Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/160

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M. Vidal fait injustice à ce qu’il nomme dédaigneusement les libéraux. (Il est de mode aujourd’hui de traiter du haut en bas la liberté et le libéralisme.) Si les libéraux ne demandent pas l’association dans un centre, puis l’association des centres, ce n’est pas qu’ils méconnaissent la puissance de l’organisation et le progrès qui est réservé à l’humanité dans cette voie. Mais quand on nous parle de demander une organisation à priori et de toutes pièces, qu’on nous dise donc ce qu’il faut demander, et à qui il faut le demander. Faut-il demander l’organisation Fourier, l’organisation Cabet, l’organisation Blanc, ou celle de Proudhon, ou celle de M. Vidal ? Ou bien M. Vidal entend-il que nous devons aussi, tous et chacun de nous, inventer une organisation quelconque ? Suffit-il de jeter sur le papier, ou, plus prudemment, de proclamer qu’on tient en réserve un système impossible-rationnel ou rationnel-impossible, pour être relevés, aux yeux de messieurs les socialistes, du rang infime qu’ils nous assignent dans la science ? N’est-ce qu’à cette condition qu’ils diront de l’économiste :


Dignus, dignus est intrare
In nostro docto corpore !

Que messieurs les socialistes veuillent bien croire une chose, c’est que nous sommes en mesure, nous aussi, d’imaginer des plans magnifiques et qui rendront l’humanité aussi heureuse qu’elle puisse l’être, à la seule condition qu’elle voudra bien les accepter ou se les laisser imposer. — Mais c’est là la difficulté.

Ces messieurs nous disent : Demandez. Mais que faut-il demander ?

Que messieurs les organisateurs me permettent de leur poser cette simple question :

Ils veulent l’association universelle.