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DE PONTANGES.


Puis arrive le père de Pauline, qui s’écrie :


En d’étranges frayeursMa fille, que ton songe
En d’étranges frayeurs, ainsi que toi, me plonge !
Que j’en crains les effets qui semblent s’approcher !


Nous avons encore le songe d’Iphigénie :


ISMÉNIE. (Confidente.)

Quoi ! ne comptez-vous plus sur votre frère Oreste ?
Avez-vous oublié cet espoir qui vous reste ?

IPHIGÉNIE.

Vain espoir ! son trépas ne m’est que trop prédit !
Un songe encor présent à mon cœur interdit…

ISMÉNIE. (Confidente.)

Pourquoi vous alarmer sur la foi d’un mensonge ?
Fille du roi des rois, devez-vous craindre un songe ?
Croyez-en moins un songe et vos pressentiments ;
Il n’est d’oracles sûrs que les événements.


Voilà des raisonnements parfaits.

Ducis, dans sa tragédie à d’Œdipe chez Admète, fait aussi raconter à Alceste un songe qui trouble ses esprits. Admète, pour la rassurer, lui répond :


Dans ce songe confus, quelque effroi qu’il te donne,
Je n’ai rien distingué qui me trouble et m’étonne…
Pour trembler sur mes jours, craintive au moindre bruit,
Tu n’avais pas besoin des erreurs de la nuit.
Va, sans interpréter de bizarres mensonges,
Remplissons nos devoirs et dédaignons les songes.


Enfin M. de Voltaire lui-même, si grand ennemi de toute superstition, se permet un petit songe en forme de madrigal :


Cette nuit, dans l’erreur d’un songe…, etc.


M. Casimir Delavigne prouve aussi sa foi dans les songes par ce couplet d’une romance bien connue et bien jolie :


Ma sœur se lève
Et dit déjà :
J’ai fait un rêve…
Il reviendra !