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Page:Œuvres complètes de Saint Ennodius, évêque de Pavie, tome 1, 1906.djvu/120

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charmes empruntés et en même temps fait tous ses efforts pour ruiner la renommée? Une justification évidente ne lui suffit pas; il se défie et ne s’estime pas pour satisfait d’avoir obtenu ce qu’il demandait. N’est-ce pas celui qui varie à plaisir ses savoureux entretiens exciter l’appétit de voraces amis, de façon que les agréments qu’il leur présente les fassent changer de détermination? Je vous avais écrit que j’aimais le silence et comme réponse à cette affirmation, voici que j’ai reçu de longues pages; il m’a suffi de dire que je voulais me taire pour rouvrir, après peut-être de longs jours de stérilité, la source de l’éloquence. Que feriez-vous donc si je vous eusse promis des querelles? si j’eusse attaqué sans ménagement vos laborieux travaux au lieu de m’apprécier à ma juste valeur et de me tenir dans une prudente réserve? Vous eussiez, je crois, mis en œuvre pour me confondre et la profondeur de Tullius, et la propriété de style de Crispus, et l’élégance de Varron. De nulle part je ne pouvais espérer de secours puisque il ne m’a servi de rien de chercher à fuir les polémiques de plume, ni de me taire même sous les attaques. Pour moi, lors même que le sentiment de mon talent et la vigueur de ma parole me donneraient confiance, après ce que j’ai vu des épreuves diverses que la fortune réserve aux écrivains, je redouterais cette gloire que vous poursuivez au prix de tant de sueurs. Ici je dois relever ce que vous dites de ma rhétorique, qu’elle