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d’une injustice, quand il agit sur les ordres d’autrui, mais bien ceux qui ont autorité sur lui.



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LES JEUNES GARÇONS ET LE BOUCHER


Deux jeunes garçons achetaient de la viande au même étal. Voyant le boucher occupé d’un autre côté, l’un d’eux déroba des abattis et les jeta dans le sein de l’autre. Le boucher, s’étant retourné et cherchant ces morceaux, accusa les deux garçons. Mais celui qui les avait pris jura qu’il ne les avait pas, et celui qui les avait, qu’il ne les avait pas pris. Devinant leur artifice, le boucher dit : « Vous pouvez m’échapper par un faux serment ; mais à coup sûr vous n’échapperez pas aux dieux. »

Cette fable montre que l’impiété du faux serment reste la même, quelque habileté qu’on mette à la sophistiquer.



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LE FAON ET LA BICHE


Un jour un faon dit au cerf : « Père, tu es plus grand et plus vite que les chiens, et tu as de plus des cornes merveilleuses pour te défendre. Pourquoi donc fuis-tu ainsi devant eux ? » Le cerf répondit en riant : « C’est vrai, mon enfant, ce que tu dis là ; mais il y a une chose certaine, c’est que, lorsque j’entends l’aboiement d’un chien, aussitôt je me précipite je ne sais comment vers la fuite. »

Cette fable montre qu’aucune exhortation ne rassure un cœur naturellement lâche.