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DE PONTANGES.

sans postérité. Avec lui s’éteint l’illustre branche des ***, dont il descendait par les femmes. Il laisse une veuve inconsolable, auprès de laquelle il a goûté pendant cinq ans tout le bonheur d’une union sans nuages. »

Voilà pourtant les grandes phrases qui faillirent tuer M. de Marny !

Voyez un peu la différence des caractères :

Une jeune femme qui avait entendu parler du pauvre Amaury, et qui savait à quel point ces éloges étaient mérités, vint lire cet article cinq minutes après Lionel ; elle en rit aux larmes.

Jugez donc un article de journal après cela !

L’un en meurt…
L’autre en rit.


IV.

TROUBLES.


Dès que M. de Marny fut dans son appartement :

— Qu’on me laisse, dit-il ; je suis mieux, je vais très-bien… Où est M. Dulac ? qu’on aille le chercher… Il faut absolument qu’il vienne. Où est-il ? où est-il ? Viendra-t-il donc ?…

Le voici.

M. Dulac entre.

À son aspect, le visage de Lionel s’empourpre de colère. Il s’élance comme un furieux au-devant de Ferdinand, le saisit à la gorge :

— Misérable ! s’écrie-t-il, tu le savais !…

— Vous perdez la tête, mon cher Marny, dit Ferdinand avec un inconcevable sang-froid… Monsieur, ajouta-t-il en s’adressant à M. Bélin, que cette scène étrange commençait à inquiéter, j’ai une explication à donner à M. votre gendre : faites en sorte que son absence ne soit pas remarquée dans le bal, où nous irons vous rejoindre dans quelques instants.

En disant ces mots, Ferdinand entraînait le beau-père étonné vers la porte.