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MONSIEUR LE MARQUIS

— Oui, répondit Clémentine, heureuse du plaisir que cette attention causait à son mari… Il m’a fallu beaucoup d’intrigue pour cela… mais votre cocher n’est pas discret !

— Quel est ce quatrième cheval ; Tristan ? je ne le connais pas.

— C’est le mien, dit Clémentine ; l’admettrez-vous en si bonne compagnie ?

— Vous montez à cheval ? Ah ! c’est charmant !… Quelles belles promenades nous ferons ensemble !…

— Ma fille est superbe à cheval, dit M. Bélin ; c’est une amazone !

On retourna dans le salon. Lionel était séduit. Une pensée l’inquiétait : il y avait un an que Clémentine faisait arranger cette maison. Peut-être le cousin aimait-il les chevaux ? Il lui vint à l’idée de faire babiller Valérie sur sa famille.

— Votre cousine est très-spirituelle, dit-il en désignant une des femmes qui avaient été placées à table près de lui.

— Oh ! vous ne connaissez pas encore toute notre tribu, répondit Valérie ; nous sommes très-nombreux. J’ai des parents partout, en Normandie, en Picardie ; j’ai un oncle qui est préfet à ***.

— Vous avez aussi, dit Lionel, saisissant cette occasion d’avoir des renseignements sur son rival, vous avez aussi un cousin en Espagne.

— Ah ! vous le connaissez ?

— Non… On le dit charmant.

— Charmant ! s’écria Valérie en partant d’un éclat de rire ; charmant ! un gros joufflu qui ne dit que des bêtises. Ah ! si Clémentine vous entendait, elle rirait bien !

Lionel ne revenait pas de sa surprise.

— Clémentine m’a donc trompé ?… Quelle ruse !… serait-il possible ?… Je vous dis, moi, que votre sœur le trouve charmant.

Valérie se mit de nouveau à rire.

— Si ma sœur vous a dit cela, elle s’est moquée de vous, mon cher beau-frère.