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DE PONTANGES.

Pendant que Lionel réparait le désordre de sa toilette, M. Dulac avait jeté les yeux sur la lettre que M. de Marny avait oubliée… L’écriture de l’adresse l’avait frappé, il connaissait cette écriture. Profitant d’un moment où Lionel ne le voyait point, il examina cette lettre avec attention et parvint à en déchiffrer le timbre.

— On vient ! s’écria-t-il, descendons vite ; qu’on ne dise pas qu’il a fallu venir vous chercher…

Et Ferdinand entraîna Lionel, sans lui donner le temps de réfléchir.

En vérité, M. Dulac avait en cet instant l’air plus agité que le marié. C’est qu’il avait lu sur la lettre oubliée le timbre du village de…

Pontanges.


V.

ENCORE LE JOURNAL DES DÉBATS.


Ne me parlez pas de la vie de château ! elle est à la fois orageuse et monotone. La correspondance y joue un rôle si important ! Là, c’est tout. Les journées sans lettres sont des jours perdus, et ces méchantes lettres arrivent toujours toutes à la fois. Pendant quinze jours on n’en reçoit aucune ; les journaux sont insignifiants et ennuyeux : pas un fait, pas une nouveauté… et puis un beau jour, chaque ligne est un événement : toutes les nouvelles arrivent à la fois. Les lettres les plus rivales, des pays les plus divers, surviennent en même temps, à la même heure, vous étourdissent de choses intéressantes, et, se nuisant l’une à l’autre, font une sorte de travail fatigant d’une correspondance massive, qui, séparée, aurait fait un plaisir de chaque jour.

Ainsi est faite la vie :
Rien.
Ou tous les plaisirs à la fois.

J’aime mieux rien : rien, au moins, permet d’espérer une unité d’action.