Page:Œuvres complètes de Delphine de Girardin, tome 2.djvu/45

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heur à madame de Fontvenel, et surtout à Stéphanie, que cette nouvelle intéressait vivement.

— Quand j’ai de la joie, il faut que mes amis la partagent, disait madame de Clairange ; je les fatigue si souvent de mes inquiétudes, que cela est bien juste ; mais aujourd’hui, je veux que vous soyez toutes deux aussi heureuses que moi.

— Quoi ! dit Stéphanie, qui savait où menait ce préambule, est-ce qu’elle arrive bientôt ?

— Comme nous nous entendons ! s’écria madame de Clairange ; qu’elle est gentille ! comme elle me devine ! Tous ceux qui me connaissent savent qu’il n’y a que le retour de ma pauvre petite inconsolable qui puisse me réjouir ainsi.

— Qui est sa pauvre petite inconsolable ? demanda tout bas Edgar à M. de Fontvenel.

— C’est sa belle-fille.

— Et de quoi est-elle inconsolable ?

— De la mort de son mari.

— Quel jour attendez-vous Valentine, madame ?… reprit Stéphanie.

— Demain, oui, demain… jugez de ma joie ! répondit madame de Clairange.

— Demain !… ah ! quel bonheur !

Et tous les traits de Stéphanie s’animèrent de l’émotion la plus gracieuse.

— Regardez-la, s’écria madame de Clairange, voyez comme l’amitié lui sied bien, qu’elle est charmante ! Ah ! si ma petite rieuse était là, elle se moquerait bien de nous, de notre impatience, car elle n’entend rien au sentiment, elle !

— Qui appelle-t-elle sa petite rieuse ? demande encore Edgar.

— C’est toujours sa belle-fille, répondit M. de Fontvenel en souriant, la petite inconsolable.

— Quoi ! c’est la même ? Est-elle, en effet, si rieuse et si inconsolable ?

— Mais, c’est une personne singulière, que, malgré toute ta pénétration, tu ne comprendras pas.

— De qui parle-t-on ? interrompit M. Narvaux, qui venait d’entrer.