Étude sur le mouvement communaliste à Paris, en 1871/2/06

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Neuchatel Impr. G. Guillaume (p. 233-254).


CHAPITRE VI.

La Commune perd du terrain.


Les conciliateurs. — Leurs programmes. — Ils n’acquièrent aucune influence. — Décret relatif aux veuves et aux orphelins des fédérés. — Décret sur les échéances. — Funérailles de Pierre Leroux. — Élections du 16 avril. — Faute de la Commune à ce propos. — Démission de Félix Pyat. — Il est contraint de la retirer. — Les francs-maçons adhérent à la Commune. — Ils vont aux remparts. — Attitude expectante de la province. — Le citoyen Miot propose l’institution d’un comité de salut public.


À l’honneur de l’intelligence de la bourgeoisie parisienne, celle-ci ne partageait pas l’optimisme insensé de MM. les députés de la gauche.

Adversaire déclaré du militarisme que l’empire lui avait imposé durant vingt années, elle n’envisageait pas sans effroi le retour possible, en cas d’écrasement de la Commune par les Mac-Mahon, les Vinoy et les Galiffet, d’un système aussi désastreux pour ses intérêts industriels et commerciaux, qu’humiliant pour son amour-propre et ses prétentions à diriger les affaires publiques.

D’un autre côté, elle voyait, non sans raison, dans le triomphe de la Commune sur Versailles, l’avènement définitif d’un régime économique dans lequel ses appétits de gains excessifs et de domination sans conteste allaient se trouver refrénés par les travailleurs, délivrés de toutes les entraves légales qui, jusqu’alors, leur avaient créé une situation inférieure, et qui allaient pouvoir maintenant traiter d’égal à égal avec la bourgeoisie capitaliste.

Enfin celle-ci comprenait également que, grâce à la répercussion inévitable du mouvement communaliste dans toute la France, la direction générale du pays, par le seul fait du suffrage universel, plus sincèrement pratiqué, allait passer entièrement dans les mains du prolétariat composant l’immense majorité du corps électoral.

Il y avait donc urgence, aux yeux des plus intelligents de cette bourgeoisie, à tenter de créer un courant nouveau qui, tout en s’opposant à une restauration monarchique quelconque, par l’armée de Versailles triomphante, et en garantissant à Paris un minimum de liberté locale et de contrôle administratif, se fût du même coup substitué à la Commune, dont les tendances révolutionnaires et socialistes, nettement accusées, menaçaient sérieusement leurs privilèges économiques.

Deux groupes se formèrent en même temps, en vue d’obtenir une pacification entre les belligérants sur les bases suivantes :

Reconnaissance formelle de la République par l’assemblée de Versailles, comme forme définitive du gouvernement.

Reconnaissance, pour Paris, du droit de diriger lui-même et sans nulle ingérence du pouvoir central, son administration policière, économique et enseignante, ainsi que l’organisation de sa force publique.

Le premier de ces groupes, l’Union nationale, était presque exclusivement composé de délégués du commerce et de l’industrie parisienne.

Le second, l’Union républicaine des droits de Paris, contenait certaines notabilités de l’ancienne presse républicaine — dite radicale — et de la bourgeoisie républicaine ayant fait partie de l’administration du 4 septembre.

MM. Ranc, Loiseau-Pinson — tous deux démissionnaires de la Commune — Floquet et Lockroy — députés de la Seine démissionnaires — Bonvalet[1], Desonnaz[2], Jobbé Duval[3], Stupuy[4] et Villeneuve ainé[5] en étaient les principaux inspirateurs.

Ces deux groupes publièrent leurs programmes, identiques au fond et dans lesquels se rencontrait en même temps la pensée de faire succéder à la Commune, essentiellement composée de travailleurs dévoués à la révolution sociale, un conseil municipal élu sans doute — mais dans de telles conditions, que l’élément bourgeois conservateur y eût dominé, et qu’ainsi l’ordre, c’est-à-dire le maintien des privilèges capitalistes, en eût été consolidé.

Dans la forme seulement, te programme de l’Union républicaine était plus net, plus précis, que celui de l’Union nationale qui, elle, proposait d’accepter « la loi municipale provisoire qui serait votée au premier jour par l’assemblée, laquelle devait en même temps régler le mode d’élection du nouveau Conseil municipal, appelé à succéder à la Commune. »

L’Union républicaine, plus énergique enfin que l’Union nationale, — dans l’expression du moins, — déclarait fièrement que si Versailles n accédait pas à son programme, elle inviterait ses adhérents à appuyer la Commune, même pur les armes, contre ses agresseurs.

D’un autre côté, mais mû par de tous autres motifs, le journal le Cri du Peuple, tout dévoué au mouvement communaliste, publiait le 8 avril un projet de traité avec Versailles, signé Pierre Denis, que nous croyons devoir insérer ici in-extenso, et dont on peut regretter que la Commune n’ait pas été sérieusement saisie.

PARIS VILLE LIBRE.


Projet de loi.

Nous qui, dés la 19 mars, avions publié le programme de Paris ville libre, voici le traité que nous proposons à nos concitoyens et au pays :

Art. 1er. Paris est désormais ville libre.

Le gouvernement français reconnaît la légitimité de la Révolution communale accomplie le 18 mars 1871. Il renonce, pour l’avenir, à toute ingérence de pouvoir dans cette cité, et, pour le présent, à, toute recherche des faits résultant de cette Révolution.

Art. 2. Le territoire de Paris comprend le département de la Seine, moins les communes de ce département qui refuseraient, à la majorité des voix, de jouir des franchises communales. Ce territoire peut s’augmenter de toutes les communes des départements limitrophes qui déclareraient vouloir se fédérer avec la Commune de Paris et jouir de ses avantages.

La Commune de Paris s’interdit toute provocation insurrectionnelle dans le reste de la France, mais se réserve de propager l’idée communale, par l’exemple et les ressources de la publicité. Le gouvernement, de son côté, s’interdit d’entraver cette propagande ; il s’engage à reconnaître l’autonomie des communes qui réclament et se fédéreront avec la Commune de Paris.

Art. 3. Paris et les communes fédérées restent villes françaises aux conditions qui sont indiquées dans le présent traité.

Paris paie sa part dans les frais généraux de la France, mais seulement en ce qui concerne l’armement aies forteresses, les dépenses pour voies ferrées, routières ou navigables, l’enseignement, a marine, les travaux publics, mais il ne prend aucune part au budget de l’intérieur, des finances, des cultes, et à la fraction afférente à l’armée permanente.

Il fournit, en cas de guerre, un contingent de garde nationale mobilisée, organisée à cet effet et munie de son artillerie.

Art. 4. Paris envoie des représentants aux assemblées législatives. Il en accepte les délibérations et les vœux dans la mesure où elles ne seraient pas en contradiction avec la Constitution communale.

Il accepte les principes généraux du Code civil sous réserve d’en modifier les articles selon les intérêts, les besoins exprimés par le suffrage.

Art. 5. Paris s’administre et se gouverne suivant le régime communal, sans aucune immixtion du gouvernement français.

Il élit ses fonctionnaires et magistrats de tous ordres.

Il dispose seul son budget.

Il n’a d’autre armée que la garde nationale, chargée de la défense et de la police urbaines.

Art. 6. Toute armée permanente étant un danger pour la cité, il ne pourra être établi par le gouvernement de la France, ni camp ni garnison dans un rayon de vingt-cinq lieues autour de la ville ou de la Fédération parisienne, sauf le cas de guerre nationale. Dans ce cas, le gouvernement devra s’entendre avec la Commune de Paris pour déroger à cette condition.

Art. 7. Paris participant pour sa quote-part aux frais généraux, ne peut y participer doublement en payant les impôts douanière. En conséquence les marchandises venant de l’étranger à destination de Paris, traverseront la France en franchise, et ne payeront que l’impôt fixé par la Commune.

Art. 8. Le gouvernement français n’apportera aucune entrave au fonctionnement des établissements de crédit qui pourront être fondés et garantis par la Ville de Paris, et il n’entravera point la circulation des billets émis par eux.

Art. 9. Paris étant ville libre, et se gouvernant lui-même, il n’y a pas lieu à déterminer dans le présent traité la Constitution communale. Le gouvernement français ne s’immiscera en aucune façon dans cette Constitution, ni dans le gouvernement et l’administration de la ville de Paris ou de la fédération parisienne.

Il sera représenté prés la Commune par un délégué.

Art. 10. Paris accepte les conditions du traité de paix intervenu entre la France et la Prusse, et s’engage à le respecter et à entrer pour sa quote-part dans l’indemnité convenue.

Art. 11. Le gouvernement français paiera une part que fixeront ses délégués et ceux de la Commune de Paris dans les frais de guerre résultant du siège et ceux résultant du conflit survenu le 18 mars, et terminé par le traité.

Art. 12. Convenu de bonne foi, dans l’intérêt, pour l’honneur et la sécurité de Paris, de la France et de l’Europe, le présent traité, que les deux parties contractantes s’engagent à respecter fidèlement, sera communiqué aux gouvernements et républiques amis, que les signataires espèrent voir bientôt former une fédération pacifique d’Etats-Unis, et sous la sauvegarde desquels se place la Commune de Paris.

Ce projet de traité établissait nettement et loyalement, on le voit, l’autonomie de Paris, en même temps qu’il définissait l’économie nouvelle de ses rapports avec le reste de la France, demeurée libre de suivre ou non le mouvement communaliste.

Le citoyen Pierre Denis ayant convoqué les membres de la Commune et tous ceux qui voudraient adhérer à ce projet, à une réunion dans l’amphithéâtre de l’École centrale (rue de Thorigny), nous nous rendîmes à cette convocation où se trouvaient également les citoyens J. Vallès, Avrial et Langevin, tous trois membres de la Commune, ainsi que les citoyens Loiseau-Pinson, Bonvallet, Stupuy, Lockroy et Jobbé-Duval, de l’Union républicaine.

Sur quelques observations présentées par un des assistants, et vu l’urgence, il fut arrêté, avant tout examen détaillé du projet de traité, qu’une Commission composée des citoyens Pierre Denis, Bonvallet et Stupuy, rédigerait une proclamation dans laquelle Versailles serait invité à suspendre les hostilités, en même temps que les députés de la Seine seraient sommés, en cas de refus, de donner leur démission. — Dans cette seconde hypothèse, l’Union républicaine devait immédiatement appeler tous ses adhérents à prendre les armes en faveur de la Commune.

Cette proclamation, signée d’hommes notoirement connus pour être dévoués à la République, et dont la position sociale était une sorte de trait d’union entre les travailleurs et la bourgeoisie, pouvait avoir pour effet de rallier autour de la Commune les républicains, que l’altitude expectante des députés de la Seine laissait irrésolus, et d’opérer ainsi une pression sur l’assemblée et sur le gouvernement qui n’eussent pu continuer de tromper la province, en lui représentant la révolution communaliste comme reniée même par les députés républicains.

Les bases de cette proclamation avaient d’abord été acceptées avec un certain enthousiasme par les citoyens qui avaient répondu à l’appel du citoyen Pierre Denis. — Mais, revenus à des préoccupations plus personnelles, les inspirateurs de ce groupe se contentèrent d’affirmer de nouveau leurs désirs de conciliation vague et sans indiquer de moyens précis de réalisation, préférant sans doute, au lieu de consolider un état de choses qui menaçait de ruiner leur influence politique, attendre l’occasion de recueillir sans danger les épaves du pouvoir communal lorsque celui-ci aurait sombré. Calcul peu digne, il est vrai, mais dont la justesse fut en somme démontrée par les événements qui suivirent[6].

Ce manque de netteté et de véritable virilité dans toutes leurs manifestations, ne permit à aucun de ces conciliateurs d’acquérir la moindre influence, soit sur Versailles, soit sur la Commune, dont ils ne firent qu’éveiller les suspicions et même les légitimes impatiences, par suite du trouble et de l’indécision que leurs efforts stériles jetaient dans la population.

Aussi ne reviendrons-nous plus sur l’action de ces sociétés. Elle n’eut en somme d’autre effet que de démontrer le parti pris de Versailles de se refuser à toute concession et aboutit seulement à obtenir une trêve de huit heures, le 25 avril, au moyen de laquelle les malheureux habitants de Neuilly, d’Asnières et de Levallois purent enfin évacuer les maisons dans les caves desquelles ils s’étaient réfugiés depuis le 2, et dont ils ne pouvaient plus sortir sans s’exposer au double feu des assiégeants et des assiégés.

La mort commençait à faucher dru dans le camp des fédérés.

Il devenait urgent de s’occuper des veuves et des orphelins, ainsi que des vieux parents, dont les soutiens étaient chaque jour frappés par les halles versaillaises.

À l’unanimité, la Commune votait le 10 avril le décret suivant :

La Commune de Paris,

Ayant adopté les veuves et les orphelins de tous les citoyens morts pour la défense des droits du peuple,

Décrète :

Art. 1er. Une pension de 600 francs sera accordée à la femme mariée ou non mariée du garde national tué pour la défense des droits du peuple, après enquête qui établira ses droits et ses besoins.

Art. 2. Chacun des enfants, reconnus ou non, recevra jusqu’à l’âge de dix-huit ans une pension annuelle de 365 francs payable par douzièmes.

Art. 3. Dans le cas où les enfants seraient déjà privés de leur mère, ils seront élevés aux frais de la Commune, qui leur fera donner l’éducation intégrale nécessaire pour être en mesure de se suffire dans la société.

Art. 4. Les ascendants, père, mère, frères et sœurs de tout citoyen mort pour la défense des droits de Paris, et qui prouveront que le défunt était pour eux un soutien nécessaire, pourront être admis à recevoir une pension proportionnelle à leurs besoins, dans les limites de 100 à 800 francs par personne[7].

Art. 5. Toute enquête nécessitée par l’application des articles ci-dessus sera faite par une Commission spéciale, composée de six membres délégués à cet effet dans chaque arrondissement et présidée par un membre de la Commune appartenant à l’arrondissement.

Art. 6. Un Comité, composé de trois membres de la Commune, centralisera les résultats produits par l’enquête et statuera en dernier ressort.

Ce décret était empreint d’un caractère tout nouveau. Il accordait à la veuve non mariée et aux enfants non reconnus par le défunt les mêmes droits devant la société qu’à la veuve et aux enfants dits légitimes, sous réserve d’enquête sur le caractère réel et continu de l’union contractée en dehors de toute intervention légale.

En adoptant ce décret, la Commune, sans toucher à la constitution juridique de la famille actuelle, qu’on ne peut transformer qu’à la suite d’une refonte complète de notre économie sociale, la Commune, disons-nous, proclamait qu’elle entendait, quant aux devoirs sociaux restant à accomplir envers eux, attribuer les mêmes droits à tous ceux qui, légalement ou non, composaient la famille du citoyen mort au service du droit et de la justice.

Ce défi jeté aux prétendus principes d’une moralité toute de convention et pratiquée jusqu’ici dans nos sociétés en dehors de toute équité, dans l’unique but de sauvegarder la propriété, ce défi provoqua les clameurs les plus vives de la part, notamment, de tous les viveurs, de tous les ruffians de la petite et de la grande presse, enfin de tout ce monde d’hypocrites mâles et femelles qui ne vivent que d’intrigues et de prostitution. Le décret fut, de par l’arrêt de la Haute Coquinerie dorée, déclaré d’une immoralité notoire et un encouragement au vice !

Chaque mairie fit élire de suite sa commission d’enquête qui, outre les attributions dont le décret l’investissait, eut de plus à s’occuper de pourvoir aux besoins les plus pressants des ayant-droit, jusqu’à ce que la Commission centrale eût statué définitivement.

Que la Commune triomphât et ses défenseurs pouvaient affronter la mort avec la certitude que les leurs ne resteraient pas après eux dénués de moyens d’existence et que leurs enfants auraient une éducation assurée.

Grâce au triomphe de la réaction et des principes de morale et de vertu officielles qu’elle a ramenés avec elle, les veuves et les orphelins qui ont été épargnés lors de l’égorgement général qui suivit l’entrée des amis de l’ordre dans Paris, auront vu succéder la certitude d’une misère et de douleurs irréparables aux consolations que le décret du 10 avril leur avait fait entrevoir.

Ce devoir accompli envers les familles de ses défenseurs, la Commune s’occupa de mettre un terme à la situation difficile qu’avaient faite an commerce et à l’industrie les prorogations successives dont les valeurs à échéance avaient été l’objet depuis le commencement de la guerre contre la Prusse, situation à laquelle l’assemblée nationale n’avait su mettre fin d’une, façon équitable. Une commission spéciale avait été chargée d’examiner les divers projets qui lui pourraient être présentés à ce sujet par les intéressés et d’en faire son rapport avant le 10 avril.

Cette commission, composé des citoyens Victor Clément, Lefrançais, Parisel, Theisz, et Vermorel, examina tous les projets qui lui furent adressés par suite de l’appel qu’elle fit dans l’Officiel, et s’arrêtant à l’examen de trois de ceux qui lui parurent contenir tous les autres dans leur économie générale, elle chargea le citoyen Lefrançais de présenter un rapport sur les trois projets et aussi les conclusions auxquelles, le citoyen Parisel excepté, elle s’était ralliée.

Ce rapport fut lu le 14 avril[8] et, après une discussion approfondie à laquelle prirent part les citoyens Beslay, Tridon, Frænkel, Jourde, Parisel, Varlin et Victor Clément, discussion qui occupa deux séances entières de la Commune, le projet de décret présenté par le citoyen Jourde, délégué aux finances, et appuyé par la presqu’unanimité de la commission d’étude, fut accepté avec cette modification que le délai de deux années, mentionné dans le projet pour la libération complète des effets en souffrance fut porté à trois dans le décret[9].

Cette décision fut généralement approuvée par les commerçants et les industriels parisiens, même par ceux qui étaient les adversaires déclarés de la Commune. Elle mettait fin au provisoire dans lequel on vivait depuis si longtemps, et si discutables que fussent les dispositions du décret communal, il avait au moins l’avantage, tout en délimitant le terrain sur lequel les droits des intéressés se pourraient exercer, de laisser à ceux-ci la latitude d’en restreindre les limites suivant leurs convenances et les bénéfices réciproques qu’ils y pourraient trouver.

Le jour même où la Commune commençait la discussion de ce sujet intéressant, avaient lieu les funérailles civiles du citoyen Pierre Leroux, le dernier survivant de ceux qui, par leurs travaux philosophiques et humanitaires, auront mérité à notre siècle le titre de grand dans les âges futurs.

Il aura été grand en effet, ce dix-neuvième siècle qui, dans sa première moitié, a donné au monde les études sociales des Saint-Simon, des Fourier, des Pierre Leroux, des Auguste Comte, des Cabet et des Proudhon. — Il aura été grand, ce premier dix-neuvième siècle qui, grâce aux labeurs de ces hardis compagnons de la révolution sociale, aura vu se dessiner plus nettement le caractère hautement rénovateur et universel de l’œuvre indestructible dont 1789-93 a jeté les puissantes assises, et dont Babœuf, Buonarotti et leurs amis avaient, au prix de leur vie, tenté le complet achèvement.

C’était donc un devoir impérieux pour la Commune de rendre hommage au dernier de ceux qui nous ont aidés à comprendre la valeur de ce mot : Solidarité, et qui, des premiers, ont indiqué le chemin au bout duquel les travailleurs doivent trouver leur affranchissement. C’était un devoir pour la Commune de se faire représenter aux funérailles de cet infatigable apôtre de l’Égalité sociale.

Après avoir, avec raison, et au nom même des principes professés par Pierre Leroux, refusé à ce grand mort la tombe spéciale que quelques-uns voulaient lui donner, la Commune délégua deux de ses membres, les citoyens Ostyn et Martelet, pour accompagner le corps jusqu’à la fosse commune, où il fut déposé.

Nul doute que sans la gravité des événements auxquels il lui fallait faire face constamment, la Commune tout entière se fût rendue aux funérailles du vieux socialiste. Cependant, et afin de décliner toute solidarité avec les tendances religieuses dont Pierre Leroux avait constamment appuyé son système de transformation sociale, la Commune déclara qu’elle n’entendait point rendre hommage au philosophe, mais seulement au socialiste convaincu qui avait, seul et durant la lutte même, pris courageusement la défense des insurgés de juin devant l’assemblée nationale en 1848.

Pourquoi n’y eut-il point, pour l’honneur de la République et de l’Humanité, un nouveau Pierre Leroux à l’assemblée nationale de 1871, afin de flétrir à jamais l’exécrable répression dont ont été depuis frappés les défenseurs de la Commune !

Le 16 avril, les élections communales complémentaires eurent lieu après avoir été deux fois ajournées.

Trente-un sièges étaient vacants par suite d’options, de démissions et de la mort de Flourens et de Duval. Ces élections portaient sur les 1er, 2e, 3e, 6e, 7e, 8e, 9e, 12e, 16e, 17e, 19e et 20e arrondissements.

Elles furent d’un effet moral déplorable pour la Commune, il est vrai, mais vraiment honteux pour le corps électoral qui avait pris part aux élections du 26 mars.

45,394 électeurs seulement prirent part à ces élections complémentaires, alors que les mêmes arrondissements où elles venaient d’avoir lieu avaient fourni an chiffre total de 109,238 votes au scrutin précédent.

Les 1er, 2e, 6e, 7e, 8e et 9e arrondissements avaient, malgré les prétendues affirmations conciliatrices des deux sociétés, l’Union nationale et l’Union des Droits de Paris, qui y comptaient leurs plus nombreux partisans, absolument fait défection au scrutin et témoigné ainsi de leur haine, non seulement contre les agissements de la Commune, ce qui eût pu se concevoir, mais contre le principe même du mouvement communaliste, en s’écartant systématiquement de l’urne électorale.

16,470 votants prirent part aux élections du 16 avril dans les arrondissements exclusivement bourgeois ou aristocratiques, au lieu de 51,500 qui avaient voté le 26 mars pour les délégués démissionnaires.

Cette manœuvre abstentionniste eut pour premier effet de rehausser d’autant les prétentions de M. Thiers et de rendre absolument nulles les démarches tentées auprès de lui par les deux groupes politiques que nous venons de mentionner, afin de l’amener à consentir une trêve durant laquelle on eût pu arrêter les bases d’un traité de pacification.

Nous ne pouvons que répéter à ce propos ce que nous avons dit à l’égard des délégués démissionnaires. C’est à ces abstentionnistes systématiques, qui savaient si bien pourtant sous l’empire pousser les électeurs au scrutin, afin d’envoyer les Thiers, les Jules Simon et autres de même trempe au Corps législatif, c’est à eux seuls qu’incombe la responsabilité de tous les malheurs qu’amènera certainement plus tard le triomphe sanglant et momentané de M. Thiers et de ses amis.

De son côté, la Commune eut le tort impardonnable d’aggraver encore le fâcheux effet de ces élections, en faussant ouvertement le suffrage universel, sur lequel elle se basait pour appuyer légalement son existence propre.

Que le Comité central lors de son origine, en face de l’agression brutale dont Paris faillit être la victime au 18 mars, le la part du pouvoir, se fût arrogé dans son triomphe, la mission d’instituer révolutionnairement un gouvernement, chargé de préparer l’avénement du régime communaliste, il en eût eu certes aussi bien le droit que ses devanciers du 10 août, du 29 juillet, du 24 février et du 4 septembre, devant lesquels Paris et la France s’étaient inclinés sans conteste.

Mais dès que, par respect pour les préjugés favorables au suffrage universel, il avait eu recours à ce moyen pour en faire surgir la Commune, celle-ci, s’appuyant de son origine, dite légale, avait pour devoir strict de se conformer au mode de votation qui lui avait donné naissance.

Le Comité central avait déclaré qu’aucune élection ne serait valable qu’à la condition que les votes exprimés atteignissent au moins un chiffre égal au huitième des électeurs inscrits.

Or, dès les élections du 26 mars, la Commune, en vérifiant ses pouvoirs, avait validé deux élus qui ne satisfaisaient pas à ces conditions : celles des citoyens Rigault et Vaillant, dans le 8e arrondissement. Et voilà qu’aux élections du 16 avril, continuant ce système, sans que le second décret de convocation eût été modifié à cet égard, et arguant de ce que les électeurs ayant été convoqués, l’abstention systématique des uns ne pouvait annuler les suffrages des autres (argument d’une valeur morale d’ailleurs très admissible, mais qu’il eût fallu émettre avant le vote), on validait en bloc toutes les élections qui avaient obtenu seulement la majorité relative des suffrages exprimés !

Treize membres votèrent contre la validation de ces élections. Ces opposants constituèrent le noyau de ce qui plus tard fut la minorité de la Commune[10].

Le citoyen Briosne, l’un des orateurs les plus remarquables qu’aient fait surgir les réunions populaires, et le citoyen Rogeard, l’auteur à jamais célèbre des Propos de Labiénus, refusèrent tous deux, dans des lettres rendues publiques, le mandat qui leur venait d’être délégué dans des conditions numériques non conformes aux prescriptions du décret de convocation.

Il se passa au sujet de ces élections une scène assez singulière et sur laquelle nous croyons devoir nous arrêter à cause de l’importance de celui qui y joua le principal rôle.

Le citoyen Félix Pyat s’absentait assez volontiers au moment du vote, surtout lorsqu’il fallait se prononcer sur quelque proposition émanant de sa propre initiative. — Cette manœuvre, d’une moralité douteuse, lui permettait ensuite dans son journal, le Vengeur, de critiquer, comme journaliste, le décret voté la veille sur sa proposition, comme membre de la Commune[11].

Il se trouva que le jour où celle-ci valida, les élections du 16 avril, le citoyen Félix Pyat était encore absent.

Dès le lendemain il déclara dans l’Officiel, que s’il eût assisté à la séance, il aurait voté avec les treize, ajoutant que « si la Commune ne rapportait pas son décret, il donnerait sa démission. »

Cette forme comminatoire, destinée à produire un effet tout contraire à l’objet de la protestation, était précisément employée par le citoyen Pyat pour lui fournir l’occasion, qu’il recherchait depuis le commencement des hostilités[12], de se retirer « modestement avant la victoire (sic ! ). »[13]

Cette tactique, depuis longtemps éventée, fut relevée avec une grande netteté par le citoyen Vermorel qui somma le citoyen Pyat de rester à son poste, lui rappelant avec raison les paroles prononcées récemment par Delescluze, s’écriant à la Commune : « Croyez vous donc que tout le monde approuve ce qui se fait ici ? Eh bien ! il y a des membres qui malgré tout sont restés et qui resteront jusqu’à la fin, et si nous ne triomphons pas, ils ne seront pas les derniers à se faire tuer soit aux remparts, soit ail leurs[14]. »

Paroles prophétiques et que devait bientôt réaliser la mort du vieux et courageux Delescluze et celle du malheureux Vermorel qui, suspecté jusque dans sa bravoure, était décidé, dès le 22 mai, à rester au combat jusqu’à la mort !

Le citoyen Félix Pyat, pris de peur ou de honte — qui le saura jamais ? — céda surtout aux objurgations pressantes de ses électeurs qui le sommèrent de retirer sa démission.

Quelques jours après l’échec moral que les élections complémentaires venaient de faire subir à la Commune, il se passa deux faits considérables qui, s’ils se fussent produits huit jours avant les élections, eussent peut-être complètement changé ses destinées, en ramenant à elle une grande partie de la bourgeoisie républicaine de Paris et de la province.

Nous voulons parler de l’adhésion que firent à la révolution communaliste les loges maçonniques des deux Orients de Paris (rite Français et rite Écossais) et les délégués des départements, présents dans la cité.

Le 26 avril, après une délibération solennelle, les vénérables et les députés de loges, assisté d’un grand nombre de FF.·. de tous grades, sur la proposition du F.·. Thirifocq, vénérable de loge, et malgré la vive opposition qu’y apporta le F.·. Fioquet, député démissionnaire à l’assemblée nationale et membre de la loge Écossaise n° 133, il fut décidé par les cinq mille assistants environ, que les vénérables et les députés de loges iraient faire acte d’adhésion à la Commune et annoncer que le 29, les Francs-Maçons des deux rites iraient, bannière en tête, sur les fortifications, entre le Point-du-Jour et Clichy, pour y planter leurs étendards de paix et de fraternité et y défendre la Commune, même par les armes, si l’armée de Versailles repoussait leur tentative de concorde et d’union.

Reçus à 5 heures du soir, au moment même où la Commune était en séance, ils furent accueillis avec un véritable enthousiasme. Le citoyen Jules Vallès les remercia chaleureusement et, aux accents de la Marseillaise, grand nombre de membres de la Commune, leur faisant cortège, ceints de leur écharpe rouge, traversèrent avec eux une partie de la cité, à la fois émue et surprise de ce spectacle, pour se rendre aux temples des deux Orients[15].

Là, rendez-vous fut pris pour le samedi suivant.

Dès le matin du 29 avril, une commission spéciale fut chargée de conduire les Francs-Maçons aux remparts.

De longtemps Paris n’avait rien vu de semblable.

Plus de dix mille francs-maçons, se tenant fraternellement le bras, partirent de l’Hôtel-de-Ville ayant à leur tête les F. F.·. Thirifocq, Ranvier, Beslay, la députation de la Commune et une députation en nombre égal de vénérables. Cette colonne remonta la rue St-Antoine jusqu’à la Bastille, et, descendant les boulevards jusqu’à la Madeleine, gagna l’Arc-de-Triomphe, par le faubourg St-Honoré et le boulevard Friedland. Arrivés à l’Arc-de-Triomphe, au bruit de la fusillade et des obus dont quelques-uns vinrent éclater autour d’eux, ils descendirent l’avenue Dauphine jusqu’aux fortifications, sur lesquelles, rompant leurs rangs que l’explosion des obus n’avait pu leur faire quitter, ils se répandirent pour y planter les bannières de leurs loges respectives, sous le feu continuel des assaillants. Ces bannières restèrent à leur place jusqu’à l’entrée des troupes dans Paris.

Sur tout le parcours de son long trajet, la colonne maçonnique avait rencontré une foule respectueuse et émue, comprenant la haute portée morale de l’acte qui s’accomplissait. — Il fallait donc après tout, disait-on, que cette Commune fût quelque chose de grand et de sérieux[16] pour que la Franc-Maçonnerie, cette association dans laquelle se trouvent confondus des gens de toutes classes, de toutes conditions et surtout de toutes religions politiques et morales, et qui, depuis si longtemps, se tenait renfermée dans ses temples, se fût décidée à en sortir pour venir adhérer à la Commune et allât jusqu’à offrir son sang s’il le fallait pour le triomphe de sa cause.

Dans cette grandiose manifestation, on remarquait des vieillards courbés par l’âge, marchant aussi résolument au-devant d’une mort possible que s’il se fût agi de se rendre à quelque fraternelle agape. Il nous souviendra longtemps du F.·. Beslay qui, malgré ses 77 ans, avait voulu porter le magnifique mais un peu lourd drapeau rouge, dont la Commune avait fait présent ce jour-là aux Francs-maçons. On eut grand peine à obtenir de lui qu’il se fit relayer par un autre F.·., moins âgé que lui.

Spectacle vraiment digne et touchant à la fois, et que des hommes vraiment honnêtes peuvent seuls comprendre !

À force de démarches, les FF.·. qui avaient provoqué cette démonstration maçonnique obtinrent enfin de faire cesser le feu durant quelques heures, et envoyèrent durant ce temps quelques-uns des leurs à Versailles, auprès de M. Thiers, pour l’amener enfin à accepter une trêve qui permît de s’entendre et de pacifier Paris. Le F.·. Thirifocq ne put rien obtenir de cet homme qui tenait absolument à noyer dans le sang la « vile multitude »

Le Pouvoir exécutif et l’assemblée étaient d’ailleurs tellement d’accord pour rechercher à tout prix ce sinistre résultat que, vers le même temps, le citoyen Brunet, député de la Seine, ayant fait à l’assemblée une proposition tendant à conclure un armistice avec Paris, l’examen de cette proposition, sur la demande de M. Baze, l’un des questeurs, fut ajourné à un mois !

Le lendemain 30 avril, une nombreuse députation fui également envoyée à l’Hôtel-de-Ville pour y adhérer à la Commune au nom de tous les citoyens des départements présents à Paris.

Cette députation avait à sa tête le citoyen Minière, de la Côte-d’Or, député de la Seine, démissionnaire, atrocement assassiné depuis par les vainqueurs de la Commune. Au nom de ses co-délégués, le citoyen Millière vint assurer la Commune de tout leur concours et de toute leur influence pour décider les départements à se prononcer nettement pour Paris contre Versailles.

Ces deux imposantes démarches, nous le répétons, eussent été d’un effet considérable pour la province surtout, et eussent pu changer les destinées de la Commune, si elles se fussent produites avant les élections complémentaires du 16 avril.

Entraînés par l’exemple, les groupes bourgeois, parmi lesquels se trouvait un grand nombre de Francs-Maçons, se fussent sans doute ralliés définitivement au mouvement, et les élections eussent pris alors un aspect tout différent.

Les violents de la Commune, qui présentaient les abstentions — non sans raison — comme une déclaration de guerre au mouvement communaliste, n’eussent pu se servir de ce prétexte pour justifier les mesures d’une énergie parfois plus nuisible que réellement efficace et qu’ils prenaient, disaient-ils, pour sauver la Commune des menées de ses ennemis. Ils eussent été contraints à des procédés plus réguliers, et, partant, plus sérieusement révolutionnaires.

Mais ces adhésions étaient malheureusement trop tardives. Le coup était porté et le faible chiffre du scrutin du 16 avril avait trop révélé à Versailles la faiblesse des points d’appui de la Commune pour que M. Thiers abandonnât la proie que les partis monarchiques l’avaient chargé de saisir.

Quant au mouvement de province, à part les tentatives avortées de Lyon, de Marseille, de Limoges, de Saint-Etienne, de Grenoble, de Cosne et de Vierzon, ce mouvement se borna à quelques allées et ventres, entre Paris et Versailles, de certains délégués lyonnais appartenant à la bourgeoisie, qui n’osèrent même pas se rallier à l’Union républicaine des droits de Paris, et auxquels on ne put faire comprendre que les franchises municipales dont ils prétendaient jouir à ce moment ne survivraient pas à la chute de la Commune de Paris. — Ils doivent être à cette heure suffisamment édifiés sur ce qui leur a été prédit à l’Hôtel-de-Ville. — Il y eut bien aussi une tentative de la part des délégués de toutes les grandes municipalités des chefs-lieux départementaux, pour se réunir en un congrès à Bordeaux, mais M. Picard, alors ministre de l’intérieur, y ayant opposé son veto, les délégués n’osèrent passer outre, à l’exception pourtant de ceux de 17 départements qui se réunirent à Lyon — Le congrès ainsi réduit se contenta d’une déclaration de principe peu compromettante, et la chute de la Commune arriva avant qu’ils eussent seulement commencé d’intervenir auprès de Versailles.

La Commune, poussée par une sorte de fatalité, entra alors dans sa période de dictature JacobinoBlanquisle. Elle allait hâter de ses propres mains le moment de sa défaite.

Une Commission exécutive, composée de délégués spécialement responsables, pris dans chaque commission, avait remplacé depuis plusieurs jours l’ancienne Commission exécutive.

Elle contenait les citoyens :

Cluseret, — Guerre.
Jourde, — Finances.
Viard, — Subsistances.
Paschal Grousset, — Relations extérieures.
Frœnckel, — Travail et échange.
Prolot, — Justice.
Andrieu, — Services publics.
Vaillant, — Instruction publique.
Raoul Rigault, — Sûreté générale.

Cette nouvelle combinaison avait un inconvénient grave. Elle plaçait les membres de la Commission exécutive dans cette alternative, ou de manquer à la direction de leurs services respectifs, dont ils étaient responsables, ou de ne point assister aux séances journalières que nécessitaient les nombreuses affaires dont l’exécutive avait pour mission de surveiller la bonne et prompte exécution.

Une telle organisation ne pouvait se prolonger et il devint évident pour tous qu’il la fallait modifier.

Profitant avec empressement de cette disposition générale des esprits, le citoyen Miot, imbu de préjugés soi-disant révolutionnaires et de traditions assez embrouillées dans son esprit, proposa et fit accepter par la majorité de la Commune la plus désastreuse des résolutions : la création d’un Comité de salut public.

La portée véritablement révolutionnaire du mouvement communaliste ainsi inauguré par le 18 mars, allait être ainsi reniée par ceux-là même qui avaient reçu mission de l’affirmer et de la défendre.


  1. Ex-maire du 3e arrondissement.
  2. Rédacteur de l’Avenir national.
  3. Peintre d’histoire.
  4. Publiciste, disciple de M. Littré.
  5. Docteur en médecine, autrefois admirateur et disciple de Blanqui.
  6. Il va sans dire que nous n’entendons parler ici que de l’action générale des divers groupes conciliateurs cités par nous. La brochure que vient de publier M. Lockroy (L’Assemblée et la Commune) et qui est une œuvre à la fois courageuse et loyale, nous est une suffisante preuve de la sincérité que certains membres de ces groupes apportèrent dans leurs agissements personnels.
  7. Cet article fournit à la presse l’occasion d’accuser la Commune d’inconséquence, attendu, disait-on, que le chiffre de 800 francs était supérieur à la pension accordée à la veuve. On n’a point fait attention que la pension mentionnée dans cet art. 4 ne s’applique qu’à ceux dont le défunt était le soutien indispensable, l’âge ou la maladie des ayant droit les mettant dans l’impossibilité absolue de pourvoir pour tout ou partie à leur existence. La veuve au contraire était considérée comme pouvant ajouter par ses ressources personnelles à la pension qui lut était accordée pour l’aider seulement à se subvenir après la mort de son mari.
  8. Voir aux pièces justificatives, XVIII.
  9. Voir aux pièces justificatives, XIX.
  10. C’étaient les citoyens Arthur Arnould, Avrial, Beslay, Victor Clément, Clémence, Géresme, Langevin, Lefrançais, Miot, Roatoul, Vallès, Verdure, Vermorel. — Les noms en italique sont ceux qui votèrent cette fois seulement avec la minorité.
  11. C’est ainsi par exemple que, membre de la Commune, il combattait avec la plus grande énergie toute pensée de traiter avec Versailles, et qu’il accusait sans cesse la minorité de n’avoir pas d’autre but, tandis que comme journaliste, il prêchait chaque jour la nécessité d’une entente conciliatrice.
  12. Déjà, le 3 avril, il avait à la Commission exécutive dont il faisait partie, prétendu qu’il était indispensable qu’il partit pour Marseille où on le réclamait, disait-il, à grands cris pour diriger le mouvement… qu’il savait fort bien d’ailleurs avoir été déjà étouffé.
  13. Voir aux pièces justificatives, XX.
  14. Voir aux pièces justificatives, XXI.
  15. Salle de la Redoute, rue de Grenelle-Saint-Honoré, pour le rite Écossais et salle du Casino, rue Cadet, pour le rite Français.
  16. Il va sans dire que nous n’entendons parler ici que de l’institution eu elle-même et non de la composition de ses membres.