Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 2.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
DE PONTANGES.

lui disant : — Au revoir. — Elle sentait que ce mot était sans avenir.

Oh ! s’il était venu une heure plus tôt !

Lui qui se réjouissait tant d’une journée passée près d’elle !

Que d’événements ne seraient pas arrivés !

Si Laurence l’avait revu le premier ce jour-là, Lionel n’aurait peut-être pas reçu son pardon… il n’aurait pas repris son empire… peut-être même ne l’aurait-elle plus aimé.

Ô destinée !…

Toute la vie dépend d’un hasard.

L’homme qui doit décider de tout votre avenir vient le jour où vous êtes sortie… Le soir où vous l’attendez, une visite imprévue, une affaire prolongée le retiennent… C’est un indifférent qui vient…

Et de grands malheurs s’amassent !…

Et les événements se compliquent.

Et les cœurs s’engagent séparément.

Puis, un beau jour, le sort vous repousse l’un vers l’autre ;

Vous ramène le bonheur manqué…

Trop tard !…

Hélas ! il est flétri, empoisonné d’avance… et vous n’avez plus à offrir à ses fêtes qu’un front pâli par les inquiétudes, des yeux fatigués par les larmes, un cœur épuisé par la douleur !


XVIII.

MONOLOGUE.


« Oh ! qu’il était charmant ce soir !… »

Il, c’était Lionel cette fois !

« Que de tendresse il y avait dans ses regards ! comme il a bien dit : Je vous aime ! et comme il tremblait lorsqu’il s’est approché de moi, et qu’il m’a pris la main ! Mon cœur battait si vite… je ne pouvais plus parler. — Il reste encore ici deux jours… Quel bonheur de passer sa vie près de lui ! Qu’il est aimable ! il plaît à tout le monde ; ma tante lui trouve beau-