demeure de la jeune mariée, lorsque M. Bélin et Lionel entrèrent dans le salon.
Clémentine alla au-devant d’eux avec empressement, elle embrassa son père et tendit gracieusement à son mari sa main, qu’il baisa.
— Vous êtes bien aimable, dit-elle, d’accepter cette invitation ; je craignais…
— Ah ! voilà comme tu traites ton mari ! s’écria M. Bélin, tu ne l’embrasses pas, tu fais la femme comme il faut… Bon, bon ! comme tu voudras, ma fille ; chacun sa manière. Eh bien, mon gendre, que pensez-vous de votre maisonnette ?
Lionel s’extasia sur le bon goût qui avait présidé à l’arrangement du salon.
— C’est Clémentine qui a choisi tout cela, reprit M. Bélin ; voilà un an que je lui ai donné ce pavillon, dont elle a fait un petit palais ; c’est elle, mon gendre, qui a brodé ce meuble ; quelle patience ! que de points il y a sur tous ces fauteuils ! Ah ! c’est un travail de fée !…
— Vous ne dites pas que j’ai aidé ma sœur, dit Valérie ; c’est moi qui ai fait la chaise sur laquelle vous êtes assis, où il y a un perroquet, papa.
— Ceci est une impertinence, mademoiselle ! venez m’embrasser, petite perruche.
Pendant que Valérie allait cajoler son père, M. de Marny s’approcha de Clémentine.
— Quoi ! c’est vous qui avez brodé tout ce meuble ! dit-il. Je ne vous connaissais pas alors, sans doute c’est à lui que vous pensiez en y travaillant.
Clémentine fut quelque temps avant de comprendre ces paroles, elle avait oublié son mensonge.
— À qui ? dit-elle.
— À celui que vous espériez alors épouser.
— Ah ! fit-elle. Et malgré elle Clémentine sourit.
Lionel la regarda avec étonnement. Leur situation singulière n’était pas sans charme pour lui : ce qui est très-romanesque n’est jamais ennuyeux, et les hommes ne sont très-malheureux que lorsqu’ils s’ennuient.
Un domestique apporta un billet et le remit à M. Bélin.