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DE PONTANGES.


XXVIII.

UNE TRÊVE.


Deux mois se passèrent pour Laurence dans cette joie pure : c’était l’amour, l’amour dans toute sa fleur ; mais ce n’était pas encore le remords.

Laurence paraissait si heureuse, que Lionel n’osait se plaindre. Il respectait son bonheur, il fut généreux deux mois. Généreux comme le sont les hommes, avec cruauté et dans leur intérêt ; car M. de Marny savait bien qu’en accoutumant ainsi madame de Pontanges aux enchantements d’un tel amour, il l’attachait à lui pour la vie. Il l’entourait de soins pour que la solitude lui devînt insupportable ; il emplissait sa demeure de souvenirs pour lui préparer des regrets, en cas de séparation, et se faisait humble et soumis pendant un peu de temps afin d’arriver à commander toujours.

D’autres circonstances, des obstacles et de fréquentes absences l’aidaient aussi à suivre cette marche qu’une présence continuelle eût rendue impossible.

M. de Marny ne pouvait rester convenablement des semaines entières chez madame de Pontanges, surtout dans cette froide saison qui fait d’une visite à la campagne une véritable preuve de dévouement. L’été, on se voit sans conséquence à quinze lieues de Paris ; mais l’hiver cela devient plus grave. On ne suppose pas qu’on aille si loin, par la gelée, voir une jeune femme pour rien.

D’abord, ces petites excursions clandestines amusèrent M. de Marny. C’était très-élégant de quitter Paris les jours de grand bal, et de répondre aux femmes qui vous y attendaient : — Je n’ai pu venir, j’étais à la campagne… — À la campagne, dans cette saison ! il n’y a qu’une grande passion qui puisse conduire à la campagne par le temps qu’il fait, répondait-on.

Et un coup d’œil d’ami expliquait qu’on avait deviné, et le nom de la belle madame de Pontanges circulait tout bas derrière les éventails. C’était très-flatteur.

Il y avait aussi des jours de désenchantement qui aidaient