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Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/118

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ENNODIUS A FLORIAN

Compliments et conseils littéraires.

C’est, au fond, la même chose que de ne pas modérer son arrogance ou de donner dans l’excès de l’humilité. C’est sous l’inspiration de l’orgueil que l’on s’abaisse plus qu’il ne convient. On voit tous les jours des gens qui ne savent pas dire deux mots, s’attirer de nouveaux compliments et ceux dont l’éloquence éclate, simuler de l’inquiétude ou redouter la critique, alors qu’ils sont assurés des applaudissements. Quant à moi, je me ferais un plaisir de vous accorder mon affection si déjà vous n’y aviez droit comme mon parent. J’ai reçu votre lettre riche du génie Romain, où brille dans l’éclat de vos débuts la beauté du style latin. Mon ignorance me défendait d’y répondre; l’amitié m’y a contraint. Depuis longtemps l’espoir de pouvoir me taire m’avait laissé perdre le goût d’écrire et me faisait estimer le silence comme un titre de gloire. Mais si je ne répondais pas, vous ignoreriez ce que j’ai remarqué, que le tissu de votre phrase est d’un goût plus épuré et d’un style moins entaché de recherche exagérée. Une lame bien polie est autrement apte à trancher que celle dont la