutes les oppressions. Enfin ce triomphe ne pouvait qu’affermir encore le despotisme du vainqueur, quel qu’il fût, et ruiner, au détriment de tous, les finances et l’industrie des belligérants, sans compter la crise effroyable qu’amènerait sous le rapport de la production et de l’échange, la conflagration des deux peuples et la suite incalculable de malheurs qu’elle entraînerait fatalement.

Un appel en ce sens fut adressé par les travailleurs socialistes français à leurs frères d’Allemagne[6] : il n’eut d’autres résultats que de faire traduire tous les signataires — et ils étaient nombreux — devant les tribunaux correctionnels, sans qu’aucun membre de l’opposition dite républicaine élevât la voix pour les appuyer.

Ce n’est pourtant pas que cette opposition fût d’abord très-disposée à acclamer la guerre.

Outre que celui qui y poussait le plus parmi les ministres impériaux, étant un renégat du parti républicain — M. Emile Ollivier — l’opposition n’eût pas été fâchée de le battre en brèche à cette occasion, celle-ci sentait instinctivement qu’elle se trouvait prise dans ce terrible dilemme : ou Napoléon III triomphait de la Prusse et c’en était fait de ses espérances de pouvoir, le vainqueur, couvert de gloire, redevenant maître absolu d’une situation qui consolidait sa dynastie : ou nos armées étaient vaincues, et ce pouvait être, avec la ruine et le déshonneur du pays, la restauration d’une des familles chassées en 1830 et en 1848.

Enfin une dernière considération la retenait aussi de donner son approbation à la guerre. C’était l’absence complète de certitude qu’on fût réellement préparé à la soutenir et à faire face aux éventualités qui se pourraient présenter. Cette dernière considération, développée surtout par M. Thiers avec une grande énergie, avait en somme une importance dont les événements ultérieurs ne démontrèrent que trop la gravité.

Mais, oubliant que, dans ce conflit, le triomphe de deux despotismes était seul en cause, l’opposition républicaine ne sut point prendre la seule attitude qui convenait dans les circonstances.

Elle devait avertir le pays des dangers inévitables qu’allait lui faire courir cette guerre, quels qu’en fussent les résultats, et refuser de voter les subsides qui lui étaient demandés. Puis, se joignant à ceux qui avaient signé l’appel dont nous venons de parler, inviter les deux peuples à organiser par tous les moyens le refus de contribuer à cette lutte fatale, fût-ce même et comme il en avait été question en 1867 — lors de l’affaire du Luxembourg — par la cessation générale du travail dans les deux pays.

Malheureusement nos députés républicains avaient la vue aussi courte que nos gouvernants avaient le cœur léger, et, M. Thiers excepté — le seul qui restât logique en cette affaire — tous votèrent les suppléments de crédit dont on avait besoin. Plus encore, certains d’entr’eux ne craignirent pas, quelques jours plus tard, de joindre l’éclat de leurs voix aux refrains patriotiques que la police faisait alors chanter jusque sur nos plus grandes scènes théâtrales pour chauffer l’enthousiasme populaire[7].

Le chauvinisme, c’est-à-dire, cet esprit de patriotisme étroit auquel font également défaut la justice et le bon sens, se réveilla alors sur toute la ligne. Poussés par le désir abominable de maintenir une clientèle dont la police n’avait que trop réussi à surexciter de vieilles rancunes nationales, les journaux républicains de toutes nuances, imitant les députés de l’opposition, firent chorus avec les journaux du gouvernement et la majorité parlementaire. Paris intelligent eut alors la honte d’entendre à bout d’un autre de ses boulevards le cri insensé de « vive la guerre ! »

Joignant l’action à la théorie, l’Internationale tenta en vain d’organiser des contre-manifestations en faveur de la paix ; il se trouva des journaux, même parmi ceux qui faisaient profession de foi républicaine, qui n’eurent pas honte d’accuser les socialistes d’être « vendus à la Prusse, » et peu s’en fallut qu’on ne fit alors contre ceux-ci une véritable St-Barthélemy.

Moins d’un mois après, les événements ne prouvèrent que trop combien les socialistes, d’accord cette fois — mais pour de tout autres motifs — avec M. Thiers, avaient eu raison de vouloir s’opposer à cette guerre imbécile.

Le 7 août et contrairement à certains bruits de victoire qui avaient couru la veille, Paris stupéfié apprenait officiellement que « bien que tout ne fût pas encore perdu ( sic) » de formidables revers menaçaient l’intégrité du sol français, et que la capitale devait songer à organiser sa défense contre l’ennemi victorieux, dans trois batailles successivement perdues, par suite de l’impéritie de généraux incapables, sinon vendus !

Le 9 août, jour de la réouverture du Corps Législatif dont les séances avaient été suspendues depuis le lendemain de la déclaration de guerre, le peuple de Paris se présenta sans armes sur la place de la Concorde, espérant que l’opposition républicaine allait réclamer le prompt armement de tous les citoyens et la déchéance d’une dynastie qui, pour la seconde fois en un demi-siècle, avait ouvert les portes du pays à l’étranger.

Vain espoir ! l’opposition qui redoutait autant le peuple armé que l’empire lui-même, se garda bien de répondre à l’appel qui lui était fait[8].

Il y a plus, le If août, dans une séance tenue le soir chez M. Crémieux et à laquelle assistaient, d’une part, MM. E. Pelletan, Glais-Bizoin, Emmanuel Arago, Desseaux et Girault (du Cher) ; d’autre part, environ soixante délégués des chambres ouvrières et de l’Internationale, les premiers, mis en demeure par les seconds de prendre une attitude nette et décisive, après avoir déclaré assez niaisement qu’ils étaient tout disposés à « suivre le peuple » si celui-ci était prêt à prendre l’initiative d’un mouvement, n’eurent pas honte d’ajouter alors « qu’il fallait attendre quelque nouveau revers, tel par exemple que la prise de Strasbourg, et qu’en ce cas seulement les membres de l’opposition se décideraient à réclamer la déchéance !

Cette hypocrite réserve souleva, il est vrai, nous nous empressons de le constater, non seulement les murmures de l’auditoire entier, ne comprenant rien à une semblable lâcheté, mais encore les protestations du citoyen Girault ( du Cher) et de deux Alsaciens présents à cette réunion, les citoyens Engelhard et Puthod, tous deux avocats, croyons-nous, et nous nous retirâmes avec nos amis, le cœur plein d’amertume et de dégoût.

Quelques jours après, un groupe de républicains à la fois dévoués à leurs principes et à la patrie, tenta vainement de soulever la population contre les misérables qui laissaient l’ennemi s’approcher de Paris sans lui opposer de sérieuse résistance. Cette tentative, commencée à la Villette, le 14 août, dans un quartier excentrique et sans qu’on eût pu réunir au préalable un nombre suffisant de combattants, avorta complètement, aux cris de « mort aux Prussiens », poussés contre ses auteurs par une population égarée. Ces patriotes n’échappèrent que par hasard à la mort qui les attendait. M. Gambetta demanda, dès le 17, au Corps Législatif qu’on en fit une prompte et sommaire justice. Le général comte de Palikao ( Cousin-Montauban, le détrousseur des palais impériaux de la Chine), chef du dernier cabinet impérial, dut rappeler ce député trop pressé au respect des formes judiciaires, promettant de donner satisfaction à la demande indiscrète qui lui était faite et réclamant seulement qu’on lui donnât le temps de faire juger les accusés.

Pauvre Gambetta ! recevoir de telles leçons, et d’un Palikao !

Les accusés, condamnés à mort par les conseils de guerre — écœurés de la triste besogne à laquelle on les contraignait — furent heureusement libérés quelques jours après par suite de la Révolution du 4 septembre.

Cependant, malgré toutes les lâches reculades des membres de l’opposition au Corps Législatif, l’échéance approchait.

Les journaux les plus timides eux-mêmes s’étonnaient des ajournements continuels apportés à la déchéance réclamée par tous les partis auprès de l’Assemblée : mais il était dit que les députés républicains n’épargneraient aucune honte aux électeurs qui exigeaient d’eux qu’ils donnassent enfin une preuve de leur prétendue irréconciliabilité.

De son côté, espérant toujours que quelque succès de nos armes viendrait calmer l’indignation croissante de Paris contre l’empire, Napoléon III se décida à donner une situation à la fois politique et militaire importante au moins déconsidéré des généraux qu’il avait jusqu’alors employés.

Le 16 août, le général Trochu fut investi d’une sorte de dictature sous le titre de gouverneur de Paris.

Ce militaire, connu seulement par une brochure sur la réorganisation de l’armée, publiée quelque temps après Sadowa (1866), était en même temps réclamé du parti légitimiste et de l’orléanisme.

Breton et catholique et portant tous les signes extérieurs de l’entêtement et d’un esprit étroit et rétrograde, les légitimistes le regardaient comme un restaurateur possible des vrais Bourbons ; mais, soit calcul jésuitique, soit inconséquence, certaines déclarations de libéralisme l’avaient fait accepter aussi par les orléanistes comme un des leurs.

Enfin, jusque là serviteur passif, quoiqu’un peu trop négligé peut-être, du régime impérial et de toutes ses bassesses, tout dans cet homme dénotait en tous cas un de ces caractères doubles et sans conviction réelle, sur lesquels aucun parti ne peut sérieusement compter, prêts qu’ils sont à les trahir tous.

Ce fut pourtant devant un tel homme que députés républicains, journalistes, ex-représentants et ministres de la République de 1848 ne rougirent pas de s’abaisser en lui promettant leur entier dévouement, et témoignant par là qu’ils préféraient confier le salut public au premier venu, pourvu qu’il portât éperons et épaulettes, plutôt que de faire appel aux énergies populaires dont ils redoutaient la puissance, dans la crainte que celle-ci ne s’affirmât aux dépens de leurs ambitions gouvernementales.

Leurs calculs mesquins ne réussirent que trop, hélas ! pour l’honneur de la République et le salut de la Patrie !

La néfaste nouvelle de la trahison de Sédan arriva à Paris le 3 septembre dans la soirée et il fut avéré pour les moins clairvoyants que la journée du lendemain ne s’écoulerait pas sans que la chute de l’empire devînt un fait accompli.

Mais grâce au défaut de courage et de sincérité des représentants officiels de l’idée républicaine, le jour qui se préparait, loin d’être la date glorieuse de la réhabilitation de la France, démoralisée par vingt années d’un régime énervant, cette date ne devait être que le point de départ de nouvelles douleurs et de nouvelles hontes pour le pays !


  1. Parmi eux figuraient notamment Mesdames Jeanne Derouin et Pauline Roland (déportées toutes deux en décembre 1851), et M. Delbruck, architecte, qui fut il large de présenter une défense commune des principes de la Fédération et qui le fit avec la plus grande intelligence unie à la plus grande dignité.
  2. Fondée el dirigée par M. Hugelmann.
  3. Il nous souvient entr’autres qu’un soir, à la Redoute, président d’une réunion où la vie et les ouvrages de Proudhon devaient être examinés, nous dûmes résister aux injonctions du commissaire de police qui avait prétendu dissoudre la réunion parce que l’orateur annonçait qu’il allait examiner l’étude économique de Proudhon sur la nécessité de l’observation du dimanche. Le malheureux magistrat avait cru qu’il s’agissait de dogmes religieux dont l’examen était interdit par la loi. — Le parquet, plus intelligent, n’exerça d’ailleurs aucune poursuite au sujet de notre refus d’obéissance à l’injonction du commissaire.
  4. On se rappelle que cette dernière accusation fut lancée par l’honnête Garnier-Pagès à la tribune du Corps législatif, ce qui n’empêcha pas ce vertueux citoyen de mendier les suffrages des travailleurs dans ces mêmes réunions publiques, quelques mois après.
  5. Voir aux pièces justificatives, I.
  6. Voir aux pièces justificatives, II.
  7. Il fut constate par le journal la Cloche, que le lundi 18 juillet, M. Gambetta se faisait remarquer dans une loge de l’Opéra, accompagnant le refrain de la Marseillaise, que chantait alors par ordre Mlle Marie Sasse.
  8. Les déclarations de M. Jules Favre, le chef de cette opposition, à l’Assemblée de Versailles après le 18 mars, ne laissent aucun doute à cet égard.