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MONSIEUR LE MARQUIS

— Ah ! oui, je sais pourquoi… dit-elle.

— Je n’y comprends rien, reprit M. Bélin. Tu ne savais pas qu’il dût partir, et tu sais pourquoi il est parti… Les femmes sont inexplicables… Ah… ! j’y suis… m’y voilà. Valérie, va voir si l’on sert bientôt le déjeuner… Ah ça ! ma petite Titine, tu as donc fait la minaudière, dit le bon père dès que Valérie fut éloignée.

Madame de Marny sourit avec embarras.

— Tu as eu tort, ma fille, tu as eu tort ; les minauderies… vois-tu, les minauderies… et puis l’amour-propre… Ma fille, nous autres hommes… nous avons de l’amour-propre… et un jeune mari qui est amoureux… Vois-tu… c’est ton mari, au bout du compte… il a raison… et tu as tort… Allons, allons, c’est de l’enfantillage… Il ne faut pas être une petite fille toujours… Que diable ! tu as dix-huit ans, Clémentine ; vous avez dix-huit ans, madame… Allons, embrassez votre père, et dites que vous ne le ferez plus.

Clémentine sauta au cou de son père.

— Ma fille… dit-il, tu es donc encore ma fille !… Et il la serra tendrement sur son cœur.

Et puis M. Bélin se rappela confusément que la veille on lui avait parlé de cinquante mille francs compromis dans une faillite ; il pensa que M. Dulac lui expliquerait le départ subit de son gendre et il cessa de s’en inquiéter.


VIII.

JE L’AI REVUE.


Lionel était parti seul ; il n’avait point emmené son valet de chambre, dans la crainte que ses bavardages chez madame de Pontanges ne l’instruisissent de son mariage.

— Elle n’a aucune chance d’en entendre parler, pensa-t-il. Madame d’Auray a quitté Bléville depuis deux mois ; Laurence n’a reçu personne encore, son grand deuil l’oblige à une entière réclusion ; d’ailleurs, si elle me parle de ce mariage, je lui dirai qu’il était au moment de se conclure, mais que sa