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MONSIEUR LE MARQUIS

Il lit…

Mais tout à coup le journal s’échappe de ses mains. Lionel pâlit, ses yeux se troublent, sa têtes s’incline.

— Ah ! mon Dieu, dit quelqu’un, il se trouve mal… Qu’avez-vous ?

— Rien, répond Lionel d’une voix étouffée.

— C’est un étourdissement, dit une autre personne ; ce n’est pas étonnant, l’émotion… et puis il fait extrêmement chaud dans ce grand salon… Il faut prendre l’air… venez…

On entraîne M. de Marny dans le jardin ; mais voyant qu’il souffre toujours, on le conduit dans sa chambre.


III.

UN ARTICLE NÉCROLOGIQUE.


Or d’où provenait cette grande émotion ? Quelle nouvelle effrayante M. de Marny avait-il lue dans ce journal ? quel malheur lui apprenait-on ? quelles paroles terribles l’avaient ainsi bouleversé ?…

Un article nécrologique conçu en ces termes :

« La société, la littérature, les sciences et les arts viennent de faire une perte déplorable dans la personne de M. le marquis de Pontanges. Dernier rejeton d’une race illustre, M. de Pontanges joignait à cette urbanité de manières qui s’allie si bien avec un grand nom, et qui séduit dans l’homme du monde, cette douce philosophie, cette élévation de pensée, cette générosité de caractère qui attachent dans l’homme de bien. Passionné pour la science, il ne sortait presque jamais de sa bibliothèque, où il se livrait tout entier aux douceurs de l’étude. Il avait adopté avec empressement toutes les idées modernes d’amélioration. Il fonda plusieurs écoles. Il se plut aussi à encourager les arts. La chapelle de son château, qui est, comme on sait, une des plus belles antiquités féodales de France, renferme des chefs-d’œuvre du premier ordre en peinture et en sculpture. M. le marquis de Pontanges meurt