Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/381

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tion, de la politique de restriction et d’envahissement ; en un mot, on entre dans une série de conséquences subversives de l’humanité, prenant constamment le mal pour le bien, et cherchant dans des maux nouveaux le remède aux maux qu’on a fait surgir de la législation. Si, au contraire, on prend pour flambeau et pour boussole, au point de départ, l’intérêt du consommateur, ou plutôt de la consommation générale, on s’avance vers la liberté, l’égalité, la fraternité, la paix universelle, le bien-être, l’épargne, l’ordre et tous les principes progressifs du genre humain[1].

— Quoi ! ces deux axiomes : Le blé est fait pour être mangé ; le blé est fait pour être cultivé, peuvent conduire à des résultats si opposés ?

— Très-certainement. Vous savez l’histoire de ces deux navires qui voyageaient de conserve. Un orage vint à éclater. Quand il fut dissipé, il n’y avait rien de changé dans l’univers, si ce n’est qu’une des deux boussoles, par l’effet de l’électricité, se tournait vers le sud. Mais c’est assez pour qu’un navire fasse fausse route pendant l’éternité entière, du moins tant qu’il obéit à cette fausse indication.

— Je vous avoue que je suis à mille lieues de comprendre l’importance que vous attachez à ce que vous appelez deux principes (quoique j’aie eu l’honneur de les trouver), et je serais bien aise que vous me fissiez connaître toute votre pensée.

— Eh bien ! écoutez-moi, je divise mon sujet en…

— Miséricorde ! je n’ai pas le temps de vous écouter. Mais dimanche prochain je suis tout à vous.

— Je voudrais bien pourtant…

— Je suis pressé. Adieu.

— À présent que je vous tiens…

  1. V. au tome IV, pages 15 et 251, le chap. ii de la première série des Sophismes, et le chap. xv de la seconde série, puis au tome VI le chap. xi des Harmonies. (Note de l’éditeur.)