Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/48

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s’agit pas, en tout ceci, de création, mais de direction de capital et de travail.

Or, en supposant (ce qui n’est pas) que la filature eût tenu ses promesses, ces 5 000 francs ont-ils été plus productifs qu’ils ne l’eussent été sur la ferme ?

Oui, si l’on ne voit que le capitaliste ; non, si l’on considère l’ensemble des intérêts nationaux.

Car, si mon ami a tiré 10 pour 100 de ses avances, c’est que la force est intervenue pour contraindre le consommateur à lui payer un tribut. Ce tribut entre peut-être pour les deux tiers ou les trois quarts dans ces 10 pour 100. Sans l’intervention de la force, ces 5 000 francs auraient donné et au delà de quoi payer à l’étranger le filage exécuté en France. Et la preuve, c’est le fait même qu’il a fallu la force pour en déterminer la déviation.

Il me semble qu’on doit commencer à entrevoir comment le régime protecteur a porté un coup funeste à notre agriculture.

Il lui a nui de trois manières :

1o En forçant les agriculteurs à surpayer les objets de consommation, fer, instruments aratoires, vêtements, etc., et en empêchant ainsi la formation de capitaux au sein même de l’industrie agricole ;

2o En lui retirant ses avances pour les engager dans les industries protégées ;

3o En décourageant la production agricole dans la mesure de ce qu’elle eût dû produire pour acquitter les services industriels que, sous le régime de la liberté, la France eût demandés au dehors.

La première proposition est évidente de soi ; je crois avoir insisté assez sur la seconde ; la troisième me paraît présenter le même degré de certitude.

Lorsqu’un homme, un département, une province, une nation, un continent, un hémisphère même, s’abstiennent