Le Loup des mers/14

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Traduction par Paul Gruyer et Louis Postif.
Edito Service (p. 171-184).

14

Ces dernières paroles de Thomas Mugridge m’ont laissé rêveur. « Je n’ai jamais eu de mère… », a-t-il dit. Cela m’a fait songer à la mienne.

Ai-je bien toujours prisé à sa juste valeur le bonheur d’avoir une mère ? J’ai toujours été d’une nature un peu égoïste et l’affection féminine m’importunait souvent.

Ma mère et mes sœurs étaient sans cesse autour de moi ; elles s’inquiétaient de ma santé avec sollicitude et me demandaient si je n’avais besoin de rien. C’était avec un véritable désespoir que je les voyais faire irruption, parfois, dans l’antre qui me servait de cabinet de travail, et dans le désordre savant auquel elles s’obstinaient à vouloir remettre leur ordre à elles.

Quand elles partaient, tout était si bien rangé que je ne pouvais plus rien trouver des papiers ni des livres dont j’avais besoin.

Combien à cette heure, hélas, la sensation de leur présence m’aurait été douce ! Et combien agréable le frou-frou de leurs jupes, qui m’horripilait tant !

Si jamais je les retrouve, mon point de vue sera singulièrement modifié. Je supporterai tout avec une patience angélique. J’avalerai, avec un sourire, tous les médicaments utiles ou non qu’elles me présenteront le matin, le jour ou la nuit. Elles pourront bien, à la minute qui leur plaira, envahir mon bureau, l’épousseter, ranger et balayer à leur gré. Moi, pendant qu’elles opéreront, je me renverserai dans mon fauteuil, à les regarder, et je remercierai le ciel de m’avoir donné mère et sœurs.

Où sont les mères et où sont les sœurs, où sont les épouses ou les amies des vingt et quelques hommes du Fantôme ?

C’est une chose malsaine et contre nature, que l’homme vive en dehors du contact de la femme, et la méprise ou dédaigne comme le font toutes les brutes qui m’entourent. La dureté et la sauvagerie sont les résultats de cet isolement. Il n’y a pas d’équilibre dans leur existence. La spiritualité de leur nature s’est atrophiée.

Aucun de ces hommes n’est, ni n’a jamais été marié et, comme Thomas Mugridge, la plupart d’entre eux n’ont jamais, je pense, connu leur mère. Ils sont nés sordidement, d’on ne sait qui, on ne sait où, comme éclosent au soleil les œufs déposés sur le sable par les tortues.

Ils vivront, toute leur existence, en véritables insexués, mi-hommes, mi-brutes, s’irritant et s’abrutissant toujours davantage à leur mutuelle friction, et ils mourront un jour, aussi lamentablement qu’ils ont vécu.

J’ai, l’autre soir, entrepris Johansen à ce sujet. Il m’a déclaré — et ce sont les premières paroles étrangères au service dont il m’a gratifié depuis le début de la traversée — qu’il avait quitté la Suède à dix-huit ans. Il en a trente aujourd’hui et n’est pas, dans l’intervalle, une seule fois retourné chez lui.

Il y a deux ans, il a rencontré au Chili, dans une pension de matelots, un homme qui venait de sa ville natale. Il a, ainsi, appris que sa mère était toujours vivante.

— Elle doit être très vieille ! dit-il d’un air rêveur. (Il baissa les yeux sur la boussole, puis les releva pour jeter un regard sévère à Harrison, qui avait laissé le gouvernail dévier d’un point.)

— Quand lui as-tu écrit pour la dernière fois ? demandai-je.

Il fit, à haute voix, un calcul indécis.

— En 81… Non, en 82… C’est-à-dire, non, en 83. Oui, c’est bien ça, en 83 ! Il y a dix ans… D’un petit port de Madagascar. J’étais à cette époque dans la marine marchande.

Il fit un grand geste, comme pour désigner sa mère, qui était loin, très loin, aux antipodes…

— Chaque année, je projetais d’aller la voir. Alors, à quoi bon écrire ? Et toujours un empêchement survenait. Mais maintenant que je suis passé second, je pourrai faire peut-être le voyage.

« Quand j’aurai palpé ma paie à Frisco, au retour, cinq cents dollars, je m’engagerai sur un voilier anglais, doublerai avec lui le cap Horn, et gagnerai Liverpool ou un autre port britannique. Ce que je toucherai s’ajoutera à mon pécule. De là, je paierai mon passage jusque chez moi et, si ma mère est encore vivante, elle ne travaillera plus.

— Elle travaille donc encore ? demandai-je. Quel âge a-t-elle ?

— Dans les soixante-dix ans.

Et il ajouta, d’un air fanfaron :

— Chez nous, tout le monde travaille, depuis sa naissance jusqu’à sa mort. C’est pourquoi on vit si vieux. Je vivrai jusqu’à cent ans.

Si cette conversation que j’eus avec Johansen, et que je n’oublierai jamais, fut la première, elle fut aussi la dernière. Car les cent ans qu’il croyait atteindre ne devaient pas dépasser la nuit qui suivit.

C’était une nuit calme et chaude. Les vents alizés nous avaient quittés et le Fantôme avançait lentement, d’un mille à l’heure, à peine.

Comme l’atmosphère de l’entrepont était étouffante, je quittai ma couchette, pris sous mon bras ma couverture et mon oreiller, et montai sur le pont pour m’y étendre.

C’était Harrison qui tenait la barre, et je remarquai que la goélette déviait nettement de sa course.

Pensant qu’Harrison s’était endormi, et désireux de lui éviter une réprimande, pire peut-être, je l’interpellai. Mais il ne dormait pas. Ses yeux étaient grands ouverts et il regardait fixement le compas de route. Il semblait très occupé et troublé, et ne me répondit pas.

— Qu’est-ce que tu as ? demandai-je. Tu es malade ?

Il secoua la tête et eut un halètement étrange.

Laissant là ma literie, j’allai le rejoindre et, le secouant par le bras, je grommelai :

— Tu ferais mieux de maintenir ton cap.

Mais Harrison continuait à faire silencieusement tourner la roue. L’aiguille de la boussole vira de nouveau vers le nord-ouest et la goélette reprit son droit chemin.

Désireux, devant le mutisme d’Harrison, de ne pas m’attirer des histoires, je me préparais à regagner, sur le pont, ma couverture et mon oreiller, lorsque je vis une main robuste, dégouttante d’eau, émerger dans les ténèbres, de l’extérieur du navire et s’agripper à la lisse.

Une seconde main se dessina bientôt, près de la première.

Je regardai, comme hébété. Quel visiteur inconnu, surgissant des profondeurs de la mer, allais-je voir paraître ? Tout ce que je savais de certain, c’est qu’il se hissait à bord en s’aidant de la ligne du loch.

Une tête, aux cheveux collés et ruisselants, suivit les mains, et je reconnus le visage et les yeux de Loup Larsen. Il n’y avait pas à s’y tromper, c’était bien lui. Et je remarquai que sa joue droite était rougie de sang, qui coulait d’une blessure à la tête.

D’un mouvement souple, Loup Larsen passa par-dessus la lisse et se releva. Il jeta un coup d’œil sur l’homme de barre, comme pour s’assurer de son identité. L’eau de mer dégoulinait de ses vêtements ; les gouttes tombaient sur le pont en faisant des petits bruits réguliers et très perceptibles.

Comme il s’avançait vers moi, je reculai instinctivement, car je vis une lueur sinistre dans ses yeux.

— Ne vous inquiétez pas, Hump…, me dit-il à voix basse. Savez-vous où est le second ?

Je secouai la tête.

Loup Larsen posa la même question à Harrison, qui répondit :

— Non, capitaine. Je l’ai vu, il y a peu de temps ; il se dirigeait vers l’avant.

— Moi aussi, je me suis rendu dans cette direction tout à l’heure. Mais, comme tu viens de le voir, je ne suis pas revenu par le même chemin.

— Vous êtes tombé à la mer, capitaine ?

Je proposai d’aller voir au poste d’arrière si Johansen n’y était pas.

— C’est inutile, dit-il. Vous ne le trouveriez pas… Hump, venez plutôt avec moi.

Je lui emboîtai le pas. Rien ne bougeait sur le bateau. Nous rencontrâmes trois hommes étendus sur le pont, et qui dormaient. C’étaient les hommes de quart, trois chasseurs de phoques.

— Regardez-moi ces fainéants ! grogna Loup Larsen. Incapables de tenir un quart de quatre heures !

Il les retourna, examina leurs visages et, contre mon attente, les laissa continuer à dormir. Puis il demanda à voix haute :

— Où est l’homme de veille ?

— Ici, capitaine… répondit, en sortant de l’ombre, Holyoak, un matelot, avec un léger tremblement dans la voix. Je venais de fermer l’œil il y a juste une minute… Je le regrette, capitaine. Cela n’arrivera plus.

— Tu n’as rien vu sur le pont ? Ni rien entendu ?

— Non, capitaine. Je…

Mais Loup Larsen s’était éloigné déjà, avec un grognement méprisant, alors que le matelot en était encore à se frotter les yeux et se félicitait, intérieurement, d’en être quitte à si bon compte.

— Silence ! m’avertit Loup Larsen, dans un murmure. (Il se pencha sur l’écoutille du poste d’avant et se prépara à descendre l’échelle.)

Je le suivis, le cœur tremblant. Qu’allait-il se passer ? Je l’ignorais, comme j’ignorais ce qui avait eu lieu. Tout ce que je savais, c’est qu’il y avait eu rixe et effusion de sang, car ce n’était évidemment pas pour s’amuser que Loup Larsen avait passé par-dessus bord, le crâne ouvert. Le second, en outre, manquait.

Le poste d’avant, construit directement à la proue de la goélette, en épousait la forme triangulaire. Sur deux des côtés, les couchettes étaient alignées, en deux rangées superposées. Il y en avait douze, au total, dans cet espace étroit, où douze hommes s’entassaient, pour y manger, dormir et remplir toutes les fonctions de la vie.

Ma chambre à coucher, à San Francisco, qui n’était pas d’une grandeur exagérée, aurait pu facilement contenir une demi-douzaine de pièces semblables. Et, si on tenait compte de la hauteur comparée du plafond, on en aurait casé le double. Ça sentait le sur et le moisi, et, à la lueur confuse de la lampe, je distinguais, du bas de l’échelle, des bottes de mer, des cirés et des vêtements de toutes sortes, pendus à la cloison, entre les couchettes.

À chaque coup de roulis, toutes ces frusques se balançaient, en avant, puis en arrière, avec un bruit pareil à celui de branches d’arbres frôlant, sous le vent, un toit ou un mur. Parfois, une paire de bottes frappait plus pesamment le panneau, à coups irréguliers. Et, malgré la nuit calme, c’était un concert, incessant et sourd, de craquements du bois et de la membrure de la goélette, auquel se mêlaient, en dessous de nous, des clapotis et des rumeurs d’abîme.

Tout le monde dormait, ou faisait semblant, et il y avait huit matelots. L’atmosphère était lourde de la chaleur naturelle de l’air et des relents de leurs haleines, et l’oreille s’emplissait de leurs ronflements, de leurs soupirs et de leurs grognements.

Tous dormaient-ils vraiment, depuis combien de temps et en toute sérénité de l’âme ? C’était le point que Loup Larsen chercherait à éclaircir. Personne ne bronchait.

Loup Larsen décrocha de son piton la lampe à roulis et me la tendit. Puis, pendant que je l’éclairais, il commença son inspection.

Dans la première couchette par tribord, de la rangée supérieure, reposait Oofty-Oofty, un Canaque splendide, ainsi baptisé par les autres matelots. Il était étendu sur le dos et respirait aussi doucement qu’une femme, un bras sous sa tête et l’autre allongé sur la couverture. Loup Larsen mit sur le poignet de l’homme son pouce et son index, et en palpa le pouls.

Le Canaque s’éveilla, aussi placidement qu’il dormait, et sans aucun mouvement du corps. Seuls bougèrent ses yeux, qui s’ouvrirent tout grands, énormes et noirs, et qui nous observèrent, sans un clignotement des paupières.

Loup Larsen mit son doigt sur ses lèvres, pour recommander le silence au dormeur, et les yeux se refermèrent.

Dans la couchette en dessous gisait le gros Louis, qui avait chaud et transpirait. Il était visible que son lourd sommeil, comme celui du Canaque, était dépouillé d’artifice.

Tandis que Loup Larsen lui pressait le poignet, il s’agita, mal à son aise, et arqua son corps, de telle façon qu’il ne portait plus que sur les épaules et les talons.

Les lèvres remuèrent et laissèrent tomber ces paroles énigmatiques :

— Un shilling vaut un quart… Mais sortez vos lampes pour les pièces de trois pence, ou les tenanciers des bars vous les refileront pour des pièces de six pence…

Cela dit, il se roula sur le côté, poussa un lourd soupir et continua :

— Six pence, c’est un tanner, et un shilling c’est un bob, mais ce qu’est un pony, je n’en sais rien[1].

Convaincu que ces deux hommes dormaient du sommeil du juste, Loup Larsen passa aux deux couchettes suivantes, occupées respectivement, comme la lumière de la lampe nous le montra, par Leach et par Johnson.

Alors que Loup Larsen s’inclinait sur la couchette inférieure, pour tâter le pouls de Johnson, je vis Leach, qui était au-dessus, se soulever subrepticement, afin d’observer ce qui se passait. Il devina sans peine la manœuvre de Loup Larsen et ce qui suivrait son expérience, car la lampe s’éteignit soudain dans ma main, nous plongeant tous dans les ténèbres. Au même instant, il dut bondir sur Loup Larsen.

J’entendis un grognement furieux sortir de la poitrine du capitaine et Leach y répondit par un hurlement à figer le sang dans mes veines. On aurait dit la rencontre d’un loup et d’un taureau. Johnson dut se joindre à Leach, presque aussitôt, et je compris que sa platitude des jours précédents, vis-à-vis de Loup Larsen, n’était qu’une ruse voulue, dans une intention préméditée.

J’étais tellement perturbé par cette bataille dans le noir, que je m’accotai contre l’échelle de l’écoutille, tremblant de tous mes membres et incapable de la monter. En même temps, j’étais saisi de cette même douleur au creux de l’estomac, qu’a toujours provoqué chez moi le spectacle de la violence.

Je ne pouvais rien voir, mais j’entendais le choc des coups et le bruit mou que fait la chair, en s’écrasant contre la chair. Puis ce fut le craquement des corps enlacés, le halètement des respirations oppressées, les gémissements entrecoupés, arrachés par une intense et soudaine souffrance.

Plus de deux hommes avaient, sans doute, pris part au guet-apens organisé contre Loup Larsen et le second, et à la conspiration ourdie pour les tuer. Car une recrudescence de coups, de heurts et d’éclats de voix m’apprit que Leach et Johnson avaient reçu du renfort.

— Un couteau… Qu’on me passe un couteau ! criait Leach.

— Frappez sur la tête ! Fendez-lui le crâne ! hurlait Johnson.

Quant à Loup Larsen, après son premier grognement, il s’était tu. Il livrait une lutte farouche et silencieuse pour sauver sa peau.

Il était cerné, enveloppé de toutes parts. Terrassé dès le début de la bataille, il n’avait pu réussir à se relever et, malgré sa force effroyable, je ne doutais pas qu’il ne soit perdu.

La masse des combattants roula sur moi, dans les ténèbres. Cette houle de corps enlacés me renversa. Je parvins cependant, dans la confusion générale, à me traîner jusqu’à une des couchettes basses, où je me hissai et trouvai un abri.

Les autres matelots, qui n’étaient pas du complot et avaient réellement dormi, s’étaient réveillés. Ils demandèrent ce qui arrivait.

— Venez ! Venez tous ! cria Leach. Il y passera ! Nous l’avons !

— Qui ça ? interrogèrent les voix.

— Ce salaud de second ! répondit astucieusement Leach, d’une voix rauque.

Il y eut une bordée de cris de joie et, dès lors, Loup Larsen eut sur le dos huit rudes bonshommes. Le gaillard d’avant ressemblait à une ruche en fureur.

— Qu’est-ce que vous faites là-dedans, nom de Dieu ? cria Latimer, par l’écoutille, trop prudent pour descendre dans cet enfer qui, au-dessous de lui, déchaînait sa rage dans la nuit.

— Un couteau… demanda Leach une fois encore, dans un moment de silence relatif. Est-ce que quelqu’un a un couteau ?

Le grand nombre des assaillants était une cause de confusion dans cet étroit espace. Ils se gênaient mutuellement dans leur effort. Loup Larsen, au contraire, qui ne perdait pas la tête et savait exactement ce qu’il voulait, allait bientôt atteindre son but : l’échelle salvatrice. Si, dans l’obscurité, je ne pouvais suivre des yeux ses progrès, l’ouïe me renseignait.

Aucun autre homme, à moins d’être Hercule en personne, n’aurait pu accomplir le tour de force que réussit Loup Larsen.

Lorsqu’il eut atteint le pied de l’échelle, il se cramponna solidement aux premiers barreaux et, à la seule force de ses bras, il réussit à soulever la masse d’hommes qui s’agrippait à lui pour le maintenir sur le plancher.

Il se releva, et centimètre par centimètre, il commença son ascension. Ce fut le dernier acte du drame, et je le vis admirablement, car Latimer, qui avait été chercher une lanterne, en plongeait la lumière dans l’écoutille.

On ne distinguait, de Loup Larsen, que la grappe vivante, accrochée à son corps. Elle se tortillait en tous sens, telle une monstrueuse araignée aux multiples pattes, et oscillait en avant ou en arrière, au rythme régulier du roulis.

Et toujours, imperceptiblement, la grappe montait avec de longs arrêts, échelon par échelon. Il y eut un instant où elle parut tituber et fut sur le point de s’écrouler. Mais Larsen retrouva sa prise et l’ascension recommença.

— Qui es-tu ? demanda Latimer, tout perplexe et se penchant en avant.

— Loup… Larsen… répondit une voix haletante, qui sortait de la masse grouillante.

Latimer tendit sa main libre. Je vis une autre main apparaître et s’en saisir précipitamment. Le chasseur de phoques tira et les deux derniers échelons furent franchis d’un seul trait.

Alors la seconde main de Loup Larsen s’agrippa au cadre de l’écoutille et, un à un, les hommes lâchèrent prise. L’ennemi leur échappait.

Loup Larsen faisait pleuvoir en arrière une grêle de violents coups de pied, qui renversaient les plus obstinés de ses adversaires. Mais Leach se cramponnait toujours. Il s’écroula, à la renverse, et, jambes en l’air, il vint heurter des épaules et de la tête ses camarades pressés en dessous de lui.

Loup Larsen et la lanterne disparurent et, de nouveau, la nuit nous enveloppa tous.


  1. Tanner, bob et pony, mots d’argot populaire.