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DE PONTANGES.

vous voyez, ajouta-t-elle avec coquetterie, que je sais flatter vos manies… Votre appartement est à peine commencé, et vos chevaux sont déjà logés !

M. de Marny sourit galamment et jeta sur Clémentine un regard plein d’une certaine émotion, car il était sensible à cette délicate attention.

Pouvait-il sans ingratitude quitter une maison si gracieusement préparée pour lui, et abandonner une femme qui avait songé à ses chevaux ?…

Lionel se dit qu’il fallait au moins paraître heureux, pour reconnaître tant de soins ; et il fit un effort ou plutôt il crut faire un effort sur lui-même. Il causa, il taquina sa belle-sœur, il flatta son beau-père, il se montra fort empressé pour les deux femmes placées à côté de lui ; il conta des folies, et fut enfin très-gai, très-spirituel et très-aimable.

Après le dîner, on servit le café. Clémentine en offrit une tasse à son mari. Lionel examina la tasse : — Porcelaine du Japon ! pensa-t-il. Il regarda Clémentine.

— Quelle jolie ceinture ! lui dit-il ; le bleu vous sied à merveille.

— Il en est amoureux fou ! s’écria M. Bélin, qui les regardait. Le fait est qu’elle est bien gentille ce soir… Allons, ma fille, fais-nous donc les honneurs de ta maison… Montre-nous ta chambre ; il ne pleut pas, allons voir les écuries : c’est un troisième salon.

— Oui, dit Lionel, voyons les écuries…

Et l’on descendit dans la cour, admirant l’un après l’autre l’escalier, le vestibule, l’antichambre.

Enfin, on ouvrit la porte de l’écurie… C’était, en vérité, quelque chose de merveilleux… Des stalles de bois sculpté, des mangeoires de marbre blanc, de jolies lampes de bronze, et puis le nom des chevaux écrit en lettres d’or :

John Bull. — Chatam. — York. — Tristan.

— Quoi ! vous savez le nom de mes chevaux, dit Lionel, et vous avez déjà eu le temps de le faire écrire !…