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Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3/Texte entier

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Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3
Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, Texte établi par Sébastien Charléty (Commission de publication des documents diplomatiques français), Imprimerie nationale (p. 1-520).

DOCUMENTS DIPLOMATIQUES FRANÇAIS
1871-1914.

1re SÉRIE. — TOME III.

1.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, à M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin.

D. s. no .
Paris, 2 janvier 1880.

J’ai l’honneur de vous envoyer ci-joint les lettres de rappel qui, suivant le désir que vous avez témoigné, sont destinées à mettre fin à votre mission auprès de la Cour de Berlin[1]. Je vous laisse d’ailleurs à apprécier par vous-même le moment qui paraîtra le plus convenable pour en opérer la remise et je vous serai obligé de vouloir bien continuer à diriger en attendant les services de l’ambassade[2]. Je vous prie de transmettre au Gouvernement allemand l’assurance que la modification ministérielle[3] qui vient de se produire en France n’amènera aucun changement dans les principes auxquels obéit notre politique étrangère. Nous souhaitons de conserver avec l’Allemagne en particulier les rapports amicaux que vous aviez été chargé d’établir et que vous avez su assurer à la satisfaction mutuelle des deux Gouvernements ; notre sentiment à cet égard ne saurait varier ; nous avons l’espoir que la Chancellerie impériale y répondra de son côté par les mêmes dispositions que vous avez rencontrées auprès d’elle pendant toute la durée de votre séjour à Berlin.

2.

M. de Ring, Agent diplomatique et Consul général de France au Caire, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D. n°8.
Le Caire, le 5 janvier 1880.
(Reçu : Cabinet, 19 janvier ; Dir. pol., 19 janvier.)

Gordon Pacha est arrivé avant hier au Caire. J’ai reçu sa visite le lendemain matin. Les récits qu’il m’a faits de son long gouvernorat au Soudan, de ses expéditions, de ses guerres, et en dernier lieu de son ambassade auprès du Roi Joannès m’ont vivement intéressé. Contrairement aux bruits qui circulent ici sur son compte dans les sphères gouvernementales, je l’ai trouvé parfaitement sain, de corps et d’esprit, bien que pourvu d’une dose d’originalité qui dépasse notablement la moyenne parmi ses compatriotes. Gordon Pacha paraît avoir été surpris de l’effet produit ici et à Londres par le télégramme dans lequel il développait le plan de céder Zeïla[4] à l’Italie ; aussi a-t-il cherché à me persuader qu’il n’y avait jamais songé sérieusement et que son intention avait simplement été de faire sortir l’Angleterre et la France, les protectrices naturelles de l’Egypte, de leur indifférence par rapport à la question abyssinienne. Un instant plus tard cependant il me dit : « L’Italie a besoin d’un exutoire. Faute de pouvoir donner un emploi utile aux esprits inquiets qui abondent chez elle, cette Puissance est toujours à la veille de s’engager dans une aventure en Europe. Elle vous gêne et elle gêne l’Autriche. Si l’on lui ouvrait un champ d’activité à l’entrée de la mer Rouge, tout le monde s’en trouverait bien, surtout l’Egypte qui n’aurait plus à craindre pour ses frontières, et les créanciers égyptiens ». Après m’avoir exposé cette théorie, que je n’ai pas jugé opportun de discuter avec lui, Gordon Pacha m’a demandé si son projet fictif (sic) avait causé quelque émoi (sic) à Paris. Je l’ai rassuré à cet égard en lui disant qu’on ne paraissait pas s’en être occupé au Quai d’Orsay ; que du moins les dépêches qui m’étaient parvenues n’y faisaient aucune allusion.

Gordon Pacha croit fermement que les jours de la domination du Roi Joannès sont comptés.

Lui-même ne retournera pas au Soudan ; il paraît dès à présent décidé à se retirer du service égyptien.

Ses compatriotes ici sont très divisés de sentiments à l’égard de cette résolution ; tandis que les uns y applaudissent, les autres la déplorent. Quant à M. Malet, il se borne à dire que le brave général a besoin d’un repos mérité par ses longs et brillants services dans un pays très fatigant pour les Européens.

3.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, à M. Fournier, Ambassadeur de France à Constantinople.

D. no 7.
Paris, 9 janvier 1880.

Dans un entretien que j’ai eu ces jours derniers avec Lord Lyons, il a été, entre autres choses, question du nouveau projet de rectification des frontières de Grèce, présenté aux Gouvernements par mon prédécesseur[5]. Vous savez que toutes les Puissances, excepté l’Angleterre, ont déjà formellement approuvé notre proposition, et nous ont promis leur concours.

Autant que je puis en juger par le langage de l’Ambassadeur de Sa Majesté Britannique, la raison qui a retardé jusqu’ici la réponse du Foreign Office semblerait être qu’à Londres on a voulu, avant de se prononcer, attendre l’issue de la crise ministérielle qui a amené la formation du Cabinet actuel[6] [7]. Lord Lyons m’a, en effet, demandé si je comptais maintenir intégralement la combinaison suggérée par M. Waddington, contre laquelle mon interlocuteur n’a d’ailleurs présenté aucune objection.

Je lui ai répondu que j’étais parfaitement résolu à persévérer dans la même voie, et je me suis empressé d’exprimer l’espoir que la Grande-Bretagne n’hésiterait pas à se rallier au plan très équitable qui vient d’être agréé par toutes les autres Puissances. L’insuccès des Conférences turco-helléniques de Prévéza[8] et de Constantinople ayant démontré clairement que la délicate question agitée dans la 13e séance du Congrès de Berlin[9] n’avait plus aucune chance d’être tranchée par une entente directe entre les parties intéressées, l’heure était évidemment venue où l’Europe avait un intérêt réel à intervenir pour mettre le plus tôt possible un terme à des discussions qui la fatiguent et qui retardent en Orient le règlement de bon nombre d’affaires importantes.

Or, il paraissait bien difficile, au point où en sont venues les choses, et après l’échec successif de tant de projets hellènes et ottomans, qu’il pût encore surgir une proposition nouvelle aussi satisfaisante pour les deux pays limitrophes, et aussi acceptable pour toutes les Puissances que la transaction présentée par M. Waddington.

M. l’Ambassadeur d’Angleterre m’a promis de rendre compte de notre entretien à son Gouvernement.

J’ai invité d’autre part M. l’amiral Pothuau à insister auprès de Lord Salisbury afin d’obtenir une réponse, et nous ne saurions maintenant tarder beaucoup à la recevoir.

4.

M. de Noailles, Ambassadeur de France à Rome, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D. n° 8.
Rome, 9 janvier 1880.

Les journaux italiens annoncent que deux bâtiments de la Compagnie Rubattino ont jeté l’ancre dans la baie d’Assab, sur la côte sud occidentale de la mer Rouge, au nord de la côte des Somalis, dans l’Erythrée actuelle, et en ont pris possession. J’ai déjà eu l’occasion d’adresser au Département quelques renseignements relatifs à cette expédition. J’ai su depuis, et d’une manière positive que le Gouvernement italien l’avait préparée de longue main et qu’il y attachait une grande importance. Le mot d’ordre avait été donné à tous les journaux de garder le silence à ce sujet. C’est par une indiscrétion du Popolo Romano que l’on a su, au mois de novembre dernier, qu’une expédition allait partir prochainement pour Assab.

À cette occasion, je dois signaler à Votre Excellence les articles assez nombreux parus dans les journaux italiens sur l’Egypte et sur Tunis. C’est le journal de M. Crispi, la Riforma, qui se montre le plus ardent. On dirait que l’Italie a, sur toute l’Afrique, des droits imprescriptibles, et que c’est lui faire tort, presque l’offenser, que de ne pas s’y effacer partout devant elle. C’est ainsi que l’Italie voit d’un œil jaloux les efforts que nous avons faits pour sauver d’une catastrophe imminente les finances égyptiennes[10] et empêcher que la banqueroute ne livre l’Egypte en proie à ceux qui la convoitent. Elle voit aussi de mauvais œil que la France, justement soucieuse des intérêts spéciaux que lui crée le voisinage de l’Algérie et de la Tunisie, cherche à développer son influence dans la Régence et tienne à ce que cette influence reste toujours prépondérante. Cette disposition d’esprit malheureusement n’existe pas que dans le journalisme italien, elle se retrouve dans le Gouvernement et j’ai pu remarquer à plusieurs reprises que le Cabinet actuel présidé par M. Cairoli montrait une impatience que ne témoignait pas, l’hiver dernier, le Cabinet que dirigeait M. Depretis. J’ai été moi-même sondé à ce sujet sous le couvert d’entretiens platoniques et de conversations officieusement amicales. Je n’ai pas laissé engager la discussion comme on l’aurait voulu. J’ai même donné à la conversation un certain tour de badinage qui me permettait, sans froisser aucune susceptibilité, d’employer des arguments plus énergiques qu’on ne le fait d’habitude dans les conversations d’affaires. Je crois, en effet, très important de ne laisser entrer dans l’esprit des Italiens aucune illusion dont ils chercheraient plus tard à s’autoriser contre nous, ni de laisser échapper aucune parole, même de complaisance, qu’ils ne manqueraient pas ensuite d’invoquer.

Depuis que j’ai l’honneur de représenter la France en Italie, je me suis tenu toujours sur une extrême réserve, et spécialement pour ce qui touche la Tunisie ; j’ai, résistant à des sollicitations qui me venaient de différents côtés, toujours repoussé toute idée, toute apparence d’engagements qui pourrait à quelque titre que ce soit lier dans l’avenir notre liberté, que nous avons tout intérêt à garder pleine et entière, quels que puissent être d’ailleurs nos desseins.

J’espère que cette manière de voir aura l’assentiment de Votre Excellence et que l’attitude que j’ai cru devoir maintenir sera approuvée par elle.

P. S. — Je signalerai à l’attention de Votre Excellence une lettre d’un voyageur allemand M. Rohlfs qui invite l’Italie à fonder une colonie dans la Tripolitaine. Cette pièce se trouve aux pièces jointes.

5.

Le général Chanzy, Ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D. n° 1.
Saint-Pétersbourg, 12 janvier 1880.
(Reçu : Cabinet, 20 janvier ; Dir. pol., 21 janvier.

[Bon accueil fait à Saint-Pétersbourg au nouveau Cabinet français. Conversation sur le Monténégro.]

Tout ce que j’ai entendu et recueilli, dans ces derniers jours, me confirme de plus en plus l’opinion que j’ai constamment émise dans ma correspondance avec votre prédécesseur, en cherchant à bien définir la situation ici, et à réduire à leur juste valeur les insinuations évidemment malveillantes et certainement intéressées, au moyen desquelles on s’efforce habilement et dans un but facile à apercevoir de fausser cette situation aux yeux de l’Europe. En Russie, on désire la paix, et on sent qu’on en a besoin. Ni le souverain, ni la nation ne semblent vouloir la guerre ; et, en dehors d’une réorganisation toute naturelle des forces militaires, des précautions obligées sur la frontière de l’ouest, la plus menacée, aucune mesure pouvant impliquer des projets belliqueux n’a été prise dans ces derniers temps. Les renseignements demandés par M. Waddington à notre Consul général de Varsovie confirment pleinement à ce sujet ceux que j’avais fournis moi-même. Je considère donc comme dénués de fondement les articles alarmants qui paraissent en ce moment dans quelques journaux de Berlin, de Vienne et de Londres, articles qui semblent émaner de la même inspiration, et qui préparent évidemment quelque machination politique qu’il est bon de surveiller. La Gazette de Cologne, dans son numéro du 4 de ce mois, a été tout particulièrement violente à l’endroit de la Russie qu’elle accuse d’être seule a vouloir troubler la paix. Ce même article contient un avertissement qui paraît, aux yeux de tous, adressé à la France ; aussi a-t-il produit ici une grande émotion. On souffre donc beaucoup de la persistance de ces accusations ; la nation, parce qu’elle sent d’où elles partent, et que ses antipathies pour l’Allemagne augmentent à chaque froissement ; l’Empereur, parce que, malgré son désir évident d’entente, et ses avances pour maintenir les relations d’autrefois avec la Cour de Berlin, une influence contraire paralyse tous les efforts.

Les gens sérieux, qui cherchent à voir les choses telles qu’elles sont, vont jusqu’à accuser l’inspirateur de la politique allemande d’aider sciemment aux menées du parti révolutionnaire en Russie, en mettant l’Empereur en contradiction avec les véritables sentiments de la nation.

[On voudrait savoir à Saint-Pétersbourg si M. de Saint-Vallier restera à Berlin. Bruits prématurés d’entente entre l’Angleterre et la Russie sur les affaires d’Asie. Inquiétudes générales mais vagues.]

6.

M. de Ring, Agent diplomatique et Consul général de France au Caire, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Le Caire, 12 janvier 1880. 6 h. 10. s.
(Reçu : le 13, à minuit.)

L’état des navires ayant transité le Canal de Suez pendant le mois de décembre dernier accuse deux avisos de guerre italiens, l’Esploratore et l’Ischia, entrés tous deux dans la mer Rouge. Depuis le commencement de janvier, la Compagnie du Canal n’en a pas signalé d’autres. Le premier des bâtiments précités est parti de Massaouah pour Assab vers le 24 décembre, ainsi que nous l’a mandé par le télégraphe M. Raffray. Il a trouvé en rade d’Assab un bateau marchand du nom de Messina-Genova, dont le commandant avait déjà hissé le pavillon italien sur la côte, fait creuser des puits et installé des baraques.

L’aviso de guerre a, de son côté, débarqué des hommes de son équipage pour garder la nouvelle station. Il s’est ensuite dirigé sur Aden, dans le but d’y engager 300 Somalis.

Ces informations ont été télégraphiées au Khédive de Massaouah, à la date du 8 janvier, et reçues par Son Altesse le 10. Le Ministre des Affaires étrangères, auquel elles furent communiquées hier, me les a apportées ce matin. Elles viennent d’un officier d’ordonnance du Khédive qui est parti d’ici, il y a 25 jours environ, avec la mission secrète de faire un rapport sur ce qu’il verrait à Assab. À bord du bâtiment de guerre égyptien le Sennaar, qui l’a transporté à Assab, il n’y avait pas de troupes de débarquement. La discrétion que Votre Excellence me recommande m’a empêché de m’assurer si le Gouvernement égyptien a expédié cet officier spontanément, ou sur l’instigation de l’Angleterre. Je penche néanmoins vers la première supposition. Le Ministre des Affaires étrangères m’a d’ailleurs avoué avec une visible contrainte que des explications ont été échangées récemment entre les Cabinets anglais et italien au sujet de l’affaire, mais sans préciser leur nature. Je n’en apprendrai pas davantage, à moins de m’adresser à M. Malet. Vous seriez donc plus facilement renseigné par la voie de Londres ou celle de Rome.

Mustapha Pacha conteste au surplus absolument la légitimité des titres de propriété invoqués par la Compagnie Rubattino et le Gouvernement italien. Ce dernier, par contre, prétendrait qu’il y a dix ans il aurait réussi à convaincre de cette légitimité le Gouvernement égyptien. Le fait est que des notes ont été échangées à cette époque entre les deux Cabinets à propos d’un traité conclu peu de temps auparavant par la Compagnie avec un chef de la côte. Seulement, toute trace en a disparu au Ministère des Affaires étrangères égyptien dont le local a été incendié dans l’intervalle.

7.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à l’Amiral Pothau, Ambassadeur de France à Londres.

D. n° 8.
Rome, 15 janvier 1880.

M. l’Amiral, votre dépêche confidentielle du 12 de ce mois me rend compte du premier entretien que vous avez eu avec le marquis de Salisbury après votre retour à Londres. Parmi les questions que vous avez abordées, celle qui présente l’intérêt le plus immédiat pour nous est assurément l’affaire des frontières grecques, et vous avez répondu de tout point aux intentions du Gouvernement en pressant le Principal Secrétaire d’État de la Reine de vous faire connaître le plus tôt possible la manière de voir du Cabinet de Londres sur le projet de transaction suggéré par la France[11]. Toutes les autres Puissances signataires du traité de Berlin ont émis un avis favorable à cette combinaison ; mais la réussite n’en saurait être assurée tant que l’Angleterre se maintient dans la réserve.

Lord Salisbury, tout en disant qu’il n’était pas encore prêt à formuler une réponse, vous a fait entendre quelques observations d’où il est sans doute permis de préjuger dans une certaine mesure des sentiments du Gouvernement britannique. Sur le fond même de notre proposition, il a objecté qu’elle attribuait à la Grèce une portion de territoire trop considérable du côté de la Thessalie. Quant à la forme sous laquelle elle devrait être présentée aux deux parties intéressées, il a exprimé l’opinion qu’il conviendrait de la leur soumettre à titre de simple conseil, et qu’il était désirable que les Puissances s’abstinssent de toute action collective pouvant entraîner des mesures de coercition matérielle.

[Arguments de M. Waddington repris par M. de Freycinet pour soutenir le projet rationnel de démarcation proposé par la France. Le Ministre désire une intervention décisive des Puissances, mais purement morale et exclusive de toute action matérielle.]

8.

M. de Blignières, Contrôleur général français des Finances égyptiennes, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D.
Le Caire, le 26 janvier 1880.
(Reçu : Dir. pol., 5 février.)

Dès mon arrivée au Caire, j’ai pu constater que le Khédive et ses Ministres avaient un très vif désir de voir la liquidation financière se terminer sans le concours d’une Commission plus ou moins internationale.

Ils comprennent parfaitement qu’il est très difficile de limiter en fait les attributions de commissaires désignés par les cinq grandes Puissances et que, quelque soin qu’on prenne de définir leurs pouvoirs, ils pourraient toujours entraver la marche de l’administration actuelle, qui fonctionne assurément assez mal, si on se place au point de vue de la perfection absolue et même de nos idées européennes, mais cependant aussi bien que possible si on tient compte du désordre que nous avons trouvé partout.

Je ne puis pas ne pas partager cet avis et telle est aussi l’opinion de M. Baring. Nous avons déjà dans la Commission de la Dette un Autrichien et un Italien. Dans la Commission de liquidation, nous aurions de plus un Allemand. Ce serait une consécration nouvelle du principe de l’internationalité qui peut, suivant nous, entraîner en Égypte de très funestes conséquences.

Nous espérons du reste pouvoir proposer aux créanciers de la Dette non consolidée des conditions assez favorables pour qu’il soit à présumer que la très grande majorité sinon l’unanimité les acceptera. Si cependant il en était autrement et si le Gouvernement égyptien ne trouvait aucun autre moyen d’écarter les difficultés qui seraient soulevées, il serait temps alors de reprendre des négociations qu’actuellement il serait préférable de traîner en longueur. Autant les créanciers désiraient au mois d’octobre dernier la nomination d’une Commission, autant aujourd’hui, ils la verraient avec regret, car ils espèrent, et non sans raison, obtenir à bref délai le paiement intégral ou partiel de leurs créances et ils comprennent que ce paiement serait ajourné si une Commission devait refaire ou même contrôler le travail déjà fait dans les bureaux du Ministère.

9.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à M. de Bâcourt, gérant du Consulat général de France à Bucarest.

T.
Paris, le 29 janvier 1880, 8 h. s.

Nous serons heureux de nous mettre d’accord le plus tôt possible avec le Cabinet de Bucarest pour la reconnaissance officielle de l’indépendance de la Roumanie. Mais il est au moins un point sur lesquel il nous parait nécessaire d’obtenir un éclaircissement préalable. Le paragraphe 5 du nouvel article 7 de la constitution roumaine déclare que les Roumains seuls et les naturalisés roumains pourront acquérir des immeubles ruraux ; toutefois les droits acquis seront respectés. Comme nos nationaux étaient jusqu’à ce jour en possession du droit d’acquérir des immeubles ruraux en Roumanie, nous comptons que la loi nouvelle ne portera aucune atteinte à l’état de choses dont ils doivent conserver le bénéfice, et qu’ils pourront dès lors continuer à acquérir des immeubles comme par le passé. Mais il serait bon que cette interprétation fût fixée soit par une déclaration officielle faite au Gouvernement français, soit au moins par une décision de principe émanant de la Cour de cassation et réglant la jurisprudence. D’après des renseignements particuliers, j’ai lieu de penser que les Ministres roumains se prêteraient volontiers à cette dernière combinaison[12].

10.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à M. de Ring, Agent diplomatique et Consul général de France au Caire.

T.
Paris, le 30 janvier 1880, 2 heures soir.

Je viens de lire votre dépêche du 19 janvier, n° 15[13]. Nous ne désirons certainement pas que l’action de l’Angleterre en Égypte se traduise par une mainmise sur les grands services d’intérêt public ou par la concession à des nationaux anglais d’avantages qui rompraient au détriment de la France l’équilibre d’influence que nous nous efforçons de maintenir. Nous ne saurions donc voir avec faveur l’exploitation des chemins de fer et la navigation du haut Nil passer entre des mains exclusivement anglaises, et vous devez vous efforcer d’écarter une combinaison semblable ou du moins d’obtenir qu’elle soit accompagnée de garanties ou de compensations de nature à nous désintéresser. Toutefois, je vous prie de ne pas perdre de vue l’intérêt supérieur qui s’attache à ce que rien n’altère notre bonne entente avec l’Angleterre dans les questions de politique générale relatives à l’Égypte.

11.

M. de Moüy, Chargé d’affaires de France à Vienne à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D. n° 14.
Vienne, le 31 janvier 1880.
(Reçu : Cabinet, 4 février ; Dir. pol., 6 février).

J’ai été reçu hier en dernière audience par le Ministre des Affaires étrangères. Notre entretien, auquel le baron de Haymerlé a donné un caractère particulièrement affectueux et confidentiel, a parcouru les différents objets de la politique de l’Autriche-Hongrie. Le Ministre m’a dit d’abord qu’il désirait insister sur le sens de l’entente austro-allemande et m’assurer encore qu’elle ne devait inquiéter la France à aucun degré[14] qu’elle n’avait eu en vue aucun arrangement qui nous fût contraire et que pour m’en donner une nouvelle preuve, il voulait me lire un télégramme adressé par le comte Andrassy au comte Beust au moment où le prince de Bismarck quittait Vienne[15]. Bien que ce document m’ait été représenté comme très secret par le baron Haymerlé, je ne doute pas que l’Ambassadeur d’Autriche-Hongrie à Paris ne l’ait fait connaître en son temps à M. Waddington, et il est même évident, pour moi, d’après la forme même du style, qu’il était destiné à être communiqué. Quoi qu’il en soit, cette pièce reproduit les considérations que le Cabinet de Vienne a fait valoir plusieurs fois auprès de nous sur les dispositions favorables avec lesquelles le Gouvernement Impérial envisage notre situation dans le concert européen et sur l’impossibilité de supposer qu’il ait cherché, en quoi que ce soit, à nous nuire en se rapprochant de l’Allemagne. Le comte Andrassy fait allusion, pour se défendre de toute pensée hostile à notre égard, aux sympathies qu’il n’a cessé de témoigner à la France pendant le Congrès de Berlin. En achevant cette lecture, le baron Haymerlé à développé le même thème avec une certaine complaisance en s’appliquant à représenter l’entente comme une œuvre essentiellement dirigée dans le sens de la paix générale.

[Réflexions personnelles de M. de Moüy sur l’alliance austro-prussienne.

Le baron de Haymerlé commence ensuite « une sorte de revue des diverses questions pendantes en Orient ». Il déclare que l’Autriche considère uniquement la Bosnie et l’Herzégovine « comme des positions défensives » ; elle n’a pas, à l’égard de la Serbie, d’autre préoccupation que d’assurer ses communications avec la Turquie et avec la mer. En ce qui concerne le Monténégro, elle désire seulement que la questions des limites soit réglée avant le printemp.]

Le Ministre en ce moment et à propos des agitations albanaises a fait allusion aux intentions que l’Italie pourrait avoir de ce côté et m’a exprimé, en insistant sur le caractère confidentiel de ces observations, les inquiétudes que les menées de l’Italia Irredenta causaient au Gouvernement Impérial. « On n’a pu voir ici sans surprise, a-t-il ajouté, que des Ministres du Roi fussent en aussi bons termes avec les chefs avoués d’une coterie révolutionnaire dont le but notoire est de s’emparer de territoires appartenant à un pays voisin. Nous ne doutons pas assurément que le Roi et son Gouvernement ne soient contraires à ces aspirations et nous sommes demeurés fort calmes en cette circonstance, mais enfin il y a là des symptômes qui gênent les relations des deux pays. Au surplus, les menées de ce parti, si peu nombreux qu’il soit, vous intéressent comme nous. » Je crois pouvoir conclure de ces considérations qu’il existe en ce moment un refroidissement assez sensible entre le Cabinet de Vienne et celui du Quirinal et que l’Autriche-Hongrie chercherait, si quelque nouvel incident venait à se produire, à éveiller de ce côté notre sollicitude.

[Question de la reconnaissance de la Roumanie. Le baron Haymerlé est toujours prêt à soutenir le tracé des frontières grecques proposé par M. Waddington. Il se plaint des menées panslavistes en Bulgarie.]

J’ai dit, en me retirant, au Ministre des Affaires étrangères, que de l’ensemble de notre conversation il paraissait résulter que sur aucune des questions dont il m’avait entretenu il n’y avait de divergence entre nos deux Gouvernements. Je me plaisais à constater, au moment où je quittais Vienne, les bonnes relations qui existent entre nous, les excellentes dispositions où se trouvait le Cabinet Impérial et auxquelles correspondaient exactement les nôtres.

[M. de Montmarin, premier secrétaire de l’ambassade, accrédité comme est chargé d’affaires.]

12.

M. de Moüy, Chargé d’affaires de France à Vienne à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Vienne, le 2 février 1880, 6 h. 30 soir.
(Reçu : 2 février ; 8 h. soir.)

J’ai été reçu aujourd’hui en audience particulière par l’Empereur. Nous devons considérer cette audience comme un témoignage de sympathie pour la France, car Sa Majesté ne reçoit ordinairement à leur départ que les Ministres accrédités auprès de Sa Personne. L’Empereur m’a parlé de ses sentiments amicaux pour notre pays et de son désir de le voir prospérer ; il a insisté sur sa satisfaction de nous savoir décidés à suivre une politique essentiellement pacifique. J’ai renouvelé à cet égard à Sa Majesté les assurances que vous m’aviez chargé de faire entendre à son Gouvernement.

[L’Empereur approuve les explications données par le baron de Haymerlé.]

13.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à M. de Ring, Agent diplomatique et Consul général de France au Caire.

T.
Paris, le 3 février 1880, 7 heures soir.

Vous m’avez rendu compte dans votre télégramme du 12 janvier d’ouvertures qui vous ont été faites par les Ministres du Khédive en vue de la convocation d’une Commission internationale au Caire pour la révision des Codes égyptiens et du règlement d’organisation judiciaire. Il est incontestable que cette question de la révision des institutions judiciaires de l’Égypte doit s’imposer très prochainement à notre sollicitude. Le mode de procéder qui vous a été proposé me paraît rationnel[16], et vous pouvez dès à présent donner à Fakri Pacha l’assurance que nous sommes disposés à entrer dans l’ordre d’idées qu’il vous a indiqué. Toutefois, je ne vous transmettrai une réponse définitive qu’après que j’aurai pu me renseigner sur les intentions de l’Angleterre.

14.

L’Amiral Jauréguiberry, Ministre de la Marine et des Colonies, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D.
Paris, le 5 février 1880.
(Reçu : Dir. pol., le 6 février 1880.)

J’ai lu, avec toute l’attention qu’elle mérite, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, hier, au sujet de la question du Tonkin.

Ainsi que vous vous le rappelez sans doute, lorsque, dans le sein du Conseil des Ministres, cette délicate affaire a été traitée, je me suis montré très opposé, non seulement à l’occupation du Tonkin, mais encore à toute ingérence de notre part dans les affaires de ce pays. J’ai fait valoir alors les raisons que vous développez vous-même dans la lettre précitée au sujet des difficultés que nous créerait notre intervention à cause du voisinage de la Chine et de l’opposition que ferait certainement à des projets de ce genre la Cour de Hué.

Vous pouvez donc être assuré que je ne prendrai aucune mesure avant d’y avoir été amené par la volonté formellement exprimée du Gouvernement, appuyé sur un vote de la Chambre des Députés et du Sénat qui auraient, d’ailleurs, même pour une occupation restreinte du Tonkin, à voter les crédits nécessaires.

15.

Note remise par lord lyons, Ambassadeur d’Angleterre à Paris, le 7 février 1880

Lord Salisbury is desirous of consulting Monsieur de Freycinet on the question of recognising Roumania.

He himself considers that no advantage would be gained by deferring the recognition any longer. He would however be disposed to accompany it with an intimation to the Roumanian Government that the alteration made by them in their legislation is accepted in the full confidence that by a liberal execution of it they will bring the operation of their law into exact conformity with the spirit of the Treaty of Berlin.

Lord Salisbury is assured that the German Government is prepared to adhere to any agreement come to between England and France on the subject[17].

Lord Salisbury désire consulter M. de Freycinet sur la question de la reconnaissance de la Roumanie.

Lui-même considère qu’il n’y a pas d’avantage à différer plus longtemps la reconnaissance. Il serait cependant disposé à insinuer en même temps au gouvernement roumain qu’on accueille la modification apportée par lui à sa législation avec l’assurance qu’une application libérale du nouveau statut mettra le nouveau régime en plein accord avec l’esprit du Traité de Berlin.

Lord Salisbury est certain que le Gouvernement allemand est disposé à adhérer à tout accord à intervenir à ce sujet entre l’Angleterre et la France.

16.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, aux Représentants diplomatiques de France à Vienne, Constantinople, Athènes, Pétersbourg, Rome, Berlin.

T.
Paris, le 7 février 1880, 1 heure soir.

Nous n’avons pas encore été saisis officiellement d’une proposition anglaise relative à la question des frontières grecques que Lord Beaconsfield semble annoncer dans son discours au Parlement. Mais, vers la fin de janvier, dans un entretien avec l’amiral Pothuau au sujet de la transaction suggérée par M. Waddington, le marquis de Salisbury, sans adopter ni repousser explicitement cette combinaison, a indiqué que l’Angleterre préférerait s’en remettre de la fixation de la nouvelle frontière à une commission spéciale, qui serait envoyée sur les lieux, et dont elle serait disposée à accepter les décisions prises à la majorité des voix[18].

J’ai cru nécessaire de réclamer au Cabinet de Londres un supplément d’explications sur la manière dont il comprend l’application pratique de son idée. Il me paraît essentiel en effet que les Puissances avisent promptement à l’adoption d’une ligne déterminée dans ses traits généraux, et destinée à servir de base aux opérations ultérieures de la démarcation proprement dite. Cette tâche d’un caractère essentiellement politique ne peut guère être confiée à une commission ordinaire de délimitation. S’il fallait attendre que les détails du tracé fussent étudiés sur les lieux, la perspective de délais, peut-être indéfinis, risquerait de provoquer beaucoup d’agitation dans les esprits, et de compromettre le maintien de la paix, tant en Grèce que dans les provinces turques[19].

Nous attendons la réponse du gouvernement anglais à ces observations dont je ne doute pas que la justesse ne frappe les Cabinets de Vienne, Pétersbourg, Rome et Berlin.

17.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à M. de Ring, Agent diplomatique et Consul général de France au Caire.

L. Très confidentiel.
Paris, 8 février 1880.

Depuis mon entrée au Département des Affaires étrangères, je lis fort attentivement votre correspondance relative à nos affaires d’Égypte. Il me reste dans l’esprit quelques doutes, au sujet desquels je serais bien aise d’avoir votre pensée tout entière.

Je désirerais savoir :

1° Si notre influence en Égypte vous paraît actuellement plus grande qu’à l’époque où nous n’avions pas encore inauguré, dans ce pays, l’action en commun avec l’Angleterre ;

2° Si cette action en commun vous paraît s’exercer sur le pied d’une complète égalité, autant du moins que le permettaient les situations précédemment acquises par les deux pays ;

3° Si la politique actuellement suivie vous paraît, au point de vue français, susceptible de modifications, sinon en son principe, au moins dans les détails d’exécution et en quoi devraient consister ces modifications.

Je vous prie de me donner librement votre opinion sur hommes et choses, aussi bien sur ce qui se passe autour de vous que sur l’impulsion émanée du Département même des Affaires étrangères.

Enfin, je désire avoir un mémoire mûrement réfléchi, suffisamment détaillé, abordant nettement tous les points principaux et m’exposant complètement la situation, telle que vous la comprenez, dans l’intérêt de votre pays.

18.

Le Prince de Hohenlohe, Ambassadeur d’Allemagne à Paris, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

L.
Paris, le 8 février 1880.

J’ai reçu le projet de note que vous avez fait rédiger dans le but de reconnaître la Roumanie et que vous avez bien voulu me communiquer. Je me suis empressé de l’envoyer au prince de Bismarck en le priant de me répondre par télégraphe s’il a des observations à faire à cette note[20].

19.

L’Amiral Jaurès, Ambassadeur de France à Madrid, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D. n° 7.
Madrid, 9 février 1880.
(Reçu : Cabinet, 12 février.)

Dans une conversation que j’ai eue ces jours derniers avec le Président du Conseil, M. Canovas del Castillo m’a parlé des chefs marocains qui sont venus en Espagne pour demander à devenir sujets de Sa Majesté Catholique et offrir l’annexion de leurs territoires qui avoisinent la place de Melilla.

Le Gouvernement espagnol a pensé qu’il ne devait pas, en ce moment, écouter des propositions qui pourraient lui créer quelques embarras et il a refusé de laisser venir à Madrid ces chefs marocains qui sont restés à Malaga ; mais ceux-ci paraissent vouloir obtenir une réponse définitive et auraient dit que si l’Espagne ne voulait pas accueillir leurs propositions ils savaient à qui s’adresser pour être mieux reçus.

C’est sans doute par suite de cette allusion que M. Canovas a tenu à savoir si l’attention du Gouvernement français avait été éveillée par la démarche des chefs de tentes des environs de Melilla et si j’avais reçu quelques instructions à cet égard. N’en ayant reçu aucune, j’ai dû me tenir dans des généralités en me basant sur ce que M. Waddington m’avait dit verbalement, à savoir que la France ne verrait pas d’un œil jaloux les progrès que l’Espagne pourrait faire un jour dans le Maroc. Au fond, et malgré certaines réticences sous lesquelles il était assez difficile de deviner sa pensée exacte, j’ai compris que M. Canovas del Castillo aurait voulu savoir si, au cas où les chefs marocains se tourneraient vers nous, nous serions disposés à annexer leurs territoires et à porter notre frontière jusqu’aux abords de Melilla.

En terminant, et après m’avoir dit d’abord que certainement l’Espagne préférerait nous avoir pour proches voisins plutôt que des Kabyles barbares et pillards, le Président du Conseil a fini par ajouter que le statu quo était ce qui lui paraissait préférable et qu’il allait négocier avec le Maroc pour que les chefs qui se trouvent à Malaga puissent retourner chez eux sans y être inquiétés, ce qui était dire que l’Espagne allait les couvrir d’une sorte de protectorat.

Tels sont les détails d’une conversation qui m’a paru devoir intéresser Votre Excellence.

P. S. — Je crois utile de joindre à ce qui précède la copie d’une lettre écrite ces jours-ci de Melilla et publiée par un journal ministériel.

20.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à l’Amiral Pothau, Ambassadeur de France à Londres.

T.
9 février 1880, 7 h. 45, soir.

Si vous ne pouvez absolument voir Lord Salisbury, tâchez de voir Lord Beaconsfield et d’obtenir la véritable pensée du Cabinet anglais sur l’affaire grecque. Nous voyons les plus grands inconvénients à la prolongation du statu quo. Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/59 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/60 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/61 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/62 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/63 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/64 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/65 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/66 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/67 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/68 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/69 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/70 Page:Documents diplomatiques 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échéance, la fin de l’administration actuelle ne semblent pas de nature à l’empêcher de donner suite à une proposition qu’elle considère comme efficace puisqu’elle l’a présentée ; tout au contraire elle doit désirer accomplir le plus rapidement possible les projets qu’elle a conçus et ne pas laisser à d’autres soit la faculté de les modifier, soit l’honneur de les réaliser. L’empressement que mettrait en cette circonstance le Cabinet dont Lord Beaconsfield est le chef serait la meilleure preuve de sa confiance dans la combinaison dont il est l’auteur et je ne puis hésiter à croire qu’il voudra, en se hâtant de donner suite dans l’ordre des faits à la pensée qu’il nous a communiquée, garder l’avantage d’avoir préparé, par une conception personnelle, la conclusion d’une affaire qui depuis le Congrès de Berlin préoccupe si vivement l’Europe. Je vous invite donc à insister de nouveau, en vous inspirant de ces considérations en même temps que de celles dont je vous ai entretenu à plusieurs reprises pour que le Gouvernement de la Reine saisisse dès à présent les Puissances de sa proposition sous une forme précise et catégorique et hâte ainsi, autant qu’il dépend de lui, la réunion de la Commission internationale.

87.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, aux Ambassadeurs de France à Londres, Berlin et Saint-Pétersbourg.

T.
Paris, 11 avril 1880, 1 h. 50 soir.

Après de nouveaux tiraillements, l’entente paraît s’être définitivement établie entre la Porte ottomane et le Monténégro sur le projet d’échange territorial que vous connaissez[21]. Le Chargé d’Affaires d’Italie m’annonce que la signature de l’acte préliminaire entre les deux parties a dû avoir lieu hier soir à Constantinople. Son Gouvernement attache de l’importance à ce que les formalités destinées à revêtir cet accord d’une sanction définitive soient accomplies sans retard, de peur que de nouvelles difficultés ne viennent une fois de plus compliquer la situation. Le Gouvernement austro-hongrois nous a également témoigné son désir de hâter autant que possible l’accomplissement de ces formalités. Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/121 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/122 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/123

93.

M. de Montholon, Chargé d’affaires de France à Constantinople, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Péra, 18 avril 1880, 12 h. 50 soir.
(Reçu : 3 h., soir.)

Je viens de signer avec les représentants des Puissances le protocole relatif aux limites de la Turquie et du Monténégro[22].

La Porte télégraphie au Gouverneur général de Scutari de procéder sans retard à l’évacuation conformément à l’acte officiel de cession.

94.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, à M. de Noailles, Ambassadeurs de France à Rome.

T.
Paris, 19 avril 1880, 8 h. 15 soir.

Le Chargé d’affaires de France à Tunis me fait savoir que M. Rubattino a averti la compagnie anglaise du chemin de fer de la Goulette qu’il protestait contre la cession faite à la compagnie française[23].

D’après les renseignements qui m’ont été donnés par M. Géry, cette cession a été consentie dans des conditions parfaitement régulières. La compagnie anglaise a rompu ses pourparlers avec M. Rubattino parce qu’elle voulait être payée comptant et que M. Rubattino se montrait hors d’état de satisfaire à cette exigence. C’est alors que sont intervenues les offres de M. Géry et elles ont été immédiatement acceptées. M. Rubattino se ravisant paraît avoir donné àentendre qu’il apporterait non seulement lagarantie financière du Gouvernement italien, mais celle de la maison Rothschild, et qu’il donnerait un prix de troismillions de francs, et même plus encore, au lieu du prix de deux millions six cent mille francs payé par M. Géry.

Cette ouverture tardive n’a pas pu être prise en considération, l’affaire étant déjà définitivement conclue avec la compagnie française.

Vous remarquerez que le Gouvernement français est demeuré absolument étranger à cette transaction, à laquelle il n’a prêté ni appui financier, ni appui moral. Nous ne saurions toutefois admettre que le Gouvernement italien, qui Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/125 Solms, Ministre impérial à Madrid, délégué à la Commission, d’instructions l’invitant à conformer son attitude, son langage et ses votes à ceux de son collègue de France en se concertant au besoin avec lui pour régler sa conduite[24].

Après m’avoir fait cette importante communication de la part du Chancelier, le prince de Hohenlohe m’a répété qu’il tiendrait beaucoup à recevoir de nous quelques indications confidentielles qui lui feraient connaître le point de vue auquel nous nous plaçons pour envisager l’affaire, et lui permettraient de donner au comte de Solms des instructions précises dans le sens de nos vues.

96.

M. de Montholon, Chargé d’affaires de France à Constantinople, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Péra, 24 avril 1880, 10 h. 50 soir.
(Reçu : 25 avril ; 1 h., matin.)

Les signataires du protocole du 18 avril se sont réunis aujourd’hui à 3 heures chez l’Ambassadeur d’Angleterre pour s’entendre sur la forme à donner aux représentations à faire à la Porte relativement à la violation de l’article du mémorandum relatif à l’évacuation[25].

Une protestation a été rédigée, signée sur l’heure et envoyée à Savas Pacha.

En voici les conclusions :

Pour ces motifs et en attendant les instructions de leurs Gouvernements respectifs auxquels ils en ont référé, les signataires du protocole croient de leur devoir d’attirer la plus sérieuse attention de la Porte sur la grave responsabilité qu’elle encourrait si elle ne remédiait pas immédiatement à cet état de choses. Le moyen le plus efficace est que les troupes ottomanes réoccupent sans retard les positions pour rétablir les choses dans l’état où elles étaient avant l’évacuation et être ainsi à même de procéder dans le plus bref délai sur les bases du mémorandum à la remise régulière des territoires cédés au Monténégro. »

Votre Excellence voudra bien me fixer sur l’attitude que je devrai observer ultérieurement[26]. Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/127 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/128 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/129 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/130 dont la régularité ne saurait faire l’objet d’aucun doute sérieux. Vous indiqueriez que d’ailleurs nous sommes demeurés complètement étrangers à la transaction intervenue entre la compagnie anglaise et la compagnie française, et vous ne dissimuleriez pas la très fâcheuse impression que ne manquerait pas de produire en France toute parole pouvant donner à penser que le Gouvernement italien se propose d’user de son influence pour combattre [illisible] développement des intérêts de nos nationaux en Tunisie.

102.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, à M. de Montholon, Chargé d’affaires de France à Constantinople.

T.
Péra, 29 avril 1880, 8 h. 30 soir.

Les informations que vous me transmettez et celles qui me parviennent de Scutari et de Cettigné ne laissent aucun doute sur la très grave responsabilité qui incombe à la Porte ottomane dans le conflit engagé entre les populations albanaises et le Monténégro[27]. L’insuffisance des instructions envoyées aux autorités locales et la connivence évidente de ces dernières mettent directement en cause le Gouvernement turc. Dans ces conditions, nous ne pouvons accepter comme satisfaisantes à aucun degré les explications que résume votre télégramme de la nuit dernière. Ainsi que cela a été indiqué dans la protestation collective du 24 avril, il nous paraît indispensable que la Porte fasse réoccuper par ses troupes les districts qu’elle s’est engagée à remettre au Monténégro. Il n’y a pas d’autre moyen pour elle de dégager sa parole, et l’abstention dans laquelle elle paraît vouloir se renfermer aurait pour résultat de tourner contre elle le sentiment unanime de l’Europe.

Veuillez joindre vos représentations énergiques à celles des agents des autres Puissances et associez-vous à toutes les démarches qu’ils feront pour obtenir l’exécution loyale de l’arrangement consacré par leurs signatures. Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/132 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/133 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/134 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/135 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/136 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/137 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/138 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/139 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/140 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/141 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/142

113.

M. Léon Say, Ambassadeur de France à Londres, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D. n°46. Confidentiel
Londres, 10 mai 1880.
(Reçu : Cabinet, 11 mai ; Dir. pol., 14 mai.)

Je vous ai envoyé une dépêche télégraphique[28] relative à la proposition de Lord Granville de convoquer pour le 15 juin la commission de la délimitation des frontières grecques, à Berlin ou à Paris, en la composant des Ambassadeurs résidents et en leur adjoignant d’autres commissaires techniques et spéciaux.

Lord Granville a aussi abordé avec moi la question du Monténégro. Il a eu avec le comte Karolyi un entretien dans lequel il s’est assuré que l’Autriche était très prononcée contre l’emploi de la force. Lord Granville a ajouté qu’à lui aussi une intervention armée, italienne par exemple, paraissait inadmissible. Faire intervenir les Puissances pour annexer par la force au Monténégro des populations qui s’y refusent serait une entreprise véritablement impossible. Lord Granville ne voit en dehors d’une intervention armée que trois moyens de sortir de la difficulté pendante :

1° Terminer promptement l’affaire des frontières grecques et mettre la ligne albanaise en face des Grecs et des Monténégrins réunis, ce qui permettrait d’espérer que les décisions des Puissances seraient mises à exécution ;

2° Chercher un arrangement avec les Albanais et obtenir, si l’on peut, par la persuasion l’abandon des districts contestés, en leur promettant de les aider à réaliser l’organisation qu’ils désirent pour leur pays ;

3° Enfin, et ce serait selon Lord Granville la méthode la meilleure, chercher pour le Monténégro une compensation d’un autre côté et laisser les districts contestés à la Turquie. Cette compensation ne pourrait évidemment se trouver que du côté de l’Herzégovine et l’Autriche pourrait ne pas s’y prêter. Cependant il a semblé à Lord Granville que l’Autriche ne devait pas être absolument décidée à s’y refuser, car le comte Karolyi lui a parlé d’un compromis comme étant une chose désirable et il est difficile d’imaginer un autre compromis pratique. Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/144 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/145 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/146 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/147 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/148 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/149 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/150 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/151 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/152 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/153 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/154 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/155 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/156 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/157 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/158 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/159 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/160 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/161 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/162 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/163 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/164 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/165 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/166 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/167 un incident assez important, M. le comte Ludolf ayant dit qu’on devait avant tout examiner si les censaux seraient protégés, je me suis étonné d’une semblable demande ; car, à mon avis, la protection leur est encore plus nécessaire qu’aux employés des consulats, pour lesquels on a peu à redouter, tandis qu’il nous serait impossible d’envoyer des agents commerciaux dans l’intérieur, s’ils n’étaient protégés. M. Canovas del Castillo, entrant dans les vues du Plénipotentiaire d’Autriche-Hongrie, est même allé plus loin, car il a voulu déduire du texte même de la convention de 1863 que la protection ne devait pas être la même pour les censaux et les employés des Consulats. Je me suis énergiquement élevé contre une semblable interprétation de la convention de 1863, et j’ai déclaré que, pour nous, les censaux étaient et devaient être dans la même situation que les autres protégés, ajoutant que depuis 17 ans il en était ainsi.

Le Plénipotentiaire de Belgique ayant demandé qu’on discutât sur l’ensemble des numéros 14, 15 et 16, je ne me suis pas opposé à cette proposition qui était appuyée par M. le comte de Casal-Ribeiro et par plusieurs autres Plénipotentiaires ; mais ici s’est présenté un second incident. Au lieu de laisser, comme cela semblait naturel, la discussion s’engager sur l’ensemble des articles 14, 15 et 16 des propositions marocaines de Tanger, M. Canovas del Castillo a demandé à Cid Mohammed Bargach s’il persistait à maintenir les demandes de Tanger. Le Plénipotentiaire marocain, ne comprenant pas très bien tout d’abord le but de cette demande, ne savait trop que répondre ; il était bien évident, cependant, que ce qu’on voulait de lui, c’était qu’il retirât ses demandes de Tanger pour que la discussion s’établît sur celles de l’Angleterre, dont le premier article nous enlève le droit de prendre des censaux dans l’intérieur, ce à quoi les Marocains n’avaient pas pensé en présentant les demandes 14, 15 et 16. Cid Mohammed Bargach s’étant rendu compte de la portée de l’interrogation du Président a déclaré alors qu’il retirait ses demandes de Tanger, que le Maroc était malade et qu’il demandait aux Plénipotentiaires de trouver un remède à sa maladie.

Immédiatement, le Président a consulté les Plénipotentiaires pour savoir quelles propositions on allait discuter ; or, comme Cid Mohammed Bargach venait de retirer les siennes, il ne restait plus que les propositions anglaises.

Les Plénipotentiaires d’Allemagne, de France et d’Italie demandèrent cependant que la discussion s’engageât sur le même terrain qu’à Tanger, c’est-à-dire sur les articles 14, 15 et 16 des propositions marocaines. Tous les autres Plénipotentiaires ayant demandé qu’on discutât les propositions de la Grande-Bretagne, je déclarai alors que, du moment que la Conférence prenait cette décision, j’étais obligé de la prier de s’ajourner afin de me permettre de communiquer à mon Gouvernement les nouvelles propositions anglaises. La séance fut alors levée.

La gravité de ce qui précède n’échappera pas à Votre Excellence, et je n’ai pas besoin d’insister sur ce fait étrange et considérable du Plénipotentiaire marocain retirant toutes ses demandes de Tanger et de Madrid et s’effaçant complètement, pour ainsi dire, pour laisser à l’Angleterre le soin de porter atteinte à nos droits et à nos intérêts[29].

Ce n’est plus le Ministre des Affaires étrangères du Sultan, Cid Mohammed Bargach que nous avons devant nous, c’est Sir J. Drummond Hay avec sa pensée unique et constante de saper notre influence et de ruiner notre commerce au Maroc.

P.-S. — Je joins au procès-verbal de la séance du 1er juin, qui contient les nouvelles propositions anglaises, les propositions que le Plénipotentiaire d’Autriche-Hongrie a annoncé l’intention de déposer et qu’il m’a communiquées.


145.

M. Léon Say, Ambassadeur de France à Londres, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

Londres, 2 juin 1880, 3 h. matin.
(Reçu : 6 h 30, matin.)

Lord Granville m’a dit ce soir qu’il n’avait pas réussi à obtenir de l’Autriche un dédommagement pour le Monténégro du côté de l’Herzégovine en échange des districts contestés[30], mais qu’il s’était mis d’accord avec l’Autriche sur un dédommagement entre le lac de Scutari et la mer dont la prise de possession serait facile. Lord Lyons doit vous en parler aujourd’hui. Il m’a recommandé un secret scrupuleux vis-à-vis de la Turquie.

Lord Granville a reçu sans observation ma communication sur vos intentions de donner le titre de Ministre Plénipotentiaire à l’agent français à Belgrade. Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/170 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/171 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/172 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/173 eues dans ces derniers temps avec l’Italie à Tunis, et sur le prix considérable que nous attachons à pouvoir compter pour l’avenir, comme nous avons été en droit de le faire jusqu’à ce jour, sur l’appui sympathique de l’Angleterre dans toutes les questions relatives à notre position dans la Régence.


151.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, à M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin.

T.
Paris, 5 juin 1880, 11 h. m.

D’après les renseignements de M. Léon Say, l’Angleterre aurait négocié secrètement avec l’Autriche pour obtenir en faveur du Monténégro un dédommagement en échange des districts albanais ; l’Autriche s’étant montrée peu disposée à céder une partie de l’Herzégovine, on se serait mis d’accord pour chercher le dédommagement entre le lac de Scutari et la mer[31]. Ces informations ne nous étant données qu’à titre confidentiel, il convient que vous n’en fassiez pas usage jusqu’à nouvel ordre. Mais vous pouvez dire au prince de Hohenlohe que nous sommes favorables à toute combinaison agréée par l’Autriche qui aurait pour objet de séparer du Monténégro les éléments albanais évidemment réfractaires à sa loi, en assurant à la Principauté une compensation équitable. dans toutes les questions relatives à notre position dans la Régence.


152.

M. Roustan, Chargé d’affaires de France à Tunis, À M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Tunis, le 5 juin 1880, 7 h. 40 matin.
(Reçu : 12 h 45, soir.)

L’aviso italien qui avait quitté Tunis depuis quatre mois est revenu avant-hier et la station est rétablie. Je n’ai pas attaché tout d’abord d’importance à ce fait, mais les commentaires des Italiens et l’inquiétude du Gouvernement tunisien qui y voit un appui et une approbation pour M. Maccio me fait Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/175 avec le Chancelier[32]. Vous remarquerez en particulier que les déclarations fort explicites de notre Ambassadeur sur la nécessité de maintenir intactes les prérogatives des censaux ont rencontré une pleine adhésion de la part de son interlocuteur.


154.

M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Berlin, 6 juin 1880, 6 h. 30 soir.
(Reçu : 8 h., soir.)

Le prince de Hohenlohe me fait connaître que, l’Autriche ayant donné son assentiment à la proposition anglaise d’accorder comme dédommagement au Monténégro un territoire compris entre la mer et le lac de Scutari[33], le Cabinet de Berlin y donne également son adhésion et espère que les autres Puissances approuveront cette solution.

L’Angleterre a présenté en outre une autre proposition tendant à reconnaître à l’Albanie une autonomie limitée ; à Berlin et à Vienne on désire être bien fixé sur cette nouvelle question avant de se prononcer.


155.

L’Amiral Jaurès, Ambassadeur de France à Madrid, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Madrid, 6 juin 1880, 7 h. 40 soir.
(Reçu : 11 h. 30, soir.)

Dans la réunion d’aujourd’hui[34], à la suite de l’exposé que j’ai présenté des raisons qui ne nous permettaient pas d’adopter les propositions anglaises, le Plénipotentiaire d’Angleterre a retiré ses propositions. On a demandé alors à ouvrir la discussion sur les propositions de l’Autriche ; mais le Plénipotentiaire d’Italie a présenté d’autres propositions, beaucoup plus acceptables Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/177 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/178 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/179 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/180

161.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin.

T.
Paris, 12 juin 1880, 8 h. 30 soir.

Dans une conversation que je viens d’avoir avec le général Simmons en présence de Lord Lyons, M. de Courcel, le colonel Perrier et M. de la Ferronays, nous sommes tombés d’accord sur le tracé suivant, qui a été rédigé séance tenante :

(suit la description).

Lord Lyons télégraphie à Lord Granville pour lui demander d’envoyer à Lord Odo Russell l’ordre de défendre avec nous ce tracé au sein de la conférence[35].

M. de la Ferronays sera adjointà M. le colonel Perrier pendant la conférence. Ils arriveront tous deux à Berlin mardi matin.


162.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à Tissot, Ambassadeur de France à Constantinople.

T.
Paris, 12 juin 1880, 10 h. soir.

L’Angleterre, dans des pourparlers confidentiels avec l’Autriche, a examiné un projet de compensation territoriale à offrir au Monténégro entre le lac de Scutari et l’Adriatique, en échange des districts albanais actuellement contestés à l’est du lac.

[Indication sur le tracé que suivrait la frontière[36].]

Cette combinaison nous a été communiquée ainsi qu’aux autres Puissances par le Cabinet de Londres, et elle a été acceptée de commun accord. Je vous prie de vous concerter avec M. Goschen et vos autres collègues pour en faire part à la Porte ottomane.

163.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à Léon Say, Ambassadeur de France à Londres.

T.
Paris, 12 juin 1880, 10 h. soir.

À la demande de Lord Lyons, j’ai télégraphié à M. Tissot de se concerter avec M. Goschen et avec ses autres collègues pour communiquer à la Porte ottomane le projet sur lequel les Puissances sont tombées d’accord et qui attribuerait au Monténégro une compensation territoriale entre le lac de Scutari et l’Adriatique, en échange des districts albanais actuellement contestés à l’est du lac[37].


164.

M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D. n°156. Confidentiel.
Berlin, 12 juin 1880.
(Reçu : Cabinet, 17 juin ; Dir. pol., 20.)

[Le prince de Hohenlohe a entretenu M. de Saint-Vallier du désir de l’Autriche, de l’Allemagne et de l’Angleterre de voir la France proposer à la Conférence un projet de tracé général de frontières turco-grecques. En attendant l’arrivée de ses instructions, M. de Saint-Vallier s’est efforcé de préparer le terrain et en premier lieu d’obtenir l’adhésion de l’Allemagne au tracé français dont il a indiqué les grandes lignes[38]. Le prince de Hohenlohe s’est chargé de faire connaître les propositions françaises au Chancelier.]

Le prince de Hohenlohe s’est fidèlement acquitté de la mission dont je l’avais chargé et m’a apporté le lendemain la réponse du prince de Bismarck dont, pour plus de sûreté, il avait noté par écrit les points principaux, ainsi qu’il l’avait fait la veille, pour ma communication à transmettre au Chancelier.

Il m’a déclaré que le Cabinet de Berlin nous appuierait comme il l’avait fait depuis le Congrès et que nous pouvions compter sur son vote en faveur de nos propositions dont le sens général et le résumé sommaire, tels que je les avais indiqués, semblaient sages et bien conçus[39] ; que l’Allemagne se Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/183 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/184 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/185 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/186 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/187 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/188 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/189

En fait, l’article premier confirme les traités et la convention de 1863 ; le régime établi par les Plénipotentiaires réunis à Madrid répond d’ailleurs à nos exigences légitimes. Vous ne devrez donc pas vous opposer à ce que l’on considère comme acquis ce résultat de la Conférence, quelque incomplet qu’il soit ; la France a donné au cours de ses séances des preuves trop nombreuses de son esprit libéral pour que nous désirions compromettre entièrement les fruits d’une entente entre les Puissances qu’il n’a pas dépendu de nous de ne pas rendre plus complète.

174.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères, à M. de Montebello, Chargé d’affaires à Londres.

D. n°200
Paris, 19 juin 1880.

Notre Ambassadeur à Constantinople a recueilli des détails sur un conseil des ministres qui se serait réuni récemment pour arrêter les termes de la réponse de la Porte à la note des représentants des Puissances relative au Monténégro[40]. Comme vous le verrez par la dépêche ci-jointe en copie de M. Tissot, la Porte s’efforce de devancer l’action commune des Puissances, sans se rendre compte de l’insuffisance des concessions tardives et incomplètes [41].

De son côté, notre agent au Monténégro me mande, par un télégramme d’avant-hier, que le Gouvernement du Prince Nicolas accepte en principe la combinaison anglaise, sauf quelques modifications à la ligne frontière, qu’il regarde comme nécessaires à sa sûreté. Il demande, en outre, que le Gouvernement anglais garantisse la remise régulièreetpacifique des territoires cédés. Je vous prie de me faire savoir comment Lord Granville envisage l’expression de ce vœu.

Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/191 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/192 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/193 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/194 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/195 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/196 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/197

186.

M. de Ring, Agent diplomatique et Consul général de France au Caire, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D. n° 102.
Le Caire, 30 juin 1880.
(Reçu : Cabinet, 13 juillet ; Dir. pol., 15 juillet.)

Conformément aux instructions contenues dans la dépêche que Votre Excellence m’a fait l’honneur de m’adresser le 26 avril sous le n° 36, j’ai communiqué à Mariette Pacha mon projet tendant à créer au Caire une école destinée à entretenir la tradition des grands égyptologues français. L’illustre directeur du Musée de Boulacq, qui, de son côté, avait souvent songé au moyen de conserver à notre pays le premier rang dans l’ordre des recherches auxquelles les Champollion, les Rouge et lui-même sont redevables de leur célébrité, s’est montré profondément reconnaissant de mon initiative et de l’écho sympathique qu’elle a éveillé auprès du Gouvernement de la République. Après nous être pourvus de tous les documents dont nous pouvions avoir besoin, nous nous sommes donc mis à l’œuvre pour ébaucher un plan d’organisation de la future école. Ce plan, dont je m’empresse d’attribuer tout le mérite à mon collaborateur, est rédigé sous la forme d’un projet de décret que Votre Excellence trouvera ci-joint.

[Réflexions de M. de Ring sur la sphère d’activité de l’école à créer. Projet de décret.]


187.

M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Berlin, 1er juillet 1880, 6 h. 33 soir.
(Reçu : 8 h. soir.)

La conférence vient de terminer ses travaux après avoir, dans sa dernière séance[42], signé l’acte final[43] et adopté à l’unanimité, sur ma proposition, la forme de note collective unique au lieu de note identique séparée. L’Ambassadeur de Russie a lu une déclaration d’ordre de son Gouvernement exprimant la satisfaction du Cabinet de Pétersbourg de constater l’heureux accord de l’Europe et le vœu de voir à l’avenir les Cabinets continuer à surveiller en commun l’exécution de l’œuvre du Congrès de Berlin. Le prince de Hohenlohe a prononcé un discours de clôture dans lequel il a affirmé que « la volonté de l’Europe ne saurait rencontrer de résistance sérieuse. »

188.

M. Tissot, Ambassadeur de France à Constantinople, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Thérapia, 1er juillet 1880, 2 h. 30 soir.
(Reçu : 1er juillet, 10 h. s.)

Je viens de faire à Abeddin Pacha la communication dont Votre Excellence m’avait chargé[44]. Bien que très ému par la révélation des dangers auxquels il ne croyait pas jusqu’ici, le Ministre des Affaires étrangères du Sultan m’a exprimé la conviction que, même dans le cas où la Porte, comme je le demandais, consentirait à désavouer les résistances albanaises, et à retirer ses troupes, afin qu’elles ne fissent pas défection, les Albanais refuseraient d’obéir aux ordres du Sultan. C’était, m’a-t-il dit, ce qui venait de se produire du côté du Monténégro ; désirant pour éviter la cession de Dulcigno mettre immédiatement à exécution l’arrangement du 18 avril, le Sultan avait, avant-hier même, télégraphié au Chef de la ligue en l’adjurant au nom de Dieu et du Prophète de ne pas le perdre, en poursuivant leur opposition. Les Albanais n’avaient tenu aucun compte des instances du Sultan. Répondant d’ailleurs aux considérations que j’ai longuement développées sur les dangers que ferait naître la résistance de la Porte au verdict des Puissances, Abeddin Pacha m’a déclaré que la perte de l’Epire entraînerait fatalement pour la Turquie celle de l’Albanie qui, se voyant abandonnée par le pouvoir central, ne manquerait pas de s’en affranchir, et de se donner, soit à l’Autriche, soit à l’Italie, soit enfin à la Grèce. L’Albanie étant d’ailleurs la seule province utile qui restât à l’Empire en Europe, le démembrement serait accompli de fait, soit que la Porte cédât, soit qu’elle résistât aux décisions de Berlin. Son avis personnel était qu’elle devait succomber avec honneur et c’était, a-t-il ajouté, celui de tous les Musulmans. J’ai très vivement combattu cette théorie de suicide politique, mais sans pouvoir faire avouer au Ministre des Affaires étrangères du Sultan que, si le démembrement de l’Empire ottoman était inévitable dans un cas, son salut était non seulement possible, mais probable dans l’autre ; Abeddin Pacha m’a conjuré à la fin de l’entretien d’appuyer auprès de Votre Excellence la suggestion dont il m’avait déjà fait part dans notre précédent entretien.

Le seul moyen, à ses yeux, d’empêcher un conflit sanglant entre l’Albanie et la Grèce, d’éviter à la Grèce d’immenses sacrifices, d’épargner enfin à l’Europe des complications, dont nul ne peut prévoir la portée, était que la France prît l’initiative d’une transaction analogue à celle qui s’était produite par deux fois dans la question du Monténégro, et fît prévaloir le principe d’une compensation du côté de la Thessalie. Abeddin Pacha m’a laissé entendre que cette combinaison laisserait Metzovo à la Grèce, lui donnerait à peu près la ligne de l’Haliacmon et qu’à ces sacrifices s’ajouterait sans doute la cession de l’île de Psara. Du côté de l’Epire, la Grèce acquerrait avec Metzovo les districts grecs de la ligne de l’Arta (Tzoumerkse et Radovitza). À ce prix, Abeddin Pacha répondrait de la pacification de l’Albanie.

[Le Ministre ottoman demande le secret sur cette communication. Dispositions du Sultan. Conversation entre M. Goschen et Abeddin.]

189.

L’Amiral Jaurès, Ambassadeur de France à Madrid, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

D. n° 55.
Madrid, 1er juillet 1880.
(Reçu : Cabinet, 3 juillet ; Dir pol., 4 juillet.)

Ainsi que j’ai eu l’honneur de l’annoncer hier par le télégraphe à Votre Excellence, la Conférence a terminé ses travaux ; car l’acceptation par l’Italie de la mise en vigueur immédiate de la convention, bien qu’encore réservée, ne fait aucun doute, et demain ou après-demain au plus tard la signature aura lieu[45].

Les résultats obtenus satisferont, je l’espère, Votre Excellence, surtout après les difficultés des premières séances dans lesquelles il semblait que la Conférence n’eût pour but que de faire disparaître notre convention de 1863. Désormais cette convention fait partie intégrante de la Convention de Madrid, et aucune atteinte ne peut plus lui être portée.

Nous avons conservé à la famille Benchimol un privilège qui l’honore et qui est la récompense de ses anciens et loyaux services.

Nous avons acquis le droit d’avoir des Consuls dans les villes de l’intérieur le jour où nous le jugerons utile.

Les transactions de notre commerce sont restées assurées par le maintien du droit de prendre des agents commerciaux dans les campagnes, aussi bien que dans les villes.

Le droit de propriété au Maroc a été formellement reconnu pour tous les étrangers.

La situation des naturalisés a été équitablement réglée.

Non seulement nous conservons nos anciens protégés, mais nous avons acquis, en outre, dans une mesure grandement suffisante, le droit d’accorder la protection pour services signalés rendus à la France.

Enfin, notre droit au traitement de la nation la plus favorisée à été affirmé.

Je ne saurais méconnaître que, si nous avons pu ainsi sauvegarder tous nos intérêts, nous le devons en partie à l’appui constant que m’a prêté le Plénipotentiaire d’Allemagne, et à mon accord sur toutes les questions avec le Plénipotentiaire d’Italie.

Je transmettrai à Votre Excellence le dernier procès-verbal dès qu’il me sera parvenu.

P.-S. — Les procès-verbaux des séances des 28 et 30 juin me parvenant à l’instant, je les joins à la présente dépêche.

190.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à M. Tissot, Ambassadeur de France à Constantinople.

T.
Thérapia, 1er juillet 1880, 2 h. 30 soir.
(Reçu : 1er juillet, 10 h. s.)

Votre long télégramme du 1er juillet[46] et celui du 3 dénotent de la part de la Porte ottomane une disposition à la résistance que nous devons considérer comme absolument déplorable. En suivant aveuglément une politique de résistance au vœu de l’Europe, elle met toutes les chances contre elle, et fournit un prétexte plausible à tous les mauvais desseins.

Quant à la suggestion confidentielle que vous a faite Abeddin Pacha, en admettant même qu’elle soit entièrement sincère, il nous est impossible de l’accueillir. Ce n’est pas au moment où les Puissances viennent de prendre sur notre proposition une décision unanime que nous pourrions en mettre nous-mêmes l’autorité en question, en prenant l’initiative de combinaisons nouvelles.

191.

M. de Noailles, Ambassadeur de France à Rome, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Rome, 4 juillet 1880, 6 h. 35 soir.
(Reçu : 9 h. 10 s.)

Pour M. de Courcel.

[Absence momentanée de M. de Noailles.]

Je ne sais rien de positif concernant Rubattino. Comme je vous l’ai déjà écrit, il est soutenu par Balduino et le Crédit mobilier, par une Banque de Turin et celle de Gênes. Il a l’intention de fonder ultérieurement, si cela lui est possible, une société par actions avec un capital considérable. Réduit à ses moyens d’action personnels il ne pourrait risquer dans l’affaire du chemin de fer tunisien[47] beaucoup plus qu’il n’a offert.

Mais comme il me paraît évident que le Gouvernement italien l’encourage et le soutient sous main, il faut se tenir prêt à tout.

J’espère bien que de notre côté on n’hésitera pas devant une question d’argent pour terminer cette ennuyeuse affaire et éviter des tracas sérieux politiques qui pourraient envenimer la situation.

192.

M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Berlin, 5 juillet 1880, 6 h. 11 soir.
(Reçu : 8 h. soir.)

Le prince de Hohenlohe vient de me dire à titre confidentiel que l’Autriche et l’Angleterre ont pressenti hier l’Allemagne pour savoir si elle serait Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/203 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/204 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/205 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/206 et nous ne pouvons que nous féliciter de voir consacrés par l’accord des représentants des Puissances les droits que nous nous étions attachés à défendre. Dégagée des abus dont nous avions été les premiers à réclamer la suppression, la protection sera désormais accordée aux indigènes marocains dans des limites assez restreintes pour n’apporter aucune gêne à l’exercice de la souveraineté territoriale, assez larges pour assurer aux consuls et aux négociants européens la sécurité de leurs rapports avec la population indigène.

[Malgré la différence entre le point de vue du Gouvernement de la République et celui du Cabinet de Londres, M. de Freycinet pense que l’Angleterre accueillera avec satisfaction la transaction finale adoptée par la Conférence.]


199.

M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Berlin, 8 juillet 1880, 4 h. 27 soir.
(Reçu : 5 h. 30 soir.)

Lord Odo Russell vient de faire au prince de Hohenlohe la communication relative au Monténégro que Lord Granville a faite hier à M. Challemel-Lacour[48] et que vous m’avez tranmise par votre télégramme de ce matin. Le prince a répondu que, si l’Angleterre est d’accord avec l’Autriche, l’Allemagne n’a aucune objection contre la marche indiquée ni contre l’exécution de la menace faite à la Turquie si, dans trois semaines, elle n’a pas rempli ses engagements ; cette menace paraît indiquer un projet de démonstration navale.

L’Allemagne n’y prendra pas part, mais ne voit pas d’inconvénients à ce que d’autres Puissances, sans doute l’Angleterre et l’Autriche, s’en chargent.


200.

M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Berlin, 8 juillet 1880, 5 h. 15 soir.
(Reçu : 6 h. 20 soir.)

La Gazette Nationale, feuille d’opposition, renferme ce matin un article aussi fâcheux que violent contre nous au sujet de Tunis ; le prince de Hohenlohe[49] est venu spontanément me dire son regret de cette publication contraire de tous points aux vues et à la politique du Cabinet de Berlin ; n’ayant pu l’empêcher de paraître, il en fera démentir les assertions mensongères par les journaux officieux. Il a tenu à en connaître l’origine et a appris qu’il a été communiqué par un agent italien et traduit de cette langue. Je vous enverrai par la poste cet article regrettable.


201.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères à M. Tissot, Ambassadeur de France à Constantinople.

D. n° 165.
Paris, 8 juillet 1880.

Depuis la réunion de la Conférence de Berlin, j’ai cru devoir à diverses reprises vous demander de représenter au Sultan et à ses conseillers à quels dangers l’Empire ottoman serait exposé par eux si, obéissant à d’imprudentes suggestions et refusant d’ouvrir les yeux sur les changements considérables qui se sont produits dans l’attitude de l’Europe vis-à-vis de la Sublime Porte, ils s’obstinaient à résister aux recommandations des Puissances médiatrices. Pour vous mettre en mesure de faire une plus vive impression sur Abdul Hamid et ses Ministres, et de donner ainsi plus de force aux conseils amicaux du Gouvernement de la République, je vous ai en même temps fourni des indications précises sur certains projets qui montrent à quel point les Puissances prennent au sérieux l’acte de Berlin et comptent le voir mettre en pratique sans trop de retards. Mon télégramme du 29 juin dernier, dans lequel je vous apprenais que la Russie avait proposé à l’Angleterre de fournir un corps de débarquement de 20.000 hommes pour assurer la prompte exécution de l’arrêt de la Conférence, contenait la plus significative de ces indications[50]. Vous m’avez fait savoir, le 1er juillet[51], que le Ministre des Affaires étrangères du Sultan avait été fort ému par les révélations d’un danger auquel jusqu’alors il n’avait pas cru, mais tout ce que vous a dit Abeddin Pacha au cours du long entretien que vous avez eu avec lui à cette date prouve malheureusement que son émotion n’a pas été assez profonde encore pour l’arrêter dans la voie périlleuse où il est engagé. Il n’en est que plus essentiel d’insister auprès de lui dans le sens des avertissements que nous avons cru devoir lui donner.

Ainsi que vous le verrez dans la copie ci-annexée d’une dépêche très confidentielle du comte de Saint-Vallier[52], l’exactitude des renseignements que je vous avais transmis au sujet de la proposition faite par le Gouvernement russe au Cabinet anglais a été confirmée à notre Ambassadeur par son collègue d’Angleterre. Lord Odo Russell a, il est vrai, ajouté que la réponse du comte de Granville à la suggestion du prince Lobanoff avait été évasive, et M. de Saint-Vallier m’apprend que l’Ambassadeur de Russie à Berlin cherche à atténuer la portée de la démarche faite à Londres, en déclarant que le prince Lobanoff avait émis une idée personnelle, sans instructions de son Gouvernement. Mais le fait seul que l’Ambassadeur de Russie en Angleterre a cru pouvoir entretenir le Cabinet britannique d’une proposition semblable n’est pas moins un symptôme très grave, dont la Porte ottomane aurait tort de méconnaître l’importance.

D’autre part, le comte de Saint-Vallier m’a fait savoir à la date du 5 de ce mois[53] que l’Autriche et l’Angleterre, se préoccupant des velléités de résistance révélées par toutes les manifestations connues des sentiments qui animent le ministère ottoman, ont, dès les premiers jours de juillet, pressenti le Cabinet de Berlin pour savoir si dans le cas où la Turquie adopterait un parti extrême, l’Allemagne serait disposée à prendre part à une démonstration navale, en vue d’appuyer les efforts que pourrait tenter la Grèce pour entrer en possession des territoires qui lui ont été attribués. C’est le prince de Hohenlohe lui-même qui a mis confidentiellement notre Ambassadeur au courant de cette démarche, et lui a fait en même temps connaître sa réponse dont le sens était que l’Allemagne ne refuserait pas l’appui de son pavillon à une démonstration de ce genre, et qu’elle serait prête à participer ainsi, dans une certaine mesure, à une entreprise combinée entre les Puissances pour assurer l’exécution des décisions de la Conférence.

Il serait peut-être utile que vous fissiez part de ce renseignement confidentiel au Ministre des Affaires étrangères de Turquie, et reveniez avec lui sur les indications de même nature que vous lui avez déjà données pour combattre les funestes illusions auxquelles on se laisse encore aller dans l’entourage du Sultan.


201.

M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Berlin, 9 juillet 1880, 6 h. 19 soir.
(Reçu : 8 heures soir.)

Le Roi des Grecs arrivé ici ce matin et partant demain pour Copenhague m’a fait prier de venir le voir. Après m’avoir remercié de mes efforts au Congrès Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/210 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/211 représentations pour la naturalisation de Chahin. Serait-ce donc à Londres que Menabrea aurait obtenu ou croirait avoir obtenu quelque chose ? Dès le commencement, je vous ai écrit que Menabrea serait très ardent dans les affaires de Tunis et il est bien important de savoir si les dispositions actuelles de l’Angleterre sont ce qu’étaient celles de Salisbury. Tout me porte à le croire, mais il serait bon d’en être sûr.

[Affaire d’Assab. Départ de M. de Noailles pour Sorrente.]


205.

M. de Saint-Vallier, Ambassadeur de France à Berlin, à M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères.

T.
Berlin, 10 juillet 1880, 6 h. 10 soir.
(Reçu : 9 heures soir.)

M. Odo Russell après être venu m’en parler a transmis aujourd’hui au Gouvernement allemand deux propositions du Cabinet anglais dont le prince de Hohenlohe vient de m’entretenir.

La première est relative à l’idée d’une démonstration navale combinée à Dulcigno dans trois semaines, si d’ici là la Turquie n’a pas rempli ses engagements pour le Monténégro[54]. Afin de répondre au désir de l’Angleterre et de l’Autriche, le Cabinet de Berlin associera volontiers son action près de la Porte à celle des autres Cabinets, et il enverra un navire de guerre pour représenter son pavillon, si toutes les autres Puissances le font ; mais il désire connaître les intentions de la France et me prie de vous les demander.

La seconde proposition anglaise a pour objet d’offrir les bons offices des Puissances pour concilier les difficultés entre la Russie et la Chine. La dépêche de Lord Granville dit que la France a déjà accepté de se joindre à l’Angleterre et que la Russie se montre reconnaissante et remercie.

Dans ces conditions le prince de Hohenlohe ne voit pas d’objection pour l’Allemagne à prêter ses bons offices ; toutefois, il ne veut pas répondre à l’Angleterre avant de savoir votre manière de voir. Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/213 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/214 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/215 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/216 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/217 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/218 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/219 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/220 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/221 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/222 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/223 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/224 Page:Documents 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(1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/541 toute hypothèse, de prendre les précautions nécessaires pour que le Bey ne puisse pas quitter le Bardo.

Si le Bey opposait à vos ouvertures un refus absolu, vous lui feriez pressentir les conséquences funestes qui pourraient résulter pour lui de sa persistance àméconnaître les intentions amicales du Gouvernement de la République ; vous lui déclareriez que vous êtes dans la nécessité de vous assurer de sa personne, et vous prendriezaussitôt vos dispositions pour garder ce Prince dans son palais, en l’entourant d’ailleurs de tous les égards dus à son rang.

Vous voudrez bien me rendre compte sans aucun retard et par le télégraphe de l’exécution de mes instructions.

Je vous recommande, dans l’accomplissement de la mission délicate dont vous êtes chargé, de concerter toutesvos démarches avec M. Roustan. Voici le texte du Projet de traité.

ANNEXE II.


Le Gouvernement de la République française et celui de Son Altesse le Bey de Tunis, voulant empêcher à jamais le renouvellement des désordres qui se sont produits récemment sur les frontières des deux États et sur le littoral de la Tunisie et désireux de resserrer leurs anciennes relations d’amitié et de bon voisinage, ont résolu de conclure une Convention à cette fin dans l’intérêt des deux Hautes Parties contractantes.

En conséquence, le Président de la République française a nommé pour son Plénipotentiaire M. le Général Bréart, qui est tombé d’accord avec Son Altesse le Bey sur les stipulations suivantes :

Article premier[modifier]

Les Traités de paix, d’amitié et de commerce et toutes autres Conventions existant actuellement entre la République française et Son Altesse le Bey de Tunis sont expressément confirmés et renouvelés.

Article 2[modifier]

En vue de faciliter au Gouvernement de la République française l’accomplissement des mesures qu’il doit prendre pour atteindre le but que se proposent les Hautes Parties contractantes, Son Altesse le Bey de Tunis consent à ce que l’Autorité militaire française fasse occuper les points qu’elle jugera nécessaires pour assurer le rétablissement de l’ordre et la sécurité des frontières et du littoral. Cette occupation cessera lorsque les Autorités militaires françaises et tunisiennes auront reconnu, d’un commun accord, que l’administration locale est en état de garantir le maintien de l’ordre.

Article 3

Le Gouvernement de la République française prend l’engagement de prêter un constant appui à Son Altesse le Bey de Tunis, contre tout danger qui menacerait la personne ou la dynastie de Son Altesse ou qui compromettrait la tranquillité de ses États.

Article 4[modifier]

Le Gouvernement de la République française se porte garant de l’exécution des traités actuellement existants entre le Gouvernement de la Régence et les diverses Puissances européennes.

Article 5[modifier]

Le Gouvernement de la République française sera représenté auprès de Son Altesse le Bey de Tunis par un Ministre Résident, qui veillera à l’exécution du présent Acte, et qui sera l’intermédiaire des rapports du Gouvernement français avec les Autorités tunisiennes pour toutes les affaires communes aux deux pays.

Article 6[modifier]

Les Agents diplomatiques et consulaires de la France en pays étrangers seront chargés de la protection des intérêts tunisiens et des nationaux de la Régence. En retour, Son Altesse le Bey s’engage à ne conclure aucun acte ayant un caractère international sans en avoir donné connaissance au Gouvernement de la République française et sans s’être entendu préalablement avec lui.

Article 7[modifier]

Le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de Son Altesse le Bey de Tunis se réservent de fixer, d’un commun accord, les bases d’une organisation financière de la Régence, qui soit de nature à assurer le service de la Dette publique et à garantir les droits des créanciers de la Tunisie.

Article 8[modifier]

Une contribution de guerre sera imposée aux tribus insoumises de la frontière et du littoral. Une convention ultérieure en déterminera le chiffre et le mode de recouvrement, dont le Gouvernement de Son Altesse le Bey se porte responsable.

Article 9[modifier]

Afin de protéger contre la contrebande des armes et des munitions de guerre les possessions algériennes de la République française, le Gouvernement de son Altesse le Bey de Tunis s’engage à prohiber toute introduction d’armes ou de munitions de guerre par l’île de Djerba, le port de Gabès ou les autres ports du sud de la Tunisie.

Article 10[modifier]

Le présent Traité sera soumis à la ratification du Gouvernement de la République française, et l’instrument de ratification sera soumis à Son Altesse le Bey de Tunis dans le plus bref délai possible. Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/544 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/545 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/546 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/547 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/548 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/549 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/550 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/551 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/552 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/553 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/554 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/555 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/556 Page:Documents diplomatiques français (1871-1914), série 1, tome 3, 1931.djvu/557

ANNEXES[55].

I

M. d’Harcourt, Ambassadeur de France à Londres, à M. Waddington, Ministre des Affaires étrangères.

Londres, 31 mars 1878.

  Mon cher Monsieur,

Je viens d’avoir une conversation intéressante avec le comte Schouvaloff et je m’empresse de vous en donner le résumé.

Le comte a eu hier un entretien avec le Chancelier Lord Cairns, qui s’est empressé de protester contre les intentions belliqueuses qu’on suppose au ministère reconstitué : « Nous voulions, a-t-il dit, prendre certaines mesures que nous jugionsnécessaires pour garantir les intérêts et la dignité de l’Angleterre et que l’opinion publique réclame. Lord Derby faisait objection à tout et mettait obstacle à tout. Le ministère ne pouvait plus marcher et va se trouver maintenantlibre dans ses allures. Soyez assuré que nous voulons la paix, autant que Lord Derby[56]. »

Lord Derby m’avait fait hier la remarque que le nouveau ministère paraissait effrayé de l’impression qu’aurait faite dans le public sa propre retraite et l’appel des réserves et semblait déjà disposé à en atténuer les effets. Les paroles de Lord Cairns sont une preuve de cette nouvelle disposition dans laquelle se trouvent ses collègues.

Après m’avoir communiqué les paroles du Chancelier, le comte Schouvaloff a pris sur son bureau la dépêche encore inachevée qu’il adressait au prince Gortchakoff et dans laquelle il rend compte du dernier entretien qu’il a eu hier avec Lord Derby et m’en a donné lecture. Je vais vous écrire de suite ce que ma mémoire a pu en retenir.

Lord Derby a commencé par les mêmes paroles qu’il m’avait adressées à moi-même. Il espérait que ses anciens collègues débarrassés de la résistance qu’ils avaient toujours rencontrée en lui et déposant l’irritation qu’elle leur avait causée deviendraient plus modérés sous le sentiment de la responsabilité. Il ne les croit pas disposés à la guerre. Lord Beaconsfield est vieux et désire terminer une vie tranquille ; mais il est orateur, a besoin d’obtenir des applaudissements et de conserver sa popularité. Il se laisse souvent entraîner à des écarts de langage qu’il regrette aussitôt.

Lord Salisbury a été longtemps turcophobe ; cela a été son sentiment dominant, tant que la Turquie a existé ; mais maintenant elle est morte et il pense aux intérêts anglais.

Il ne peut plus être question désormais du Congrès[57], mais la voie est ouverte pour des négociations directes. Au Congrès nous aurions été obligés de nous entendre avec l’Autriche, de défendre ses intérêts avec les nôtres. Aujourd’hui il y a facilité pour des négociations directes. Il y a deux articles de votre traité auxquels nous faisons objection, 1 ° votre influence exclusive à Constantinople et l’extension démesurée donnée à la nouvelle Bulgarie.

Sur le premier point, il y a moyen de s’entendre (il est évident que Lord Derby fait ici allusion à l’indemnité d’un milliard que la Russie peut réduire, mais cela n’est point précisé dans la dépêche). Lord Derby continue : « Quant au second point, j’ai toujours répugné à dépouiller une Puissance longtemps alliée, aujourd’hui abattue, mais j’ai raison de croire que mes anciens collègues ne seront pas si scrupuleux que moi. Si vous ne voulez réduire votre nouvelle Bulgarie, ils se contenteront d’une station maritime. »

Je suppose qu’il s’agit de Mytilène.

Le comte Schouvaloff est convenu avec moi que le point de vue de Lord Derby est beaucoup trop optimiste et que l’Angleterre ne se contentera pas de si peu. Je suis pour ma part convaincu que si elle ne se décide pas à faire la guerre pour rétablir un ordre de choses qui convenait à ses intérêts, mais qui ne se peut plus refaire, elle ne donnera pas sa sanction au traité de San Stéfano, même avec les modifications que l’opinion publique russe permettra à son Gouvernement d’y faire.

J’ai acquis la certitude qu’une autre mesure grave a été décidée en même temps que l’appel de la réserve ; mais je n’ai pu pénétrer le mystère et suis hors d’état de préciser ce qui en est.

Croyez-moi, je vous prie, tout à vous bien sincèrement.

d’Harcourt.

Le comte Schouvaloff a dit à Lord Derby qu’il n’engagerait pas son Gouvernement à faire des propositions directes avant d’avoir vu le nouveau ministre et y avoir été encouragé par lui.

II

M. d’Harcourt, Ambassadeur de France à Londres, à M. Waddington, Ministre des Affaires étrangères.

Londres, 27 juillet 1878.

  Mon cher Monsieur,

Je viens de voir Lord Salisbury qui m’a dit ne pas voir d’objection à la dépêche que j’ai reçue de vous ce matin et dont je lui ai envoyé copie de bonne heure, me conformant à vos instructions[58]. Il fait encore quelques difficultés au sujet des paroles qu’il nous aurait dites. Elles n’avaient aucun caractère officiel et il n’en a pas gardé note comme il le fait de toute conversation diplomatique. Elles n’étaient pas, selon lui, une provocation à nous emparer de Tunis, mais une prévision que nous le ferions dans le cas où l’Empire ottoman se désagrégerait de plus en plus. Mais en somme ils sont, Lord Beaconsfield et lui, très disposés à mettre dans une dépêche, qui sera rédigée dans deux ou trois jours, et envoyée à Lord Lyons, que nous pourrions faire de Tunis ce qui nous conviendrait. Lord Salisbury m’a promis communication de la dépêche à Lord Lyons avant qu’elle n’aille à son adresse.

J’ai trouvé Lord Beaconsfield très préoccupé de l’état de l’Allemagne. Il croit que M. de Bismarck sera battu aux élections prochaines et alors que fera-t-il ?. Je vous rendrai compte desa conversation par le prochaincourrier, que je vous renverrai demain ou après. Aujourd’hui le temps me manque et le monde m’entoure.

Votre bien dévoué.

d’Harcourt.
  1. M. de Saint-Vallier avait donné sa démission le 30 décembre 1879. (Télégramme de 1 h. 35 m.).
  2. M. de Freycinet insista d’une façon pressante par un télégramme du 3 janvier, 6 h. 10 du soir pour faire différer par l’ambassadeur la remise de ses lettres de rappel, et M. de Saint-Vallier répondit aussi par télégramme le 5 janvier à 10 h. 58 du soir : « Je garderai la direction de l’ambassade aussi longtemps que vous le jugerez utile. » Le Ministre avait écrit le 4 janvier une lettre très gracieuse à l’ambassadeur.
  3. Du 28 décembre. M. de Freycinet avait remplacé M. Waddington à la Présidence du Conseil et aux Affaires étrangères.
  4. Port de la mer Rouge, sur la côte des Somalis, au sud d’Assab, d’Obok et de Djibouti ; appartient à l’Angleterre.
  5. Voir t. II, 1re série, n° 485.
  6. Voir ci-dessus n°1, note 3.
  7. Note de Wikisource : C'est-à-dire : « Du 28 décembre, M. de Freycinet avait remplacé M. Waddington à la Présidence du Conseil et aux Affaires étrangères. »
  8. A Prévéza, du 7 janvier au 18 mars 1879, les ministres helléniques et ottomans avaient discuté la question de la nouvelle frontière sans arriver à un accord. Leurs successeurs n’avaient pas abouti davantage à Constantinople.
  9. Le 5 juillet 1878, M. Waddington proposait au Congrès d’inviter la Sublime Porte à s’entendre avec la Grèce pour une rectification des frontières dont il indiquait la direction générale.
  10. Voir t. II, 1re série, nos 326, 353, 451, 452.
  11. Voir ci-dessus n° 3.
  12. M. de Freycinet revient sur la question dans un télégramme du 6 février, 3 h. 45 soir qui débute ainsi : « Nous ne saurions admettre en principe aujourd’hui, pas plus que nous ne l’avons fait par le passé, que les Français israélites fussent traités en Roumanie, au point de vue du droit d’acquérir, autrement que nos nationaux appartenant à une des confessions chrétiennes, » M. de Freycinet renouvela encore ses instances le15 février au moment où la France allait reconnaître officiellement le nouveau royaume. Le 8 avril (télégr. de Bucarest, 14 heures soir), M. Bratiano refusait de faire la déclaration officielle qu’on lui demandait ; il affirmait seulement que, « dans la pratique, aucune difficulté ne serait apportée à l’exercice du droit d’acquérir des biens ruraux, sauf pour les Juifs ».
  13. M. de Ring avait annoncé à M. de Freycinet le 19 janvier (D. n° 15) un voyage du duc de Sutherland en Égypte. Le but de ce déplacement était d’ « obtenir au profit d’une Compagnie soi-disant mixte, mais en réalité anglaise, l’exploitation des chemins de fer égyptiens et la concession privilégiée d’une ligne de bateaux à vapeur entre Siout et Assouan ».
  14. Sur le voyage du Chancelier allemand à Vienne en 1879, voir t. II, 1re série, nos 466 et 467. —
  15. Voir t. II, 1re série, n° 468.
  16. Par une Commission siégeant au Caire et comprenant les représentants des gouvernements avec lesquels l’Égypte avait traité directement.
  17. M. de Freycinet écrivait en effet le 9 février à l’amiral Pothuau (D. n° 23) que le prince de Bismarck avait exprimé le même désir à M. de Saint-Vallier et demandé à M. de Freycinet, qui était consentant, de rédiger un projet en ce sens.
  18. Dépêche de l’amiral Pothuau du 20 janvier 1800, n° 7.
  19. Dans une dépêche n° 17 à l’amiral Pothuau du 4 février M. de Freycinet insiste sur la difficulté qu’éprouverait une commission de techniciens à déterminer rapidement le tracé de la nouvelle frontière et à l’imposer aux parties en cause.
  20. Le prince de Bismarck donna son adhésion et la note fut remise le 20 février. (Note du prince de Hohenlohe à M. de Freycinet du 12 février.)
  21. L’acte préliminaire fut signé le 12 avril et le territoire de Goussigné-Plava concédé au Monténégro par le traité de Berlin restait à la Porte qui remettait en échange d’autres territoires délimités par une ligne bleue sur une carte annexée au mémorandum signé par les plénipotentiaires ottoman et monténégrin. Les détails de cette ligne frontière sont également indiqués dans le texte publié dans les Documents diplomatiques, affaires du Monténégro, Paris MDCCCLXXX, nos 70, 72 et en particulier dans l’annexe I.
  22. Voir ci-dessus n°87.
  23. Voir ci-dessus nos89, 91, 92.
  24. C’est ce qu’indiquait très nettement M. de Saint-Vallier dans son télégramme du 23 avril, 11 h. 56 m.
  25. « Les autorités ottomanes, télégraphiait de Péra M. de Montholon le 23 avril à 6 h. 16 s., n’ont pas fait la remise des positions dans le délai prescrit ; elles n’ont donné que sept heures aux troupes monténégrines pour avancer, et, lorsque celles-ci sont arrivées en face des positions, elles les ont trouvées occupées par les montagnards. La responsabilité de la Porte est écrasante. »
  26. M. de Freycinet donne son approbation complète à M. de Montholon par un télégramme du 25 avril, 3 h. 40 s.
  27. La Porte se défendait d’avoir manqué à ses engagements, mais désavouait à moitié le gouverneur générai de Scutari. (Télégr. de M. de Montholon. Péra, 29 avril, 12 h. 40 m.)
  28. 10 mai, à 6 h 15 du soir.
  29. « M. le Plénipotentiaire de la Grande-Bretagne, dit le procès-verbal, demande à présenter quelques observations. Il estime que le Plénipotentiaire du Maroc ayant retiré les additions aux demandes nos 14, 15 et 16 de Tanger, la Conférence devrait discuter d’autres moyens, afin d’arriver, d’un commun accord, à la solution des points dont il s’agit. Mais avant de soumettre à la conférence les propositions (il y en a 9) qu’il a rédigées à cet effet, il doit déclarer que son Gouvernement désire maintenir l’indépendance du sultan du Maroc, ainsi que son autorité dans son propre territoire, et souhaite qu’il soit libéré des abus de la protection étrangère. »
  30. Voir ci-dessus n° 113.
  31. Voir ci-dessus n° 145.
  32. Voir ci-dessus n° 132.
  33. Voir ci-dessus n° 151.
  34. Voir Documents diplomatiques. Question de la protection, déjà cité. Protocole n° 6, p. 200. L’amiral Jaurès dit notamment : « Nous avons, par la Convention de 1863, consenti à réduire à deux par maison de commerce et par comptoir le nombre de nos agents commerciaux. J’ai déjà dit que par cette concession nous étions allés au delà de ce que nous permettaient les intérêts de notre commerce. »
  35. Voir ci-dessus n° 147.
  36. Voir Affaires étrangères. Documents diplomatiques. Affaire, du Monténégro. MDCCCLXXX.
  37. Voir ci-dessus n° 162. La pièce, comme la précédente, a été publiée dans les Documents diplomatiques, Paris, MDCCCLXXX.
  38. Voir ci-dessus n° 161.
  39. Die Grosse Politik, t. III, n° 666. La Politique extérieure de l’Allemagne, t. III, n° 544.
  40. « La note identique à été remise hier à la Porte. » (Tél. de Péra du 13 juin, 8 h. 36 m.).
  41. M. Tissot revenait dans sa dépêche n° 119 du 14 juin sur le procédé de la Porte

    « qui se propose de répondre par trois communications séparées aux trois points dont il est question dans la note du 11 juin. En adoptant ce mode de procéder, les ministres du Sultan ont évidemment eu pour but d’affaiblir l’entente constatée par cette communication…

    Votre Excellence sait également dans quelles limites étroites se renferment les tardives concessions de la Porte. »

  42. Le texte de l’acte final avait été proposé par M. de Saint-Vallier et voté à l’unanimité dans la séance du 28 juin (Télégr. du 28 juin, 8 h. 38 s.). Des télégrammes de M. de Saint-Vallier du 30 juin, 4 h. 38 s., et 6 h. 35 s. montrent que l’Angleterre et l’Allemagne préfèrent comme la France le procédé de la note collective unique à celui de la note identique séparée.
  43. Un télégramme de M. de Freycinet à M. Ternaux-Compans, Chargé d’affaires de France à Athènes, lui annonce la signature de l’acte final de Berlin. La note fut remise le 16 juillet à M. Tricoupis, Président du Conseil des ministres de Grèce (Télégr. de M. Ternaux-Compans du 16 juillet, 4 h. 50 s. et 8 h. 5.)
  44. Le 29 juin, à 8 h. 30 du soir, M. de Freycinet avait télégraphié à M. Tissot : « Vous avez parfaitement bien fait de dire à Abeddin Pacha que le seul moyen pour la Porte ottomane d’éviter le démembrement est d’accepter la médiation de la Conférence de Berlin. »
  45. Elle eut lieu le 3 juillet. (Télégr. de Madrid du 3 juillet ; 1 h. 45 s.). Le texte de la Convention est publié dans les Documents diplomatiques français. Question de la Protection au Maroc, p. 271 et sq.
  46. Voir ci-dessus n° 188. Dans le télégr. du 3 juillet, 10 h. 20 du matin, M. Tissot disait : « Le prince de Hohenlohe s’est beaucoup avancé en affirmant que la volonté de l’Europe ne saurait rencontrer de résistances sérieuses, » (Ci-dessus n° 187.)
  47. Voir ci-dessus n° 184.
  48. Lord Granville était allé tout exprès chez M. Challemel-Lacour pour l’entretenir de la question du Monténégro et l’informer que les Turcs d’Albanie se refusaient décidément à la cession de Dulcigno. Lord Granville était d’avis de donner à la Porte un délai de trois semaines pour s’exécuter. (Télégr. de Londres, du 7 juillet, 1 h. 30 s.).
  49. Le prince suppléait le Secrétaire d’État aux Affaires étrangères et le Chancelier. (Voir Holenhohe (Mém.) trad. franç., t. III, p. 62 et 69.)
  50. Voir ci-dessus n° 183.
  51. Voir n° 188.
  52. M. de Saint-Vallier avait été avisé le 28 juin par le prince de Hohenlohe de la démarche faite à Londres par le prince Lobanoff auprès de Lord Granville (télégr. de Berlin du 28 juin, 7 h. 10 s.). Le télégramme auquel M. de Freycinet fait allusion ici avait été expédié de Berlin le 30 juin à 4 h. 38 s. Dès le 7 juillet, dans sa dépêche n° 250, le Ministre avait fait part à M. Challemel-Lacour des atténuations du comte Sabouroff.
  53. Voir ci-dessus n° 192.
  54. Voir ci-dessus nos 199 et 201.
  55. Les deux pièces publiées en annexe font partie des archives personnelles de M. Francis Waddington. La Commission lui est reconnaissante d’avoir mis libéralement à sa disposition les papiers de son père, M. W. H. Waddington.
  56. Sur la démission de Lord Derby, voir t. II, 1re série, n° 278 et note.
  57. Sur l’échec du Congrès, voir t. II, 1re série, nos 275 et 277.
  58. Voir t. II, 1re série, n° 336.