Le Loup des mers/20

La bibliothèque libre.
Traduction par Paul Gruyer et Louis Postif.
Edito Service (p. 252-266).

20

Le reste de la journée s’écoula sans incidents ; quelques averses ne firent que nous mouiller les joues.

Après un vif colloque avec Loup Larsen, le quatrième mécanicien et les trois graisseurs allèrent au magasin d’habillement, pour recevoir chacun un équipement de matelot. Loup Larsen leur assigna divers emplois sur la goélette et dans les canots, où ils seraient sous les ordres des chasseurs de phoques, et il leur donna domicile au poste d’avant.

Ils obéirent, en récriminant. Mais ce qu’ils avaient vu du caractère de Loup Larsen les avait justement effrayés et les terribles histoires qui leur furent rapportées sur son compte coupèrent court, chez eux, à toute velléité de révolte.

Miss Brewster — nous apprîmes son nom par le mécanicien — continuait à dormir. Au dîner, je priai les chasseurs de ne pas trop parler haut, afin de ne pas la réveiller.

Ce ne fut que le lendemain matin que la jeune femme fit son apparition à table.

Mon intention avait été que ses repas lui soient servis à part. Mais Loup Larsen ne l’avait pas entendu de cette oreille, et il m’avait demandé quel personnage extraordinaire ce pouvait être, pour ne pas venir manger avec tout le monde.

Lorsque Miss Brewster se fut assise parmi nous, ce fut une vraie comédie qui se déroula. Les chasseurs de phoques se tinrent cois comme des mollusques. Seuls, Jock Horner et Smoke furent un peu moins décontenancés. À la dérobée, ils lançaient de temps à autre des coups d’œil timides à la jeune femme, et se risquaient même à prendre part à la conversation.

Les quatre autres hommes ne quittaient pas du regard leur assiette et, tout en faisant aller leurs mâchoires, ils dressaient les oreilles, à l’imitation des animaux alertés.

Je l’observais moi aussi tout en menant la conversation. Loup Larsen, au début, parlait peu, se contentant de répondre lorsque la parole lui était adressée. Ce n’était pas qu’il fût précisément intimidé. Sa maîtrise de soi et son sang-froid coutumiers ne le quittaient pas et beaucoup plus que moi, il gardait son équilibre mental.

Mais il observait avec curiosité ce spécimen d’une nouvelle espèce qu’il avait devant lui, cet être d’une race différente de la sienne. Son regard, qui ne quittait pas la jeune femme, se promenait de son visage au mouvement des mains et des épaules.

Elle se tourna vers Loup Larsen et le regarda dans les yeux pour lui demander :

— Quand arriverons-nous à Yokohama ?

Nous y étions en plein ! La question était nette et précise.

Les mâchoires s’arrêtèrent de fonctionner, les oreilles se tendirent, mais les prunelles demeurèrent obstinément à contempler les assiettes. Chacun attendait avidement quelle serait la réponse.

— Dans quatre mois, Miss… Peut-être dans trois, si la saison de chasse se termine de bonne heure.

Miss Brewster reprit sa respiration, qui lui manquait, et balbutia :

— Je… Je croyais… On m’avait laissé entendre que Yokohama se trouvait… se trouvait seulement à une journée.

Elle se tut et parcourut des yeux le cercle indifférent des visages rivés sur les assiettes.

Elle fit un effort sur elle-même et prononça :

— Vous n’avez pas le droit de me garder !

— C’est à voir… répondit Loup Larsen. Sur ce point de droit, vous pouvez discuter la question avec M. Van Weyden, ici présent.

Il fit un geste vers moi et reprit :

— M. Van Weyden est ce qu’on peut appeler une autorité en matière de droit. Moi, je ne suis qu’un simple marin et je considère la question sous un autre angle.

Et il conclut galamment :

— Miss, ce sera peut-être, à votre point de vue, un grand malheur de rester aussi longtemps en notre société. Mais pour nous, ce sera certainement une joie.

Il la regarda en souriant. Elle baissa les paupières, puis releva les yeux dans ma direction. Visiblement, elle attendait ma réponse à la question de droit, à laquelle avait fait allusion Loup Larsen.

Je jugeai plus prudent de garder le silence.

— Quelle est votre opinion ? finit-elle par demander.

— Hum, je pense…, répondis-je, je pense que ce retard est bien ennuyeux pour vous. Surtout si vous aviez des engagements pris, pour les mois qui vont suivre.

« Mais, tout compte fait, puisque vous faisiez une croisière pour votre santé… c’est ce que vous nous avez dit tout à l’heure… je peux vous assurer que sur le Fantôme, mieux que nulle part ailleurs, elle sera en mesure de s’améliorer.

Je vis flamboyer ses yeux, car il était visible que je me moquais d’elle. Et ce fut moi, cette fois, qui détournai les miens, tandis que je sentais le rouge m’empourprer le visage.

Évidemment. C’était la peur qui m’avait dicté cette réponse. Mais qu’y pouvais-je faire ?

— M. Van Weyden a parlé ! déclara Loup Larsen. Il faut nous en tenir à son opinion. Oh ! ce n’est pas que ce soit un homme d’une valeur considérable… Mais il parle ici par expérience. Son séjour sur le Fantôme lui a été très profitable. J’aurais voulu que vous le voyiez quand il est arrivé à bord. Il était difficile d’imaginer un spécimen d’homme plus pitoyable. N’est-ce pas, Kerfoot ?

Kerfoot, en s’entendant directement interpeller, en fut si troublé qu’il en laissa tomber son couteau sur le plancher, tout en émettant un grognement affirmatif.

— Mais il est en net progrès, je le reconnais, continua Loup Larsen. C’est en pelant des pommes de terre et en lavant la vaisselle qu’il est devenu quelqu’un. Hein, Kerfoot ?

Un nouveau grognement approuva.

— Regardez-le maintenant ! Ce n’est évidemment pas un athlète. Mais il a des muscles, ce qu’il ne possédait pas quand on l’a repêché. Il a aussi des jambes, sur lesquelles il sait se tenir. Vous ne croiriez jamais, à le voir, qu’il était incapable de se porter lui-même.

Les chasseurs de phoques riaient sous cape et j’étais furieux contre Loup Larsen, qui insultait, devant une femme, à ma dignité d’homme et raillait les jambes qu’il prétendait m’avoir données.

Mais l’inconnue, au lieu de rire de moi, m’observait avec une évidente sympathie. Elle comprenait, sans aucun doute, que j’étais une victime. Et, de cet instant, toute la morgue que j’avais affectée vis-à-vis d’elle tomba. Je me sentis devenir son très humble et très dévoué serviteur.

Je relevai la tête et ripostai, à l’adresse de Loup Larsen :

— Si vous m’avez appris à me tenir sur mes pieds, je ne m’en suis jamais servi pour marcher sur ceux des autres.

Il me regarda avec insolence.

— C’est que votre éducation n’est pas encore terminée, dit-il sèchement. Nous sommes, Miss, très hospitaliers sur le Fantôme. M. Van Weyden, en dépit de ses récriminations, a pu le constater. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre nos hôtes à leur aise. N’est-ce pas votre avis, monsieur Van Weyden ?

— Certainement. Jusqu’à leur faire peler des pommes de terre et laver les plats, comme vous l’avez dit. Sans parler d’essayer de leur tordre le cou, par amitié.

Loup Larsen m’interrompit, avec une feinte inquiétude.

— Miss Brewster, n’allez pas prendre tout ce qu’il dit pour parole d’Évangile ! Vous voudrez bien observer que ce doux agneau porte un poignard à sa ceinture… ce qui est peu ordinaire pour un officier de la marine marchande.

« M. Van Weyden est un excellent garçon, qui mérite beaucoup d’estime. Mais il est parfois… comment dirais-je ? un peu violent. Et il faut bien se défendre. Énergiquement, même. Bien sûr, quand il est calme, comme en ce moment, il n’y a pas d’homme plus gentil. Mais il ne niera pas, je pense, qu’hier, sans remonter plus haut, il m’a menacé de me tuer.

J’étais exaspéré, à en étouffer, et cela devait se voir sur mes traits convulsés, car Loup Larsen, me désignant du doigt, s’écria, avec une infernale mauvaise foi :

— Je vous en prie, Miss, regardez-le. Il écume… Et c’est à peine s’il peut se dominer en votre présence. Vous ferez bien de vous méfier de lui… Ce qui est indéniable, en tout cas, c’est qu’il sait bien mal se tenir devant une femme… Quant à moi, je ne peux circuler sur le pont qu’en étant armé.

Et il secoua tristement la tête, en gémissant :

— Vous avouerez, Miss, que ça n’est pas une vie !

Les chasseurs de phoques s’esclaffaient. Leurs voix caverneuses, grondantes et rugissantes, résonnaient sauvagement dans l’étroit réduit. Toute la tablée était maintenant déchaînée.

Et, pour la première fois, je compris, devant cette femme, combien je m’étais assimilé peu à peu à ces frères de rencontre. J’en étais arrivé à partager leurs processus mentaux, à partager sans dégoût leur existence brutale. Leurs vêtements grossiers, leurs faces rudes, leur rire barbare, le balancement de la cabine et ses lampes à roulis, tout cela m’était devenu à ce point familier que je ne le remarquais même plus.

Tandis que j’étendais du beurre de conserve sur un morceau de pain, mes yeux tombèrent sur ma main. Les doigts en étaient déformés et gonflés, leurs ongles bordés de noir, leurs phalanges à vif et enflammées.

Je sentais un matelas de barbe me descendre sur le cou. La manche de ma veste était déchirée. Le bouton manquait au col de ma chemise bleue, toute chiffonnée. Et le poignard dont avait parlé Loup Larsen pendait bien sur ma hanche, dans son fourreau. Toutes ces choses, et c’était là le plus effrayant, me semblaient, il y a un instant encore, parfaitement naturelles. Une réaction soudaine se produisit en moi et j’avais honte de ce que j’étais devenu.

Mais la jeune femme avait deviné la raillerie que contenaient les paroles de Loup Larsen. De nouveau, je lus la sympathie dans ses yeux, et une sorte d’étonnement décontenancé, alors qu’elle me regardait avec attention. Il était évident qu’elle n’y comprenait rien. Et il y avait de quoi.

Revenant à son idée première d’aborder à terre le plus tôt possible, elle suggéra :

— Nous rencontrerons peut-être un bateau qui me prendra avec lui…

— Dans les parages où nous sommes, nous ne croiserons que d’autres goélettes phoquières, répondit Loup Larsen.

— Mais je n’ai pas d’autres vêtements que ceux que je porte sur moi ! Vous oubliez que je suis une femme, une femme qui n’est nullement préparée à la vie errante et dure qui est la vôtre et celle de vos hommes !

— Plus tôt vous vous y habituerez, et mieux ça vaudra. Nous vous fournirons de l’étoffe, du fil et des aiguilles. Il ne vous sera pas impossible, je l’espère, de vous confectionner une ou deux robes de rechange.

Elle fit une moue qui exprimait son ignorance complète de la couture. Et j’eus peine de son désarroi, qu’elle tentait de dissimuler de son mieux.

— Je suppose, insinua Loup Larsen, que, comme l’était M. Van Weyden ici présent, vous êtes habituée à vous faire servir. Voyons, voyons, il me semble qu’apprendre à utiliser un peu vos mains ne vous disloquera pas les jointures… À propos, quel métier faisiez-vous pour gagner votre vie ?

Elle regarda Loup Larsen avec un air tant soit peu ahuri.

— Ceci dit sans vous offenser, continua-t-il, quiconque mange doit gagner sa nourriture. Les hommes que vous voyez ici tuent les phoques pour vivre. Pour la même raison, je commande cette goélette et la fais naviguer. Et, pour l’instant du moins, M. Van Weyden, lui aussi, gagne sa pitance en me donnant un coup de main. Quel est votre métier ?

Elle haussa les épaules et ne répondit pas.

— Je précise ma question. Vous nourrissez-vous vous-même ? Ou quelqu’un d’autre s’en charge-t-il ?

— La seconde supposition est la plus vraisemblable… fit-elle en riant.

Malgré l’effroi que lui inspirait Loup Larsen, elle essayait d’entrer dans le persiflage de son interlocuteur.

— Et c’est quelqu’un aussi qui chaque jour vous fait votre lit, j’imagine ?

— Ça m’est déjà arrivé, de faire un lit.

— Souvent ?

Elle esquissa, avec une nouvelle moue, un signe de tête négatif.

— Eh bien, savez-vous comment, aux États-Unis, on traite les gens qui errent comme vous sur les routes en refusant de travailler pour gagner leur pain ?

— Excusez mon ignorance… Car j’ignore beaucoup de choses. Que leur fait-on ?

— On les fourre en prison. Leur cas est considéré comme un délit ; on appelle ça : vagabondage. Si j’étais M. Van Weyden, qui nous rabâche éternellement ses théories du droit et du devoir, du bien et du mal, je vous demanderais, à mon tour, de quel droit vous existez, si vous ne faites rien pour mériter l’existence.

— Oui, mais comme vous n’êtes pas M. Van Weyden, je ne suis pas obligée de vous répondre, n’est-ce pas ?

Je voyais la malice pétiller dans ses yeux effarés et je me sentais mal à l’aise devant ce colloque, peu rassurant au fond pour la jeune femme, qui sentait bien toute la fausseté de sa situation. Je cherchais un moyen d’intervenir, quand Loup Larsen, revenant à la charge, demanda, sûr de son triomphe :

— Miss, pouvez-vous me dire si vous avez jamais gagné un dollar ?

— Mais certainement… répondit-elle lentement, en pesant ses paroles. (Le nez de Loup Larsen s’allongea. En d’autres circonstances, j’aurai ri de bon cœur.) Je me souviens, poursuivit-elle, qu’à l’époque où j’étais toute petite fille, mon père, un jour, m’a donné un dollar, parce que je m’étais tenue tranquille pendant cinq minutes.

Loup Larsen sourit, avec une indulgente condescendance.

— … Mais il y a très longtemps. Et c’était, alors, très gentil. Car personne, évidemment, ne peut exiger d’une petite fille qu’elle gagne son pain.

Elle se tut un instant, puis reprit :

— Maintenant, c’est très différent ; je gagne, par an, dans les dix-huit cents dollars.

Du coup, tous les yeux quittèrent les assiettes et convergèrent vers l’inconnue. Une femme qui gagnait annuellement dix-huit cents dollars valait la peine d’être regardée !

Loup Larsen ne put dissimuler son admiration.

— Salaire fixe ou travail aux pièces ? interrogea-t-il.

— Travail aux pièces… lança-t-elle vivement.

— Dix-huit cents dollars par an, calcula Loup Larsen, ça fait cent cinquante dollars par mois. Eh bien, nous ne sommes pas des ladres, sur le Fantôme. Considérez, aussi longtemps que vous resterez avec nous, que vous êtes appointée d’autant.

La jeune femme ne répondit pas et son étonnement ne fit que croître. Elle n’était pas suffisamment accoutumée aux sautes d’humeur de Loup Larsen pour les subir sans trouble.

— J’ai oublié de vous demander, reprit-il d’une voix suave, quelle était la nature de vos occupations. Quel genre de marchandise produisez-vous ? Quels sont les outils que vous utilisez ? Quels matériaux employez-vous ?

— De l’encre et du papier, répondit-elle en riant. Et également une machine à écrire.

— Alors, prononçai-je gravement, comme un juge dans le prétoire, vous êtes Maud Brewster ?

Elle me regarda curieusement.

— Comment le savez-vous ? dit-elle.

— Je ne me suis pas trompé ?

D’un hochement de tête, elle reconnut son identité.

Et ce fut au tour de Loup Larsen d’être perplexe. Ce nom, et tout ce qu’il évoquait, ne signifiait rien pour lui. En revanche, il signifiait beaucoup pour moi.

Je continuai, négligemment :

— Miss, je me souviens d’avoir écrit un compte rendu, à propos d’un petit volume…

Elle s’écria, me coupant la parole :

— Vous êtes, vous…

Ce fut à mon tour d’acquiescer de la tête.

— … Humphrey Van Weyden ! Oh ! que je suis heureuse ! Moi non plus, je n’ai pas oublié cet article si élogieux… Vous me flattiez.

— Du tout, pas du tout ! Ce que j’ai écrit, je le pensais et le pense encore. Ne dénigrez pas ma science de critique… Tous mes confrères n’ont-ils pas été, d’ailleurs, d’accord avec moi ? Lang n’a-t-il pas rangé Baiser toléré parmi les quatre plus beaux sonnets de femme, écrits en langue anglaise ?

— Vous êtes trop aimable !

Et ce bref colloque, le ton châtié de mon interlocutrice, l’atticisme mutuel de nos propos, firent soudain resurgir en moi l’image de ma vie passée. Tout un monde disparu, riche en souvenirs nostalgiques, s’était réveillé dans mon esprit, en un douloureux frisson.

Nous nous regardâmes bien en face et répétâmes :

— Alors vous êtes bien Maud Brewster, la célèbre poétesse ?

— Et vous Humphrey Van Weyden, le critique renommé ?

Et cérémonieusement, comme nous aurions pu le faire dans un salon, nous nous saluâmes, en nous inclinant tous deux.

Nous avions oublié totalement les chasseurs de phoques et Loup Larsen, qui restaient silencieux.

— Voici, continua Maud Brewster, une rencontre bien imprévue. Je ne doute pas que nous ne voyions prochainement paraître, sous votre signature, un roman maritime, d’un style très dépouillé.

Je protestai :

— Le roman ne m’a jamais attiré, et je ne suis pas sur ce bateau pour y récolter des documents.

— Mais pourquoi avoir été vous enterrer en Californie ? Pourquoi ne pas venir, plus souvent, rendre visite dans l’Est à vos nombreux admirateurs ?

Je saluai bien bas et désavouai le compliment.

— J’ai failli vous rencontrer une fois, à Philadelphie, à l’occasion d’une fête en l’honneur d’Élisabeth Browning. Vous deviez y parler. Le train qui m’amenait est arrivé avec quatre heures de retard.

Les chasseurs de phoques s’étaient levés de table et étaient remontés sur le pont, pendant que nous continuions à discourir. Seul, Loup Larsen était resté.

Je m’aperçus soudain de sa présence. Il était renversé sur sa chaise, et écoutait, d’une oreille attentive, ces choses que nous disions, d’un monde qui lui était étranger.

Je m’arrêtai de parler et le présent, avec tous ses périls et toutes ses angoisses, m’envahit de nouveau avec une force irrésistible.

La même pensée s’empara brusquement de Miss Brewster et je vis passer dans ses yeux, alors qu’elle les reportait sur Loup Larsen, un vague et indicible effroi.

Loup Larsen, qui s’était levé à son tour, se mit à rire, d’un rire métallique.

— Je vous en prie, dit-il d’un air gauche, ne vous occupez pas de moi. Je ne compte pas… Continuez, continuez !

Mais notre bel entrain était tombé et notre éloquence avait refermé sa porte. Nous aussi, nous nous levâmes de table avec un rire gêné.